Scythe • Skye

Ce qui est au milieu

(Eric Reinhardt) ▽ Malheureusement la réalité n'est pas généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés.  

« « Aaaaaaah ! J’ai un truc bleu dans le dos ! J’ai un truc bleu dans le dos !  Ah non c’est mes cheveux. »

Les gens soufflent autour de moi, et moi je me m’amuse de leurs réactions. Je m’ennuie. Je cherche à m’occuper alors je raconte débilités sur débilités. Sauf que ça ne m’amuse qu’un temps… Red est partie en ville. Et moi je m’ennuie. Et quand je m’ennuie j’ai tendance à devenir un brin méchante. Tout à l’heure j’ai fait tomber quelqu’un dans l’eau, je pensais que ce serait drôle. Ca ne l’a pas été.

Du coup je suis allée voir Pingui. Je savais où le trouver. J’ai un radar pour ça. Il méditait paisiblement en haut d’une falaise qui surplombait le port. Je me pointe derrière lui et répète ce que je me dis depuis ce matin :

« Je m’ennuie. »

Il se retourne et me regarde. Mon air blasé, mon envie de vouloir démembrer quelqu’un pour voir si c’est drôle ? Ou mon ton sec et sombre, le fit se relever et s’approcher de moi. Le voir aussi sérieux me donna presque envie de rire. Ca me rappela aussi la fois où il m’avait demandé de l’aider avec Kiwichimaru. Un Kiwi trop mignon que je n’ai pas pu garder. La poisse…

« Que veux-tu faire ? » Demande-t-il à la place des « piou » habituel.
J’en reviens toujours pas qu’il parle…

« J’en sais rien. J’ai rien à faire. »
« Va cuisiner ? »
« Hm. Non. »

Il souffle.
Ouais moi aussi.
Ca fait trois heures que je souffle.

« Je pourrais t’entrainer. » Dit-il après un silence.

Tu m’étonne, moi aussi j’aurais hésité. Je suis un danger public et je cherche pas spécialement à éviter les ennuis. En fait ca m’amuse. Sauf qu’aujourd’hui ils ont décidé de chercher ailleurs. C’est malin. Va falloir que je les attire moi-même…

Je lui lance un regard appuyé d’un haussement de sourcil. Sérieusement ?

« Hm, mauvaise idée. .. » Fit-il.
« Pourquoi tu fais Piou ? » Demandais-je en penchant la tête, l’air légèrement blasé.
« Red me l’a demandé. »
« Pourquoi ? »

Il me regarde longuement avant que je ne soupire. Foutu ninja.

« Comment ca se fait qu’il te comprend quand tu dis « Piou »? »

Il sembla s’animer.

« Je pourrais t’apprendre à me décrypter. Ca peut avoir son avantage tu sais. »

Je réfléchis un instant. Après tout je n’avais rien d’autre à faire.

« Pourquoi pas. » Répondis-je finalement.

Mais sans enthousiasme pour autant. S’ennuyer c’est nul. »▲  

(c) AMIANTE

Ce qui est au milieu

(Eric Reinhardt) ▽ Malheureusement la réalité n'est pas généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés.  

« Deux heures. Ça fait deux heures que je suis assise en face de Pingui en haut de cette falaise a tenté de comprendre ses Piou. A la réflexion je m’étais dit que tant qu’à faire, avoir un langage codé en plein combat et même dans la vie de tous les jours c’était fun, cool. La classe quoi. Et puis dans une mauvaise situation ça pouvait nous être grandement utile quand même. Surtout que ça arrivait un peu souvent. Sauf aujourd’hui, mais bref. En dehors de ce jour rempli d’ennui ca arrivait assez régulièrement. Souvent… Bon quasiment tout le temps en fait.

L’avantage tactique qu’il avait avec Red me rendait presque jalouse, voilà donc pourquoi depuis deux heures j’essaie de comprendre ce qu’il dit.

A force d’acharnement…

« Piou »
« Patate. »
« Piou ! »
« Pomme de terre ? T’abuse c’est pareil ! »
« Piou »
« Suisse ? »
« Piou !! »
« Pommes ? TARTE AUX POMMES ! »
« Piou »
« « On va jamais y arriver » »

Il me regarde d’un air ahuri. Oui apparemment c’était ça.

« Piou » reprend-t-il plus calmement.
« Flatulence ! » Criais-je en joie.

Il se frappe le haut du crane et je me marre de plus belle avant de reprendre plus sérieusement.

« Va à droite ? L'autre droite...? »

Il agite sa nageoire pour me forcer à continuer.

« Gauche ! »

Il lèves les nageoires, victorieux, et je l’imite en criant « Victoire ! »

Super, dans deux semaines on y est encore.
»▲  

(c) AMIANTE

Ce qui est au milieu

(Eric Reinhardt) ▽ Malheureusement la réalité n'est pas généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés.

« « J’ai faim. »

Mais Pingui ne voulait rien entendre. Tant que je n’étais pas capable de le décrypter correctement, je pouvais dire adieu à toute sorte de nourriture. C’est la dernière fois que je lui dis que je m’ennuie.

Mais il fallait avouer que je me débrouillais de mieux en mieux. Je pouvais maintenant comprendre des phrases complètes. Enfin quand je voulais bien.

« Piou. »
« Mais on a plus de hareng. »
« PIOU ?! »
« Ben oui tu as tout mangé hier… »

Il bondit sur ses pattes, le regard droit et déterminé.
« Piou ! (viens on va faire les courses) »
« Mais Red a dit de rester là… »
« Piou !(Red sait que tu ne fais pas ce qu’il te dit) »
« C’est pas faux… Attend moi ! » »▲

(c) AMIANTE

Ce qui est au milieu

(Eric Reinhardt) ▽ Malheureusement la réalité n'est pas généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés.  

« Le marché j’adore. Je m’arrêtais à tous les stands pour acheter des légumes, des pavés de viande, des fruits… Pingui salivait devant le stand de poisson, à l’autre bout du marché, et c’est qu’il s’impatiente le bougre ! Quand il me voit à deux stands de là, il commence à agiter les bras, pardon, nageoires.

« Piou ! Piou ! »
« Oui, oui. J’arrive. Tiens porte moi ça. »

Je lui donne mes sacs remplis qui l’aplatissent sur le sol.
Tu parles d’un ninja…

Mais je ne me suis même pas approcher du stand qu’on me vole mes sacs… Et un Pingui assommé avec.

« Hey ! »

Et boum, je me met à courir. Encore… Non vraiment je déteste courir, c’est épuisant et en plus on transpire. J’en ai marre de courir partout, tout le temps. J’aurais du aller dans la Marine, eux au moins ils foutent pas grand chose. … Ah bah non j’en viens.

Enfin zut quoi, c’est quand même ma nourriture ! Pingui peut se débrouiller tout seul, mais qui va sauver ma viande ? Et qui va me sauver moi quand Red n’aura pas son steak ?! Bon, là tout de suite le pingouin est assommé, certes, donc ca veut dire sauver les steaks et le pingouin. Bon.

Red t’es où ?!

Mais non Red il est pas là. Il cherche Rachel. La « gothique ». Ouais enfin en attendant c’est moi qui fait à manger. Mais je voyais d’ici les deux amoureux transit, se retrouver avec passion et ferveur, Red le grand gaillard, fou amoureux de la mystérieuse, et gothique, Rachel. La cherchant à travers le monde pour la sauver ! Romantique !

Mais je veux pas dire, mais la Rachel elle se fait un peu désiré. A cause d’elle on m’a volé mes courses et mon pingouin.
Rachel va falloir qu’on parle…

Je rattrape rapidement mes voleurs au milieu du marché, je leur demande de s’arrêter et de me rendre mes affaires, parce que bon, quand même… Pingui commence à se réveiller mais il est coincé entre les légumes et la viande de monstre marin.

« Piou ! (Fais attention) »
« Rendez moi mon pingouin et ma nourriture. »
« Et tu vas faire quoi ? » Rit-il peu impressionné par ma carrure de gamine.
« Je vais me fâcher ! »

Ils se marrent.
Connards.

« Je leur fonce dessus ? Je leur balance des crabes ? Je fais quoi ? »
« Hein ? » Dit l’un.
« C’est pas à vous que je parle. » Répliquais-je agacé et avec un ton tranchant qu’on ne me connaissait pas. Sauf quand j’étais passablement énerver. Fait rare. Oui. Ça arrive quand je m’ennuie. Ce qui est encore plus rare…

Décidément quelle belle journée.

« Piou ! (Sors ton arme ! ) »
« Mais je croyais que je devais pas ! »
« Piou ! (C’est de l’intimidation !) »

Ah. Bon. Bah si c’est de l’intimidation alors…
Je l’écoute et je dégaine d’arme à ma ceinture. Un gros flingue en forme rectangulaire et imposante. D’un geste agile de la main, il se transforme en une grande faux à double lame….

Et je tire. Je ne cherche pas plus loin, on m’a dit de sortir de mon arme, ca veut dire que je dois m’en servir, non ?
Le but là c’est de récupérer mon pingouin. Peu importe comment, mais il est hors de questions que ces enfoirés me prennent ce qui m’appartienne, courses comprises.

Et un pingouin comme Pingui on n’en trouve pas souvent.
Voir rarement en fait…

« Piou ! (Intimidation ca veut dire que tu tires pas !) »
« Que je continue ? Mais j’ai presque plus de balles ! »
« Piou ! (Non !) »
« Bon, faudrait savoir ! »

Les balles arrêtent de fuser. Le calme revient. Un long silence arrive. Je regarde les lieux, toutes les échoppes sont détruites, les fruits et légumes explosés ou roulant par terre comme des cadavres d’invendus. Les stands eux-mêmes sont troués, d’autres s’effondrent sous la brise ou ne tiennent plus que par miracle. Au moins la cartouche de mitraillettes que j’ai acheté plus tôt fonctionne bien…

Et au centre de ce carnage, nous. Debout parmi les débris de ce qui fut autrefois un marché, avec les pleurs des marchands en fond sonore et leurs regards furieux comme ambiance.
Note : Après avoir récupérer Pingui et les courses, détaler le plus vite possible.
Bon, je ne veux pas dire, mais mon carnet mental commence à saturer…

Les occupants des lieux observent la scène et chancèlent. Ouais, c’est ce que je ferais aussi… Si je n’étais pas habitué à ce genre de scène c’est surement ce que je ferais.

Mes voleurs, eux, se demandent sur qui ils sont tombés. J’hésite à lancer une phrase du style : « Fallait pas s’en prendre aux Red’s Pirates les gars. » Mais du coup j’ai un doute, parce que pour le coup je doute que ça nous fasse bonne réputation. Bon en même temps on est des pirates on n’est pas censés avoir de bons fonds et tout ça…Dilemme. Punchline ou problèmes sur le long terme ?

Ils prennent un air de méchants pas beaux et sortent des petits canifs.
Je me marre.

« Vous êtes sérieux ? J’ai une faux à double lames qui tirent des balles et vous vous ramenez avec des canifs ? Non mais, les gars, c’est pas réglo ! »
« C’est justement parce que c’est pas réglo que tu vas rien faire. »
« Pardon ? Mais c’est pas du jeu ça ! Pingui ! »
« Piou ! (Tu t’en fiches ! Attaque !) »
« Ah. Bon. D’accord. »

Note : Le reglo, on s’en fiche.
Ah bah oui on est des pirates.

Je remarque que j’ai vidé mon chargeur, bon, il va falloir se servir de la faux. Je la fait valser dans ma main avec agilité, avant de la lancer en l’air, et de la rater au rattrapage… Merde.

Ils se marrent.
Ben oui tu m’étonne.

Je récupère mon arme et me sers de l’impulsion de l’arme à feu pour envoyer un puissant coup avec le coté extérieur du manche, celui sans lames, pour frapper l’un d’eux en plein ventre, l’envoyant à l’extérieur du marché, dégommant quelques stands en miettes au passage. A l’arrivée, une pastèque lui tombe sur le visage, l’assommant et le rendant aveugle pendant un petit moment. Je me tourne vers l’autre qui m’attaque avec colère. Il donne des coups dans le vent alors que je fais des bonds en arrière et sur le côté pour esquiver ses attaques. Je me prends finalement les pieds dans une toile qui servait à protéger un stand, et me prend un coup sur le bras, je sens la douleur me prendre la tête, mes terminaisons nerveuses sont à vifs et agiter les parties de mon cerveau qui gèrent la douleur. Un cri de douleur est retenu dans ma gorge, se transformant en un gémissement plaintif un peu bizarre.

Il sourit et attaque de plus belle. Je tente de parer avec mon arme, de bouger, mais j’ai toujours les pieds empêtrés dans la toile et il m’est complétement impossible de bouger.
C’est alors que Pingui arrive.

Il lui lance la toile que j’ai dans les pieds sur le visage, m’en débarrassant au passage, j’en profite pour faire passer ma faux dans mon dos, la faisant revenir sur le devant, je lui donne un grand coups sur l’épaule. Je vois la vois se démettre et j’entends son cri de douleur s’arrêter subitement quand il s’évanouit.

« Fallait pas s’en prendre aux Red’s Pirates. »

Les marchands reprennent leur esprits, sortent de leur choc et de leur torpeur, je saisi rapidement la nageoire de Pingui et attrape les courses au passage et joue de la vitesse de mes jambes pour filer vers le port où Red doit nous attendre. J’entends leurs cris de colère derrière moi…

Une fois arrivé sur le port, je vois Red qui nous attend.

« M'enfin, z'êtiez passé où? Et c'est quoi ce bordel hm ? »
Je ne m’arrête pas, je file tout droit en criant :
« Pas le temps. Marchands, colère, marché, détruit. Filer! Viiiiiiite! »
« Hum... Soru! » »

(c) AMIANTE