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Le Boucher des Highlands


Avis de tempête


Une légère brise s'engouffra par la fenêtre et affola les pages de l'encyclopédie consacrée aux différents royaumes de South Blue que lisait Loth. Il délaissa l'ouvrage et plongea son regard aussi loin que lui permettait la fenêtre ouverte.
Du troisième étage où se situait sa chambre, il avait une vue imprenable sur la campagne environnante et sur la mer au loin. Les gros nuages noirs qui bordaient l'horizon ne laissaient aucun suspens quant au devenir du climat dans les prochaines heures, un gros orage approchait.
Une vocifération dans les étages inférieurs éloigna son attention des vagues grondantes. À coup sûr, c'était encore le Frère Hariel qui beuglait après Löthar pensa-t-il. Ils s'aimaient comme chien et chat ces deux-là.
De manière générale, l'ambiance au monastère s'était alourdie depuis l'arrivée de Löthar et de ses trois potes. Loth était surement un des rares qui n'avait pas encore eu d'altercation avec eux, en grande partie à cause de sa nature solitaire et silencieuse.

Il se souvint brusquement que ce lundi, comme tous les derniers lundis du mois, donnait le ton à une série de remue-ménage dans le monastère. Il se hâta de sortir de sa chambre et se précipita au rez-de-chaussée pour aider les Frères dans leurs tâches avant le grand départ. Loth attachait beaucoup d'importance aux devoirs que lui avait confiés Saint Michael, Grand Maître de l'ordre des Moines Servites. S'acquitter avec efficacité de ses nombreuses corvées était un moyen pour Loth de rembourser en partie la dette qu'il avait envers cette congrégation de moines. Sans leur aide, pensa-t-il, il n'aurait su à quel Saint se vouer ; il n'osait même pas imaginer ce qu'il serait advenu de lui après sa libération.
Le jeune homme avait passé sept longues années en tant qu'esclave et bête de foire dans les geôles d'un groupuscule criminel prônant et défendant par des moyens radicaux la suprématie de la race humaine sur ce qu'ils appelaient "les difformes" à savoir, les Longs-bras, les Longues-jambes et les autres races "non-humaines". Libre au terme d'une opération musclée de la marine, seuls les Moines Servites lui avaient tendu la main et l'avaient aidé à se reconstruire un minimum. Voici trois années déjà qu'il vivait parmi eux, mais il songeait à son départ et à sa vie hors des murs en bois lourd du monastère. Le train de vie de ces moines n'était pas ce à quoi il aspirait, il en était même aux antipodes.
Les Moines Servites, à l'instar de tous les autres Ordres Mendiants, vivaient de la charité. De l'îlot au manoir qui avait été transformé en monastère, de la vaisselle à la lingerie, absolument tout était le don de tiers.Le jeune homme avait passé sept longues années en tant qu'esclave et bête de foire dans les geôles d'un groupuscule criminel prônant et défendant par des moyens radicaux la suprématie de la race humaine sur ce qu'ils appelaient "les difformes" à savoir, les Longs-bras, les Longues-jambes et les autres races "non-humaines".

À l'arrivée de Loth, le rez-de-chaussée ainsi que le grand hall étaient remplis de gros sacs de voyage et de bric-à-brac en tous genre. Le grand départ se ferait dans l'après-midi et cette année, Loth n'avait pas été sélectionné pour prendre part à la collecte. Malgré son enthousiasme à aider aux préparatifs, il n'était pas mécontent d'être dispensé de ce rituel mensuel.
Vivre de la charité demandait beaucoup de sacrifices et l'un d'eux consistait à quitter l'isolationnisme de leur îlot chaque dernier lundi du mois pour faire le tour des habituels donateurs et récolter de quoi subsister durant le mois suivant.
Les préparatifs se déroulèrent sans accroc jusque dans l'après-midi. Ils traînèrent les sacs de voyage et les minuscules voiliers jusqu'à la plage où la mer bouillonnait violemment. L'orage s'était rapproché et une bruine commençait à goutter. La quasi-totalité des moines allait prendre part à la collecte en laissant moins d'une dizaine de personnes dans le monastère qui en compte normalement une centaine.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda le Maître Michael de son imposante voix en indexant un groupe d'hommes qui avançaient vers eux emmitouflés dans de gros manteaux battus par le vent.

Malgré qu'il approchât la nonantaine, "L'ancêtre" comme il était affectueusement surnommé avait le physique et la fougue de ses quarante-ans. Chauve et barbu, il passait pour être le plus grand maître qu'ait jamais connu les Moines Servites ce qui signifiait beaucoup. Loth qui avait eu un aperçu du niveau des "simples" moines lors d'une attaque de pirates et durant ses entraînements n'osait pas imaginer la puissance du vieux. Il avait une présence qui en imposait naturellement et plus d'une fois, Loth s'était senti comme écrasé par sa seule présence. Paralysé dans le bon sens du terme, comme si une main géante l'avait couvert de son ombre. La présence du vieux était rassurante.

- Bonjour, claironna celui qui semblait mener les nouveaux arrivants. Je suis le sergent d'élite Anani Da Silvera. Vous devez être le Maître Michael ?

- Lui-même. Que nous vaut une visite de la marine d'élite ?

- Nous avons reçu l'ordre de fouiller votre îlot et le monastère au peigne fin, répondit-il en déclenchant des murmures de désapprobation que L'ancêtre fit taire d'une moue de la main.

- En quel honneur ?

- Dog Wildson s'est échappé du Nid et nous avons toutes les raisons de croire que son itinéraire l'aurait conduit ici. Cet îlot de craie par ses falaises trouées de grottes offre un excellent refuge pour un criminel en cavale.

Loth se tritura le cerveau à la recherche d'une mention de ce nom dans les centaines d'ouvrages qu'il avait lu. Dog Wildson, oui, il s'en était souvenu, était surnommé "Le boucher des Highlands", triste tueur en série qui avait sévi une quinzaine d'années auparavant sur South Blue. Il avait fait les unes par ses meurtres d'une atrocité ineffable avant d'être capturé et enfermé dans le Nid, une des plus célèbres prisons d'East Blue. Ainsi donc, se dit-il, cet homme était de nouveau libre, prêt à plonger cette région dans une hystérie collective.

- Tous nos moyens sont mobilisés pour le retrouver, c'est un cas de priorité absolu, dit le sergent. Bien sûr, il serait judicieux que vous coopériez avec nous, ajouta-t-il sur un ton insidieux que Loth ne comprit pas.

- Frère Azraël ! dit le vieux après un moment à jauger le sergent d'un curieux regard, laissez-les faire leur travail. Qu'ils fouillent ce qu'ils ont à fouiller. En mer, vous autres ! Nous partons.

- Mais Maître, objecta Azraël, vous comptez vous en aller ? Si ce type rode dans le coin...

Azraël était un moine supérieur, un Maître. C'était un homme d'un âge avancé, dans la soixantaine, qui était deux fois plus grand que n'importe qui sur l'île. C'était un membre de la tribu des Longues-jambes. Il avait des cheveux brun pâle et une barbe stylée en dreadlocks.

- J'ai toute confiance en vous pour assurer mon intérim. Et Dog Wildson ou pas, faut bien qu'on mange, dit-il avec un sourire candide.
Il s'apprêta à embarquer dans son voilier quand il fit volteface.
N'oubliez pas, raisonnez-le, dit-il en s'adressant à Azraël avec un air mystérieux.

Loth le regarda partir les yeux plissés, en se demandant ce que voulait sous-entendre le Grand Maître.




Dernière édition par Loth Reich le Mer 14 Jan 2015 - 22:35, édité 4 fois
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Nine Vs One


Loth, à l'instar de tous ceux qui étaient restés au monastère, fut prié de demeurer dans le grand salon en attendant que les marines d'élite finissent leur fouille. Il les observa minutieusement en demandant bien pourquoi ils ne fouillaient pas en priorité les galeries et grottes souterraines qui fourmillaient sur l'île de Craie.

Si l'île avait été surnommée ainsi, c'était à cause des "Three Brothers", d'impressionnantes formations géologiques hautes d'une centaine de mètres pour certaines qui longeaient la côte Est l'île. Ces falaises étaient faites de calcaire blanc, un matériau assez poreux que le fleuve souterrain qui serpente dans les entrailles de l'île avait vite fait de transformer en passoire au fil d'une centaine d'année.  
Il était donc logique d'aller, en priorité, explorer ces grottes au lieu perdre son temps avec une communauté de moines. À moins que... Se demanda Loth... À moins qu'ils ne pensent trouver Dog Wildson dans le monastère. À moins qu'ils ne pensent qu'ils le cachent ?

Cette réflexion après quelques minutes ne parut pas aussi incongrue qu'elle l'était se dit-il en redressant machinalement lunettes. Il porta son regard sur Löthar, grand, gros et bête avec des airs de troll. Il n'était pas très difficile de deviner qu'il ne devait surement pas être une victime avant de venir au monastère.  
Des Frères moines aux "aspirants" comme étaient nommés ceux qui avaient été recueillis et qui faisaient leur bonhomme de chemin spirituel avant d'être consacrés, tous devaient avoir un certain passé. Il y avait surement d'anciens criminels reconvertis parmi eux, conclut Loth.

- Il n'y a personne, déclara le sergent après une demi-heure de fouille.
Il tira Loth de ses réflexions par la même occasion.

- Vous irez fouiller les grottes ? Lui demanda-t-il.

- Non, répondit le sergent d'une voix inutilement sèche. Il commence déjà à pleuvoir à grosse goutte, la marée va augmenter. Si nous nous aventurons dans ces dédales, nous finirons noyés.

- Vos à priori ont assombri votre jugement et perverti votre raison, commenta la voix douce et paisible du Frère Castiel qui officiait en tant que médecin du monastère. De précieuses minutes ont été vainement gâchées en ces lieux.  

Castiel était un bel homme au teint halé. Il avait une forme svelte, limite délicat. Ses cheveux étaient verts et frisés en boucle. Ses yeux étaient grands et amandes. A dire vrai, le moine médecin ressemblait plus à un mannequin sorti d'un fantasme féminin qu'à un moine guerrier.

Le sergent s'apprêtait à une cinglante réplique quand un de ses subordonnés déboula à bride abattue. Il avait l'air tellement affolé qu'il n'arrivait plus à parler, à moins que ce ne fût dû au point de côté qui le lancinait. Il prit plusieurs minutes d'une profonde respiration avant de bégayer :

- Ha.. ha.. D..Dog... Sur la p..plage... J'l'ai vu...

Il s'écroula suite à ses paroles et de nombreuses personnes présentes poussèrent des cris d'horreur en s’apercevant que le marine avait une horrible et sanguinolente estafilade oblique dans le dos. Ils n'en avaient pas douté jusqu'à présent parce qu'il se tenait dans l'embrasure de la porte. Le moine Castiel se précipita à son chevet et sortit une fiole dont il versa le liquide ambré sur la blessure qui dégagea aussitôt une étrange fumée âcre.

- Aidez-moi à le transporter à l'infirmerie, il faut suturer ça au plus vite !

- Inutile, nous allons nous en occuper, moine, répondit le sergent, le teint livide. Nous devons rejoindre notre cuirassé et nous réfugier en haute mer avant que la tempête ne frappe les côtes, ce sont les ordres.

- Tu've'dire qu'tu t'tires ? La queue entre les jambes ? Grogna Pollux, un membre du club de Löthar. Tu l'as pécho où ton papier d'marine d'élite ? A une foire aux nullos ?

- La tempête risque d'être violente, si nous restons ici nous serons bloqués. Ce qui veut dire que Dog également. Il nous suffira de revenir en force une fois que la dépression sera passée. Et si tu oses encore me parler ainsi, chien d'aspirant moine, tu me le paieras très cher.

- Des menaces, toujours des menaces, Anani, déclara une voix féminine qui entra dans le salon.

La nouvelle arrivante avait un look assez particulier. Très peu vêtue, un soutien-gorge bleu blasonné aux emblèmes de la marine d'élite ceinturait sa poitrine tandis qu'un simple pagne blanc noué par-dessus un short bleu dissimulait le bas de sa taille. Son ventre nu laissait voir un corps au teint blanc bien entretenu et un piercing au nombril d'où pendait un médaillon à l'effigie d'une mouette. Ce qui attirait aussi l'attention c'était l'immense katana enveloppé dans du papier kraft qu'elle tenait dans sa main gauche gantée. Son visage demeura un mystère jusqu'à ce qu'elle consente à décoiffer son large chapeau de paille conique. Elle était belle, brune et ses yeux bridés avaient la couleur du saphir le plus pur.
Un bleu assassin, pensa immédiatement Loth que le regard de la femme mit mal à l'aise. Cette femme est une tueuse à sang froid, se répéta-t-il.

- Lady ! S'étrangla le sergent Anani. Que fais-tu ici ?

- Pauvre chou, on dirait que t'as vu un fantôme. Regardes toi, t'es pâle comme un exsangue. Je suis venue mettre la main sur ce choux de Dog, quelle question.

- Les ordres, la tempête ?

- Qui s'en soucie ? Demanda-t-elle en haussant les épaules. Une chasse passionnante s'annonce, je peux à peine tenir en place ! Dit-elle d'une voix enjouée en enfonçant ses longues ongles dans sa paume.

Anani s'en alla ensuite avec le blessé et ses hommes tandis que la dénommée Lady se dirigea vers un autre point de la côte en suivant les traces de sang qu'avait laissées le blessé. Les moines et les aspirants suivirent aussi les gouttes sur le sable et s'immobilisèrent à l'endroit l’agression avait eu lieu. Il pleuvait maintenant à grosse goutte et l'averse épanchait le sang qui teintait le sable blanc de vermillon. Non loin de là, une grande planche en bois avait été abandonnée.

- Traverser une telle mer en furie accroché à ça, ce type doit être très téméraire ou suicidaire, murmura Castiel qui fixait la mer.

- Le désespoir n'est rien d'autre que le suicide du cœur et bien des fois, il a aidé à gagner des batailles, philosopha le Frère Azraël. Ce homme n'a rien à perdre. Comparez les deux types de pas que nous avons là. Le sien est surement celui-ci. Pieds nu, seules les empreintes de ses orteils sont visibles.

- Ça-ça suggère un individu vif et rapide, dit Hariel, le moine jardinier qui avait le tic d'ajouter des "ça" à tous ses sujets.

Il boitilla appuyé sur sa canne en suivant le déplacement des pas de Dog Wildson sur le sable. Hariel ne dépassait pas le mètre soixante. Sa calvitie naissante lui donnait un air plus vieux que ses cinquante ans. Comme tous les Servites, il portait le plus souvent une longue et ample tunique orange et des chaussons.
Il y avait beaucoup d'infirmes légers parmi les moines et Hariel était de ceux-là. Selon sa propre histoire connue de tout le monde, il aurait été mordu tout jeune par un ours qui lui aurait arraché la majeure et la meilleure partie d'une jambe. Ses tuteurs l'auraient alors abandonné et après des années d'errance et de mendicité, il fut recueilli par les Servites. Cependant, son infirmité ne l'avait pas empêché de gravir un à un tous les échelons de la hiérarchie de l'ordre.
À l'instar du Frère Azraël, c'était un moine supérieur "Yachikuan". En clair ce grade lui permettait de prétendre au titre de Grand Maître ou d'être ordonné à cet effet si un autre monastère Servites devait être bâti quelque part. Hariel figurait aussi parmi le "top seven" officieux des plus puissants moines Servites au monde.
Selon Loth, L'individu était affable, drôle et facile à vivre. Il avait une passion pour les plantes qu'il partageait de temps à autre avec Loth.

- Dog-ça est arrivé dans son angle mort et même de face, marine-ça n'aurait rien pu y faire. Dog Wildson-ça est entraîné et dangereux, conclut-t-il. Nous-ça devrions être très prudents. Marines-ça ont déjà l'île.
Qui êtes-vous, Lady-ça ?


- Ah oui, que suis-je impolie, je ne me suis même pas présentée. Je suis un sergent patrouilleur de la marine d'élite. Lady Ombeline pour vous servir mais appelez-moi Lady, ajouta-t-elle avec un sourire en coin en ajustant son chapeau de sorte à cacher la moitié de son regard.
Selon nos experts, cette tempête ne durera pas moins de cinq jours. C'est le temps durant lequel nous serons coupés du monde alors si on pouvait me présenter tout le monde, ce serait sympa, dit-elle de sa voix naturellement mélodieuse. Qui est le chef ?

- J'assure juste l'intérim de Maître Michael, répondit Azraël. Voici le Frère Castiel le docteur, le Frère Hariel qui s'occupe du jardin et de tout ce qui se trouve sur l'île en général, végétaux comme animaux. Ces quatre-là sont des aspirants moines. De la gauche vers la droite, Löthar, Pollux, Genaro, Rashek et Loth.

- Merci. Nous sommes donc neuf sur une île où un tueur sanguinaire est en vadrouille, dit-elle comme si rien au monde ne lui aurait plus fait plaisir. Que direz-vous de commencer à le chercher ?

-  Quoi sous cette pluie ? Je suis déjà frigorifié ! grognassa Löthar de sa voix rocailleuse. Hors de question !

- Tu préfères peut-être que Dog vienne te trancher la gorge dans ton sommeil ?

- Folle... Démente... Chasseuse de Pampre... Murmura Rashek.
C'était un individu maigrichon aux airs et aux yeux de furet qui souffrait d'une déficience mentale. La raison de sa présence dans le groupe qui gravitait autour de Löthar avait toujours été un mystère pour Loth. Il imaginait bien que la cause de sa folie pouvait être un coup de trop sur la tête administré par Löthar.

- La lady n'a pas tort nous devons nous débusquer ce type avant la nuit tombée si possible. Mais cette pluie risque de rendre la tâche difficile. Comme le disait le sergent Anani, les grottes sont un piège mortel par ce temps alors ce Dog doit se trouver quelque part sur la côte.

- Merci Frère Azraël. Nous allons former une équipe de deux pour le traquer. Tenez ce sont des fusées éclairantes. Si vous l'apercevez, ne jouez pas les héros, envoyez une fusée en l'air pour prévenir les autres. Dog est très dangereux, dit-elle.
Vous connaissez vos amis mieux que moi, Frère, formez les binômes en veillant à laisser un surveillant capable au monastère.

Après un rapide calcul, Azraël forma les binômes comme suit : Rashek le fol avec lui-même (Azraël), Lady en équipe avec Genaro, Castiel et Pollux, et pour finir, au grand dam de Loth, il se retrouva en équipe avec Löthar. La tâche de surveiller le monastère fut confiée au Frère Hariel.
Ils retournèrent au manoir le temps de s'équiper d'imperméables puis plongèrent dans l'averse à la recherche du Boucher des Highlands.





Dernière édition par Loth Reich le Mar 30 Déc 2014 - 3:40, édité 1 fois
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L'attaque du Boucher


Il pleuvait averse et le vent soufflait de trois-quarts face avec une considérable intensité. Ils gardaient encore les pieds sur terre mais c'était tout juste. La visibilité n’excédait pas cinq mètres; chaque pas était un calvaire sur ce sable argileux rendu pâteux et boueux par la drache.
Loth et Löthar avaient été chargés d'inspecter la moitié de la côte Est de l'île, Lady et Genaro inspectant l'autre moitié dans le sens contraire.  
Comme il l'avait pressenti, la compagnie de ce bougre n'avait rien de plaisante. L'individu approchait les deux mètres et n'avait quasiment pas de cou. Ses petits yeux porcins, sa moustache touffue, sa peau mate, son corps bodybuildé et couvert de tatouages la plupart représentant des cranes ne laissaient aucune chance de l'aborder avec le sourire. Et comme le savait Loth, son physique était ce qu'il y avait de mieux chez lui.

- Hein ? Comment c'te p*te de marine veut qu'on détecte qui que ce soit dans cette merde ? Hein ? Tempêta-t-il.

- Je me le demande aussi, mais silencieusement, répondit Loth exaspéré.

- Hein ? Et d'ailleurs, pourquoi ce type, Azrel, ne m'a pas laissé le monastère ? Hein ?

- C'est Azraël, corrigea Loth. Et comme l'a demandé Lady Ombeline, le monastère doit être confié à une personne capable, satirisa-t-il.

- Hein ? Tu veux dire que je ne suis pas capable ? Hein ? Hariel n'est qu'un vieux boiteux ! Fais attention à ta tête, un accident est vite arrivé, hein ! Menaça-t-il en caressant l'énorme hache qu'il trimballait avec lui.

- Que faisais-tu avant de venir au monastère ? Demanda Loth pour changer de discussion.

- J'écumais les mers, c'tout ce que tu as besoin de savoir. Mêle-toi de ce qui te regarde hein !

- Si tu le dis.

- Et toi hein ? Tu faisais quoi avant hein ? Demanda-t-il après quelques minutes de pause.

- J'étais un esclave. Pourquoi le Frère Hariel hurlait-il après toi ce matin au fait ?

- Tss, ce moine boiteux, je me l'étriperais un jour ! Ragea-t-il. M'a beuglé après juste parce que je me suis soulagé sur de malheureux herbes rouges.

- Ces "herbes", comme tu les appelles, sont des chrysanthèmes sanguines, des plantes d'une incroyable rareté et possédant de prodigieuses propriétés médicinales.
Et si j'étais toi, je n'approcherais pas Hariel. Il est le dernier dépositaire de la technique de la Main Sanglante. Tu seras mort avant même de savoir ce qui t'arrive.


- Hein ? Tu sais comment on m'appelle...

Loth ne sut jamais comment on l'appelait. À cet instant, un éclair fourchu zébra le ciel d'Est en Ouest et révéla la présence d'une fusée d'un orange intense. D'après sa position, elle avait été tirée de l'aire où le Frère Castiel et Pollux devaient faire leur ronde. Ils se précipitèrent dans cette direction et croisèrent Lady Ombeline et Genaro en chemin. Ils dérapèrent dans la boue à l'approche des lieux et ce qu'ils remarquèrent au prime abord c'était le sang. Il imbibait allègrement le sable et l'eau de ruissellement se hâtait de l'étaler sur de grandes distances.  
Le Frère Castiel était assis et adossé contre la falaise de craie. Il tenait délicatement son bras gauche semblant mutilé pendant qu'Azraël arrivé en premier tentait de lui apposer une attelle de fortune. Pollux était quand à lui étendu par terre, sans blessure apparente.
Loth s'approcha de lui, prit son pouls et confirma qu'il était juste assommé. Ses compères, Genaro, Rashek et Löthar se pressèrent autour de lui en vociférant imprécations et insultes.

- Vous pouvez nous dire ce qui s'est passé ? Demanda Lady.

- Désolé, murmura Castiel les dents serrées, entre deux rictus de souffrance. Il a déboulé par derrière, ce Dog. Il a d'abord assommé Pollux d'un coup à l'arrière du crâne puis m'a attaqué dans le même mouvement. J'ai utilisé mon bras pour parer ses ongles et voilà le résultat.
Schhhhhhhh
, grimaça-t-il. Je l'ai éjecté d'un coup vers cette grotte là-bas et j'ai pris la fusée que j'ai lancée. Il a dû la voir et s'enfuir.  

- La plus béante des deux grottes à flanc de falaise là ?

- Oui, celle-là même, grhhhhh.

- Merci. Je vais le poursuivre.

- C'est de la folie !

- Peut-être mais quelqu'un doit mettre ce type hors d'état de nuire.

- Je viens avec vous , déclara Loth. Je connais bien ces galeries, ça vous évitera d'être prise dans un piège aqueux.

- Il fera plus sombre d'ici une heure, revenez avant si vous ne l'avez pas trouvé, dit le Azraël.

Le nouveau binôme s'éloigna de la petite troupe puis s'engouffra dans la grotte. Elle était moins humide que l'extérieur et l'eau leur arrivait à peine aux mollets. La marée n'avait pas encore établit ses lois ici et c'était une bonne nouvelle pour les deux traqueurs. Un filon de sang qui se prolongeait vers l'intérieur ornait la roche comme si quelqu'un s'était déplacé, l'épaule contre la paroi crayeuse. Ils suivirent les traces pendant plus d'une demi-heure sans rencontrer âme qui vive jusqu'à un embranchement à deux voies. Sur celle de gauche, ils trouvèrent une chemise noire rayée de blanc trempée d'eau et de sang.

- C'est la tenue des prisonniers du Nid, Dog était ici. Mais à partir de là, plus de traces. Que faisons-nous ? Gauche ou droite ?

- La gauche mène directement à la rivière souterraine et la droite mène à une ouverture de l'autre côté du versant.

- Supposons qu'il ait pris la gauche, que lui arrivera-t-il ?

- Aucune idée, le fleuve Naga descend jusque dans les profondeurs de la terre selon les moines. De ce que je sais, son courant est très fort et il sera compliqué de nager contre. S'il a pris la voie de droite alors il doit être sur le côté Nord de l'île. Vers le monastère.

- Demi-tour, vite !

- Les autres doivent déjà y être, il est blessé, il ne va pas oser s'attaquer à tout un groupe.

- On verra bien.

****

- Alors ? Vous-ça l'avez trouvé ? Demanda le moine Hariel assis devant le lourd battant du monastère.
La pluie redoublait de plus belle et il faisait déjà sombre.

- N..Non, bredouilla Loth qui commençait à sentir le froid. Quelles sont les nouvelles ici ?

- Moi-ça a vu le feu de détresse et quelques minutes après ils-ça ont amené le Frère Castiel. Le toubib-ça ne doit pas être blessé en premier, qui soignera nous-ça si cet homme repasse à l'assaut ? Castiel-ça se repose dans les quartiers de soins et l'aspirant Pollux-ça a repris connaissance.
Le Frère Azraël-ça a décidé que nous-ça nous relayerons aux tours de garde toutes les quatre heures à partir de onze heures du soir.


- Dog Wildson est gravement blessé, il n'osera pas revenir ici.

- Que les dieux-ça t'entendent, Loth.

Ils rentèrent se réchauffer autour du feu pendant qu'une bonne odeur de grillage s'installait dans le salon. Azraël dans ses œuvres, pensa Loth. Il n'avait jamais rencontré meilleur cuisinier que lui. Les seuls qui trouvaient à s'en plaindre était la bande à Löthar.
Loth les trouva étrangement silencieux réunis autour d'une table basse. Ils chuchotaient quelque chose à voix basse avec des airs de conspirations pendant que Rashek le Fol portait toute son attention sur un papillon imaginaire.
La nuit arriva bien assez tôt en robe de veuvage et recouvrit le monde de ténèbres. Ils dinèrent ensemble -sauf Castiel qui était sous antidouleur- dans la salle à manger. L’atmosphère était empreinte de malaise et d'inquiétude. La plupart se demandait comment allait se passer la nuit, si ce fou allait encore faire des siennes.
Loth était animé par un autre sentiment, un étrange mélange entre la curiosité et la suspicion. Quelque chose ne tournait pas rond depuis l'arrivée des marines d'élite et Lady Ombeline assise juste devant lui ne pouvait pas dissiper ce sentiment. Son regard froid et métallique trahissait son aura meurtrière dissimulée et à bien des égards, Loth la considérait plus dangereuse que ce tueur en série quelque part au dehors.

La Lady fredonnait joyeusement en avalant sa soupe. A côté d'elle, le gang de Löthar semblait plus réservé que d'habitude. Le repas était toujours le moment pour eux de se faire voir, que ce soit en critiquant sans raison un plat ou en mangeant comme des porcs. Même Le Fol Rashek ne murmurait que sous sa barbe en jetant des regards furtifs à travers les fenêtres. L'agression de l'un d'entre eux avait dû leur clouer le bec et Loth se notifia de remercier Dog Wildson quand ils lui mettront la main dessus.  
Ils finirent de manger aux alentours de onze heures et Lady Ombeline se porta volontaire pour le premier tour de garde au rez-de-chaussée. Le tour de Loth n'arrivant que dans quatre heures, il rejoignit sa chambre et trouva paisiblement le repos sans n’être nullement inquiété.

Il se réveilla à trois heures moins et descendit prendre la relève du Frère Azraël qui avait lui-même relevé Lady. Il le trouva en position du lotus devant la porte, dans une parfaite concentration. Il ne dégageait aucune présence et si Loth ne savait pas de quoi il en retournait, il aurait pu penser que ses yeux le trahissaient. Azraël était le dépositaire de l'art du Caméléon, un style de combat uniquement dicté par la discrétion et dont le but absolu était d'emmener ses pratiquants à devenir "des trous de vide", en effaçant intégralement leur présence de ce monde, comme s'ils n'avaient jamais existé. Il a même entendu des histoires sur le premier Grand Maître des Moines Servites, le Saint Joshuel qui disait-on excellait si bien dans cet art qu'il pouvait tuer un individu et s'éloigner de plusieurs centaines de mètres avant que ce dernier ne se rende compte qu'il était déjà mort. Ce genre de réputation collait aussi à la peau d'Azraël.

- Prend place. Aiguise tes sens et discipline ton esprit. Le mal rode.

- Bien maître. Et elle ? Demanda-t-il dubitatif en indexant Lady Ombeline adossée à une chaise, son chapeau couvrant l'intégralité de son visage de telle manière qu'il fût impossible de dire si elle dormait ou non.  

- Elle n'a pas voulu prendre de chambre. Löthar et Genaro prendront ta relève à cinq heures. Que la nature soit avec toi.

- Et avec votre esprit, répondit-il en prenant position devant la porte, la seule du monastère.


Les minutes s'égrainèrent lentement au rythme de l'averse assourdissante. Elle prit une tournure inquiétante sous les coups de quatre heures quand des bourrasques de vent firent claquer les portes et les fenêtres. Le boucan ne sembla pas déranger Lady qui semblait toujours dormir. Trente minutes plus tard, la pluie devint plus éparse et le ciel plus clair. Loth se leva de sa chaise et se posta à la devanture. Rien de tel que l'air frais d'un matin trempé pour revigorer les sens pensa-t-il. Il regarda vers l'est et vit de timides lueurs trahissant un soleil naissant derrière la couche de nuage.

- Une journée de chasse s'annonce, s’égaya Lady qui se leva en étirant ses membres. Bonjour.

- Bonjour vous-ça, répondit le moine Hariel qui descendait l'escalier principal, des arrosoirs et du compost sous les bras. Bonne journée pour planter mes belles dames-ça.

- De la belladone, murmura Lady intéressée. Le poison c'est votre truc ?

- Nan, nan, réfuta Hariel amusé. Les belles dames-ça sont aussi de puissants antidouleurs et anesthésiants. Frère Castiel-ça les utilise pour la chirurgie. Finalement, les dieux-ça t'ont entendu Loth. Peut-être que la blessure infligée par Castiel-ça a eu raison du Dog ?

- J'espère bien, répondit-il. Tiens, il est cinq heures, Genaro et Löthar ne devraient plus tarder.

- Moi-ça serai dans mon champ si vous-ça avez besoin de moi.
Il contourna et disparut derrière le manoir où se trouvaient le potager et le jardin médicinal. Deux minutes plus tard, Genaro descendit à son tour les escaliers, la démarche trainante.
Du groupe de Löthar, c'est celui qui avait le physique le plus normal. Il ressemblait à n'importe quel individu lambda, brun, visage neutre, pupilles ternes, les dents jaunies par des années de fumette. Il sortit un poignard de son manteau et tenta d'avoir l'air solide et courageux en se postant dans l'embrasure de la porte.

- Bon, nous voilà rassurés et protégés, dit Loth plein de sarcasme. Je vais étudier dans ma chambre.

- Et Lötharre ? demanda-t-il avec un accent qu'on pourrait qualifier de "rital".

- C'est pas ton boss ? Vous n'avez pas tous dormis ensemble ? Fallait le réveiller avant de descendre.

- Uno, Lötharr est mon ami pas mon capo. Due, nous avons tous dorrmis dans nos chambres rispettivo. Et tre, il est toujourrs à l'heurre.

Pas faux, pensa-t-il. Il était très ponctuel le bougre, tellement que Loth pensait qu'il le faisait pour avoir le plaisir de critiquer ceux qui avaient une seconde de retard. Il était toujours le premier aux réunions, à la table, aux corvées même si ça ne signifiait pas qu'il les faisait mieux.
Pris d'un soudain sentiment de malaise, Loth avala les marches quatre à quatre, Lady sur ses talons jusqu'à la chambre de Löthar au second étage. Le manoir en comptait cinq.
Merde ! S'exclama-t-il en déboulant sur le palier. L'odeur si caractéristique du sang avait emplit tous l'étage.
Lady défonça la porte en bois et révéla le macabre spectacle.


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La signature


Loth avait lu des choses à propos de la sauvagerie de Dog Wildson et à l'époque, il les avait toutes rattachées à l'imagination de celui qui tenait la plume. Trop pressé de donner des détails imaginés et de tenir ses lecteurs en laisse, s'était-il dit.
Aujourd'hui, il ne pouvait plus douter de ces écrits. Il était face à une barbarie qu'il n'avait jamais côtoyée, même pas durant ses années de brimades en tant qu'esclave. Ce qui se dégageait de cette scène d'horreur était l'expression du mal. L'essence même de la bestialité empestait en ces lieux. Le self-control qui était le sien manqua de céder sous une remontée de nausée et d'envie de vomir. L'odeur du sang mêlé à celui des viscères de la victime que le tueur avait répandu un peu partout dans la chambre saturait l'air d'une odeur indicible. Löthar n'était plus, il avait été massacré.

Loth recula de plusieurs pas et se dirigea vers la minuscule fenêtre du second étage histoire de prendre une bouffée d'air pur. Lady quant à elle s'empressa de rentrer dans la chambre et de commencer son inspection. Loth la rejoignit bien assez tôt à l'intérieur.

- Pas de peur, pas de sentiment, ton cerveau calcule, se dit-il, plus pour se rassurer qu'autre chose.

Il s'attela alors à mémoriser les détails de la chambre. D'abord le cadavre. Il avait été crucifié, un couteau planté dans chaque paume, sur le pan de mur en face de la porte. Il était maculé de sang, de la tête au pied et il avait été éviscéré. Il ne portait pas de robe de chambre, mais le même pull et le même pantalon noir que la veille quand Loth et lui faisaient leur patrouille. Un reflet dans les lunettes de Loth trahit la présence d'un collier doré autour du cou de la victime.
La chambre était dans le désordre le plus total. Outre les épanchements et les éclaboussures de sang, le tueur avait tout mis sans dessus-dessous et pourtant il n'y avait pas grand-chose à l'intérieur. Juste un dressing contenant une dizaine de vêtements, et une table basse qui devait crouler sous les jeux de cartes, et autre bric à brac. Dog Wilson s'était même acharné sur le lit à plume qu'il avait émietté dans une rage folle. La hache de Löthar était enfoncée dans le miroir accroché au mur qui faisait face au pied du lit.

- Ne rentrez surtout pas ! Avertit Lady quand elle vit arriver les autres Frères et les amis de Löthar.
Tous avaient le teint livide. Genaro ne put se retenir comme Loth et déversa un torrent de vomi sur le plancher tandis que Pollux s'écroulait, trahi par ses jambes flageolantes.
C'est une scène de crime. Cela vaut également pour vous, Loth.

- Mais j'y suis déjà...

- Parce que j'étais trop absorbée mais ce n'est pas une raison. Du balai, oust ! Attendez-moi tous en bas avec un bon thé de préférence, pour ceux qui ont craqué.

Ils obéirent sans broncher. Hariel boitilla aussi vite que pouvait lui permettre sa jambe droite plus courte que l'autre, pour informer le Frère Castiel qui dormait encore dans les ailes de l'infirmerie. Azraël soutenait bras-dessous Pollux qui pleurait à chaude larme en se débattant comme un beau diable. Genaro s'était rué hors du manoir pour vomir sur la pelouse trempée par la pluie qui s'était arrêtée depuis un moment. Rashek Le fol quant à lui semblait dans une galaxie lointaine comme d'habitude. Il murmurait des non-sens "la main verte", "Les grenouilles ont parlé", "c'est le démon de la forêt !", "je l'avais prévenu", tout en suivant le groupe.
Les Frères Hariel et Castiel les rejoignirent dans la salle à manger, l'un soutenant l'autre, tous très préoccupés. Le silence pesant était tantôt rompu par les sanglots de Pollux, des fois par les murmures de Rashek.
Loth quant à lui était revenu à son état normal et s'affairait à analyser les informations à son niveau. La grande porte était la seule et unique voie d'entrée dans le monastère. Comment avait fait Dog pour entrer dans la chambre de Löthar ? Bien sûr sa chambre disposait d'une fenêtre assez large pour laisser passer un homme de corpulence moyenne mais elle comportait quatre barres de fer pour empêcher cela, comme toutes les chambres du manoir; en plus la chambre de la victime se situait au deuxième étage. Et surtout, comment avait-il pu faire un tel massacre sans que personne n'ait rien entendu ? Löthar n'était pas qu'un simple beau parleur, il avait été initié au style du Tigre et avait déjà un bon background de street fight avant d'arriver sur l'île de Craie. Beaucoup de questions pour aucune réponse.

Lady les rallia aux alentours de six heures et demie. Elle sortit jeter ses gants blancs couverts de sang au dehors puis se servit un thé parfumé au citron qu'elle sirota sans dire mot. Loth la soupçonna de vouloir faire durer le suspense et de se donner un genre.

- Alors ? Demanda Azraël impatient.

- Alors, il y a beaucoup de zones d'ombres dans cette histoire que j'espère que vous m'aideriez à éclaircir.

- Comment il est rentrré ? Je croyais qu'il y avait des garrdes ? S'émut Genaro.

- Tout juste. J'ai pris le premier tour, répondit Lady. De vingt-trois heures à une heure, puis le Frère Azraël est venu me relever d'une heure à trois heures puis ce fut au tour de Loth. Je précise que je suis restée dans le hall pendant tout ce temps donc, il n'y a aucun doute, Dog n'est pas passé par cette porte.

- Ainsi donc, elle ne dormait pas... Se dit Loth.

- Partant de ce constat, j'ai exploré les autres possibilités. En examinant les barres de fer qui obstruent la fenêtre de la chambre du défunt, j'ai pu remarquer qu'elles avaient été coupées puis délicatement remises en place.

- Coupées ?

- Coupées, oui. Pas sciées. Il n'y a ni limailles ni irrégularités. Les barres ont été coupées nettes comme du beurre. Les épéistes d'un certain niveau en sont capables donc ce n'est pas si extraordinaire. Ce qui me turlupine le plus c'est pourquoi nous n'avons rien entendu.
Loth, vous allez rester ici, et les autres, vous aller vous dispatcher sur les autres étages. Pollux viendra au deuxième avec moi et nous simulerons un combat. Vous me direz si vous entendez quelque chose.  

[...]

- Je n'ai rien entendu comme bruit, leur dit Loth quand ils revinrent ensemble quinze minutes plus tard le regard interrogatif.

- C'est ce qu'on dit les autres aux étages supérieurs et Castiel qui était au premier. Ça c'est incroyable, les chambres sont insonorisées ! Conclut Lady qui semblait effarée.

- Non, non. Hier quand j'étais dans ma chambre, j'entendais les cris du Frère Hariel alors qu'il était ici.

- Seules certaines chambres disposent de cette isolation. Ce manoir est très vieux et plusieurs fois, il a fallu le rénover. J'ai moi-même participé à la rénovation de la chambre où Löthar logeait. Je me souviens du Frère Copael, le charpentier qui s'émerveillait à propos des propriétés acoustiques du Red Cedar, dit Azraël.

- Thuja plicata, ou encore Cèdre rouge, commenta Loth qui s'y connaissait bien en plante grâce à l'aide qu'il fournissait au moine Hariel. Cette essence est effectivement utilisée pour ses capacités à confiner le son dans une pièce.

- Donc est-ce de cela dont il s'agit ? Un coup de chance ?

- Surement. Il est venu, il a escaladé le manoir, a tranché les barreaux puis a agressé l'aspirant Löthar comme il l'a fait avec l'aspirant Pollux et moi hier, dit Castiel pas tout à fait remis de sa blessure.

- Vous-ça pensez qu'il y a un autre scenario ?

- Non, non. C'est ça mais je devais faire la lumière sur ces parties, pour notre sécurité à tous, répondit-elle.
Loth était certain qu'elle ne disait pas la vérité.

- Dans ce cas, Lady, Nous-ça devrions faire une battue et retrouver cet assassin !

- Il me reste un dernier point et nous pourrons aller chercher ce type. Les amis de Löthar, pouvez-vous me dire s'il manque quelque chose ici ?

- Pas mal, pensa Loth en admirant le travail succinct de Lady Ombeline.

Durant l'heure passée là-haut, elle avait emballé et étiqueté tout ce qui se trouvait dans la chambre. À croire qu'elle se baladait avec des sacs plastiques stérilisés.
Ce que Loth avait vaguement qualifié de "bric à brac" était un peu plus précis à présent. Un stylo, un paquet de jeu de carte, un livre traitant de l'unicité de l'univers et de la place de l'humanité, des cartes de South Blue, des gribouillis sur une feuille, un collier en or d'où pendait un médaillon moulu sous forme de lèvres féminines particulièrement pulpeuses, un gobelet en céramique cassé et un plateau de fruits divers. Tout était tacheté de sang.

- Non, manque que dalle, bafouilla Pollux. Et puis qu'est-ce que ça peut faire ? Notre pote s'est fait descendre. Faut retrouver ce fils de p*te et lui niquer sa race !

- Ça fait beaucoup de chose, dont très peu que tu comprendrais, monsieur cervelle de moineau, répondit Lady avec un franc sourire.
Un couteau sous la gorge aurait été plus rapide, et même Pollux le comprit, ce sourire était aussi froid et mortel que le Styx.
Je n'aime pas me répéter. Il manque forcément quelque chose, regardez bien.

- Il manque sa montre, répondit Loth. Une montre de gousset plaquée or qu'il avait clandestinement gardée à son entrée au manoir bien que les possessions personnelles soient interdites. C'étaient pas mes affaires alors je n'en ai pas parlé.

- Tu aurais dû, Loth. Et je rejoins Pollux, qu'est-ce que ça change s'il manque quelque chose, Lady ?

- Rien, si ce n'est que ça nous confirme qu'il s'agisse bien de Dog Wildson. C'est la manière de procéder du Boucher des Highlands, Frère Azraël, répondit Loth avant Lady. Il prend un objet appartenant à la nouvelle victime tout en lui laissant un autre objet appartenant à sa victime précédente. C'est sa signature.

- Bravo, c'est exact. Très peu de journaux ont fait état de ce fait, vous en avez dû lire des rayons entiers pour être au courant de ça. Ce qui signifie qu'il a dû laisser quelque chose ici. Dites-moi ?

- Le collier, répondit Genaro en désignant le bijou avec un doigt tremblant. C'est pas pour Lötharre, je ne l'ai jamais vu porter ça.

C'était le collier qui scintillait au cou du cadavre, avait reconnut Loth. Il était plaqué or et composé de deux fines chaines enroulées en spirale. Son pendentif était un peu plus particulier et plus extravagant. Loth avait beau le regarder sous toutes les coutures, il ne voyait qu'une représentation de lèvres féminines charnues. Des lèvres rougies parce que bardées de minuscules gemmes de rubis. Un diamant taillé façon Perruzi était épinglé à la lèvre inférieure donnant l'image d'une bouche ornée d'un piercing.

Spoiler:

- Je vois, merci beaucoup, ça va m'aider. Bien, bien, reformons les binômes et bouclons le monastère à clé. Je prends Loth cette fois ci, ajouta-t-elle.
Inutile de vous dire de rester sur vos gardes, messieurs.

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Collier, Piaf et Journal


- Vous avez menti au moine Hariel en disant qu'il n'y avait pas un autre scenario, dit d'emblée Loth quand ils furent seuls à patrouiller côté Est de l'île.

- Vous êtes direct vous et j'aime ça, répondit-elle avec un sourire. Et non, je n'ai pas menti, je n'ai juste pas révélé le fond de ma pensée.

- Qui est ?

- La vôtre d'abord, j'ai bien vu que vous aviez un regard perplexe. J'ai demandé à faire équipe avec vous pour pouvoir vous parler seule à seul. Voyons si nous sommes arrivés aux mêmes conclusions.

- Et bien, quelque chose me dérange dans le meurtre de Löthar sans que je ne sache ce que c'est exactement. On pourrait certes penser qu'il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, qu'il a été la victime de la folie d'un homme, mais je ne peux m'empêcher de penser que le fait qu'il l'ait attaqué dans une chambre insonorisée soit un hasard.

- Continuez.

- Ensuite, j'en viens à la signature qu'a laissée Dog Wildson. Il vient de s'échapper de prison et sa dernière victime avant ce pauvre Löthar date de quoi, quinze ans ? J'ai encore plus de mal à croire que le collier retrouvé au cou de Löthar appartint à sa dernière victime et qu'il ait réussi à le garder sur lui pendant ses années en prison. Et de par son apparence et les métaux précieux dont il est fait, il doit coûter très cher. Ce collier est un message à part, j'en suis convaincu. Il veut nous dire quelque chose et j'espère le comprendre assez tôt. Qui plus est j'ai la vague impression d'avoir déjà vu ces lèvres pulpeuses quelque part.

- Des lèvres pulpeuses, ce n'est pas ce qu'il y a de plus rares au monde, dit-elle pleine de sous-entendus.

- Ce n'est pas ce vous pensez. Bref, pour finir, la dernière remarque, étrange celle-là aussi ; il n'a pas touché à la bouffe. Quand Löthar est monté dans sa chambre hier, il avait emporté une corbeille contenant 5 pommes, une grappe de raisin, une poire et quatre goyaves. Si ce type sort vraiment de prison, et s'est accroché sur une planche en bois depuis le Nid, il doit avoir la dalle et manger devrait être sa priorité. Bref, pour finir, la dernière remarque, étrange celle-là aussi ; Il a très bien pu se faire un repas avant de laisser libre cours à ses pulsions.

- Pas mal du tout, vous feriez un bon enquêteur, Loth Reich. Vous êtes un fin observateur, dit-elle en hochant du chef. Je suis aussi arrivée à une conclusion semblable, du moins en ce qui concerne la première partie de votre raisonnement. Le collier au médaillon de lèvre n'appartient effectivement pas à sa dernière victime avant Löthar. C'était un sportif connu dans la région. Pour avoir étudié de fond en comble, les rapports de cette enquête durant ma formation, je sais qu'il lui avait dérobé une coupe en argent. Donc je me demande aussi ce qu'il veut bien nous dire à travers ce collier, dit-elle en sortant le dit collier de la poche de son manteau. Je n'ai pas le souvenir que cette parure fut mentionnée dans un quelconque rapport ayant trait à cette affaire.

- Ça appartient peut-être à une de ses victimes encore non identifiée ?

- Impossible. Croyez-moi quand je vous dis qu'il y a quinze ans, quand Dog Wildson tuait, on le savait. Toutes ses victimes ont été retrouvées parce qu'il s'arrangeait pour qu'elles le soient. C'est un égocentrique narcissique qui a un besoin maladif de reconnaissance. Il considère chacun de ses meurtres comme une sorte d'accomplissement ou d'œuvre d'art. Il a très bien pu se faire un repas avant de laisser libre cours à ses pulsions.
Basons-nous sur des faits. Le Nid est à trente-cinq kilomètres au sud-ouest de l'île de Craie. C'est pourquoi je me suis demandé si le meurtre de Löthar n'était pas une vendetta personnelle et si ce collier n'est pas une piste pour en comprendre davantage. soit ici sur l'île de Craie, ou soit sur l'île de Maches un peu plus au sud.


- Il avait la possibilité d'accoster sur une autre île avant celle-ci ? Je ne savais pas. Ça change tout dans ce cas.

- Si j'ai pu découvrir ça en étudiant les cartes de South Blue, il est certain que Dog Wildson soit également au courant. Après tout, il a écumé cette mer pendant deux décennies. Donc en nous basant sur l'hypothèse qu'il soit venu ici exprès, qu'est-ce que ce monastère sur cette île à la terre blanche dénudée de végétation naturelle ou presque pourrait avoir de si attrayant pour un prisonnier en cavale ?

- J'avoue. Rien sauf si un sentiment plus fort que le désir de liberté le motivait. Ce n'est pas bien rare les prisonniers qui s'échappent juste pour se venger d'anciens comparses.

- Comparses, c'est possible, mais dans son dossier, il est bien spécifié que c'est un solitaire. Il s'est déchainé sur Löthar, j'ai compté soixante coups de couteau et surement que l'éventration a été faite post mortem. Dog Wildson est certes connu pour ses meurtres ignobles mais il  les commettait à la hache. Il y en avait une dans la chambre, mais il n'en a pas usé. Il a préféré un couteau ou une arme du genre.

- Votre piste est la bonne. Tout tend à prouver que c'était personnel. Il y a de la haine dans ce meurtre. Faut vraiment en vouloir pour poignarder quelqu'un soixante fois.

- Depuis quand Löthar a-t-il été recueilli ici ?

- Depuis un peu plus d'un an environ. Et je ne sais rien de son passé. Seul le Maître Michael et ses amis devraient le savoir.

- Je vois. D'ailleurs, vous avez remarqué comment tremblait Genaro en montrant le collier ? Je suis sûre qu'il sait d'où elle provient.

- Hmm, sa tremblote peut aussi s'expliquer par le choc d'avoir perdu son ami.

- C'est défendable. Ah mais nous sommes arrêtés là comme deux statuts depuis vingt minutes, nous sommes censés faire une ronde, là !

Ils se remirent en marche. Il ne pleuvait plus, mais le vent était de la partie. Il soufflait aussi fort que la veille et il fallait tout autant s'accrocher pour ne pas valser. La mer était déchainée et des vagues d'une hauteur que Loth n'avait jamais vue depuis trois ans s'écrasaient sur la côte. Avec cette mer en furie, aucun bateau ne viendra sous peu, se dit-il.
Ainsi donc, Dog Wildson se serait rendu sur l'île de Craie pour assouvir une vieille vengeance ? Cela restait une hypothèse très plausible, l'île à la terre de calcaire n'avait rien de paradisiaque. Sa surface désolée n'accueillait que quelques rares plants capables d'enterrer leurs racines profondément dans la croûte pour extraire les minces filins d'eau qui veinaient le calcaire. Pour cultiver, les moines avaient dû recouvrir une partie de l'île de sable agricole importé depuis d'autres îles. Si la côte Est de l'île était longée par les Three Brothers et que sur la côte Nord avait été édifié le monastère, la côte ouest était, quant à elle, jalonnée d'étranges formations géologiques comparables à des stalagmites de roches d'une hauteur souvent égale à celle d'un homme. Cette partie de l'île nommée "Les Pykes" était inhospitalière et éternellement battue pas les vents. A part se dissimuler derrière un pic, il n'y avait nulle cachette possible.
La côte sud où patrouillaient Lady et Loth ne proposait rien de similaire aux Three Brothers mais elle pouvait tout de même offrir un certain camouflage. Sur plus de cinq kilomètres de côte à cette période de l'année nidifiaient des centaines de milliers de Fous de Bassan, de Cigognes noires et d'autres oiseaux migrateurs venus des mers du nord. Autant dire que les deux traqueurs avaient les pieds dans le plat, ou du moins dans la fiente. Les volatiles s'époumonaient et s'envolaient à leur passage, inconscients et se fichant qu'un tueur rodait dans le coin.

- S'il se fait un camouflage à base de plume, jamais nous le trouverons ici, dit Loth en balayant du regard l'étendue colonisée par les oiseaux.

- Mouais. Ce qui est certain, c'est qu'il nous faut de l'aide.

- Nous sommes piégés cinq jours sur l'île, vous l'avez dit vous-même.

- Je vais juste passer un coup de fil à mon supérieur. Il pourra peut-être me renseigner à propos de ce collier, ce sera déjà ça de fait.

Il acquiesça du chef et s'éloigna un peu de Lady. Il n'était pas spécialement soucieux mais il avait hâte de mettre la main sur ce tueur en série. Pour le défi, pas pour la vengeance. Durant son enfance dans le Cimetière d'épave, le défi de trouver des trésors était ce qui le motivait le plus. Accomplir quelque chose que les autres n'avaient pas fait avait toujours été le meilleur moteur pour le booster. Il n'avait pas soif de reconnaissance et de médiatisation, non, il pensait d'ailleurs que pour vivre mieux, il fallait vivre caché. Ce dont il avait soif, c'était de l'adrénaline, ce soupçon de danger mortel qui planait dans l'air, mais qui ne vous empêchait pas de braver les éléments. Tout cela lui manquait sur l'île de Craie, c'est pourquoi il songeait à partir après trois années passées à se reconstruire. Le monde s'étendait devant lui, vaste, infini, gorgé de trésors et de défis. Le temps du départ s'approchait à grand pas, mais avant il fallait arrêter ce meurtrier.

Perdu dans ses pensées, il s'aventura plus profondément dans la colonie d'oiseaux migrateurs sans égard pour l'odeur de fiente qui saturait l'atmosphère ou les plumes volantes charriées par le vent. Il se souvint du bienfait que lui avait procuré cette partie de l'île durant ses premiers jours ici. Dessiner et répertorier les différentes espèces d'oiseaux nichant sur l'île ; trouver un couple-type de chaque espèce ; le nommer et le suivre grâce à des cristaux scintillants attachés aux pattes de chaque couple lui avait permis de s'évader et d'oublier les horreurs de son jeune passé. Autant dire qu'en tant qu'ornithologue amateur, il connaissait toutes les espèces d'oiseaux de l'île.

- Allez, donne-moi ça ! Murmura-t-il aux prises avec un oiseau.

- Euh, vous jouez à quoi ? Demanda Lady Ombeline incrédule en voyant Loth essayer d'arracher une liasse de feuilles à un oiseau.
L'emplumé ne l'entendait pas de cette oreille et gardait les feuilles solidement pincées dans son bec.

- C'est une Sarcelle d'été, répondit Loth qui parvint enfin à retirer le papier du bec de l'oiseau au plumage verdâtre. Elles font leur nid avec à peu près n'importe quoi, d'habitude des copeaux de bois. Le truc, c'est que ce... -Tiens c'est un journal-, risque de lui obstruer le gosier si elle entreprend de le déchiqueter pour faire un nid douillet. J'en ai vu plusieurs mourir ainsi.

- Sans déconner ? Je vous recommanderai pour le prix du sauveur de canard de l'année, dit-elle, sarcastique. Vous serez intéressé d'apprendre que mon supérieur n'a aucune info sur le collier, de mémoire du moins. Je me suis servie de l'escamera (escargophone video) pour lui transmettre une image du collier, il fera de plus amples recherches.
Vous me suivez ?


- Oui, oui, répondit-il distraitement.

Ses yeux étaient rivés sur le journal confisqué à la Sarcelle. C'était un numéro de l'Agence Requiem Presse datant de huit mois. En première page s'étalait la photo des moines Michael, Azraël, et Samaël. Il y était question d'une attaque des Kariirebito Pirates sur l'île de Craie qui avait été repoussée par ces trois moines uniquement.

Loth s'en souvenait encore comme si cela s'était déroulé hier. C'était par un jour givré de novembre que ces pirates et leur capitaine, Hiruko Nakimura aux cheveux sanglants, un type à soixante millions de berry, avaient débarqué sur l'île espérant y trouver des reliques consacrées en or. Il se souvint de quelle manière Samaël, son maître, avait surclassé, sans égratignure, ce célèbre pirate. Le moine Azraël avant quant à lui combattu et battu, le second de l'équipage, Kiraku Toshima dit "Le Zen", primé à trente millions de Berry. Heureusement pour les deux moines, le vieux Michael était arrivé bien après la bataille sinon il aurait insisté pour qu'ils négocient avec les pirates. Le vieux ne supportait pas l'utilisation de la force.
Les pirates s'étaient repliés à la suite de cette humiliante déconvenue et l'ARP avait dépêché un reporter pour faire étalage de cette histoire. Une publicité dont se seraient bien passés les moines Servites.

- C'est qui ce Samaël, je ne l'ai pas dans le cortège de départs ? Demanda Lady en lisant par-dessus l'épaule de Loth.

- C'est mon maître. Il a quitté l'île depuis des années déjà. C'est une sorte d'ermite qui se laisse dériver sur les océans... Enfin, sauf s'il est mort noyé depuis longtemps, ajouta-t-il sur une note d'humour.
Comment pensez-vous que ce journal est arrivé jusqu'ici en si bon état ? La marée ? Ou c'est tombé d'une mouette livreuse ? Nous ne sommes pas abonnés à l'ARP.

- On se fiche d'où ça vient, cette côte est pleine de détritus, vous vous égarez là ! Continuons notre ronde... Oh nooon, il a encore frappé ?

L'interrogation de Lady Ombeline faisait écho à un bruit de détonation et à une fusée écarlate qui avait explosé dans le ciel de l'Est de l'île. Que signifiait cette fusée de détresse ? Une nouvelle victime ou enfin la capture de l'insaisissable boucher des Highlands ?




Dernière édition par Loth Reich le Sam 10 Jan 2015 - 16:57, édité 1 fois
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Le vampire de Pampre

 
Loth et Lady furent les premiers à atteindre le lieu d'où avait été tirée la fusée. La vision n'était peut-être pas aussi cauchemardesque que celle qu'offrait le meurtre de Löthar mais elle était toute aussi singulière.

- Mais qu'est-ce que tu fous ? Beugla Loth à Rashek.
Mu par une soudaine colère, il bondit, saisit le Fol au cuir chevelu et le plaqua contre le sol calcareux.

- Loth ? Que se passe-t-il ? S'écria le Frère Azraël qui arrivait au pas de charge suivi de Castiel.

- Par tous les saints ! Pollux !

- C'est trop tard, il est mort, constata Lady Ombeline en prenant son pouls.

La mine figée d'horreur des moines retranscrivait bien l'épouvante de la situation. Gisant face contre terre, les yeux vides et grandement ouverts, Pollux se vidait de son sang par la blessure qu'il avait reçue au cou. Il saignait aussi par les yeux, le nez et les oreilles.
Il avait toujours eu carrure semblable à celle de Löthar. Tas de muscles, chauve, les oreilles trouées par des piercings et balafré sur la joue gauche.
Hariel et Genaro arrivèrent ensuite et une nouvelle fois, Genaro s'éloigna pour vomir tandis qu'Hariel le boiteux dû se cramponner à sa canne pour ne pas faillir. Tous étaient frappés d'effroi mais le pire, si c'était possible, restait à venir.

- Pas encore Dog Wildson, c'est impossible ! Ragea Azraël toujours épouvanté. Loth, tu m'expliques ? Qu'est-ce qui se passe avec... Rashek ?

La répulsion s'était substituée à l’interrogation. Rashek le Fol se débattait comme un beau diable sous l'emprise de Loth et vociférait des absurdités comme à son habitude. Ce qui tranchait nettement de l'usuel c'était sa bouche maculée et dégoulinant de sang.

- Nous l'avons trouvé accroupi sur Pollux. Il semblait boire son sang à même la plaie que la victime a reçu au cou, expliqua Loth.

- Pas moi, laissez-moi ! Le destin avance à grand pas ! La lumière viendra de Pampre !

- Rashek-ça ne sait pas ce qu'il dit voyons ! Intervint Hariel qui prenait sa défense. Il-ça n'a pas pu commettre un tel acte !

- Vous mettez le doigt dessus, Frère Hariel. Il ne sait pas ce qu'il dit, ni ce qu'il fait ! J'ai toujours été contre son intégration dans notre communauté ! Il a peut-être voulu reproduire ce qu'il a vu ce matin avec au manoir ? Qui peut dire ce qui se passe dans la tête d'un fou ? S'emporta Azraël. Quel gâchis ! Ajouta en prenant sa tête dans ses mains.

- Azrael-ça, demandez-vous pourquoi il aurait tiré une fusée pour nous alerter s'il l'avait agressé.

- Ah bah vous n'en savez rien mon frère. C'est surement ce pauvre Pollux qui a fait feu avant de s'écrouler !

- Je suis de l'avis du Frère Hariel, dit Castiel qui avait l'air pale et malade. Ce sont des conclusions actives que vous tirez là. Il y a un fou sur l'île.

- Permettez-moi de vous corriger, Frère. Il n'y a pas UN fou, il y en a deux ! Mais regardez par vous-même ! Est-ce que ça ressemble à ce que pourrait faire ce Dog Wildson ? Ce n'est pas pour rien qu'il a été surnommé le "boucher", nous en avons eu la preuve. Ce tragique fait n'est pas l’œuvre ce tueur en série mais d'un déséquilibré. N'est-ce pas évident ? Deux témoins l'ont vu en train de s'abreuver du sang de son ami !

Loth observa avec intérêt l'échange entre les moines. Jamais il n'avait vu le ton s'élever entre eux de cette manière. D'habitude, ils discutaient par des proverbes et des citations ou employaient un ton très formel voire même protocolaire. Ce genre de tragédie pouvait ainsi mettre à rude épreuve les nerfs de gens si entrainés à la maîtrise de soi ?
Azraël avait toujours eu un franc-parler que n'avaient pas les autres moines et Loth l'aimait bien pour ça. Il n'en était pas encore à tenir tête au vénéré Michael à l'image du légendaire moine Samael mais il n'hésitait jamais à dire ce qu'il pense. Il avait effectivement été contre l'intégration de Rashek, jugeant que le monastère n'était pas un asile et la plupart des autres moines étaient de son avis mais ne le manifestèrent guère. Le Maître Michael avait quant à lui jugé que son état pourrait s'améliorer en le gardant à proximité de ses amis ce dont avait fortement douté Loth. Les moines Castiel et Samael avaient été les seuls à soutenir ouvertement le vieux maître; Castiel recommanda même une thérapie par ses soins pour aider Rashek à aller mieux.
L'ordre des moines Servites n'étant pas une démocratie, la décision finale revint à celui qui officiait en tant que juge, témoin, avocat, scripte et bourreau. Maître Michael décida de garder Le Fol au monastère.

Même si Loth n'avait pas vu d'amélioration significative dans l'état de Rashek, l'homme demeurant désespérément lunatique et déséquilibré, force était de reconnaître qu'il n'avait jamais fait preuve d'une quelconque violence. Que ce soit à l'égard d'humains, d'animaux ou de plantes. Il était trop occupé à écouter les potins de la haute société de "Pampre". Loth avait un jour osé lui demander ce qu'était ce "Pampre" dont il parlait tout le temps et le Fol lui avait répondu que c'était une planète forestière dans une galaxie toute proche. Depuis ce jour, il ne lui posa plus aucune question, si tant est qu'il voulût une réponse sensée.
Alors, il ne savait pas trop quoi penser de cette situation. S'il n'avait pas vu de ses yeux Rashek s'abreuver du sang de son ami, il ne l'aurait jamais cru.
Était-ce tomber dans un piège que de réfléchir à une autre explication ? Ou le piège s'activait-il dès qu'on embrassait l'évidence ? Et Dog Wildson dans toute cette histoire ? Était-il là quelque part, tapi dans une grotte en les observant ? S'esbaudissait-il d'avoir semé la discorde dans cette communauté ?

- Méfions-nous évidences.
Pour ma part, je vois les choses d'un autre œil
, déclara Lady Ombeline qui semblait deviner la lutte acharnée entre thèse et antithèse qui faisait rage dans le cerveau de Loth. Vous l'accusez vite, avec pour alliée l'évidence je vous l'accorde, mais vous l'accusez vite, Frère Azraël. Moi, je me demande bien pourquoi vous avez réparti les binômes d'une manière si bancale ?

- Que voulez-vous dire ? Demanda-t-il décontenancé.

- Hier, j'ai remarqué que les équipes avaient été composées de manière assez équilibrée. Loth et Löthar, Rashek et vous, Castiel et Pollux, Genaro et moi. Vous connaissez leur force, vous avez allié des gens complémentaires sans causer de déséquilibre. Vous avez même gardé Rashek avec vous, histoire qu'il ne soit pas un boulet à un partenaire qui n'était pas de votre force.
J'ai peut-être causé un déséquilibre en choisissant Loth, mais y avait à faire avec ce qui restait. Mettre en binôme Rashek et Pollux équivalait à mettre Pollux tout seul. Castiel et vous dans le même binôme, avouez que c'est cheaté.  


- Ne tournez pas autour du pot, sergent, de quoi m'accusez-vous exactement ?!

- Sincèrement, je ne sais pas ! De négligence peut-être ? Et certains pourrait même dire que votre choix d'équipe s'apparentait à offrir Pollux en pâture à un meurtrier. Si ?

Spoiler:

-Héhéhé, c'est mieux ainsi ! Rigola Lady qui avait été projetée en arrière sur plus de vingt mètres.

Tout s'était passé très vite. Juste après l'accusation de Lady, le moine Azraël avait disparu en un clin d’œil puis Lady s'était retrouvée à déraper sur le sol. Son immense Katana toujours enroulé dans un papier était en position défensive et une fumée de friction se dégageait de l'endroit qui avait servi à parer le coup porté par Azraël. Ces deux-là étaient d'un autre niveau songea Loth qui n'avait rien vu de l'échange.
Hariel s'interposa entre les deux adversaires avant que ça ne puisse dégénérer de nouveau.

- Nous-ça nous éloignons du sujet ! Azraël-ça n'est pas exemplaire d'avoir laissé gagner la colère !

- Je vous demande à tous pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris, s'excusa-t-il.
Si le ton transpirait l’excuse, ses yeux continuaient à jeter des éclairs à Lady.

- Ne vous excusez pas pour un acte qui vient du cœur, Azraël. Je vous respecte d'autant plus ! Dit Lady sourire aux lèvres.
On aurait dit qu'elle n'attendait que ça, se battre.

- Ça suffit maintenant sergent-ça. Vous-ça ne devez pas envenimer la situation.

- Si vous le dites, répondit-elle blasée avec le ton d'un enfant privé de noël. Bien, bien, il est temps de prendre des mesures. En tant que seule représentante de l'autorité du Gouvernement Mondial sur cette île, je vous ordonne d'enfermer Rashek dans une chambre jusqu'à ce que la lumière soit faite sur son implication dans ce meurtre. Comme vous aimez les compromis, moine Hariel, je vous confie la garde de sa chambre. Relâchez-le Loth.

- Très bien.

- Je vous suggère aussi de tous regagner le manoir et d'y rester. Loth va m'assister pour faire la lumière sur cette affaire. Ah oui, Genaro, vous serez avisé de rester auprès du moine Hariel et si possible, enfermé dans la même cellule que Rashek.

- Quoi ? Dit-il après une demie heure de silence.
Il avait été étrangement silencieux et tout pâle durant les échanges, se contentant de fixer le corps de Pollux en écarquillant grand les yeux.

- Pour votre sécurité. Si votre ami Rashek est innocent, alors il est évident que Dog en a après votre groupe mais ça vous le savez déjà. N'est-ce pas l'ami ?

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parrlez, madame ! Tonna-t-il avant de s'éloigner telle une furie vers le monastère.

- Le contraire m'eut étonné, pensa Loth.
Même un aveugle se serait rendu compte qu'il cachait quelque chose.

- Je peux procéder à une autopsie du corps de Pollux si vous voulez bien. Pour déterminer la cause de sa mort.

- C'est assez évident, Frère Castiel. Un truc pointu, disons de vingt centimètres de circonférence au vu de la plaie lui a percé l'artère carotide.

- Où est l'arme du crime dans ce cas ? Et pardonnez-moi mais je croyais que vous aviez dit de nous méfier des apparences ? Et moi, de ce que je constate là, la carotide n'a pas été sectionnée. Je peux l'ouvrir ici et vous en faire la démonstration ?

- Très peu pour moi. Vous pouvez l'emmener. Tenez-nous au courant par den den mushi .
On peut dire que ça lui tient à cœur de disculper Rashek, celui-là
, fit-elle remarquer après le départ des moines.

- C'est normal. Il a passé plus d'une année à essayer de le soigner. Sinon, vous pensiez vraiment ce que vous avez dit au moine Azraël ? Qu'il aurait formé les binômes exprès pour les rendre vulnérables ?

- Non, non, reconnu-t-elle. C'était sans doute de la surenchère, néanmoins quelque chose cloche dans la formation des équipes et la manière dont il a réagit me pousse à croire qu'il y a une raison sous-jacente que je n'arrive pas à saisir. Pour l'instant.

- Elle est normale sa réaction, vous l'avez accusé de collusion avec un tueur en série !

- Je sais. Que pensez-vous des nouveaux faits ?

- Pas grand-chose si ce n'est qu'on se retrouve avec encore plus de questions. Un point été éclairci, cependant. Vous aviez raison, Dog Wildson est dans une optique de vendetta personnelle. Pour quelle raison, Genaro le sait surement. Aviez-vous raison de le laisser tranquille ? Un interrogatoire un peu musclé ne suffirait-il à lui faire cracher le morceau ?

- Nope, je ne crois pas à moins de le torturer. Il n'est pas né de la dernière pluie, il a surement toute sa vie eu affaire aux forces de l'ordre. Je crains que ce linge sale pour lequel ils se font descendre, on doive le trouver tous seuls.  

- Commençons alors par l'arme du crime que vous avez subtilisée avant l'arrivée des autres.

- Ah vous m'avez vu ? Rigola-t-elle. Je voulais voir leur réaction s'il prenait Rashek pour coupable et je n'ai pas été déçue. Voici la coupable et elle est assez unique, dit-elle en sortant l'arme auparavant camouflée dans le paquetage de son katana.

Cela ressemblait à un pic à glace d'une vingtaine de centimètres de circonférence sur une quarantaine de long. Elle était faite d'un matériau noir extrêmement luisant qui réfléchissait d'une façon presque magique la faible lumière qui transperçait les cumulonimbus. Elle se trouvait par terre à leur arrivée. Surement Rashek l'avait-il enlevée avant de s'adonner à son sinistre besogne.

- C'est de l’obsidienne, dit Loth en reconnaissant le matériau. Si Rashek ne s'en est pas servi pour poignarder Pollux, c'est qu'elle venait d'ailleurs. Surement en mode projectile.

- Mes pensées précisément. Il suffit de vérifier. Si on se fie à la position du corps, il était ici quand il s'est écroulé, dit-elle en jouant les mannequins. L'arme est rentrée par un angle descendant de trente-cinq degrés, comme ça.

- Elle aurait été tirée de cette caverne là-bas alors, conclut Loth qui suivait la reconstitution de Lady.
Une caverne sombre se situait à une trentaine de mètres au-dessus du niveau de la mer et à moins de deux cents mètres des lieux du crime.

Ils s'y précipitèrent et y trouvèrent de quoi disculper Rashek le Fol. La chose ressemblait à une baliste romaine équipée de flèches d’obsidiennes. Après inspection, elle semblait aussi intégralement automatisée et aussi électronique à bien des endroits. Il y avait une jauge ressemblant à un baromètre et des pompes hydrauliques pour fournir la détente et la poussée. Un examen plus minutieux leur permit de conclure que cet assemblage avait surement été fait à partir de matériaux de récupération sur la plage sud.

- Encore plus de questions, se blasa Lady. Comment diable ce truc a-t-il pu atteindre Pollux si elle est automatique ? Pollux a dû déclencher le mécanisme d'une manière ou d'une autre.

- Elle devient compliquée cette histoire, reconnu Loth. Et pourquoi Dog Wilson s'évertuerait-il à fabriquer quelque chose comme ça alors qu'il ne s'est pas gêné pour mettre en pièce sa précédente victime ?

- Avec nous tous à sa recherche, il aurait pu penser ne plus avoir trop de marge.

- Mais il n'avait aucun moyen de savoir que Pollux serait affecté à ce secteur précisément, même s'il l'a été hier...

- S'il en a après leur groupe entier, peut lui importe surement dans quel ordre il les tue. Le plus important serait que ce soit eux qui déclenchent le piège.

- À sa place j'aurais fait de telle sorte que le déclencheur soit un objet unique qu'eux seuls pourraient reconnaître et qui semblerait totalement insignifiant pour les autres. Ainsi, aucun risque d'avoir des victimes collatérales ou indésirées. Enfin, si ce genre de détail importe à Dog.

- Si vous avez raison, alors le déclencheur doit être à l'endroit où le corps est tombé. Ces flèches ne sont quand même pas à tête chercheuse.

Ils retournèrent sur les lieux et y fouinèrent. Ils finirent par trouver sur le sol ce qui ressemblait à une pièce de monnaie. Elle était en argent sale et sur le côté pile figurait l'écusson d'une main. Le côté face arborait la frappe d'un bouquet de fleur.

- Attention !

L'alerte était inutile. Il y avait encore une flèche d'obsidienne chargée sur la baliste alors il s'était attendu à la voir propulsée dès qu'il avait repéré et saisi la pièce. Aussi, avait-il concentré toute sa force dans son bras droit. Le sifflement caractéristique du projectile fendant l'air avait trahi son approche. Les muscles concentrés furent détendus ce qui propulsa le long-bras de Loth à une vitesse supérieure à celle de la flèche. Il savait d'où elle viendrait, la saisir au vol fut alors un jeu d'enfant.

- Pas mal ce réflexe !

- C'est une technique appelée Mantis Fist. Un coup théoriquement aussi rapide qu'une balle. Je crois que la jauge sur le mécanisme est une sorte de baromètre à longue distance. Et je crois qu'elle mesure un certain niveau de radiation à moins que ce ne soit la charge électrique de la pièce qui déclenche le truc.

- Peu importe. On sait maintenant que c'est en reconnaissant et en ramassant cette pièce sur le sol que Pollux a trouvé la mort. Donc pourquoi Rashek s'est-il alors mis à boire son sang ?

- Surement parce que se comporter en vampire est à la mode à Pampre ? répondit Loth en plaisantant.

- C'est ça, passons. Qu'est-ce qu'elle a de spécial, cette pièce ?

Loth repassa la pièce entre ses mains, plusieurs fois il la retourna sous toutes les coutures. Elle lui renvoyait la même impression que le collier. Cette impression de déjà-vu. Mais quoi donc, il n'arrivait pas à mettre la main dessus.
Il fixa avec insistance la main gravée sur le côte pile et fit de même avec le bouquet de fleur côté face.
Un bouquet de fleur... Une main... Le collier aux lèvres... Ces lèvres rouges...
Il se répéta inlassablement ce refrain sous le regard curieux de Lady jusqu'à ce que son esprit fasse le point et le lien comme lui seul savait le faire. Son cœur fit un bond et Loth se gratifia d'une bonne gifle.

- J'aurai dû y penser plus tôt, je m'en étais tellement moqué la première fois ! s'écria-t-il en ignorant la douleur de sa joue endolorie.  

- Vous me mettez au parfum ?

- C'est drôle que vous parlez de parfum, répondit Loth qui rigolait. Vous comprendrez quand je vous expliquerais, mais ce sera pas tout de suite, ajouta-t-il avec une pointe de malice.

- Pourquoi pas ?

- Parce que j'ai compris quelque chose que je dois vérifier avant d'émettre des hypothèses. Si vous êtes pressée de savoir, vous n'avez qu'à essayer de résoudre l'affaire toute seule.

- Est-ce un défi ?

- Oui. Le premier qui résoudra l'affaire et qui capturera ou devinera la cachette de Dog gagnera. Et tous les moyens sont bons pour y arriver.

- Quels genre de moyens par exemple ?

- Je veux parler de l'aide extérieur, dit-il en sortant un des escargophone Sevites de sa poche. Moi je vais appeler le moine les plus cool de l'histoire, mon maître Samaël. Il peut me dénicher quelques infos et confirmer mes soupçons.

- Je peux disposer de toute la base de donnée de la marine d'élite, à ce jeu, vous allez perdre Loth.

- Sans maîtrise, la puissance est vaine, répondit-il en s'éloignant. Bonne chance pour trifouiller dans cette meule de foin. Je serai sur la terrasse du cinquième si besoin est.

- Tsss, je sais déjà par quoi commencer. Enfin, je veux dire, par qui, susurra-t-elle avec un sourire en coin.


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Toi, l'obsidienne


« J'aime ton éclat vitreux
Hyalin, la noire, la siliceuse
Issue d'une lave acide, la rhyolite
Ô toi, sœur de la basaltique !
Merci à toi aussi, Obsius, de l'avoir trouvée !
Grâce à tes éclats, à ta cassure conchoïdale
À ta dureté tranchante, tu es devenue une arme
La flèche de l'homme préhistorique, avec ses racloirs
Et couteaux effilés, ses fers de lance.
Toi, pierre de feu ! »


Midi approchait. Le vent soufflait toujours aussi fort. Les nuages d'orages étaient de retour dans le ciel et obstruaient maintenant les minces rais de lumières qui parvenaient jusqu'au sol. De temps à autre, un tonnerre lointain grondait. Une autre tempête se préparait.
De retour au monastère, Lady avait montré la baliste aux autres. Loth et elle leur avaient soumis leur déduction quant aux conditions de la mort de Pollux. Rashek et Genaro demeuraient tout de même reclus dans une chambre.

Assise dans un transat devant la lourde porte du manoir, le sergent d'élite Lady Ombeline réfléchissait aux derniers événements de l'île de craie. Pour ne point se mentir, elle était à mille lieues d'imaginer qu'en se lançant aux trousses du Boucher des Highlands, elle se retrouverait confrontée à une si inhabituelle situation.
Selon tout ce qu'elle avait lu de lui, Dog Wildson avait toujours tué par instinct. Elle n'avait jamais imaginé que son accostage sur cette île de Craie ait pu être motivé par des raisons personnelles, des raisons de vengeance qui plus est.
Quel tort Löthar et ses amis avaient-ils pu bien lui causer ?
Le panel de réponse pouvait être très large. Après tout, Dog Wildson du haut de ses cinquante ans n'a fait la une pour la première fois qu'à trente ans. Nul ne sait rien de qui il était avant cet âge-là, aucune information sur son passé n'a jamais été retrouvée, à croire que l'homme avait commencé à exister à trente piges.
Mais non, se dit Lady Ombeline, la raison de sa vengeance ne pouvait dater d'aussi loin. Löthar était le plus vieux de son groupe et selon ses dossiers au monastère, il avait trente-deux ans. Ce qui veut dire que si on soustrayait les quinze années qu'avait passées Dog en prison, ils se seraient connu quand Löthar avoisinait les dix-sept ans, ou moins.

Lady passa machinalement la main dans ses cheveux. Plus elle y réfléchissait, et plus elle se retrouvait devant un mur. La chasse à l'homme était la seule raison à son choix d'intégrer la marine d'élite. Son truc, c'était les courses-poursuites, les combats ; certes, la résolution d'énigme faisait aussi partie du boulot, mais pas à un tel degré. Se triturer les méninges à en vouloir s'arracher les mèches était nouveau pour elle. C'était une nouvelle expérience, un nouveau défi et pour l'instant, elle ne pourrait dire si elle aimait ça ou non. Et d'ailleurs, en parlant de défi, Loth lui en avait un et elle comptait bien le relever.  
Elle se leva de son siège et se mit à faire les cent pas devant le manoir.

- Dix-sept ans, Löthar a dû le rencontrer à cet âge voir probablement moins , se dit-elle en parlant à voix basse.

S'il lui avait fait du tort alors Dog a ruminé sa vengeance pendant ses quinze ans en prison. Mais comment diable pouvait-il savoir qu'ils étaient ici ? Des connaissances communes ? Ouais supposons.
Alors pourquoi a-t-il massacré le premier en lui laissant un collier valant surement des millions puis a tué un autre avec un piège ?

- Les armes utilisées sont aussi importantes que ce qu'il a laissé derrière lui, dit-elle en continuant son monologue.

Au premier meurtre, il a préféré le couteau à sa hache habituelle. Il voulait faire mal, il avait une haine et une rage viscérale contre Löthar, c'était évident. Après son meurtre, sa colère a baissé d'un cran et il a opté pour un autre style, ce qu'il n'avait jamais fait durant ses cinq années de massacres en série. Il se fichait de qui allait mourir ensuite dans le groupe, il fallait juste qu'il en tue un de plus. Fort de son intelligence, il a réussi à créer une machine de la mort avec les bric-à-brac récupérés sur la plage. Le mécanisme de sa machine se déclencherait après avoir ramassé une pièce de monnaie. Loth était en train de s'en occuper, elle saura bientôt ce qu'elle avait de particulier pour que Pollux la remarque par terre et la ramasse.

- Si la pièce est l'appât, l'arme du crime est un pseudo flèche en obsidienne. Je doute d'ailleurs que cette roche ait été emmenée ici par le courant. En fait Dog a soigneusement préparé sa vengeance depuis son évasion il y a deux semaines.
Mais pourquoi de l'obsidienne ? Du bois aurait été tellement plus simple !



« Extraordinaire est ta singulière beauté
Quand taillée par les doigts des plus habiles artisans
Tu brilles et rayes jusqu'au verre.
Ta force magique ouvre et ferme les chairs.
Ne chasses-tu pas jusqu'aux mauvais esprits ?
Fille de la Nuit, jaillie du royaume des morts
Tu sembles froide au toucher
Mais rien ne saurait faire oublier ta parenté
Avec le feu. »


- L'obsidienne est une roche volcanique qui de nos jours n'est utilisée que dans la fabrication d'objet de décoration. Mais dans des temps plus reculés, elle symbolisait la force, la guerre même et de facto, la vengeance, dit-elle.
Elle ne se rendait même pas compte qu'elle parlait toute seule.
Si je vois juste alors le message caché dans ses flèches serait d'ordre plus général ? À moins que l'obsidienne n'ait une signification plus particulière ? Plus personnelle ?
Notons et passons, je n'ai pas assez d'éléments pour formuler des hypothèses sur ça.


Que s'était-il passé ensuite ? Ah oui, le sinistre fait du "vampire de Pampre" selon Loth. Maintenant, c'était clair, le Fol n'avait rien à voir dans ce meurtre, mais sa réaction restait encore inexpliquée. Sa seule folie suffirait-elle à expliquer cet acte de pseudo-vampirisme ?
Non, non, Lady était sûre que quelque chose lui échappait, quelque chose qu'elle avait ou avait eu sous les yeux et qui lui permettrait d'éclaircir ça.
Elle donna un bon coup de pied dans un sac à compost par terre pour évacuer sa frustration. Rien n'était plus barbant que ce sentiment d'avoir un éléphant sous les yeux, mais d'être incapable de le voir.

- Aie, fait chier ! Jura-t-elle en boitant jusqu'à son transat.
Le coup de pied était peut-être un peu abusé, maintenant, elle avait mal aux chevilles.
Je vais demander au Frère Hariel de me presser sa canne, tiens , dit-elle sur une note d'humour.
Attends, oh, mais, Hariel !

Le sentiment de frustration d'être au pied du mur alors qu'on était certain de détenir la vérité était de moitié proportionnelle à la sensation de saisir l'évanescent. La terrible vérité percuta Lady à la vitesse d'un bison à la charge.
Elle se remémora les détails de leur arrivée sur les lieux du crime de Pollux. Elle le revoyait en détail, couché sur le sol, baignant dans son propre sang. Le sang était la clé.
Comment était-il étalé ?
Il fuyait de la blessure au cou du malheureux jusqu'à former une petite mare qui imbibait sa tunique. Mais il n'y avait pas que ça. Il saignait aussi des yeux, des oreilles et du nez. Une blessure au cou n'aurait pas dû entraîner ce genre de réaction sauf si la blessure n'était pas seule responsable de la mort. Et cela concordait parfaitement avec le comportement de Rashek.
Il y avait une autre raison de sucer une plaie que d'en aspirer le sang !

Elle se rua dans le monastère sous les yeux ronds du Frère Azraël qui la suivit. Elle longea le grand couloir du rez en se dirigeant vers l'aile réservée à l'infirmerie. Elle débarqua dans la morgue, essoufflée à cause de l'excitation d'avoir enfin élucidé un des nombreux points sombres de cette affaire.
Castiel était présent et en pleine autopsie. Contre un mur, une série d'éprouvettes et d'ustensiles de chimie concoctaient une solution orangée sous un feu doux.

- Que signifie ce boucan, sergent ? Demanda Azraël.

- Vous tombez bien, Lady, j'allais vous faire appel. J'ai la preuve que Rashek est innocent. En fait, il voulait sauver son ami.

- Je sais. Il n'y a qu'une seule raison de sucer une plaie sans intention d'en boire le sang. Du poison ! Rashek voulait aspirer le poison de la plaie.

- C'est ça. Je viens d'en avoir la confirmation. J'ai fait des tests sur le sang, dit-il en désignant ses fioles sur le feu. Il est positif à un dérivé du Curare. C'est un poison végétal issu extrait d'une liane, la Strychnos toxifera. Elle provoque une paralysie des muscles et le saignement par des orifices tels que la bouche, les yeux et oreilles.
Comment avez-vous deviné ?
Demanda-t-il suspicieux.

- En donnant un coup de pied dans un sac de compost. Très tôt ce matin, juste avant la découverte du corps de Löthar, Loth et moi avons vu le moine Hariel descendre avec ce sac et des plants de belladone. Quand j'ai pensé au poison que recelait cette plante, j'ai immédiatement fait le lien.

- Vous ne trouvez pas ça tiré par les cheveux ? Je veux bien que le sang de Pollux contienne des traces de poison. Mais comment Rashek pourrait-il être au courant de ça ? La première réaction quand on voit son ami se faire transpercer d'une flèche au cou devrait être tout sauf penser que la flèche est empoisonnée. Et c'est encore plus suspect pour un... déficient mental, dit Azraël qui se retenait visiblement d'utiliser le terme "fou".

- Au contraire, Frère, c'est même très logique, dirai-je. Vous oubliez que tous les membres de ce groupe savent pourquoi Dog Wildson leur en veut. Et jusqu'à présent, Loth et moi avons pensé que la manière utilisée pour tuer Löthar et Pollux signifiait forcément quelque chose. Sûrement qu'en voyant son pote touché, Rashek a eu un moment de lucidité ?
La flèche était en obsidienne et les hommes préhistoriques l'enduisaient de poison pour chasser.
Si ça se trouve, ils ont accidentellement ou pas tué une personne chère à Dog Wildson durant une partie de chasse ?
Suggéra-t-elle sans trop de conviction.

- Quel que soit leur passif, je crois qu'il est temps de leur poser de sérieuses questions, du moins à Genaro. Ils nous mettent tous en danger ! Le Frère Castiel a été agressé à cause d'eux.

- Ce qui ne l'a pas empêché de prendre la défense de Rashek.

- Pardonnez-moi, mais je n'ai pas la même patience que lui. Dog Wildson est un fou furieux, vengeance ou pas. Vous pensez qu'il s'en ira tranquillement après avoir assouvi ses desseins ? Non, il s'en prendra à nous. L'île est trop grande et trop bien pourvue en cachette pour qu'on le retrouve.

- Que proposez-vous ?

- Si nous connaissons en détail, les liens qui les unissent, nous pouvons surement déduire ses futures actions et lui tendre un piège. Il veut tuer Rashek et Genaro. Au lieu d'attendre qu'il vienne à eux, allons à lui.  

Lady Ombeline décida de suivre la requête d'Azraël. Ensemble, ils se rendirent au troisième étage où étaient détenus les deux hommes. Alerte, Hariel était en faction devant la porte et veillait au grain. Il plissa des yeux à leur approche.

- Nous devons leur parler.

- Plus de questions à eux-ça.

- Pourquoi ?

- Parce que Loth-ça est venu avant vous et a posé des questions. Regardez maintenant !

Il ouvrit la porte et Lady y jeta un œil. Rashek parlait toujours tout seul pour ne rien changer, mais le changement spectaculaire venait de Genaro. À peine, sept heures avaient dû passer depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu et il semblait avoir vieilli de trente ans. Ses cheveux jadis bruns avaient subitement vieilli et son visage s'était ridé.
Genaro était reclus dans un coin de la pièce dans une position fœtale, tremblant de tous ses membres, s'arrachant ce qui lui restait de cheveux.

- Waouh. Que lui a-il fait ?!

- Pas grande chose en fait. Genaro-ça était déjà comme ça quand il est venu. Moi-ça n'ai pas entendu les questions qu'il-ça lui a posé. Moi-ça suis rentré quand Genaro-ça a commencé à pleurer et à s'arracher les cheveux. Moi-ça ait mis Loth dehors. Donc vous aussi, Lady et Frère Azraël. Défense de lui poser des questions, dit-il d'un ton sec.

- Ça ne servirait strictement à rien, il a l'air complètement dépressif.

- Quoi qu'il ait à se reprocher. Ça doit le ronger pour produire un tel effet, commenta Azraël.

- Vous êtes sûr que vous n'avez rien entendu de ce que Loth lui a dit ?

- Ah si, à la fin, en sortant Loth-ça a murmuré : "Aidons la terre à parfumer les hommes" et subitement Rashek-ça est revenu à lui et a répondu ...

- Le lotus aux pétales larmoyants refleurira, répondit machinalement Rashek avant de retourner s'intéresser à son interlocuteur imaginaire.

- Ça veut dire quoi ?

- Qu'il est temps que j'escargophone à mon Lieutenant.


« Le feu, rien que feu, n'est-ce pas ?
Murmures-tu en écho.
De quelles noces as-tu été témoin
Au cœur des entrailles de la Terre ?
Combien de sang as-tu vu couler lors des sacrifices ?
Es-tu réelle ou imaginaire, telle la Tête d'obsidienne ?
Quel homme-volcan aurait eu pareil crâne de verre ?
Ah ! Quel sang boirai-je au verre de ce volcan d'où tu naquis ?
À quel vin les dieux se sont-ils abreuvés jusqu'au point d'en perdre la tête ?
Ont-ils étanché leur soif jusqu'à ne laisser que cette énigmatique écume de volcan.
L'ongle satanique ! »

Serge Venturini

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Le Boucher des Highlands


Un œil collé contre son télescope de fortune, Loth observait le cuirassé de la marine au loin dans les eaux de South Blue. La mer était toujours déchainée. Il se rappela que c'était par un temps semblable que Dog Wildson avait, la veille, débarqué sur son île. Mais il était très près de la solution à l'énigme du tueur et de ses motivations. Elles permettront surement de deviner ses futures actions. Pour le moment, il n'y avait rien à craindre, les menacés de mort étaient dans une chambre sans fenêtre sous garde constante du moine Hariel qui serait bientôt relevé par Azraël puis par Lady.

Il s'empara de son escargophone et tenta une nouvelle fois de joindre son maître.
DRRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNG !

- Je t'ai dit de ne pas m'appeler, Loth ! beugla la voix à l'escargophone.

- Moi aussi, je suis content d'entendre votre voix, Maître. Dites vous êtes dans quel coin en ce moment ? demanda-t-il, désinvolte.

- T'as fait une bêtise ?

- Quoi !? Mais non, et quelle bêtise ai-je jamais fait ?

- Aucune, t'es trop parfait, répondit-il en plaisantant. Qu'est-ce que tu veux ? T'as dérangé ma sieste.
Aaaaaaaaaarrghhhhh !


- Maître ? Maître Samaël ?!

L'escargophone émettait des bruits d'éclaboussures, comme s'il se trouvait à proximité de violentes vagues. Puis un rugissement infâme raisonna si fort que Loth lâcha l'appareil et recula précipitamment. Le monstrueux hurlement était sporadiquement entrecoupé des cris de Samaël et des bruits de l'eau en furie.
Le calme revint après cinq minutes.

- Désolé petit. Un satané monstre marin a voulu faire de moi son dîner, mais c'est lui qui va faire le mien.

- Vous êtes végétarien, Maître...

- Ah bon ? Merci de me le rappeler

- Et vous êtes aussi mortellement allergique aux fruits de mer, quels qu'ils soient... Ajouta-t-il.
Il savait à quoi s'attendre de la part de son maître.

- Héhéhéhé, je te faisais marcher ! Je sais bien tout ça.

- Mouais si vous le dites, dit-il d'une demie voix. Je vous appelle pour que vous me trouviez des renseignements sur Pétales, s'il vous plaît.

- Pétales ? C'est quoi ?

- Un royaume dans la zone la plus septentrionale de South Blue, près de Calm Belt.

- Ah, je me demande si je ne suis pas sur Calm Belt moi par hasard...

- Il y a du vent ? Des courants ?

- Non, tout est ... calme. Si on exclut les 5 monstres qui ont failli me bouffer en un quart d'heure.

- Vous y êtes. Dégagez de là !
Peu importe, écoutez-moi.


Loth expliqua à son étourdi de maître la situation qui avait cours sur l'île de Craie non pas sans qu'une autre bestiole vienne interrompre le dialogue. Il raccrocha après dix minutes en espérant avoir les réponses qu'ils désiraient sous peu. Si tant est que son maître survive et quitte ce nid de monstres dans lequel il est entré, Dieu seul sait comment.

Il allait reporter son attention sur l'objectif de son télescope quand Lady vint le rejoindre sur le balcon, un large sourire aux lèvres. Elle arborait l'air supérieur de ceux qui sont convaincus de détenir des réponses que les autres ignoreront toujours.

- J'ai gagné, annonça-t-elle.

- Déjà ? Moins de deux heures ont passé depuis que je vous ai défié.

- Je vous ai dit de ne pas sous-estimer le réseau d'information de la marine d'élite, dit-elle d'une voix hautaine et fière. Votre maître vous a-t-il appris quelque chose ?

- Pour l'instant, je crois qu'il essaie d'abord de sauver sa vie ... Qu'avez-vous trouvé ?

- D'abord, j'ai découvert pourquoi Rashek avait joué aux vampires.
Elle lui expliqua alors en détail comment elle avait démystifié l'acte de pseudo-vampirisme puis avait conclut au poison.

- Wouah ! s'exclama Loth sincèrement étonné. Je n'ai pas fait le lien, avoua-t-il.

- Le propre des vrais enquêteurs, se targua-t-elle. Et toute de suite, mon Lieutenant m'a donné la confirmation de ce que je soupçonnais.

- Qui est ?

- Avant de vous le dire, il me faut une dernière preuve que je trouverai bien assez tôt.
C'est quoi ces télescopes, c'est quoi cet endroit au fait ?
demanda-t-elle comme si elle se rendait compte pour la première fois de ce qui l'entourait.

- Nous sommes dans mon "observatoire" comme je l'appelle. Ces quatre télescopes sur trépied nous ont été offerts par un bon samaritain. Je les ai utilisés pour aménager ce balcon. C'est mon repaire pas si secret que ça.

À part sa chambre, c'était le lieu où Loth passait le plus clair de son temps. Presque personne dans le monastère n'était intéressé par l'astronomie donc il était relativement tranquille quand il passait le plus clair de ses nuits d'été à observer les constellations australes.
Il utilisait aussi l'effet de grossissement des télescopes pour observer les oiseaux migrateurs à distance. Ainsi, il avait pu noter des comportements qu'il n'aurait pas pu voir s'il avait été présent, du fait de la timidité de certaines espèces.
Ce dernier détail intéressa plus particulièrement Lady.

- Oui, oui les oiseaux, vous m'en aviez parlé.

- Et vous n'aviez pas l'air très emballée.

- Maintenant, je suis tout ouïe, dites-moi tout sur eux. Ou plutôt, dites-moi si vous connaissez leur régime alimentaire.

- Bien sûr que oui.

- Donc vous pourriez me dire s'il y a des charognards parmi eux ?

- Parmi les oiseaux migrateurs qui viennent nicher ici, très peu sont des charognards et d'ailleurs, ce n'est pas la bonne période pour eux. Pourquoi voulez-vous qu'ils soient charognards ? demanda-t-il perplexe.

- Regardez-les avec vos lunettes astronomiques, insista-t-elle. Dites moi si vous voyez des espèces charognardes.

Hésitant, Loth obéit tout de même et se mit à scruter la côte sud où nichaient les oiseaux. Il ne mit pas longtemps à trouver ce dont parlait Lady. Presque en plein milieu de la bande de nidification, il aperçut une dizaine d'oiseaux d'espèces qui n'étaient ni endémiques de l'île, ni migrateurs.

- Qu'est-ce que... Ce sont des Marabouts et des Milans noirs.

- Et c'est ce que je cherche ? demanda-t-elle excitée.

- Oui, ce sont des charognards, répondit-il en comprenant enfin ce que ces oiseaux pouvaient faire là.
Ses propres déductions auraient pu le laisser supposer ça.

- Super. Suivez-moi, alors, allons-y voir. Et le plus naturellement, sans alerter les autres. Comme si nous faisions une balade.

Ils sortirent donc du manoir l'air de rien. Lady préféra brouiller les pistes et se dirigea vers les stalagmites de roches avant de contourner l'île. Ils rejoignirent le plateau de fientes et cherchèrent l'endroit d'où avaient été vus les Marabouts et les Milans Noirs.
Ils le trouvèrent et ce qui les estomaqua en premier, c'était l'épouvantable odeur qui saturait l'air et cela surclassait largement les effluves de fientes. Ce n'était pas une odeur de décomposition mais plutôt des relents d'entrailles, ou d'un corps dépiécé.
Les deux enquêteurs s'approchèrent sur la pointe des pieds en se couvrant le nez d'une main, ensuite, ils firent fuir les oiseaux qui se délectaient du cadavre.
Il n'était pas très beau à voir, ni à décrire d'ailleurs. La majeure partie de ses tissus mous avait été déchiquetée par les rapaces. Malgré tout, on voyait pouvait encore voir le tissu blanc rayé de noir du pantalon que portait la victime. Et même si les volatiles s'étaient repus de la chair, et même si les orbites étaient vides de globes oculaires, ils pouvaient toujours voir des mèches de cheveux roux fixés au cuir chevelu de ce qu'il restait du crâne.

- Pas étonnant qu'on ne l'ait pas trouvé sur l'île, dit Lady d'un voix pincée. Je vous présente Dog Wildson, mais ça vous l'avez déjà compris.

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Trois suspects


- Quelqu'un a donc tué notre tueur !?

- Cela coule de source. Regardez sa cage thoracique.

Elle était en morceaux. Comme si un bateau lui était tombé dessus, comme si quelqu'un s'était évertué à briser chaque côte en des dizaines de petits morceaux. Personne n'aurait pu survivre à un coup d'une telle violence. La mort de Dog Wildson avait dû être extrêmement douloureuse, une punition à la hauteur des crimes qu'il avait commis dans sa vie.
Le buffet que les oiseaux avaient fait de corps rendait impossible l'estimation de l'heure de la mort. À côté du cadavre, dissimulé sous un amas de pierres, il y a avait un gros sac à main noir. Lady s'en empara puis fit signe à Loth que c'était le moment de dégager des lieux, l'odeur devenait de plus en plus insupportable.

Tous les deux prirent une bonne bouffée d'air sur la plage de sable blanc, loin des relents de piaf et du cadavre. Jamais respirer ne leur avait semblé si... Délicieux et bienfaisant. Loth se dit d'ailleurs qu'il ne consacrait pas assez de temps aux choses banales de la vie, comme respirer ou manger.
Loin de ces préoccupations, Lady défit la fermeture éclair du sac et dévoila son contenu. Des liasses de Berry, par dizaines.
On aurait dit que rien au monde n'aurait pu lui faire plus plaisir, elle darda un point dans l'espace en hurlant "Yes !". Apparemment, le contenu du sac allait parfaitement dans le sens de ses déductions, qui était visiblement contraire à celles de Loth.

- Vous voyez, mes déductions tombent vraiment à pic. Et ce sac en est la preuve ! Un de vos amis moine est un tueur.

- C'est la conclusion à laquelle je suis arrivé aussi, dit calmement Loth.

- Vraiment ? Si c'est vrai pourquoi n'avez vous pas cherchez le corps de Dog Wildson, c'était la conclusion qui s'imposait après mes réflexions.

- J'admets qu'il manque encore certaines pièces à mon puzzle. Notamment la raison pour laquelle Dog s'est rendu ici, si on exclut toujours le hasard. Mais ce que j'ai pensé, c'était qu'un des moines avait volé sous le parapluie qu'offrait Dog pour se venger de Löthar et de ses compagnons, pour qu'on accuse ce type qui faisait un suspect idéal.

- Attendez, attendez ! S'écria-t-elle visiblement choquée par les conclusions de Loth. Etes-vous sérieux ? Vous pensez qu'un des moines a tué Löthar et Pollux ?

- C'est ce que vous pensez aussi non ? Vous l'avez dit... répondit Loth dubitatif.
La discussion devenait de plus en plus nébuleuse.

- Non, ce que j'ai dit qu'un des moines était un meurtrier, autrement dit responsable du meurtre de Dog Wildson. Ce qui en soit, je l'avoue n'est pas un crime, vu le passé de l'homme. Dog Wildson est bel et bien le responsable des deux précédents meurtres. Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer qu'un de vos amis moines aurait commettre de tels crimes ?

- Et bien.... des intuitions, répondit-il.
Il n'avait pas encore de preuve de ce qu'il avait conclu et d'ailleurs, la voie de Lady semblait être meilleure que la sienne. Se serait-il trompé à ce point ?
Je vous laisse le soin d'exposer les arguments qui vont ont conduit à ce corps, vu que je me suis visiblement trompé, dit-il en décidant de faire profil bas.

- Ce que vous avez déduit est très inquiétant. Nous avons confié la sécurité de nos deux menacés à ces moines justement. Et si ce n'est pas Dog Wildson le responsable des meurtres alors, je ne vois pas pourquoi les moines seraient les seuls suspects. Vous et moi serions du lot. Chacun d'entre nous avait un créneau pour tuer Löthar.

- C'est bon, je me suis gouré, admit-il.

- Bien. Rentrons alors, il est temps de confondre le suspect. Cette macabre série a pris fin avec la mort de Dog Wildson.

- Vous allez procéder à une arrestation ?

- Comme je l'avais dit, dans notre monde, tuer un tueur avéré est de l'ordre du service public. La seule chose que j'aurais à reprocher au "coupable" est de n'avoir pas arrêté Dog plus tôt.
Mais j'ai un autre problème,
dit-elle en souriant à l'approche du monastère.

- Oui, chacun d'entre eux est bien plus puissant que nous deux réunis. Qu'allez-vous faire si votre suspect refuse de se rendre ?

- Je suis une représentante de l'ordre, je ne peux me défiler. Et de toute manière, où se situerait le plaisir si l'adversaire était plus faible ? Être découpée, inspirer une dernière fois avant de toucher le sol. Voilà comment je compte tirer ma révérence, ajouta-t-elle en frémissant d'excitation.

- Complètement folle, pensa Loth qui ne voyait pas l'utilité de mourir dans un combat perdu d'avance.

Arrivé au manoir, Loth prit place dans un des fauteuils du grand hall en entendant Lady partie appeler les moines. L'un d'entre eux avait tué Dog Wildon, pour sûr, se dit-il. Lady avait raison sur ce point, mais avait-elle raison concernant le reste ? Certes, il subsistait encore des zones d'ombre dans ses propres déductions, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que la raison était de son côté.
Il décida de laisser le sergent faire la démonstration de son raisonnement, après seulement, il avisera.

Les moines firent leur entrée suivit de près par Lady qui affichait toujours un mince sourire. Loth pouvait dire à son regard qu'elle était impatience que la situation tourne au vinaigre, histoire d'avoir une raison de se battre. C'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un comme elle, quelqu'un qui semblait aimer les problèmes. Les moines s'assirent derrière Loth et tous affichaient un regard neutre ou interrogatif.

- Merci, d'avoir bien voulu nous rejoindre ici, introduisit Lady qui paradait devant eux comme un professeur devant un amphithéâtre remplit d'étudiants. Si je vous ai tous réunis, c'est pour vous faire part des conclusions de mon enquête. Et le mérite revient aussi à Loth sans qui je n'aurais pas pu faire certains liens.

- Conclusion ? Dois-je comprendre que vous avez capturé Dog Wildson ?

- En quelque sorte, Frère Castiel. Nous l'avons retrouvé peu après dix-sept heures. Il se trouvait en plein milieu de la zone de nidification des oiseaux migrateurs. Mort. Mais ça vous le saviez déjà. Ou du moins l'un d'entre vous le savait.

Loth ne pouvait s'empêcher de penser que la situation amusait Lady Ombeline. Elle faisait les cent pas, parlait tout doucement avec de grands gestes grandiloquents, s'arrêtait histoire de faire monter la tension.
Son sourire s'intensifia suite à la réaction des moines qui se regardèrent, dubitatifs.

- Mort ? Dog-ça ? De quoi ? Demanda Hariel.

- D'un violent coup à la poitrine qui a réduit sa cage thoracique en charpie. Et vous, Frère Hariel, vous en connaissez un rayon sur les techniques de ce genre n'est-ce pas ? Vous qui avez été surnommé, "Devil's Hand".

Elle avait raison, pensa Loth. Des trois moines présents, Hariel était le mieux placé pour infliger de tels dégâts. La technique de la Main Sanglante dont il était le dernier maître avait la réputation d'être la plus mortelle du panel de techniques Servites. Elle conférait disait-on, une poigne susceptible de broyer un boulet de canon et de réduire en miettes un crâne humain sans difficulté.

- Vous plaisantez, j'espère, Lady-ça, répondit le boiteux sur un ton amusé. Si moi-ça avait tué Dog-ça, pourquoi le cacher ?

- En effet pourquoi cacher le corps d'un tueur en série ? Sauf si vous aviez une bonne raison. Genre un passé à cacher. N'est-ce pas, Frère Azraël ?

- Ou parce que celui qui a fait ça ne veut pas que le Grand Maître Michael en sache plus. Vous connaissez la voie de la non-violence qu'il prône. Il ne serait pas tendre avec cet acte, malgré qu'à mon humble avis, ce genre de criminel ne mérite que ce sort.

- Tout juste, utiliser la violence ne vous gêne pas. Vous m'avez attaqué et vous avez du mal à vous maîtriser.

- Je me suis déjà excusé pour ce débordement. Je suis humain, et en général les humains, innocent qui plus est, ont tendance à réagir quand on les accuse de connivence avec ce genre de racaille.

- Ils ne réagissent pas tous violemment. Certains utilisent leurs cerveaux pour parvenir à leurs fins et pas leurs muscles. C'est votre cas n'est-ce pas, Frère Castiel ? Vous êtes un fin épéiste si je ne me trompe ? Je l'ai deviné après votre brève confrontation avec Dog Wildson. Il est arrivé trop rapidement dans un angle mort, vous avez mis votre bras en opposition pour ne pas qu'il blesse votre dos.

- La honte pour un épéiste en effet, répondit-il de sa voix toujours aussi douce.

- Et pour une fine lame, rien de plus facile que de limiter les dégâts aux tissus mous que les charognards auront vite fait de faire disparaitre. Il vous suffisait alors de broyer son thorax avec une grosse pierre et le travail était fait. Les ossements mèneraient à d'autres suspects.

- C'est moi où n'avez personne à incriminer, sergent ? Vous venez de nous accuser tous les trois, intervint Azraël.

- Elle prend plaisir à vous faire lambiner, pensa Loth. Venez en fait, dit-il en joignant sa voix à celle d'Azraël.




Dernière édition par Loth Reich le Mer 7 Jan 2015 - 11:07, édité 1 fois
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L'assassin du Royaume des Parfums


Lady, toujours souriante, prit le sac trouvé près du corps de Dog et en déversa le contenu sur le parquet du hall. Les moines écarquillèrent les yeux d'étonnement.

- Vous me disiez ne pas saisir les raisons de la venue de Dog Wildson sur cette île n'est-ce pas, Loth ? Que vous doutiez encore que ce fût un malheureux hasard qui l'ait emmené ici, c'est ça ?

- Oui

- Elle est sous vos yeux la raison. Quinze millions de Berry en liquide et en petite coupure.

- Que voulez-vous dire ? Que cet argent était sur l'île ?

- Non, je veux dire qu'il était là pour un contrat. Pour les têtes de Löthar, Pollux, Genaro et Raskek qui ont été mises à prix.

- Ah bon ? Qu'ont-ils pu faire pour avoir une prime ?

- Ils ont fait ça, dit-elle en leur montrant une très vieille photo.

Elle semblait avoir été prise durant une manifestation parce qu'il y avait foule. Une foule armée qui plus est, de gourdins, de machettes et d'autres armes blanches. Aux avant-postes du cortège, on reconnaissait aisément Löthar grâce à sa carrure musclée et à ses cheveux attachés en queue de cheval. Bien sûr, il était flanqué de Pollux, Löthar et Rashek. Ils devaient avoir seize, dix-sept ans tout au plus.

- Loth, vous avez compris qu'ils venaient de ce pays, n'est-ce pas ? "Aidons la terre à parfumer les hommes".

- C'est ce que Loth-ça a dit à eux-ça. Ça veut dire quoi ?

- Pas grand-chose, c'est une devise. Celle de Pétales, un royaume de South Blue. Il est spécialisé dans la culture de fleurs et dans l'industrie de fabrication de fabrications du parfum.

- Tout juste. Ces quatre-là sont nés et y ont grandi. Merci d'ailleurs, sans votre devise relayée par Frère Hariel, je n'aurais jamais trouvé cette info. Comment vous avez-vous su ?

- "Pampre". Quand on descendait ici après le meurtre de Löthar parce que vous ne vouliez pas de nous en haut, Rashek a parlé de "main verte". Quand je l'ai empêché de s'abreuver davantage du sang de Pollux, il a dit "la lumière viendra de pampre". Et enfin, Pollux a été tué avec de l'obsidienne alors que le tueur aurait pu utiliser du bois tout simplement.

- Bien sûr ! C'est génial ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé !? Il m'a fallu la devise pour tilter.

- Vous nous expliquez, s'il vous plaît ? Et "pampre", Rashek rabâche ça, tout le temps, en disant que c'est une planète d'une galaxie éloignée. Vous n'allez pas me dire que ça a un sens ?

- Le pampre est un des symboles du royaume de Pétales, Frère Azraël. Les rois de Pétales portent le titre de "Roi des Effluves" et se coiffent d'une couronne de pampre et d'olivier. "La main verte" dont il a parlé est le nom du fondateur de ce royaume, Acacia Mainverte. Après lui, les Mainverte sont devenus la première dynastie des rois de Pétales, avant d'être remplacés par les Dujardin il y a de cela deux cents ans. Je l'ai lu dans mon encyclopédie dédiée aux différentes civilisations de South Blue.

- Oui enfin, "remplacés", relativisons. Génétiquement, les Dujardin sont des Mainverte. C'est juste que Cyprès Mainverte a décidé deux cents ans plutôt d'intégrer le gouvernement mondial et d'ouvrir son pays à l'air préindustrielle. Et pour fortement marquer cette rupture avec le passé, il en a profité pour changer de nom.
Et comme il n'était pas un homme à faire les choses à moitié, il a relevé les Pavois du contrôle de l'armée et à fait d'eux les intendants de Pétales.


- Quatre cents ans plus tôt, les Pavois étaient un clan de chasseurs de primes, mais Acacia Mainverte a réussi contre de l'or à les sédentariser. Il leur confia donc la défense du royaume. Ils symbolisaient à eux seuls, l'imperméabilité du royaume des fleurs aux attaques extérieures. Un adage de Pétales dit d'ailleurs que "Devant un Roi des Effluves, il y a un bouclier de Verredragon."

- Le Verredragon est aussi connu sous le nom d'obsidienne dans nos contrées. Et le bouclier d'obsidienne est le symbole du clan Pavois, dit Lady qui sentait aux regards interrogatifs des moines qu'ils étaient largués.

- D'accord. La main verte, le pampre, l'obsidienne, tout ça renvoie à ce royaume. Dog a en quelque sorte revendiqué son crime. Pourquoi, les têtes de Löthar et de ses amis étaient primées ?

- Bonne question, je ne peux que faire des suppositions parce qu'ils n'ont pas de primes officielles, pas au niveau du Gouvernement Mondial en tout cas. Cette photo a été prise lors d'une manifestation datant de quinze ans. C'était une époque de trouble pour Pétales. Une invasion acridienne sans précédent avait dévasté les plantations de fleurs ce qui avait ruiné l'industrie de la parfumerie.
Aux émeutes de la faim a succédé un mouvement de rébellion durant lequel les Dujardin ont été chassés du pouvoir par les Pavois qui sont désormais maîtres de Pétales. D'innombrables atrocités ont été commises durant cette période par les deux camps. Ce qui est arrivé à Löthar et à ses amis est sans doute un cas classique de vengeance.


- Sérieusement ? Les Dujardin ont été chassés ? demanda Loth qui ignorait cette information.
Son encyclopédie n'en faisait pas mention, elle datait de plus de quinze ans.

- Oui et d'ailleurs, ils sont éteints dans leur lignée masculine. Le roi et son fils ont été tués durant la rébellion. Nous aurions pu faire plus vite le lien si nous n'avions pas supposé que les raisons de Dog étaient personnelles. Mais il est aussi vrai que jamais je n'aurai pu imaginer qu'il serait du genre à accepter des contrats.

- Où avez-vous trouvé la photo ?

- Le réseau de la Marine d'élite, je vous l'ai déjà dit. Ils me l'ont envoyé dans une bouteille jetée à la mer depuis le cuirassé. Le courant l'a ramené jusqu'aux côtes.

- Okey. Mais quel est le lien avec nous ? Pourquoi pensez-vous que l'un d'entre nous a tué Dog Wildson ? Il aurait tout aussi bien pu mourir des suites de sa confrontation avec Löthar qui n'était pas une quiche. Le piège qui a tué Pollux avait surement été installé bien plus tôt, dit Castiel.

- Peut-être bien, peut-être que non. Mais je suppose que d'autres que vous, on eut cette idée. N'est-ce pas comme ça que vous vous êtes convaincu que ça s'est passé ? Pour avoir bonne conscience, Frère Azraël ?

- Oh noon, vous devez ridicule, sergent, à accuser tout le monde à tort et à travers, dit-il d'un air blasé.

- Ne gaspillez pas votre salive, je sais que c'est vous qui avez tué Dog Wildson. Le Jao-Kun Do basé sur la puissance des Longues-jambes est réputé pour sa puissance offensive. Briser du métal ou des cages thoraciques doit être une affaire de seconde pour vous.

- C'est ça la seule preuve que vous avez, Lady-ça ?

- Bien sûr que non. Vous vous souvenez tous de sa réaction à la découverte du corps de Pollux ? Vous vous souvenez bien sûr de ce qu'il a dit, Loth. Vous retenez tout.

- "Pas encore Dog Wildson, c'est impossible !" répéta Loth.

- Tout à fait. "C'est impossible". Bien sûr que ça l'était, vous l'avez tué le matin même, juste après que Loth vous ait relevé de votre garde. Vous logez au troisième étage. Vous avez dû le croiser dégoulinant de sang juste après son forfait et vous l'avez éliminé. Vous avez descendu le corps par la fenêtre de votre chambre ou d'une autre et vous l'avez jeté dans la bande de nidification. Il trimballait son argent avec lui, vous l'avez recouvert de monticules de pierre pour le dissimuler et qui sait pour le retrouver, au cas où ?

- Ce ne sont que des suppositions, intervint Loth.

- Vous étiez censé être de mon côté vous, murmura-t-elle d'une voix parfaitement audible.

- Il n'y a pas de côté autre que celui de la vérité.

- La vérité est ce que je vous expose. Vous vous souvenez surement de son empressement à accuser Rashek non ? C'est vrai qu'il avait mis ça sur le compte de sa folie. Mais avouez que cela coule de source, lui seul connaissait la vérité, il savait que Dog n'avait pas pu tuer Pollux. Et de facto, ça répond à la question qui m'a valu une attaque de sa part.
Pourquoi avoir composé les équipes de manière si négligée ?
J'avoue qu'à ce moment là, c'était plus une question vide qu'autre chose, mais ça a trouvé son sens quand j'ai fait le lien. Vous n'aviez pas de raison de vous inquiéter de diviser les équipes en fonction des rapports de force. Il n'y avait plus de danger, vous vous en étiez occupé.


Même si elle n'avait encore montré aucune preuve, Loth sentait l'atmosphère qui s'alourdissait. Les deux autres moines commençaient aussi à douter. Les allégations de Lady trouvaient un certain écho qui s'installait peu à peu dans les esprits tout en rependant son doux poison.
L'accusé, lui, regardait droit devant lui, impassible.

- Mais pourquoi, Azraël-ça aurait caché son corps s'il l'avait tué ? Pour que le Grand Maître-ça n'en sache rien ?

- C'est ce qu'il voulait nous faire croire. Mais regardez plutôt cette autre photo et constatez par vous-même le passé commun de votre Frère et de Dog Wildson. C'était il y a plus de trente ans, quand ils naviguaient ensemble sous la Bannière Incendiée.
N'est-ce pas votre passé, Frère Azraël, ou devrais-je dire, le grand pirate Gilchrist Spark Alias "L'étincelle" ?



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Le pirate incendiaire


On en entendrait voler une mouche. Même le temps et le vent semblaient s'être arrêtés, tous suspendus aux lèvres de Lady. Ou plus exactement à la photo qu'elle tenait dans sa main droite.
Elle était très vieille et provenait sans doute d'une coupure de journal. Au premier plan, on pouvait y voir cinq hommes visiblement hilares et joyeux. Ils trimballaient avec eux des coffres et des sacs débordant de joailleries. L'arrière-plan était plus singulier, plusieurs dizaines de personnes étaient entassées à genou devant ce qui ressemblait à un village en feu. Le plus grand des hommes au premier plan était sans l'ombre d'un doute Azraël dans ses jeunes années. Il trônait au milieu du groupe, une cape flottant au vent sur les épaules.
Loth concentra son attention sur le jeune homme maigrichon à l'extrémité droite des cinq hommes. Il aurait pu être plus difficilement reconnaissable sans les scarifications tribales en forme de croix sur ses arcades sourcilières. Mais pour avoir déjà vu une photo de lui adulte, avant qu'il ne devienne un tas d'os, Loth était certain que ce jeune maigrichon de roux était Dog Wildson.

- Il y a plus de trente-cinq ans, Gilchrist Spark a mis South Blue à feu. Au sens propre. S'il a été surnommé "L'étincelle ", c'est à cause de son mode opératoire particulier. Ses pirates et lui attaquaient des villages ou des villes, les pillaient puis regroupaient les habitants sur la place publique. Ensuite, ils mettaient le feu aux habitations et s'esclaffaient en voyant se propager le feu. Pendant six longues années, ils ont été la terreur de ce coin du monde. Juste au moment où ils symbolisaient la nouvelle relève des pirates des South Blue et qu'on en disait qu'ils se préparaient à rejoindre Grand Line, l'équipage disparut subitement.
Spark se rendit à la marine, quelques temps après avec comme seule explication qu'il en avait assez de sa vie de pirate. Il fut bien sûr incarcéré puis relâché peu d'années après contre un mystérieux service rendu au Gouvernement. Ses crimes ont même été blanchis. Sa prime était de ...


- Assez ! Vous avez gagné Lady, vous avez deviné juste. C'est moi qui ai tué Dog.

Loth, à l'instar de tous les gens présents, se tournèrent vers lui. Azraël n'exprimait rien d'autre que du dégoût d'avoir vu son passé exposé de la sorte. Il aurait, sans doute, souhaité en parler avec ses propres mots. Sa voix avait sonné comme un coup couperet. Il ne désirait plus qu'elle fasse étalage de ce qu'il honnissait.

- Ce dont vous parlez, c'est du passé. J'ai payé ma dette à la société. De quelle manière, vous n'êtes pas habilité à le savoir. Et en tuant Wildson, c'est un autre service que j'ai rendu au monde.

- Je suis d'accord avec lui. La première règle quand on prête serment pour être un moine Servite, c'est "Ton passé, tu oublieras". Le Frère Azraël n'est pas responsable si son ancien camarade a décidé de venir sur cette île exécuter un macabre contrat.

- C'est du hasard. Cacher le corps ne fait pas d'Azraël-ça un suspect, mais plutôt un héros. Il-ça voulait protéger son passé. Et moi-ça regrette déjà de l'avoir entendu.

- Vous vous trompez, Frère Hariel, intervint Loth. Le Frère Azraël se sait coupable de quelque chose et l'homme droit qu'il est n'est pas à l'aise dans ses chaussons, c'est évident. Tout ne s'est pas passé comme Lady le suppose n'est-ce pas ? Vous n'avez pas tué Dog Wildson quand vous l'avez vu la première fois. Quand vous disiez que c'était "impossible" que le meurtre de Pollux soit son œuvre, vous ne faisiez pas référence à sa mort, c'était plutôt un cri de déni, car il vous avait désobéi.
Comment ça s'est réellement passé ? Vous lui avez intimé l'ordre de partir quand il est venu vous trouver après son premier crime ?


- Tu es vraiment perspicace, Loth, dit-il d'une voix éteinte, défaite, navrée et anéantie. Je suis désolé, sergent, que vous ayez eu foi en moi et pensé que j'étais un homme assez droit pour éliminer Dog après l'avoir vu.
Il tremblait, crispait des mains. De toute évidence, les remords l'assaillaient.
La vérité, c'est que je suis faible. Juste après que Loth m'ait relevé de ma garde, je me suis dirigé vers ma chambre. C'est là où je l'ai vu, ce gamin que je n'avais pas croisé depuis trois décennies. Il était là, juste devant ma porte, les cheveux en bataille, sale et crasseux. Il portait toujours ses vêtements de prisonnier. Il dégoulinait de sang. Il y en avait partout, sur ses mains, sur son torse, et même autour de ses lèvres.

Autour de ses lèvres ? L'information pétrifia Loth et Lady. Dog Wildson était beaucoup de choses, mais jamais aucun rapport sur un quelconque acte de cannibalisme n'avait été reporté après ses crimes.
Les deux enquêteurs se raidirent aussitôt après cette réflexion en chœur. La nature même des crimes de l'homme, le fait que ses victimes étaient inéluctablement en charpie rendait impossible toute certitude d'anthropophagie. Il aurait pu se servir, prendre un morceau... Personne n'aurait rien remarqué.

- Il m'a dit : Yop'lait l'aïeul. Ça fait quoi ? Trente balais ? T'as l'air toujours aussi costaud. Sur'ment qu't'as mieux bouffé qu'moi et mes quinze balais aux frais du gouvern'ment.
Je lui ai demandé ce qu'il foutait là et ce que c'était que tout ce sang.

Il m'a répondu en riant : ah ça ? Trois fois rien. Juste l'rouge de Lötharrrie. J'aurais v'lu le cramer en souvenir du bon vieux temps avant de l'bouffer, mais j'ai pas c'luxe.

C'est là que j'ai compris qu'il avait tué Löthar. Malgré toute mon épouvante, je ne pouvais me résoudre à le mettre hors d'état de nuire. Je le voyais encore avec son visage d'enfant, ce gamin que j'ai recueilli et qui me portait toute l'admiration du monde.


Azraël était de plus en plus chagriné. Il avait la tête baissée et Loth soupçonnait l'apparition prochaine de larme. Il tremblait, à la fois de nostalgie et de regret.

- Déjà à l'époque, je savais ce qu'il était. Mes consignes ont toujours été de ne tuer personne. Ce qui nous fascinait, c'était le feu et les trésors. Jamais mon équipage n'a tué personne. Mais lui, tout le temps, il parlait de cramer ceux qu'on pillait avec leur village qu'on brûlait. Je savais qu'il tournerait mal.
Quand je l'ai vu devant ma porte, et même sachant qu'il venait de tuer un des aspirants que j'avais le devoir de protéger, une partie de moi espérait encore qu'il change. Je lui ai dit de quitter immédiatement l'île, peu importait la météo. Que je ne répondrai plus de rien si je le croisais à nouveau.

Il m'a répondu : Ouh'là, rentre les crocs captain. J'passais juste pour dire bonjour. J'voulais t'voir avant de gérer mes problèmes. Après Midway, une retraite posée m'attend. De préférence, dans un pays froid. Le Boucher des Highlands, le Chien Enragé, peu importe quel blase ils me donnent, je tire mon chapeau. Ciao l'vieux.

Mon erreur, c'était mon erreur,
reprit-il. J'ai cru que mes sermons de capitaine avaient encore d'emprises sur lui. Après la mort de Pollux, je me suis retiré en douce du monastère, Frère Castiel faisait son autopsie, Frère Hariel était à la garde des deux autres, Loth et vous étiez partis à la chasse aux indices.
Je l'ai retrouvé quelque part près des grottes de craie et je lui ai porté un coup fatal, un seul.
Vous connaissez le reste de l'histoire...


Un silence palpable s'installa après les révélations du moine qui continuait à trembler de remords. Hariel fit le premier geste vers lui en le tapotant à l'épaule. Loth quant à lui réfléchissait à tout ce qu'il venait de dire. Il n'avait pas oublié ses déductions même s'il était évident là qu'il avait perdu le défi qu'il avait lui-même lancé. Il croisa le regard de Lady qui était un peu déconfite, surement se dit-il, elle aurait préféré que la situation s'envenime et qu'Azraël ne regrette pas ses crimes, qu'il refuse d'obtempérer.
Elle inspira puis parla.

- Bien, merci pour ces confessions. Puisque vous reconnaissez avoir laissé partir un criminel qui a ensuite commis un autre crime, je me vois dans l'obligation de vous placer en détention. Nous ne pouvons prouver que le piège qui a tué Pollux n'a pas été installé plus tôt et que mettre Dog hors circuit aurait servi à quelque chose. Mes supérieurs décideront ce qu'il conviendra de faire. En attendant, veuillez me prêter vos mains, dit-elle en sortant des menottes.

- C'est vraiment nécessaire ?

- Oui, je dois m'assurer qu'il soit au frais, s'il vient à changer d'avis.

Azraël la suivit sans résister jusque dans sa propre chambre du troisième étage où elle le menotta, mains jointes, pieds joints, sur son lit. Elle ferma ensuite la porte à clé.
Le moine Hariel partit après s'occuper de son champ et Castiel retourna vérifier l'état de Genaro qui avait été conduit dans sa chambre. Il semblait maintenant aussi déficient que Rashek, la peur avait dû lui faire perdre tous ses moyens. Le médecin revint quelque temps après leur dire qu'il lui avait donné une infusion de calmants.

Parce qu'ils étaient maintenant désœuvrés, Lady Ombeline invita Loth à lui servir de partenaire d'entrainement. Le vent se levait et mugissait quand ils se tinrent l'une face à l'autre en position de combat, près pour en découdre, amicalement.
Loth comprit bien assez tôt que Lady ne faisait pas de distinction entre un exercice et la réalité. Encore heureux, elle n'utilisait pas son énorme katana, mais ses coups étaient d'une violence réelle. Durant les échanges, Loth apprit aussi qu'elle était plus forte que lui, même s'il avait l'avantage de la vitesse.
Après deux heures de coups et contrecoups, il déclara forfait et prétexta une envie de bain pour s'éclipser.

Il était dix-neuf heures passées, Loth était couché sur son lit au milieu de bouquins et de parchemins en tous genre, après un bain chaud et relaxant qui avait allégé son corps endolori par les coups. Son esprit était ailleurs, loin de l'île de craie, loin de la pluie qui recommençait à tomber drue, loin des éclairs et du tonnerre.
Les pleurs d'un escargophone le ramenèrent à la réalité et il sauta presque pour attraper l'appareil tellement il avait hâte d'entendre les nouvelles de son maître.

- Alors ? Qu'avez-vous pour moi, Maître ?

- Beaucoup de choses, mais surtout de la viande de monstre marin. T'en veux ?

- Non merci. Mes infos.

- Bah écoutes ...

Loth prêta l'oreille à son maître. Ses révélations lui confirmèrent tout ce qu'il pensait depuis le début sans avoir de preuve. Couplé à ce qu'il savait déjà par Lady et Azraël, un schéma plus clair se dessinait révélant un stratagème bien plus opportuniste et plus noir que ce que le sergent avait exposé.
Loth le pressentait depuis le début, il en aurait sauté au plafond. Il remercia Samaël, puis se hâta au troisième étage où était le retenu Azraël.
Lady devait encore s'entraîner dans la pluie.
Le moine souleva légèrement la tête à l'entrée de Loth dans sa chambre. Il écarquilla les sourcils quand ce dernier referma à double tour derrière.

- Que fais-tu là ?

- Je vous sauve la vie, répondit-il en lui montrant les clés de ses menottes. Je les ai subtilisées à Lady durant notre entrainement.

- Pourquoi veux-tu m'aider à m'échapper, je n'ai jamais eu l'impression que tu m'appréciais tellement ?

- Vous êtes ce que vous êtes et mon opinion à votre égard n'a aucune importance. Je crois l'avoir dit à Lady, il n'y a pas de camp autre que celui de la vérité. Et la vérité, c'est que vous êtes innocent.

- Tu n'as pas entendu tout ce que j'ai dit plutôt ? J'aurais pu empêcher la mort de Pollux ! Je suis autant coupable que lui. Va remettre les clés au sergent avant qu'elle ne t'arrête pour complicité.

- Vous n'auriez pas pu empêcher la mort de Pollux pour la plus simple raison que Dog Wildson ne l'a pas tué. C'est le bouc-émissaire parfait, et vous aussi.

- Quoi ? Comment ça ?!

- Maître Samaël m'a donné les infos qu'il manquait à mon puzzle. Une fois que j'aurais révélé les vrais dessous de cette affaire, vous verrez comment les coïncidences et les coups de chance se sont superposés pour donner toute la largesse au vrai tueur de perpétrer ses forfaits.

- Attends, t'es sûr de toi ? Si Dog n'a pas tué les aspirants alors...

- Alors Castiel, Hariel et moi sommes suspects. Je pense qu'on peut exclure Lady et vous. Et je vous affirme que je ne suis pas ce meurtrier même si rien ne le prouve. Vous allez devoir me faire confiance. De Castiel ou d'Hariel, l'un d'entre-eux à volé sous la couverture radar que Dog et vous lui avez offert sans savoir. L'un deux est le réel meurtrier de Löthar et Pollux. Et pour confondre ce meurtrier opportuniste, j'aurais besoin de votre aide.

- D'accord, je marche, répondit-il sans se faire prier.
Surement qu'une part de lui était prête à entendre dire qu'il n'avait rien à voir avec ces atrocités.
Que dois-je faire ?

- Rien de très compliqué, il vous faudra vous enfuir et surtout redevenir durant un moment, le pirate incendiaire.


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Le visage de l'ennemi


- Que veux-tu dire par "redevenir le pirate incendiaire" ?

- Je vous l'expliquerai le moment venu, mais pour l'instant, j'ai besoin de quelques infos supplémentaires. Plus tôt, vous disiez que Dog aurait déclaré : "Ouh'là, rentre les crocs captain. J'passais juste pour dire bonjour. J'voulais t'voir avant d'gérer mes problèmes. Après Midway, une retraite posée m'attend. De préférence, dans un pays froid"

- Oui, c'est ce qu'il a dit.

- Si je ne me trompe pas, Midway, c'est cette île montagneuse à quelques miles d'ici. Pour quelle raison serait-il allé là-bas ?

- Je ne sais pas, nous n'avons passé que six ans ensemble. À quoi tu penses ?

- Qu'il y serait allé pour récupérer un butin. Trente ans plus tôt, Midway était un centre financier important où les Berry étaient frappés. Vous ne vous y êtes pas rendus ?

- Si ! Ça m'était complètement sorti de la tête ! Mon dieu ! On y avait fait un braquage de train et dérobé une centaine de millions de Berry que nous avons ensuite brûlé sous les flashs d'un reporter. Ça a été notre coup médiatique le plus réussi.

- C'est l'explication des liasses de Berry. Il aurait pu en dérober et l'enterrer histoire d'avoir une assurance retraite. Je ne m'y connais pas en Berry, mais j'ai une encyclopédie qui retrace l'histoire de la monnaie. Je parie qu'en comparant les coupures, on découvrira qu'elles datent de longtemps.

Comme bien souvent quand son cerveau surchauffait et qu'il réfléchissait à toute vitesse, Loth remontait ses lunettes presque chaque seconde de façon mécanique. Il y était habitué, il ne savait pas comment mais, ça l'aidait d'une manière ou d'une autre. Et il avait besoin du concours de tous ses neurones pour comprendre et démêler l'inextricable.

- Mais même, qu'en est-il du meurtre de Löthar ? Il a avoué !

- Répétez-moi ce qu'il a exactement dit.

- Il a dit : "ah ça ? Trois fois rien. Juste l'rouge de Lötharrrie. J'aurais v'lu le cramer en souvenir du bon vieux temps avant de l'bouffer, mais j'ai pas c'luxe."
Comment aurait-il pu connaître Löthar s'il n'était pas venu ici pour lui ?

- Parce qu'il ne parle pas de Löthar, répondit Loth après avoir analysé la phrase sous toutes les coutures. À mon avis, vous avez été victime d'un phénomène de surcompensation encore appelé diffusion corticale. Ça arrive dans les moments de stress, on ajoute des informations qui n'existent pas au contexte général ou on entend ce qu'on a envie d'entendre. Ainsi, sur les lieux d'un carnage, il n'est pas rare que deux témoins décrivent des scenarios complètement différents. L'un dira que le coupable est noir de teint et l'autre le décrira comme blanc.
Quand vous l'avez vu couvert de sang, vous avez redouté le pire et votre cerveau a ...


- Viens en au fait ! Je ne vois pas ce que j'aurais inconsciemment transformé dans cette phrase.

- "Juste l'rouge de Lötharrrie. J'aurais v'lu le cramer en souvenir du bon vieux temps avant de l'bouffer, mais j'ai pas c'luxe ?
En souvenir du bon vieux temps... Vous aviez l'habitude de faire cramer de la viande humaine ? Bien sûr que non. Mais qu'en est-il de l'otarie ? Vous en mangiez ?

- De la viande d'otarie ? Euh, ouais, ça a dû arriver, on mouillait parfois sur des îles désertes.

- Mais oui, c'est ça !
s'écria-t-il en continuant son monologue. Il a dû dire "Juste l'rouge d'un otarie."
Ça tombe sous le sens. L'île est pleine d'oiseaux marins migrateurs comme les Garrot à œil d'or ou les Sterne pierregarin qui constituent une part importante du régime alimentaire des lions de mer et autres mammifères de la famille des otariidés. Forcément, ils les attirent. Dog a dû tuer une otarie et la manger façon tartare sans la faire cuire !


- J'aurais confondu "otarie" avec Löthar ? Tu ne penses pas que c'est un peu tiré par les cheveux ? Demanda Azraël, dubitatif.
Même s'il désirait être débarrassé du poids de la culpabilité, il gardait quand même son esprit critique.

- Je suis sûr que c'est ça. Toute cette histoire est une suite de coïncidences, de mésinterprétations et d'opportunismes.

- Mais s'il n'a pas tué les aspirants, alors j'ai tué un innocent ? Demanda-t-il d'un ton obscur. Il s'apprêtait changer de vie.

- Woh ! Woh ! Woh ! N'exagérons rien ! Cet homme était un condamné à mort qui a sauvagement massacré plus d'une dizaine de personnes dont des enfants. Et ceux qui tuent par pulsions ne s'arrêtent qu'à leurs morts. Vous avez fait ce que vous auriez dû faire il y a longtemps.
Bien, écoutez-moi maintenant, il est temps pour nous de confondre le vrai responsable de tous ces évènements !


- Comment ?

- D'abord faire croire à Lady que Dog et vous étiez complices. Et pour ça, il faut agir maintenant, elle m'a dit qu'elle fera le tour de l'île à petite foulée après son entrainement.
Ensuite vous attendrez vingt et une heure pour commencer les festivités.
Ça va le faire...



*
* *


Il était presque vingt-et-une heure. Il n'y avait pas eu une once d'amélioration côté météo. Le vent beuglait et la pluie tombait toujours avec la même intensité. Réunis autour du dîner dans la salle à manger, les moines et Loth mangeaient en silence. Lady Ombeline était toujours dehors, bravant les éléments pour faire son jogging nocturne. Loth attendait son retour avec impatience, d'elle dépendait la réussite de son plan.
Pour l'instant, il dévisageait les moines en essayant d'arborer un visage aussi neutre que possible. L'un d'entre eux avec commis ces crimes abominables et pour l'instant, il se demandait encore lequel. Les raisons, ils les connaissaient déjà grâce aux informations fournies par son maître Samaël, mais trouver le coupable n'était malheureusement pas aussi évident, autrement, il n'aurait pas besoin d'un plan qui était susceptible d'en blesser plus d'un. Il fixa momentanément Castiel qui dégustait sa soupe aux tripes.

Si quelqu'un était incapable de commettre un meurtre sanglant, c'était bien lui. L'homme était simple, fragile avec une grâce, une beauté et une délicatesse que lui auraient enviées la gente féminine. Il faisait partie de ces moines que Loth ne connaissait que de vue et de réputation. Sa relation avec lui se limitait à des salutations pompeuses et parfois à des herbes médicinales prescrites en cas de bobos lors des entrainements. Il était aimable, toujours souriant mais un peu renfermé.
Le matin du meurtre de Löthar, il était seul dans l'aile de l'infirmerie à cause de la blessure que lui avait infligée Dog l'après-midi. Il semblait mal en point, certes, mais peut-être pas assez pour être disculpé. Et naturellement, il s'y connaissait en poison. Il aurait pu mettre au point le piège.
Mais c'était aussi lui qui avait disculpé de manière formelle Rashek. Pourquoi aurait-il fait ça s'il voulait le tuer ?
Peut-être pour détourner l'attention au cas où. Ou ne supportait-il pas que son haut fait d'ingénierie puisse être attribué à un fol.
Castiel était en définitive une eau en dormance dont Loth ignorait la dangerosité et la profondeur.

Il se resservit un peu de purée de pommes de terre et porta son regard sur Hariel.
De celui-ci, il était proche et ça lui ferait de la peine que ce soit lui le tueur. Le connaissant bien, on pourrait tout bonnement douter de son intelligence à mettre en œuvre un plan si compliqué pour se substituer à un tueur en série.
Et d'ailleurs, il n'était pas aussi simplet que ça, c'était un botaniste en herbe qui avait su adapter des cultures exotiques à l'inhospitalité de la terre de craie de l'île. Il s'y connaissait bien sûr en poison végétal, les plantes vénéneuses étaient d'ailleurs une de ses plus grandes passions. Naturellement, il avait les compétences nécessaires pour commettre ces crimes.
Mais qu'en était-il de la baliste ? Il a fallu à Lady et lui, une bonne dizaine de minute pour escalader la falaise et se rendre dans la grotte où elle avait été placée. Hariel était boiteux, il n'aurait jamais pu.
"Devil's Hand" rappela une petite voix dans la tête de Loth. La poigne de l'homme était censée être si puissante qu'elle pourrait réduire en granulé un boulet. Une telle poigne pourrait aisément lui permettre d'avoir des prises solides sur la falaise de craie et de grimper.

Loth en était encore à peser ce qui innocentait ou non les deux hommes quand Lady débarqua dans la salle à manger, trempée jusqu'aux os, troublée.

- Nous avons un problème, introduit-elle.

- Que le spectacle commence ! pensa Loth qui rigolait intérieurement.

- Que se passe-t-il, sergent ?

- En faisant mon jogging sur la plage, j'ai glissé sur cette bouteille. Elle a sûrement dû être envoyée en même temps que l'autre, mais le courant l'aura dérivée ailleurs. C'est la suite du message que j'ai reçu de mes supérieurs. Il y est dit que Dog avait surement un contact sur l'île. C'est ce que leur a dit le commandant de la base de marine de Pétales.

- Un contact ? Que voulez-vous dire ?

- Je veux dire que j'ai oublié de demander à Azraël pour quelle raison, il a caché l'argent de Dog sous un tas de gravats.

- Pour le garder pour lui seul, vous voulez dire ? Parce qu'il était son complice ?

- Vous-ça êtes sérieux ? Azraël-ça n'est pas un meurtrier voyons !

- Avec quoi est-il menotté ? Du granit ? Demanda Loth, histoire d'enfoncer le clou.

- Non ! répondit Lady en se hâtant dans les escaliers qui desservaient le troisième étage.

Loth et les autres la suivirent. Ils avalèrent quatre à quatre les marches jusqu'à atteindre la chambre d'Azraël. La porte pendait de ses gonds et les menottes qui maintenaient immobiles le prisonnier étaient par terre, cassées. Nulle part, une trace du Longue-jambe.

- Azraël-ça est sorti par la porte apparemment.

- Rashek et Pollux ! S'écria Loth. Il veut terminer son job !

Ils descendirent en catastrophe vers le premier étage où les deux aspirants dormaient dans leur chambre respective. La porte de Rashek faisait face au couloir. En y déboulant, ils virent Azraël qui étranglait Le Fol par une main pendant que ce dernier se débattait vainement pour se libérer.

- Ce n'est pas trop tôt ! Murmura Lady qui défit le papier kraft qui emballait son katana.
Le fourreau était d'un blanc de neige et magnifiquement sculpté d'une main de maître.

Un éclat métallique étincela. Lady s'en fut tout près du Longue-jambe et taillada l'air. Au tranchant du katana, Azraël opposa simplement son genou. La lame ne l'égratigna même pas ce qui n'eut pas l'air de surprendre le moins du monde Lady. Moins surprise, elle fut quand l'autre jambe du moine la fouetta au visage en l'envoyait paître sur plusieurs mètres dans le couloir. Les gestes d'Azraël bien que fulgurants étaient auréolés d'une certaine nonchalance, le genre qu'adopte un maître qui affronte un débutant.

- Lâchez-le immédiatement !  Reptile, Yamata no Orochi !

Il se porta aussi à l'attaque en fléchissant son centre de gravité. Ses mains dressées telles des têtes de serpent envoyèrent une salve de coups sur Azraël. Loth n'eut pas plus de réussite que le sergent, le Longue-jambe para toutes ses attaques avec une moue de sa jambe et le gratifia d'une caresse de ses longs membres. Loth vola, les lunettes de travers, cogna le plafond puis tomba tête la première sur le parquet. Il se remit debout avec difficulté, mis à mal par ce seul coup. Un filet de sang suintait de son front et brouillait sa vue. Heureusement, se dit-il, ses lunettes étaient encore intactes.

- Ça suffit, Azraël-ça !

- D'accord ! Répondit-il distraitement en lâchant enfin Rashek qui s'effondra en un petit tas informe. Je ne vois même pas pourquoi je devrais me salir à tuer cette chose, dit-il avec un dédain qui lui seyait parfaitement.

- Si vous ne le lâchez pas, c'est votre main que vous perdrez ! Menaça le médecin en sortant un petit katana de sa manche.

- Je n'arrive pas me convaincre que j'ai pu passer trente années ici avec des gens comme vous. Que voulez faire quoi avec ce wakizashi, Castiel ? Rangez ça avant de vous blesser.

- Iai - Night Slice !

Il était beaucoup trop rapide pour Loth. Tout ce qu'il vit fut le dénouement de l'attaque. Les murs de la chambre de Rashek avaient été horizontalement éventrés. Azraël avait été évité l'assaut en sautant. Il tournoya sur lui-même telle une toupie en descendant et visa Castiel avec tornade de coup de pied auquel le médecin répondit par une rafale de lames.
Les attaques entrèrent en collision et déclenchèrent des ondes de choc qui éventrèrent davantage les murs et le plafond. Lady s'en mêla et attaqua dans un angle mort. Elle darda le pointu de son katana vers la gorge d'Azraël en plein échange avec Castiel. Mu par un réflexe surhumain, Azraël pivota la tête, claqua des dents et immobilisa l'épée à la seule force de ses mâchoires.
Ventriloque, il parvint à s'exprimer.

- Héhéhé, je n'ai pas besoin de vous voir, Lady. Je vous entends ! Ashi Tornado !

Ses jambes ressemblèrent l'espace d'un instant à des milliers de fouets tellement elles cinglèrent l'air avec vitesse et surnombre. Lady se retrouva encore à terre, mais elle fut moins touchée cette fois malgré la violence de l'attaque. La cause, Castiel avait mis son corps en bouclier pour protéger le sergent. Il tomba à la renverse, son bras droit formant un angle inquiétant. Le même bras qui avait déjà été amoché par Dog Wildson.
La contre-attaque ne se fit pas attendre, Azraël se retrouva projeté contre le plafond, son torse empreint d'une marque de main toute rouge comme si on l'avait marqué au fer. Il tomba à genou en se serrant la poitrine. Du sang perlait de ses lèvres et il avait l'air de souffrir.

- Tout doux Hariel, vous allez tuer quelqu'un avec cette technique, dit-il toujours sur son ton nonchalant et railleur.
Loth en venait à se demander s'il prenait toute la mesure du danger du moment. Leur plan pourrait finir en carnage.
Je vous aime bien, mais il est temps de tirer ma révérence, ajouta-t-il entre deux toux sanguinolentes.

Il se releva et se précipita à travers la fenêtre du couloir sous les yeux médusés de l'assistance. Sans hésiter, Lady le suivit au-dehors dans l'averse. Loth et Hariel voulurent y aller aussi, mais ils marquèrent une pause pour prendre connaissance de l'état de Castiel.

- Allez y, ça va ce n'est qu'un déboitement, grimaça-t-il. Il ne doit pas s'échapper. Je vais prendre connaissance de l'état de Genaro.

Ils se jetèrent aussi sous la pluie battante à la poursuite d'Azraël qui avançait à grande foulée, une vitesse qu'ils avaient peine à soutenir. La visibilité était quasi nulle. De temps à autre, un éclair fourchu zébrait le ciel et leur fournissait une éphémère lumière.
Quand Loth les jugea suffisamment loin, il siffla et Azraël s'immobilisa.

- C'est bon, c'est fini, dit Loth en calmant Lady et Hariel qui s'étaient déjà mis en garde prêt à en découdre.

- Qu'est-ce qui est fini ?

- Nous devons retourner au manoir.

- Avec vous-ça menotté et enchainé.

- Nous devons y retourner surtout parce que nous avons laissé le vrai tueur en compagnie de ses futures victimes.


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Le retour de l'ermite


- De quoi ?

- Frère Azraël n'a pas brisé ses menottes, je l'ai libéré avec les clés que je vous ai volées lors de notre entraînement.

- Pourquoi avoir fait ça ?

- Pour débusquer le vrai tueur. J'en parlais le matin à Lady, j'avais foi que les meurtres n'étaient pas de Löthar et j'ai les preuves de ce que j'avance. Juste que ces preuves pouvaient mener aussi bien au Frère Castiel qu'à vous, Frère Hariel.

- Vous auriez dû m'en parler !

- Je suis désolé, mais il était impératif que vous attaquiez avec toutes vos réserves. Si vous saviez que c'était bidon, il aurait pu y avoir du ressenti dans votre combat ce qui aurait été facilement détectable pour quiconque ait été témoin de votre envie combative.

- Ce n'est pas faux...

- Mais comment vous-ça en déduisez que c'est Castiel-ça ?

- C'était simple à prévoir. Le coupable était depuis le début dans une logique de dissimulation, j'étais sûr qu'il ferait tout pour rester un moment avec les aspirants.

- Rien n'obligeait Castiel à se jeter sous mes coups pour protéger Lady. Il l'a fait pour rester derrière. Allons plutôt vérifier au lieu de papoter ici.

Ils retournèrent au manoir aussi vite et aussi silencieusement qu'ils pouvaient. Dans le couloir du premier étage où avait eu lieu plutôt l'affrontement, aucune trace de Castiel, ni de Rashek. La chambre de Genaro était ouverte et vide. Loth n'avait pas prévu qu'ils aillent quelque part et il était aussi déboussolé que ses compagnons.

- Ils sont sur le toit, au cinquième, dit Azraël après un moment de concentration. J'entends leurs voix.

Ils y accoururent. Sous l'averse, Castiel tenait Genaro par le cou aux limites du toit. Un faux pas et l'aspirant plongeait dans le vide. Rashek était blotti sous la paillote qui avait été emménagée là. Loth et les trois autres s'y déplacèrent aussi, histoire d'être un peu à sec.

- Tu as compris Loth, je savais que tu te rapprochais. Ce n'était qu'une question de temps, dit Castiel d'une voix qui tranchait avec sa paisible habituelle.
Une voix à la fois pleine de rage, de mélancolie et de tristesse.

- Pourquoi vous-ça faites ça ?

- Explique leur Loth, qu'ils comprennent ma rage et ma souffrance.

- De quoi parle-t-il ?

- Et bien, vous n'aviez pas tort en reliant tous ces meurtres au royaume de Pétales. Mais seulement, comme vous pouvez le voir, ce n'est pas une histoire de contrat, c'est bien une vengeance comme nous l'avions supposé au début.

- Mais tous les éléments allaient dans le sens de Dog. Vous n'allez pas me dire qu'il a dérivé par hasard vers cette île ?

- Le fait que tous les éléments allaient dans ce sens a compliqué notre enquête. Et non, je vous l'accorde, il a sciemment fait route vers l'île de craie. Mais pas pour remplir un contrat, mais pour voir une dernière fois son ancien capitaine. Auparavant, il était sur l'île de Midway pour récupérer un ancien butin de casse que vous avez pris pour le prix du contrat.

- Pour me voir ? Comment aurait-il su que j'étais là ?

- Grâce à ça .

- Oh, mais c'est...

C'était le journal que Loth avait arraché des becs d'une Sarcelle d'été juste avant le meurtre de Pollux. Il faisait état de l'échec de l'attaque des Kariirebito Pirates sur l'île de Craie grâce aux moines Samaël et Azraël qui faisaient d'ailleurs la une.

- Je me suis longtemps demandé si la marée avait pu emmener ce journal sur la cote en si bon état. Et comme ça m'intriguait, je l'ai gardé. Après les liens que Lady a faits entre vous et Dog Wildson, j'ai immédiatement fait le lien. Et en plus, ça correspond à ce qu'il a dit au Frère Azraël. Il aura trouvé le journal, soit en prison, soit durant sa cavale.
Et comme je l'ai déjà exposé au Frère, le sang sur lui était probablement celui d'une Otarie et pas d'un Löthar.


- Dépêchez vous de leur expliquer, ma main faiblit Loth !

- Je crois que vous devriez l'éloigner des rebords, nous devons discuter

- Ne tentez rien de stupide, ne vous approchez pas ou un drame est vite arrivé. Vous n'allez pas m'empêcher d'assouvir ma vengeance, ça fait seize ans que je la rumine !

- Quinze ans ? Ça revient pile-poil au moment de la révolution sur Pétales. Donc j'avais raison, ces quatre-là ont bien trempé dans une des atrocités qu'il y a eues en cette période ?

- Ils n'ont pas participé à une des atrocités, Lady, ils ont participé à L'ATROCITÉ.

- Vous-ça voulez dire qu'ils-ça ont été impliqué dans le meurtre de la famille royale de Pétales ?

- Ils n'ont pas été "impliqués", ils ont été les bourreaux, n'est-ce pas Rashek ?

À côté d'eux, le fol était toujours recroquevillé à terre. Nul mal ne semblait lui avoir été fait pas Castiel. Son délire semblait s'être amplifié avec les évènements. Les mots qu'ils marmonnaient étaient trop confus et rapides pour en saisir le sens.

- Comment l'avez vous su ?

- Grâce à mon maître.

- Frère Samaël-ça ?

- Oui, je l'ai appelé et grâce à ses contacts, j'ai eu des infos qui ont directement corroboré mes déductions ici. Tout d'abord, le collier aux lèvres pulpeuses qui a été pendu au cou de Löthar. Vous voulez bien nous la remontrer, Lady ?

Spoiler:


- Regardez la bien, que voyez-vous ?

- Toujours des lèvres...

- Idem

- Frère Hariel ? Vous êtes le mieux placé pour regarder au-delà de ses lèvres. Si j'ai pu le remarquer...

- Oh, mais on dirait une Psychotria Elata !

- Une quoi ?

- Psychotria Elata-ça est une plante tropicale. Rare et étonnante, sa fleur est surnommée « Lèvres chaudes » ou encore « Plante à bisous ». Elle-ça se distingue par sa couleur rouge vif et sa forme faisant penser à des lèvres sensuelles et maquillées, explicita Hariel.

- Regardez plutôt cette image issue de encyclopédie "Milles Herbes et champignons".

Spoiler:

- Bon sang Loth ! S'exclama Lady. Cette plante existe vraiment ? Comment avez-vous pu voir une plante au travers de ce bijou ?

- Si le pampre et l'olivier étaient les symboles de la royauté masculine de Pétales, les reines (autant reine légitime que femme de roi) avaient pour symbole la Psychotria elata.
Ça n'était pas évident. Ça a été même la dernière de mon puzzle. C'était plus clair une fois les autres éléments en ma possession. Je vous les ai exposées. Le poison végétal, l'obsidienne, tout indiquaient le royaume de Pétales.


- Je me suis demandé pourquoi avoir utilisé du poison alors que la blessure au cou de Pollux était mortelle de toute manière ? En plus, si le tueur voulait vraiment assurer ses arrières au cas où la flèche en obsidienne n'attendrait pas un point vital, il aurait dû utiliser du poison mortel. Celui-ci était juste incapacitant.

- C'est lui qui a fait l'autopsie, il nous a sûrement racontés n'importe quoi.

- Non ! Je vous ai tout dit comme je l'ai découvert, comme je l'ai machiné. J'ai bien utilisé une forme de Curare. Mais ce n'était ni pour rendre Pollux incapacitant ni pour le tuer à petit feu.

- C'est une signature. Samaël-ça m'a appris qu'un petit groupe de résistants royalistes avait récupéré les corps des membres de la famille royale après leur meurtre. Il a été établi qu'ils ont été kidnappés du palais avec facilité parce qu'ils avaient été auparavant immobilisés grâce au curare. Si Rashek a bu le sang pour essayer d'en aspirer le poison, c'est surement parce que Pollux a été l'empoisonneur de la famille royale. Il les a tués de la manière dont ils ont tué la famille royale.
Quant à l'emploi de l'obsidienne, je suppose que c'est signifier que "qui tue par l'épée, périra par l'épée ?" Les résistants royalistes pensent que l'élimination des Dujardin a été fomentée par les Pavois bien qu'officiellement, il s'agit de l'acte isolé de rebelles radicaux.


- Mensonge ! Beugla-t-il. Les Pavois n'ont cessé de comploter depuis deux cents ans, depuis qu'ils ont été nommés à l'intendance du royaume. La crise issue de l'invasion acridienne était du pain béni pour eux. Si tant est que l'invasion soit une catastrophe naturelle !
Il rapprocha de plus belle Genaro du vide. Castiel était fou et totalement dément. Genaro, quant à lui, ne réalisait ce qui se passait, son état dépressif semblait avoir mué en végétatif.

- Oui, les royalistes pensent que les Pavois auraient d'une manière ou d'une autre attiré les insectes dans le royaume.

- Mais qui est-il pour leur en vouloir autant ? Le chef des royalistes ?

- Nope, je ne crois pas, répondit Lady qui commençait à comprendre. Vous avez quoi, Castiel, trente ans ? Les amis, je crois que nous avons en face de nous, le prince héritier Amaryllis Dujardin. Il avait quinze ans quand il a disparu et son corps n'a jamais retrouvé ce qui a alimente encore les espoirs des royalistes.

- Sérieusement ?

- Castiel a été recueilli ici à dix-sept ans par le Grand Maître Michael. Il devait savoir. Mais s'il est le prince, pourquoi Löthar et les autres ne l'ont-ils pas reconnu ?

- Mes cheveux étaient bruns à l'époque et j'étais un adolescent boutonneux. Je les ai teints en vert et l'entrainement au Iado a endurci mon corps et l'a rendu mieux bâti et méconnaissable. Je ne suis plus celui que j'étais à quinze ans. Je n'ai jamais oublié ma quête de vengeance, mais le vieux ne voulait pas me laisser partir, il savait que je me lancerai à la poursuite de ceux qui ont décimé ma famille. Il a toujours gardé un œil sur moi.
Il parlait fort pour couvrir le bruit du vent.
Vous n'imaginez pas ma fureur quand je les ai vu débarquer il y a un an. Les assassins de ma lignée. J'ai fait preuve d'un self-control dont je ne me serais jamais cru capable. Pendant un an je les ai supporté, rigolé avec eux. Je savais qu'un jour, j'aurais une ouverture. Heureusement pour moi, le Grand Maître ignorait tous de nos liens passés. Mon plan était de les tuer au large durant une banale partie de pêche et de prétendre avoir été attaqués par des pirates, mais Dog Wildson m'a offert une chance que je n'avais jamais espérée, même dans mes rêves les plus fous. Je voulais juste tuer sous la couverture de son nom, j'ignorais qu'il avait été tué par Azraël. Et bien sûr, je n'aurais jamais pensé que Loth pourrait être aussi malin et voir au travers de mes signatures. Pour le reste de l'histoire, vous le connaissez.

- Mais il vous suffisait juste de ne pas signer vos crimes et ils auraient été parfaits. Vous avez tout fait pour qu'on remonte jusqu'à vous.

- C'était une guerre psychologique qu'il menait. Il pensait surement que seuls les visés comprendraient le sens de ses messages. D'ailleurs, cela a eu raison de Genaro qui est tombé dans une profonde dépression.

- Vous-ça avez assouvi votre vengeance, Castiel-ça. Genaro-ça n'est plus lui-même, pas plus que Rashek-ça. Les tuer ne vous servira à rien. S'il vous plaît, ne faites pas preuve de la même inhumanité qu'eux.

- Il ne fera pas de mal à Rashek. Seuls Löthar, Pollux et Genaro étaient ses cibles.

- Ah ouais ?

- Tu es si perspicace, Loth.

- Il a toujours été aimable avec Rashek. Quand j'ai découvert la vérité sur son identité, je me suis dit que c'était sans doute de la comédie. Mais quand le Frère Azraël simulait son attaque contre Rashek, j'ai vu dans ses yeux qu'il craignait vraiment pour lui. Parce qu'il tient à lui. Sur cette base, on ne peut que supposer que c'est grâce à lui que vous avez la vie sauve non ? Dans le groupe, c'est lui qui avait la tâche de tuer le prince héritier, mais il n'a pas pu commettre un crime aussi abominable, pas contre quelqu'un de la même tranche d'âge que lui. Il vous a permis de vous échapper, Amaryllis ?

- Tu as à moitié raison. Oui, c'est grâce à lui que j'ai la vie sauve. Il est mon étoile de miséricorde. D'ailleurs, il était bien sain d'esprit avant cette histoire. Même s'il m'a sauvé, sa conscience n'a pas supporté la vue des crimes de sang froids de ses camarades et il est devenu fou.
C'est tout ce que tu as découvert Loth ?


- Euh, oui. J'ai manqué quelque chose d'important ?

- Important, je ne sais pas. Mais oui, tu as loupé une partie de l'histoire, dit-il en déchirant sa soutane.

Au lieu d'un torse bodybuildé et peut-être balafré par les entrainements au sabre, ils se retrouvèrent à mater un corps fin et surtout saturé de bandages sur le tronc supérieur. Une tentative évidente de cacher la féminité de ce corps.

- Ouh là... Je ne l'avais pas vu venir celle-là... C'est donc vous, "le lotus aux pétales larmoyants qui refleurira", murmura-t-il en se souvenant de l'énigmatique réponse de Rashek.

- Je suis pas un prince mais une princesse. Chrysanthème Dujardin de mon nom.

- Racine Dujardin n'avait qu'un enfant. Qui êtes-vous ?

- Il n'en avait qu'un officiellement. Je suis née quelques mois après Amaryllis d'une relation extra conjugale. J'habitais dans le palais avec ma mère qui était une dame de la cour. Quand la rébellion a commencé et que la trahison des Pavois a été confirmée, père nous a regroupés pour fuir juste avant que Löthar et ses amis ne nous capturent grâce à des fléchettes tranquillisantes. Ils étaient infiltrés. Rashek a eu la tâche de se débarrasser des témoins. Ils ne savaient pas que j'étais une princesse, personne ne le savait.
Elle pleurait à chaude larme.

- Du coup, votre frère est vraiment mort ?

- Non. Il est vivant, Löthar m'a avoué l'avoir gardé en vie pour faire chanter les Pavois, mais il s'est échappé. À cause de cette bourde, ils sont devenus persona non grata sur Pétales et on fuit. De pérégrinations en pérégrinations, ils ont vécu de vols et d'escroqueries pendant des années avant d'atterrir ici.

- Raison de plus pour lâcher Genaro. Votre frère est vivant, il est là quelque part dehors. Vous pourriez le retrouver.

- C'est la prison qui m'attend et la mort sans doute vu que les Pavois paieront n'importe qui pour m'assassiner dans mon sommeil maintenant que vous allez leur dire mon ascendance.

- Je n'en ferai rien. Sur mon honneur, je vous le jure. Les meurtres sur cette île ont été commis par Dog Wildson, le tueur en série. Voilà, ce qui figurera dans mon rapport. À votre place, j'aurais agi depuis bien longtemps. Ils méritent ce qui leur est arrivé.

- Je pense de même, dit Loth. Je ne trahirai pas votre secret.

- Je ne peux vous juger après avoir laissé Dog partir en pensant qu'il avait tué Löthar. Mais vous ne tuerez pas Genaro sous mes yeux. Laissez-le et partez. Vous lui avez infligé une punition plus grande que la mort. Il passera ses jours en ressassant ce qui s'est passé il y a quinze ans. Regardez-le, il est enfermé dans sa propre tête.

- Si la marine-ça décide de vous laisser partir, moi-ça n'a rien à redire. Mais libérez Genaro.

- Hmph, merci de tout cœur. Mais je ne compte pas le laisser en vie. Loth, vous avez le projet de partir. S'il vous arrive un jour de rencontrer mon frère, vous lui direz ce que j'ai fait. Adieu ! Ajouta-t-elle les larmes aux yeux.

Elle raffermit sa poigne sur la gorge de Genaro puis se précipita dans le vide avec lui. Loth et les autres ne purent lâcher qu'un "Non!", avant de les voir disparaître de leur champ de vision. Ils se précipitèrent au bord du toit. À la lueur d'un éclair, ils virent Genaro en contrebas, dans le jardin d'Hariel. Ils y foncèrent et eurent la surprise de le voir en vie. Il ne s'était pas écrasé, on aurait plutôt dit que quelqu'un l'avait couché là. Aucune trace de Castiel ou de Chrysanthème Dujardin dans les environs.

- Ils s'éloignent vers le port. Ils sont deux. J'entends la voix de Castiel et de ... Samaël !

- Le maître de Loth ? Vous n'aviez pas dit que c'était une sorte d'ermite et qu'il dérivait sur Calm Belt la dernière fois que vous lui avez parlé ?

- C'est ce que je croyais, mais apparemment, je me trompais. Il a sans doute appeler ses contacts sur Pétales au lieu de s'y rendre. Il devait être dans les parages. C'est totalement sa manière de faire ça, il a dû savoir que Racine Dujardin avait une fille et a choisi de ne pas me donner cette info. Castiel était efféminé, ce n'était pas un secret. Il a dû comprendre et venir ici pour la sauver.
Ce type...

Loth ne finit pas sa phrase. C'est pour ce genre de moment très classe qu'il admirait et aimait son maître. Samaël n'avait pas son pareil pour réapparaître et disparaître.

- Bon, j'vais dormir moi, je suis frigorifiée. Je ferai mon rapport truqué demain, dit Lady comme si rien ne s'était passé. Pensez à aller chercher Rashek là-haut.

- Je suis crevé aussi.

- Vous avez gagné donc le pari ?

- Nan, sans votre trouvaille sur le passé d'Azraël, mon raisonnement aurait été faussé. Et nous avions deux tueurs au final. Un en auto défense et l'autre vengeur. Nous avons chacun trouvé une partie du puzzle. Mais au final, le plus important nous a échappé. C'était une fille !

- Héhéhéhé, c'était pas mal le coup de la fille. Elle a dit que vous alliez partir de l'île ? Vous ne voulez pas devenir marine ? Nous formerons une bonne équipe.

- Oh que non, j'ai du mal avec la loi. Et vous aussi sinon vous ne penseriez pas à falsifier votre rapport pour cacher l'existence d'une princesse tueuse.

- Je l'ai respectée pour ce qu'elle a fait. Ma devise, c'est "Une justice est au cas par cas". Si vous vous trouvez sur mon chemin dans un futur proche Loth, elle sera impitoyable ma justice.

- À la bonne heure !


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