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Echec au Roi


Les minutes se sont transformées en heures, puis enfin les heures en journée, couplé à une attente insoutenable et silencieuse, en ruminant la colère et la honte des échecs passés.

Impossible de déterminer pourtant combien de temps on s'est échiné sur vous, à vous faire souffrir pour une raison qui vous échappe toujours. Par plaisir, sans doute. Tout ce qu'il y a à savoir, c'est qu'une fois la nuit tombée, les tortures se sont arrêtées, et qu'à part les quelques visites de vos geôliers pour veiller à ce que vous soyez nourris et drogués, l'on ne vous a plus jamais touché, ni parlé. Vos cages sont devenus votre abri, et on s'est refusé à venir troubler le calme pesant de votre prison sur mer. Le ballottement des vagues, imperceptibles pourtant, a rythmé les humeurs de ceux qui tendaient le plus l'oreille. Et du reste... Rien.

Jusqu'à ce qu'une énième et dernière fois, la porte grince et que la silhouette résolument féminine d'Andrea ne trouble cette fausse paix retrouvée, en entendant ses talons claquer contre le bois sali du navire :


Il est temps, déclare-t-elle d'une voix chaude en laissant passer les pirates qui l'accompagnent pour venir ouvrir vos cellules, vous mettre les chaînes et vous traîner dehors.

Tous. Vous avez le temps de vous accommoder à la lumière du couloir, puis celle d'une salle, d'un étage, et enfin celle du dehors. Une lumière vive, qui après des journées dans la pénombre, vous agresse la rétine. Et sur ce pont, où on vous aligne, vous pouvez sentir le vent vous caresser. Une sensation que vous éprouver pour la première fois depuis un moment. Pâlis et amaigris, éreintés aussi. On passe parmi vous pour juger de votre état. Leila, tout d'abord, que vous reconnaissez pour l'avoir tous rencontré au moins une fois. Amy, ensuite, qui gonfle son chewing-gum avec une désinvolture qui taquine la claque.


Le galion sur lequel vous vous trouvez est escorté par deux chebecs aux voiles noires et au pavillon de la même teinte. Le crâne y virevolte.

Profitez, ordonne Leila en sifflant entre ses lèvres. Amy, à côté, éclate de rire. Profitez, car c'est la dernière fois que vous faites ce trajet.


Et Leila n'a jamais dit aussi vrai. Car si elle ne le voit pas, sous les eaux turquoises de Jaya, dans ses profondeurs insondables, un sous-marin attend patiemment le bon moment. Ça n'empêche pas Andrea de revenir sur le pont avec un petit escargophone à la main et de laisser à tout le monde l'opportunité d'entendre la voix de Flist :

Une barque approche. Une barque, pas un galion comme je le désirais.
Et donc ?
Ils ne respectent pas le marché.
Mh...
Ça tombe bien, nous non plus !


Passez leur les boulets, et balancez-les à la mer !
    Echec au Roi Pyle_p10


    Les heures étaient passées. Ils l’avaient maintenu en vie, soigné. Ils lui avaient confisqué ses pilules, ses biens restants. Pire encore, ils l’avaient forcé à assister aux sorts infligés à ses frères d’armes car ceux qu’il recevait ne semblaient pas avoir le même impact sur lui. Le Monstre s’était muré dans son mutisme, dans sa douleur. Son esprit était blessé, des choses que le temps ne pourrait pas réparer. Il avait hurlé, il leur avait parlé. Leila avait fini par le museler lorsqu’il avait presque réussi à tenter ses frères de la côte. Mais elle prenait un plaisir trop sadique à les voir souffrir. La colère du Docteur n’avait pas suffi à les protéger, à les sortir de là. Cette colère s’était muée en culpabilité puis en douleur. Son âme saignait à l’instar de son corps, et chacune des cicatrices, chacune des tortures faites sur ses camarades l’avait tout autant blessé. Ils avaient fait revenir le Docteur au stade d’avant. Les égouts, la peur et la douleur.

    Il avait refusé de se nourrir, refusé de guérir. Il avait échoué, cette idée tournait dans sa tête à l’en rendre malade. Ses douleurs physiques étaient justifiées. Oh, ça oui, il criait. Il hurla de douleur même. Mais son esprit était ailleurs, flottait. Il n’était plus qu’une coquille vide. Il se réfugiait dans sa forteresse de solitude, celle qu’il s’était bâti lorsqu’il était enfant. Le Docteur n’avait plus parlé depuis qu'il avait été réveillé. Il avait même mordu la main de son bourreau. Puis on avait cessé de l’approcher autrement qu’avec des liens, des piques. On l’avait blessé de loin, maintenu dans sa camisole. Ses blessures avaient cicatrisé grâce à l’action continue de ses précédentes drogues. Mais il était vidé, épuisé. Son overdose lui avait coûté beaucoup et les pirates n’avaient rien arrangé. Une ombre trônait au fond de son esprit, une ombre qu’il ne pouvait plus ignorer. Mais jamais il ne tuerait. C’était à cela qu’il se raccrochait.

    Et dans un instant qui semblait se trouver une éternité plus tard, la lumière vint. On le sorti de sa camisole, on le lia de chaînes de fer, de plombs. On le piqua de la pointe des sabres. Il grogna à la lumière, ses pupilles monstrueuses s’étant adaptée aux ténèbres qu’il n’aurait jamais dû quitter. Il était faible, épuisé. Mais il avait encore une flamme qui brillait en lui. La colère. C’était la colère qui tenait le Docteur en vie. De nouvelles cicatrices barraient sa peau épaisse, et il s’en voulait terriblement. La mort serait une délivrance, pensait-il. Mais il ne le croyait pas vraiment. Sa vie … était donc gâchée ? Il n’avait pas pu les sauver, il n’avait pas pu être le Docteur qu’il aspirait être.

    « Grr … » lâcha-t-il, lorsqu’une pointe le planta un peu plus pour le faire avancer.

    Le pauvre hère qui maniait la pique recula, de peur. On leur assurait que ce n’était qu’un humain, mais il était tellement … différent. Même Leila ne préférait pas s’occuper personnellement de lui, alors qu’elle prenait un malin plaisir à découper les autres convives. Il avait brisés ses fers dans la cale, disait-on, d’une force surhumaine, mais pas autant que celle de la donzelle pirate. Ce fut la première fois qu’il put revoir ses camarades. Sa colère se mua en rage. Sourde, qui battait au rythme de son cœur. Un rythme lent. Implacable.

    « Qu’avez-vous fait … » grommela-t-il, rendu hagard par la faim et les mauvais traitements des pirates.

    « Même moi ne pourrais vous sauver … vous êtes … perdu … » articula-t-il la gorge sèche.

    Leila ricana, Amy lui bourra le dos de son talon. Oh ça non, ils ne le laisseraient pas partir en premier. La torture du Docteur, ce serait de tous les voir mourir avant lui. Ils avaient compris que pour le faire souffrir, ce n’était pas à lui qu’ils devaient s’en prendre. Serena, Rachel, Jeska, Craig. Pourriez-vous lui pardonner un jour cette faiblesse ? Par sa faute … On commença à faire avancer Rachel. Ils désiraient s’en débarrasser vite. Il grogna, se secoua. Il écrasa le pied d’un pirate, tenta de se ruer en avant. La main de Leila le mit à terre, profitant de sa faiblesse. Elle lui écrasa la tête contre le plancher puis, serrant son crâne massif de sa main robotisée, elle lui releva la tête. Wallace se secoua. Sadique, la pirate le força à se relever. Elle le poussa en avant.

    « Lui en premier. Le plaisir de le faire souffrir sera pas à la hauteur de mon énervement à le contenir. » grogna la borgne, faisant signe aux autres de ne pas faire avancer plus Rachel.

    Elle colla un coup de pied à Wallace, destiné à le faire avancer. Il tituba, tint bon. Son regard jaune se riva sur Leila, se retournant légèrement.

    « Il y a quelque chose en vous de mauvais, Leila. Quelque chose que nulle main ne pourra guérir. Je vais peut-être mourir aujourd’hui, mais sachez que votre vie sera plus horrible que nos derniers jours. Vous mourrez par le fer, ou par votre propre main. » fit le monstre, tirant un rictus moqueur à la pirate.

    Mais il avait raison, et elle le savait. Amy fit s’arquer la planche, forçant le Docteur à se taire. Il chancela, tint bon. Sa colère le tenait. Il continua à avancer, contemplant l’horizon. Un sourire commença alors à se faire sur son visage. La colère s’éteignit. Il se retourna. On arma un mousquet.

    « Saute, monstre. » fit Andréa, les bras croisés.

    Ça se finissait comme ça, donc ? La mort. Elle s’acceptait, tout simplement. Il regarda ses fers, soupira. La planche était dangereusement incurvée sous son poids, mais elle tenait bon.

    « Gardez espoir. » fit-il, avant de se laisser glisser en arrière.

    Il rencontra l’eau dans un geyser d’écume puis l’on procéda à faire avancer le second prisonnier … Ainsi mourrait le Docteur. Ainsi disparaissait son objectif, toute cette somme de hasards qui avaient mené à son existence, ses oeuvres. Une vie disparaissait et on applaudissait cette mort. Peut-être était-ce bien la seule façon de soigner l'homme. La mort.

    Non ! Jamais.


    Dernière édition par Wallace Johnson le Jeu 11 Déc 2014 - 23:41, édité 2 fois
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    J'suis devenu un spectateur de la tragédie des collègues. Rien que j'puisse faire, sinon les regarder morfler, portant comme un fardeau hérissé d'pointes la certitude de m'en tirer en vie, dénudé de toute dignité, à la fin de leur fiesta putride.

    Là-haut le soleil qui nous nargue. La brise marine me griffant la cime d'une tignasse que les jours passés dans la crasse ont enrichi en gras, les rendant absolument frigide face aux caresses du vent. Autant qu'moi, j'ai largué tout espoir pour me sentir plus léger dans la lutte sans but qu'je menais en silence.

    Menteur ! T'as toujours cette mâchoire qui claque lorsqu'une paluche crasseuse trop téméraire s'aventure aux alentours de ta gueule !


    Vrai. J'ai fais deux manchots ! Deux gourmets impudents qu'ont pensé qu'la bête était domptée et résignée à finir sa vie couchée aux bottes du grand vizir des pourris. Leur sang tapisse encore le creux d'mon palais, un acide qui n'en finit plus de m'décaper le clapet. Et quand il m'aura brûlé jusqu'aux os, j'crains fort d'y devenir insensible. Et ma plus grande peur, c'est d'y trouver un goût réconfortant au milieu d'ce corps qui m'est d'plus en plus étranger. C'est l'unique terreur qu'il me reste. Devenir ce qu'ils veulent que j'sois. Un molosse avide de bidoche et de nonos.

    Sinon, je n'suis que rage, et fatigue, désireux de m'échapper du gouffre dans lequel ils m'ont tous précipité en me creusant un tunnel jusqu'à la liberté, à la seule force de mes crocs. Mes crocs si excités de se sentir -enfin- aimés à leur juste valeur... vous faites pas trop d'espoir, quenottes, j'vous hais toujours autant, vous qui me déformez la gueule et m'avez cruellement prédestiné à la prédation. Mais, surprise, aujourd'hui, grâce à ma bête, je découvre une haine encore plus virulente que celle qui m'étreignait quand j'me paumais en introspection. Manque de pot, j'ai le corps et le coeur trop faibles pour la déchaîner comme je le souhaiterais.

    Ils ont appris de leurs erreurs. Une lourde muselière me scelle le bec. L'air peine à s'infiltrer dans mes naseaux gonflés par les corrections qu'ces pouffiasses ont cru efficace à canaliser ma frustration. J'ai l'impression d'étouffer, de me noyer dans l'air, en plus de cet arôme d'acier crasseux qui m'envahit les sinus à chaque inspiration. Et causer ? Pas possible, et peu importe. Rien à dire, sinon une gerbe d'excuses et d'insultes. Autant que j'les confine en moi...
    Saucissonné par du fer, lorsque mes chaînes sont tirées, j'suis forcé d'accourir.

    T'as eu tout le temps d'leur dire Adieu.

    L'adieu, c'est le minuscule mot qui rallie une horde de douleurs. Non, on s'est pas dit adieu, jamais. Ce serait comme faciliter leur besogne, et dieu sait qu'j'ai envie qu'ils en chient durs, ces connards.

    Tu iras rejoindre ton nouveau maître après.

    Wallace. Un coeur enrobé d'écailles. J'ai rien vu d'aussi bon depuis mon stage chez les toubibs 20 l'année dernière, et pour cause, il est un toubib. Comme moi. Un monstre aussi, comme moi. Et ils ont choisi de le tuer en premier, comme pour nous scier les troncs de nos derniers espoirs.

    Nos secondes de recueillement, profanés par les fous rires d'cette infecte lie de l'humanité, aiguise en moi cette rage désespérée qui fait danser les chaînes. Comme si copier la défaite du toubib allait compenser sa perte. Comme si elle constituait un espèce d'hommage, un cadeau de consolation à l'amertume répugnante. J'grogne sourdement, diluant ce sang qui me stagnait dans la gueule dans un flot de bave où se noient les sons. En fusillant d'un regard lessivé d'émotions chacun d'ces dégénérés, j'bouscule l'un d'ces chacals, qui s'affale en jurant sur ce plancher que j'lui forcerai à bouffer, en m'apprêtant à lui piétiner la gueule, et lui faire subir, si ces liens m'permettaient, tout ce que mon imagination pervertie par ma haine aimerait lui...

    Tiens-toi tranquille.

    Plus férocement encore, ma chaîne m'embarque en direction de la catin de Flist. Siphonné, j'ai plus assez de jus pour voir venir sa guibolle qui s'écrase brutalement dans mes genoux. J'm'affaisse, balayé, plus dérisoire que les cafards qui s'étaient improvisés nouveaux compagnons d'cellule, à ses pieds, sous une nouvelle cascade de rires. Tandis que j'percute un bois délavé qui empeste le sang caillé et une merde innommable. Un plancher de pur charogne. Et sa semelle, pour parfaire l'humiliation, se pose sur ma joue emprisonnée sous la ferraille, et j'me rends compte que rien ne m'permettra de supporter ça ! Au fil de ces années à faire des aller-retours entre l'euphorie du vainqueur et le désespoir du survivant, l'espoir était devenu ma propre peau. On me l'arrache aujourd'hui, me larguant en enfer, la chair et l'âme à vif.

    C'est fini. J'écoute une dernière fois le môme qui s'égosillait en moi. Pas de justice, pas d'héroïsme. Du sacrifice au goût de défaite, des convictions piétinées par la réalité.
    J'suis tellement désolé. Les amis. D'être resté ce papillon qui n'a jamais su déchirer son cocon.
    J'suis tellement désolé, frangin. Je n'ai plus de rêves.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
    Une journée en enfer.

    Facile pour Rachel qui métaphoriquement, y avait passé les deux derniers mois.

    Facile pour Louve qui, littéralement, y avait passé deux ans. Âgée seulement de dix.

    Végétarienne de profession, elle n'avait pas mangé le plat au jus de viande qu'on leur avait servi. À peine grignoté les feuilles de salades pleines de vers élevés spécialement pour l'occasion et bu l'eau qu'on leur servait à grandes rasades. De toute façon, elle avait été droguée pour la prochaine semaine à venir et on annonçait leur mort pour le lendemain midi, pourquoi se priver de nourriture, hein ? Bien que pour dernier repas elle aurait espéré mieux que de la laitue pas fraîche et un godet pas propre. Du genre un potager de légumes frais, ou des lasagnes végétariennes. Pourquoi pas du tofu fumé ou un couscous parfumé ?


    Il est des histoires qui aiment être racontées, d'autres que l'on ne narre qu'une fois. Les tortures sont de la deuxième catégorie et que même si l'esprit avait l'occasion – et la perversion – de les imaginer, elle seraient restées innommables et bien cachées ; surtout pas du genre à être couchées sur un clavier pour qu'on les y lise. Sachez seulement que Rachel, traînée hors de sa cellule avec les quatre autres, n'avait plus d'ongles, plus de robe, de très nombreuses scarifications dans le dos et sur les cuisses et probablement tous les os de la main droite brisés. Un à un, pour ne pas rentrer dans les détails. Leila avait pris son pied, cette salope. Si jamais Rachel s'en sortait, éventualité à laquelle elle commençait à ne plus vraiment croire, elle serait la première à y passer. En toute amitié, bien entendu.

    Dire que quelques minutes plus tôt, elle avait vainement espéré s'en sortir. Maintenant, balancée aux bons vouloir de l'écume puissante et des embruns qui avaient fait son enfance, elle espérait pour de vrai.

    Cette vérité la frappa avec la puissance d'un marteau directement dans les entrailles. Maintenue par des chaînes qui la ceignaient, comprimant son bras valide contre son buste dénudé, l'obligeant à marcher malgré le supplice, elle rua à s'en rompre la colonne vertébrale. Mais impossible de fuir d'un Soru ; les mains fermes tenaient bon comme on aurait maintenu un gorille. Enfin non, le Gorille, c'était Wallace ; il était le King Kong. Elle juste un truc frêle, faible, mais bien plus dangereux. Elle fut la première menée devant la planche. Ses hurlements, mélanges de grognements sourds effrayés et de couinements plaintifs, n'étaient qu'à peine audible tant ses cris lui avaient lacérés la gorge et déchiré les cordes vocales. La peur de mourir ? Pas tout à fait. La peur d'être exécutée, en revanche, ça oui. De ne pas pouvoir faire régner la justice, d'avoir fait les mauvais choix, d'avoir choisi les mauvaises batailles. Elle revoyait tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle avait accompli, mais surtout tout ce qu'elle n'avait pas été et tout ce qu'elle n'avait pas fait. Pire, tout ce que d'autres avaient fait à sa place. Et elle en pleura de rage, de tristesse et de peur face à l'eau noire qui lui promettait tant, qui s'ouvrait comme un gouffre devant son trépas possible. Malgré l'espoir qu'elle attisait tant qu'elle le pouvait. Écroulée de douleur, traînée par les cheveux vers la planche que Wallace venait de fouler. Qu'on avait envoyé en premier pour une raison qu'elle n'avait pas saisi. Et qui malgré les dix boulets qui le lestaient, leur demandait de garder espoir. Ça n'avait jamais été l'espoir qui l'avait tenue, Rachel. Mais aujourd'hui, plus grand chose ne la tenait éveillée alors elle voulut croire aux mots de Wallace. Même s'ils n'étaient que mensonges.

    Une journée en enfer. Facile pour Rachel.


    Elle n'eut pas le temps de prendre sa respiration. L'eau froide lui entra directement dans les poumons quand elle y fut jetée, avant qu'elle n'ait le réflexe de bloquer sa respiration. Dans cette eau noire, elle ne vit rien du tout. De toute façon, son visage était tellement tuméfié à cause des coups de garde du sabre de Leila qu'elle ne voyait pas grand chose même en pleine lumière. Juste au-dessous d'elle, Wallace, qui en raison du volume d'air contenu dans ses poumons, coulait lentement. Percluse de douleurs, comme dans un manteau fait de sa propre peau et de ses propres os, frappée à chaque instant par des gourdins surmontés de pointes, elle se laissa couler à pic, jusqu'à sa hauteur et seulement là, elle se battit pour sa survie. Pas la sienne, mais celle de Wallace.

    D'un retour à la vie qui ne lui demandait aucune énergie physique, elle affina ses chevilles, elle trancha dans la chair de ses hanches, elle remodela sa silhouette aussi rapidement qu'elle le put, avec le peu d'oxygène qu'il lui restait. Les chaînes lestées finirent alors leur course jusqu'au fond, vers le sous-marin qu'elle n'avait su voir, qu'elle n'avait pris le temps de regarder. Elle ne croisa pas le regard de Wallace, ne le chercha même pas, et c'est avec moult difficultés qu'elle donna vie à ses cheveux, encore une fois. S'empêchant de penser que c'était la dernière fois. Déjà les frissons la gagnaient. Ceux qui augurent la fin d'un vie malmenée. Mal menée. Trouvant malgré l'obscurité et l'insistance muette de Wallace la serrure de ses fers aussi lourds qu'elle-même l'était, elle y guida ses pointes à l'intérieur avec une délicatesse qu'elle n'avait plus. Alors elle força le tout, déployant le Haki de ses racines jusqu'à ses pointes flottantes, les rendant aussi dures que du métal. Lorsque la serrure, dans un cloc satisfaisant se détacha, elle abandonna tout et laissa s'échapper un souffle las dans un concert de bulles en Ré Mineur. À quelques millimètres de s'évanouir. À quelques millimètres de s'endormir. À quelques millimètres de laisser l'eau s'engouffrer dans ses poumons. Complètement. À ça de se laisser mourir. Noyée. Incapable de faire un mouvement sans que son cerveau ne lui hurle des informations inutiles. Membres brisé. Membre brisé. Volonté brisée ? Jamais vraiment. Mais Wallace pourrait s'en tirer. Y'avait mieux comme lot de consolation, mais elle avait oublié sa lettre au père noël sur le navire de Mona Lisa, alors elle s'en contenterait. Et puis sauver un docteur, c'était beau, non ?

    Elle n'avait plus d'air. Elle lui sourit. Et l'ombre passa sur ses yeux, l'eau la prit à la gorge et s'invita entre ses lèvres.

    Et pourtant. Ce n'était pas l'ombre de la mort, mais la gigantesque, celle de Wallace. Ce n'était pas la pression de l'eau qui força ses lèvres, mais celle de Wallace et de son triple quintal. Sa poigne la saisit derrière la nuque et ses lèvres – si on put les appeler ainsi – se plaquèrent contre celles de la brune puis de ses poumons de trois taureaux, insuffla dans la poitrine un vent nouveau.

    Et quoique légèrement avarié, il faut le reconnaître...


    Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Ven 12 Déc 2014 - 12:54, édité 1 fois
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    Je suis là. Lasse. Dans cette cellule ridiculement étroite. Je me remémore ma vie. Mes bon moments, si rares, si précieux. Et les mauvais. Si fréquents. Je me demande pourquoi j'ai continué à vivre envers et contre tout. Ma vie n'est qu'un océan de douleurs, de chagrin, quelques fois parsemés de rares ilots de joie. En y réfléchissant bien, ça ne vaut pas le coup. Endurer. Oui, j'ai toujours enduré. Mais là, j'en peux plus. Je veux que ça se termine. J'implore la Mort qui se refuse à moi comme une amante délaissée.

    Et les deux furies qui s'acharnent sur mon corps comme des chiens sur un os. Je ne suis plus une personne, je suis une blessure vivante qui suppure. Ma douleur, c'est ce qui me définit plus que tout le reste. J'en suis arrivé au point où je me brise. Ou je meurs. Oui. Je suis morte sur cette table. Mon corps vit encore. Mes poumons respirent. Mon cœur bat. Mon cerveau fonctionne. Mais tout ce qui fait de moi la personne que je suis est resté là bas. La souffrance à gommé mes souvenirs heureux. Elle a effacé une grande partie de ma personnalité. Je ne suis plus rien. Je ne suis qu'une coquille vide au fond d'une cellule moisie. Et pourtant, en moi, il ne reste qu'une chose, une toute petite chose.

    La haine.

    Cette petite boule de rancœur tapie au fond de mon âme. Je la sens à présent. Maintenant que tout le reste à été détruit pas la douleur. Elle grossit. Elle remplit mon âme. Elle se déverse en moi comme un torrent trop longtemps contenu brise une digue. Je suis tellement pleine de rancœur et de ressentiment que j'ai l'impression que ça déborde. Je chiale de la haine. Je sue de la haine. J'expire de la haine. Et qui je déteste au juste? Tout le monde. Les pirates qui enfreignent la Loi. Les révolutionnaires qui disent vouloir aider les gens mais qui préfèrent lutter contre la Marine et le Gouvernement que contre la piraterie qui est le véritable fléau de ce monde. Les chasseurs de primes qui ne rendent justice que par appât du gain. Si les soldats avaient une prime sur leur tête, nul doute qu'ils leur courraient aussi après. Ces civils stupides et faibles qui préfèrent courber l'échine devant u tyran que de l'affronter. Et... les pires de tous. La Marine, les refuge d'incompétents comme Oswald et ses plans foireux, ou de boulets comme ses compagnons de cellule, tout juste bons à se laisser capturer.

    Tout ça, c'est de leur faute. Le commodore Jenkins et son plan pourri qui a amené cette débâcle. Les prisonniers qui s'ils avaient été à la hauteur auraient gagné ce combat au lieu de le perdre. Et même s'ils avaient perdu, il aurait du leur rester un soupçon d'honneur. Ils auraient dû préférer crever au combat que de se laisser capturer. Oui, c'était de leur faute! S'ils avaient fait leur boulot correctement, je n'aurais jamais eu à me griller. Si je suis là, c'est de leur faute! A eux! Moi, j'ai tout bien fait! Je les hais, ces minables!

    Alors je suis là, sur le pont. Les soleil chauffe ma peau meurtrie. J'ai l'impression que ma couenne est trop petite pour moi. Les embruns salés rentrent dans mes plaies. Et ça me fait mal. Mais je m'en tape. plus rien ne m'importe plus que de quitter ce monde de merde. Vivre ou mourir? Telle est la question. Y
    a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une existence de misère, ou à s'
    armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs? Mourir... dormir, c'est mieux... Calmer enfin, dans la mort, les affreux battements de mon cœur. Quelle autre conclusion pourrais-je souhaiter à ma vie de misère? Mourir... dormir, dormir! Rêver peut-être! C’est là le hic. Car,échappés des liens charnels, si, dans ce sommeil du trépas, il me vient des songes... halte-là! Cette considération prolonge la calamité de ma vie. Je ne veux pas penser qu'il y a un après la vie. Je veux juste que tout ça se termine.

    Non, c'est faux. A présent mon âme me brule. Elle se consume d'un feu nouveau.

    La vengeance.

    Je veux me venger. D'Oswald Jenkins. l'homme qui a fichu ma vie par terre. Qui a foulé du pied mes idéaux. Qui en a fait une masse informe. Et qui, indirectement certes, m'a mise dans cette situation de merde. Je veux qu'il meure. Lentement. Je veux qu'il soit à ma place sur le chevalet de torture. Et moi, je veux tenir le rôle de Leila. Je veux qu'il ait mal. Comme moi j'ai eu mal. Je veux qu'il comprenne. Qu'il m'implore! Qu'il s'excuse! Et qu'une fois que j'aurais détruit tout ce en quoi il croit, qu'il crève de la plus vile de façons. Oui, je vendrai ce qui me reste d'âme au diable pour avoir des yeux et le voir souffrir mille tourments.

    Minute.

    Je peux encore le faire.

    Alors qu'on me pousse en direction de la planche, je m'arrête net. Wallace et Rachel ont déjà fait le grand saut, mais moi. Je m'y refuse. Je sens une pointe effilée me traverser les chairs dans le bas du dos. Je m'en fiche. Qu'ils me plantent ou qu'ils me noient, le résultat sera le même. Alors je ris. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Mais je ris, comme une démente je trouve.

    Une main froide m’attrape par le cheveux et m'envoie valdinguer par dessus bord comme si je n’étais qu'une poupée de chiffon. L'eau est glacée, et le sel me brûle les plaies. Je hurle sous l'eau qui m'engloutit. Je sens l'étreinte glacée de la Mort qui m’enserre. Mais je refuse de me laisser mourir ainsi. Je retiens ma respiration du mieux que je peux. Je sens la pression de l'eau me compresser, et l'air dans mes poumons se raréfier. Je lutte du mieux que je peux contre se réflexe stupide qui veut me faire ouvrir la bouche et inspirer une grande bouffée d'eau. Mon esprit vacille. Ma conscience s'effrite. Puis soudain, le noir...

    Pas celui dont j'ai l'habitude en tant qu'aveugle. Le vrai. Celui des ténèbres abyssales.


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    Sous l'océan, dans un silence de mort, c'est un prédateur d'un tout autre genre qui se fond dans les flots. S'il est ainsi, redoutables créatures des abysses dans la plus grande des discrétions, ses entrailles elles sont loin de l'être. Ce monstre, c'est Serenity et il déborde de la volonté chère à la justice, celle qui nous fait avancer, celle qui nous fait aller chercher nos camarades. J'ai répondu à l'appel de Lilou, celui d'être de nouveau une Rhinos Storm et de faire avec mes maigres moyens de l'instant une chose qui permettra d'aider les miens. Manœuvrer Serenity n'a rien d'une partie de plaisir surtout que je découvre au fur et à mesure les pleines capacités de mon nouveau bras en métal et que la jambe artificielle me fait un effet bizarre. Enfin découvre est le terme gentil, détruire en partie et malgré moi les parois, le matériel et les meubles est plus exacte, mais j'arrive maintenant presque à tenir un verre sans le briser au bout du huitième essai.

    Nous sommes bien une ou deux bonnes heures avant le début des opérations, nous fondant dans Serenity dans l'obscurité dans les profondeurs insondables du fond des océans. Nous sommes à la fois tendus et déterminés, nous y allons avec la ferme intention de chercher les nôtres, de montrer que nous ne laissons personne dernier, mais surtout de protéger ceux qu'on aime comme le ferait une grande famille. C'est le moment où on peut se permettre de faire un peu de bruit sans risquer d'éveiller trop l'attention à la surface, qu'on est assurément assez loin du point de rendez-vous pour se permettre une chose primordiale avant ce genre d'évènement.

    Je laisse temporairement les commandes, pour aller voir le plus gros du personnel à bord de notre boite de sardines en bois, je trouve cela un peu étrange d'avoir des arbres sous l'eau d'ailleurs, mais après tous, j'y suis bien moi. Je me tiens devant eux, plonge mon regard dans le leur, fait un sourire carnassier avant de prendre le cigare que j'ai en bouche et le garder à la main, plus simple pour parler quand même sans. Je prends une bonne respiration puis parle en articulant bien et d'une voix claire, emprunt de ma propre détermination.

    "Je ne sais pas quoi vous dire en fait. Deux petites heures avant le dernier chapitre de Jaya, avant que les rouages du combat nous emportent jusqu'à la fin de cette épopée. Tout se joue aujourd'hui. Soit nous guérissons en tant que famille, soit nous nous écroulons pas après pas jusqu'à la fin... Nous sommes en enfer messieurs. Croyez-moi. Nous pouvons y rester, nous faire massacrer... Ou nous pouvons nous battre et revenir dans la lumière. Car ensemble, nous allons aller au bout pas pour servir le drapeau, pas pour ceux pour qui nous sommes que des chiffres sur un obscur morceau de papier : Non, nous allons sauver les nôtres puis débarrasser les océans d'une de ses plus grosses charognes, car on agit pour la justice en laquelle on croit !

    REGARDEZ-VOUS ! Frères et sœurs Rhinos !

    Nous portons sur nos épaules l'héritage et les sentiments de ceux qui sont tombés avant nous, pas pour finir comme eux, mais bien pour nous relever et la tête haute écraser ce qui pourrit et menace tout ce que nous chérissons ! Car non ! Nous n'allons pas plier face à ces bouchers, c'est hors la loi et ces vauriens qui détruire tout ce en quoi nous croyons, qui attaques sans pitié nos êtres chers, qui crachent sur le bien et veulent prendre sur la force tout ce qu'ils ne méritent pas, allons-nous les laisser continuer ?! Jamais ! Survivons et ouvrons une voie vers un meilleur lendemain, levons nos armes, haut les cœurs mes frères et sœur il est temps d'aller sauver les nôtres, de détrôner ces immondices assises confortablement sur ce qu'ils pensent acquis pour que le bien et la justice règne.

    RHINOS STORMS ! Nous n'oublions pas !
    RHINOS STORMS ! Nous ne détournerons pas les yeux !
    RHINOS STORMS ! Nous ne laisserons personne derrière nous !
    RHINOS STORMS ! Tous ensemble, uni comme une famille nous vaincrons !"


    Le moral c'est important aussi et puis j'avoue que hurler pour une autre raison que la douleur ça a son bon côté quand même. J'espère avoir réveillé en eux ce petit quelque chose, d'avoir fais passer ma volonté de sauver nos amis et de démolir Flist et toute sa bande, enfin je crois que le message est clair de toute manière même si j'ai utilisé des termes plus pompeux et en adéquation avec un discours de motivation. J'organise ensuite une dernière fois les troupes même si ça a été déjà fait, on va mettre cela sur le compte de l'appréhension, je pense. Les plongeurs sont près à recueillir ceux qui tomberaient malheureusement à l'eau pendant l'opération, j'ai préparé de puissants explosifs au cas où il y a un peu trop de navires à mon goût, les troupes sont prêtes à débarquer en urgence en cas de combat et l'équipe médicale prépare déjà l'infirmerie. Tout le monde est sur le pied de guerre, si bien qu'à l'heure dite bien qu'il y ait un élan de surprise quand la planche crache sa première victime nous réagissons promptement, nous sommes déjà parés.

    "Ne remontez pas trop haut, la surprise est encore notre meilleur atout. Aller sauver les nôtres."

    C'est d'une tape franche sur l'épaule et un regard de braise que j'envoie nos plongeurs sortir du Serenity pour aller chercher ceux qui pensent surement mourir. Ils sont ramenés un à un et rapidement on comprend que jouer les prédateurs immobiles ne nous garantira pas le retour de tout le monde.

    "Bienvenue à la maison, prenez un repos bien mérité."

    Une fois les blessés amenés à l'infirmerie s'ils le souhaitent, ou soigné sur place dans l'autre cas il va être temps de se préparer à les mordre à la cheville.

    "Un galion et deux chebecs n'est-ce pas ? J'ai bien fait de préparer des explosifs au cas où, il va être temps d'aller chercher ceux qui reste, Rhinos storms préparez-vous à l'assaut !"

    La question est : est-ce que je suis en état de remonter à la surface pour aller botter quelques postérieur crasseux de pirates ?
    • https://www.onepiece-requiem.net/t2578-fiche-de-rei-yanagiba
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    "Il doit en rester deux, lieutenant-colonel, une rousse et votre homme-requin."

    "Entendu. Restez en position et dites à Yanagiba de se tenir prête à s'occuper des chebecs. On a déjà attendu bien assez longtemps. Profitez de la diversion."

    Dix-huit heures. Il avait déjà réussi à tenir plus longtemps, mais étrangement, les effets de manque le frappaient avec plus de force cette fois-ci. Certes, son esprit était clair, mais il sentait sa patience prendre la fuite. C'était un des principaux problèmes de l'abstinence, surtout dans ce genre de situation un peu tendue: tenir le raisonnement et ne pas céder à l'envie d'ouvrir tous les sas afin d'enfin avoir un peu de silence.

    "Nous bougeons ?"

    "Oui, sinon ils tuerons Kamina. Ils ne sont pas assez bêtes pour vouloir noyer un poisson."

    "C'est vous l'patron!"

    Mavim ne réagit pas à l'insubordination, mais pris une note mentale. Même si ce genre de libertés était certainement préférable à un mutisme mal placé, le vétéran ne pouvait s'empêcher de déplorer ce manque de professionnalisme. C'était par là qu'arrivaient toutes sortes de tares, à commencer par l'oubli des choses importantes, comme la mission, par exemple. Un esprit occupé ne prend pas le temps d'hésiter.

    "Vous savez ce qu'il vous reste à faire, alors faites le bien."

    The Muppets - Life's a Happy Song

    Sur le galion, la vie allait bon train. Le recordial tournait bon train, on zigouillait du marin en se fendant la tronche, belle journée, pas trop chaud pour une fois, que du bonheur quoi. En plus, ils semblaient se prendre la tête sur le qui du quoi par où et pas vraiment comment, ces cons. Autant dire que c'était une belle journée, ouaip.
    Y'avait que le p'tit Jimmy qui déchantait un peu. Il s'était un peu amouraché de la roussette après tout. Enfin, amouraché comme seul le p'tit Jimmy le peut, qu'on s'entende bien. Disons qu'il prenait plaisir à l'avoir un peu près de lui, et personne ne voulait être si prêt de p'tit Jimmy. Après tout, un gras gars black de deux mèt' dix, ça en fait changer de trottoir plus d'un, hin hin.
    Bref, n'empêche que le pied se faisait prendre.

    Jusqu'à ce qu'il se perde.

    Le pied, hein, on s'entend bien. Le p'tit Jimmy, lui, est toujours là, même s'il s'est translaté de plusieurs mètres sans trop d'explication. Comme le reste des gens, d'ailleurs. Quelqu'une gueule, c'est la patronne, pas trop sûr de laquelle, qui veut savoir ce qui s'est passé.

    "Euh... Je crois qu'on c'est pris un suppositoire de trente tonnes dans le cul..."

    "Essaies plutôt trois milles."

    "Toi !"

    "Feu à volonté."

    Les balles fusèrent. Une centaine de fusiliers avaient pris position aux côtés de Sebastian alors qu'on entendait des tirs de canon pulvériser les gouvernails des deux chebecs. Les hommes entourant les prisonniers se firent abattre avec la première salve. Un carreau d'arbalète vint se ficher dans le crâne d'un homme en train de relever près des lieutenants de Flist et explosa. Les Hypériens n'affluaient pas sur le galion, mais restaient en rang, organisés, couverts par les tireurs d'élite et les armes lourdes restées en retrait.
    Seul Sebastian avançait, droit vers les deux prisonniers, épaulé d'une dizaine de soldats qui, même s'ils étaient moins volumineux que lui, avaient de quoi faire pâlir le p'tit Jimmy.
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    Andrea ! Ramène les deux derniers dans les entrailles du navire ! Ils ne le quitteront que mort !

    La brune ne se fait pas prier. Elle attrape les chaînes de Craig et Serena par les cheveux, et les envoie tous les deux à l'intérieur du galion. Ils passent un couloir, puis un autre, avant d'arriver en dévalant des marches par dizaine dans la cale. Premier à toucher l'eau s'il arrivait quelque chose au navire et s'ils se retrouvaient embarquer par le fond. Arme à la main, elle jeta un coup d'oeil aux deux prisonniers et somma :

    Restez tranquilles.

    Sur le pont, les choses sont bien différentes. Le calme précaire dans la cale n'a rien à voir avec l'agitation à la surface. Les uns canardent quand les autres tombent. Le bois se nappent progressivement de sang, mais rien qui n'arrêtent les deux femmes en charge pour l'instant. Car si les deux chebecs et le galion sont immobilisés, on ne peut pas en dire autant de leurs canons. Les gueules noires se dévoilent sur les côtés et les ordres fusent en même temps que les boulets.

    Et au milieu de cette cacophonie digne des plus grandes batailles, la petite Amy se pointe sur la rambarde et hurle à l'intention de Sam :

    Ramène-toi, Papi ! Tu as encore une raclée à te prendre ! On a des comptes à régler, vieux croulant!

    Et armée d'un fusil qu'on lui a donné peu de temps avant, elle vise et tire dans le but évident de tuer.

    Tu ne récupéreras tes hommes que si tu te ramènes ! Alors abrège leurs souffrances et arrête de te planquer !
      J'étais occupée à regarder le présent se faire, peinarde. A me dire que dans le fond, j'avais pas si mal vécu, et que j'avais porté mes viscères jusqu'au bout. A consoler mes morceaux mis à vif et meurtris en dirigeant mes dernières forces vers mon nerf central, ma fibre animatrice. Je n'ai pas forcé sur mes lèvres hachées à la lame de couteau, c'est resté silencieux. Mais j'ai prié, l'âme en paix au milieu de ces gens qui sont sûrement ceux qui se trouvent le plus près de ma nature. Pour ça, malgré le coup des lèvres, des plaques de peau entières décollées et retournées, des poisons dans le sang dont je sens encore l'acide mordre jusqu'à la pointe de ma conscience, j'arrive pas à leur en vouloir.
      Ils sont de mon sang, dans le fond. Ma pente descendante, ce qui m'attend à la moindre perte de vigilance, c'est leur sort à eux. Pour ça qu'au moment où Wallace s'est jeté à la baille avec son joug de taureau, j'ai rien fait d'autre que m'investir un peu plus dans ma prière. Pas une prière vengeresse. Un truc tranquille, qui pète le cycle de la violence. J'ai même pas tremblé quand j'ai vu la haine dans les yeux de Jeska, qu'est derrière le masque rien d'autre qu'une fille faible et sans caractère. J'ai contenu mon poing brisé et enchaîné lorsque la commandante m'est passée devant, et que j'ai vu ce qu'ils lui avaient fait. J'aurais pu le faire. Dans une autre vie.

      Après, maintenant que j'en suis là, de nouveau dans le monde des uniformes blancs, que l'action soudaine m'a ramenée au présent, je me dis que la drôle de pierre de mes menottes y est peut-être pour quelque chose dans cet état de paix intérieure ; je me sens faible, mes jambes font semblant de me porter. Quand Leila me repousse en arrière pour affronter un Mavim que j'ai cru, comme eux, surgi de nulle part, je m'affaisse sur moi-même comme du linge, et je me relève pas. Pourtant, à côté de moi, y'a Craig qui s'agite. Je sais plus trop comment le voir, ce camarade de baptême, dont j'ai eu l'occaz de douter du courage et de la fermeté d'âme depuis qu'on veille ensemble dans les geôles.

      Leila gagne du terrain. Non, Craig, pas moyen de bouger de mon côté. Toi, par contre ? Vrai qu'avec tes mains écartées par les menottes, ta gueule muselée, tes membres soudés par les fers qu'ont l'air d'avoir entamé ta viande d'un peu partout, t'as pas masse de marge de manœuvre. Mais t'es pas un homme poisson ? Je veux dire, y'a une histoire comme quoi un pirate tout ce qu'il y a de plus humain aurait arraché un mat pour se libérer. Tu dois pouvoir faire la même.

      Remarque, c'est pas dit qu'ils t'aient pas coupé ce que t'avais de tendons en trop.

      -Venez ! Par ici !

      Je m'aperçois que le granit me nique pas mal la vue. Du mal à distinguer, mais ça a l'air d'être les copains. P'têtre Sarkozyzy. Sont cons de pas faire confiance à Andy. Il aurait pu donner un sacré coup de main. On a perdu trop de monde, et je doute que l'EMM nous ait envoyé des renforts. Pour une mission, on a des tunes et des hommes attribués, c'est calculé. Si on se foire, on se foire ; on considère les trois quarts du temps que rajouter du sang sur du sang, ça redorerait pas le blason rouillé de la marine.

      On me tire par les épaules. J'ai les jambes qui tricotent sur la poussière du plancher, pas moyen d'en être maîtresse. Je caille, en plus. Plus l'habitude de pas pouvoir gérer ma température comme je veux, et mes trente-sept sept me suffisent plus. Je sens aussi que ça touche mes fers, que ça essaye sans avoir de clef. Que ça laisse tomber. Au sens propre. Puis après, j'entends des coups de feu.

      C'est Jimmy qui veille. Un chouette type, Jimmy, le genre qui abandonne pas. Mais pour une fois, je serais plutôt contente de le voir laisser couler. Y'a rien à faire, je dois avoir un problème avec la piraterie. Y'a toujours un porteur de bandeau ou de tricorne dans le tas que je finis par bien aimer.

      Si Wallace est vivant, je lui en parlerais. Un jour où j'aurais le courage d'affronter le divan.

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      La pouffiasse brune du harem de Flist nous pousse à travers les intestins viciés du vaisseau. Résister ne me vaut qu'encore plus d'hématomes. Ça attise la haine, mais amaigrit mes chances de survie. L'idée d'crever, je l'ai parfaitement intégrée. La pluie de feu, le bain de fer et un nihilisme latent déambulant depuis peu dans mon esprit, comme un invité indésirable trop gonflé pour que j'puisse réunir le courage de le chasser, ça m'a séquestré dans mes sentiments les plus sombres.

      La peur est morte, vive la peur. Seul le clairon de la vengeance résonne en moi désormais. Si je m'en sors intact, si le capitaine réussit à m'extirper de c'guêpier, le serment de leur faire payer s'imposera à moi. La bête m'adoube. L'amertume de devenir mon propre vassal ne passe pas sans une quinte de toux, qui, comme ma gueule est condamnée, bondit de mes naseaux et révulse notre escorte.

      -J'te jure que j'te décapite sur le champ si tu recommences à me... cracher... balancer... de la... morve... par le nez... Merde !

      Ou c'est simplement un symptôme d'une des allergies que j'me suis découverte, à baigner dans l'innommable là en-bas.

      Cette muselière, avec mes crocs, emprisonne aussi mes mots. J'aurais voulu en glisser quelques uns à Serena, pour décuver la honte. J'ai été acculé au fin fond de la dignité, moi, elle, nous tous, nos vices et nos pulsions ont eu leurs heures de gloire. La guerre enfante des monstres. La guerre est un miroir déformant dans lequel je mire ce squale aux dents aiguisés que je suis, que je n'ai pas eu le choix d'être. La guerre n'a de justice que celle du plus fort. La guerre abîme mon âme à chaque seconde qu'elle me vole.

      Les épaisses entraves de la rouquine laissent traîner aucun doute sur leur composition : c'est gros, c'est lourd, c'est d'un gris minéral sombre et implacable. C'est du granit marin. J'la sens laminée, physiquement comme mentalement. Moi, j'ai toujours de la hargne à revendre, mais si j'explose, j'risque de l'emporter dans mon feu et d'la placer dans une situation où elle ne pourra que se regarder brûler. Un comble pour une donzelle aux cheveux enflammés qui dompte la température.

      Si je frétille trop à leur goût et qu'ils passent leurs nerfs sur moi, elle y passera aussi. Autant jouer la patience. Et l'espoir que les canons qui ont tonné là-haut nous creusent une issue de secours. La bougresse croit faire pression avec sa lame qui caresse mon aileron plié par les chaînes, mais je n'presse le pas que par volonté d'en arriver plus vite à la conclusion. D'être fixé le plus tôt possible. C'est la fin d'mon film, ou y aura une suite ? Mon public en redemande, mais c'est pas moi qui décide de ça.

      Alors, j'me laisse manipuler et insulter, je tord le cou aux pulsions et appelle, une dernière fois, promis, l'espoir. Wallace, Blacrow, à la flotte. Mavim, le sous-marin, l'espoir. Le projet qu'on parvienne à dessiner un tableau final qu'on pourra légender très naïvement par "Grâce à l'esprit d'équipe, tout est bien qui finit bien".

      La cale glaciale, comme on pouvait s'y attendre, est striée de fer, bien entendu. Le bois moisi, le fer rouillé, le sang et l'eau, ont été les quatre éléments de mon univers ces derniers jours. Nous v'là plus fardeau que jamais. Les otages les plus chiants à sauver, ceux abandonnés dans la cale et qui servent d'assurance-vie aux lâches. Largués là comme du bétail qui attend sa fête à l'abattoir, j'me tourne aussi vers Serena. Sans gêne, ma muselière m'empêche d'me galvaniser en blablatant.

      - Hmmf Hmmfm Hmf, hmmmf hmf.

      Ça revient à tenter les vocalises nasales. Elle perd rien. Le message était si mielleux que j'mériterais bien une bonne bastonnade de la part de l'ironie. "On va s'en sortir, t'inquiètes pas".
      • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig

      J'émerge de ce sommeil de Mort comme on sort de l'eau. L'envie de prendre une grande inspiration me vient, mais ça attendra. Je tousse de la flotte salée qui me brûle l'intérieur de la poitrine. Maintenant que j'ai fini de cracher je peux enfin remplir mes poumons d'air. Aaaah. Ça fait du bien. Je me sens apaisée, comme détendue par ce bain forcé et potentiellement mortel pour moi. D'ailleurs, ou suis-je? L'odeur de désinfectant m'indique que ce n'est ni le paradis ni l'enfer. Je suis dans un dispensaire. J'entends qu'on s’affaire autour de moi. Mais pas seulement. Les noms de Wallace de de Rachel arrivent à mes oreilles. Ils sont saufs et sur le Serenity. Même si je n'en ai plus rien à faire d'eux, leur survie m'arrache du soulagement. Je m'interroge aussi sur la réverbération étrange des sons ici, ainsi que du bruit des pas du personnel soignant. Je n'ai pas été repêchée par le même navire d'où j'avais fait le grand saut.

      Finalement, c'est une infirmière qui m'appelle par mon grade qui me permet de déterminer où je suis. Dans un bâtiment de la Marine. Enfin. Enfin, de retour chez soi. Certes la douleur circule sous ma peau comme le sang dans mes veines, mais, je suis en sécurité. Enfin, je pense l'être. Bien plus que je ne l'ai été durant ces dernières semaines à me retrouver entourée en permanence d'ennemis. Inconsciemment, je me relâche. Jaya, c'est fini. Et dire que c'était l'île de mes premiers exploits. Jaya, c'est fini. J'espère que je n'y reviendrai pas. Puis soudain, la déflagration caractéristique d'un tir de boulet de canon me sort de ma torpeur.

      On est où?

      Au large de Jaya, Lieutenant.

      Que se passe-t-il?

      L'Hypérion a engagé l'ennemi. Le Colonel Mavim et ses hommes essaient de libérer les autres prisonniers.

      Mavim... ce nom me dit quelque chose. J'ai servi brièvement sous les ordres d'un Sebastian Archibald Mavim lors d'une bataille au cimetière d'épaves. Il a pris du galon depuis il me semble. Enfin, je ne suis pas sure que ce soit ce type. Si je me souviens bien il aimait fumer des cigares. Mais je m'en fous de tout cela. En fait, là, ce qui m'intéresse, c'est que je vais pouvoir me venger de ces enfoirés de pirates. J'ai juste à utiliser mes "compagnons" pour remonter à bord du navire et assouvir ma soif de vengeance. Je me prépare à me relever quand l'infirmière à mon chevet m'en empêche.

      Que faites vous?


      Je dois vous soigner Lieutenant.

      Pas la peine, ce sont juste des plaies superficielles. Je n'ai rien de cassé. Je suis pleinement opérationnelle et prête à reprendre le combat.

      Vous ne voulez pas une piqure d'analgésique? Vous avez l'air de souffrir.

      Non, surtout pas. Ça endormirait mes sens. Je dois pouvoir me battre à fond.

      Et puis, je dois avouer que d'avoir la rage comme moteur et la vengeance comme essence, ça me permet d'oublier que j'ai mal. Alors je me lève et j'essaie de sortir. Seulement, cet Hyperion, je ne le connais pas. Je n'arrive pas à m'orienter à l'intérieur. Bon sang! Je pers un temps précieux! Juste le temps de trouver quelqu'un et de lui demander de m'indiquer comment rejoindre le Colonel Mavim et me voilà repartie. Je bous de colère et j'ai une envie malsaine d'en découdre. Mais je l'assume tout à fait. Les indication du matelot et les bruits des combats me guident vers mon objectif. J'ai trop envie de me battre. C'est véritablement la première fois que je veux affronter un ennemi juste pour lui faire du mal. C'est étonnamment grisant.

      J'arrive là où tout se passe. Pour le moment, ce ne sont que des échanges de tirs. Personne ne semble être parti à l'abordage. Ça s'annonce long! Et je n'ai pas envie d'attendre. Je sens l'odeur du cigare de Sebastian, et je me dirige donc vers celui qui dirige les opérations.

      Mes respects, Colonel. Je suis la Lieutenant Jeska Kamahlsson. Merci de m'avoir sauvé. Vous avez l'air un peu bloqué là, non? Je vais vous dégager une opportunité d'abordage. Couvrez-moi, et préparez des masques à gaz.

      Je n'attends pas qu'il réponde. Après tout qu'il avalise ou non ma décision, je m'en tape. Je compte y aller et défourailler du pirate. Alors soit il saisit l'opportunité que je lui donne, soit il se démerde. Et si on survit à ça, il aura tout le loisir de m'engueuler sur le respect des grades, des ordres et tout le tralala. Mais je n'y pense pas. Là, je sens juste en moi l'envie de meurtre sauvage me vider la tête et m’obscurcir le jugement. Je me fait huit beaux tentacules de poison et je fonce vers la coque du navire que l'Hyperion a éperonné. A l'aide de mes membres supplémentaires, je grimpe comme une araignée. Mue par la colère, je me presse d'arriver sur le pont. Mais avant ça, je déverse une belle quantité de poison lacrymogène à l'étage en dessous. Là où les canons vomissaient feu et métal sur mes alliés.

      Ça y est, je suis sur le pont. Il y a de types avec des fusils qui ripostent aux volées de plomb qu'envoient les soldats en contre bas. J'entends leur surprise. Ils hésitent un instant sur quelle cible faire feu. Moi, qui suis proche, ou les marins? Trop tard, je les balaie avec mes tentacules empoisonnés. Ceux que je ne balance pas par dessus-bord finissent englués dans mes toxines. J'ai l'effet de surprise pour moi, et j'en profite pour commencer le nettoyage du pont. Seulement, il reste une personne. Une personne qui a distillé en moi la douleur comme jamais. Une fille que je veux noyer dans mon poison, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce. Leila est là. Elle sait qu'elle doit se débarrasser vite de moi. Alors, elle se jette sur moi.

      Mais moi, je m'en fous. Je devrais avoir peur. Je le sais. Elle est plus forte que moi, et de loin. Mais je ne ressens rien. Ma rage recouvre tout. Ma peur comme ma logique sont aux abonnés absents. Je peux me la faire, j'en suis certaine! Elle arrive devant moi et me frappe au visage. Je recule, mais j'en profite pour abattre sur elle deux tentacules de poison. C'est insuffisant pour la tuer, mais elle doit le sentir passer. Je crée plein de boules de poison lacrymogène. Autant que je peux. Et je les éclate sur le pont. Je ne cherche pas à lui faire mal. Mais le poison gazeux est opaque. Du coup, je cherche à la mettre en position de faiblesse. Dans cette brume bleue, moi qui n'ai pas besoin de mes yeux pour me repérer, je suis à mon avantage. J'espère que ce sera suffisant!
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      Les boulets l'avaient lentement entraîné vers le fond, masquant petit à petit les lumières qu'il avait aperçu. Si il mettait en doute sa vue, c'était son ouïe qui l'avait renseigné sur l'arrivée imminente de ses amis. Ainsi, partir en premier ne le dérangeait pas. Il pourrait peut-être y résister. Sa carcasse brisée ne souffrirait peut-être pas de la pression, de la brûlure imputoyable du sel ? Elle ne se tordrait pas sous le poids des chaînes et des boulets ? Peut-être qu'il arriverait à flotter grâce à tout l'air qu'il avait ingéré.

      Erreur.

      Il souffrit. Le martyr. Une tâche d'encre rouge dans le noir abyssale. Puis vint la lumière, l'espoir avec un visage de nâcre. Une poupée indolente aux forces vacillantes qui risqua son étincelle pour le libérer. Le monstre en lui ronronna. On ... on l'avait sauvé ! Il avait envie de sauter, de voler. De ... de ... Non, jolie poupée ! Non ! Reviens ! D'une poigne implacable, la bête s'empara de la créature frêle. Elle colla ses lèvres atrophiées contre sa chair, ne goûtant dans ce baiser que la furie de la sauver. Il insufla en elle ce qu'il pouvait donner de vie, de salvation. Ce n'était plus une manoeuvre médicale, c'était un don. D'âme à âme. Un partage insolent sur un linceul mortuaire. Le navire des pirates trônait au-dessus d'eux, à la silhouette diaphane d'une seconde victime. Il avait assez à partager pour deux, et pour les sauver il en donnerait sa part. Les torpilles fusèrent, le chaos bouillonnant d'une mer malmenée les emporta. Emporté par l'espoir et la fougue du survivant, Wallace nagea. Il nagea. Des étoiles noires dansèrent devant ses yeux, à la limite de son esprit. Il donna ce qu'il pouvait, et ...

      *kof kof*

      "Sauvez-les ..." fit le monstre, en tendant les deux indolentes qu'il avait pu emporter avec lui, grâce au soutien inespéré de Rachel.

      On les remonta, on apporta au Docteur ses provisions. On prit le temps de l'asseoir, de panser ses blessures encore sanguinolentes. Il eut l'impression de s'endormir pour une éternité, après avoir vomi ce qui lui restait de bile et d'eau salée. Mais ce qui avait duré des années n'était qu'une fraction d'un instant. Il ne pouvait pas dormir, il ne pouvait pas les laisser. On lui apporta ses vêtements. On lui donna ses décorations. On lui fournit son matériel. Le monstre, s'appuyant sur des caisses et des provisions. Se leva. Caressa du doigt ses pilules, ses ustensiles. Des flashs des cages. Ces mêmes ustensiles qui pouvaient faire si mal. Il laissa son doigt calleux glisser sur l'un des scalpels. Frissonnant de terreur. Plus jamais ça.

      "À la Réglisse." lâcha-t-il, sans même regarder ses hommes.

      Du mouvement, quelques protestations. Il inspira profondément. Se redressa. La guerre. C'était la guerre dehors. Il ne pouvait se reposer sur sa douleur.

      "V... vous êtes blessé, Médecin Chef Johnson. Oswald nous a interdit de ..." commença l'un des médecins subalternes.

      "Le Commodore Jenkins n'est pas ici. Que vous dicte votre devoir, Docteur Jekyl ? Donnez-moi ces pilules. En toutes conditions, en toutes circonstances je reste un médecin. C'est ainsi que nous vivons au Cercle des Médecins de Drum. C'est un ordre." grogna le monstre, laissant échapper un feulement intimidant.

      C'était la première fois que Wallace donnait un ordre, surtout avec un tel ton, et cela faisait visiblement un choc. On s'activa. Il croqua dans ses pilules. Il se redressa légèrement, sembla plus à même de réfléchir et de se déplacer. D'un pas lourd, claudiquant, mais pas tout de même. Il se dirigea vers les deux âmes assoupies. Il ferma sa blouse, grogna. Il fallait les remettre sur pieds rapidement. Il fit signe qu'on lui apportât sa trousse. Aux grands maux les grands moyens. Ses oeufs en chocolat allaient faire des merveilles.

      ~~~

      Le Médecin-chef était assis sur une caisse d'armement. Une flaque de sang s'épanchait autour de lui, maculant son habit, ses pieds et jusqu'à la moindre des parcelles de son corps. Il avait livré le combat que lui seul pouvait mener. Remettre ses hommes sur pieds pour qu'ils aillent sauver le reste de leurs troupes. Il avait agi à une telle vitesse, avec une telle précision que personne ne s'étonnât qu'il puisse sombrer aussi vite. L'effet de sa propre médecine était dévastateur après tout.

      "Donnez-leur ce qu'ils veulent, piochez dans mes recettes. Mais, surtout, surtout, qu'ils ne tuent personne, je ne veux pas qu'ils tuent ..." avait-il murmuré avant de s'endormir.

      Mais la bulle de sang qui pointait à la commissure de ses lèvres avait cessé d'enfler à présent. Sa tête avait roulé sur sa poitrine. Sa main, qui jugulait la blessure réouverte, infligée par le sabre de Leila, avait glissé sur sa jambe. Puis, le corps inanimé de Wallace glissa, ébranlant toute la cale du sous-marin.

      "Il ... il ne respire plus ! Assistance respiratoire, vite ! Il faut sauver le Médecin-Chef !" hurla-t-on dans les tréfonds du sous-marin.

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      - […] Assistance respiratoire, vite ! Il faut sauver le Médecin-Chef ! Hurla-t-on dans les tréfonds du sous-marin. Mais que...

      L'homme se retourna vivement en remarquant qu'un regard émeraude lui brûlait les omoplates. Pas au sens premier du terme, certes, même s'il en avait eu l'impression. Plus tard, il irait même se tordre devant un miroir, en cachette et dans les toilettes du sous-marin, pour vérifier si cette jeune femme qu'ils venaient juste de sauver – que Wallace venait juste de sauver, avec leur soutien moral – ne lui avait pas fait une marque avec une cigarette ou autre chose de chaud et possiblement marquant.
      La commandante d'Elite Blacrow se tenait derrière lui, un drap rapidement enroulé autour de ses épaules, tenu par une main droite complètement bandée et immobilisée par des turbans qu'on lui avait passé autour du cou. Ses cheveux étaient presque secs – ce qui était étonnant pour une fille tout juste repêchée – et son regard brillait d'une ferveur rarement vue. Sa démarque était lente et quelque peu hésitante, comme si elle marchait sur des œufs ou qu'elle ne savait pas très bien où elle allait. Son regard, d'ailleurs, était vitreux, les yeux perdus dans le vide. En réalité, elle voyait flou depuis la dernière fois où Jeska l'avait touchée, et déglutir lui faisait encore mal. Elle avait toussé de l'eau en se réveillant, et elle avait eu l'impression de s'écorcher, comme un lapin fraîchement égorgé. Elle marcha, se fraya un chemin jusqu'au corps de Wallace, dodelinant. Jeska était partie juste avant. On eut dit qu'on lui avait mis le feu au fesses. Ou que celui de la vengeance n'attendait pas et la consumait déjà.

      Toujours était-il que, sans parler, juste en marchant lentement vers la masse éteinte de Wallace, les gens s'écartèrent. Et puis, sans crier gare, elle décocha au monstre un coup de pied qui l'ébranla à peine. Seule sa tête roula jusqu'à son autre épaule. Puis un nouveau coup de pied la fit valser dans l'autre sens. Et tout ça devant le regard épouvanté des médecins. Puis, soudainement, Wallace prit une inspiration sépulcrale et il s'écroula purement et simplement au sol. Rachel, droite comme un « i », se recula d'une démarche mal assurée et laissa la horde de mouche en blouse se jeter sur lui comme sur un cadavre. Avec seulement, la ferme intention de le maintenir dans le monde des vivants. Comme elle reculait toujours vers le lit d'hôpital pour s'asseoir un moment, un homme en blanc, peut-être celui qui avait hurlé plus tôt, elle n'aurait su le dire, capta son regard. Il était profond et tentait de pénétrer en elle. Il ne l'avait visiblement pas comprise et désapprouvait ostensiblement son geste, mais si elle avait pu, elle y aurait décelé de la gratitude. Elle ne le vit pas. Elle haussa juste les épaules, et dans une grimace :

      « Vous auriez voulu que je fasse brûler mon cosmos plutôt ? On serait rentré dans un cercle vicieux de je-me-sacrifie-pour-te-sauver, ça n'aurait pas fait très propre »

      Mais ses cordes vocales ne lui obéissaient pas et de toute façon, elle n'avait pas envie de se planter des couteaux dans la gorge maintenant. Elle garda la pause pendant quelques minutes, entre sommeil et conscience. On l'avait à nouveau bourrée de drogues, mais celles créées par le médecin-chef, lui dit-on, devrait la faire aller mieux. Alors elle accepta ses nouveaux vertiges et ses pertes de conscience saccadées qui ne parvinrent pourtant pas à la faire tomber de son lit où elle s'était assise et dont personne n'osait approcher. Parfois, elle murmurait une question ou tendait la main meurtrie pour quémander quelques antidouleurs comme un mendiant prierait pour des centimes. Elle apprit qu'elle était sur L'Hypérion et que les forces de la marine regroupées frappaient en ce moment même Flist et sa flotte, éparse.

      Puis bientôt, une fois qu'elle sut réellement le Docteur hors de danger, elle se leva et laissa tomber le drap qui masquait ses sous-vêtements mouillés. Leila avait voulu l'humilier et la mettre à nue, mais s'était vite ravisée en remarquant que ça ne serait pas aussi efficace qu'elle l'avait pensé. Qu'importe, elle avait froid. La brune aux maquillage perturbant fit quelques pas mesurés vers un homme et mima le fait de s'habiller. Et en quelques secondes, elle avait une tenue de marine, légèrement trop large au niveau du buste, et on lui servait à la paille un jus de fruit qu'elle avait demandé en mimant tant bien que mal et sans main, ce qu'elle voulait. À la surface, on se battait. Pour quoi, elle n'était pas vraiment sûre. Serena et Craig avaient-ils eu la possibilité de s'enfuir ? Fallait-il juste briser les hommes de Flist pour lui couper la tête ? Qu'importe, au final. On se battait pour la justice, diraient-ils tous.

      -Ne partez pas tout de suite, vous êtes encore trop faible pour y aller.

      Rachel se tourna vers l'homme, toujours le même à la voix grave – rocailleuse et détruite par la clope et le whisky – les cheveux courts, en bataille, le teint mat et les joues creuses de fatigue. Et c'était elle qui était trop faible ? Même avec sa main brisée, elle saurait mener les combattants à la victoire. Aussi secoua-t-elle la tête et ses cheveux bruns pour lui signifier que, si, elle partait.

      -Mangez au moins un bout de gâteau sec. Pour faire le plein d'énergie. En plus des pilules du Médecin en chef... Ils sont aux figues et aux abricots.

      Le regard de Rachel s'illumina de nouveau. Mais pas de ce feu luisant, brûlant et effrayant qu'on lui avait connu quelques minutes plus tôt. Bien qu'avec les peintures rupestres gravées sur sa figure, n'importe quoi deviendrait effrayant en un rien de temps. Rachel se tourna simplement vers l'homme, en retrait, qui se sentait aussi concerné qu'impuissant, conscient que les choses qui se jouaient le dépassaient de loin. Alors elle sourit et consentit à se rasseoir sur son lit pour recevoir les offrandes énergisantes.

      Ensuite, elle viendrait forcer Leila à rédiger son testament.
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      La balle d'Amy s'était perdue après avoir ricoché contre l'armure de Sebastian. Il ne l'avait pas complétement évité, de peur qu'elle touche un soldat derrière lui. Après les différents chamboulements sur le champs de bataille, le lieutenant-colonel hurlait ses ordres dans le mini-escargophone reliant toutes ses troupes.

      "Repliez-vous sur le pont supérieur et couvrez la lieutenant en attendant qu'on nous apportes des masques à gaz. Tenez la position et garantissez un accès vers l'Hypérion. Section deux, prenez position et concentrez vous sur les chebecs. Exécution. Yanagiba, donnez une charge à Simbab, qu'il ouvre une brèche dans la coque du galion."

      Pas le temps pour des questions. Les pirates étaient tenus en échec jusque là, mais l'arrivée de Kamahlsson risquait de changer la donne. Certes, son gaz avait surpris et zappé les maigres tentatives de réorganisation des pirates, mais certains pourraient profiter de la couverture offerte pour avancer vers les troupes hypériennes. L'essentiel était de garantir le retrait des troupes.
      Il était censé s'occuper seul des prisonniers restants. Encore une fois, il devrait modifier ses plans à cause de l'arrivée de Jeska. Il sorti de son abri et sprinta en direction du mât le plus proche. Il prit une profonde inspiration et ferma les yeux dès qu'il pénétra dans l'épaisse fumée. Arrivé au contact du bois, il tâtonna un instant pour trouver une corde qu'il trancha d'un coup de glaive net. Bonne pioche. Une voile tomba et il s'éleva dans les airs grâce au contre-poids.
      Très vite, il pu rouvrir ses yeux et respirer à nouveau. Le mouvement d'air provoqué par la voile compressa le gaz au sol. Arrivé au sommet du mât, Sebastian tira son arbalète et la chargea. Comme il le pensait, Amy s'était extirpée du nuage lacrymogène et cherchait sa cible du regard. L'instant suivant, un carreau fusait vers son dos, droit vers son cœur, juste dans son angle mort.

      "Simbab au rapport, la charge est placée elle explosera d'ici une dizaine de secondes."

      "Position ?"

      "Tribord du galion."

      "J'arrive."

      Du haut du mât, Sebastian pouvait constater le travail de ses troupes. Il ne restait plus qu'un chebec à flot, l'autre disparaissait lentement sous la surface. La section lourde de l'Hypérion faisait son office destructeur alors que l'infanterie tenait toujours les pirates à distance. L'opération se dirigeait vers un franc succès. Le lieutenant-colonel se leva et prit une grande respiration. Il alluma la poignée de bâtons de dynamite qu'il lui restait, ils ne seraient bientôt plus d'aucune utilité, et les lâcha vers le pied du mât. Un petit cadeau pour les pirates restant sur le pont.
      Ensuite, il couru sur la structure de la voile et plongea avec la classe d'un cervelas suicidaire alors qu'à bâbord une bijoutière ramait dans le dos du chebec restant, bien à l'abri des regards marins.
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      Alors que le flot puissant de l'eau entrant en force dans le galion m'aspire, j'arrive à faire une entrée pas trop casse-gueule grâce à l'aide de Simbad... Ah qu'est-ce que je fais là, revenons un petit peu en arrière : Donc, suites aux ordres de Sebastian, l'homme poisson est effectivement venu chercher les explosifs, sauf qu'il y avait un petit problème, des détonateurs préparer plus ou moins à pied lever ce n'est pas forcement ce qu'il y a de plus fiable et même en ayant essayer d'expliquer à ce pauvre Simbad comment ça fonctionner... Attention pas qu'il soit idiot ou incapable ? Mais c'était vraiment fait à la va-vite et forcement je n'ai pas réussi à lui explique simplement de quoi il en retournait.

      "Bon, j'enfile une tenue de plongée et vous me monter que j'installe ça moi-même."

      Pas que ça lui fasse plaisir, mais on n'avait pas trop le choix et pas le temps de débattre sur le pour et le contre. J'étais censé retourner sur le Serenity juste après, sauf que forcément rien ne se passe jamais comme prévu et c'est donc avec seulement trois des dix secondes prévus que :

      BOOM !

      Bon, mise à part les oreilles qui sifflent et l'impression qu'on m'a foutus de sacrés claques dans les tympans, qu'ont est tous les deux assourdis, devinez ce qui arrive quand il y a un gros trou dans un navire ? Oui, l'eau rentre et forcément il y a un courant qui va avec qui m'a entraînée. À partir de là j'ai juste eu de la chance que Simbad m'a empêché de me vautrer dans la cale qui se remplit d'eau d'ailleurs et que j'ai eu la présence d'esprit de m'armer au cas où. Non pas de couleuvrine malheureusement, fusil avec un poignard à la ceinture, poudre mouiller ? Le vieux truc du condom sur la bouche du canon, il faut toujours sortir couvert.

      Bon rapidement je peux voir deux de nos camarades ainsi que l'un de leurs geôliers et à voir sa tronche elle n'est pas trop ravie de notre entrée en matière, j'imagine. Bon rapidement, d'un simple regard on se met d'accord avec mon binôme de circonstance, je vais occuper la demoiselle pendant qu'il essaye de récupérer nos infortunés camarades. Du coup pour attirer son attention rien de mieux que l'esbroufe. J'ouvre le haut après avoir jeté le casque, prend un cigare et l'allume puis d'un ton cynique dit simplement.

      "Toc, toc, toc. Tu veux danser ma chérie ?"

      Mais c'est dégueulasse ! Comment des gens peuvent fumer un truc pareil ?! J'ai du mal à faire semblant de rester neutre avec un tel truc dans la bouche sérieusement ! J'évite avec un gros effort de concentration de m'étouffer moi-même avec, puis la vise l'autre folle qui n'est maintenant plus immobilisée par la surprise pour lui tirer dessus. Bon mon cher compagnon d'armes, tu as intérêt à faire vite, vu mon état je ne ferais pas semblant pendant des lustres. Une arme à feu dans une cale ? Vous croyez vraiment qu'on est à un trou prêt ? Par contre je suis maintenant sûr qu'il n'y a pas que du tabac dans ce cigare, j'ai l'impression d'être tellement bien, comme sur un petit nuage et la douleur qui disparaît.
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      Je la pensais aveuglée. Je la pensais à ma merci. Je pensais avoir une chance.

      J'avais tout faux.

      Je profite que Leila tousse et pleure pour l'attaquer dans le dos. Je ne comprends pas comment elle fait pour me cueillir au vol comme ça. Le Haki? Je ne connais pas encore et je suis donc d'autant plus étonnée qu'une personne "normale" arrive à sentir mes mouvements dans la purée de pois qui m'entoure. Bon sang, moi qui pensait ma rage à son paroxysme, ce camouflet attise encore ce feu qui brûle en moi. Je ne suis pas assez stupide pour retenter ma chance. Si ça n'a pas marché la première fois, ça ne risque pas de mieux marcher la seconde. Je recule, tout en lui envoyant de petits jets de poison. Je sens ses mouvements. Et je me demande comment elle fait pour tout esquiver. Puis soudain, une autre personne pénètre dans mon brouillard de poison. Je ne sais pas qu'il s'agit du Colonel, mais, son irruption semble perturber un court instant mon ennemie. J'en profite lui envoyer mes derniers tentacules.

      Bingo!

      Ça ne la tuera pas, mais je sens que je l'ai envoyé valser. Et un autre son m'indique qu'elle vient de percuter quelque chose de dur. Le mât sans doute. Tout d'un coup, je perçois un immense mouvement d'air, c'est comme si quelque chose d'immense me tombait dessus. Instinctivement, je me recroqueville. Du tissu? Bon sang! Il me faut un instant pour comprendre. Qui a eu cette idée stupide de faire tomber la voile? Je ne peux plus sentir les mouvements autour de moi. Vite! Il faut que je me sorte de là. Tout ce que j'espère c'est que mon adversaire aie autant de mal que moi à se dépêtrer de ce guêpier. Pas le temps de faire dans la finesse, je déchire la voilure.

      Enfin libre!

      Je sors pour constater que la voile à plaqué mon gaz au sol. Ce dernier a du profiter pour s'échapper par les cotés car je ne sens plus son odeur sur le pont. Par chance, Leila a été plus lente que moi à s'en sortir. Je crée une autre boule de poison et je la lui jette en pleine figure! Ça lui apprendra a cette trainée! Et puis soudain, j'entends une sorte de sifflement. C'est le genre de bruit que je reconnais entre mille. Celle d'une mèche qui se consume. Alors que Leila se jette sur moi, j’ouïs la chute des bâtons de dynamite sur le pont. Trop tard, je n'ai pas le temps de me protéger.

      Boum!

      Le souffle me jette à terre comme si je n'étais qu'un fétu de paille. Leila, je pense qu'elle a du rôtir. Ça lui préparera le cuir aux flammes de l'enfer. Je souris à cette idée en me relevant. Mais je bondis vite sur le côté. Un sabre viens se ficher sur le pont là où je me trouvais une seconde auparavant. A l'odeur, je pense qu'il s'agit d'une fille. Je lui envoie une bonne bouffée de poison lacrymogène dans la figure, histoire de lui faire passer l'envie de s'en prendre à moi en traître. J'entends sa douleur. Je jubile. Jamais je ne me suis sentie aussi bien que quand je fais mal. Et faire mal, je le fais bien. Je suis quasi certaine qu'elle ne me voit plus clairement. La façon complètement désordonnée qu'elle a de sabrer dans le vent et la meilleure des confirmations.

      Crac!

      J'entends un craquement sinistre. La dynamite qui a explosé près du mat central a affaibli ce dernier. Lentement, il s'est mis à pencher, et maintenant, il tombe. J'ai une idée affreuse. Je nargue mon adversaire aveuglée. Je la guide pour qu'elle se retrouve dans l'axe de chute de cet immense pilier de bois. Je m'amuse comme une gosse! Elle n'a pas mon acuité sensorielle. Elle ne peut pas se douter de ce qui va lui tomber dessus. Au sens crade du mot. J'entends son cri lorsque la masse de bois s'écrase sur elle et lui broie les os. C'est l'extase! Je suis au Nirvana. Quel dommage que je n'aie pas eu le temps de la faire souffrir! Pas grave! Je passerai ma rage sur d'autre pirates.

      C'est alors que je la sens. Elle! Leila. Elle est encore vivante! Il faut rajouter à son parfum l'odeur du cochon brûlé, mais elle est là. Elle claudique vers moi. L'explosion a du salement l'amocher! Je suis pas au mieux de ma forme. Mais elle aussi. Lorsqu'elle se jette sur moi, c'est plus sa lenteur que son coup qui me frappe. J'esquive presque trop facilement et je réussis même à lui coller mon poing dans sa face. Mais moi aussi je ne suis pas dons mon état normal. Ivre de rage, je ne prête pas attention à ma défense. Un direct dans l'estomac me plie en deux. Un coup de genou me remet dans le droit chemin. Je pivote sur le coté et je lui envoie mon fameux enchainement coup de pied derrière le genoux pour lui faire plier la jambe et coup de coude dans la mâchoire. En réponse, j'entends mes côtes craquer sous l'effet de son coup de poing.

      Mais je ne sens rien.

      Juste la colère. Alors je donne autant que j'en reçois. Mais, elle, elle ne tombe pas. Moi, je frappe comme une sourde. Pourtant, ça ne lui fait pas aussi mal que je l'espérais. Et moi, je sens que ma rage s'estompe. Et plus ma colère diminue, plus la douleur se fait sentir. Je suis à bout. La frénésie de vengeance passée, je faiblis. Dans un soupçon de lucidité, je m'esquive d'un bond en arrière avant de ne plus être en mesure de rendre les coups. Et j'essaie de lui lancer une giclée de poison, histoire de gagner du temps.

      Et là, c'est le drame.

      Le coup de la panne.

      Je n'ai plus de jus.

      Plus de poison.

      Plus rien.

      Et merde...

      Et pour la première fois de ma vie, j'entends un sourire.

      J'ai perdu.


      Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Mar 30 Déc 2014 - 11:44, édité 1 fois
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      Décidément. Moi qui en a chié six ans à creuser mon putain de trou dans la marine, j'imaginais pas qu'il me servirait de tombe. C'est comme être à l'intérieur d'un gigantesque tambour crevé. Les échos explosifs et perçants s'entassent dans l'creux d'mes oreilles pliées par le stress, et lorsque l'eau s'engouffre dans la cale en faisant grincer sinistrement chacune des planches effritées, c'est tout mon corps qui se contracte dans ses chaînes.

      La flotte se fait elle aussi son baroud d'honneur. Mécontente de n'avoir rien tué depuis quelques temps, v'là la mer qui vient lécher Serena d'son écume salace. Et ligoté dans ma ferraille, l'habilité et l'agilité d'un requin sans nageoires, j'rassemble pas assez de forces pour l'aider à se relever seulement au museau, ou aux épaules. La tête comme une girouette, j'balance mes yeux à travers la cale, guettant un ennemi invisible et cherchant un allié inexistant. J'renâcle comme un canasson enragé, la bouche soudée emplie d'appels étouffés, et la seule chose que j'peux m'permettre de faire, c'est profiter des feux d'artifice qui ont éloigné notre gardienne pour me démener à tirer la rouquine de c'merdier. Les supplices, l'granit marin, et maintenant l'océan, tour à tour se sont relayées pour la transformer en larve humaine.

      Putain de flotte ! Elle éteint le feu intérieur qu'elle me communiquait, la camarade de baptême. Ces jours-ci, elle était comme une tigresse aux crocs et griffes limés qu'on privait d'ses forces et pire, de son instinct. Chez tout le monde, individuellement, j'ai ressenti encore et encore cette déchirure brutale de mon coeur, celle d'observer ses potes agoniser et accepter peu à peu leur sort comme étant une fatalité. Non. Si j'la perds, je m'offrirai un massacre en compensation. Un tribut de sang. Autant dire que mon âme dépend de la sienne. Si la pote de fortune me claque entre les doigts, je sais que j'perdrais définitivement pied dans mon bourbier de haine.

      Hmmmhmhmmm !

      "Tiens bon !". J'me force à croire que j'peux encore la tirer de là si j'parviens à la pousser jusqu'à l'escalier. La mission s'accaparant toute ma cervelle enfumée, j'remarque que trop tard que je n'suis plus seul dans la cale, ça m'précipite dans un pur réflexe d'animal acculé. J'm'affale contre les parois et fixe l'intrus de deux soucoupes rondes et clignotantes.

      HMM !
      C'est moi, lieutenant !

      C'est Sinbad, qui m'apparaît comme un sauveur venu des abysses. Jamais été autant content d'voir un congénère ! Non, j'veux dire, la plupart des autres homme-poissons sont de sacrés cons rivés sur des positions qui datent d'une pile de siècles, des politiques vicelards ou des suprémacistes vengeurs. Ou alors ce sont des Arashiboureis qui m'sabotent ma personnalité. Mais Sinbad, ô Sinbad, j'vénère ton habitude à toujours jaillir de nulle part pour rattraper nos bourdes. Et j'te vénérerai toi si tu sauves Serena. Grouilles !

      Hmm !
      Chaque chose en son temps. Ne bouge pas.

      Il contourne mes joues pour y poser ses palmes trempées et tirer sur les sangles métalliques de la muselière. La douleur en naît, aussi virulente qu'une escarmouche chez le dentiste tout en étant autant psychologique, et la muselière hérissée d'acier enfonce ses grosses griffes dans mon museau pour le lacérer dans tous les sens. J'finis par m'imaginer qu'ma machoire va se décoller en même temps que mon bâillon rouillé, et c'en est trop. Après quelques jours d'humiliation et de sévices, c'est mon imagination qui parvient à m'arracher des larmes...

      Ça y est, elle s'en va. On passe aux liens, ce sera moins douloureux. Vite !

      Mon pif qu'était déjà bien flasque après sa rencontre avec la colère du commodore est maintenant en plus bariolé d'crevasses ruisselantes. Sinbad, qu'a jamais été autant causant, reprend la parlote.

      Yanagiba fait diversion là-haut pour me permettre de te libérer.
      Ça ira ?
      Je ne pense pas. Vas l'aider, je m'occupe de la rousse.

      Avec plaisir, que j'irai l'aider. Mes chaînes chutent dans la flotte, j'retrouve mes palmes aussi libres et frénétiques qu'elles avaient toujours été. Un dernier coup d'oeil au collègue qui s'empare de Serena, et j'me précipite vers les escaliers. Aider Rei et cuver ma rage. Comment joindre l'utile à l'agréable !
      La fatigue peine à endiguer la haine qui m'traverse, j'gravis les marches quatre à quatre. Lorsque j'aperçois la salope qui pensait m'avoir dompté, la rivale de Njut, ou Jeska, peu importe, aux prises avec Rei, j'grogne pour capter son attention. Elle s'accorde un écart pour me toiser et fixer ma mâchoire libérée.

      ... je suis sûr que Flist comprendra qu'au vu des circonstances, je n'aurais pas eu d'autres choix que d'abattre son clebs.

      Et j'pars au galop lui rentrer dans le lard avant qu'elle ne s'attaque au mien. Sentir l'artillerie de la chasseuse de crasseux pointer derrière mon dos me rassure. Si elle sait viser, elle laissera pas la furie me réduire en bâtonnets avant que mes poings surexcités n'aient rencontrés sa chair. Pas vrai qu'elle sait viser ?
      • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
      Dans les couloirs métalliques aux échos entêtants, Rachel avait le pas énergique et pressé. Elle tendait la main à l'homme qui se disait médecin et qui ne l'avait pas lâchée depuis qu'il lui avait offert des gâteaux énergétiques et s'était mis en tête de refaire son bandage à la main avant qu'elle ne prenne part aux combats. Elle lui avait pourtant expliqué que tous ses os étaient en place – elle avait veillé à ça – et qu'elle n'avait pas besoin de plus qu'une écharpe pour la tenir immobile, mais l'homme brun aux rides de fatigue ne se laissa pas dicter sa conduite. Après tout, il était médecin. Aussi Rachel ne regardait pas vraiment dans sa direction et faisait mine d'ignorer les douleurs qui la tisonnaient toujours.

      -Les troupes de Mavim ont pris d'assaut les chebecs avec l'hypérion et cherchent grâce à leur artillerie à réduire le nombre d'ennemis en les gardant à distance. Il s'est chargé lui-même d'aller libérer les prisonniers qui ont été emmenés dans les entrailles du navire lors de l'assaut. Simbad, lui, devait poser des bombes sous le navire principal pour le saborder, je ne sais pas exactement ce qu'il en est, mais il semblerait que le Lieutenant Kahmalsson se soit jetée dans la partie à corps perdu. Avec plein de tentacules. On ne sait pas trop quoi en penser... Mais vous êtes sûre de pas vouloir prendre un chocolat chaud avant de partir ?

      Rachel, d'un mouvement brusque, arracha sa main d'entre celles de l'homme trop attentionné pour elle et replaça son bras en écharpe. Elle voulut ajouter quelques mots, mais sa gorge la faisait toujours autant souffrir, alors elle se résigna à ne faire que hocher la tête. Un seconde classe débarqua soudain face à elle et lui donna des palmes ainsi qu'un duo de masque de plongée et à gaz, lui expliqua-t-on. Après quelques instants d'explications floues et dont elle se moquait éperdument, elle prit les masques, laissa les palmes et entra dans le sas de sortie en compagnie du seconde classe. En attendant qu'on lui ouvre la porte pour la laisse sortir dans les flots pour retrouver la guerre au-dessus, elle enfila comme elle le put le masque, aidée par le jeune marin. Elle voulut demander au médecin en blanc de bien prendre soin de Wallace, mais elle ne sut comment le mimer. Et puis, en tant que docteur, il le ferait très certainement.

      Et puis ils furent jetés dans les eaux tumultueuses de Jaya.

      *****


      Finalement aidée par le plongeur qui lui avait ouvert la voie et aidé à nager en raison de son absence de bras en bon état, Rachel atteignit rapidement le chebec coulé qui n'était qu'une épave flottante sur laquelle elle réussit à sa hisser tant bien que mal et où le seconde classe la laissa seule. Remontant vers le navire principal où faisaient rages les combats et d'où se dégageait une forte fumée opaque, elle évita les trous, les planches brisées et les corps plus ou moins conscients des pirates comptant les étoiles ou les dents qu'ils leur restaient. Bondissant de pont en pont, se servant du mât comme d'une rampe de lancement, elle et son masque à gaz déboulèrent directement dans le nuage lacrymogène.

      Immobile tout d'abord pour s'habituer à un environnement flou légèrement obstrué par les vitres plastifiées de son masque, elle chercha du regard des silhouettes connues. Mais jusqu'alors, que des pirates et des marins surpris par le gaz, pleurant à chaudes larmes qui cherchaient à s'échapper de sous la voile qui recouvrait un pont aux allures de champ de bataille.

      Bien qu'en terme de champ de bataille, Rachel, avec les Sea Wolves, savait de quoi il en retournait. Si Toji avait encore été là, au moins tout ça aurait été vite réglé. Et cette Leila au poing mécanique dévastateur ne prendrait déjà plus pour cible Jeska au milieu d'une voile blanche étendue sur le pont et plus très adaptée à la navigation Notre brune soupira. Mais c'était un soupir de soulagement. À quelques secondes près, Jeska perdait la face. Au sens propre du terme. Elle attendit jusqu'au dernier instant que la pirate s'élance dans un saut vers la marine avant de s'interposer. D'un Soru, Rachel plaça son talon devant le visage tout sourires de Leila qui ne put plus rien faire pour l'éviter. Seul son Empathie lui permit cependant de répliquer en plaçant un coup d'entaille sur la jambe de la commandante avec son sabre.

      Il ne serait pas évident pour Rachel de se battre avec un masque à gaz sur le visage, mais elle devrait s'y faire assez vite. En face d'elle, Leila roula boula et se remit en garde dans un mouvement fluide. À cause des lacrymogènes, son visage était baigné de larmes et sa rage transparaissait jusque dans les dents qu'elle dévoilait avec férocité. Rachel aurait presque pu y lire toute sa haine et y répondre, mais elle se contenta de lever sa main bandée. Pour lui faire comprendre qu'elle comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Les dents de la pirate crissèrent les unes contre les autres comme sa mâchoire se crispait et une veine palpita à son tympan, annonciateur du pire à venir. Alors Rachel intima à Jeska dans un même mouvement de main de reculer et de se mettre à l'abri.

      Puis sans autre forme de procès, le fauve se jeta sur Rachel. Un bras mécanique d'un côté, un sabre de l'autre. Déviant le premier d'un coup de talon, elle se baissa pour éviter le sabre qui fusa vers elle. D'un saut, elle évita ensuite un fauchage qui comptait la cueillir en plein visage. Depuis les hauteurs qu'elle gagna vivement, elle bombarda Leila de plusieurs Ran Kyaku que cette dernière évita au millimètre près sans efforts ni mouvements inutiles. Profitant que son adversaire fut en l'air, la tortionnaire bondit et frappa Rachel de son poing mécanique gargantuesque. On entendit un « Crack » sonore qui résonna dans l'air. Ce n'étaient pourtant pas les os de la commandante qui se brisaient mais les plaques de métal du bras bionique qui sautèrent en heurtant la pointe du pied de la marine renforcé au Haki. Elle fut néanmoins projetée jusqu'à la poupe alors que Leila retomba sur place. Rachel expira bruyamment et reprit la respiration perdue durant l'échange qui n'avait duré que trois secondes. Elle jaugea Leila du regard, ignorant le pirate qui chercha à la prendre à revers, un poignard à la main, et qu'elle envoya voler d'un coup de pied désinvolte ; ignorant les bruits de la guerre ambiante et dont elle était une habituée ; ignorant la voile blanche qui avait chassé le nuage de gaz tantôt. Ou plutôt non, elle n'ignora pas ce détail.

      Leila avait l'Empathie, ça crevait les yeux. Mais elle n'y voyait pas très clair au vu des larmes qui l'assaillaient. Et si c'était également le cas de Rachel, au moins pouvait-elle toujours enlever le masque. Et c'est ce qu'elle fit, s'aidant tant bien que mal de ses bras, il alla rebondir sur le sol. Les couleurs revinrent, la buée disparut, et la pirate au bras d'acier lui parut plus nette. Et il était plus flagrant encore qu'elle aurait sa peau. Car selon les dires de Mona Lisa, le Soru pouvait dépasser les capacités de prédiction de l'Empathie.

      Dans sa petite bulle de réflexion, Rachel sourit alors. Et sa main droite, blanche de bandages et pulsant d'une sourde douleur, se leva vers Leila. Son pouce s’érigea plus haut encore. Puis dans un geste théâtral, elle l'abaissa. Un signe que Leila ne pouvait ignorer et qui, contrairement à ce qu'avait espéré notre marin, se mit à sourire de nouveau. Car ce combat, toutes les deux l'attendaient.


      Okaïri.
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      Give me more

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      Il coulait.

      En même temps, c'était prévisible, il y avait toujours quelque chose pour clocher. Souvent juste au bon moment pour qu'on ait l'air con qu'on mérite pour vouloir faire quelque chose de bien, de plus.
      Pourquoi ?

      Emporté par le poids de son armure, attendant que son second vienne le tirer de là, passif.

      Mais dans un sens, ne serait-ce pas là sa libération ?

      Quoi qu'on en dise, de toutes les sensations la suspension aquatique n'est pas des moins agréables, mis à part la suffocation, on s'entend bien. Plus de poids, la lente descente dans l'onde bleutée érase la pesanteur agitée de l'existence...
      Oui, c'est un néologisme.

      ...Et pourquoi, au fond, devoir toujours aller de l'avant ? L'homme et ses obsessions qui le poussent toujours vers le gain. Argent, gloire, aventures, frissons... Toutes ces choses qui le poussent à se battre et le poussent à vivre et qui le poussent toujours vers l'avant.

      Pourquoi ne pas les laisser aller, une fois, et se laisser emporter, tomber, couler...

      Quelle importance auront ses hommes s'il meurt ? Un arbre qui tombe dans une forêt déserte fait-il encore du bruit ? L'existence du reste est-elle seulement possible sans une présence ? Au fond, il n'y a que ce en quoi on croit.

      Alors quelles sont les idées, les pensées, les croyances qui font que Sebastian Archibald Mavim continue toujours à mettre un pied devant l'autre ? Pour quoi va-t-il trouver une solution à cette situation désespérée ?

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      Le compte à rebours avance toujours. L'armure coule, encore.

      Vide...

      Putain merde, il est où ce con ?
      • https://www.onepiece-requiem.net/t7289-mavim-et-ses-tours-de-manc
      • https://www.onepiece-requiem.net/t7070-je-suis-la-loi-et-la-loi-c-est-moi
      Sur le pont, l'équilibre se fait de plus en plus précaire. Les combattants acharnés titubent à chaque craquement de plus. Entre les explosifs et le fait que le navire soit sérieusement endommagé, rien ne semble tourner rond dans le coin. Les canons mal attachés roulent sur le plancher usé, pour s'éclater contre les rambardes en bois et finir à la mer avec le reste. Le reste ? Des corps, des boulets, des caisses,... On ne s'étonne pas.

      Parce que le combat fait rage. Et si Amy convulse à terre en crachant de la bave et du sang, Leila n'a pas dit son dernier mot. Rachel l'a peut-être attaqué, elle glaviote une de ses molaires qui retombent sur le sol et repart au combat. Les yeux fermés, blessée, usée, mais folle furieuse et ravie d'en découdre avec la gothique...

      Du reste, le mât principal dégringole furieusement et happe au passage son confrère, l'artimon, qui fracasse la poupe. Il ne reste rien pour retenir les membres à bord du navire quand celui-ci se redresse, l'avant du bateau décolle de la mer en créant un remou monstrueux. Les vagues grossissent, mais un craquement sinistre retentit quand le galion se fend en deux, au milieu.

      Dans la cale, le combat n'est pas mieux. Puisque l'eau monte, jusqu'aux genoux, puis à la taille, et quand Andrea repousse ses assaillants, Craig et Rei, en tentant de garder l'ascendant, elle en perd sa ceinture et ce qu'elle retient. Sabre, pétoire, et même un trousseau de clef qui coule que l'on croit perdu pour toujours, et qu'il en va de même pour le destin d'une Serena pas au beau fixe avec ses menottes qui lui pompent toute son énergie...

      Sauf que dans l'agitation, une flèche perce de sous la mer, se plante dans une poutre, et avec elle, un vieux sans armure et trempé jusqu'aux os recrache du sel par le nez. Dans l'une de ses mains, son arbalète. Dans l'autre, le trousseau de clef.

      Le vent est en train de tourner...
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