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Chroniques du retour à la vie civile, partie 1: Le Baratié.

Je vagabonde depuis longtemps, trop longtemps. Depuis ma destitution, je perds mon temps, des mois de perdus. Des mois où j'ai presque tout fait, j'ai même fait la manche. J'ai surtout fait la manche. Alors, il y a de ça quelques semaines, j'ai pris une décision, il est temps de repartir de zéro. Je ne sais faire que deux choses la popote et la bagarre. Pour ce qui est de la bagarre, je préfère éviter d'y recourir à nouveau. Il me reste donc que la cuisine. J'ai postulé dans plusieurs restaurants, mais ça n'a pas fonctionné, à chaque fois, il me regardait de bas en haut puis me sortait que je ne ferais pas l'affaire. J'ai eu la sérieuse envie de leur mettre ma métacarpe en travers de leur mandibule, mais cela n'aurait pas été correct. Alors j'ai décidé de me tourner vers ce que le « trois étoiles des rebuts » , aussi connu sous le nom de Baratié. Je vais vous éviter les détails de mon odyssée pour y parvenir, mais sachez que quand on est fauchés et pas très propres, il devient vite compliqué de se mouvoir par delà les océans.
Bref, toujours est-il qu'après quelques semaines de galère dans des galères, j'ai réussi à me retrouver, je ne sais comment, sur le parvis du Baratié. Enfin, bien évidemment que je sais comment, mais il n'est pas utile, ni même intéressant, de le développer. Donc me voilà devant la porte du restaurant,j'attrape la pognée, la tourne, elle m'a l'air bloqué, alors je force.

CRAC

J'ai peut être un peu trop forcé. Maintenant que j'ai légèrement abîmé la porte autant rentrer, ce serait bête d'avoir casser la serrure pour rien.Quand je rentre je vois une dizaine d'aimables personnes disposant de faciès type crimier orné de cicatrices pointant des couteaux. Il me semble inutile de préciser que les couteaux étaient pointé dans ma direction. Il faut que je fasse un bonne première impression, faut que je sorte ma voix de gentil.


-Euh...  Désolé pour la porte. Bonjour, je viens postuler. Comment allez vous ? Bien j'espère.... Je vous ai déjà dit que j'étais désolé pour la porte ?


Leur visages restent stoïques. Alors je sors mon plus grand sourire, celui qui relie mes deux oreilles et laisse entrevoir mes dents. On est tous là comme des chiens de faïence à se regarder, les secondes paraissent de plus en plus longues. Puis il y a un homme, ou peut être que c'est une femme, j'ai un doute à cause de son visage fin, qui s'avance.


-Lud', va vous emmener à Chef Kintoki. Lud, emmène le. Bon maintenant on reprend le boulot, dans deux heures le service commence !

-Oui m'sieur René, j'y vais de ce pas.


Là, il y a un commis avec toute sa panoplie qui se pose devant moi. Quand je dis panoplie j'entends bien sûr le calot et le tablier plein de tache, les jeunes ne savent vraiment plus travailler proprement. Il me demande de le suivre, je le suis. On monte. On commence à entendre du saxophone. Plus on avance plus la musique devient forte. Là, le jeune commence à me parler :

-J'vous laisse ici, m'sieur, j'veux pas interrompre l'chef pendant son jour de r'pos, vous comprenez m'sieur.

-Mmmmh... D'accord. C'est la porte du fond, c'est ça ?

Il hoche la tête. J'y vais. Je toque doucement à la porte, il ne faudrait pas casser une seconde porte, ce serait pas bien malin. Pas de réponse. Je toque un peu plus fort. Toujours pas de réponse, mais le saxo continue et en plus il commence à chanter. Je toque encore une fois. Encore pas de réponse. Mon tic de la jambe commence. Je sers le poing et frappe à la porte.

Crac.

Les portes sont vraiment pas solides par ici. Je rentre. Devant moi, un grand fauteuil retourné avec un bout de saxophone qui dépasse. Apparemment, mon entrée ne l'a pas fait décrocher, il continue de chanter et de jouer.

-Oh yeah baby, j'suis qu'un artiste sur son bateau, hinhin, voguant sur l'eau, hinhin,....
-Bonjour Monsieur, veuillez bien m'excuser...
-... Jouant avec son saxo, hinhin,  sur terre les gens m'prennaient pour un barjo, hinhin...

Bon, il est temps de sortir, ma voix de gros méchant.

-Bonjour Monsieur.

Là, il sursaute de son fauteuil et tombe. Il me regarde depuis le sol avec ses yeux grands ouverts. Il faut dire que le fait qu'il soit en contre-plongée ajouté au fait que je touche presque le plafond  doivent un peu l'impressionner. Un peu. Je reprends ma voix de nounours.

-Veuillez bien m'excuser pour le dérangement, mais je souhaiterais travailler ici, si c'est possible.
-Tu veux bosser ? Bah, ouaip, pas de soucis mon grand, mais les finances sont un peu ric-rac en ce moment, alors tu seras pas payé, mais juste nourris logé. Et tu dormiras probablement sur le toit, on t'installera une tente, tu passeras probablement pas dans les dortoirs.
-D'accord Monsieur, merci, ça me va totalement.
-Sinon la porte, c'est toi ?
-Désolé. J'ai toqué un peu trop fort.
-Ahahahahahaha, excellente celle là, on me l'avait jamais faite, faudra que tu la répares. Descends et va voir Pat', aujourd'hui je suis de repos.
-Entendu Monsieur, je m'y rend de ce pas.
-Et oublie les «  Monsieur » appelle moi chef ou Saxy. Pense à refermer la porte.
-D'accord chef Saxy. Mais pour la porte je fais comment ?

C'est trop tard, il recommence déjà à jouer. Je prends ce qui reste de la porte et j'essaie tant bien que mal de la réparer. Le résultat n'est pas bien glorieux. Puis je descends.


Une fois en bas, je vais dans la cuisine et je ressens toute l'intensité qui s'en dégage, le service ne commence dans une heure mais ils sont déjà à fond. Les chefs hurlent à leurs sous-chefs qui hurlent aux cuisiniers qui hurlent à leur tour sur les commis qui eux ne hurlent sur personne, ce qui est logique vu qu'ils sont en bas de la chaîne « alimentaire » de la cuisine, remarque il pourrait crier sur les carottes et pommes de terre mais je doute que cela soit utile. Du coup, pour repérer le chef, il suffit de repérer celui qui est le plus écouté et non celui qui hurle le plus fort, en pratique le plus simple est de partir du commis pour remonter en haut de la chaîne. Je passe donc du commis de tout à l'heure à un mec portant un masque et n'ayant pas l'air très consciencieux et qui se fait engueuler par un nain, un vrai nain avec une énorme moustache. Le nain semble écouter la personne androgyne de tout à l'heure. Alors je m'approche aussi discretement que je le peux et l'interpelle en posant ma paluche sur son épaule.

-Excusez moi, Pat', c'est bien ça ?
-Oui, c'est moi, Saxy t'a embauché ?
-Oui chef.
-Bon va voir Lud aide le à finir ses légumes.
-Lud ?
-Celui qui t'a emmené là haut, fais vite.
-Oui chef.


Je traverse la cuisine et rejoins ce fameux Lud. Le pauvre est devant deux ou trois sacs de pommes de terre, autant de carottes, de courgettes et un sac de petits pois. Le pauvre, c'est affreux d'éplucher les petits poids.


-Bonjour Lud, c'est ça ?
-Oui, enfin non m'sieur, mon nom c'est Lucius Ulrich David mais on m'appelle Lud, c'est plus simple. Et vous ?
-Moi, c'est Sylvanus Leparre, mais tu peux m'appeler Syl. Donc, on doit éplucher ça et après ?
-On tranche les carottes, on touche pas aux petits pois, on écrase les pommes de terre et on fait des cubes de courgettes.
-Et ensuite ?
-Bah, ça nous prendra bien deux heures.
-Deux heures ? Ahahahaha.
-Bah quoi ?
-Non rien. Dans si ça doit nous prendre deux heures autant commencer maintenant, tu préfères que je fasse quoi ?
-Les petits pois.
-Tu es un malin toi.


Oui, car éplucher les petits poids doit faire partie de mon top trois des corvées les plus affreuses en cuisine. Pourquoi ? Vous avez vu mes mains ? Si oui, vous devez comprendre qu'elles sont plus faites pour casser des noix de coco qu’éplucher des billes minuscules. En plus ça prend super longtemps. Alors que les carottes c'est plutôt rapide, tu prends ta carotte dans une main, ton couteau dans l'autre et puis tu épluches, tu tournes. Ça prend cinq coups de couteau. Tout en travaillant on discute, c'est un bon jeune ce petit.


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Ça doit bien faire maintenant quelques jours, ou quelques semaines, que je suis arrivé ici, alors je vais vous faire un petit bilan. Les premiers jours n'ont pas été bien géniaux, j'ai fait les corvées avec Lud et les autres commis, ce qui est disons le, bien en dessous de mes capacités, j'avais même pas de tente sur le toit et il a plu. Cependant, maintenant ça va quand même mieux on m'a mis chef saucier car il n'y en avait pas encore, paraîtrait que le dernier a dû fuir après que son ex-femme l'ait retrouvé. Je dors encore sur le toit mais j'ai une tente du coup c'est vraiment sympa.

Les journées se suivaient et se ressemblaient jusqu'à hier. Pourquoi hier ? Et bien, les serveurs étaient en grève, mais à cela rien de bien inhabituel, ils sont toujours en grève ces fainéants. Bon, je devrais peut être pas les traiter de fainéants, ce n'est pas très gentil. Bref, vu qu'ils n'étaient pas là, c'est les commis qui ont dû faire le service, du coup il y a eu des bourdes, des clients qu'ont failli se faire « masser » et j'en passe, mais à cela rien de bien inhabituel me direz-vous. Je suis d'accord, c'est le Baratie. Il y a quand même eu un truc un peu particulier qui s'est passé, quand le petit Lud servait la table vingt sept, un des clients s'est levé et a hurlé
« C'est un Ludwig Van Clone » puis a commencé à le menacer avec un couteau pour le faire venir avec lui. Je vais être honnête, je n'ai idée de ce qu'est un Ludwig Van Clone et ça ne m’intéresse pas plus que ça, mais on ne menace pas les commis, sauf si c'est ton commis, dans ce cas là tu as tous les droits. Alors j'ai activé mon mode « gros méchant tout vilain pas beau » et suis allé les interrompre. Là, non seulement ça ne l'a pas arrêté cet idiot mais en plus il a essayé de m'attaquer, vous me connaissez, je ne suis pas un violent mais dans un cas comme ça faut avoir recours à la force, alors ma petite paluche, la droite est un peu plus petite que la gauche, est partie s'écraser sur son visage. Suite à ça il a valdingué dans toute la salle et a traversé un mur, j'avais un peu trop forcé et je me suis fait engueuler par Chef Pat et Chef Saxy pour avoir cassé le mur bien entendu. On ne peut plus naturellement, c'est le Monsieur qui accompagnait l'autre énergumène qui a du payer l'addition, avec les suppléments « mur cassé » et « chef saucier dérangé ». Je doute qu'ils reviennent de si tôt ces deux gusses. Vu qu'on a eu plein de boulot j'ai pas pu discuter de l'incident avec Lud, mais je compte bien m'en occuper aujourd'hui.

Me voilà donc accroupi, dans la cale, essayant tant bien que mal de me frayer un chemin jusqu'au minuscule dortoir des commis sans casser trop de choses. J'arrive devant la porte, je toque, à peine ma main touche la porte que cette dernière part, j'en ai marre de ces portes qui ne tiennent pas. Enfin bref, je passe ma tête par la porte :


-Lud, peux tu venir, s'il te plait ? Je pense qu'il est nécessaire de parler.
-D'accord m'sieur Syl, j'arrive de suite m'sieur, montez, j'vous rejoins.
-Mmh, d'accord, je t'attends là-haut.


Je sors et reprends mon parcours du combattant afin de remonter à la surface. Une fois en haut, je fais chauffer de l'eau, sort la théière et attends le môme car une bonne parlotte sans thé n'est pas une bonne parlotte mais juste une bonne parloe. Vous avez compris ? Le thé, la lettre t. Bon d'accord promis, je ne le ferrais plus, P'pa m'avait déjà dit de passer essayer l'humour, parce que non seulement j'étais pas très bon là dedans mais qu'en plus mon physique ne s'y prêtait pas. Une fois le thé prêt, j'en sers deux tasses et j'attends. Et ma jambe n'aime pas attendre, quand j'attends elle, elle se débat et quand ma jambe se débat tout le navire le ressent. Étrangement, au bout de cinq minutes je le vois arriver en courant.


-Désolé m'sieur Syl pour le retard.
-Mmmh.....


Je lui tends sa tasse.

-Merci m'sieur Syl.
-.... Bon, tu vas m'expliquer ?
-Vous expliquez quoi m'sieur Syl ?

Là, il doit sentir mon regard « Le Monsieur veut pas à avoir à reposer sa question, t'es pas idiot alors devine » qui est couplé à mon croisement de bras et à ma tête un peu penché vers l'avant.

-Bon, d'accord, m'sieur Syl, vous avez entendu de Ludwig Van Ghost ?
-Mmh...
-Et bien le truc c'est qu'il a perdu le contrôle de ses clônes y'a pas longtemps, vous savez on a appelé ça la zérolution.
-... Oui, et ? Car excuse moi, mais je ne vois pas le rapport.
-Bah, il semblerait que je lui ressemble.
-Mais, vous ne vous ressemblez pas du tout, sa cicatrice s’arrête juste en dessous de la pommette alors que la tienne elle s'arrête sur la pommette, il doit bien y avoir deux ou trois millimètres d'écart. En plus t'as l'air d'un enfant et je peux t'assurer que Le Ludwig, il n'a pas l'air d'un enfant.
-Je sais, c'est ce que je me tue à expliquer aux gens, mais dès qu'on en arrive à parler argent, ils pensent plus ces cons là, ils voient que des biftons m'sieur !
-Ton langage.
-Désolé m'sieur Syl, j'voulais dire ces idiots là et que des billets.
-C'est mieux.


Je bois un peu de thé. Pauvre gamin, il a vraiment pas de chance, c'est vrai que dès qu'on parle argent, il y a beaucoup de cerveaux qui s'auto-anesthésient.

-Ne t'en fais pas gamin, je les laisserais pas te toucher, tu es un bon gamin, tu ne mérites pas ça. Les chefs sont au courant ?
-Ouaip m'sieur, j'l'avais dit à M'sieur Kintoki.
-Et ?
-Il a dit qu'il y avait pas d'soucis, qu'il me garderait tant que je bosserais bien m'sieur.
-Mais tu sais que si la rumeur se propage, tu vas mettre l'établissement dans la mouise, non ? Pourquoi tu ne te rends pas juste à la marine, j'y connais quelques bons gars, ils pourraient même te faire bosser dans les cuisines de MarineFord.
-Sans vouloir vous vexer m'sieur, mais j'veux pas, j'suis libre, j'ai rien fait de mal, je vois pas pourquoi j'devrais me faire enfermer pour un truc dont j'y suis pour rien, vous comprenez.

C'est vrai qu'il a pas tord le môme, ce serait injuste.

-Oui, pardonne-moi, j'y avais pas réfléchis comme ça.
-Non pas de soucis, c'est tout vous aviez d'autres choses à me dire, m'sieur ?
-Non, rien de bien spécial, tu veux apprendre à faire un pecora stufata ?

Là, le Lud il se met à sourire, c'est un vraiment un bon gosse.
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Le service se termine. Les gars sont épuisés et tiennent à peine debout mais paradoxalement leur visages sont illuminés, aujourd'hui , pour la première fois, on a été parfait : pas d'engueulade, pas de grève, pas de client mécontent ou de mauvais payeur, il aura fallu attendre ma soixantième représentation pour que cela arrive mais cela valait le coup. Là, nous n'avons qu'une envie, celle de s'arrêter, de dire « tant pis, on fera le ménage demain, on sort se fumer une cigarette et écouter le chef jouer du saxo avec une bière à la main », même moi, certes pas pour la bière ou la cigarette, j'ai aussi aussi cette envie mais, je suis chef de partie, je dois montrer l'exemple. Cependant, il ne serait pas juste d'imposer cela aux autres, ce n'est pas parce que je me dois de rester qu'eux aussi le doivent, de plus, quand les personnes font du bon boulot, il faut les récompenser, alors je me tourne vers mes commis.

-Bon, je tiens à vous féliciter les gars, vous avez été super, faudra m'expliquer pourquoi vous n'êtes pas aussi géniaux tous les soirs, bwahahahahaha !

Ils lancent de petits rires forcés accompagnés de sourires qui le sont tout autant.

-Je sais très bien que ça ne vous intéresse pas plus que ça, mais je tenais à vous le dire. En revanche ce que je vais vous dire va sûrement plus vous parler, videz vos plans, posez ce qu'il y a nettoyer dans la plonge et sortez vous détendre, je m'occupe du reste, vous l'avez bien mérité.

J'ai pas terminé ma phrase que mon évier est déjà plein et les commis déjà dehors, ce qui en soit était prévisible. Ce qui ne l'était pas tant que ça, c'est que les autres parties ont profité de l'occasion pour me faire la même.

-Bande d'enf... excusez moi, bande de petits malins.

Je parle dans le vide. Il n'y a plus que des plonges pleines, des tables sales et moi dans la cuisine. Je ne vous cacherais pas que je suis un peu énervé, bien que je sache que je n'ai le droit de l'être, je leur ai offert une occasion, je ne peux leur en vouloir de l'avoir saisie, ce n'est que de ma faute et je ne peux m'en prendre qu'à moi même alors j'attrape un sceau que je remplis d'eau bouillonnante savonneuse ainsi qu'une éponge, puis je me mets à frotter. Alors que je sens mes courbatures travailler, j'entends le saxophone du Chef, les rires des autres, cela fait disparaître presque aussitôt mes douleurs et me remotive. Très vite, les fours et autres reluisent et il ne me reste que la vaisselle à faire. Éponge à la main je m'avance vers la plonge du poisson en espérant que pour une fois, ils ont pensé à bien faire tremper les casseroles et les poêles car ils ont le don d'incruster toute sorte de choses sur ces pauvres ustensiles. Peine perdue, l'huile de coude devra compenser. Je frotte. La porte s'ouvre.

-Si c'est vous les gars du poisson, pensez à faire tremper vos poêles ou apprenez à en prendre soin ! C'est pénible à la fin !

J'entends des bruits de pas, des bruits désynchronisées, qui se rapprochent, en revanche pas de réponse, même pas une excuse pleine de mauvaise foi.

-Les gars, n'avancez pas, j'viens de quasiment tout nettoyer, si vous voulez un pack, demandez j'irais vous le prendre, mais ne venez pas saloper ma cuisine.

Les bruits de pas continuent. Faut pas exagérer. J'attrape le plus gros couteau à ma portée et le lance vers eux.

-Mais t'es totalement barge espèce de fils de pute ! Tu t'prends pour qui pour nous lancer un couteau dessus ! T'as failli m'buter batard !

Foutaises ! Je n'ai pas failli le tuer ce pauvre bougre, si j'avais voulu le faire, il ne s'en plaindrait pas, croyez moi. Je me tourne vers lui. Qui sont ces gens ?En regardant les trois de devant je vois : jambes de bois, perroquet sur l'épaule, tricorne, œil en verre, j'opterais pour des pirates, cependant, il ne faut pas juger un plat à son apparence comme me disait toujours mon père.

-Excusez moi, mais qui êtes vous ?
-Qui on est ? Mwouhouhouhou !

Ils continuent d'avancer, en dansant qui plus, certes bien, mais en dansant quand même.

♫Qui contrôle East blue ? C'est nous, c'est nous, les chasseurs de pierres.♫
-D'accord messieurs, mais veuillez vous arrêtez.
♫ Qui corrompt les élus locaux ? C'est nous, c'est nous les chasseurs de pierres♫
-S'il vous plait arrêtez vous.
♫Qui pillent des bateaux en toute impunités ? C'est nous, c'est nooooooooooooooo
- ARRÊTEZ VOUS ICI ! VOUS NE PASSEREZ PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAS !
-OHHHHH l'enculé de fils de pute de plongeur incompétent dans une cargotte ! Qu'est ce qu'il a cassé notre présentation musicale !
-Enculé ? Fils de pute? PLONGEUR? CARGOTTE ? INCOMPÉTENT ????

Mes poings se serrent. Mon cœur accélère. Mes yeux s'ouvrent en grand. Non, Syl, respire, garde ton calme. Mes battements se stabilisent.

-En plus il est teubé ce batard. Bref, casse toi, on vient récupérer quelqu'un.

J'expire totalement, mon cœur revient à la normal ainsi que l'ouverture de mes yeux.

-Sachez d'abord,que mes parents sont mariés, je ne suis donc en rien un « bâtard », sachez ensuite, que vous désormais en train de salir une cuisine que j'ai mis des heures à nettoyer et sachez pour finir que je suis TRÈS ÉNERVÉ MAINTENANT !

J'attrape, à la manière d'une épée, la serpillière se trouvant dans un sceau non loin, je la tire de manière à envoyer le sceau sur ces gentlemans. Un d'entre eux se le prend et est allongé par le puissance du coup. Plus que six. J'abats un coup franc et vertical sur le crâne de l'homme le plus proche donc le visage finit par s'incruster dans le sol. Plus que cinq. Mon arme de fortune part frapper la personne à gauche qui recule d'un pas mais qui se fait fouetter par les franges de la serpillière. Son visage se tourne et l’œil en verre sort de son orbite sous l'impact, puis coup d'estoc dans la poitrine. Plus que quatre. Il y en a qui court vers moi et abat son sabre, j'esquive, mais le plan lui n'esquive pas et l'épée se retrouve encastrée dans le marbre. Il était neuf, faudra le changer. Alors qu'il tente de retirer son épée, je le frappe avec mon épée improvisée. Le manche se brise sous l'impact, je le lâcher Plus que trois. Je sens une douleur au dessus des hanches. Je tourne le visage. Un couteau est planté, un homme y est accroché, mauvaise idée, je lève mon coude, attrape le poing du coude levé et j'appuie. L'homme est au sol, la lame retirée et mon sang gicle, il faut que je termine vite. Encore deux. Je saute sur celui qui avait la jambe de bois, il serait plus correct de dire que je le plaque, mon coté me fait horriblement mal durant l'impact, puis une fois bien attrapé, je le renverse et l'enfonce la tête la première dans la plonge. Encore un, le chef. Je spécule, je dis juste cela car il a un tricorne. Il me vise avec son pistolet. J'attrape un wok dans la plonge où se trouve son ami, en lui mettant un coup au passage. Il tire. BING. Dans le wok. Il commence à paniquer et se met à canarder. RIBIBIBIBIBIBIIIIIIIIIIIIING. Je pars avec le wok. Il laisse tomber son arme et s'enfuit. Je lui envoie mon bouclier de fortune à la manière d'un disque. BLANK. Un homme au sol. Fini.

Je me traîne jusqu'à la sortie en m'appuyant sur les plans de travail laissant derrière moi des traînées de sang et une cuisine dans un affreux état. Arrivé dehors, j'vois une montagne de corps et le reste de la brigade bien énervée.

-Il y en a sept autres dans la cuisine.

Je referme la porte et m'assoie contre elle. Ils me regardent tous et tapent un fou rire collectif.

-Que voulaient-ils ?
- Tu sais, rien de nouveau sur East Blue, ils voulaient la recette.
-Mmh, ils m'ont aussi parlé d'un homme, je crois.
-AH ouaip, c'vrai, ils voulaient aussi Lud.

Je regarde Lud qui a un air désolé sur le visage. Il s'en veut. Il sait qu'il va devoir partir, on ne le foutra pas dehors, mais il ne peut pas rester. Il n'y est pour rien, c'est injuste. Ça me révulse. Je me lève difficilement et je vais vers le gamin. Je pose ma main sur mon épaule à la fois pour réconforter et pour m'appuyer.

-Bon, on sait tous que Lud ne peut rester. Il partira. Il partira demain matin. J'irais avec lui.

Le reste de la brigade est silencieux. On récupère les corps inconscients , les charge sur leur embarcation, on en casse le gouvernail et on défait les accroches d'abordage puis on va se coucher.

Le lendemain matin, on dit adieu au reste de l'équipe. Des larmes sont versées, pas beaucoup, mais il y en a. Le Chef nous donne un peu de vivre et de l'argent.

-Non, c'est bon, on se débrouillera sans.
-Allez y prenez, c'est votre solde de tout compte
-Mais les finances du restaurant sont mauvaises.
-T'en fais pas, c'est la thune des couillons d'hier, yeah baby !

Je prends l'argent finalement. Il est impoli de refuser un cadeau. Nous échangeons une ultime poignée de main, une vraie poignée d'homme. On monte sur une des barques de secours du bateau et on rame en silence avec Lud. Petit à petit le Baratie s'éloigne et se réduit. Quand on ne l’aperçoit plus le gamin se met à me parler.

-Vous étiez pas obligé M'sieur Syl.
-Je sais, dans la vie on est obligé à rien Lud.
-Oui, mais pourquoi vous l'avez fait ?
-Parce que c'est juste.

Le silence reprend.
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