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La voilà, Shimotsuki, la contrée de l'épée!



Le vent soufflait, rien de bien violent, juste ce qu’il fallait de douceur pour me faire émerger de ma torpeur. J’essayais de me rappeler l’enchainement des évènements qui m’avait conduit au lit, alors que je me redressais faisant tomber le bouquin qui était sur ma poitrine. Ça y est, ça me revenait enfin.  Je m’étais allongé pour lire au calme dans ma cabine et avait fini par m’endormir. Quelle heure pouvait-il bien être ? La nuit était tombée et avec elle, le bateau était devenu bien silencieux.

Je tendis la main et ramassais ma montre pour m’informer. Une heure trente-six minutes. J’avais sacrément dormi. De midi à une heure du matin, je dormais beaucoup ces temps-ci. Était-ce un fait dû à la mer ? Rien n’était moins sûr, mais c’était le septième jour successif maintenant. Je me chaussai, pris un fin paquet noir et sortis finalement de ma cabine pour me rendre sur le pont. Les planches craquaient doucement sous mes pas, mais ne me dissuadaient point dans mon entreprise. J’espérais juste qu’elles n’allaient réveiller aucun membre de l’équipage qui avait bien besoin de repos après la tempête que nous avions essuyé quelques temps après notre départ en mer.

Je finis par monter les marches bien plus silencieuses. J’arrivais sur le pont désert, baigné par la lueur des étoiles. Je regardai à gauche, puis à droite, aucun nuage à des kilomètres à la ronde.  Je  me rendais compte à cet instant que c’était la première fois depuis le début de mon voyage que j’avais pu connaitre pareille nuit de tranquillité. La brise marine sur mon visage et le calme qui l’accompagnait j’étais vraiment bien là. Cela me rappelait le bien être que je ressentais lorsque j’étais au dojo, après une longue journée de cours. J’en arrivais à repenser à  tout ce que j’avais dû laisser pour m’embarquer dans ce périple…

Maitre, j’honorerais notre promesse !
Je lâchais ces mots au vent, la tête levée vers les étoiles que je contemplais longuement.  Un petit moment de mélancolie auquel je me hâtais d’y mettre fin en baissant la tête et en me dirigeant vers le centre du pont supérieur.  Un moment où je suis tout seul, pourquoi ne pas en profiter pour réviser mes fondamentaux. D’autant plus que je dois reconnaitre que jusqu’à maintenant, j’ai négligé de mon entrainement. J’arriverais bientôt à destination. Je ne peux prendre à la légère ce qui m’attend là-bas plus longtemps.

Je détachais la ficelle du sac que j’avais pris avec moi et en sortit un coffret noir d’ébène que je posais à mes pieds. J’ouvris lentement et cérémonieusement le coffret pour en sortir mon partenaire préféré. Le Shokûto-Reiki. Un sabre vraiment long. Pas aussi long que le serait un Nôdachi, mais bien plus long qu’un katana normal. Me relevant lentement, je dégainais lentement dans un premier temps pour finir bien plus rapidement le mouvement. La Lame sortit de son fourreau en fendant l’air. Je rengainais de nouveau, mais exécutais le mouvement cette fois-ci encore plus rapidement.  Je le ressentais clairement en cet instant, les sensations étaient différentes. Mon « iai » était différent de celui que je faisais habituellement. Je repris plusieurs fois le mouvement ce soir-là, jusqu’à entrer en pleine concentration. Je voyais à présent devant moi comme une ombre de moi-même exécutant le mouvement, voyant clairement que ma main était en retard sur la ligne que traçait ce moi fictif.


La voilà, Shimotsuki, la contrée de l'épée! 70_rie11

Je continuai à faire le geste plusieurs heures encore. Je dus bien me rendre à l’évidence, que l’image que j’avais de mon propre mouvement était d’une classe au-dessus de ce dont j’étais capable après ces deux mois sans entrainement. Je devrais travailler dur, car si je ne m’abuse, il ne me restait plus que sept jours avant d’accoster à l’île de Shimotsuki, conformément au programme donné par le capitaine. Pour l’heure je choisis de m’arrêter et de retourner à cabine histoire de prendre un peu de repos. Sans m’en apercevoir, j’y avais passé la nuit, et les rayons du jour commençaient à paraitre. J’eus droit à quelques remarques du capitaine qui avait assisté à la fin de mon entrainement. Nous échangeâmes un peu avant que je retourne dans ma chambre, bien embêté par ma performance de la veille. Je me choisis de me laisser aller à ma lecture encore quelques heures avant d’aller m’y remettre. J’avais suffisamment paressé comme ça durant ces deux mois. Il était temps de se chauffer les muscles en prévision de la suite.


Dernière édition par Ezekiel Alexanders le Mer 24 Juin 2015 - 18:35, édité 1 fois
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Encore un peu hésitant je finis par me convaincre à me mettre en mouvement. Délaissant de nouveaux mes bouquins, je reprenais cette fois-ci un outil bien moins beau que celui avec lequel j’avais eu à m’exercer la veille et sortit de ma cabine pour monter sur le pont supérieur.  À la hauteur du soleil je conclus qu’on était proche de quinze heures, parfait pour commencer. Je m’affalais sur mes genoux dans la posture cérémonieuse un long moment les yeux fermés, entendant intérieurement les paroles que mon maitre me répétait sans cesse.

Graduellement, je partais. Je le sentais, et faisais de mon mieux pour ne pas perdre la sensation qui me parcourait le corps. Mon acuité montait, de même que ma perception des choses qui m’entouraient. Il était temps de commencer à présent, et de se remémorer toutes ces choses, que j’avais délaissées un long moment, par pure paresse. La tâche qui m’attendait à ma destination s’annonçait des plus ardues, et  nul doute que pour y survivre et en revenir vainqueur, que je devais être meilleur qu'à mon summum. J’empoignais le shinaï à mes côtés, ce lourd sabre de bambou et me redressais toujours silencieux. Je sentais les regards de l’équipage et des autres passagers présents sur moi, mais il faudra bien plus pour troubler ma concentration.

Le bambou fendit l’air une fois, puis une seconde, puis une troisième fois, et plusieurs fois de suite, suivant des trajectoires dont moi je n’avais à présent, que le  souvenir, et qui m’avait toujours  menée à  la victoire par le passé. Je donnais l’impression de danser à cause de la fluidité de mes gestes, qui semblaient continuer sans rupture. Danser, le mot était bien choisit, car ce que je travaillais pour l’heure n’étaient autre que les différents katas qui composaient le premier mouvement du style des fleurs de cerisiers, le "Samidare". Un exercice long et compliqué au cours duquel à plusieurs reprises, je pus ressentir les manquements dans ma maitrise du sabre. La nuance entre les trajectoires que je décrivaient et celles de ma mémoire soulevait en moi une certaine frustration. Point que je pris la peine de noter sur un parchemin à la fin de la séance afin de chercher trouver des contremesures dans mes ouvrages et combler ces déficits lors des séances suivantes.

Les journées qui suivirent se ressemblèrent énormément, car je multipliais comme jamais encore j’avais fait, le nombre de mes séances de travail. Le temps pressait, et je me devais de redevenir le plus performant possible, car m’attendait une tâche ardue. Un maitre dans un art n’était jamais un adversaire facile, surtout sur un lieu qui fut créé par l’un des plus grands bretteurs qu’ait pu porter ce monde, Roronoa Zoro, l’utilisateur du style à trois sabres, le Santoryuu. L’idée de me frotter à la crème de la crème avait comme un effet galvanisant sur moi, si bien que je ne me rendis même pas compte des jours qui passèrent à une vitesse folle, jusqu’à ce que j’entende au petit matin un membre de l’équipage chargée de la vigie crié :
Terre en vue !
À la seconde où j’eus suivi ces paroles, mon cœur bondit dans ma poitrine. Nous y étions enfin,  le moment que j’avais attendu durant ce long voyage allait avoir lieu là bientôt. La terre du maitre était à portée de mes doigts. J’allais fouler cette terre, et rien que d’y penser me faisait trembler chaque particule de mon corps. Je me hâtai à ranger ma cabine et à refaire mes affaires avant de monter sur le pont pour admirer le petit point au milieu des flots qui grossissait avec le temps.
Nous-y voilà donc…Shimotsuki !

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Un sentiment étrange s'emparait de moi, alors même que l'île se dévoilait ses traits pour la première fois à ma personne. Cette terre était peuplée, mais contrairement à ce à quoi je m'attendais, mère nature y avait pleinement conservée ses droits. Sans même que je m'en aperçoive, un sourire s'était incrusté sur mon visage, alors que je laissais mon regard errer dans ces immenses étendues vertes. Progressivement le vert gagnait en détails. Les nuances de vert de la robe qui recouvrait les massifs volcaniques de Shimotsuki apparaissaient à présent comme des clairières, les lignes bleutées qui serpentaient de certains pics montagneux jusqu'à l'océan se présentaient maintenant comme étant des cours d'eau. La nature savait bien faire les choses. Cette toile sauvage qu'elle avait dessinée, je ne pouvais m'empêcher d'être en admiration devant sa pure beauté, et mon timide sourire se voulait à présent plus prononcé que jamais, laissant à tous ceux qui aurait le regard à cet instant sur mon visage, le luxe d'admirer l'émerveillement dans lequel j'étais.

L'île donnait l'impression de grandir à mesure qu'on s'en rapprochait, et avec ce phénomène, le son des vagues à présent se mélangeait au cri des mouettes. Mes yeux qui erraient encore se posèrent alors sur ce qui me semblait être une voie de circulation. La suivant du regard, je finis par découvrir où elle menait. Une importante agglomération se présentait à moi. Avec cette découverte mon sourire s'effaça et les traits de mon visage se durcirent légèrement. Là, à quelques lieues au-dessus du niveau de l'océan se tenait la raison pour laquelle j'avais pris la mer. Jamais encore le temps ne me sembla s'écouler aussi lentement, alors que le mélange d'émotions croissantes en moi me donna la chaire de poule. Je frissonnais tellement d'impatience que je décidai de descendre au pont inférieur prendre un verre d'eau, et essayer de me calmer.  Je m'installais au comptoir du bar et  commençais à échanger avec le  maitre des liqueurs sur ce vaisseau, histoire de diriger mon attention ailleurs. Ce n'était plus qu'une question de temps, la longue traversée était bientôt finie, l'heure de la récréation sonnerait bientôt.

La discussion battait son plein lorsqu'un membre de l'équipage vint me prévenir que l'Ispañola venait de jeter l'encre au port de Nagaya et que le débarquement allait commencer. Je le remerciais d'être venu me prévenir et prit congé du barman pour me rediriger vers le pont supérieur. Durant le trajet vers ce dernier, j'en profitais pour questionner le matelot qui m'accompagnait sur les spécificités du port où nous venions d'accoster afin d'en apprendre un peu plus. Il m'apprit que ce port était le seul de l'île et qu'un village y avait été bati afin d'accueillir des touristes. Il m'informa également que dans ce petit village se trouvait la garnison militaire chargée d'assurer la sécurité de tout l'île, chose qui ne manqua point de me surprendre. Pourquoi installer la garnison dans un petit village et non dans la grande cité que j'avais pu observer durant notre approche? Loin étais-je, de me douter que je trouverai la réponse aussitôt que  je foulerai la terre ferme.

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