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De Serena Irae : crescendo

Robe noire, voile blanc, canon scié sous la cape et chapelet pendu au bout ; ça, c'est moi. En face ; regards hostiles, débiles ou juste curieux. Faut dire que la zone suinte la trouille, le coup de surin donné en douce et le traquenard sournois. J'me croirais à la maison, en moins pittoresque. Ça sent pas la poubelle, les maisons sont toutes en dur. Comme quoi, t'as beau avoir tout ce qui te faut pour vivre bien, tu peux quand même faire de ton univers un foutoir sans nom. A croire qu'on s'emmerde, ici...

-Dieu vous aime...
-Ils t'écoutent pas.

Si la mère supérieure avait accepté mon projet de mission dans le Grey T., je crois que j'aurais kiffé. J'y serais allée seule, aussi. Sans cette foutue sœur Césarée Clef-aux-Pâtres qu'est rusée comme une huitre et qu'a de sœur de l'Église de la Juste Violence que le nom. Je l'ai jamais vue lever la main sur qui que ce soit, jamais employer la force. Même pas pour sauver la veuve et l'orphelin. C'est pas une façon de parler, j'ai tout vu. C'était horrible.

C'est pour ça qu'elle arrive jamais à la fin d'une mission. On évangélise en terrain dangereux, et t'auras beau tourner le problème dans tous les sens, ça changera rien au principe : à région de merde, méthodes assorties. Sinon, tu crèves et t'apportes que dalle au monde. Puis en plus, c'est pas la mortalité des nonnes qui va inspirer des vocations nouvelles, faut pas se leurrer.

Et c'est pas Ta volonté, qu'on se fasse éviscérer sans rien pour le justifier...  hein ? dis-moi ?

-Il est amour ! Apprenez à lui confier vos misères, il saura vous consoler !
-Ils t'écoutent p... mais ?!

Putain. J'ai pas eu le temps de finir de penser que la collègue a eu l'idée de ramasser un tonneau et de grimper dessus. J'sais pas à quoi elle s'attendait. Y'a un type qu'est venu par derrière, et qu'a balancé sa grole dans son estrade, comme ça, gratuitement. Et boum, plus de sœur Césarée Clef-aux-Pâtres. J'soupire, l'âme carrément lasse. Ça devait se passer comme ça, j'ai l'habitude. Limite j'oublie d'engueuler le mec qui se marre. Et j'la jette sur une épaule sous les rires et quelques crachats, gentiment assommée. Direction le navire et le frère qui gère la pharmacie. J'ai les mains libres pour au moins la journée. J'vais pouvoir faire les choses à ma manière. En plus, j'sais pas pourquoi, mais j'ai l'sentiment qu'aujourd'hui, rien pourra me mettre en colère. Ça va être une bonne mission. Au pays des rasquales. Dans mon domaine.

D'abord, trouver un comptoir. Être proche des gens, partager leur monde (bon, okay, c'est d'autant plus facile que c'est le mien aussi), susciter la surprise, parler peinard sans en faire trop. Casser des préjugés, pas agresser, faire émerger des questions là où y'avait que le vide, la rage ou la haine. Voilà, bon plan.

Et cette enseigne, elle ira nickel pour commencer. J'vais faire ma tournée version aumônerie. J'suis contente, d'autant plus que c'est la première fois que je peux. Les précédentes missions, c'était surtout sur des îles peuplées de types à part sur lesquels on savait tellement queud' que ça devenait n'importe quoi. 'Me souviendrais toujours de la fois où sœur Césarée Clef-aux-Pâtres était partie dans un délire comme quoi bouffer des gens, c'était mal, alors qu'on squattait chez des putains de végétariens.

Bah c'est pas compliqué. Ce jour là, on s'est fait chasser à coups de pierre parce qu'à leurs yeux, on parlait de trucs dégueus. J'me suis même pas défendue tellement qu'ils avaient raison. Et puis, j'avais les deux bras pris par l'autre qui s'était pris le premier jet pile poil entre les deux yeux.

Bref.

-Un whisky, patron. Sans glace.

J'sais que l'alcool me réussit pas ; que j'ai pas masse de tunes à claquer sous peine de rien bouffer le reste du mois ; mais si j'veux bien passer malgré mon costume d'épouvantail à mauvais garçons, là, j'suis obligée. Aller, santé Seigneur. C'est pour la bonne cause, puisque c'est la tienne. Non ?

Tiens, d'ailleurs, y'a déjà quelques regards qui se montrent. J'suis prête. Allez-y, osez. Je suis de votre monde ; je peux vous aider à aller vers ce qui vous manque le plus. Enfin, je crois. Aller. Parlez moi !



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La bière est pas terrible. Je me suis faire avoir par sa belle couleur d'ambre. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine. En parlant de moine, y'en a un. Fin', une. Soeur. Seule. Dans un bar. En train de taper le whisky. Las camp, toi et tes bizarreries.

Assis seul dans mon coin à ma petite table miteuse, je regarde les clients. Ceux qui arrivent comme ceux qui partent. Pas de visage qui me dise quelque chose. Très bien. Parce que la dernière fois que j'suis venu sur cette île, y'a eu de... l'agitation. C'était il y a quelques mois, donc bon, on peut se dire que les gens sont passés à autre chose, mais sait-on jamais. Mes cheveux rouges attirant pas mal l'attention, je les cache sous ma capuche. Du coup, j'ai l'air pas mal chelou aussi, hein.

Mon attention se reporte sur la none. J'sais pas pourquoi, elle attire le regard. Peut-être parce qu'elle ne va pas trop dans le décor. En tout cas, ça me rappelle un mauvais souvenir. Quand j'étais môme, une petite troupe de bonnes soeurs s'étaient pointées sur mon île. Naturellement, mes cheveux avaient attirés l'attention. Elles étaient convaincues que le démon m'habitait, et que j'devais être purifié. Qu'est-ce qu'elles m'avaient gavé. Toujours sur mon dos, pas possible de s'entraîner au calme avec leurs solutions de purification à la mords-moi le noeud. Oh bien sûr, elles ont tenté des trucs sans mon accord, mais ça a jamais marché. Elles ont fini par lâcher le morceau. Paraît que les voies de sa seigneurie sont imperturbables, ou un truc comme ça. C'est du moins avec ça qu'elles ont renoncé. Depuis, j'me méfie des porteurs de toges.

Un nouveau type rentre dans le bar, zieute l'ensemble, et me fixe. Il est grand, cheveux courts, grand nez et visage carré. C'est un gars de mon bateau, Jim. Parce que ouais, je suis venu en bateau, et accompagné. Il s'assoit à côté de moi.


Jim:

- Alors Grey, on ne s'attire pas d'ennuis pour une fois ?

- Comme tu le vois...

- On pourra repartir bientôt. Enfin, bientôt, comme d'hab. Pas tout de suite quoi.

- Hun, hun.

Je bois une gorgée, je grimace un peu. Je bois pas des masses en temps normal, et c'est encore pire quand c'est pas bon.

- Du coup, j'vais me joindre à toi j'pense.

- Si tu aimes le risque.

Il se lève de sa chaise, et il file au bar, en se calant entre un mec à jambe de bois et la bonne soeur.
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Il y’a une règle à respecter, quand sur Las Camp on est bloqué,
Le profil bas, les yeux baissés, essaye juste d’te faire oublier.
Comme dit l’proverbe : l’clou qui dépasse est l’premier frappé par l’marteau.
Elle l’a pas compris la pétasse. Elle l’apprendra bien assez tôt.

Une croyante accoudée au bar, y’a pas à dire, c’est pas banal.
Entourée de tous les zonards qui la regardent, qui ont la dalle
Elle est un trophée délectable pour tous ces hommes surexcités.
Les voix d’Dieu sont impénétrables, ils voudraient bien le vérifier.

En plus celle-là, elle est spéciale, elle a les cheveux du démon !
On peut dire qu’c’est original pour une fervente de dévotion.
Tous ces regards braqués sur elle pourraient lui être inconfortables.
Mais elle s’en fiche la demoiselle, elle est bien coutumière du diable.

La tête bien haute, les yeux au loin, on dirait qu’elle cherche les regards.
Ca se voit qu’elle n’est pas du coin, elle voit pas l’mec au fond du bar.
Massif, assis dos au comptoir, il observe en douce son reflet
Dans la vitrine. Soudain l’grand noir, s’lève c’qui provoque son p’tit effet.

Faut dire qu’ici il est connu, l’esclavagiste ou l’homme de main
Le mafioso, l’botteur de cul, l’enfoiré pour les moins malins.
Dans le rade tout le monde se tait et observe le colosse marcher.
Ils baissent les yeux vers leurs gob’lets, n’voulant pas se faire remarquer.

Barracuda s’approche d’la belle et dégage d’un coup l’éclopé
Qui s’écrase pas loin d’la poubelle et reste juste là, sans protester.
« Patron sers moi comme la d’moiselle, mais en quadruplant le volume ! »
L’homme obéit d’un geste frêle sans même lui demander une thune.

L’homme avale une rasade puis deux, jetant un oeil sur le côté.
Y a pas à dire la femme de Dieu a été gâtée par c’dernier.
Même lui pas porté sur le vice lui arrach’rait bien sa tunique
Pour jeter un œil sur ses cuisses, libérer ses pulsions lubriques.

Mais le Henry n’est pas comme ça, il laisse ça pour les pauvres paumés.
Lui, c’est pour l’business qu’il est là, pas pour s’défouler ou s’vider.
Une religieuse c’est délicieux, certains s’raient prêts à payer cher
Pour avec elle toucher les cieux en commettant le péché d’chair.


« Alors ma grande, on s’est perdu ? On s’dévergonde chez les raclures ?
Tu risques d’être un p'tit peu déçue si tes intentions sont bien pures.
Car ici, c’est l’juste épicentre du raz d’marée d’la déchéance !
Tu as seulement le choix entre le vice ou bien la décadence ! »
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-Ouais.

Il est venu en roulant des pec' et en calant des rimes, en se disant sûrement qu'il allait faire son effet, impressionner son monde avec sa gueule qu'a pas envie d'être emmerdée et son flow qui respire trop l'auto-suffisance pour être pris au sérieux. Sauf par ceux qu'on déjà goûté à ses... son poing, au temps pour moi. En même temps, ça où le bordel de guerre qu'il s'est greffé sur les os, c'est la même, ça donne pas envie de se foutre de sa gueule.

Et moi, si je suis sans peur, je suis pas là pour ça non plus.

Méthodique, chaque chose en son temps. Déjà, je tends la main au pauvre type qui s'est fait éjecté, mais qui préfère remonter tout seul sur ses guibolles. Ensuite, je vérifie la bonne situation de mon canon scié qui pourrait vite devenir indispensable si jamais j'arrivais pas à gérer. Mais je vais gérer. C'est ce que te dises mes yeux quand je les braque dans les tiens, résolue, inflexible.

Pour commencer, j'vais boire avec toi. Tu verras qu'on peut s'entendre. Et si j'arrive à te faire entendre quelque chose à toi, ça sera tous ceux qui te craignent qui y gagneront. Parce que j'suis là pour agir au nom de la paix, et pour faire entendre un son de cloche discordant, pour niquer la toute-puissance auto-destructrice de Las Camp. Rien que ça, ouais. De quoi faire cramer des légions de regards blasés, j'te jure que c'est vrai. J'sais de quoi je parle autant que d'où je viens.

-Au vice et à la décadence, des vieux copains.

J'improvise, j'lève un verre plein jusqu'au bord. Et quand mes lèvres rencontrent l'espèce de gnôle au combustible de foire qu'on sert ici, j'ai comme une brûlure qui remonte du fond de l'estomac et qui me serre la gorge.
En fait, ouais, j'peux carrément gérer ma survie dans c'genre de milieu, et même m'en sortir pour m'imposer. Tant que j'suis les règles que j'ai comme gravées dans le sang, et qui sont celles de toutes les tavernes les plus sordides des mers. Mais faire passer un message ? J'suis pas sûre de pouvoir faire le lien.

Mais comme c'est pas le moment d'avoir des doutes, j'me reprends vite sans rien laisser paraître. Dans une poche, derrière mon chapelet, je récupère ma blague à tabac. Y'a tout le monde qui m'regarde rouler avec de grands yeux, j'suis l'attraction générale. Plusieurs que j'sens moins crispés. Qui pigent que j'suis de leur monde plus que du mien. Enfin, de celui qu'apporte l'habit que j'porte comme je peux, en rêvant de mon treillis à chaque fois que je me prends les pieds dedans. Dix fois par jour. Mais j'ai fini par comprendre que ça nous donnait aussi une aura de le porter, et que c'était une manière de se rappeler ce qu'on venait foutre sur terre. Dur d'oublier que t'as une tronche de bite au cirage quand tout le monde se retourne sur ton passage, où que tu sois. On se croirait dans l'armée, la vocation en plus et l'artillerie lourde offerte en bonus.

J'allume ma clope en prenant mon temps. J'souffle une longue bouffée, profondément inspirée. Plusieurs guettaient la toux. Au lieu de ça, j'fais tomber la cendre dans un verre vide.

-C'est pas parce que c'est crade et sombre autour de toi que tu peux pas allumer ton zippo.

Paroles que je me passe d'expliquer, mais qui en font cogiter plus d'un. Détendue, je me cale le dos contre le comptoir.

-Moi, je vois rien que des saint hommes ici.

Livré sans notice aussi, de toutes façons, j'gagerais mon pouce droit que personne sait lire. Puis c'est pas ce qui compte. J'les ai accrochés. A peu près tous. J'suis pas banale, tellement pas que ça fait rentrer du monde et que le patron me remet une tournée avec un clin d'œil. Bon pour ses affaires, me voilà artiste de bistrot. Ça m'gêne pas. Au contraire. J'ai le coeur qui cogne. Peut-être que j'vais réussir à boucler la boucle aujourd'hui, parler de la grâce à ma misère que j'vois comme éjectée hors de moi et redistribuée autour. Ça va le faire, Seigneur. Me lâche pas, ça va le faire.
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Des saints hommes, tu parles. Regarde déjà le mec qui t'a accosté. Peut-être que le démon te possède aussi toi qui possède les mêmes cheveux que moi, et qu'tu vois pu bien clair. Le whisky doit pas y être pour rien non plus. S'il est aussi bon que l'est ma bière, alors il doit compenser par un tabassage royal. Enfin, heureusement que t'as un vrai côté bonne soeur. Rien que d'avoir aidé mon pote à se relever par exemple. Ca a calmé ses ardeurs. Et c'est cool. Parce que Jim a beau être taillé pour la baston, c'est pas son fort. Il peut donner quelques bons coups, ça je dis pas, mais face à un mec qui sait vraiment cogner, il perd. Et le boulet qui vient draguer la none, il a l'air plus fort que le Jim. Du coup, c'est moi qui doit intervenir si ça tourne mal. Et que j'veux pas me faire remarquer. Tout le contraire des deux au bar.

Mon Jim prend son verre, non sans jeter le mauvais regard au type. Et regarde bizarre la Soeur Bistro griller sa clope. Elle gère au poil le lourdo. Je l'ai déjà dis mais, Las Camp, toi et tes bizarreries... Mais plus la Soeur esquive les emmerdes, plus elle les attire. Genre, le groupe de trois qui riait déjà fort en arrivant. Bin maintenant, ils rient fort et ils ont bu. Et comme y'a qu'une femme dans le coin, c'est pas vers les vieux boiteux qu'ils vont.


- Alors, on aime traîner près de moi ?

Jim s'asseoit, toujours le mauvais regard lancé au type du bar. Quand il se tourne vers moi, il est renfrogné. L'a dû voir mon sourire en coin. Ca m'amuse, j'avoue.

- Heureusement que je me suis contrôlé.

- Ouais, heureusement.

Et je vide mon verre.

HRP:
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La nonne balance des métaphores, de belles images pleines de bon sens
Mais Henry ce n’est pas son fort, pas plus que ne l’est la patience.
Il écoute donc les yeux dans l’vide en f’sant semblent de tout piger
Mais il pense à son creux dans l’bide, tout c’qui l’intéresse c’est bouffer.

Qu’est-ce que ça peut bien lui faire ces histoires de sombres et d’Zippo,
Elle veut juste se donner un air, s’faire passer pour une intello
Mais l’habit ne fait pas le moine, donc la jarr’telle fait pas la nonne.
Elle a plus l’air d’foutre des avoines que d’réciter par cœur des psaumes.

On pourrait presque se demander si tout n’est pas une mascarade
Genre une CP5 déguisée, cherchant à infiltrer les rades.
Henry reste donc bien sur ses gardes et décide de la faire flancher
De se débrouiller pour qu’ça barde pour la forcer à s’dévoiler.


« Tu sais, poupée, tes beaux discours, tes belles images et ton esprit,
Tu peux tout d’suite y couper court, ça impressionne personne ici.
La seule chose que les gens s'demandent quand ils t’regardent, là, au comptoir
C’est si t’es un bon morceau d’viande qui leur servirait d’défouloir !

T’sais j’ai rien contre les féministes, contre les lesbiennes et les bonnes sœurs,
Mais faut être un peu réaliste, les hommes sont nett’ment supérieurs
Donc si quelqu’un ici décide que tu ferais un bon quatre heures,
A part en f’sant un homicide, tu d’vras t’soumettre au demandeur. »


Bien qu’il en pense une bonne partie, Henry a poussé à l’extrême
Ses pensées, sa vision d’la vie et surtout son machisme qu’il aime.
En s’forçant à penser comme ça, il évite d’avoir des regrets
Quand il vend en tant qu’fille de joie des innocentes qu’ont rien d’mander.

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J'affecte le flegme, clope aux lèvres, quand l'alpha du coin s'avise de me voler la vedette. Si c'était pas arrivé, limite j'aurais été déçue. J'sais que je suis faite pour vivre de sang et de batailles rudement gagnées. Je sais que je me suis mise dans la merde en acceptant cette mission, et même plus radicalement, en intégrant cet ordre en particulier. Mais ça me fait pas peur. Vu les regards qu'ont eu certains – pas nombreux, c'est vrai – ma journée aura pas été perdue. Faut que je puisse continuer. Qu'on me laisse circuler entre les rangs, causer aux moins sourds. Le roux, dans son coin de table, je l'ai vu me remercier du regard quand j'ai ramassé son pote. J'suis pas seule. J'ai déjà des alliés implicites. Le tout, c'est de renverser la peur ambiante, la peur qui transpire des rimes et des muscles du barbu qui vient de balancer le contre-prêche, avec option mise sur la formule la plus efficace du coin : menace et appel aux bas instincts. J'adore.

-Tu sais mon grand, tes sous-entendus qui parlent de bordel et de boucherie,
Tu peux te les caler au cul, je sais de quoi je cause ma parole vient du paradis
Si les gens d'ici t'écoutent, c'est qu'ils ont pas encore pigé que t'es qu'un branleur
Par-rapport au principe suprême auquel tu dois d'être né et d'inspirer la peur

J'ai rien contre les subordonnés lorsqu'ils respectent ce qui jadis fut ordonné
Si tu te sens le maître souviens-toi que de ta naissance tu n'as pas eu pouvoir de décider
Que tes meilleures aubaines sont venues du hasard où Dieu opère en tournant le dos
Que tu peux régner sur les corps et briser les cœurs, l'ennui sur toi se fera les crocs !


Et ouais, pas la peine de me jeter ce regard là. La bonne sœur sait faire des rimes. C'était même son jeu préféré avec ses frangins quand elle zonait encore entre les poubelles. Réminiscence, merci, tu m'as donné confiance. D'autant qu'autour, après un silence, c'est l'ovation. On nous ressert sans rien nous demander. Ivre du plaisir des mots, oublieuse de ma mission pour une seconde, une seconde mortifère, je vide mon verre de camphre au parfum bon marché. Ça me retourne les boyaux et la tête ; la joie du clash m'évoque brutalement des rumeurs lointaines de fracas et de violence. J'suis moins calme. Encore un verre. Je bois en me disant vaguement que ça me donnera encore plus confiance. Mais au fond, je sais que j'ai déjà perdu les pédales.

-Vous valez tous mieux que ce qu'il dit de vous ! Aller ! Depuis quand est-ce que des hommes libres se laissent rabaisser par un seul d'entre eux ? Elle est où, votre fierté ?

Le roux s'est levé. Il a du sentir le vent tourner avant moi. Putain. Je le savais. Ça va être la ouache...

Et le pire, c'est que ça me fait plaisir...
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Jim me suit de près, il regarde autour de lui en essayant de renverser personne. J'lui ai demandé d'adopter le profil bas. On est pas en conditions pour se battre à deux contre le bar entier. Objectif, la sortie. Dingue le monde qui s'est agglutiné depuis que la Soeur a commencé sa battle de vers avec l'autre. Les gens perdent pas une occasion de profiter d'un spectacle. Et quel spectacle ! Elle en remet une couche, obtient l'ovation du public. En même temps, paye ton public. Vu leur état à la plupart, tu pourrais leur dire n'importe quoi qu'ils gueuleraient tout pareil.

- Humpf !

Et merde ! M'en suis mangé un. Ma faute, je regardais la none. Il est grand, brun, solide. Le type hein, pas la none. La none c'toujours la même.  Le gars a pas reculé d'un pouce quand je l'ai cogné. Il a pas l'air content. Ptetre parce qu'il s'est regardé dans une glace. Je comprendrais sa colère en tout cas.

- Pardon, je regaaargh !

J'ai mal à la figure. Et maintenant à l'arrière du crâne. Au final le meilleur moment dans l'histoire c'est quand j'ai volé entre son coup et l'atterrissage. Jim gueule et lève son poing, l'autre prêt à répondre et faire un massacre de mon pote.

- Attends !

Etonnement, tout le monde s'arrête. Tout le monde me regarde. Le silence est intense. Même la none et l'autre sont silencieux. Maintenant, ce que j'vais dire va soit nous sauver pour un temps, soit déclencher une baston. Et j'sais pas quoi dire. Ah bah merde tiens. C'pas le moment d'être à court de mots. Je cherche une solution des yeux. Ils se fixent sur la none. Qui ne fait rien. Merci Sister. Le type s'impatiente. Faut que j'me lance si j'veux sauver Jim.

Ah... quoi bon se vexer ?
Dans un bar tout peut arriver

Mais chui pas fan de la casse
Ca salit les godasses

Pis...

Pis faudrait pas que la bière se perde
On serait pas dans la merde !

Laisse donc ce gros... abruti
Et viens boire l'ami !

J'toffre la binouze, c'est ma tournée
Et qu'avec cette bière tout soit pardonné.


Ouais, j'ai rimé. La faute aux deux clowns qui se donnent en spectacle depuis tout à l'heure. Parce contre, j'sais pas si mes mots ont fait mouche.
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