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Un slip tarentulesque.



Pendant le trajet avec les pirates (avant la prison, bien entendu ) …

Maintenant, c’est le moment de penser au plan. La mission, sauver Serena. Le problème : elle est en prison. Comment s’infiltrer dans la prison la plus sordide de Jaya lorsqu’on fait deux mètres trente et qu’on a la discrétion d’un bulot en plein étalage de Tupperware … bonne question. Il faut un plan cossu, couillu et une dose de chance. Quelque chose qui peut te faire sortir d’un casino avec trente millions de dollars sans plus de tracas qu’un serrage de pogne présidentielle. Les atouts à disposition ? Vingt ans de terrain, quinze dans les égouts. De quoi envisager le décor, de quoi improviser. Et, surtout, une boîte de pilules. Pas pleine, mais suffisante. Anticiper le terrain, prendre de court les pirates. Et, surtout, ressortir avec classe de la prison. Il y avait des hommes en danger et à défaut de n’avoir pu sauver ceux qui étaient morts, la terre ait leurs nutriments – quoi, vous pensiez que Wallace était du genre religieux ? – il sauverait les prisonniers. Les pirates étaient persuadés de tenir de quoi monter en grade, autant leur faire plaisir en se livrant de lui-même, mais la suite …

Glissement discret de la main dans la poche. Petit sac en papier enroulé dans des feuilles de bananier prélevées discrètement. Quelques unes qui ne soient pas calcinées par les affres de Todd. Rien que d’y penser, la couenne brûlée de Wallace le picotait. Les sucs du monstre n’arriveraient à détruire l’emballage dans le temps imparti. D’un coup de langue, le Docteur fourra le paquet de pilules au fond de son gosier. De quoi garder de la puissance sous le capot.

*tousse*

«  Hey, t’fais quoi ? » grogna Manu, voyant le médecin qui semblait avoir avalé de travers.

« Rien *kof* une bonne blague qui m’est revenu *kof* en tête, et … *kof* *kof* c’était drôle. Ai avalé de travers … » mentit le Docteur, s’essuyant la bouche.

Encore une fois, les trois gusses le regardèrent avec un air circonspect. Il ne reluisait pas d’intelligence et il faisait tout pour. Ils s’en retournèrent à leurs messes basses, laissant, stupidement, le Médecin derrière eux. Bien, ou en était-on dans ce plan ? Ah oui, l’arme secrète, fatale et incommensurable. Une geôle donc. C’était quoi une geôle ? Des pirates, donc quelque chose de pas très confort. Des menottes, des chaînes. Une grille. Peu de lumière. Du gruau insipide et des rats. Crocheter des menottes avec un rat, c’était difficile. Alors restait la solution brute. D’autant plus que Wallace ne savait pas crocheter une serrure. En voyant sa stature, les pirates prévoiraient certainement quelque chose qui puisse le retenir, donc la solution brute n’était peut-être pas adaptée. Rah, il faudrait qu’il invente un tournevis capable d’ouvrir toutes les serrures un de ces jours. Un truc qui puisse faire diagnostic médical ou analyseur de particules. Un tournevis sonique, ouaip ça sonnait bien ça. L’outil multifonction du Docteur, ça sonnait bien. Mais comment s’occuper de la serrure ? La clef, c’était la seule solution. Peut-être qu’il pourrait dresser les rats et les faire lui apporter la clef … Non, il n’aurait pas assez de pain pour ça. Et puis c’était d’une hypocrisie un rat. Pire qu’un percepteur fiscal.

Ou dérober la clef. Tout simplement. Encore fallait-il pouvoir l’attraper. Quoi que, attendez. On était sur Jaya non ? Jaya, c’était la jungle et dans la jungle on trouvait des plantes carnivores. Vu la faune, vu la bataille, ce serait pas difficile de trouver quelque truc avec un suc digestif assez mastoc pour casser d’la menotte. Ouais, mais si ils le mettaient à poil ? Alors seule solution : corrosion. À croire que beaucoup de choses allaient traîner dans la bouche de Wallace ces prochaines heures … Il lui faudrait des formica jayanea (spécificité locale), un carpinus betula, un cepae nemoralis et une brosse à dent. Quoi que, la brosse à dent, après réflexion, ce serait plutôt pour après. Et puis quelques autres petites particularités Jayanaises, fallait dire que c’était hostile par ici. Ça lui donnerait une haleine de chien, mais assez corrosive pour venir à bout de n’importe quel métal. Le monde de Grand Line était fascinant.

« Oh, une grosse fourmi ! »

« C’est un scarabée doc’. »

Jouer au candide qui découvrait la nature ne le faisait pas trop forcer. Bien vite, une petite faune d’insectes commença à peupler les poches du manteau de Salem. Ahem. Oswald allait râler, forcément. Il lui faudrait mâcher ça avant d’arriver en prison, et ses mollards deviendraient le pire ennemi du métal. Non, pas celui-là. Le métal, le matériau. Une fois libéré, restait Serena et les autres. Ainsi que les gros pirates pas beaux, ceux qu’il préférait éviter. Il doutait de pouvoir les convaincre du bien fondé de sa mission en discutant avec eux. Alors dans ce monde empreint de violence, il n’y avait pas beaucoup de solutions. De toute manière, si ils étaient attachés, la porte serait soit faiblarde, soit non verrouillée. Autant miser là-dessus. Ou cracher dessus. Cela dépendrait du temps que mettrait la concoction à faire fondre ses liens.

«  Mais il fait quoi avec les insectes là … ? »

« Shhh, il va t’entendre, faudrait pas qu’on le vexe, déjà qu’il nous suit … »

«  Ouais, mais quand même, c’est zarb’ … »

« J’crois que Todd lui a un peu trop tapé sur la tête … va savoir : il ressemblait peut-être à quelque chose avant ça … »

« Oh, tu sais, y’en a qui sont bien illuminés … m’étonnerait pas qu’il se croit en promenade de santé avec des guides sur mesure … »

«  Mais il sait qu’il va s’faire mettre aux fers et probablement tailler par Zoldberg ? »

«  Bien fait pour sa gueule, j’ai le bras en berne … »

« Il doit penser pouvoir faire progresser la science comme ça … warf warf warf »

«  Hé hé … qu’ils sont cons ces marines … »

Les oreilles du Docteur frétillèrent. Ils étaient tout sauf discrets ces ahuris. Même s’il faisait un peu semblant, c’était vexant. Il préparait un plan de la mort qui tue et personne était là pour le voir ! Il pourrait au moins avoir un oscar dans son rôle du médecin complètement à l’ouest. À moins que … que ça ne détonne pas vraiment de son comportement habituel ? Allons donc ! Il était toujours attentif, à faire attention aux choses les plus cruciales et dans le feu de … oh !

« Hey, j’ai attrapé une mygale. »

«  AH PUTAIN ! »

« AAAAAAAAAH !! »

« MAIS LÂCHE ÇA !! »

Titi sauta dans les bras de Manu qui saut dans les bras du troisième compère. Les trois pirates s’écrasèrent par terre, tirant un hurlement de douleur au pauvre Titi avec son bras cassé. Wallace lui avait quand même mis une attèle et des bandages, mais ça prendrait son temps pour guérir. Puisqu’ils ne semblaient pas apprécier Tatiana, il la mit dans son autre poche. La pauvre araignée ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, mais elle n’arrivait pas à percer le cuir du monstre de ses deux crochets. Et puis ses nuages de poils urticants ne semblaient pas servir à grand-chose. De toute manière, il avait des insectes dans ses poches, alors elle n’allait pas refuser un repas gratuit.

Concernant le plan, restait l’après cellule. Sortir de la prison. C’était là que Tatiana interviendrait. La phobie des araignées était une des plus courantes. Même chez les pirates. Les trois ici présents venaient de prouver ses statistiques. Il suffirait de l’exhiber.



Bon. Un plan un peu plus sérieux. Tatiana irait en avant et viendrait l’informer du nombre de pirates dans les couloirs.

Sauf qu’il ne parlait pas le langage des araignées.

Diable, c’était d’un compliqué.

Il faudrait compter sur l’effet de surprise, libérer les pirates et tout. L’avantage d’avoir un savoir encyclopédique, c’était qu’on était le seul à l’avoir sur une île de pirates. Fort heureusement, ils n’auraient pas Vegapunk en face d’eux. Une fois sortis des geôles, ce serait comme une mutinerie. En moins sanglant, il l’espérait. Serena saurait gérer cette situation, d’autant plus qu’avec ses pilules, les choses en seraient simplifiées. Il farfouilla dans sa poche intérieure. Hé hé. Il ne restait plus que les bonbons à la menthe. L’avidité des pirates ferait le reste.

« On arrive, Doc’. Passe devant. »

Manu tira son épée, faisant signe au médecin de se placer devant eux. En avançant, Wallace commença à croquer les divers composants de sa machination biochimique. Quant à Tatiana …

« Désolé ma belle, tu vas aller là où personne n’osera jamais s’aventurer … »

La bestiole était tellement gavée qu’elle ne bougeait plus. Parfait.

Une araignée dans le slip, des arthropodes –ainsi que diverses choses moins ragoutantes - sous les dents. Wallace était paré.
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