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Le Roi sur son Tas de Gravats

Rappel du premier message :


La barque est ballotée par la mer et avance doucement. Progressivement, l'île à l'horizon grossie et se fait plus en détail. La jungle calcinée fume encore après l'incendie qui la ravagé. Le village de pierre s'est transformé en village de bois. Les quelques bâtisses encore debout souffrent de l'être et se font rare. Le calme y règne cependant. Un calme bien étrange pour une île de pirates qui festoie d'ordinaire. L'heure n'est pas à la célébration.

Pas encore, tout du moins.

Sur Jaya, on guette l'horizon.

Flist fait installer un échaffaud qui n'attend qu'à être finalement utilisé. Sur la poutre, cinq cordes pendent dans le vide et se balancent au gré du vent qui souffle. Un jeune mousse vient l'interrompre dans sa contemplation pour lui annoncer une nouvelle : Une barque se pointe à l'horizon. Et au vu de sa vitesse, elle sera sur place à onze heures.

Onze heures.

Flist esquisse un sourire mitigé alors que sa moustache s'étire avec ce rictus. Il tapote l'épaule du gamin et lui ordonne d'aller se mettre à sa place. “De se préparer” ajoute-t-il en s'avançant vers le port décimé pour constater par lui-même. Il sort un escargophone de sa poche intérieure qui vibre dans sa main. Une première question “Alors ?”.

Une barque approche. Une barque, pas un galion comme je le désirais.
Et donc ?
Ils ne respectent pas le marché.
Mh...
Ça tombe bien, nous non plus !
Rit-il. Passez leur les boulets, et balancez-les à la mer !

Et Flist raccroche.

Il reporte son attention entière sur la barque qui touche enfin terre. A l'intérieur, deux personnes. Un homme dont il désire la tête. Une femme qui avait promis d'escorter le premier. Et Flist les contemple tous les deux avant de lancer :

Ni en avance, ni en retard, raille-t-il avec un mépris assumé.

Il paraît qu'on ne joue pas avec le Diable.
Surtout quand on a signé un contrat avec lui.

    Pour dire vrai, elle ne s'était pas rendue compte de grand chose. Lorsque son genou rencontra un rocher tranchant, quand ses paumes touchèrent la terre et se rappèrent sur le sable, elle n'eut qu'un moment de flottemment, avant de se retourner pour comprendre.

    D'abord en voyant Flist poignarder Oswald. A plusieurs reprises. Elle fut totalement prise de court, sans trop savoir de quoi il en retournait. Sans trop savoir si c'était vrai, ou pas. Les yeux écarquillés, pas encore saisie par la surprise, ni par la stupeur, mais par un instant qu'elle ne pouvait admettre comme vrai. Puis, en le voyant lâcher le corps de Double-Face, le voir s'écrouler par terre pour ne pas se relever, c'était toute une partie d'elle qui s'arrachait en même temps. Elle mit un temps considérable à réaliser ce qu'il se passait. Et quand elle vit le regard fou de Flist se tournait vers elle, elle eut encore plus de mal à saisir.

    Oswald ? Eut-elle envie de demander. Pour le voir se relever, et dire entre deux sourires que c'était rien, qu'il avait pas si mal. Mais rien. Rien ne sortit de ses lèvres, elle ne put mirer que Flist se rapprochait d'elle, se ruait vers elle, pour lui infliger probablement le même sort.

    Son corps se mit en branle plus rapidement qu'elle. L'armement la recouvrant entièrement, sa main saisit le poignet de Flist se dirigeant vers ses côtes pour la planter, et elle le fit glisser souplement en accompagnant son mouvement. Du reste, elle le laissa mener la suite, en armant son poing. L'esprit occupé par la survie de son ami. Mais bien incapable de lâcher un traître mot. Flist s'écrasa un peu plus loin, alors qu'elle prenait le pas vers le corps d'Oswald. Du répit. C'était tout ce qu'elle demandait sur le moment. En tombant à genoux à côté de lui, et en le retournant, le cœur accroché à l'espoir de le voir lui parler, elle espérait comme une folle hurlait après la liberté et la raison.

    Oswald...?!

    Et elle appela. Une fois. Puis deux. Puis trois. Avant de le secouer en sentant que ça ne servirait à rien. Les yeux embués de larmes, à les sentir couler, les unes après les autres sur ses joues. Les hommes du Léviathan débarqués avaient l'occasion d'entendre ses cris désespérés. Flist devait jubiler de la contempler ainsi. Se détruire, voir tous les pièces de son elle s'effondrer. Pas lui, qu'une voix hurlait à l'intérieur de sa tête. Tout le monde sauf lui.

    OSWAAAAALD ! REVEILLE-TOI !!!!!

    Sourde à tout, elle le fut moins en entendant le rire du Crochet dans son dos, se relevant en époussetant la poussière sur ses vêtements abîmés. Elle se retourna lentement vers lui, les yeux plissés par l'incompréhension. La gorge sèche et les joues trop humides. Et lui, il se marrait. La rousse eut d'ailleurs envie de lui demander ce qu'il pouvait y avoir de drôle là-dedans. Mais encore une fois, rien. Juste un souffle lent et la vue brouillée par les larmes. Et des témoins par centaines de cette scène.

    Témoins du pire.

    Car lorsque Lilou se remit sur ses jambes, ce fut avec une haine au cœur, qui battait si fort. Lorsqu'elle fit un pas vers lui, ce fut avec le Haki Royal en renfort, qui écrasait tout ce qu'il pouvait à ses côtés. Ses pas lent devinrent des pas de courses, et elle se rua sur Flist comme une bête sur sa proie, toutes griffes dehors avec l'envie intarissable de lui faire mal. De lui faire si mal qu'il en viendrait à regretter le fait même d'être né. Lorsqu'elle lui écrasa son poing sur la pommette avec tant de conviction, Flist eut toute l'occasion d'appréhender que ça ne serait pas aussi simple qu'avant. Il réussit bien à lui entailler profondément le bras, mais elle lui rétorqua une autre droite avec tant de ferveur qu'elle en sentit ses phalanges craquer. L'une se briser. Et elle lui en retourna une autre ensuite. Et une autre. Encore une autre.

    Ses retours ne furent qu'anecdotiques dans l'esprit de la rouquine. La douleur bien secondaire comparé à ce qu'elle éprouvait dans l'immédiat. Une intense peine qui gangrenait beaucoup trop vite.

    Il n'y eut qu'un coup tranchant dans le ventre pour la faire reculer d'un pas, et poser le genou à terre. Le souffle coupé.

    Et du sang sur les mains.
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    Ils m'ont dit que je devais y aller ; à tout prix. Pour la toute première fois de ma vie militaire, j'ai renâclé. Parce qu'à l'infirmerie, pour la première fois aussi, j'avais l'impression d'être plus utile qu'au front. Pendant le reste de la bataille et la traversée, j'ai cautérisé un nombre de plaies tel que même le doc Wells, un foutu putain de pessimiste, même lui, j'ai vu qu'il avait le sourire qui le démangeait sous son masque de coup dur perpétuel. J'suis sûre qu'ils pensaient pas pouvoir sauver autant de gens, ni être aussi précis dans les opérations. J'ai ruiné les possibilités d'infection, qu'ils ont dit ; et je les crois. J'aurais voulu continuer, je me serais sûrement trouvé un prétexte pour laisser tomber la bataille avec les feux et les sabres pour retourner mener l'autre, celle avec les membres disloqués et les sangs mélangés. Ouais, je l'aurais fait, quitte à encourir les blâmes – je suis plus à un près – et à me faire pourrir par Ketsuno qui m'a mauvaise depuis l'histoire avec Andy. J'avais même pas vérifié la poudre de ma poivrière et le canon de mon fusil, et si mes os de mouton sont logés dans mes poches, c'est plus par le miracle de l'habitude que par précaution.

    Les cris des jeunes loups autour de moi, prêts à se gaver du dernier sang, ils m'ont pas pris à la gorge comme d'habitude. Mon escadron, je me suis pas sentie faire corps avec ; pour la toute première fois depuis que j'ai pris assez de galon pour en diriger un. Sombre, de mauvais poil, j'ai marché au pas en regardant les ruines d'une ville prospère dans laquelle j'avais cru pouvoir kiffé vivre. J'ai cherché dans ma veste la mèche de cheveux récupérée sur le corps de Juha sans la trouver ; puis je me suis souvenu que je l'avais donnée à Craig quand la drogue du poulpe m'avait arraché la conscience pour mieux la délocaliser sur une autre galaxie. J'ai baissé la tête, j'ai pensé à autre chose.

    Et quand je t'ai vu, j'ai compris à quel point j'étais à l'ouest. A quel point on était tous à l'ouest, en pensant qu'on avait gagné. Gagné selon la loi de la nécessité. Nécessité vautrée écrasée devant les genoux, les tiens, Lilou ; tu te relèves avec de la rage incrustée dans les poings, cette foutue rage que j'arrive pas à avoir, qui me manque alors que l'autre est encore là, vivant, porteur de mort.

    Autour de moi, maintenant, y'a des murmures, des mouvements de recul qu'ont rien de martial et rien de viril et qui traduisent une panique sourde. Pour eux, c'est leur chef héroïque qui baigne dans son sang, leur principal bouclier contre la barbarie ; et c'est l'ingénieure Jacob qu'est en train d'en prendre plein la gueule. J'le sens avec l'instinct de chef de meute dont je suis tributaire en tant qu'officier de première ligne. Confusément. Carrément confusément.

    Parce que ce qui prime chez moi, c'est ce foutu frisson dans mes viscères. Cette boue stagnante revenue des tréfonds de ma mémoire, qui commençait tout juste à cesser de hanter mes rêves et qui reprend du pouvoir d'un coup, alors même que j'en refuse l'idée, que j'aurais voulu plus jamais croire en elle après avoir pas mal cohabité. La misère du deuil, mon ancienne coloc' que j'ai viré de mon cœur pour recommencer à vivre. Même sale gueule qu'à l'époque, même profondeur d'âme, mêmes propos nihilistes. Et comme si j'avais rien appris, tout me paraît nouveau.

    J'essaye de bouger. Putain. Y'a rien qui réagit. Tentée de rire, poussée par l'idée que les nerfs pourraient avoir lâché sans me demander mon avis. Mais c'est trop con. C'est pas possible, surtout. Il doit bien y avoir une loi cosmologique, quelque chose sans quoi tout convergerait chaotiquement dans une immense conflagration universelle, une règle du jeu pour que ce soit pas toujours ceux qui comptent pour moi qui soient...

    -Commodore !

    Foutue hiérarchie, nique sa mère le respect du galon qui revient dans un moment pareil ! J'arrache mes tringles à rideau du sol. L'unité reste sur place, comme prise dans le ciment. J'capte à peine ; le danger, j'le vois pas. Ici, c'était chez moi y'a pas si longtemps. Flist, lui, son ombre et son fantôme, j'sais pas trop lequel zone encore dans le coin ; alors dans le doute, je les emmerde tous en piétinant leur terre de mes grosses grolles pourries d'eau de mer.

    -Oswald, non, non, non !

    Mes mains chauffent intensément. J'ai les yeux qui débordent pas, à cause de la température qui fait des larmes une buée continue. J'me maîtrise pour y voir clair. Et puis, en priant comme j'ai jamais prié, comme à l'époque de la caverne mais en mieux parce que ce coup-ci, c'est pas pour ma gueule ou pas seulement, je plaque mes deux paumes contre tes blessures dont le sang continue de jaillir à gros bouillons. Une mousse infâme court sur le sol, le rouge, les ruines, le feu qui couve. Odeur de brûlé ; je décale. Tu bronches pas. J'insiste quand même, j'y jette tout ce que j'ai de force, de concentration, de maîtrise démoniaque. J'me battrais plus, t'entends Jenkins ? J'm'en branle de Jaya ! Perdre Juha, passe encore parce que j'étais possédée par l'esprit du Punk, que c'était forcé que ça vire au drame romantique base d'écume ensanglantée. Mais toi ! Je veux pas que ça recommence ! J'suis pas plus blindée qu'autrefois, juste en apparence, comme ça, pour jouer les dures, tout pour éviter de tisser des liens, de m'ouvrir au monde alors que ce monde, il est salement décidé à me voir crever vivante ! Aller ! Tiens le coup !

    -Wallace ! A l'aide ! A l'aide, putain !
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    Les machines piaillaient, entourant la carcasse malmenée du médecin-chef. Ses constantes vitales étaient régulières, son pouls stable. Son corps était pourtant agité de soubresauts. Les réactions métaboliques n’étaient plus qu’une cascade sans fin qui n’avait plus que pour but de le remettre en état. Le monstre laissait de temps en temps échapper un soupir, tandis que les produits injectés directement dans ses veines faisaient le travail que ses propres médications auraient dû faire. Soutenu par le pouvoir de ses drogues, il avait été plus loin qu’il n’avait jamais pu. Par-delà même les limites du raisonnable. Les batailles faisaient rage, là-haut. Mais lui n’était plus qu’un amas de chair indolent, goûtant un repos que son esprit se refusait. Il vivait au-dessus de son corps, mais son sommeil était si profond qu’il ne pouvait s’en tirer lui-même.

    Une scène, infinie, s’imposait à lui. Un rêve sans fin où la mort ne lui apportait pas même le repos auquel il aspirait. C’était une boucle dans laquelle il sauvait Rachel, Oswald, Craig, Jeska, Rei, Serena et même Lilou. Puis par une logique que seuls les rêves possèdent il soulevait leur drap mortuaire. Leurs lèvres gonflées de reproches ne cessaient de l’abreuver de ses torts. Même ceux qu’ils ignoraient. Monstre, monstre. Les gaines qui enserraient ses membres étaient mises à rude épreuve. Mais le chaos de la bataille exigeait des autres médecins une concentration sans faille. D’aucuns auraient pu penser à renforcer la dose de morphine en voyant le cardiogramme s’emballer de plus en plus. Par cycles, puis de manière incohérente. Le cœur du monstre pompait, éliminant peu à peu les drogues censées le maintenir. Sa culpabilité était si grande que son inconscient prenait le pas.

    Mais toujours le même rêve. Jamais il ne pouvait les sauver, seulement constater leur mort. Et alors que son esprit hurlait sa douleur, il s’entendait prononcer l’heure du décès sans une once d’émotion. Un monstre de visage et de corps dont la psyché l’était tout autant. Mais le pire c’était ce dernier visage. Celui qui faisait s’envoler son cœur et détruisait ses barrières. Le visage d’Alheïri depuis trop associé à son lourd secret … Sa main se serrait. Sa gorge tremblait. Une colère sourde tremblait en lui. Contre son propre être, contre son propre monde. Il était impuissant, assis dans ce rêve, dans ce corps flasque. Il ne percevait qu’un monde incohérent dont il n’était pas capable de prendre le contrôle. Puis au fur et à mesure que son cœur pompait, le rêve devenait lucide. La morgue devenait infirmerie. Les casiers devenaient tuyaux. Le clignotement incessant des diodes des appareils technologiques du sous-marin lui brûlaient les pupilles.

    « ROAR ! »

    Ce fut le silence. Secoués par le cri de rage du Docteur, les hommes du navire s’étaient arrêtés de peur. Tombé à bas de sa tombe, le médecin avait arraché ses liens et reprenait vie emmailloté de tuyaux. Il respira bruyamment, revenant d'entre les morts. Ses plaies avaient été recousues mais le sang saillait encore de ses blessures. Son visage était tuméfié, gonflé. C’était horrible à voir même sur lui. Un drain avait été installé mais avait chût, le menant à poser sa main sur le trou laissé là. D’un geste, il s’arracha l’aide respiratoire, maculant le sol de bile et de sang. Essoufflé, le médecin commença à se relever. Trois aides accoururent pour l’aider à se maintenir. Un voile transparent couvrait ses pupilles, comme après un long sommeil. Il pointa d’un doigt tremblant une armoire. Titubant, il avança vers cette dernière avec l’aide de ses frères. D’une main maladroite il attrapa le volet et l’arracha de sons poids, sans le vouloir. Une boîte de pilules en tomba, se déversant dans l’infirmerie silencieuse – mis à part les cris de souffrance.

    « Et bien ! Aidez-le ! » hurla le médecin Wells, faisant signe aux soldats de soutenir Wallace afin de libérer les aides qui croulaient sous son poids.

    Le monstre grogna en signe d’approbation. Contrairement à lui, Wells avait l’intelligence de reconnaître une cause perdue. On l’aida à s’asseoir, à s’emparer de ce qu’il désirait. Puis les aides s’en retournèrent à leurs tâches premières. Titubant, le Médecin-Chef croqua dans une ampoule et en versa le contenu dans sa bouche. De la morphine pour œuvrer contre la douleur. Pas assez pour l’endormir de nouveau. Grognant, il se redressa et la main secourant de Wells l’aida à se maintenir droit.

    « N’allez pas vous faire tuer, il y a suffisamment de travail pour vous ici. » fit le médecin, posant sur sa table le matériel de Wallace dans son habituelle mallette en cuir.

    Le monstre leva un sourcil interrogateur, bien que hagard à cause de la drogue qu’il s’était envoyé dans les veines.

    « Vous parlez en dormant. » répondit le médecin Wells avant de s’en retourner à ses affaires, sans même attendre la question.

    Le monstre grommela quelque chose d’inaudible. C’était certes un désir égoïste mais … mais … Rien à justifier. Des centaines d’hommes étaient en danger, mais son âme ne vacillait que pour une poignée d’entre eux. Il s’empara de sa valise, marcha vers la sortie, arrachant les tubes qui lui pendaient encore aux bras. Il arriva à la sortie, s’empara de son trench-coat. Il vissa son borsalino sur sa tête.

    « Docteur Johnson, à vos ordres. »

    Son unité était armée des pieds à la tête. Des hommes valeureux qui par absence de leur responsable n’avaient pas pris part au combat. Ils avaient retroussé leurs manches et fait de leur mieux, ce qui n’était pas peu dire. Hors de question qu’ils laissent Wallace y aller seul. Ils étaient des hommes triés sur le volet, des soldats qu’il avait formé à le soutenir, à opérer. Des gars comme on  faisait plus. Ils lui rappelaient un vieil ami de Drum. Il les remercia d’un signe de la tête, il n’aurait pu y aller seul de toute manière …

    Ils émergèrent sans un bruit. Le chaos. Le sang. La douleur. Le Docteur s’injecta une nouvelle dose de morphine. Ses drogues étaient trop puissantes pour risquer une nouvelle overdose. La prochaine aurait raison de son esprit. Assurément. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’il soit au courant des événements, pour savoir que ceux qu’il avait aidé à sauver avaient fait le même choix que lui. Repartir. Flirter avec la faucheuse puis l’envoyer se faire foutre. Gaffe. Elle était rancunière cette saloperie. Il savait de quoi il parlait, c’était la seule amante que Johnson acceptait de côtoyer.

    Des cris, des larmes. Le monstre posa doucement son chapeau à côté de la rouquine. Ses blessures lui imposaient de ne pas agir dans la précipitation. Alors qu’elle implorait, il tomba à genoux à côté d’elle. Pas un mot, pas un geste. Un regard à en faire frémir Manfred lui-même. Le jaune de ses yeux n’avait jamais été aussi glauque, aussi sale. Les dents du monstre crissèrent de colère, de rage au cœur. C’était la meilleure morphine dont il avait besoin. La meilleure drogue de combat du monde, cette haine qui lui rongeait le cœur. Oswald … Il était là à cause de lui. À cause de sa foutue volonté de brûler le rapport, de leur donner une autre chance, de les y aider ! Ils n’étaient pas prêts, crétin de monstre. Ce monde n’était que haine et sang … comment pouvoir y changer quelque chose ? Des êtres qui torturaient, blessaient sans sourciller. Il pensait … pouvoir changer les choses. Que tout être pensant pouvait écouter, comprendre. Au loin les coups échangés entre Lilou et Flist lui prouvaient le contraire. Non. Accepter ça, c’était perdre espoir. C’était tout ce qu’il lui restait, l’espoir. L’espoir de sauver Oswald.

    Un signe de tête à la rouquine, elle allait l’y aider. Un signe de tête à son unité. Ils rechargèrent et défendraient le périmètre coûte que coûte. Ils mirent la main à la poche et sortirent leurs pilules. Les drogues de combat seraient nécessaires et ils en donneraient à tous les volontaires, lourde décision pour le Docteur. Lentement, le mouvement des troupes changea de cours. Quelque chose autour d’eux venait de regonfler l’espoir. Le premier coup de tonnerre. La tempête qui sonnerait le glas de Flist. La tempête des Rhinos, des Hypériens et de tous ceux qui pouvaient se battre pour une juste cause.
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    J'bazarde mes rames sur la plage, écoeuré par cette importance qu'elles s'permettaient d'avoir à mes yeux. Vaseux jusqu'à la moelle, voire jusqu'à l'âme. J'ai sombré pour de bon dans l'marais qu'sont mes remords. Y a pas vingt minutes, j'étais libre, merde. Vingt petites minutes qui m'séparent de ces souvenirs sur lesquels tout reposait. L'océan. Il me couvait. Il était mon refuge, mon sanctuaire. La paix absolue au milieu d'un univers en guerre. J'me sens mal ? Vas tout plaquer, te lover au creux d'une caverne sous-marine. Tiède, calme, respectueuse. J'y reconstruisais ma sagesse.

    J'fais face à une barque recouverte d'une vase brunâtre qui la dévore petit à petit. J'la toise de deux yeux livides, qu'ont sués quelques larmes sur le trajet. Et parce que chialer frustre la bête, m'fallait lui filer à bouffer pour qu'elle se tienne à carreaux. M'fallait un exutoire. N'importe quoi. J'annihile les pans d'ma mémoire qui me peinent. J'les annihile littéralement. Que cette barque ne soit plus jamais utilisée, que j'prenne pas le risque de la croiser un jour au détour d'une vague, ou j'lui associerais aussitôt la malédiction qu'elle m'a infligée. Pareil pour Jess. Seule au milieu de l'océan, un pied en moins. J'espère qu'elle échappera pas aux statistiques, et qu'elle mourra. L'ultime cadeau à ma mère mer. Une offrande d'adieu. Je ne peux même plus te toucher, océan. C'est terrifiant d'cruauté. C'est comme se recevoir la foudre divine. Jaya fut un viol de ma volonté.

    Et me v'là comme un robinson dont les pas résonnent sur le sable comme la promesse d'une aube nouvelle. Une aube bien sombre, pluvieuse et orageuse. Les matins n'sont pas toujours aussi chantants que les bouquins ne les vantent.

    Les oreilles dressées, les jambes qui me portent naturellement vers cris et scandales. Car ce sont eux qui me font avancer, après tout. Ça a toujours été comme ça. La souffrance est l'escalier qui m'amènera au sommet de ce monde de barges. Que je sois celui qui l'endure ou celui qui l'inflige.

    La chaleur du soleil essore ma tignasse ruisselante. Mais c'sont des perles de boue qui stagnent sur mon museau fracassé. Quitte à vivre avec ce fruit pourri au fond du bide, faudra que j'm'attelle à trouver les astuces pour le maîtriser. J'ai plus que ça à faire, hein ?

    Maîtriser mon fruit, maîtriser mes nouvelles pulsions, maîtriser mon passé, maîtriser mes peurs... Ça aussi, ça colore ma vie. Dompter l'inconnu, c'est transformer l'escalier de souffrances en escalator. Ouaip.

    Mes nouveaux yeux boueux s'adjoignent au travail de mes esgourdes. Car là-bas dans le sable, en plein milieu d'une frénésie comme seul une apogée peut en pondre, C'est une flaque de sang, c'est Jenkins au milieu de la flaque de sang. C'est ma famille d'substitution qui s'acharne à le relever, à lui impulser de l'envie de vivre dans les tripes. Ce sont des espoirs qui luttent à armes inégales contre un destin sadique. Ce sont des soldats dont les coeurs palpitent d'un fallacieux désir d'en finir une bonne fois pour toutes.

    C'est le grand Johnson qui s'affaire sur le corps lacéré, et Serena à ses côtés qui déchaîne ses jurons.

    Encore un mort, hinhin. Et pas n'importe lequel.

    Ma marche s'emballe au rythme de mon pouls. Mais les murmures de la bête blasée me mettent des bâtons dans les roues.

    Tu n'es toujours pas habitué à la présence de ton ange-gardien ? La mort t'escorte à travers ta haine. A chaque perte, te voici plus fort. Plus sauvage. Plus peiné.

    J'aurais aimé mieux vous connaître. Passer plus de temps à creuser dans votre esprit, commodore Oswald Jenkins. Les rumeurs vous déclaraient brutal, injuste. Ces mots sont acides, mais sous l'écorce, nous sommes tous du même bois. Et en vous causant, j'n'ai vu qu'un homme ayant peur de son propre esprit. Comme moi, comme tout le monde.

    Tu gravis une à une les marches de la souffrance, pressé d'en percevoir le sommet. Mais chaque sacrifice t'arrache un morceau de toi, que tu ne retrouveras jamais. Que feras-tu lorsque tu seras enfin vide ? Tu les tueras tous ! C'est la clé des grands mystères de la vie, tous les tuer ! Quand y a plus de Mal, reste que de Bien !

    Et encore, encore, mes pas s'allongent et frappent le sable. Comme ceux des guerriers avides de vengeance et de paix. Je déraperai à jamais sur le sang des morts. Je me débats, pour rester debout, fier, digne, sur une patinoire de sang frais. Là est la morale de l'histoire ?

    La paix n'a jamais été une option. La haine laisse un repos à la conscience. T'as vu ce que t'as fais à cette catin ? Elle le méritait. Et voilà ! Parce qu'elle le méritait, je n'distingue pas la moindre culpabilité en toi. Ils le méritent tous, grand fou ! Notre place est au front, à venger nos souvenirs disparus !

    Et les poings crispés, je deviens un taureau qui broie le sable et les coquillages. Dont les yeux deviennent viseurs et l'âme gâchette. Mon museau, gris, brun, rouge, dégoulinant d'cette pâte brune infecte, l'incarnation d'ma malédiction, devient plus vif qu'une balle.

    Arrivé à son niveau, j'm'assois auprès de Jenkins.

    C'n'est qu'une question de temps avant que tu ne deviennes le justicier de tes rêves... dommage. Ce ne sera pas aujourd'hui...

    Je suis là.

    Mes yeux rebondissent entre Johnson et Serena une poignée de secondes. Jenkins, bariolé de cicatrices aussi vicieuses que profondes, qui vomissent du sang à n'plus savoir qu'en faire. Outre l'odeur ignoble que ça m'enfonce dans les naseaux, ça réanime aussi mon sang-froid qui s'était retrouvé plongé dans le coma depuis que j'me suis retrouvé catapulté sur Jaya. Savoir quoi faire, ça soulage. Au trou l'instinct de vengeance. On a une vie à sauver. Des sentiments à protéger. On a un destin farceur à baiser. Le devoir s'empare de ma voix.

    Les plaies sont cautérisées. Faut stabiliser son pouls.

    Mon épreuve finale n'a jamais été une baston désespérée contre Flist. Ce n'est pas dans la brutalité que j'érigerai le rachat de mes mauvais choix passés.
    Être l'un des toubibs qui sauva le commodore ce funeste et sanglant matin de fin 1625. J'y crois plus fort que jamais. La dernière ligne de l'épopée sur Jaya imposera au reste du déprimant scénar son happy end.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
    Dans le silence bousculé ça et là des éventuels ordres, cris et autres exclamations guerrières habituelles, le pirate, le dernier, se tient debout. Impérieux, impitoyable, intouchable. Les Rhinos Storms arrivés sur place, effondrés devant la vision qui se tient devant eux. Leur capitaine tombé ? La rousse, la femme qui elle seule peut incarner ce sobriquet dans leur esprit, crochetée par l'ennemi, à la merci de sa dague ? Que pourraient-ils faire, eux, les simples soldats ? Ils ne sont rien, peut-être même moins.

    La dague tombe. Remplacée dans le poing par une tige de bois.

    "Arturson Sven, Ford Arthur, Simpleton David, Defaux Xavier, Leigh John, William Guy, Hart Carter..."

    Il est nu, dépouillé de tout ce qui pouvait le rendre intouchable. Le casque tombé, l'armure coulée, il ne reste que son regard. Droit comme un trait d'arbalète.

    "...Grudge Fredrick, Grudge Anton, Harris Aude, Mendova Daniel, Bartus Pontus, Labroye Mylène, Denoir Piotr, Vichy Daniel, Aston Martin, Jabert..."

    Sa voix semble remplir l'air. Le silence se tait et laisse la place au Lieutenant-Colonel qui s'avance vers l'ennemi. Sa chemise est encore trempée, et il aligne une myriade de noms.

    "...Alice, Bart Gontrand, Borgeaud Nils, Roux Gus, Wenger Kylie, D'Ars Jean, Piret Jules, Wismark Anton, Kudry Bob, Brest Janine, Vendôme Lyvia, Videck Gustave..."

    Son glaive se plante dans le sol, l'arbalète tombe un peu plus loin. Un pistolet à clous les suit de peu. Le vétéran se désarme, inconscient peut-être du danger qui se dresse devant lui ?

    "...sont tombé sur cette île. Je ne les oublierai pas, et s'il doit en être un qui doit les rejoindre..."

    Son pas s'accélère. Il devient une course. Course vers la mort qui s'offre à lui les bras ouverts, tendue par un pirate au sourire fou, carnassier, affamé de sang d'os et de chairs.

    "...CE SERA MOI !"
    ***

    "Soldats, médecins, ingénieur ou qui que vous soyez, vous serez tous présents dans l'histoire de l'Hypérion, et l'Hypérion fera toujours partie de la votre.
    Gardez bien cela dans un coin de votre esprit. N'oubliez pas votre passé et transportez le aussi loin que vous le pourrez dans votre futur. Bravez les obstacles pour perpétrer votre mémoire, ainsi que celle de vos compagnons.
    Pour certains d'entre vous, ce sera le dernier ordre que je donnerai, pour d'autres, le premier, alors ouvrez vos esgourdes: Survivez. Portez sur les épaules votre mission jusqu'à son accomplissement. Si vous mourrez, c'est la Marine qui meurt. Là ou vous abandonnez, le crime est vainqueur. Si un cafard peut survivre là où un lion périt, alors prenez l'exemple du cafard. Devenez la vermine qui poussera sa vie jusqu'à la fin. Portez votre mission, n'abandonnez pas, ou ce sera votre histoire qui sera terminée."


    ***

    Le vieil homme est élancé. Pour certains, il semble qu'un simple gravât bien placé pourrait le faire chavirer. D'autres, pensant le connaître, savent que seule la mort saura l'arrêter. Il en est qui l'ignorent, trop occupés à mieux faire, à sauver la vie plutôt qu'à y mettre fin. Lui fait ce qu'il sait peut-être faire de mieux: il inspire.
    *Nous sommes les hypériens, mais nul ne sait ce que cela signifie. Je vais vous le dire...*


    Les mots résonnent dans la tête des soldats...


    *Nous sommes les hypériens, rien ne doit jamais arrêter notre marche. Notre nom fera couler la terreur dans les veines de nos ennemis. Nous sommes les hypériens, et la victoire sera notre.*


    ...Qui les murmurent comme une prière...


    *Nous somme un rouage de la grande machine de destruction qui nous transporte. Nous sommes compagnons dans l'adversité, frères face au danger, le pire cauchemar de quiconque osera se dresser contre nous.*


    ...Et les transmettent à d'autres...


    *Nous sommes l'Hypérion, et c'est aujourd'hui que nous définissons ce que cela veut dire. Soldats...*


    ...Et tous lèvent leur fusil.


    "FAITES LE PIRE DONT VOUS ÊTES CAPABLES."


    À la pointe de sa vitesse, Sebastian plonge. Il passe à côté du pirate, prêt à riposter à l'attaque qui le rate. Son sourire carnassier s'élargit lorsqu'un millier de doigts s'étreignent de ce morceau de métal qui ôte la vie. Un millier de canon hurle et chante la moisson d'une seule âme.
    La rousse est tombée, recouverte du vétéran, au sol. Les balles sifflent au dessus d'eux. S'enfoncent dans la roche qui les abrite. Une section entière de fusiliers placée par le Lieutenant-Colonel vident leur chargeur sans scrupules, épaulée des soldats éparses décidé à poser le mortier du mausolée de Flist.
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    Derniers préparatifs, la main mécanique remplacer par une sorte de crochet pour que je puisse tenir mes armes à deux mains, on a ni le temps, ni les capacités de faire mieux. Mon cœur bat de plus en plus fort, car, je sais que je ne serais qu'un petit écrou parmi la machinerie et que je peux me briser à tous moment. Flist, c'est un adversaire que je ne pourrais jamais vaincre à la régulière, en duel, mais comme tous les gros animaux il peut être destitué par une armée d'insectes et je compte bien le mordre ou le piquet jusqu'à mon dernier souffle. On est à peu prés propres sur nous, j'ai mis un beau costume de la marine pour faire genre, on est censé en imposer un minimum, j'imagine, de beaux costumes funéraires pour certains et certaines d'entre nous alors que l'on sait pertinemment que chaque seconde qui passe pour nous pourrait signer la fin du commodore ou de Lilou.

    Il y a déjà eu trop de morts, on ne peut pas se permettre d'avoir plus de sang dans l'eau et sur le bois, non, on va agir et on va le faire bien dans notre propre intérêt et celui des autres. C'est la troisième fois que j'inspecte mes soldats, la nervosité me gagne visiblement au point que j'ai accepté de prendre un autre cigare, ceux qui n'ont pas que du tabac à l'intérieur si vous voyez ce que je veux dire. Mon cœur bat de plus en plus fort, car, je sais que je ne serais qu'un petit écrou parmi la machinerie et que je peux me briser à tous moment.

    La porte va bientôt s'ouvrir, il va être temps de donner tout ce que nous avons et de voir quelques nouvelles horreurs avant d'avoir peut-être le droit à un peu de repos, en espérant que pour la plupart d'entre nous celui-ci ne soit pas éternel. Alors que l'on voit la scène, je vois les mouvements de recul et leur cœur qui perdent de leurs éclats. Flist, c'est un adversaire que je ne pourrais jamais vaincre à la régulière, en duel, mais comme tous les gros animaux il peut être destitué par une armée d'insectes et je compte bien le mordre ou le piquet jusqu'à mon dernier souffle. Non, je ne dois pas sombrer et je dois avouer que la substance pas très légale qui parcoure mes veines m'aide bien à tenir le coup, pas de haine, pas de frayeur, juste un cerveau embrumer qui reste droit ou presque.

    Bon, je vais capter l'attention à l'ancienne, je pense : Je prends un fusil et casse le silence dans un bruit de détonation facilement reconnaissable. Je regarde les gens autour de moi d'un air légèrement grave alors que le bout du canon et de ma sucette à cancer fume lentement au-dessus de l'Hyperion et rend son fusil à celui à qui je l'ai emprunté.

    "Vous attendez quoi ? L'intervention d'une quelconque divinité ou un deus ex machina digne des pires pièces de théâtre ? Ici, c'est la réalité et elle est crade, elle n'épargne personne et si vous ne la prenez pas en main, elle vous écrasera la gueule dans la boue jusqu'à la fin ! Ce n'est pas une montagne infranchissable et encore moins une divinité, c'est un être de chair et de sang qui essaye de nous voler encore un peu plus des nôtres, de ce qui nous est précieux et vous allez le laisser faire ? JAMAIS ! Regardez Mavim, regardez les nôtres et osez rester sans rien faire ! Nous sommes des Hypériens, des Rhinos storm et on va agir et plus vite que ça !"

    J'ai captivé leur attention, des dizaines de murmures scandent le discours de notre capitaine, à ce moment je SAIS qu'ils sont près et alors qu'ils brandissent tous leurs instruments de mort, je n'ai pas besoin de dire un mot, un geste suffit à lancer une véritable pluie de mort sur notre ennemie, hurlant d'une voix :

    "FAITES LE PIRE DONT VOUS ÊTES CAPABLES !!!"

    Ils abattent salves sur salve, fournissant un appui aux médecins en même temps sous une véritable couverture de plombs, je prends alors mon unité d'artillerie mobile, une dizaine de couleuvrines armée à la mitraille, même lui n'en ressortira pas indemne. Une course folle, mais pas avec haine, mais les yeux remplis d'un certain devoir et d'une dévotion aux leurs, les équipes se stoppe suffisamment proches pour voir le blanc de ses yeux, je lui envoie un sourire carnassier.

    "Flist ! Au nom de la loi, tu vas être jugé, nous serons juges, jury et bourreaux, adieux, tu verras la mort te va si bien !"

    Dix déflagrations, a-t-on touché ou non ? Aucune idée, vous imaginez bien que dix canons portatifs ça en fait du bruit et de la fumée, dix tirs pour l'affaiblir, dix tirs pour soutenir nos camarades et alors qu'on recharge, on espère que ce seront les derniers en sachant bien que s'il est encore debout, on mentira au discours de notre supérieur, on ne pourra certainement pas tous survivre à la furie de cet homme.
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    Je suis dans l'eau avec Rachel. On flotte encore par je-ne-sais-quel miracle. Pourant, on est toutes les deux fourbues. Et plus la fatigue me gagne plus je répète.

    On va s'en sortir.

    Cette phrase, j'ai l'impression de la dire plus pour elle que pour moi. Après tout, c'est bien elle qui a battu Leila. C'est une super-nana comparé à moi. Et encore, si à ce moment-là j'avais su qu'elle était plus jeune que moi, je crois que j'aurais préféré me laisser couler de honte. Mais là, je psalmodie ma petite phrase, je m'y accroche au moins autant qu'à la bouée. Je veux vivre. J'ai une furieuse envie de continuer mon aventure. J'ai une vengeance à accomplir. Je refuse de me noyer ici comme une anonyme. Mais mon corps ne l'entends pas de cette oreille. Il me trahit. Me laisse sombrer dans l'eau glacée et dans l'inconscience.

    Je me réveille sur un lit. Je me sens moins humide. On a du me sécher. Je sais que je suis pas au paradis. Ni en enfer d'ailleurs. Je suis juste dans une infirmerie. J'ai déjà sentie cette désagréable odeur de désinfectant. On s'affaire autour de moi. Mon corps, ce vil traitre, me paraît lourd comme de la pierre. Et mon sang me semble être aussi épais que du goudron dans mes veines. A tel point que j'ai l'impression que mon cœur se fatigue à le pomper. J'en peux plus. Mais on me soigne. Sous prétexte qu'il faut encore aller sauver Oswald et Lilou. On ne peut pas me laisser tranquille? Il n'y a pas d'autres gens qu'on peut envoyer? Je refuse les anesthésiques. Ils savent pourquoi. S'ils me filent ces drogues autant me garder ici. Alors on me recoud à la va-vite. Je ne sais pas si je suis devenue hypersensible, mais j'ai clairement l'impression de dérouiller plus à la fermeture de mes mes plaies qu'à l’ouverture.

    Y'a de l'agitation autour de moi. Et je n'aime pas ça. Y'a même cette gourgandine de Serena qu'est venue me réchauffer pour pas que je souffre d'hypothermie à cause de mon bain prolongé avec Rachel. Bon sang! Qu'on me remette sur pied et que tout ce cirque finisse! Là, j'ai l'impression d'être un animal dans un zoo entouré de visiteurs curieux. Qu'est ce que je ne donnerai pas pour pouvoir me lever et envoyer balader tous ces ploucs! C'est alors que j'entends.

    Le docteur à dit quelle pilule déjà?

    Saveur cassis je crois.

    Une ou deux?

    Deux ça devrait le faire.

    Va pour deux.

    Mademoiselle Kamahlsson, ouvrez la bouche.

    J'ai pas envie d'obéir, mais c'est qu'il me les force dans le gosier. hé! Je ne suis pas une oie ou un canard qu'on peu gaver à l'envi! Je grogne de protestation, mais il interprète ça autrement.

    Ha, oui, avec un bon verre d'eau, ça passera mieux.

    Il a failli m'étouffer cet abruti! A me faire boire comme ça! J'ai finalement gobé sa médecine, mais je suis prise d'une violente quinte de toux. Je crois bien qu'il y a un peu d'eau qui est passée par le mauvais tuyau. Puis je me vautre dans mon lit et j'attends.

    Les pilules de Wallace, c'est comme la morphine. Au début, tu te demandes ce que ça va bien pouvoir te faire. Puis, après quelques minutes, la montée arrive. Et là, tu sais que t'en as pour ton argent. Je sens me batteries se recharger. Mon corps s'alléger. Mes muscles se revigorer. De nouveau, mon sang circule normalement dans mes veines. Et plus encore! Mon cœur bat la chamade comme à mon premier rendez-vous amoureux. Je me redresse et j'ouvre les yeux. Rien de miraculeux de ce côté là, mais connaissant le Docteur Johnson, ça aurait pu. Par contre, je ne sais pas si c'est le fait qu'on m'aie recousue, mais j'ai l'impression que ma peau est trop petite pour moi. Ça tire et ce n'est pas très agréable à cause des plaies qui parsèment mon anatomie.

    Mais je m'en tape. Je dois repartir au front. Après tout, c'est pour ça qu'on m' retapée en mode express. Je sors du lit. Le sol est froid. Mon déguisement de pirate est encore bien humide. Je demande d'une façon un peu trop autoritaire un uniforme. Et je me change comme ça. Au milieu de l'infirmerie. Plus rien à faire de la pudeur. Ou de ma vie. On juge bon de me renvoyer au casse-pipes... comme si je n'en avait pas déjà assez fait! Si avec ça j'ai pas une promotion du feu de Dieu et des médailles à m'en casser les épaules... je me casse! Et quitte à rêver de truc farfelus, pourquoi pas une tarte aux fraises géantes? Rien que pour moi? Ouais... ce serait bien...

    Puis la réalité me rattrape. On m'ordonne d'y aller. Y'aurait urgence à ce qui paraît. Je file comme je peux. On m'engueule parce que je me suis gourée de chemin. Nom d'une biscotte, je suis aveugle! Collez-moi un guide et qu'on en parle plus! Heureusement, un mousse arrive et m'escorte à l'extérieur. Je comprends mieux.

    C'est la merde.

    Il n'y a pas d'autre mot pour le dire. Je débarque et je cours aussi vite que je peux. On m'a dit que l'effet des pilules était limité dans le temps. Hors de question que je gâche de précieuses secondes à pleurer avec Serena, Craig et Wallace sur la dépouille d'Oswald. Il est mort. Et si ce n'est pas le cas, avec ce que je lui prépare, il va regretter de ne pas l'être. Je leur passe donc à coté sans un mot. Non pas que je m'en fiche d'eux. Mais le petit gars qui m'a servi de guide m'a clairement décrit ce qu'il se passait. Et si on ne voulait pas creuser une seconde tombe, je devais me dépêcher.

    Sauf que je me fais griller la politesse par Sebastian. Il plaque Lilou au sol alors que quelques soldats habilement placés font feu. Sauf que ça ne marchera pas. Pas contre lui. Mais au moins, ça fait diversion. Et puis la cavalerie arrive. En fait non. C'est l'artillerie. Bon. Je ne sais pas quoi dire. Ce genre d'assaut ne peut fonctionner que si vous êtes un minimum discrets. Là, il y a une nana qui vient de brailler bien fort pour bien dissiper tout effet de surprise. Bon sang, on leur apprend quoi aux soldats de nos jours!

    J'ai juste le temps de me trouver un abri pour pas me faire prendre dans la pétarade. Seulement, Flist, il bouge. Il ne va pas se laisser avoir comme ça. Malgré ses blessures, le type n'en reste pas moins un homme fort dans l'équipage du Malvoulant. Il n'est pas arrivé là sans avoir mené de nombreuses batailles. Moi, j'essaie de le suivre. Je comprends ce qu'il fait, il fonce vers la chef d'escouade. Moi, je donne tout ce que je peux pour arriver à temps. La course n'a jamais été ma spécialité. Mais les gélules de Wallace me boostent comme il faut.

    Je me jette sur Flist au moment où ce dernier va attaquer Rei. C'est un plaquage peu conventionnel, mais digne d'un match du top 14. Je me relève aussi vite que faire se peut et j'esquive par là même occasion un coup de poignard destiné à me percer le cœur. Lui aussi se remet vite sur pied. Et il me fonce dessus. Je sens l'air qu'il déplace. Je devine son intention. Un coup direct au cœur. Encore? Je suis presque déçue, ce sera facile à esquiver. Ce n'est que lorsque je sens le contact froid de l'acier contre ma peau que je réalise mon erreur. Même si je suis au maximum de ce que je peux faire, je suis trop lente par rapport à lui. Il me perce le bras gauche de sa dague. Heureusement que j'ai quand même pu anticiper son assaut. Sinon, je serai morte. Il est en face de moi et très proche. Bon, je peux essayer de lui souffler un peu de poison lacrymogène au visage. Ça lui passera l'envie de m'approcher de trop près! Seulement, j'oubliais que j'étais à court de "jus". Du coup je lui fais juste respirer mon haleine, ce qui a un coté assez pathétique.

    J'avais envie d'arriver au milieu d'une bataille et de sauver Lilou. Mais au final. Je ne peux sauver personne. Ni la rousse et le vieux, et encore moins la fille et ses canonniers. Je me tourne vers elle. J'ai envie de lui hurler de fuir. Mais je sais qu'elle ne le fera pas. Ils ont tous envie de venger Oswald.

    Pas moi.

    Moi je veux juste tuer Flist. Mais je ne peux pas. Même au meilleur de moi-même. Je ne fais qu'une pâle figuration. J'ai tenu quoi? Quelques secondes. On a même pas échangé une vraie passe d'armes. J'ai honte. Et peur. J'ai beau essayer de me donner une contenance, je recule. Lui, il semble aspirer ma peur. Comme un serpent. Il s'en nourrit. En plus ça doit flatter son égo. Ça ne l’empêche pas d'envoyer sa botte en direction de mon visage. Un soubresaut de fierté me fait esquiver. Mais ce n'était que le premier coup. Le suivant, au niveau des côtes m'éjecte littéralement à quelques mètres de là. Je sens bien que quelques uns de mes os se sont brisés au passage.

    Bon sang. je me retrouve encore face contre terre. Ça commence à devenir une mauvaise habitude. En moins de trois secondes il m'a étalée comme une malpropre. J'en suis mortifiée. Mais mon calvaire n'est pas fini. Alors que je tente de me relever, je sens un pied qui m'en empêche. Il m'appuie sur la tête et commence à m'aplatir le visage sur le sol. Je force comme je peux mais rien n'y fait.

    Tu escomptais vraiment pouvoir me battre, Njut?

    Cette phrase, elle est juste pour moi. Pour que je comprenne ma place. Je ne pense pas que les autres aient pu l'entendre. Ce n'est pas le cas de la suivante.

    Et vous, soldats, vous pensiez vraiment pouvoir l'emporter?

    C'est crié haut et fort, comme une provocation supplémentaire aux Rhinos. Et maintenant je sais que Flist va me tuer.

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    La douleur devint sinueuse, mais soutenable. La main plaquée sur sa plaie qui ne s'arrêta pourtant pas de suinter, Lilou releva le nez vers le regard fou de Flist. Fou, et abîmé. C'était là sa seule consolation. Son nez était éclaté, sa pommette refaite par ses coups de poings, l'un de ses oeils tuméfie. La rousse esquissa un sourire satisfait, avant que le débarquement n'interrompe ce silence qui lui vrillait les oreilles.

    On s'échinait autour d'Oswald, en hurlant après les médecins. Et la guerre, qu'elle pensait perdue depuis longtemps, reprenait de plus belle avec des combattants inespérés. Une pointe de satisfaction dans le regard, elle fut bien incapable ensuite de déterminer quelle mouche avait piqué le Lieutenant-Colonel Mavim, ni quelle folie l'avait pris pour qu'il fasse ce qu'il était en train de faire. Avant de se retrouver plaquer au sol sous son poids et d'entendre le bruit des balles, elle le pensa simplement taré, à avoir fumer le cigare du mauvais côté qui lui avait grillé le cerveau et les quelques neurones encore fiable au passage.

    Mais il n'en fut rien. Finalement, Lilou se rendit compte qu'elle s'était battue jusqu'ici, qu'elle avait tenue tout ce temps pour une cause juste. Pour des amis qui mettaient leur propre vie sur le fil, comme elle l'avait fait jusque là. Mieux encore, pour ce qui ressemblait le plus à une famille. Et ces constatations lui arrachèrent un sourire, essuyant les larmes qu'elle avait versé pour Oswald, sans faire partir pour autant ce doute qui habitait toujours sa conscience. Si l'on s'agitait autour du Commodore, les résultats n'étaient pas encore visible.

    Elle était impuissante à ce sujet... Elle le savait.

    Mais pour Flist, malgré sa plaie qui la lançait affreusement, malgré le sang qu'elle n'arrivait pas à stopper par pression, elle pouvait toujours faire quelque chose...
    Mavim se redressa après l'avoir mise à l'abri, et avant qu'il ne parte, elle lui demanda de lui passer le bras armé de son armure qu'elle avait abandonné durant le combat. Il l'aida, à le transporter, à le placer, à l'actionner. Et tandis que le Crochet éructait comme un diable en utilisant la rhétorique, le sourire de Lilou s'agrandit encore plus. Si bien que lorsqu'elle fut assez large, elle éclata d'un petit rire cristallin avant de lancer à son ennemi :

    HEY, FLIST !

    L'homme se retourna en reconnaissant ce timbre de voix. Voix qu'il n'escomptait plus entendre, à priori. Une pointe d'agacement sur le visage, qui tordit ses lèvres en un rictus méprisant qu'il ne contrôla qu'à peine, la rouquine ajouta :

    Relève-toi de ça, pour voir !

    Et sans en ajouter d'avantage, sa main tira une manivelle, pressa un bouton, jusqu'à ce que la gueule noire du canon ne déborde de lumière et de fumée, et n'explose brutalement en relachant un puissant coup d'air brûlant. Droit sur Flist, l'impact l'envoya bien loin de l'aveugle...

    Droit dans son tas de gravats dont il désirait tant être le Roi.
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    Nathan le caillou n'avait jamais réellement voyagé.

    Issu d'une famille modeste de pierre friables et fragiles, son père le mur en pierre et sa mère l'ardoise qui le chevauchait l'avaient toujours aimé et élevé dans l'amour d'une famille unie, jusqu'à ce qu'une rafale de vent lui fasse quitter le nid familial plus tôt que prévu. Il chuta, roula et fut projeté dans la vie active de cette manière brusque et inattendue qui frappe d'anathème les familles heureuses. Mais ça aurait pu être pire, il y aurait pu avoir un décès dans la famille. Ce qui fut le cas, mais Nathan n'en sut jamais rien. Ni de cet accident de cheval qui paralysa son père, ni de ce muret avec lequel partit, plus tard, sa mère. Car Nathan, avait trouvé un jeune garçon – ou disons plutôt qu'un jeune garçon l'avait trouvé – fort joli. Nathan devint alors nomade contre son gré. Certes toujours timide et réservé, peu enclin à la discussion ou aux gestes anodins dus à la vie en communauté, il se lia finalement d'amitié avec un trombone et une bille qui traînaient dans la poche du jeune garçon. Une quiétude quotidienne à laquelle Nathan finit par prendre goût. Syndrome de Stockholm apprendrait-il plus tard. Les jours, les mois passèrent. La bille disparut sans laisser de traces et le trombone finit par s'enfuir, avide de lumière. Nathan, se décida alors à faire lui aussi le grand saut et alors que le jeune garçon cherchait de la monnaie – ses colocataires réguliers et plutôt du genre tintinnabulants – au fond de ses braies, il fit le grand saut et chût au milieu de centaines d'autres cailloux. Les discussions allèrent de suite bon train, et si le sol dans le coin était plus poreux que la terre qu'il avait l'habitude de fouler dans le giron de ses parents et légèrement moins stable, la foule lui fit le plus grand bien après toutes ces années d'isolement. Un bain de foule. Granit, Basalte, Calcaire. Et puis tous ces nouveau arrivants. Ces arrivées constantes. Ces maisons détruites qui donnaient naissance à de nouvelles pierres. Nathan se sentait renaître ; heureux. Il avait l'impression qu'il lui poussait ses ailes. Et il le ferait savoir. Même s'il n'était pas plus gros qu'une mandarine, quelqu'un saurait qu'il était heureux sur cette belle île de Jaya.


    *****

    "Arturson Sven, Ford Arthur, Simpleton David, Defaux Xavier, Leigh John, William Guy, Hart Carter..."

    Sebastian était nu de toute protection, de tout ce qui pouvait le rendre intouchable. Il se tenait fièrement et incarnait à lui seul toutes les volontés de hommes qu'il représentait. Avec pour seul moteur cette litanie qu'il entama pour que tous l'entendent et se sentent galvanisés par son discours.

    "...Grudge Fredrick, Grudge Anton, Harris Aude, Mendova Daniel, Bartus Pontus, Labroye Mylène, Denoir Piotr, Vichy Daniel, Aston Martin, Jabert..."

    Rachel le suivait à pas mesurés, comme tous les autres autour d'elle. Des hypériens qui croyaient dur comme fer en leur leader. Des Storms repêchés et qui en l'absence de tête sûre, froide et assurée, plaçaient leur confiance et leur foi en cet homme qui avançait vers le démon que tous redoutaient, et qui y allait désarmé, avec pour seul arme sa verve aiguisée et ses valeurs fourbies.
    Et avec du recul, Rachel, galvanisée comme nombre d'autre marins, aurait pu faire le lien avec l'après Tortuga, avec les Sea Wolves, dont ils avaient énuméré les noms des disparus. Beaucoup moins. Beaucoup moins avaient péri alors. Mais aujourd'hui, ça ne lui faisait pas grand chose. Elle n'avait connu aucun de ces noms et ne verrait jamais le visage d'aucun de ces hommes-là...

    "...Alice, Bart Gontrand, Borgeaud Nils, Roux Gus, Wenger Kylie, D'Ars Jean, Piret Jules, Wismark Anton, Kudry Bob, Brest Janine, Vendôme Lyvia, Videck Gustave..."
    -Ah non, capitaine, je suis toujours là moi !
    -Tais-toi tu casses tout !!!

    Et le vieil homme s'élance, s'est élancé. Rachel à sa suite. Car, pauvre d'elle, les stratégies, elle ne les connaissait pas, pas même les hommes qui derrière eux alignèrent leurs canons et pointèrent dans une seule et même direction. Ceux-là même qui se regardèrent incrédules, en se demandant si elle savait ce qu'elle faisait, celle fille au maquillage étrange. Ils coururent, tous deux, envahis par l'air de guerre et de victoire qui leur donnait des ailes. Il semble même qu'un simple gravât bien placé puisse les fasse chavirer...

    *****

    Nathan était conquis par sa nouvelle vie et n'écouta soudain plus que son courage puéril de pierre adolescente – sa fronde personnelle dont il serait à la fois le caillou et l'égérie – et s'élança vers ce futur heureux qui lui tendait les bras. Fini le temps où maman le couvait, le protégeait de la pluie, du soleil ou de la neige, fini les heures passées dans une poche puante et rapiécée, il le jura, mais certes un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

    C'est du moins ce qu'il était sur le point de faire lorsque cette semelle plus dure que lui lui écrasa la joue contre le menton d'un joli caillou femelle qui changea aussitôt sa vision de la vie.


    *****

    -Ah... ?

    La semelle en question, renforcée de barres de métal – puisque que Nathan se posait la question – ripa sur la face lissée par les ans d'une pierre de la taille d'une petit orange. La cheville de Rachel, elle, partit dans la direction opposée. Et c'est ainsi qu'au moment où Sebastian plongeait pour mettre Lilou à l'abri du feu qui foudroya Flist, Rachel s'écrasa face contre terre et par pur bonheur juste en dehors de la zone de bombardement dont le Crochet était l'épicentre.

    Ensuite, les choses s'enchaînèrent. Jeska, principalement, qui crut bon de vouloir sauver la peau de Lilou et de Sebastian en sacrifiant la sienne. Il sembla même aux yeux de Rachel (qui refaisait négligemment ses lacets pour ne pas s'écorcher une nouvelle fois les coudes à cause d'une bête chute et d'un comique de répétition déplacé) qu'elle gaspillait sa peau de chagrin. Ce fut Lilou, cette-fois, qui sauva l'ange de la marine, pile au moment ou Rachel comptait s'éclipser d'un Soru pour imprimer une bonne fois pour toute la marque de ses chaussures sur le postérieur de Flist et ,accessoirement, sauver celles de Jeska. Alors à la place, elle s'élança avec la même volonté de lui botter le derrière comme Toji le lui avait promis la veille, en visant son point de chute, droite et prête à le cueillir au vol. La commandante fut soudain parée de noir, d'embruns, de fumées et de ténèbres. L'air vrombissait autour d'elle. Puis Flist fut là. La fulgurance du coup de pied résonna dans le crâne de Flist comme une énième commotion cérébrale. À tel point que l'impact n'avait pas fini de résonner lorsque le corps malmené de Flist s'immobilisa après de très longs dérapages juste aux pieds de Rei Yanagiba.

    Il releva la tête, se jucha comme il le put, l'air hagard, sur ses bras, pour voir, braqué droit entre ses deux yeux, un canon béant, tout ce qu'il y avait de plus banal. Et chargé.
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    "FAITES LE PIRE DONT VOUS ÊTES CAPABLES !!!"

    Le médecin releva la tête, maculé du sang du Commodore. Ses mains et celles de Craig étaient devenues rouges mais ils avaient refermé les plaies, cautérisé et désinfecté le tout. Le médecin avait même injecté quelques antibiotiques pour prémunir à la péritonite et sorti d’on ne savait où de sa mallette une poche de sang du même groupe qu’Oswald, puis lui avait demandé à un soldat terrifié de la tenir bien haut. La guerre faisait rage, et il suait sang et eau pour sauver leur chef. Littéralement. Il avait enfilé un masque sur son visage, demandé à Serena de chauffer encore pour aseptiser son matériel. La chaleur avait fluidifié son sang, à l’en rendre fiévreux. Son masque était rouge. La blessure de Leila avait dû atteindre ses poumons, la veille. Et les pirates n’avaient pas inventé la poudre en matière de médecine.

    Il se redressa, toussotant légèrement. Craig était doué d’une dextérité incroyable. Il n’avait jamais mis en avant ses capacités médicinales mais il fallait admettre qu’il était expert. Les deux hommes s’étaient affairés comme un seul et la vie de Jenkins était maintenant sauve. Sauve, certes, mais il était encore en état critique. Le Docteur toussa encore une fois et s’appuya sur l’un de ses hommes pour se relever. Ses soldats les protégeaient, sécurisant l’intervention. C’était la bataille finale. C’était la fin. Mais Wallace ne parlait toujours pas. Il s’exécutait simplement. Il toussa de nouveau, ôtant son masque. Un filet de sang s’échappa de sa bouche, allant s’engluer sur la coque fendue du navire. Il tituba, tint bon. D’un geste, il fit signe qu’on lui amène son borsalino. On s’exécuta, comprenant la douleur que ce simple geste lui coûtait. La morphine se dissipait petit à petit. Il craqua une autre ampoule, se la planta maladroitement dans le bras. Le Docteur secoua la tête, s’ébroua. Il adressa un regard implorant à Craig, lui demandant de prendre les choses en charge dès à présent. D’un geste un peu trop brutal, il s’empara du fusil d’un de ses camarades. Brutal car il n’avait pas la force de se contenir. Paradoxal.

    Les coups s’échangeaient, s’égrenaient. Flist en prenait pour son grade et plus encore. C’était le tonnerre annoncé par Sebastian qui faisait rage, soulevant des montagnes par la seule force de ses paroles. Jenkins était tombé. Mais il avait une armée qui trônait derrière lui. De fortes têtes, des innocents. Des moins innocents. Des âmes uniques et dont le sacrifice était intolérable. Les noms que Mavim avait décochés ils étaient aussi dans la mémoire de Wallace. Et pour ceux qui étaient assez proches, le sang qui maculait son visage, maintenant que son masque chirurgical était tombé, ne pouvait cacher les larmes qui avaient sillonné son visage de monstre. Pas plus que la détermination sans borne qu’était la sienne. Quelque chose de cassé trônait au fond du regard du médecin. Un feu qui ne brûlait pas là avant. Il n’avait pas ouvert la bouche depuis l’opération. Son sommeil avait changé quelque chose en lui.

    Il avança, claudiquant, pendant que Rachel donnait sentence. Il serra les dents, s’appuyant sur le fusil qu’il avait pris. Tous avaient le regard rivé sur Flist qui payait l’affront de s’en être pris à leur leader. Le monstre prit le fusil entre ses mains, glissa son doigt sur le canon. Il boîta comme un miséreux, ayant abandonné toute raison pour ce geste insensé, sa volonté brisée. Il serra les dents, et par geste de la providence, il se retrouva aux côtés de Rei. Les yeux du médecin s’embuèrent de larmes. Les yeux de Flist restèrent rivés sur le canon de la jeune femme, figés d’horreur. Puis il leva son crochet, immédiatement.

    *splatch*

    La lame de baïonnette s’enfonça dans le bras du pirate, le clouant sur le sol. Personne n’avait vu le Docteur venir, personne ne l’aurait pensé capable de faire cela. De son autre main, il appuya sur la crosse et ramena le bras du pirate contre le sol, ancrant profondément l’arme dans le bois. De douleur, le médecin, mit genou à terre mais il ouvrit la bouche. Suffisamment pour laisser passer un murmure de souffrance.

    « Tue-le … »
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    Ça va piquer, commodore.

    Des aiguilles aux pointes chauffées à blanc pour parfaire la cautérisation tout en resoudant les morceaux de peau entre eux. Causer au commodore est plus qu'optionnel vu son état, mais peut-être que mes mots résonneront dans ses abysses et le motiveront à refaire surface. M'incruster dans les derniers rêves de mes patients, je l'ai toujours fais. Passer outre la barrière du vivant pour me présenter à leurs inconscients. Je balise les sentiers obscurs qu'ils traversent afin qu'ils puissent réintégrer la Vie sans faire trop de mauvaises rencontres ! 'fin, j'essaye. Et force est de constater, aussi, que ça a souvent marché. En se réveillant, les pauvres fous m'voyaient comme une créature surnaturelle sachant errer dans les pénombres qui envahissent les humains avant leur Mort.

    Mais non. J'suis juste un homme-poiscaille. Qui sait plus nager, de surcroît.

    On dirait que vous allez bientôt être vengé. Restez à l'écoute, commodore. Nous vous tiendrons au courant lorsque nous aurons officiellement remportés la guerre.

    J'cherche un peu d'approbation au fond des mirettes creuses de Serena, histoire de pas me sentir trop seul à causer aux morts, aux presque-morts et aux encore-vivants du champ de bataille. J'aurais aimé être l'artisan de la mort de Flist. Moi et mon nouvel instrument de mort, orchestrer son dernier concert. Mais j'ai fais mon choix. Je veille sur une vie au lieu de partir en arracher d'autres. C'est louable. Ça m'suffit à m'sentir mieux. Plus humain, j'oserais dire. Comme avant. Du temps où j'avais pas tout un pan de ma conscience qui me murmurait des insanités.

    Hinhinhin. Vous entendez les canons chanter, d'où vous êtes ? Si vous vous enfoncez trop profond dans votre coma, vous n'entendrez pas leurs notes finales. Ce serait dommage.

    J'ai les palmes dégoulinantes de sauce ketchup. Il y a une semaine, ça m'aurait révulsé. Aujourd'hui, je sens mes mimines plus hospitalières. Elles accueillent le sang du commodore sans dégoût, attelées avec ferveur à leurs réparations. Wallace nous a laissé, moi et Serena devenue infirmière improvisée. Toute la vie de Jenkins repose sur nos épaules, maintenant. Jaya a bien fragilisé les miennes, mais les fardeaux que j'me traîne depuis ma naissance m'ont transformé en une véritable mule à malheur.

    Si vous apercevez une lumière blanche au fond du tunnel, un conseil, faites demi-tour.

    Je me recueille dans ma sérénité intérieure.

    J'évite de trop m'enfoncer dans mes introspections en ces moments-là. Disons que plus loin je m'aventure dans les méandres de mon crâne saturé d'envies et d'ennuis, plus j'me paume, plus il fait sombre, plus j'étouffe et plus la sortie d'ce dédale intérieur me paraît inatteignable. Alors, j'reste rivé à la réalité. Pas bien difficile. Le chaos de la bataille, sa chaleur glaciale, le silence de la rouquine, son froid cuisant, ça me cloue à la situation.

    On pourra pas faire grand chose de plus, commodore. Le reste dépend de vous.

    C'est toi qui voit, commodore. Je te forcerai pas à t'accrocher à ta vie. Ça me regarde pas, ce que tu en fais, après tout. Mais j'aimerais que tu restes. On a tous besoin de toi.

    Je suis dans la merde.

    Faut ramer fort, pour remonter à contre-courant un fleuve aussi brutal que celui d'ma destinée. Et c'est plus mes palmes qui m'y aideront maintenant qu'elles ne sont plus qu'déco exotique au bout d'mes bras. Et qu'un démon sarcastique a violé mes plus sacrées frontières pour conférer un sens littéral à c'que j'ai toujours pensé d'ma vie : une existence mollassonne à m'dépatouiller dans un marais sans fond, dans lequel plus j'me débats, plus j'm'enfonce.

    Une semaine dans de glaciales geôles, la pression psychologique qui s'répercute sur mes tripes, mes poumons encrassés de la poudre du champ de bataille : j'sais pas pourquoi, mais j'tousse encore, après avoir écarté mon museau pour éviter d'mitrailler de la boue sur Jenkins. Les sordides gouttes voltigent plus loin, s'écrasant sur quelques cailloux innocents qu'elles avalent goulûment. Dont une splendide caillou femelle qui avait toute une vie de mère aimante devant elle. D'autres victimes collatérales, qui sait ? Tuer est devenu un geste de tous les jours.  

    Le glaive de la justice aux yeux bandés égoutte son sang au-dessus des corps des condamnés. Imaginer Flist passer au broyeur m'imprègne d'un plaisir à peine dissimulé. Autant qu'entendre le coeur du commodore reprendre un rythme décent. J'étais dans l'camp des gentils, c'était couru d'avance que j'en ressortirai victorieux, des lauriers fanés emmêlés dans ma tignasse. Buter le grand méchant, sauver le chef des gentils. J'me crois dans un des comics immatures dont j'm'empiffrais autrefois. Une partie de moi prétend que j'suis un héros, l'autre pense que j'suis qu'un malade lunatique que la guerre rend euphorique. Elles ont tout les deux un peu raison, sûrement. La souffrance me forge.

    On a fait ce qu'on pouvait, Serena.

    Que je lui répète, avec l'intonation d'un disque rayé. Je sais pas ce qu'elle pense de mon dialogue avec un cadavre pas encore décédé. Passer pour un timbré aux délires macabres, je n'en ai pas l'habitude. Mais l'intimité est rare, dans le coin... Sacrée carrière d'infirmière qui pourrait te tendre les bras avec un pouvoir aussi utile, Serena. Moi et ma boue, on te jalouse.
    Et une quinte de toux vient me plier tandis que j'essaye de me relever. Encore. De la vase et du sang. Un peu désemparé par ces caprices étranges poussés par mes poumons, je pense à la mort de Flist pour me redonner du courage.

    J'espère qu'ils tueront ce salopard.

    Un pourri de moins sur cette terre. C'est une forme de lente et méthodique purification.
    Il a d'la chance, Jenkins. Quand il se réveillera, s'il se réveille, il ne lui restera plus qu'à savourer sa victoire.
    Nous, nous l'attendons tous impatiemment.

    Bonne nuit, mon commodore.
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    La guerre et la mort dansent une valse amoureuse depuis la nuit des temps. Trois par trois les pas s'enchaîne sur les temps: Drame, Haine et Réaction.
    Mais la mort n'est pas frigide et la guerre est cocue, quand la mort s'étreint avec ses amies, Pestilence et Famine, les autres morues.
    Et on a beau dire ce que l'on veut sur leur place dans le monde, et on a beau crier une douleur qui abonde,
    La mort sera toujours là.
    Toujours.
    Tous.
    Les.
    Jours.
    Et à la fin, tout ce qu'il reste à un homme, c'est sa mort.

    Alors ne laissez pas quelqu'un la lui prendre.

    ***


    Serrer son doigt et y mettre fin. À ce carnage, à cet enfer, à ce sourire. Mais est-ce bien juste ? Est-ce bien propre ?
    Quelqu'un pourrait lui passer des menottes, l'emmener pour le faire juger. Au fond, ça ne changerait pas grand chose vu qu'il serait exécuté. Alors pourquoi ne pas devenir son bourreau ? Comment agir ? Pour quoi ? Pour qui ?

    Une main se saisit de son menton, apparue de nulle part, de derrière.

    clac

    Personne n'avait vu venir le lieutenant colonel. Tout le monde s'y attendait. Sauf lui, peut-être. Inanimé, Flist ne gît pas vraiment. Il est toujours dans cette position accroupie dans laquelle il a réussi à se relever, à bout de force, à bout de vie.

    "Johnson... Vos pilules sont peut-être prodigieuses, mais veillez à en réguler la diffusion. Je veux une posologie avant toute nouvelle utilisation, et vous veillerez à trouver un moyen d'en stopper les effets."

    Sebastian, l'espace d'une fraction de seconde, semble avoir un vertige. Il contemple la scène, les soldats, les médecins... la débâcle. Puis revient à sa commandante.

    "S'il vous plaît Yanagiba, baissez votre arme. C'est fini."

    Le temps se relâche. Le silence en profite pour retrouver sa place. Mais il ne fait pas long, il ne le remarque pas, mais Sebastian est l'officier le plus gradé, conscient du moins. Tout le monde l'attend alors qu'il se relâche.

    "Um, sécurisez le périmètre, on ne doit pas traîner- faites le compte des victimes, à me rendre sur mon bureau ce soir-"

    Les ordres sortent dès que les informations entrent. Pour la première fois, Mavim semble diffus. Ses paroles sont claires, mais désorganisées. On ne sait à qui il s'adresse. On ne sait pas ce qu'il vise.

    "...Immédiatement. Et.

    Il se bloque. Il se fixe. Il l'a vue.

    "STUPIDE PETITE GAMINE. QU'EST-CE QUI VOUS A PRIS DE VOUS JETER SUR LUI ?! VOUS ÊTES DÉCIDÉE À POURSUIVRE UNE CARRIÈRE DE MARTYR, C'EST C'LA ?! VOUS CROYEZ QUE J'VOUS AI PAS VU BLOQUER LA LIGNE DE TIR DE CE BATAILLON ?! Lieutenant... ET OÙ SONT VOS HOMMES ? QUI SONT VOS HOMMES ? VOUS PENSEZ PEUT-ÊTRE QUE VOUS ALLEZ VOUS-"

    Et il l'a reconnue. Kamahlsson. Ange. Aveugle. Faisait partie des prisonniers de Flist.

    "CRAIG ! KAMINA ! OÙ EST-CE QUE VOUS ÊTES ?! VENEZ VOUS OCCUPER D'ELLE NOM D'UN CHIEN ! SARKO ! VENEZ ICI TOUT DE SUITE ! QU'EST-CE QU'ELLE FAIT SUR LE TERRAIN ?! POURQUOI LES PRISONNIERS QUE NOUS VENONS DE LIBÉRER SE RETROUVENT AU FRONT ?! ET JOHNSSON, ET PORTEFLAMME AUSSI ?! POURQUOI EST-CE QU'ILS NE SONT PAS EN TRAIN DE REPRENDRE DES FORCES ?!"

    "Mais... vous avez dit d'envoyer toutes les forces dispo-"

    "HÉ BEN VOILÀ. MAIS VOUS PENSIEZ VRAIMENT QUE JE VOULAIS DES SOLDATS BLESSÉS SUR LE TERRAIN ?!
    AMENEZ LES D'URGENCE À L'INFIRMERIE
    RASSEMBLEZ LES ET VEILLEZ À CE QU'ILS SURVIVENT
    LAISSEZ-VOUS PAS ALLER, NOUS SOMMES TOUJOURS EN TERRAIN HOSTILE
    INDIQUEZ MOI LES PERTES ! POURQUOI EST-CE QUE JE NE CONNAIS TOUJOURS PAS LES PERTES ?!
    ET TROUVEZ MOI JENK..."


    Il l'a vu, enfin.

    "Jenkins."

    Il s'approche, les troupes commencent à retrouver leur rythme, même sans lui. Quelque part, il savent, au fond d'eux ils le sentent. Même Mavim a ses limites.

    "Merde."

    Comme la caricature de la vie. Le commodore est étendu devant les bottes de son subordonné dont l'esprit asséché n'a pas réussi à le voir dès son arrivée. Et c'est tous les symptômes qui frappent d'un coup. Mal de crâne, nausées, perte d'équilibre, désorientation. Tous dû à un manque critique d'alcool dans le sang.

    "J'ai besoin d'un verre, et d'un grand."

    Il fouille ses poches, à la recherche de quelques chose.

    "Ja.. Jakob, c'est votre tournée... Vous me devez bien ça... Pour tout... à l'heure..."

    Le lieutenant colonel tourne les talons, et s'en va vers ce qu'il reste de la ville. En passant, son pied traverse un caillou qui a à peine la taille d'une orange.


    *****

    POC
    -NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON-
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    En se remettant péniblement sur ses jambes, un sourire aux lèvres, la rouquine s'avança d'un pas à la suite du lieutenant-colonel.

    Ouais... C'est ma tournée.

    Neuf verres autour d'une table miteuse, sous un toit qui laissait voir le jour, à côté de murs qui n'avaient plus de fenêtres qui n'étaient plus vraiment des murs. Les chaises sur lesquelles ils se trouvaient tous étaient majoritairement déjà fichu. Les tabourets n'en étaient plus vraiment, il manquait souvent un pied, et ils tenaient plus par miracle qu'autre chose.

    Leurs verres, quant à eux, étaient pour la plupart ébréchés, ou n'étaient simplement pas fait pour se servir de cette boisson. Cette dernière, un vieux whisky qui sentait fort et qui attaquait sauvagement le nez.

    Neuf verres, posées en cercle sur cette table couverte de poussière. Huit personnes autour d'elle, qui ne se regardaient pas vraiment, qui ne parlaient pas non plus. Huit verres dans lesquels des lèvres se trempaient, et un, devant sa chaise bancale, que personne ne touchait...
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    Un verre …

    Le monstre avait levé un regard vide sur Mavim. Un regard brisé, mais presque soulagé. Les paroles de cet homme, bien plus droit et sagace que lui, l’avaient ramené à la raison.

    Il était ébréché ce verre.

    Il avait regardé la masse apeurée de Flist et n’avait eu que de la pitié pour cet homme. Pourquoi avait-il tant voulu le tuer ? Renoncer à ses principes … mais il avait déjà causé tant de morts, tant de souffrance. Qu’était-ce donc que la justice au final ?

    Ça sent pas très bon ce whisky de bas étage.

    Tuer … Il avait manqué à son premier commandement. Un étau terrible s’était emparé de son âme et l’avait brisé. Le résultat de ces jours passés dans les cages du navire des subordonnés de ce pirate ? Non … Mavim avait su tenir lui ! Et il était un militaire, il connaissait autant la valeur d’une vie que d’une mort. Mais Wallace n’était censé que connaître la valeur d’une vie, une mort c’était … contraire à ses principes.

    Malgré tout, le verre était plutôt propre.

    Jaya … Trop de morts, trop de morts … il n’avait pas pu les sauver. Il avait été … trop indulgent. Avait trop … laisser couler. Pensait-il pouvoir les sauver en se présentant simplement devant le navire ? Imbécile de Docteur.

    À tel point qu’on pouvait presque voir le reflet d’une trogne monst… *SCHRAK*

    Le verre se brisa en mille morceaux dans la poigne du monstre, taillant sa chair et brisant le silence. Son regard noir coula vers le siège abandonné d’Oswald.

    C’était sa faute. Entièrement sa faute. Il aurait dû leur dire dès le départ. Leur dire qu’il était … vivant. Cela aurait tout changé.

    Le sang du Docteur se mélangea à l’alcool, lui tirant une grimace de douleur. Les yeux semblaient s’être tournés vers lui. Il était horrible. D’âme et de corps. Un monstre qui ne méritait rien. Qui ne les méritait pas eux. Il avait échoué. En temps qu’être, en temps que médecin. En temps qu’homme. Son poing se resserra. La douleur. Il la méritait, et plus encore.

    « Je serais dans ma cabine. »

    Et il s’en alla, laissant sa chaise vaciller et tomber.
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    Il est devant moi, au sol et sans défense, ce monstre qui a emporté ou fais disparaitre tant de vie sans le moindre effort de conscience. Il est largement à porter, à mes pieds et c'est alors qu'une toute autre lutte, un autre combat s'engage, une conversation sauvage et animée entre Yanagiba la marine, membre des Hypérion et sous-officière et Rei, la femme qui a vu sa famille tomber au combat, qui a sacrifié son intégrité physique sur l'autel de l'inconscience et dont la tête tourne à cause de l'odeur de sang, de brûler et du tabac qui n'en est pas seulement d'ailleurs. La vie d'un déchet qui ne tient qu'à une pression de la détente de mon arme, même Flist ne survivra pas à un coup de mitraille d'un canon d'assaut à cette portée.

    Pourtant je tiens bon, un élan de professionnalisme, un élan de ma foi profonde en ma famille Rhinos storm, dans la marine, dans ma conviction profonde que c'est le bien qu'on apporte qui empêche le monde de sombrer. Je transpire à fortes gouttes, chaque seconde me parait une éternité et ce dialogue sans fin dans ma tête m'empêche de réfléchir sereinement. J'ai failli faire cette erreur, ce nuage sombre et orageux dans mon âme a tellement progressé quand Wallace lui-même me dit de finir avec lui... Pourtant non, je ne le fais pas, au fond de moi, je sais que :

    "C'est la haine qui parle, la colère... Le Wallace que je connais dirait que le vrai courage, c'est de savoir épargner une vie, pas d'en supprimer une."

    J'ai beau être consciente que ce que je fume n'est pas légal, je suis persuadé que le peu de conscience et de calme qui me rester est en partie conservé grâce à lui, le doigt tremble atrocement sur le métal, la tempête dans mon cœur est de plus en plus puissante, cette haine que j'ai de plus en plus de mal à refouler et dont seule mon intégrité et mon instinct de sous-officier me gardent, je cède peu à peu, sous le regard de mes hommes qui attende de savoir la suite et ne savent pas trop quoi choisir entre une solution où une autre.

    C'est alors que grondant comme le tonnerre, une voix me parvient, comme une claque mentale elle me ramène à la réalité :C'est alors que grondant comme le tonnerre, une voix me parvient, comme une claque mentale elle me ramène à la réalité : Mes muscles se détendent, assez pour jeter mon arme à terre derrière moi, je regarde celui qui vient de sauver en quelque sorte mon âme dans les yeux, il peut y voir alors toute ma détresse, celle qui s'éteint doucement pour y laisser lentement un regard franc et calme, celui qu'il a ramené par ses efforts.

    "À vos ordres."

    Je prends une grande respiration et transmets les ordres. J'ai réussi à résister à la tentation la plus noire, mais je n'ai pas réussi seule... Je m'assure personnellement qu'il n'y a pas d'incident, que Flist finisse aux barreaux, avec de beaux fers bien solides et sans perdre de dents supplémentaires. Je laisse mon équipe récupérer mon arme, si je devais de nouveau la tenir je tomberais sous son poids, l'adrénaline est tombée, mes forces aussi. Néanmoins, je ne manque pas à mon devoir, alors que Mavim passe devant moi, je le regarde avec un immense respect renouvelé, qui a été, est et sera à jamais mérité pour un homme d'exception. J'en profite aussi pour croiser notre médecin de bord, notre bon Craig qui en a bien dégusté j'en suis persuadé.

    "Si cela ne te gêne pas, on pourra discuter plus tard ? Cela nous... Non ça me ferait beaucoup de bien, je pense, je ne le demande pas au médecin, mais à l'ami s'il te plaît."

    Parler, évacuer cette colère, me rassurer et me sentir en sécurité, j'en ai cruellement besoin alors que ma vue est encore trouble, je le laisse à son devoir et contrairement aux autres officiers et sous-officiers je ne me dirige pas vers cette ruine pour trinquer, non, j'ai encore une chose à faire, je vais m'installer devant la cellule de Flist, assise sur une chaise un fusil dans les bras alors que les médecins s'assurent que le pirate sera bien en vie pour son transfère puis son jugement.

    "Commandante, que faites-vous ici ?"
    "Ma pénitence, pour les erreurs que j'ai commises et pour celle que j'ai failli commettre..."
    "Flist ne s'échappera pas dans son état et vous avez besoin de repos."
    "J'ai plus peur de la haine qui pourrait entrer, que de celle qui pourrait en sortir, même les meilleurs pourraient y succomber."
    "Il sera gardé par l'équipe médicale, rassurez-vous il ira à son procès en un seul morceau."
    "C'est vrai, je ne voulais pas insulter vos compétences... Désolé."
    "Dans cet état vous ne sauverez rien Commandante, allez vous reposer, c'est le médecin qui vous l'ordonne. Non, mais... Commandante ! Pas sur cette chaise... Bon, vous deux ! Ramenez-la à sa chambre."

    Je ne mérite pas ce repos et pourtant je viens d'y succomber, je suis faible comme n'importe qui d'autre. Mais avoir conscience et combattre ses peurs et ses faiblesses est-ce qui distingue un bon marin des autres... Une page se tourne sur ce chapitre de ma vie, l'enfer de Jaya vient de s'éteindre, reste à savoir si la vie reprendra sur ses cendres.
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    Qu'est-ce qui fait un homme, ou une femme le cas échéant ?

    Je suis conscient de la question du genre, mais je ne suis pas là pour faire un laïus sur l'égalité des sexes. Non, ce n'est pas vraiment l'endroit approprié.

    Alors, qu'est-ce qui fait la valeur d'un être humain ?

    Le respect des autres, peut-être, quels qu'ils soient. Ou autre chose... Certains diront que la force de défendre ses idéaux doit entrer en ligne de compte, peu importe ce qu'autrui trouve à redire. 'Si t'as un ennemi, c'est que t'as fait quelque chose de juste', certains diront...

    ...Mouais...

    On a beau vouloir faire la morale, on est responsable que de sa pomme, mais elle risque bien de tomber si on prend pas en compte celles des autres.

    Mavim, lui, ne se pose pas ce genre de questions. Ou plus, plutôt. Si vous pensez que c'est la première qu'il se trouve devant ce genre de choix, tuer ou sauver le 'méchant' de l'histoire, vous vous trompez. C'est même comme ça qu'il a commencé.
    Il l'a fait, de nombreuses fois. À certaines occasions, les circonstances ont aidé. Dans un certain sens, ce sont les situations les plus dangereuses qui sont les plus simples. 'C'était lui ou moi' est la meilleures des excuses. Il s'en est déjà servi, sa conscience lui a déjà fait payer. Maintenant, il choisit pour les autres. Quelque part ça les arrange. Un jour, il s'en serviront peut-être comme exemple, qui sait ?

    La vie...

    La mort...

    Bref...

    Il en est à son troisième whisky. Il les aligne plus vite que les autres pour rattraper son retard, question médicale oblige. À son côté se tient Simbad, silencieux, comme le reste. Il est venu faire un rapport sur la situation, mais face aux hochements de tête silencieux de son capitaine, il s'est vite résigné à empoigner le verre qu'on lui tendait.

    Sebastian s'en ressert un...

    Il fait tourner le liquide au fond...

    Le descend, d'une traite.

    Le verre est propre, presque... un peu poussiéreux quand même...

    L'espace d'un instant cette pensée revient. Celle qui fait des allez-retours dans sa tête depuis qu'il s'est assis. Ce qu'ils feront de Flist, de sa mort...
    Oui, ça deviendra un outil médiatique. Oui, le nom de 'Mavim' sera peut-être cité, à côté ou devant celui des autres marins assis à cette table, et ce même s'il exigeait le contraire. Un héro, ça fait toujours bien. Enfin, peut-être que sa tête d'alcoolique notoire les dissuaderait de publier un photo...
    Un symbole. Ce type deviendrait un symbole. De quoi ? Allez savoir. Qui aurait cru que Roger provoquerait tout ça, en même temps...

    Le silence...

    Après le départ du médecin, tout ce qui reste...

    Le silence...

    Le lieutenant-colonel se lève...

    Il se dirige vers un juke-box, et se baisse pour regarder dessous...

    Il n'a plus de monnaie, elle est passée par le fond, avec son armure et ses cigares...

    Les pièces tombées des poches des anciens clients feraient l'affaire.

    Il choisit sa chanson...

    ...retourne s'asseoir...

    ...se ressert un verre...

    ...et le boit.
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