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Murmures de prisonnier

Au QG de North Blue, si j’me trompe pas Lieutenant.

Assis au bureau de sa cabine, Alec espérait en effet qu’il ne s’était pas trompé.
Son Sergent était une vraie mine d’informations, mais il ne retenait pas nécessairement les plus vitales. Il n’avait pas besoin de savoir que Barba Black était un grand amateur de rhum, que sa couleur préférée était le rouge ou que son plaisir matinal consistait à se peigner la moustache avec des arêtes de poisson. Pourtant, c’était les seules choses qu’avait pu lui apprendre son second quand le jeune homme lui avait parlé du pirate.
Enfin, ça et le fait que les hommes du forban étaient pour le moment en prison au QG de North Blue. Il les avait vraisemblablement abandonnés pour fuir avec son trésor et tout le rhum qu’il pouvait emporter.


Tu m’as l’air d’un gars bien sympathique Barba…
A coup sur tes anciens nakamas ne te gardent pas en grande estime. Ça m’étonnerait qu’ils refusent de me dire ce que je veux, hein ?


Le pirate ne répondit pas.
Difficile en effet pour une fiche de prime de répondre à un interlocuteur. Alec pouvait cependant lire dans les yeux d’un noir profond une malice et un opportunisme inquiétant. Sa première vraie cible allait être coriace à capturer. Il fallait qu’il s’y attende vu la prime de 30 millions de berrys, mais il était confiant.
Après une semaine de repos et d’entrainement, son équipage était reposé et rôdé aux techniques inculquées par leur supérieur. Elles consistaient principalement à un placement précis, permettant à Alec d’employer son arc avec une efficacité redoutable. La Bimbadaboum ainsi la Pot d’colle auraient un impact maximum si tout le monde exécutait son rôle convenablement.
Sentant le navire ralentir, il prit son équipement et sortit de la cabine. Il arriva sur le pont quand les derniers matelots finissaient d’amarrer le navire.


Prêt pour une petite balade Sergent ?


Pourquoi pas Lieutenant, me dégourdirais bien les guiboles. Et puis on est chez nous ici, pas b’soin qu’on reste tous les deux sur l’rafiot.

Parfait, prenons un dizaine d’hommes avec nous. Que le reste de l’équipage ravitaille le navire et le tienne prêt au départ. Nous n’en aurons pas pour longtemps j’espère.

Compris.
Plic ! Ploc ! Ram’nez vos fesses de babouins ici !


Les ordres transmis aux caporaux, la patrouille se mit en marche.
Laissant rapidement le port derrière eux, ils s’engagèrent dans le dédale des rues exigües. Celles-ci étaient disposées de manière à perdre les éventuels assaillants et à permettre aux défenseurs de les attaquer par revers. La première chose qu’apprenait une recrue du QG était le plan de la ville, chose vitale pour arriver aux casernes et ne pas passer la nuit à errer dans les ruelles. Ayant suivi une partie de sa formation ici-même, Alec devrait connaitre ce labyrinthe comme sa poche.
Après le 4ème cul-de-sac rencontré, il était clair que ce n’était pas le cas.


Hum… Vous voulez que j’nous guide Lieutenant ?


Mais non voyons, aucun soucis. Je sais m’y retrouver sans problèmes.

Pourtant c’est l’quatrième cul-d’sac dans l’quel on finit…


Ah ! C’est normal Sergent. Certaines parties de la villes ont été modifiées suite à l’attaque des Gun’s and Gun’s il y a 4 ans.


Mais… Vous étiez ici y’a moins d’un an pas vrai Lieutn…


Voilà un Marine !
Il va pouvoir nous conduire à la prison !



Alec accéléra le pas et se dirigea vers le Marine en uniforme qui venait d’apparaitre au bout de la rue. Il fuyait la conversation mais bon… Comment avouer à son second qu’il était totalement incapable de se repérer dans une ville ? Il avait sa fierté quand même !
Et puis ce n’était pas comme s’il avait un mauvais sens de l’orientation. Dans la nature, il parvenait à chaque fois à destination, mais dans une ville… Un plan était indispensable, et encore…

Il fut tiré de ses pensées quand il arriva devant le soldat qui lui tournait le dos. Il leva la tête, encore et encore, à s’en déboiter le cou, avant d’arriver à une masse de cheveux bruns. Abasourdi par la taille du soldat, il lui fallut quelques instants avant de prendre la parole.


Heum. Soldat ! Guide-nous jusqu’à la prison. Je dois m’y rendre au plus vite.



Quand le géant se retourna, les hommes ne purent s’empêcher de réagir. Les Marines firent quelques pas en arrière, le Sergent commença à jurer avec force d’images et même le Lieutenant recula légèrement. Il faut dire que le visage du soldat était des plus singuliers. Enfin, singulier, effrayant aurait mieux convenu pour le définir avec justesse. Nul doute qu’il devait avoir du mal à faire une bonne première impression…  

Commençant à regretter le ton impérieux sur lequel il s’était adressé au Marine, Alec attendit néanmoins sa réponse avec patience. Tout en restant prêt à décocher son arc si l’individu devenait violent.
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Le base G-2, un lieu riche en souvenirs, témoin de mes débuts dans la marine. Belle époque que celle de l'insouciance. Ma plus grave erreur pouvait être de trouer le chapeau d'un de mes formateurs avec le ricochet d'une balle. C'était la première fois que je retournais ici, et j'avouai prendre un certain plaisir à retrouver cette île. Cela faisait une semaine que nous étions arrivés, et si les occupations ne manquaient pas, je m'offris le luxe de flâner, profitant de ce temps comme une pause bien méritée.

En réalité cela n'avait rien de vacances, car j'étais encore une fois victime des lubies de ma tendre Lilie. Allez savoir comment, il y avait un mois de cela, la petite entendit parler d'une potion de Lycanthropie. Tout scientifique digne de ce nom aurait lâché l'affaire, mais c'était mal la connaître. Friande des expériences aux portes du mysticisme, la demoiselle se plongea corps et âme dans ce délire, arrivant tant bien que mal à rassembler quelques renseignements éparses. Zaun, et Singed, tels étaient nos indices, et vu qu'ils s'avéraient insuffisant en vue d'une quelconque action officielle, nous nous retrouvions juste tous les deux.
Évidemment, j'avais autant mon mot à dire qu'un ver au bout d'un crochet, aussi me retrouvai-je dans cette base, à attendre que ma charmante compagne me trouve une mission pour l'île la plus déjantée de North blue. Zaun n'étant pas sous la tutelle du Gouvernement, mon congé risquait fort bien de se prolonger. Youpi?

La base regorgeait d’attractions, ma dernière lubie étant de voir de plus prêt les fameuses importations de Strong world. J'avais réussi à dénicher un membre de la section Canine, et nousavions rendez-vous devant le 108 Bleu. Oui, ici, il y avait les numéros bleu pour les magasins, et les rouges pour les habitations. Bref, cela faisait deux heures que j'attendais comme un con... poser un lapin c'était ça l'expression non?

"Hein? Alors deuxième à gauche, longez la rue, et prenez le passage d'Hatneir, ça devrait aller plus vite."

En général, j'étais bien plus respectueux du protocole, seulement ce type avait débarqué de nul part, et après avoir perdu deux bonnes heures à compter les pavés je n'étais plus vraiment réceptif à dame politesse. Je pensais en avoir fini avec eux, mais en me retournant, cette bande de ploucs était encore là à me regarder. Oui, j'avais une belle gueule, et pour un public non avisé, cela s'avérait souvent déroutant. Histoire de marquer le coup, j'envoyai brusquement mon visage vers celui de mon interlocuteur, m'arrêtant à quelques centimètres de lui pour lui lâcher un sourire comme seule ma bouche recousue savait le faire.

"Vous n'êtes pas du coin hein? Suivez-moi."

Cette rencontre avait le mérite d'avoir effacé ma mauvaise humeur. Pour tout dire, je m'étais bien marré devant la réaction des soldats, et en plus, grâce à eux je pouvais arrêter de poiroter le cœur léger. On me disait souvent que je marchais vite, après tout, j'avais de grandes jambes. Seulement j'étais d'humeur taquine, et si je ne courrais pas, certain devait sans doute trotter pour me suivre. Ma forte constitution me permettant de soutenir aisément ce rythme, je tentai de briser la glace.

"Mais eh, je crois que je n'ai pas compris votre nom. Moi c'est Stein, de la division scientifique. Enchanté!"

On aurait pu taper la discute, ceci dit ces types m'avaient pêché juste à côté de la caserne, où alors avais-je marché plus vite que prévu? Bref, nous déboulâmes finalement sur la place forte de la Marine. C'était un bastion dès plus impressionnant. Non pas par la taille de ses murs, où encore par la puissance de ses canons, mais bien par la foule grimée de bleu et de blanc qui gravitait autour. Les uniques portes crachaient un flot continu d'êtres humains. Ils entraient, sortaient, re-entraient, re-sortaient, comme une sorte de ... Laissons tomber.

"Bon voici la caserne! Un petit conseil, prenez une carte en passant, ils en donnent à l'entrée."

Ne laissant le temps à quiconque de me congédier, j'avançai avec la troupe, et pénétrai dans l'édifice. J'aurais pu les laisser là, mais au regard de leur brillante performance dans la citée je jugeai préférable de m'assurer qu'ils arrivent à bon port. Et puis bon, je n'avais rien de mieux à faire. Malgré la surpopulation de l'endroit, la discipline martiale qui y régnait rendait la circulation aisée. Nous nous engouffrâmes donc dans l'édifice principale, et après une, deux, cinq portes nous arrivâmes enfin à un obscur escalier.

"Je sais, c'est plutôt kitch, mais la prison est au sous sol! Bon maintenant cela fera cinquante berrys par tête pour la visite touristique!"

Cela semblait évident que je blaguais, seulement je n'avais jamais été très doué pour faire comprendre mon humour. Et alors que je tendais la main, l'air faussement grave, j'espérais sincèrement qu'ils allaient se mettre à rire. Quoiqu'une prime, ça faisait toujours plaisir!
    Cinquante berrys par tête ?! Non mais tu te prends pour qui l’bleu ?! V’là bien longtemps qu’un cul’terreux dans ton genre s’tait pas foutu d’ma tronche ainsi. C’pas pa’c’que t’a une face de patchwork qu’tu peux faire comme ça t’chante !
    La division scientifique ?! T’crois  que pa’c’que tu viens d’là t’es plus haut qu’les autres ?! J’vais t’faire rentrer le respect de la hiérarchie à coup de …



    Alec laissa le Sergent exercer avec brio son art personnel : la remise en place de Marines à coup d'insultes imagées. Il n’aurait pas été aussi sec dans son rappel à l’ordre, mais le soldat méritait un peu ce qui lui arrivait.
    Il avait quasiment forcé la patrouille à le suivre au pas de course, ce qui avait échauffé les oreilles assez larges du vieux marin. Sans parler de son manque total de respect pour le grade du Lieutenant, il s’était adressé à lui comme à un égal. La demande de paiement avait fini par faire exploser l’officier subalterne. Alec se doutait qu’il devait s’agir d’une boutade, mais difficile de déchiffrer un visage ravagé par des cicatrices.
    Enfin, il les avait amenés à l’endroit demandé avec célérité, ce qui lui convenait parfaitement.


    Merci Sergent. Ca suffira comme rappel à l’ordre. Je pense que le soldat Stein a bien compris.
    Je suis le Lieutenant Houm, patrouilleur sur North Blue. J’ai un homme à interroger dans ces cachots normalement.
    D’ailleurs, à ce propos… vu que vous semblez très occupé… Oui, suivez-moi. Vous allez m’être utile pour lui tirer les vers du nez.
    Et ne pensez pas à vous défiler. L’ordre d’un officier supérieur reste un ordre, division scientifique ou pas.



    Suivi de ses hommes et du soldat au regard sombre, le jeune homme descendit vers les cellules. Arrivés au poste de garde, il obtint le renseignement voulu.
    Un des anciens hommes de Barba Black se trouvait bien là, dans la cellule 156. Un gardien guida la petite troupe jusqu’à l’endroit voulu et attendit le feu vert pour ouvrir la porte en bois. Alec se retourna vers sa suite.


    Sergent, restez avec les hommes dans le couloir. Au moindre signe suspect, vous venez nous prêter main forte.
    Stein. Vous entrez avec moi. Mais pas un mot ! Du moins, jusqu’à ce que je vous donne le signal. Dans un premier temps, restez au maximum dans l’ombre et cachez au mieux votre visage. Entendu ?
    C’est parti pour le spectacle !



    Le Lieutenant saisit la torche que tenait le gardien avant de pénétrer dans la cellule sombre.
    Celle-ci était des plus banales. Une couche, un broc d’eau et un seau à excréments. Assis sur sa paillasse, Phil Voit-Double, ancien bras-droit de Barba et grand amateur d’alcool devant l’éternel.
    La sobriété et les conditions de vie en prison ne semblaient pas lui réussir, loin de là. Tout dans son être exprimait le manque et la soif insatiable. Il regarda les deux Marines se placer dans son chez-lui, un resta dans un coin sombre tandis que l’autre s’avançait vers lui, une torche à la main.


    Bonjour Phil !
    On ne se connait pas encore, mais je suis sûr que tu vas adorer ce que je vais te dire.
    Alors, pour pas que tu perdes le fil de ma réflexion, je vais te demander de te taire. Pas un mot. Rien du tout avant que je n’aie fini, d’accord.
    Et une fois que tu pourras parler, fais bien attention à ce que tu dis. Faut toujours bien réfléchir avant de parler, surtout quand il faut faire un choix…

    Bon je te sens attentif. Je me lance.

    Il était une fois un pauvre bougre de pirate qui vivait sa petite vie pépère.
    Oui je sais, un pirate pépère, c’est rare. Disons qu’il était assez satisfait de sa situation, et que tout tournait bien. Il était second sur un navire, et il pouvait boire quand il le voulait. Que demander de plus ?

    Mais voilà que la Marine les prend en chasse. Alors, la Marine c’est son job, tout le monde le sais non ? On peut pas leur en vouloir de chasser les pirates, si ? C’est de bonne guerre comme dirait l’autre.

    Et donc voilà que notre bonhomme se retrouve à se bastonner avec les mouettes avec ses camarades. Tous ? Nooooon ! Un d’eux les a trahi. Il a profité que ses copains soient aux prises avec les soldats pour prendre la poudre d’escampette. Pas cool ça, pas cool du tout même ! Et en plus c’est le Capitaine, le boss de notre pauvre gars. Quelle honte !
    Au final, notre pauvre ami se retrouve à l’ombre et tous ses copains aussi, sauf le traitre de capitaine.

    Tu trouves ça juste toi ? Non ? Moi non plus.
    Moi, je pense que le vilain traitre il devrait rejoindre ses amis en prison, et payer pour ce qu’il a fait. Car c’est un pirate aussi, non ? C’est même le Capitaine ! Il devrait être avec ses hommes et pas  à se saouler avec du bon rhum tous les soirs.
    Mais pour qu’il rejoigne son équipage, il faudrait savoir des trucs sur lui… Là où il traine… Les endroits qu’il fréquente souvent… Ce genre de truc quoi.

    C’est le genre de choses qu’on peut savoir assez facilement tu sais. En général, il suffit de demander. Mais parfois, il faut forcer un peu la chose...
    Je te présente Mister S. Il va t’expliquer comment on fait dans ces cas-là. Il s’y connait bien. Une fois, on a dû le forcer un peu. Depuis, il suffit de demander et il parle.
    Et quand il aura fini, ce sera à ton tour de parler.


    C’est pas équitable ça ?


    Les yeux du pirate, qui étaient restés braqués sur le Lieutenant pendant toute son histoire, obliquèrent sur la grande ombre dans le fond de la cellule.
    Le gars n’était pas un idiot, juste un alcoolique, sobre en plus. Il devait parfaitement voir où le Lieutenant voulait en venir. Et si la colère ne suffisait pas à ce qu’il balance son ancien capitaine, peut-être qu’une bonne dose de menaces en plus lui ferait effectuer le bon choix.
    Laissant le champ libre à Stein, Alec recula légèrement et éleva un peu la torche, histoire que les flammes dessinent bien les cicatrices du soldat.

    En avant pour l'acte deux !


    Dernière édition par Alec le Mar 6 Jan 2015 - 10:24, édité 1 fois
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    Avais-je exagéré? J'avouai que travailler pour la division scientifique m'avait un peu ôter la "politesse" militaire. Non pas qu'on ne respectait pas la hiérarchie là-bas, mais les savants fous étaient bien moins regardant sur ce genre de chose. Ceci dit, ces types n'avaient pas non plus fait montre d'une grande courtoisie... Bref, il n'avait pas compris ma blague, et je le laissai se défouler un moment. Si parler à mon sternum avait un quelconque pouvoir thérapeutique, grand bien lui fasse!

    Pour ma part, ayant compris que mon humour n'était pas le bienvenu, je me contentai d’acquiescer d'un signe de tête, et de suivre ce cher lieutenant. En y repensant, mon salaire devait sans doute être équivalent aux siens, mais le moment était peut-être mal choisi pour jouer à qui a la plus grosse. Je le suivi sans faire de remous, apprenant au fur et à mesure un peu plus sur toute cette histoire. Ainsi donc j'incarnais le mauvais flic hein? Parfait, j'avais un certain talent dans ce rôle.
    J'attendis patiemment mon tour, ne perdant pas une bribe de toute cette conversation. Des années au service du gouvernement m'avaient enseigné la valeur d'une information, et j'avais comme le pressentiment que celles-ci me seraient utiles. Lentement, j'avançai vers la lumière, ne me pliant au niveau du soldat qu'au dernier moment afin qu'il puisse apprécier ma haute stature. Je me contentais de le regarder, fixant mes yeux de loups dans les siens, et prenant une profonde inspiration, histoire de bien capter son odeur. Il sentait l'homme enfermé depuis un certain temps, il puait la sueur, me je ne percevais pas encore cette douce fragrance d'effroi. Cet animal ne se considérait pas encore comme une proie.

    "Effectivement ça fait mal."

    Après trente secondes de silence, j'avais sorti ça de nul part, usant d'une voix aussi expressive que celle d'un pacifista. Mes mains se posèrent lentement sur le bord de mes lèvres, désignant les cicatrices encore vives de mon sourire forcé. Oui, les mouvements incessants avaient empêché une réelle cicatrisation, donnant à ma peau ce teint desséchée, ces contours taillés à la hache propre à la chair arrachée.

    "Le pire ceci dit est que cela ne cicatrise pas vraiment, ça brule toujours un peu lorsqu'on sourit. Bref, vous êtes un homme mûr, je pense que vous êtes au courant de ce genre de méthode?"

    Je posai alors ma main sur son épaule, jouant le jeux de la fausse tape amicale un peu brutale. Le but cependant était de me rapprocher encore de lui, afin que mon souffle lui arrive en même temps que mes mots, et que mes yeux soient témoins de ma sincérité. Car je ne mentais pas, mon job me permettait plus que quiconque de connaître l'inventivité du Gouvernement mondial, et ce dans tous les domaines.
    "Je ne cherche pas à vous effrayer, je dois simplement vous raconter mon histoire... comme ils me l'ont demandé.
    Je n'étais pas un pirate, je n'en avais pas le courage, mais je jouais avec la loi. Rien de bien grave, juste un peu pour arrondir les fins de moi. Sauf qu'un jour je me suis retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Un jour, je détenais une information, et cette information m'envoya ici.

    Je marquai un pause, le temps de planter le décors, et de reprendre mon souffle.
    Le problème étant que de là où je viens, l'Omerta n'était pas qu'un mot. Détrompez-vous, je ne défendais ni mon honneur, ni celui de quiconque d'ailleurs. De mes mots dépendaient bien plus, d'eux dépendaient l'avenir de ma famille. Vous avez de la famille? Pendant un temps, mes traits s'adoucirent, puis je repris mon masque de glace. Peu importe, je ne pouvais pas parler, enfin... je ne pensais ne pas pouvoir le faire, mais ils savent se montrer très convainquant."

    Je m'écartai alors du prisonnier, lâchant mon étreinte afin de me relever. Lentement, je déboutonnai la ma chemise, offrant progressivement mon torse, mon ventre, puis mes bras à la vue de tous. J'étais musclé, sculpté comme un sportif de haut niveau, et pourtant je pariais que personne n'y faisait attention. Si ma peau gardait quelques espaces vierges, le reste n'était qu'exercice de crochet. Imaginez vous un vieux pull qu'on aurait abandonné en cours de route, une œuvre inachevée mais dont on pressentait déjà la laideur, voila ce qu'était devenu mon épiderme. Même un excellent chirurgien vous laissait une cicatrice, or si j'avais subis beaucoup d'opérations, je n'avais pas eu la chance de profiter des meilleurs médecins. Parfois discrètes, parfois infâmes, des cicatrices parcouraient mon corps comme autant de veines, comme une poupée qu'on aura négligemment confié à un chat.
    Si au départ il m'était difficile d'assumer mes blessures, je n'avais désormais aucun mal à m'exhiber. Enfin, j'avouerai que parler de torture me rendait quelque peu mal-alaise, mais cela n'ajoutait que plus de crédibilité à mon personnage. En y repensant, ce qu'on m'avait fait subir n'était pas si loin des techniques avancées de "négociation", mais le moment n'était pas à l'introspection.


    "Au final, j'ai brisé la loi du silence, tout comme vous le ferez, d'une façon ou d'une autre. Seulement croyez-moi, ce qu'ils sont capable de faire vous laissera des marques bien plus profonde que de simples cicatrices."

    J'avais joué mon rôle comme un maître. Je poussai même le vice jusqu'à m'écarter, inclinant légèrement la tête vers Alec. Ma contribution s'arrêtait ici, pour l'instant. Je restai toutefois dans la lumière, laissant à notre chère proie le loisir de me scruter, histoire de l'aider à faire le bon choix.
      A la vue du corps du soldat, Alec retint inconsciemment son souffle. Comment était-il possible d’avoir la peau aussi remplie de cicatrices ? Certaines paraissaient d’ailleurs moins vieilles que d’autres, laissant suggérer un étalement des opérations. La souffrance que Stein avait dû endurer devait être énorme.
      Il posa un nouveau regard, plus tolérant, sur les particularités du géant. Son sens de l’humour très sarcastique et sa bravade devaient être les fruits d’un tel traitement. Il y avait certainement une histoire fascinante derrière ce visage couturé. Histoire que le Lieutenant espérait entendre un jour. Mais pas immédiatement car Phil semblait être disposé à parler.


      Hum… C’bon, c’bon… pas b’soin d’en v’nir jusque-là. J’balanc’rais volontiers ce pourri d’Barba. L’aura qu’la monnaie d’sa pièce cette enflure.
      Mais bon… c’t’aussi un finaud. L’aura pas gardé la même cache ou les mêmes mouillages après nous avoir lâchés. Par cont’ y boira toujours du rhum, ça c’est certain.
      Haaaa l’fumier ! J’parie qu’il boit encore du Gragass, l’meilleur tord boyaux des Bues. Y’avait un d’nos gars qu’avait des contacts avec un r’vendeur donc on en avait assez facilement.
      Mais maint’nant qu’il est au trou, chuis prêt à parier que l’vieux cap’taine a trouver une aut’ combine pour avoir sa gnôle.  
      Si vous voulez d’ses nouvelles, renseignez-vous auprès de la compagnie. Avec un peu d’chance vous aurez des infos sur Barba. Leur maison-mère est sur Zaun, pas loin d’ici. D’mandez l’siège d’la Gragass Corporation.
      Et si ça foire… ben j’peux rien pour vous mes cochons.


      Très bien. Nous nous contenterons de ça. Un message pour Barba, dans le cas où nous mettons la main dessus ?

      Euh… Dites-lui juste que Phil Voit-Double trinque à son retour parmi l’équipage.

      Ce sera fait. Adieu.



      Les deux Marines sortirent de la cellule. Accompagnés de la patrouille, ils se rendirent sur la place bondée avant qu’Alec ne fasse part de ce qu’ils avaient appris. Le vieux pirate semblait dire la vérité, même si l’information était des plus floues. Les chances que Barba Black se soit fait remarquer pour du vulgaire rhum étaient assez fines. La réaction de son Sergent le rassura un peu.

      Du Gragass ?! Cette méduse avait un filon dans la Gragass Corporation ?! T’métonnes qu’il ait filé avec ça et ses berries. J’ai pu en gouter une fois, une seule. Et j’s’rais prêt à filer ma solde du mois pour un verre de cette merveille.
      Alors j’imagine pas l’manque qu’il ressent, ce vieux bouc, s’il a pris l’habitude d’en avoir. Boire un rhum normal doit lui être plus douloureux qu’la chaude pisse. Hahahaha.


      C’est vraiment un petit bijou ce rhum si je comprends bien. Il faut au moins ça pour que vous soyez du même avis qu’un pirate, n’est-ce pas Sergent ?


      Une merveille Lieutenant, une pure merveille à l’état liquide. M’a fallu un bon mois avant de me remettre de la simple lampée que j’avais eu…


      Très bien, vous m’avez convaincu. On met les voiles pour Zaun. Filez au bateau avec les hommes et tenez-vous prêts au départ. Je vous rejoins sous peu.

      Compris.


      Le Sergent et le reste de son équipage s’enfonça dans les ruelles voisines pendant qu’Alec s’adressait à Stein. Afin de ne pas attraper un torticolis, deux bons mètres séparaient les deux hommes
      .

      Merci pour votre participation soldat. Vous avez été des plus … convaincants.
      Je ne manquerai pas de signaler à votre supérieur l’aide que vous nous avez fournie. Et, d’un point de vue plus personnel, j’aimerais avoir l’occasion d’en apprendre plus sur votre histoire. La manière dont vous avez surmonté toutes ces…


      Les mots se perdirent dans la bouche du Lieutenant, alors que ses yeux s’étaient fixés sur un homme au loin. De l’autre côté de la place grouillant de vie, un homme au crâne chauve s’engouffrait dans une rue adjacente d’un bon pas. La bave commença à couler le long du menton du jeune homme alors qu’il faisait son possible pour retenir sa pulsion.
      En vain.
      Il ne tint pas une seconde avant de s’élancer comme un boulet à travers la foule. Enfin, plutôt comme une feuille portée par un vent puissant. Il esquivait avec agilité les autochtones sans pour autant ralentir sa course. Il ne lui fallut que quelques instants pour disparaître aux yeux de Stein. Il virevolta dans les ruelles, fonçant au hasard, tout à sa frénésie de trouver le crâne reluisant.

      Après quelques minutes, celle-ci finit cependant par retomber. Il avait de toute évidence perdu la trace de sa cible.
      Il essuya de son mieux sa bouche encore baveuse puis essaya de se repérer. Cette partie de la ville lui était totalement inconnue. Qui plus est, elle était déserte et Alec savait qu’il ne pouvait pas compter sur son sens de l’orientation dans ce dédale.

      Bzah Bzah Bzah… Magnifique Alec, magnifique…
      Comment tu vas faire maintenant ? Revenir sur tes pas ? Pas bête. Tu es arrivé par où encore ?
      Gauche ? Droite ?
      Hum… Droite. Définitivement droite.
      ...
      ...
      ...
      Ou bien gauche ?
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      [Pas de nouvelles de Franken depuis 2 mois donc je continue en solo :s]

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      ...
      ...
      ...

      Cela faisait maintenant des heures qu’Alec répétait ce manège. Il avait opté pour un pas décidé, une course ne l’aurait que fatigué d’avantage. Car il était bel et bien perdu, difficile de prétendre le contraire. Au début, il avait avancé au petit bonheur la chance, espérant retrouver un lieu connu, ou mieux, un passant. Mais rien de tout ça n’était arrivé.
      Il s’était donc décidé à opérer avec plus de méthode. Seulement, pas de mousse sur les troncs, pas de vision claire du soleil (qui n’avait pas tardé à se coucher d’ailleurs), ni de brise fraiche lui donnant des indices sur la direction à prendre. Le milieu citadin ne lui réussissait visiblement pas du tout.
      Heureusement, il s’était souvenu d’une tactique simple à observer quand on était perdu dans un labyrinthe. Remerciant ses lectures de jeunesse, il avait suivi l’exemple d’un de ces héros en ne tournant que dans un sens. Tout en prenant soin de marquer à l’aide de son couteau les embranchements croisés, il avait progressé avec détermination dans la cité silencieuse.

      L’absence de vie l’intriguait d’ailleurs. Qu’il n’y ait pas d’animation dans une si large zone semblait inconcevable vu que le QG de North Blue était réputé pour la quantité de son personnel. Cependant, l’évasion d’il y a quelques années avait laissé des cicatrices sur l’ile. Les réparations s’étaient d’abord concentrées sur la remise à niveau des défenses et à leur amélioration, les zones urbaines touchées avaient dû attendre. Il s’agissait donc certainement d’une des dernières marques de l’incident.
      Mais n’empêche, il aurait dû y avoir d’autres personnes… Des sans-abris, des soulards, des bande de jeunes délinquants… Ce qui fait la vie des bas quartiers d’une ville normale en somme. Seule l’absence de voleurs ou autres cèleras de cet acabit était parfaitement normale, on était sur l’île d’un QG de la Marine quand même ! Seul un fou ou un imbécile aurait osé attirer l’attention d’une telle quantité de représentants de l’ordre.

      C’est avec cette pensée réconfortante à l’esprit que le jeune Lieutenant ralentit le pas. Il faisait maintenant nuit noire, le ciel était voilé et il ne semblait pas avoir progressé d’un iota dans sa recherche du port. Il semblait être bon pour marcher toute la nuit, même avec sa technique « toujours à droite ». Au point où il en était, il valait mieux attendre le lever du soleil et savoir ainsi où se trouvait le Sud. Un parvis un peu plus grand que les autres se révéla être l’endroit idéal pour un petit somme. Il serait ainsi protégé de la pluie si le petit crachin se décidait à évoluer. Son arc calé contre la porte scellée, bien emmitouflé dans sa veste d’officier, il glissa dans le sommeil en se demandant ce qu’il raconterait à ses hommes lendemain.

      Mert’. C’t’un gradé. On fait quoi ?

      La même chose que tous les soirs Minus, tenter de conquérir le monde.

      Hein ? On essaye de conquérir le monde ?

      Bien sûr ! Petit à petit c’est vrai, mais au final c’est le but du Boss tu sais.


      Whaoo… J’savais pas moi… Mais comment qu’on peut conquérir le monde en tuant les gens trop saouls ?

      Halala. On les tue pas Minus, ils ont des accidents. Alors nous on récupère ce qu’ils ont sur eux, pour pas que ça pourrisse.

      Juste, ils ont des accidents. C’est mieux que des meurtres, ça fait moins peur pas vrai ?

      Vrai. Et comme ça il y a pas de soldats pas saouls qui viennent nous chercher pour nous empêcher de récolter les trucs.

      Ok, je comprends. T’es drôlement malin Cortex, c’pas pour rien qu’c’est toi à qui l’chef parle.

      Tout juste. Ch’uis un malin moi, et puis j’sais me taire. D’ailleurs je te dirais pas que le chef a prévu de réunir tout le monde ce soir. Il a eu des nouvelles du Boss et il va nous mettre au courant. Si tu l’savais, tu s’rais capable de l’dire à qui faut pas.

      Ce serait dommage en effet.

      A fond. Imagine qu’les Marines sachent ça ! Il suffirait qu’ils encerclent la place pour qu’on soit tous en prison le soir même. T’as pas envie d’aller en prison, si ?!

      Non non, mais…euh…

      La place elle est où ?

      Cherche pas, je te dirais rien. Après tout je sais juste qu’il faut prendre une fois à droite et puis la troisième à gauche pour y arriver.

      Euh… Cortex… tu devrais peut-être te t…

      Peut-être me dire combien on sera.

      Aucune chance ! Pas question que tu saches que les 50 membres du Taenia seront présent. Tu pourrais cafter sans t’en rendre compte.  

      Ben justement…

      Justement quoi ?

      Merci pour ces précieuses informations, Cortex. A présent si vous voulez bien vous endormir, ça me faciliterait la tâche.

      Préférant aider ces deux charmants détrousseurs à rejoindre les bras de Morphée, Alec saisit ses tonfas et se mit en branle. La conversation des deux génies l’avait réveillé et il était parvenu à en apprendre énormément sans pour autant recourir à la violence. Un peu de finesse pouvait mener plus loin que des gros bras mais ces derniers finissent toujours par être nécessaires.
      Une petite roulade avant l’amena au centre de la rue trempée alors que ses deux adversaires tombaient au sol. Un coup de tonfa délivré aux genoux avait généralement cet effet-là. Alors que quand il s’appliquait à l’arrière du crâne, c’était la sieste assurée, comme le démontrèrent les deux compères. Le Lieutenant prit néanmoins la peine de les ligoter sommairement avant de les pousser sur le parvis.Restait maintenant à se décider sur la suite des évènements.
      Se rendre au QG pour demander des renforts… S’il savait trouver son chemin il ne serait pas dans cette situation.
      Réveiller un des gus et le forcer à montrer le chemin de la base… Trop long et peu fiable.
      Capturer un maximum des zigotos et se faire diriger vers le port… Long, fastidieux mais moins de risques d’embuscades. Et en plus ça lui fournirait une excuse pour son retard auprès de son impossible subalterne.

      C’est décidé. Au tour de ce chef et sa bande. S’ils sont aussi fantastiques que ces deux-là je risque de passer une bonne soirée.
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