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La Débâcle - Savior


Bip…. Bip….. Bip…. Bip….

Le son régulier des battements cardiaques de Rei brisent le silence de la salle de séjour. La pauvre est couverte de bandages et de tuyaux de toute sorte dont seul Wallace pourrait me donner l'utilité. Des poches de sang, de lymphe, un masque à oxygène, seuls ses cheveux sombres en bataille rappelle que la commandante se trouve toujours, bien en vie, sous tout cet attirail médical. La chaise sur laquelle je suis assis, penché vers elle, grince à nouveau.

La porte de la pièce s'ouvre sur Sebastian et une infirmière qui vient s'assurer que tout est toujours en ordre. Lilou, Ketsuno et Sarko sont déjà là. Silence de plomb, je ne relève les yeux qu'un court instant pour jeter un regard à Sebastian. Je préfère rester penaud, à surveiller Rei dans sa convalescence.

De tous, elle incarne le symbole-même de mon échec. J'avais un boulot. Une seule mission. Un seul serment que j'ai juré de tenir sur la tête de Salem, devant l'amiral Furyuuko lui-même. C'est comme si mon existence elle-même perdait de son sens de par ce simple événement. Le vide, il s'approche, il dévore déjà ce que j'ai construit, ce que nous avons construit. Ils sont tout ce que j'ai. Tout ce que j'ai! Ils sont tout ce que j'ai et j'ai réussi à les perdre lâchement.

Pire. Je les ai abandonné.

À quoi sers un père, un ami, s'il ne peut même pas protéger ceux qui lui sont chers? À quoi sert-elle, cette force? À quoi sert-il, ce fruit du démon? À quoi sert-il, ce haki? Ces paumes ouvertes, n'arrivent-elles pas à faire mieux que détruire? Je contrôle enfin Dark, j'ai enfin réussi à entraver le Mal qui me rongeait, et toujours, je n'arrive à rien… Ils me faisaient confiance, ils croyaient en moi! Smile, Jeska, Oliver, et maintenant Serena, Wallace et Craig! J'ai décapité l'équipage par ma seule bêtise, par mon incapacité à gérer une situation qui chaque fois, m'échappe.

Au final, je ne suis toujours rien de mieux que l'idiot de Drum. L'homme qui ne sait pas choisir ses combats et qui ne sait que mettre les autres en danger.

RRAAAAH!

Ma chaise s'écrase contre le mur, se fracture violemment avant de retomber contre le sol dans un bruit mât. L'infirmière recule de stupeur, incapable de parler, Sarko ferme les yeux avec déception, Ketsuno se mord la lèvre du haut. Je fais peur. Terriblement peur. En moi brûle un feu nouveau, alimenté par le remords. Ce n'est plus la rage de Dark, celle-ci est plus pure, se rapporte à une frustration nouvelle qui donne à nouveau envie de tout briser. C'est injuste. Injuste. Oui. Voilà, tout est injuste, ridicule, à un tel point que j'ai envie de le hurler. C'EST INJUSTE! INJUSTE! POURQUOI EUX? POURQUOI MA FAUTE? Je n'suis pas capable de faire quelque chose de correctement, c'est ça? Il faut toujours qu'il y ait des foutus dommages collatéraux! POURQUOI JE N'FAIS RIEN D'AUTRE QUE DÉTRUIRE CE QUE JE CONSTRUIS?! MERDE! MERDE! MERDE!

Mon poing s'abat avec impuissance contre le mur. J'halète piteusement. Mon front s'appuie contre le mur à son tour, couvert de sueur.

Qu'est-ce que c'est que ça? Je n'explose pas, les choses ne meurent plus autour de moi lorsque je brûle de colère? Je reste Oswald, purement, simplement, Oswald? Quelles-sont ces larmes qui affluent à mes yeux? Je fume comme un humain. Je pleure comme un simple humain. Les monstres ne pleurent pas ainsi. Les monstres détruisent lorsqu'ils sont en colère…

C'est ça, être véritablement un humain?

Le désespoir.
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Le silence dans la pièce laissait la rouquine songeuse. Inquiète. Plongée dans ses pensées, en observant Rei sous ses draps et toujours inconsciente. Et ce fut à cet instant qu'elle comprit que quelque chose n'allait pas dans la forme que prenait ces couvertures, et qu'à l'évidence, il y avait un manque. Un bras. Un bras et peut-être une jambe. Et cette constatation fit monter en elle une pointe de colère, qui grimpa jusqu'à sa gorge et y resta coincée. Impossible, impensable et injuste. Et très vite, elle préféra troquer ces pensées qui n'aidaient en rien pour calmer ces humeurs contre des plans qui permettraient de rafistoler la jeune femme. Pas question de la laisser dans cet état, mutilée sans lui laisser l'opportunité d'être autre chose qu'une blessée de guerre.
Les idées rivées sur cette optique, elle n'entendit même pas SAM rentrer dans la pièce pour venir voir comment se porter son amie. Elle n'entendit pas non plus Oswald se mettre soudainement à fulminer... Elle ne s'en rendit compte que lorsqu'il se mit à hurler dans la pièce en fracassant sa chaise violemment. Cette éruption de colère soudaine la ramena sur terre en même temps que tout le monde, et si Ketsuno et consorts s'écartèrent pour laisser pleinement le temps au commodore d'expier sa fureur, Lilou, elle, ne bougea pas d'un pouce.

Non, elle resta fermement campée sur ses appuis, non loin de Double-Face, tandis qu'il se mettait soudainement à geindre comme un gosse en rageant contre ses échecs. Et quand elle vit les larmes couler sur ses joues, sa réaction fut aussi virulente que celle de son compagnon deux secondes avant :

Mais tu vas arrêter de chialer comme une fillette putain d'merde ?!

Et elle eut le temps de le chopper par l'épaule pour lui envoyer son poing dans la figure !

Tu vas t'reprendre ! Qu'elle lui lança dans la tronche en même temps qu'une fabuleuse claque qui résonna dans la pièce : Tu vas t'reprendre rapidement ou j'te jure que j'vais te donner une très bonne raison de pleurer !

Elle n'en avait présentement absolument rien à faire d'être hors limite, d'être en train de cogner un supérieur, ou de le secouer comme un prunier, ou même d'être en train de le menacer ouvertement devant les autres. Elle ne voulait qu'une chose, que ces scènes et ces comédies s'arrêtent immédiatement, et qu'ils en viennent au vrai sujet ! Et si Oswald n'était pas encore convaincu par ses prouesses physiques, la rousse n'hésita pas bien longtemps avant de lui souffler dans les bronches à nouveau :

C'EST FINI CES CONNERIES, MAINTENANT ! FINI, TU ENTENDS ?!

Elle le repoussa violemment contre le mur, et se tourna vers tous les autres membres en présence qui avaient autant droit que le capitaine du Léviathan a une mise au point :

J'en ai ma claque de vous voir vous traîner dans la boue à chaque fois que vous avez un cheveu de travers ! TOUS putain ! Vous pourrez vous plaindre quand vous serez dans l'état de Rei, mais en attendant, vous la fermez ! Et la seule raison pour laquelle vous pouvez l'ouvrir, c'pour me donner un putain d'plan qui nous permettra de sauver tout le monde ! Mais tant que vous avez pas une PUTAIN de bonne idée, vous la BOUCLEZ ! BORDEL !

Elle lança un regard furieux à Sarko, et il se hâta de sortir un dossier de sous son bras, pour le lui tendre. Et la rouquine l'ouvrit violemment, l'envoyant par terre pour dévoiler à tout le monde ce qu'il contenait : une carte immense de Jaya.

Vous vous sortez les doigts du cul, et vous vous mettez au boulot maintenant !
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"Ahem..."

Le ton était sec, discret et implacable. Un peu en retrait, Sebastian regarda les yeux de Sarko faire plusieurs allez-retours entre l'infirmière et Lilou, ne sachant visiblement pas laquelle il devait craindre le plus. Le lieutenant-colonel, de son côté, était assez content de voir que quelqu'un d'autre se chargeait du remontage de bretelles.

"Vous allez me ranger tout votre petit commerce et sortir d'ici. Tout. De. Suite. Pauvre darling... elle a autre chose à faire que de rester là au milieu de vos hurlements."


La femme était petite et son accent ne laissait la place à aucune réponse, si ce n'était de sortir en s'excusant silencieusement. Elle n'avait pas crié, elle n'avait pas menacé, elle s'était contentée de poser platement les faits devant les yeux de chacun comme seuls ceux de sa profession savent le faire. On ne dit rien face à ce genre de choses, de peur de se retrouver avec une dose de morphine dans le cou ou de se retrouver entre les mains des urgentistes un jour où on ne retrouve plus la clé de l'armoire des anesthésiants.

"Et vous ne pensez tout de même pas allumer cette chose ici ?"

Plongé dans ses pensées, Sebastian n'avait même pas remarqué qu'il s'était mis un cigare aux lèvres. D'un air penaud et les yeux écarquillés, il le rangea et alla ramasser ce qu'il restait de la chaise détruite par le commodore, expliquant qu'il en ferait venir une nouvelle d'ici peu. En passant à côté du lit de Rei, il s'arrêta un instant. Ils étaient seuls, lui, elle, et l'infirmière qui tenait la porte. Fouillant rapidement dans une de ses poches, il en tira sa gourmette et la déposa sur la table de nuit.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?"

Le lieutenant-colonel fixa la dame. Elle faisait son travail, rien d'autre. Il sorti et quand il passa devant elle, presque inaudible, dit:

"C'est vide. Bonne journée madame."

À nouveau au milieu des amis de Rei, Sebastian constata les échanges de regards gênés. L'ingénieure générale Jacob avait raison, il était inutile de trainer plus longtemps. Aussi, brisant le silence, le lieutenant-colonel se faufila dans un couloir.

"Venez. J'ai préparé la salle de réunion."
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Il a fallu qu'elle me mette une claque.

Encore.

À croire qu'il n'y a qu'à ça que je réagis, la violence. La chaleur fait place à la douleur là où s'est abattue sa main. Sa main si délicate, mais si puissante. Une poigne de maître, là pour reconstruire l'édifice quand il s'est effondré. Le Léviathan a perdu des membres, mais il n'a pas perdu son cœur, la guerre n'est pas perdue. Je compte sur mes hommes, mes enfants, ils sauront se sortir de ce mauvais pas.

Néanmoins, je ferai tout pour les libérer de l'emprise de Flist.

Salle de réunion, grande table, nombreuses chaises, tableau blanc, quelques hublots, atmosphère concernée. J'étends la carte sur la table, les yeux perdus dans le vide. Je ne peux réfléchir correctement avec ce tourbillon contradictoire qui malmène mes pensées. "Tout est perdu" "Détruisons-les" "S'en est fini" "Je les noierai dans leur sang" "Ils étaient tout ce que j'avais"… La rage revient dans le sillage, mais elle me sécurise, me réconforte. Dark agit comme un baume à mon remord. Il endigue mon désespoir sous cette rage cinglante qui fait de moi ce que je suis. Une étincelle s'allume dans mes yeux quand je pense comprendre.

Elle est là. La vraie force de Double Face. Dans le jeu entre l'humanité et le Monstre. Entre la lumière et les ténèbres. Le voilà, le vrai Oswald "Double Face" Jenkins.

Et il est sur le pied de guerre, comme jamais auparavant. Je serai les canons, je serai l'éperon, mais ne me donnez plus ce gouvernail que je ne saurais tenir. Je n'ai pas su garder le nord, j'ai fracassé le Léviathan contre des récifs. Je ne mérite plus de tenir ce gouvernail, mais je resterai toujours le poing armé de ce navire. Il faut quelqu'un qui s'est véritablement prouvé comme un fin meneur pour une telle tâche.

Quelqu'un comme Sebastian.

Je m'approche de lui, une détermination nouvelle brillant dans mes yeux. Le bipolaire est passé à autre chose, se diront-ils. Ma main se pose sur son épaule.

Alors, un plan, Lieutenant-Colo-
Pulupulupulupulupulu…

Mon escargophone fait un vacarme qui interrompt ma tirade, juste sous ma veste. Je tire le céphalopode à deux têtes et le pose sur la table. Un rayon d'espoir s'immisce dans mon esprit.

Allez! Décroche!
Hm…
Commodore Jenkins à l'appareil.

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Mushi Mushi ?

La voix à l'autre bout du fil laisse planer un silence pesant dans la dite salle de réunion. Les regards se perdent dans le vide et aucune voix n'arrive à sortir du fond de sa gorge. On s'étonne, on se regarde en se demandant d'abord qui ça peut bien être, ensuite s'il ne s'agit pas d'une farce de mauvais goût...

Commodore Jenkins ? Bon dieu, trouver votre numéro n'a pas été chose aisée... J'ai du me salir les mains pour en arriver à l'obtenir ! Houhouhou !

Et la blague confirme l'identité de ce ténor assuré, tout comme son mauvais goût. Si l'on doutait, on ne doute désormais plus. Flist Gonz a décroché son denden pour... Pour quoi d'ailleurs ?

Allo ? Il y a quelqu'un ? Commence-t-il, lassé de ne pas avoir de réponse. Ceci n'est pas un canular, au cas où vous vous poseriez la question...

Et le pourquoi ne tarde pas à tomber comme un cheveu sur la soupe, devant une assemblée figée...

J'imaginais que vous voudriez négocier. Peut-être que je me trompe.

Le denden joue avec une moustache imaginaire et restitue les mêmes mimiques que le crochet. Si bien qu'on pourrait le croire dans la salle actuellement, à participer à cette réunion au sommet...

Je peux aussi raccrocher si vous ne daignez pas répondre...
    Sûr. Quand la voix de Flist se mit à raisonner dans la salle, Lilou mit un certain temps à réaliser ce qu'il se tramait, à comprendre que c'était bien réel, bien lui, et qu'il voulait « négocier ». Ou tout du moins, c'était ce qu'il laissait supposer. La rousse n'était pas pour autant certaine que la manœuvre était aussi bien pensante, puisque le pirate laissa entendre qu'il avait torturé l'un de ses amis juste pour pouvoir prendre la parole durant cette assemblée. Inconsciemment, sa gorge se noua en un nœud si gros qu'elle crut ne plus jamais pouvoir parler, et ses poings se serrèrent à cause de la haine qui lui bouffait les tripes.
    Elle n'était pas tout à fait le genre de personnes à aimer négocier, surtout lorsqu'elle n'était pas en position de le faire. En l'occurrence, en faisant le tour de ce qu'ils avaient comme poids à mettre dans la balance pour espérer que tout le monde s'en sorte, elle se rendit bien vite compte qu'à part ne pas le menacer de lui enfoncer son canon dans le fond du gosier pour y mettre du plomb, elle n'avait pas voix au chapitre. Et ça la rendait malade.

    Verte de rage.

    La carte de Jaya sous ses yeux, à se rendre compte qu'ils avaient joué et visé trop haut pour commencer. Qu'ils avaient à l'évidence rater quelque chose, quelque part. Elle se doutait sans accepter l'énoncer à haute voix de ce qu'il s'était passé. Shoma. Mantle Shoma était passé. Oswald avait fait l'erreur de croire qu'il pourrait mettre une laisse à un dragon, sans lui en faire part au préalable. Si seulement il lui avait dit, elle aurait pu lui expliquer que le Pirate n'était pas un homme à qui on plantait un couteau dans le dos... Mais avec des si, et des peut-être, on pouvait mettre Marie Joie en bouteille et la balancer à la mer. Il n'était plus temps de ruminer des erreurs qui auraient pu être éviter, puisque l'important désormais était de voir comment sauver les meubles alors que le bateau coulait à pique.

    On écoute.

    Elle se surprit elle-même d'entendre sa propre voix s'adresser au denden. A couper presque la parole au terrible pirate qui fanfaronnait à l'autre bout du fil de sa réussite. Son timbre perché lui donnait l'impression qu'il se jouait d'eux et n'entendait désormais qu'à les torturer d'avantage... Mais elle avait parlé, et sa voix s'était faite tranchante et ferme. Pas question de laisser Flist prendre trop vite ses aises ici, et croire qu'il avait gagné la guerre. Ce n'était qu'une bataille et pour la rouquine au tempérament volcanique, rien n'était joué. Surtout pas la victoire.

    Sam lui adressa un regard sérieux, en pianotant ses doigts sur la table, comme pour maintenir le réel à défaut de l'éprouver. Debout devant sa chaise, se penchant sur la table en s'appuyant sur ses poings fermés, Lilou évita ses deux confrères, l'un fin cogneur et l'autre fin stratège. Elle tentait plutôt de contrôler la lionne qui grognait à l'intérieur et qui préférait cent fois l'injurier avant d'exploser au laser ce foutu denden...

    Qu'est-ce que tu veux ?

    Et pour ça, rien de mieux que de montrer à Flist qu'elle était son égal, et qu'elle n'avait pas peur. Ça, non. Elle avait fini de suer comme une gamine cachée sous son lit en fantasmant des  bruits suspects dans sa maison. Les monstres, elle leur fracassait le crâne à coup de poings. Elle avait même appris à en créer pour les affronter. Et s'il fallait se montrer familière et insolente pour ça, elle savait faire.


    Dernière édition par Lilou B. Jacob le Mar 25 Nov 2014 - 17:54, édité 1 fois
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    Houhouhou...

    Tout a l'air tellement sérieux, autour de cette table, que le petit rire satisfait et joyeux de Flist glace le sang et met terriblement mal à l'aise.

    J'imagine que je suis le mieux placer pour avoir des exigences ! Ça tombe bien, j'ai fait une liste...

    Et en effet, on perçoit à l'autre bout du fil comme un parchemin qui se déroule avant que le Crochet ne se racle la gorge et commence à énumérer :

    Je veux votre reddition. Complète et immédiate. Le départ du Léviathan et de ses hommes. Ce point est bien évidemment non négociable. La libération des prisonniers que vous avez faits pour pouvoir tuer ces incapables de mes propres mains. Un nouveau navire pour remplacer la Lépreuse qu'on m'a dérobée. Vous en avez bien en stock pour moi, n'est-ce pas ? Et...

    Il marque une pause. Le denden affiche un sourire immense :

    La tête du Commodore.
      J'avale de travers. Ma gorge se sert, mon cœur rate un battement alors que mes doigts s'enfoncent dans le bois de la table, faisant se soulever des lanières de bois sous la morsure de l'acier. Je ne m'attendais pas à moins de la part du Crochet, et pourtant, la déclaration me surprend néanmoins. C'est comme si l'idéal vers lequel je m'étais toujours dirigé se concrétisait soudainement. Comme si la conjoncture des événements s'assurait que je respecte le serment que j'ai juré de tenir.

      Donner ma vie pour eux. Pour chacun d'entre eux.

      Peut-être que c'est ce qui est arrivé à Salem. Lui aussi a eu à agir en fonction de la situation. On ne peut véritablement choisir comment ce moment viendra, mais il viendra. Personne ne décide de sa mort, les autres le font pour nous, comme Flist me le rappelle en jubilant à l'autre bout du fil. Il veut ma tête, je n'aurai aucun problème à la lui donner. Toutefois, je sais être fourbe. oute ma vie, je n'ai jamais joué selon les règles.

      Et lui non plus.

      Je me penche vers mon escargophone, les traits froncés par la frustration. Il croit contrôler toute les pièces de l'échiquier, mais je suis le plus imprévisible des cavaliers, autant pour ma propre famille que pour la sienne. Même le plus grand des pirates ne saurait dompter Double Face.

      Hé, Le Crochet. 'Pas de problème à te donner ma tête, ou même le Léviathan, si y faut! Mais d'abord, j'veux savoir si mes hommes sont en vie.
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      Houhouhou...

      Le sourire de l'escargophone s'élargit en même temps que celui de Flist. Entendre la voix du commodore accepter les termes de SON contrat lui fait extrêmement plaisir. Et il ne manque pas de le préciser en se frottant les mains :

      J'aime quand tout va comme je l'entends, il marque une pause et semble réfléchir. Il ne se trouve pas forcément derrière des idiots tombés de la dernière pluie. Bien normal qu'ils veillent à s'assurer que ces hommes sont toujours vivants et qu'ils ne négocient pas pour du vent. Flist est assez clairvoyant pour savoir qu'on ne fait pas avancer un âne sans la carotte : Je vous dois bien ça. Amenez-moi l'homme poisson !

      Il s'est tourné pour dire ça, et sa voix s'est faite plus distante. On entend le parquet grincer, une porte s'ouvrir et se refermer juste après. Pendant ce temps, pour le moins silencieux, Flist sifflote gaiement en attendant le retour de son homme. Cinq longues minutes, pour que la porte s'ouvre à nouveau et qu'on entende le tintement de chaînes. Bruits, confusion et enfin :

      Voilà, tu peux parler. Tu as deux minutes.
        Euh. C'est Craig.
        On est en vie. Avec Blacrow, Serena, et... un... gros monstre à poil.


        J'espère que mes claquements de crocs sont pas perceptibles de l'autre côté du fil.

        J'ai été soigné, mon état est stable. Ceux des autres aussi, je crois. Et, euh...

        J'ai le vocabulaire qui m'échappe. Probablement des restes de saloperies qui me galopent dans les veines en me drainant mes mots. J'sais pas quoi leur dire, aux capitaines, si ce n'est que j'me sens comme un porc parqué dans sa merde en attente d'être libéré de ses souffrances par l'un des bouchers. J'ai plus espoir, mais j'me bats encore. Mécaniquement. Ils sont les derniers à pouvoir faire quelque chose pour nous, et j'suis trop faiblard pour leur indiquer la route vers nos geôles. Grâce à la grosse brute qu'est partie en reconnaissance se prendre des roustes sur le pont, je sais que notre tombeau sera un navire qui sent le bois pourri et la vieille charogne.

        Et là-bas, par la fenêtre, j'ai la confirmation que, ouais, notre cercueil flotte. Le soleil couchant nous nargue, son visage chaud déjà à moitié immergé dans l'océan.

        J'mens salement en prétendant mon état stable, en simulant l'sang-froid. Parce que hurler et me débattre nous extirpera pas d'ce guêpier. Faut que je ramasse mes miettes de finesse pour laisser passer mon message sans faire tiquer le moustachu psychopathe... J'laisse une quinte de toux me voler quelques secondes.

        C'est pas grave... C'est l'humidité.
        On va bien. On est autant secoués qu'une bouteille balancée à la flotte, mais on va bien.
        Ils vont nous enfermer ensemble. On veillera les uns sur les autres.


        Ouais. Je tiens quelque chose. Pourvu qu'ils saisissent. La position. Ouest. Indiquer la position !

        M-Merci, grâce à vous, je peux revoir une dernière fois le soleil se coucher sur la mer.


        Dernière édition par Craig Kamina le Mer 26 Nov 2014 - 20:38, édité 1 fois
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        Et la tête du Commodore ?

        Flist avait à l'évidence le sens du spectacle et de la démesure. Il fallait sans doute viser haut pour pouvoir obtenir ce qu'on désirait. A bien y songer, la majorité de la vie de Lilou était faite selon cette optique de penser : En quittant son île, son but était de devenir la meilleure ingénieure du monde. Elle était désormais à la tête d'une unité sur l'une des plus grosses machines de guerre sur terre, très proche d'obtenir un autre poste à responsabilités, comme de fréquenter Vegapunk lui-même dès que les Rhinos arriverait à Marie Joie. Le destin s'annonçait prolifique, parce qu'elle avait eu des idées et de la motivation... Comme Flist. Et se comparer au Crochet lui fit froid dans le dos.

        Serrant la mâchoire, la rousse eut envie de lui rétorquer une insanité en plein visage avant de couper court à ces négociations qui n'en étaient pas. Mais Oswald s'avança et prit la parole pour annoncer qu'il marchait. Sa tête, contre les autres. Ce deal lui allait, à la condition qu'il puisse parler à l'un de ses hommes capturés. Lilou eut envie de lui sauter à la gorge pour lui coller d'autres claques, en lui hurlant au visage qu'il n'en était juste pas question. Durant ces cinq minutes d'un silence pesant et angoissant, elle rongea son frein en lançant deux mirettes furieuses à son compagnon. S'il pensait un seul instant qu'elle allait le laisser faire, il se fourrait le doigt dans l'oeil.
        Non, Flist n'aurait pas sa tête. Non, il n'aurait pas la victoire. Il ne danserait pas non plus sur leur tête en sifflotant cet air qui lui tapait sur le système. Serrant un peu plus les poings, quand elle eut enfin les bons mots pour revenir sur ceux du Commodore, le tintement des chaînes la tira de ses pensées et elle se stoppa. L'homme poisson. Craig Kamina. Qui hésitait à l'autre bout du fil... Avant de commencer son monologue qu'aucun n'osait interrompre. Ses paroles étaient écoutées avec une attention toute particulière, et même notées par le Lieutenant Colonel Mavim qui n'avait pipé mot depuis le début de cette entrevue.

        Lilou se permit une moue quand Craig les remercia. Le cœur serré, et à l'écoute de ses propres émotions, quand ceux à côté semblaient comprendre et entendre un double discours qui passa totalement inaperçu aux oreilles de la rousse. Elle ne percevait que les chaînes qui teintaient et le petit rire du Crochet, qui la fit sortir de ses gonds pour de bon :

        Flist !

        Ses yeux d'ambres rivés sur l'escargophone, elle ne le lâcha pas une seule seconde en se penchant d'avantage vers lui :

        Écoute-moi bien, raclure ! Si tu fais du mal à ces hommes, si tu ne tiens pas le deal qu'on est en train de signer, je te promets que je viendrais te traquer comme la bête que tu es, jusqu'à te mettre la main dessus et t'enfoncer mon poing si profondément dans la gorge que je pourrais t'en attraper les tripes !

        Prenant une profonde inspiration, elle poursuivit d'une voix plus calme :

        J'escorterai le Commodore jusqu'à toi, et nos hommes devront bien se porter, sinon, pas de tête, pas de navire, pas de prisonniers en vie pour te priver de ton plaisir, RIEN ! Et il n'y aura plus aucune cachette sur terre qui te gardera à l'abri bien longtemps, et ÇA, c'est une promesse...


        Dernière édition par Lilou B. Jacob le Mer 26 Nov 2014 - 20:29, édité 1 fois
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        Houhouhou ! Qu'il rit de plus belle.

        La ferveur de ces déclarations l'enchante. Flist tire sur la chaîne de Craig et ordonne à son homme de le ramener dans sa cage en lui donnant un os à ronger. Le regard empli d'une mauvais malice, il ne peut se retenir de rire en revenant finalement vers le denden :

        Admettons que je suive ce contrat ! Admettons... Admettons aussi que je sois vraiment effrayé par votre prestation volcanique... Il ne faudra pas tenir compte des sévices infligés aux prisonniers avant la signature de ces termes, dans ce cas...

        Logique. Implacable. Et ça annonce aussi la couleur. La vraie question est : Peut-on croire la parole d'un homme qui ment et qui tue parce qu'il aime mentir et tuer ? Personne n'a la réponse. Du coup, Flist reprend avec flegme et détachement :

        Vous m'apporterez le Commodore. Nous lui couperons la tête en faisant fi de nos petits différends. Nous ferons l'échange, et chacun retournera à ses occupations : Vous sauverez la terre, et moi, je la réduirais en cendre ! Et tout le monde sera content ! Houhouhou !

        Il joue avec sa moustache, avant de se redresser sur son fauteuil en abhorrant presque une mine sérieuse :

        Demain, à midi, cela convient n'est-ce pas ? Et ne soyez ni en retard, ni en avance !

        Ce n'est, à l'évidence, pas vraiment une proposition.
          Pendant ce temps dans la pièce qu'ils ont quittée juste avant, une demoiselle se réveille. J'ai vu la lumière, pourtant, je ne l'ai pas rejointe, j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux, cruelle et stupide illusion de mon esprit essayant d'échapper à la réalité. Non, ces cris sont bien réels comme la douleur qui vient immédiatement m'envahir malgré les médicaments, je suis bien vivante et tout mon corps s'acharne à me le montrer, j'ai l'impression d'avoir mal à des endroits dont j'ignorais l'existence jusqu'à maintenant, enfin n'étant pas une spécialité en anatomie ce n'est pas trop dur aussi. D'abords un doigt, la main qui tressaute alors que j'ai vaguement conscience de ses murmures qui m'entoure, je me rappele de cette odeur, enfin je crois. Un doigt qui se crispe, alors que je me rends compte que j'ai encore cette odeur de chair calcinée qui me hante, je n'ai pas les idées claires et j'essaye juste d'ouvrir les yeux en vain pour le moment. Je sens des mouvements, je crois en tout cas alors qu'une main me touche, même si j'étais en état de la repousser je n'en ai pas envie, en fait, je pourrai très bien être encore dans ce cauchemar, si je n'entendais pas le frottement de mon bras, du tissu et des bandages qui font ce léger bruit, je pourrais penser que je suis encore sur le champ de bataille.

          Une voix, elle est douce, il me semble cela doit être une infirmière, ou une amie ou peut-être une inconnue tout simplement. Je ne reconnais rien, en tout cas seulement au son encore flou et dissonant c'est impossible. Je suis encore sous l'effet de diverses substances nécessaires pour éviter que je ne souffre trop et qui vont me faire somnoler juste ce qu'il faut pour pas que la vérité m'éclate à la figure. Un bras et une jambe en moins, le visage à moitié brulé en plus de diverses brulures sur le poitrail, le ventre et l'autre cuisse. Autant dire que j'ai beaucoup de bandage et que même si je n'avais pas la chemise de l'infirmerie il n'y aurait pas beaucoup de chaires à découvert. J'imagine que dans cet état je serais encore fichu de rire et de me dire dans un optimisme artificiel qu'au moins j'ai gardé les formes les plus importantes et qu'un bras et une jambe en moins ça ne m'empêche pas de vivre.

          J'ouvre enfin les yeux, tout est flou, tout est si blanc, c'est la première fois qu'un blanc aussi pur me rend aussi mal à l'aise, me répugne presque sans réellement le faire. Les bruits sont plus précis, j'entends même une voix et arrive à comprendre les paroles surtout. L'infirmière, ou une personne ici par hasards indique de faire venir un médecin ainsi je suis bien dans une infirmerie. Je suis ici donc, mais pourquoi déjà , J'ai du mal à me souvenir, je réfléchis mais cela ne fait que rendre une migraine déjà présente plus intense. J'imagine que si je pouvais me concentrer, je me dirais que j'ai tout le temps pour réfléchir pendant mal convalescence, je me contente de le faire pour ne pas avoir trop mal.

          Au bout de quelques instants, je sens une chose froide qui me tâtonne à plusieurs endroits ce qui me fait grogner légèrement. C'est désagréable, mais apparemment c'est une bonne nouvelle d'après ce qu'il dit, pourquoi c'est une bonne nouvelle , on croirait que j'ai était dans un état grave, est-ce que c'est le cas ? Je ne suis en tout cas pas en état de me poser la question en réalité. J'observe cette personne si proche, sans reconnaitre exactement les formes, la silhouette m'est familière, cette odeur aussi qui arrive à outrepasser ce fumet calciné que j'ai encore dans mon nez... Alors je l'observe, tends timidement ce bras qui bouge à peine et plein de bandages pour lui caresser le bras, plus ou moins le seul mouvement que mon état me permet avant de produire un petit sourire. Marmonnant quelques paroles dont seulement deux mots son intelligible

          "Léviathan... Maison..."
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          L'air ambiant puait la peur et l'indécision. Une atmosphère qui ne colle pas vraiment avec la vie menée par Sebastian jusque là. Sa main, agitée à quelques centimètres au dessus de la table, se saisi subitement d'une plume et d'un morceau de papier qui traînait devant lui. Rapidement, il traça quelque chose dessus avant de faire glisser la feuille vers le commodore. Qui la ramassa, lu en silence ce qui était écrit dessus, considéra un instant son subalterne dont le regard s'échappait par une des fenêtre de la salle. Doucement, presque en chuchotant, Jenkins laissa s'échapper un mot.

          "Où ?"

          Un seul mot, tant de poids. Une syllabe où résonnait tout le fardeau porté par le commodore. Se sacrifier pour ses hommes, pour ce qu'il pensait être juste, faire passer la vie d'une poignée de soldats avant la mission qui lui était confiée. Peut-être l'opposé du vieil homme assis à la même table que lui. La rousse, bouche bée devant la scène qui se déroulait sous ses yeux voulu réagir, se plaindre, mais le gastérophone la coupa dans son élan.

          "Houhouhou, voilà qui s'annonce bien ! Retrouvons nous à la rue centrale de la ville. Vous laisserez mon nouveau navire au port, je m'assurerai qu'il puisse approcher sans encombre. Et n'oubliez pas..."

          Par la fenêtre, on pouvait voir des lumières allumées depuis longtemps sur l'île de Jaya.

          "Ni en retard, ni en avance."


          Gatcha.

          "On peut les frapper."

          La voix du lieutenant-colonel avait directement suivi la fin de l'appel. Ses yeux s'étaient maintenant reporté sur la carte de l'île étendue sur la table. Il se leva pour la surplomber et montra une zone, à l'ouest de l'île.

          "Là. Je propose d'envoyer un commando de secours à bord du Serenity. Le Léviathan restera éloigné, tout feu éteint, et se tiendra prêt à faire feu. L'Hypérion se tiendra prêt ici avec les troupes qui nous restent, en immersion. Au cas où la situation tournerait mal pour le commando, mon sous-marin pourra venir en renfort en l'espace de deux minutes."

          Sebastian avait fait le calcul. Le soleil s'était couché cinq minutes avant que Kamina ne parle. En prenant en compte la position de l'île, il était possible d'estimer la longitude où se trouvait Flist. La latitude restait quelque peu approximative, mais il avait dû rester assez proche de Jaya.

          "J'opterais pour un raid silencieux. S'introduire aussi loin que possible chez l'ennemi afin de libérer les otages. Une fois ceux-ci secourus, nous pourront couler ce qui reste de leur flotte. La principale difficulté serait que Flist ait regroupé plusieurs navires au même endroit, mais il nous faudra être sur place pour nous en rendre compte. Le cas échéant, il faudra multiplier les commandos... Bref, nous n'avons pas de temps à perdre. Des questions ?"
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          Un soulagement énorme. Comme un ballon qu'on crève et se dégonfle, se libérant d'une pression énorme. C'était presque le moment ultime. Le moment où je me sacrifiais pour l'équipage, mais encore une fois, Sebastian a trouvé moyen de sauver la mise… impensable. Ils sont à l'extérieur de l'île, prisonnier sur un navire, quelque non loin des côtes. Flist ne serait pas téméraire au point d'envoyer ses prisonniers au large. Néanmoins, il est assez téméraire pour ne pas les laisser sous sa protection à lui.

          C'est le moment de réplique, notre chance pour qu'enfin les Storms puissent réellement contre-attaquer. La voilà enfin, la chance que nous n'avons que trop attendu, la lumière au bout de ce tunnel dans lequel nous sommes restés étouffés trop longuement! Il est temps que l'on frappe de plein front l'île de Jaya. Il est temps que les négociations cessent et que ma colère s'abatte sur celui qui a osé s'en prendre à ma famille.

          Mes poings se crispent, chuintant lorsque mes doigts s'entrechoquent sous ma poigne.

          Il est temps qu'on cesse d'avoir l'air d'une bande d'idiots. Il est temps pour Sebastian de prendre ce gouvernail et de nous diriger droit vers la victoire. En voilà un, un homme de l'heure.

          Ouais, une question : j'dois attendre combien de temps avant de briser mon contrat avec Flist comme je briserai son nez?
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          Les idées se bousculèrent dès que la communication fut rompu avec Flist Gonz. Et Mavim, silencieux et patient jusqu'ici, s'était mis à parler avec un aplomb et une assurance qui déstabilisèrent la rouquine l'espace de quelques secondes. L'homme était toujours très efficace dans ses paroles, dans les mots qu'il choisissait, dans ses propos. Jamais une phrase en trop, direct dans sa manière de dire les choses et de les poser à plat. C'était une qualité que Lilou lui reconnaissait bien volontiers, et qui était on ne peut plus utile dans ce genre de situation. Lorsqu'il s'agissait de cogner, elle comptait plus sur Oswald. Mais pour le reste, Sebastian s'illustrait comme un fin penseur bien utile à la flotte du Léviathan.

          Si tout était si simple, ça se saurait, souffla-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, faisant l'impasse sur sa colère pour en venir au sujet présent. Mais on se doit de tenter cette chance...

          C'était une évidence. Flist n'était pas un homme de confiance. Il se jouait de la situation et allait tout faire, à l'évidence pour les couler encore plus. Il riait fort et souriait trop pour être honnête, pour « respecter le contrat » comme il disait. Lilou savait que les closes de ce marché ne valaient rien. Qu'il n'y en avait même pas sur le papier. Que croire en sa parole n'était qu'une folie supplémentaire dont tout le monde se passait bien.

          Si on trouve les prisonniers avant le rendez-vous, il n'y aura pas grand chose pour nous retenir de lui faire la peau. Mais c'est à la condition qu'on les trouve et que ça se passe bien...

          Doucement réaliste et un tantinet pessimiste, la rouquine se racla la gorge en regardant la carte et la zone que Mavim désignait toujours.

          Si on doit écumer la zone Ouest de Jaya en katimini, ça va nous prendre des heures. Et il n'a sans doute pas laisser ses prisonniers sans surveillances... On doit supposer qu'ils ne sont pas seuls, et que ça ne sera pas simple.

          Ils auraient pour eux l'avantage de l'effet de surprise. Peut-être un autre.

          Je vais remettre Rei sur pied. Je vais en avoir pour un moment. Tout comme vous de trouver sa position, qu'elle lança à l'intention du lieutenant-colonel en se dirigeant déjà vers la porte. On reste en contact. Dès que vous les trouvez, appelez-nous. On mettra le reste en branle pour en finir avec ces conneries.

          La main sur la poignée de la porte et pas du genre à s'éterniser dans des réunions où l'on ne faisait que parler, Lilou termina de fixer ses deux compères. Les yeux rivés sur le sol, elle adressa une dernière fois :

          Commodore. Vous feriez mieux de vous préparer au pire.

          Avant de quitter l'assemblée.
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