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La Débâcle - Judge

Rappel du premier message :

Votre mission est claire...

Venir jusqu'au port, poser des bombes, piéger l'endroit et vous mettre assez loin pour regarder le spectacle. Jusqu'ici, pas forcément compliqué, sauf quand on a vos têtes reconnaissables entre milles. Certes, Craig est moins connu, mais pas forcément mieux perçu pour l'espèce à laquelle il appartient... Mais toi Rachel, tes frasques avec le petit lapin font pâlir cette brave Alice qui passe pour une sacrée couillonne.

Alors bon, équiper jusqu'aux dents d'explosif que cette chere Lilou vous a confié en vous demandant d'être prudents, vous vous dirigez bon gré mal gré vers l'endroit attendu, en remarquant une chose dans votre approche furtive...

C'est que les hommes sur place quittent l'endroit pour se diriger vers le centre-ville.

Une aubaine, non ?

*

Juge, Juré et Bourreau.

Au centre de ville, de ce côté de Jaya, l'émulation est à son comble. Les pirates se pressent devant l'hotel où réside Flist et ses hommes de main les plus proches, si bien que la masse compacte semble être difforme et effrayante, comme ne former qu'un seul monstre imposant. Pourtant, il y pèse un silence lourd, si profond qu'il résonne en chacun comme une obligation, un ordre tacite et respecté par tous. On ne dit rien, on regarde juste vers la fenêtre avec une certaine impatience, quand enfin...

La dite fenêtre s'ouvre et laisse entrevoir le personnage principal de cette scène.

La Débâcle - Judge - Page 2 Papyru15_imagesia-com_2zuw_large

Flist Gonz, le Crochet, le Terrible, s'affiche enfin à ses subordonnées et les regarde avec flegme. Il prend son temps, se tient à la bordure de sa fenêtre et lance un sourire satisfait aux hommes qui lui répondent d'un petit rire. Mais l'attente et la pression sont toujours aussi lourdes, si bien que lorsque Flist lâche ses premiers mots, ceux d'en bas, eux, lâchent un soupir de soulagement :

Mes amis ! Mes compagnons !

Je me doutais que notre présence sur Jaya et notre cause n'enthousiasmait pas les hautes sphères... Je savais qu'ils tenteraient quelque chose pour nous empêcher, vous comme moi, de nous accomplir comme des hommes ! Comme des pirates !

On nous considère comme des déchets ! Des criminels ! Voire des montres ! Ils considèrent, eux, dans leur belle maison qu'ils pensent solides, que nous n'avons pas le droit à un endroit où être en paix ! Jaya, nous appartient ! Jaya est à nous, PIRATE ! Jaya est une terre sacrée qui ne mérite que les meilleurs hommes ! Et les meilleurs sont sous mes yeux !

Les moustiques et les lâches n'ont aucun droit ici ! Et encore moins celui de vivre !


La réponse ne se fait pas attendre dans l'assemblée qui se soulève déjà sous les mots du meneur. On hurle, on approuve, mais surtout, on lève les armes en criant à la haine... Jusqu'à ce qu'un geste de Flist ramène le silence avec une autorité surprenante.
Un temps de pause.

Et sa voix s'élève encore :

Et s'il y a une chose que je ne tolère pas, c'est qu'on me traite d'homme de petite vertue, quand ces grands là-bas me poignardent dans le dos, en infiltrant ses mouettes dans mes rangs... Qui est le plus petit ici ?! Hein ?! Qui pense bas ?! Nous, nous ne voyons que plus grand, que de grandes choses pour Teach ! Mais eux, ont des desseins si bas qu'ils en sont pathétiques...

Et a force de se baisser, ils ne méritent qu'une chose : QU'ON LES ECRASE !

Alors, mes frères ! Ce soir, je veux que le pire en vous se déchaine sur Jaya !

Soyez des pirates ! Pillez ! Volez ! Mais surtout... Tuez !

Trouvez ces infiltrés et pendez-les ! Eventrez-les ! Nourissez Jaya de leur sang !
Trouvez ces lâches et écrasez-les ! Broyez-les !

Je veux demain de la cendre et du sang partout où je pose les yeux !

Je veux que Jaya ne soit que désolation...
Mais je veux surtout que Jaya nous appartienne pour de bon !


La tension monte, en même temps que les hommes qui se préparent déjà et s'équipent au mieux. On se regarde en chien, patibulaire, et on regarde surtout vers la jungle, vers la ligne d'horizon, vers l'endroit où réside Elize. On fixe son voisin en cherchant l'infiltré... Jusqu'à ce qu'on lâche les chiens...

ALLEZ-Y !

    Les pensées dans la tête de Rachel tourbillonnaient comme rarement. Comme le monde tout autour d'elle. Bringuebalée de gauche et de droite par une houle imaginaire qui tentait de lui retourner l'estomac et de lui faire perdre pied, Craig était son ancre. Tout comme elle devait être la sienne. Les images floues, les sensations qui lui échappaient, rien n'avait changé. Pourtant, ses pensées, elles, si elle étaient chamboulées, entremêlées, ça n'avait en revanche rien à voir avec le poison ou les blessures. Non, Toji avait depuis quelque mois, était un très bon moteur de ces excès d'émotions soudaines et contradictoires. Red aussi, avouons le, mais il n'était pas vraiment question de lui pour l'instant. Ou tout du moins, ce n'était pas l'agent Rossignol qui lui faisait face, avec son chapeau rouge et sa barbe taillée de près, à lui balancer à la figure des phrases aux sens trop limpides pour être honnêtes.

    C'était ce qu'elle avait l'impression, en tout cas, notre commandante. Entendre des mots, des bouts de phrases, mais qui ne collaient pas avec le contexte. Tout d'abord ces mots « tu as raison ». Dans ce contexte-ci, dans la bouche de Toji, ressemblaient à ces discours faits à la population par des arrêtés officiels. Du genre vérité détournée pour rassurer et mettre le peuple dans sa poche.
    Enfin qu'importe. Après tout, que véhiculait-il comme message ? « J'ai été un salaud, je l'avoue ». Et pas qu'un peu, gredin ! Tu fais bien de légitimer sa colère et sa hargne envers toi, elle n'en sera que plus ouvertement brûlante à ton encontre.

    La tête lui tournait. Le monde vacillait et les douleurs lui revenaient au compte goutte comme elle redescendait sur terre. L'apparition Toji avait étouffé tout le reste. Maintenant la surprise et la stupeur laissaient la place à une froideur sépulcrale et une résignation sourde. Et avec eux, les affres du combat revinrent également. Sa jambe la lançait sans relâche et son ventre se tordait dans tous les sens. Son visage ne put garder son expression neutre et arrogante très longtemps. Le cas Toji ne l'intéressait presque plus. Elle ne voulait pas le voir. Elle ne voulait pas l'entendre, ne voulait pas lui parler. Elle n'avait envie de rien. Juste que tout soit fini, qu'elle puisse retourner dans sa baignoire et discuter chiffons avec Lilou. Mais Craig dans ses bras et les explosions au loin le lui interdisaient. Et puis, Toji était toujours là. Un Toji ému.

    C'est cette partie là du dialogue qui l'étonna. Qui la désarçonna même. Toji ému. Ou ce qui ressemblait le plus à de l'émotion dans son regard, dans sa voix. Moins écrasante que d'ordinaire. Et son regard moins froid ou vindicatif. Juste... de la douceur, celle qu'un parent porte sur la table de ses enfants. Une vision qui fit perdre à Rachel un peu plus de la splendeur qui ne la caractérisait plus depuis un moment déjà, enfuie avec Red aux confins du monde. Elle resta sans voix, lèvres tremblante à cause de la douleur, regard émeraude encré dans les jaunes de Toji, plus ouverts sur son âme qu'elle ne les avait jamais vus. Et durant une petite seconde, elle ne sur plus quoi penser. Il venait de la remercier. Sincèrement. Il était sincère. Comme on remercie quelque de l'avoir sauvé. Et ces deux mots balayèrent toute la poussière accumulée au creux de la poitrine de la commandante d'Élite. Alors pour un instant, pour un instant seulement lecteur, pour un instant alors...

    Elle le crut.

    -Merci pour m’avoir soutenu jusque là, contre vents et marées, mais surtout contre tous et contre moi.

    Le vide. Le silence. L'incompréhension. La stupéfaction. Et soudain l'indignation. Et tout à coup la colère qui fit instantanément place à la haine. Rachel fit un pas en avant et même sous sa jambe blessée, son pied s'imprima entre la roche comme si elle venait de marcher dans du beurre. Seul Craig pendu à son épaule la retint d'aller plus loin. La seconde option fut choisie sans qu'elle ne donne son accord. Derrière elle, la faucheuse se matérialisa subitement. Elle brandit une faux spectrale et visa Toji. Rien ne se produisit plus, cependant, elle fusillait Toji du regard, un regard ardent, à même d'embraser une forêt sans étincelle, à même de faire fondre n'importe qui. Un regard au fond duquel un brasier consumait tout ce qu'elle voyait.

    -Merci ? Merci ?! Merci d'avoir été la bonne poire ? D'avoir cru à tous tes mensonges ? De t'avoir cru et défendu pour rien ? Parce que je suis l'image crédule du monde entier ? Mais de rien Toji, ce fut un plaisir !

    Autour d'eux, des volutes de fumée noire enveloppait le cratère au milieu duquel ils trônaient, tous les trois. Plus personne ne s'en formalisa cependant.

    Les mots se bousculaient dans la gorge de Rachel, au point de s'entrechoquer, de la faire balbutier. Elle manquait d'air et peinait à retrouver son souffle. Elle avait l'impression que son cœur était enfermé dans une boite noire et qu'on le comprimait. Idem pour ses poumons. Elle ne put parler du lapin bleu qui devint tout à coup suspect. Une ruse de Toji pour tâter le terrain ? Ça faisait trop de coïncidences. Et Rachel n'aimait plus les coïncidences.
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    Discuter avec Rachel, ou n’importe quelle femme vous not’rez, c’est un peu comme passer devant une cour martiale : tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.

    Après je m’y attendais, pas si naïf que ça l’Toji. J’aurais aimé y croire, mais au final j’savais qu’elle n’était pas prête à l’entendre. Possible qu’elle le soit jamais d’ailleurs, même si dans l’fond j’me dis que c’est p’t’être c’qui me chagrin’rait le plus au monde. Pas qu’elle m’en veuille pour hier, ça non pour sûr ; mais qu’elle refuse de voir c’que l’avenir réserve. J’voudrais pas t’avoir ancré dans l’passé ma p’tite Rachou, sincèr’ment, ça j’m’en voudrais à mort. Va falloir que t’avance pitchoune, même si pour ça tu dois utiliser ma carcasse comme marche-pied.


    Je regarde l’impressionnante faux pointer dans ma direction, sans un mot ni un geste… Pas certain que j’aurais l’réflexe de m’pousser si elle venait à s’abattre sur moi. J’suis trop pris par les cris et les regards de ma nakama, si boul’versée, si brisée. J’cherche des mots qui pourraient la calmer, apaiser ses craintes sa colère et sa haine… mais y a rien qui vient. Rien d’bien j’entends, pas ces niais’ries qui voudraient sortir en cascade, flot ridicule de remords outrageants qui ne feraient que jeter encore un peu plus d’huile sur un brasier déjà ma foi bien destructeur.
    Et devant cette rage qu’elle me balance à la gueule, je n’peux qu’accepter c’constat que déjà je craignais de voir : je ne peux pas lui parler. Sa paix ne passera pas par moi, en tous cas pas comme ça. Il lui faudra marcher d’elle-même, se relever sans moi, envers et contre moi. Seule persiste la lueur qui me dit, maigre espoir que j’accepterai cependant de plein cœur, qu’à défaut de paix je peux lui donner un peu de cette force qui lui manque tant. Car si ta haine envers moi peut t’aider à t’grandir ma p’tite Rachou, toi ma nakama… Ça s’ra un honneur que d’être détesté. Après tout, je l’ai nettement mérité.


    Et là où j’me dis que j’ai changé, c’est qu’à aucun moment ne m’est v’nu l’idée de la rembarrer ou d’lui gueuler d’ssus en réponse, juste comme ça par principe. J’encaisse et quelque part ça m’fait mal. Pas pour moi qui ai vu pire, mais pour elle. Et d’vant c’constat d’sagesse qui m’étonne toujours autant et plus encore que quiconque, j’souris légèrement. P’tit pincement aux coins des lèvres tandis que Rachel finit son laïus incisif, sincère, amusé. Non pas envers elle, mais envers moi. Pour une fois on n’y trouvera rien de moqueur de carnassier ou de cynique. C’est bien une première là encore. Du coup j’souris un peu plus.

    Rien d’moqueur… Enfin, j’espère qu’elle le prendra pas comme tel.


    Prêt à encaisser toute cette bile qui semble te ronger, j’dis rien, j’laisse la tempête se fracasser sur ma sale gueule d’égoïste.




    J’suis là Rachou, profites en.
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    Une poutre craque, les murs se fendent, et la porte sort de ses gonds meurtries pour s'étaler violemment par terre. Flist quitte son chez lui.

    Toussotant, il époussette son vêtement avec dédain, puis attrape son chapeau en le tapotant sur son pantalon. La moustache défrisée et la plume en berne, un tic nerveux le prend au visage alors qu'il cogne ses deux bottes en cuir entre elles pour en retirer les gravats.

    Houhouhou !

    Un petit rire nerveux, qui s'intensifie bien vite à mesure qu'il avance d'une démarche toujours aussi assurée et dansante. Le gentleman semble néanmoins agité, en particulier maintenant qu'il remarque que la manche de son tout nouveau vêtement a été déchiré lors de sa rencontre pour le moins prometteuse avec une maison. Et son rire devient dément à mesure qu'il se rapproche de l'affrontement. Ça fait peut-être une trotte, mais l'homme revient pour ces retrouvailles touchantes en tapant ses mains.

    Il applaudit, renifle, essuie même une petite larmichette au coin de son œil avant d'offrir son sourire de Don Juan à tomber par terre. Et il ajoute :

    C'est touchant, très touchant !

    Oui, très. Et il a le temps de regarder tout le monde. Le poisson qui saigne, la gothique qui tire la tronche et le Toji qui fait une apparition ? Le casting lui semble parfait pour la scène à jouer.

    Mais ça manque de rebondissements !

    Et comme le bon metteur en scène qu'il est, le voilà se donnant en spectacle ! Il lance sa cape poussiéreuse en arrière, regarde ses protagonistes et désormais acteurs, et lance avec entrain d'une voix grave et profonde :

    Que diriez-vous de changer de registre ! On a fait la Comédie, passons à la Tragédie !

    Oui. Tout ce qui est touchant et sentimental l'amuse. Il préfère quand ça crie, quand ça pleure et surtout quand ça meurt.
      Son souffle était fort mais régulier. Son regard vissé sur le Toji, ghandi -grandi. À une lettre près, c'est traître- qui lui faisait face. Tout son corps immobile était dans l'attente d'un signe, d'un mouvement, d'un indice qui viendrait éclairer sa lanterne en berne. Elle ne comprenait pas, restait abasourdie par ce qu'elle voyait, par ce qu'elle découvrait. Un Toji calme et presque paternel. Elle ne comprenait pas. Probablement assourdie plutôt qu'abasourdie. « Il n'est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ». Rachel se gifla intérieurement. Elle parlait de Toji ! Le truc bleui à branchies qui avait fait bien plus qu'énormément de pirates de par le monde. Paternel n'était pas pour lui ! Enfin, si, vu la manière dont il traitait les Sea Wolves. Mettons qu'il ne pouvait pas être doux. Non ! Ce n'était pas de la douceur et de l'affection qu'elle lisait dans son regard ! Ça ne se pouvait pas ! Et puis pourquoi, hein ? Ses expressions, ses regards, ses sourires... ils lui donnaient envie de le gifler, de lui hurler à la figure. Pas des mots, ni même des phrases. À peine des interjections. Des cris, inarticulés, ne véhiculant plus que ressentiment et frustration, remords et colère. Voilà ce que le visage impassible de Toji éveillait en elle.

      -Tu sais pourquoi je t'ai défendu malgré tout ? Parce que même sous un régime de violence et d'exactions plus ou moins acceptables, on faisait régner la justice et on instaurais l'ordre. Par le chaos, certes, mais toujours avec un vrai but, quelque chose de louable. Tu sais pourquoi je te suivais et te respectais malgré tous tes défauts ? Parce que tu étais une icône. L'image de la répression. Ta renommée suffisait à ne serait-ce qu'instiller le doute chez les pirates. « Tonton Toji viendra te chercher si tu ne finis pas ta soupe ». Risible, mais réel. Ton simple nom faisait trembler et rendais réticent. Tu étais un symbole de l'ordre. Même si je n'ai pas toujours été d'accord. Voilà où ça a mené. Comprendre que le CP avait raison sur ton compte, que je me trompais, que tu n'étais pas juste une figure effrayante mais un pantin malsain d'actes plus barbares encore.
      Le lapin dit que tu t'as allié à la Révolution ? Seuls les actes montrent celui qu'on est réellement. Et j'en ai fini avec tes mensonges. Certaines choses ne changeront jamais, Toji. Tu pourras venir t'excuser en disant que tu as changé, comme me l'a assuré le Lapin, Je ne l'entendrai jamais de cette oreille. Je ne pourrai jamais te croire : agir comme tu as pu le faire et l'assumer avec ce plaisir notoire que tu as offert à toute une assemblée à Enies Lobby a scellé à jamais l'opinion que j'ai de toi.


      C'est touchant, très touchant ! Mais ça manque de rebondissements ! Que diriez-vous de changer de registre ! On a fait la Comédie, passons à la Tragédie !

      -Pourquoi vous êtes là vous aussi ? Vous avez pas d'autres esclaves à fouetter ? Rien de mieux à faire ? Vous voyez pas qu'on est occupés ?

      Il était là, moustache lissée, l'air joyeux de celui qui s'attable à un festin ou qui pour son anniversaire reçoit un gâteau de la taille de son lit. Avec tous ses ennemis empaillés dessus. Il avait troqué le manteau contre une tenue plus légère et moins encombrante. Résultat de al rencontre avec la maison ou juste un moyen de se mettre à l'aise avant d'entrer lui-même en action ? Car vrai que s'il comptait combattre, Toji restait un adversaire de poids. Les mots de Mona Lisa lui revinrent en mémoire. N'affronte pas Flist. Évidemment. il aurait été capable de réduire une île en charpie pour en changer la topographie et le climat. Pourquoi irait-elle chercher le combat avec lui, hein? D'ailleurs, pourquoi serait-elle venue sur Jaya et pourquoi se serait-elle mêlée aux affaires des Rhinos, hein? Espèce de gothique suicidaire écervelée ! Optons plutôt pour autre chose. Si elle lui parlait, elle ne risquait pas la potence. Pas trop.

      -Tant que vous êtes là, Vous ne sauriez pas où se trouve Nazca par hasard.

      Dans son dos et contre son épaule, Craig s'agita, pris de spasmes. Douleurs, peur ou simple instinct de survie, toujours était-il qu'il tentait de s'enfuir et de se soustraire à l'appui qu'elle lui fournissait.


      Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Jeu 20 Nov - 16:46, édité 1 fois
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      Ce qu'il fait là ? Y'en a qui ont l'air très au courant de ce pourquoi ils sont ici et de la population en présence. C'est beau d'avoir un grade aussi  haut placé et d'être aussi mal informé. Sur une île de pirate, on s'interroge sur la présence des pirates ? Flist se demande l'espace d'un instant si Jess n'avait pas mis des abrutissants dans son mélange. Ca expliquerait bien des choses.

      Mais le petit sourire qui va bien, Flist rétorque :

      Quand on aura besoin d'une cloche, on viendra vous sonner...

      Et rien sur Nazca. On est au milieu d'un combat ou on boit le thé ?
        Les mots ne claquèrent pas simplement comme une menace. Ils emplirent l'air. L'atmosphère s'épaissit. Il sembla à Rachel que tout ce qui l'entourait aurait soudainement pu marquer son trépas. Toji était une chose. Mais Toji n'était pas un danger létal. Et malgré tout ce qu'elle pourrait en dire, elle ne risquait rien avec lui. E revanche, Flist. Le coup de pied qu'il lui avait donné sourdait de douleur à sa tempe. Légèrement. Mais avec cette persistance qu'ont les grains de sable à s'écouler dans un sablier. Inéluctable. Ne pas engager le combat avec lui. Ne pas engager le combat avec lui ou tu mourras. Elle comprenait réellement le message de Mona Lisa. Encore un qui la regardait comme si elle n'était rien. Peut-être finirait-elle par s'y faire. Peut-être finirait-elle par s'en persuader aussi. Personne ne s'était trompé à son sujet pour l'instant. Elle avait mal choisi ses combats. La sagesse devrait s'apprendre. Dans le sang.

        Derrière elle, la faucheuse de fumée se dissolut lentement, faute de bois pour en alimenter le feu ardent. Son regard n'était plus aussi froid. Toji ? Une cause perdue. Flist ? Une promesse de Mort. Le plus urgent d'abord.

        -Si tu veux bien nous excuser Toji, La marine a quelques affaires à régler dans le coin.
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        -Quand on aura besoin d'une cloche, on viendra vous sonner...

        Les mots ne claquent pas simplement comme une menace. Ils emplirent l'air. L'atmosphère s'épaissit. Il pourrait sembler à l’ensemble de l’auditoire que tout ce qui l'entourait aurait soudainement pu marquer leur trépas.

        Menace menace… Ou pas.

        -Oi… manque encore une fois d’respect à ma nakama et c’est pas qu’une baraque que tu vas t’manger.


        Car si l’retour de Flist m’étonne uniqu’ment par le simple fait que j’n’étais pas vraiment conscient que c’tait lui au moment où je décidais d’déplacer mon immobiliers, le voir parler sur ce ton a tôt fait d’refaire grimper mon claquomètre de quelques crans. J’serre ainsi bien malgré moi un poing discret, tandis que j’retiens entre deux rangées d’dents en scie c’qui pourrait bien ressembler à une déclaration de guerre en bonne et due forme. Et putain qu’ça m’déplairait pas nom d’une burne morte née ! Mais non, j’me retiens, Rachel et là ; et puis quoi merde.
        Ça arrive même à cacher d’ptit désagrément quand j’l’ai vu lui parler d’Nazca tiens. Poker-face-Toji-powa, manquerait plus qu’ce con connecte les fils et foute encore un peu plus sa merde. Mais bon il semble avoir mieux à faire, à jouer du moins. Toi mon gars, autant j’t’aimais bien, autant là tu viens pas d’te faire un copain. Et déjà qu’comme copain j’suis pas jouasse, n’est c’pas rachou, alors …


        -Si tu veux bien nous excuser Toji, La marine a quelques affaires à régler dans le coin.



        Elle va se faire tuer.
        Tsss !
        Arrête, tu le sais très bien, elle va se faire tuer.
        Tss j’ai dis !
        Déjà en forme je sais pas, mais là dans son état et sans ton aide elle va se faire buter !
        Mer.deuuuu. Voilà !


        Mais putain faut bien admettre que j’ai raison : elle va se faire buter la pitchoune si je n’mets pas la main à la patte. Et putain Davy Jones en sois témoins qu’ça m’démange grave les phalanges à l’heure qu’il est. Si je la laisse là en plan comme elle me l’demande, je la condamne. Mais si je l’aide, moi la crevure qu’elle abhorre…  je l’achève. J’peux décemment pas lui tirer l’cul des ronces sans l’enfoncer encore un peu plus dans l’délire psycho-flagellatoire où j’l’ai écrasé à grand coup d’seaux à merde sur la tronche. Déjà qu’à la base elle était prédisposée alors bon. Putain réfléchis Toji, trouve ta putain d’solution ; et vite avant qu’elle ou lui ne t’y forcent.

        Elle y croit plus regarde.
        Oui je sais !
        Son haki est parti, son aura s’est dissipée…
        Je SAIS !
        Elle n’a pas l’once de la motivation qu’elle avait en te…
        … en me…
        PARLANT !
        PARLANT !

        Si je n’peux t’donner la foi ma p’tite Rachou, j’espère au moins être encore capable de t’pousser un peu plus loin. Là j’suis en territoire connu héhé. Et si tu dois me haïr encore un peu plus… aux diables va !


        -Ah bon ? Et qu’es-tu comptes faire ?

        Le ton est de nouveau tout c’qu’il y a d’plus acide, d’plus persifleur. C’est à s’demander si Flist et moi nous ne nous lançons pas dans un duel à savoir lequel sera le plus insupportablement condescendant.


        -J’veux dire, sans moi. Ou sans une autre grosse pointure pour t’aider hein, qu’ce soit la fameuse Mona Lisa qui semble avoir pris pitié d’toi ou cette « lilou » qui a décidé d’te trainer comme  un boulet.

        Regarde les choses en face Ma pauvre petite, Tu tiens à peine debout et t’a jamais été foutu d’te démerder sans moi… ou au pire Red. Tu m’fais rire ; décidément t’as pas changé toi, heureusement que t’es mignonne tiens.


        Je te retrouve…
        N’est ce pas ! Huhuhu !

        Mais après tout t’as peut être raison. J’ai été con, c’est moi… Héhé, nan mais sans dèc’ tu t’écoutes ?! Huhuhu ! Ha elle est belle ta marine tiens ! Une morveuse qui a toujours eu besoin d’un grand méchant loup pour se cacher derrière ; et un têtard qui nage que dans son sang ! Pôv’ monde va !


        Et avant même que ma martyrisée compagnonne n’ai l’temps d’réagir, je traverse l’espace à côté d’elle, lui arrachant sa béquille vivante d’une poigne toute sauf charitable. La voir chavirer face à mon Soru et à ce déséquilibre soudain m’arrachera à la vue de tous un rire tout ce qu’il y a de plus railleur.

        -T’es belle tiens, huhuhu.




        Quelques mètres plus loin donc, hors du trou où elle reste, je tiens dans une pogne grosse comme un torse le crâne humide et poisseux de mon ensanglanté confrère aquatique. Alors, sur un clin d’œil abject à l’adresse de ma nakama, je me penche à l’oreille du jeune homme-requin pour lui murmurer ces quelques phrases :

        -Tu vois cette fille juste là ? Je tiens à elle comme tu n’peux pas l’imaginer. Mais j’vais devoir y aller. Tu sais qui j’suis ? Ouais je pense. Alors dis-toi bien que s’il lui arrivait la moindre misère en mon absence… dis-toi bien que je te tiendrais TOI pour responsable. Compris ?

        Mon regard dans le sien, je m’assure que mes mots ont bien été perçus. Puis…

        -Et comme tu semble manquer un peu d’patate… j’vais te m’n’arranger ça huhuhu.

        Car je sens en lui… Oui… Une colère refoulée. Une soif… insatiable. Oh oui petit requin… une colère… envers qui ou envers quoi je ne sais, mais une chose est sûre… elle est là : La Bête. TA Bête ! Enfouie au fond de toi là où seules tes plus profondes et ténébreuses pensées peuvent y boire. Mais moi… Moi je sais. Je la sens, glisser sous ta peau, à la recherche d’une voie, d’une fenêtre sur ton monde. La liberté. Tu la veux hein ? Tu la désires ?


        Réponds-moi !
        Oui…
        Tu la veux cette liberté ? Etre toi et toi seul ?
        Oui !
        Enfin libre ?
        OUI !

        Alors… VA ! Et trouve la force de défendre ma p’tite Rachou.


        Mon Haki déferle par ma main dans cet esprit si fragile dans l’instant, si ouvert. Et si prêt à prendre son envol huhuhu :
        La main du dompteur.


        Le Corps de Craig retombe enfin au sol tandis que je le lâche sans ménagement, l’abandonnant à tout ses plus enfouis sentiments, à ses plus enchainées pulsions. J’en suis sorti grandi p’tit gars huhuhu ; et honnet’ment j’espère que ça en sera d’même pour toi. M’remercie pas, c’est pour Rachel que j’le fais.




        Alors, sentant que mon temps est déjà bien assez écoulé et que la Miss et l’têtard ne vont pas tarder à partir en fusée, je repars de cette démarche de prédateur chaloupé que j’ai tant aimé travailler, comme amusé de ce p’tit jeu et de c’qui va en découler. Plus un regard pour Rachel, je ne l’peux pas. Trop peur de m’trahir, trop peur de voir une nouvelle fois ses yeux. Trop peur de c’qui y a d’dans et de… Trop.




        Cependant, tandis que je croiserais le niveau de Flist, quelques mots pour lui seul. Prophétie au verbe maîtrisé mais hargneux :

        -Crois-moi, tôt ou tard, elle va botter ton sale cul à t’en friser les moustaches.



        Alors je peux m'en aller.
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        Qu'est-ce qu'il m'a fait. Mes palmes se crispent dans les gravats pendant que mon coeur rebondit dans ma cage, cognant furieusement comme s'il cherchait à s'en échapper. Durant un bref instant, mes paupières ne se ferment plus et mes mirettes restent exorbités, à s'injecter d'un sang qui ne me semble pas être le mien.

        Qu'est-ce qu'il m'a. Fait. Je trouve la force de briser l'étreinte de la mort. Aucune idée d'où je puise ça. J'entends hurler en moi. Une bête qui dormait d'un sommeil inébranlable, que les secousses ne sont jamais parvenues à réveiller. C'est peut-être lui que je sentais, ces colères et ces frustrations, refoulées, enchaînées, tranquillisées. C'est comme si subitement, il ouvrait l'oeil et que son cri résonnait à travers toute mon âme.

        Je halète. Du sang gicle hors de ma gorge, rejoint par une bile putride. La peur, la hargne, la folie que l'augure de la mort récoltaient, se conjuguent en un orchestre terrible m'envoûtant d'une symphonie malsaine.

        Qu'est-ce qu'il m'a fait ? J'aimerais pleurer mais quelque chose me l'interdit. Comme si mes émotions étaient fermées.

        at ta que

        Il est là. Je l'entends.

        Atta que heu re de la rev anche

        Il est autoritaire.

        C'est l'heure de la revanche. Attaque. Donne tout ce que tu as.

        Il m'ordonne de mourir.

        La mort en héros. Mords-le. Arrache-lui tout ce que tu peux avant de t'éteindre.




        C'est désespéré. Je.

        Désespoir. Désillusions. Doutes. Humiliations. Frustrations. Douleur. Peur. Rancune.

        Arrête...

        Revanche. Ils t'ont brisé tes rêves. Il ne te reste que ta vie et ton honneur à défendre. Regarde-le ! Flist n'est rien. Une âme médiocre parmi d'autres. Un autre qui a emprunté la voie de la facilité, un autre qui sème la peur, la haine, le malheur, car on en récolte plus vite les fruits. Un gros déchet, certes, mais un simple déchet, dans le grand dépotoir du monde. Tu les hais. Ceux qui sont pourris jusqu'à la moelle, ceux délestés de leur pitié.

        Flist n'est que ça. Un enculé. Il n'a pas à te faire peur. Il est de la race de ceux que tu t'es juré d'éradiquer. Tu sais que c'est la seule solution, avec eux. Fais-le. Il contamine le monde de sa souillure. Tu voulais être un vaccin contre le Mal ? C'est stupide. Sois une injection létale.




        Survie, justice...

        La mort en héros. Si tu réussis, pense à la masse que tu sauveras. Justice, Bien, Mal, que des conneries. Tout ce qui respire est potentiellement nuisible. Pourquoi ils plongent dans le crime ? Pourquoi leur existence tourne-t-elle autour de la souffrance de leurs congénères ? Pourquoi sont-ils aveugles au point de ne pas se rendre compte qu'ils font capoter l'univers entier en pensant servir leurs propres intérêts ? Tu vas te rendre toi-même fou si tu tentes de forcer les serrures de leurs esprits dérangés. Sois juste un instrument pacificateur. La paix ne s'installe pas, elle s'impose.




        C'est vrai, j'ai jamais pigé. J'veux pas croire qu'il y a rien à piger. Tout a un sens, c'est...

        Oui. Tout a un sens. Mais ta petite cervelle étriquée n'est pas capable d'appréhender tous les paramètres. Tu vois, je m'y sens à l'étroit, moi, par exemple, parce que tu l'encombres de vieux ruminages moisis, il faut faire le ménage et éclairer ces locaux poussiéreux par la lumière de ton avenir ! Ton avenir ? Un grand Finale. Pathétique, comme toi, mais grandiose parce que je participerai !


        Cette rage, cette haine... Je portais ça en moi ?

        Oui. Ces dernières années, j'ai sacrément grandi. Tu as sacrément grandi. Tu as mûri. Tark serait fier de toi.





        Mes jambes ne tremblent plus. J'me sens entre deux états. J'ai les dents qui s'emboîtent, puis qui crissent d'une colère que je m'explique pas. Ou d'une tristesse. Une résignation macabre se répand aussi sûrement et inexorablement en moi qu'un incendie dans une chaumière. Mes fondations vibrent. C'est sur Rachel que Flist a les yeux braqués, sur Rachel et ses dramas. Je ne suis qu'un figurant. Un figurant aux crocs comme des rasoirs, aux yeux comme deux fusils qui tonnent.

        Sa nuque ou ses guibolles ? Va pour sa nuque. Un sourire s'esquisse douloureusement sur ma face crispée de douleur. J'ignore ce sang qui ruisselle de mes entrailles. Seuls existent moi, et Flist. Il doit payer pour ce qu'il fait, pour ce qu'il est. Il n'a qu'une vie, ça ne suffira pas à racheter toutes les existences qu'il a volé. Sa mort paraîtrait presque dérisoire, une pénitence bien maigre comparée aux dégâts qu'il a causé aux corps et aux coeurs.

        Une après l'autre, mes jambes froissent les gravats, je réapprends à marcher. Le rythme s'emballe et la détermination me réapprends à courir. Puis à bondir, tout crocs dehors. Charcuter Flist. Essayer. L'arrogance en a tué des plus costauds que ce fils de catin. Je peux le faire.
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        He bien alors ?

        La gorge ou les guibolles ? Au mieux, Craig se serait fait les crocs sur un morceau de métal acéré et préparé pour le combat. Au pire, il croquait dans du vide. C'est ce qu'il avait choisi, au grand désarroi de Flist qui esquiva d'un pas dansant son offensive, pas le plus surpris par l'initiative. Il avait au moins le courage de faire quelque chose face à lui, c'était assez remarquable pour être noté. Et Flist, avec toute la miséricorde dont il se sentait capable, se promit de s'en faire un compagnon... Oui, voilà. Un compagnon !
        Mais peut-être pas au sens ou tous aimerait l'entendre :

        On n'a pas dressés ses animaux de compagnie, ma douce ?

        Car voilà que son crochet retombe et attrape d'un mouvement souple la jambe de Craig. Et autre mouvement souple plus tard, l'homme poisson épouse le sol sans sembler pourtant en démordre. Le pirate lance un regard avisé vers Rachel, comme pour l'amener à attaquer, pour lui dire de faire quelque chose... Car lui ne se gêne pas pour...

        En voilà de biens des... D'abord décrocher à Craig un coup du dos du crochet dans les molaires. Mauvaises... Poursuivre son geste en lui écrasant le ventre. Manières ! avant d'envoyer son futur compagnon poisseux vers sa gothique préférée.

        Ni sourcillant, ni déstabilisé par quoique ce soit ici. Le départ ou la présence de Toji ne lui fait ni chaud ni froid. Désormais ses yeux sont rivés sur ses deux adversaires, même s'il n'est pas tenté de les appeler comme tel. « Perte de temps » ? « Distraction » ? « Jouets » ? Mieux. Mais son esprit malsain est déjà rivé sur autre chose. Et Flist a la vengeance mesquine, et douce. Douce seulement pour lui cependant. Toujours souriant, il retire son épée de son fourreau de sa main valide, et lance à Rachel d'une voix mielleuse :

        Ne suis-je pas censé être le plus rustre, ici ?

        Avant de l'assaillir du bout de son épée pour la faire valser. Et si son compère n'entend pas le laisser en paix, le Crochet n'a pas l'intention non plus. C'était lui, le metteur en scène ici. Lui, le maitre de cérémonie.

        Lui, qui menait la danse.
          En vérité, c'est là qu'est l'os, rien ne change vraiment. Toji non plus ne changeait pas. Il avait beau avoir perdu ses grades et ses médailles, il restait égal à lui-même. Elle l'avait connu arrogant. Il l'était resté au tribunal, la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il l'était toujours aujourd'hui, en face d'elle, à lui balancer des vérités mordantes dont elle n'avait pas besoin, outrageusement douloureuses, jetées à son visage blanchi par la peinture de la fuite. Rachel n'était peut-être plus que l'ombre d'elle même, différente et désespérément semblable à ce qu'elle fut toujours, mais deux ou trois marques de peintures, la perte de Red, d'un bras, de son estime -personnelle et celle des autres- n'avaient pas réussi à la changer. Rachel ne resterait qu'une vague gradée de la marine, dont on ignore le nom et les actes. Un beau petit pantin qu'on agite pour montrer à quel point il est beau, bien fait, mais guère plus. Toujours aussi impuissante. Devant le monde, qui s'agite devant ses yeux sans qu'elle ne puisse y faire quoique ce soit. Devant une histoire qui s'écrit dans le sang à la plume acérée sans pouvoir y insérer ne serait-ce qu'une ligne dont elle serait fière. Devant Flist qui balaie Craig comme une guêpe de son melon.

          Et qui maintenant menaçait la commandante d'une épée aussi affûtée que pouvait l'être sa langue. Et il était loin de bluffer. Et il était effrayant de remarquer à quel point le voir en position de combat, simplement debout face à elle, semblait amplifier les effets néfastes dont elle était victime. Les nausées, les hauts-le-cœur, les douleurs dans son ventre. Elle en avait vu d'autres, certes, des douleurs. Mais des comme Flist, jamais. Dans un coin de son esprit, elle se demanda ce qu'avait bien pu faire Toji contre Mandrake, contre Greed, contre Drake. Ce qu'avait fait Red face à Dessie, face à Kendachi. Dans un autre coin de son esprit, celui encore en état de fonctionner et qui n'était pas déjà en alerte rouge par les douleurs et les informations analysées une douzaine de fois, ce que penserait Mona Lisa quand elle remonterait sur son navire -si jamais elle rentrait- après avoir engagé le combat avec Flist comme elle avait promis en bonne enfant sage de ne pas le faire. Pour sa défense, elle n'aurait pas cru qu'il viendrait défendre son port. Son port qu'il avait préalablement détruit qui plus est.

          Faible, pathétique, désillusionnée et en colère. Tout ça ne ferait pas de la brune estropiée un adversaire très redoutable. Et ce n'était pas jouer un spectacle son et lumière en sortant la Faucheuse de fumée et de ténèbres qui impressionnerait Flist. Il ne la sous-estimait même pas : il la savait inférieure à lui. Et de très loin. Deux fois plus fort ? Facilement. Ça ne serait, en temps normal, pas suffisant pour décourager Rachel. Elle avait bien défait Shoma. Il suffisait qu'elle se calme, qu'elle oublie tout ce qu'avait pu lui dire Toji, oublier tout simplement Toji. Et réfléchir. L'environnement, ce qu'elle savait, ce qu'elle connaissait, ses propres atouts et forces cachées, et pas à Toji ni surtout à ses paroles. Il était parti, n'y pensons plus. Qu'avait-elle sous la main. Le haki, le soru, le rankyaku, le retour à la vie... plus loin un sac de bombes... et en face elle avait Toj- Flist ! Décourageant comme idée. Au moins s'en sortir vivante. Au moins réussir à fuir. À sortir les fesses de Craig des ronces qui l'entouraient. Au moins sauver la mise et l'honneur. Et ne pas penser à Toji et à la colère qu'il lui amenait.

          Son bras lui faisait mal. Comme souvent ces temps-ci lorsqu'elle perdait le sommeil, des fourmis lui couraient dans les muscles, lui crispaient l'articulation du coude, lui paralysaient les doigts -ceux qu'elle avait perdu face à Nazca. Tout son organisme lui criait au suicide, à la folie. La commandante devait faire un effort monstrueux pour ne pas se plier en deux et n'avait envie que d'une chose, de s'asseoir et de fermer les yeux pour dissiper les vertiges qui la saisissaient. Tout son corps aspirait à la retraite, comme devant Nazca. Tout son être aspirait à abandonner. Le combat certes, mais également sa conscience  « Fuis » lui hurlait-elle quand son regard se perdait, fugacement, sur le corps allongé de Craig. « Tu ne feras pas plus long feu que lui ». « Tue Toji ». Tsss !! fichu message subliminal !

          Oh pour merder, ça, Rachel avec tout fait de travers. Encore certains diront. Encore répéterait-elle. De toute façon, qu'avait-elle fait de bien ? Rien, Toji l'avait encore fait remarquer. Mais ne pouvait-il pas sortir de sa tête bon sang ? Bien sûr qu'elle avait la rage contre lui, mais il s'était barré sans demander son reste, avait visiblement raconté des choses qu'on ne dirait pas à l'oreille d'un prêtre à celles, déconnectées, de Craig ; voyez où ça l'avait mené. Et il avait disparu sans se retourner. Enfin, plus après lui avoir décroché ce sourire qui restait devant ses yeux, en toile de fond, comme une tâche de lumière persistait sur la rétine après qu'on en eût regardé la source. Pourtant, Flist était là, paré. Valait-il mieux attaquer, défendre, ou se rendre ?  Cette question resta en suspens pendant ce qu'il sembla des heures à la commandante d'élite. Même les sons des canons s'étaient tus. Depuis combien de temps ? Étaient-ils réellement silencieux ou les avait-elle oubliés avec l'arrivée des deux pointures qu'il lui fallût affronter -du regard tout du moins.

          -Ne pourrions-nous pas régler ce différent d'une bataille de pouces ?

          Solution numéro quatre : continuer de passer pour une moins que rien diminuée. Sans peurs ni instincts de survie. Et probablement aussi stupide qu'elle en avait l'air, en réalité. Même de ça elle en était persuadée. Persuadée d'avoir dit une vraie connerie qui en plus de lui coûter la vie, signerait l'arrêt de mort de Craig.
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          Zéro. Pathétique. Laisse moi ce corps, tu verras ce que...



          Je me vide de mon sang sans douleur, ce taré me jette de sales regards et tu m'as volé mes émotions. Je me passerai de tes leçons, quoique tu sois.

          Je suis Toi. L'autoflagellation, c'est dans ta nature. Aujourd'hui, c'est juste une autre partie de toi qui tient le fouet.


          J'me relève, imbibé d'une tambouille de fluides innommable. Le sang, la sueur, puis toute cette merde qui s'est scotchée affectueusement à moi pendant que je servais tour à tour de tapis et de serpillière, ça m'écoeure autant que ça me galvanise. C'est la voie que j'ai choisie, la justice crasseuse. Parfois, on boit la tasse en s'enfonçant trop profondément dans le marécage du Mal pour en racler le fond. C'est comme ça.

          Mon corps me répond mal. Oublie la politesse. J'lui demande d'aller tout droit, il se paume en zigzags et en déhanchés assaisonnés au mal de terre. Je demande à mon estomac de fermer sa gueule, mais il gargouille encore par tout ses tuyaux encore branchés. J'adresse un regard à Blacrow, qui me le rend fugacement. Le sang dans mes oreilles m'refile l'affreuse sensation d'être immergé dans un aquarium étroit et insonorisé. C'est bien ce que je pensais. L'univers autour de ce combat n'existe plus. Moi, et Flist. Et Blacrow.

          J'me sens capable de démolir Flist à une bataille de pouces, comme j'me sentirais capable de dévorer toute la planète et d'en digérer toutes les ordures. J'me sens capable de beaucoup de choses, étrangement. La peur est encore là, très présente, mais se fait... muette. J'ressens bien un petit vertige, probablement celui du gouffre de la mort imminente. Mais la peur qui me glaçait tout à l'heure... Silencieuse.

          Tu as pas encore capté ? C'est moi qui l'ait bâillonnée, cette salope de terreur. Pour que tu puisses pendant ce temps te vouer corps et âme à ton objectif.



          Mon objectif ? Tu veux que je meure ! Mourir, j'vais mourir. J'peux pas mourir ! Pas aussi connement et subitement ! Ça devait être qu'une mission de sabotage, on... Il a un sabre ! Il va jouer avec moi ! Il va me...

          Ouais, bah, m'en veux pas, mais ta peur, elle se débat trop. Lopette.


          Tu joues avec ce que je suis. Je te hais.

          Tu te hais. Je te refais le topo ? Mourir en lâche tirerait la chasse : tes convictions, tes efforts partiraient au fond des chiottes, Tark se serait acharné à transformer un bon à rien complet en brave, pour qu'il finisse par ne jamais connaître le vrai courage, même au seuil de la Mort ? La pire des fins. Tu renierais les valeurs de ton frangin.

          Mais si tu attaques ce connard, tu reposeras en pièces. Et c'est là le destin qui attend le héros sans peur que tu es devenu. Tu ne peux pas tuer Flist. Mais Blacrow le peut.

          Tue Flist ! Même si tu échoues, tu lui ouvriras la voie pour qu'elle essaye et réussisse !

          BUTE FLIST !



          Et dans un lancinant hurlement qui mute en gargouillement, je repars aussi sec, boitant, chialant de sang par chaque trou. Tenter de mordre une dernière fois et en finir. Vas-y, je t'approche, cogne-moi avant que j'arrive à t'arracher un bout. Je ne suis qu'un zombie réanimé par la haine, ce ne sont plus tes mots acides et tes regards venimeux qui me coucheront.
          • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
          Ou je pourrais te couper le dernier pouce qu'il te reste, propose Flist à la place en jouant de son crochet pour en retirer l'embout après l'avoir fait tournoyer. Il dévoile alors une lame courte et aiguisée, bien décidé à te montrer que c'est le genre de jeu qu'il adore.

          Mais Craig ne l'entend apparemment pas de cette oreille, et lorsqu'il revient vers lui en titubant, Flist fait un pas en avant, un autre sur le côté, saisit le bras de l'homme poisson pour le faire tournoyer, et coince sa tête sous son épaule en le tenant contre lui. Puis, il flatte amicalement le sommet de son crâne en ajoutant avec un sourire :

          Je l'aime bien. Je vais le garder !

          Un mouvement du pied plus tard, et il renvoie Craig par terre en le faisant rouler jusqu'aux pieds de Rachel. Combat de pouce, qu'elle disait ? Lui entend plus lui ouvrir le ventre pour lui montrer comment ça se passe à l'intérieur. Mais là, il semble plutôt songeur, alors qu'il s'approche d'un pas lent vers la gothique :

          Et toi... Flist marque une pause. Pense intensément. Sa moustache frétille en même temps que ses pensées, jusqu'à ce qu'il t'offre un grand sourire enthousiaste : Je vais te garder aussi ! Oui ! Je vais te torturer, et à la fin, te tuer. Ça apprendra à ton très cher ami Arashibourei qu'il y a des gens avec qui il vaut mieux réfléchir avant de parler...

          Son sourire s'étend, et bizarrement, sa moustache grandit, grossit, forcit, et serpente jusqu'à Rachel à mesure que son regard s'assombrit et devient aussi noir que les cheveux de sa vis-à-vis. Et la dite moustache auparavant si bien taillée devient si dur qu'elle semble similaire à l'acier, et pourtant si souple que l'on pourrait croire à du tissus. Surtout, elle n'entend qu'attraper cette chère Rachel car...

          On va tellement s'amuser tous les deux ! C'est l'idée. Surtout pour moi, ceci dit !

          A l'évidence, surtout lui.
            Sous ses yeux, impuissante et frémissante, Rachel observa Flist se débarrasser une troisième fois de Craig. Comme paralysée. Elle savait que si elle bougeait maintenant, si elle forçait l'attaque, elle finirait comme le Lieutenant Kamina. En lambeaux. Elle laissa donc sa fébrilité l'emplir, brimant sa colère, rongeant son frein. Elle piaffait intérieurement. Ses sentiments tintinnabulaient dans sa tête, ses douleurs jouaient du triangle et elle, au milieu, n'arrivait même pas à être la chef d'orchestre de cet assourdissante cacophonie. Flist fit rouler Craig jusqu'à ses pieds et elle s'y précipita, se laissant tomber à genoux pour vérifier s'il allait bien. Vérifiant son pouls et sa respiration, elle laissa Flist déblatérer ses phrases sadiques aux penchants dominateur. Sérieusement ? C'était à ça que le Malvoulant les recrutait ? Plus ils étaient forts et instables, plus ils avaient de chance de faire partie de ses préférés ? Nazca et Flist, aussi sadiques et détraqués l'un que l'autre. Peut-être réussirait-elle à le retourner contre lui, comme elle avait retourné la folie de Nazca contre elle-même. Mais elle en doutait. Lui semblait bien plus sain que la poupée de porcelaine. Sain et vicié. Lucifer en personne.

            -…

            Mais pourquoi sa moustache bougeait-elle toute seule ? Ça existait réellement alors, le retour à la vie ? Et notre brune qui pensait qu'elle était la seule à savoir le faire... Accroupie aux côtés de Craig, elle se releva lentement comme la moustache serpentait jusqu'à elle, plus dangereuse que n'importe quel serpent qu'elle cherchait à imiter. Rachel fit deux pas prudents en arrière, essayant d'englober de son regard et Flist et sa Moustache. Avec une majuscule, oui. Car si c'était comme avec ses propres cheveux, il lui faudrait la traiter comme un adversaire à part entière. Dire qu'elle venait de perdre son avantage sur lui... Certes il n'était toujours pas au courant pour ses cheveux, sachant qu'ils n'avaient pas bougé depuis le départ, mais il lui faudrait maintenant sortir cette carte comme un Joker. Et au bon moment de préférence. Et le plus dur restait de trouver l'ouverture en question.

            Chacun fixait dans le regard de l'autre un point et une image qu'eux seuls pouvaient voir. Comme un signal. L'assurance et le plaisir dans le regard de Flist au Crochet, l'air calculateur et la prudence dans celui de la brune sans armes.
            Soudain, en l'espace d'un instant, ils envoyèrent valser l'équilibrée tension qui régnait dans l'atmosphère. La Moustache bondit, raide et acérée, visant avec précision l'endroit que la marine occupait un centième de seconde plus tôt. D'un saut, elle s'était reculée de presque trois mètres, ce qui bien évidemment, ne fut pas suffisant puisque l'épée de Flist, d'un estoc précis, était déjà à quelques centimètres de lui transpercer l'estomac. Il lui faisait déjà tellement souffrir qu'elle était assurée qu'elle ne verrait pas différence, mais le sourire sadique qu'elle capta durant cet instant suspendu la convint qu'il valait mieux éviter de lui offrir la chance de la disséquer vivante. Du bout du pied, elle prit un appui vacillant et réussit à bondir par-dessus l'assaut de Flist. Elle l'espérait trop emporté par son élan pour pouvoir réagir. Sous estimer la réactivité de son adversaire lui valut une très large entaille. Même en déséquilibre, il avait trouvé le moyen de faire volte face et son crochet (maintenant lame courte) frappa Rachel d'un ample mouvement circulaire. Elle eut tout juste le temps d'offrir son dos et non pas sa face à la lame diligente. La douleur n'en fut pas moins vive et irradia tout le long de sa colonne vertébrale.

            Elle se réceptionna comme elle le put. Flist le fit avec plus d'aisance et de prestance. Elle fut dès lors attaquée par les deux brins de sa moustache. Lui fut plus tranquille. De coups de pied successifs, elle les repoussa non sans mal, devant dans le même temps faire face à Flist aussi rapide qu'elle. Plus même. Les coups de pieds, de talons et de la pointe, qu'elle distribuait à tour de bras ne faisaient qu'à peine repousser les assauts pileux du pirate et à chaque coup qu'elle donnait, ses pieds accusaient un peu plus l'impact. Il était clairement en surnombre. À lui tout seul. Si elle ne dévoilait pas un peu de son potentiel, elle allait y passer sans même avoir donné l'impression de riposter.

            Alors qu'il lançait un nouvel assaut, elle le repoussa une nouvelle fois de quatre coups de pieds successifs dans le torse. Ça ne le refroidit même pas. À peine cela eut-il comme effet de lui faire perdre sa vitesse. Il en sembla vaguement amusé. Mais elle savait d'expérience que son amusement ne durerait pas. Très vite il se lasserait et il la tuerait d'un seul coup imparable. C'était maintenant ou jamais.

            Rachel prit une grande inspiration. Dans l'expiration suivante, une dizaine de Rankyaku furieux fusaient dans sa direction et autour de lui pour ne lui laisser que peu de chances de sortir. Elle cherchait l'effet de surprise. Dans la zone d'impact, ce fut un nuage de fumée qui s'éleva. Et Flist aussi s'éleva. Il venait de bondir dans les airs, sans aucune difficultés ni surprise. Sa moustache était avec lui. Rassurant. Ne lâchant pas cette corde à son arc, elle persista, toute fatiguée qu'elle était, elle envoya vers le pirate dandy une lame d'air aux allures d'un Corbeau affamé. Malgré ça, son visage resta impassible et d'un mouvement fluide et élégant de sa rapière, il dissipa la lame d'air en répondant par la même. Rachel n'eut même pas le temps de désespérer qu'aucune de ses attaques ne passent qu'il était sur elle, d'un Soru couplé à un Geppou sorti de derrière les fagots. L'estoc dont il la gratifia perça son côté droit, ripant contre sa hanche en passant. Rachel ne put réprimer un cri de douleur qui le satisfit, assuré de sa victoire.

            Il ne pouvait pas savoir que le cri de douleur avait été amplifié pour le tromper.

            La douleur était bien réelle, mais elle ne l'empêcha pas, cependant, de libérer sa dernière carte : le Retour à la Vie. Ils étaient au contact. Il ne put se défaire des liens capillaire qui l'enserrèrent alors. Pris comme dans une toile d'araignée, il eut l'évidente réaction d'éveiller à nouveau ses moustaches, solides comme l'acier et aussi dangereuses que des lances souples. Mais le talon de Rachel renforcé par une plaque de métal, visait déjà son nez. Frapper à la fierté, c'était moche, mais ça fonctionnerait. Les moustaches s'interposèrent, mais elles ne purent bloquer la frappe gorgée de haki qui enfonça sa garde et percuta le visage trop proche du pirate. La jambe dépassa le point d'impact, renversant la tête du pirate dans un angle plutôt inquiétant. L'ouverture était trop belle. Il était sonné ; pour deux secondes au plus. Juste le temps pour elle de faire pleuvoir une pluie de coups gorgés de haki qui pilonnèrent le corps de Flist avant même qu'il ne touche le sol. Sa rapière produisit un son aigu en rebondissant sur les pavés non loin de lui. D'ailleurs, pour être assurée de sa contre-attaque, elle envoya quelques lames d'air supplémentaires dans sa direction.

            Il était au sol, il était (peut-être) sonné, et avec un peu de chance il était blessé. Elle n'espérait pas le vaincre ainsi. Elle savait avoir perdue à partir du moment où il avait proposé de lui couper le pouce, plutôt. Non, avec cette attaque, elle avait l'espoir d'avoir dépassé le stade de « petite impertinente » et d'être rentré dans la case « adversaire de valeur ». Enfin, quelque chose dans le genre. Elle profita du répit qu'il lui restait pour se replier vers le sac de bombes plus loin et ainsi l'éloigner de Craig, toujours étalé dans son sang et ses gargouillis inquiétants.

            Un haut le cœur la prit soudain. Elle tomba à genoux et pliée en deux, elle vomit une fois de plus des aliments qu'elle n'avait de toute manière plus dans l'estomac depuis un moment maintenant. Elle porta une main à sa hanche trouée et tâta la blessure avant de forcéer le sang à se coaguler pour éviter une hémorragie. L'artère fémorale n'était pas bien loin mine de rien.

            Haletante, elle releva finalement le regard. Pour le voir. Beaucoup plus proche qu'elle ne l'aurait cru. Saleté de monstres silencieux.

            -Et si je proposais le Pat... ?
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            Plus proche que prévu, avec un sourire inchangé. Certes, le sang coule de ses narines et il est fort possible que son nez soit brisé. Mais Flist a l'enthousiasme des gens qui souffrent et le rire fou qui lui secoue les épaules. Si ce n'est le sang qui perle sur sa tenue, l'homme n'a pas l'air plus dérangé que ça, et sans vraiment comprendre, il retourne à la gothique une claque de sa main valide qui résonne dans la rue transformée en champ de bataille. Une claque suivi de près par une étrange pression autour de la cheville. Sa moustache, qui semble avoir sa propre conscience et ses propres manières, tire déjà sur la jambe emprisonnée pour la soulever en l'air et faire suivre le reste du corps.

            Et Rachel se transforme alors en une vulgaire poupée de chiffon malmenée par un gamin colérique et furibond. Et elle épouse, tour à tour, un mur éventré, le sol retourné, les gravats d'un immeuble détruit, pour refaire un tour du propriétaire. Et le propriétaire de Jaya, c'est lui. Exclusivement lui. Et il n'entend plus se montrer galant avec ses visiteurs puisque maintenant que la brune est sonnée et au sol, il se jette sur elle pour passer ses mains autour de son cou et serrer...

            Serrer si fort que ses phalanges en blanchissent, qu'importe si l'armement vient protéger sa nuque blême puisqu'il le transperce avec une fureur palpable et éructe comme un diable en lui cognant le crâne contre le sol :

            Ça, c'est pour mon col !

            Un autre coup :

            Ça, c'est pour le bouton du haut !

            Un autre, en même temps que l'air commence à se faire vraiment rare :

            Ça, c'est pour le bouton de manchette !

            Un autre, du même acabit que ceux d'avant :

            Ça, c'est pour mon plaisir !

            Un dernier, plus fort que les autres :

            Et ça, pour que tu retiennes la leçon !

            Enfin Flist relâche sa prise en poussant un long soupir soulagé.
              On en revient au même point. L'impuissance, l'humiliation, l'augure de la mort, une lune qui s'élève dans mon ciel.

              Relève-toi, et réessaye !
              Ce n'est pas question d'avoir peur ou d'avoir mal. Il m'ignore. Mon corps. L'esprit est fragile mais ce type n'a pas les armes pour me le briser. Contrairement à mon corps. Tu inhibes sa douleur mais je le sens broyé...

              Réessaye jusqu'à ce qu'il se décide à t'achever ! Tu as entendu ? Il veut te garder. Qui a envie de devenir le molosse d'une telle ordure ? Tu as envie ?

              Plutôt crever...

              Sûr ! C'est la dernière ligne droite !


              J'aurai personne à rejoindre de l'autre côté.

              Mais si, mais si. Je suis sûr qu'il y a une tripotée d'amiraux là-haut qui seront prêts à t'payer un coup angélique pour fêter ta bravoure. Tues-le ! Tues-le !


              Non, je veux dire...
              Ça marche pas, ce que tu tentes. J'ai toujours autant peur de la mort.

              Elle est pourtant l'apogée de la vie. L'heure de donner un nouveau sens à tout ce que tu as traversé. Ah ! Tu vois, quand tu veux !

              Pas de quoi pavaner. Juste mes doigts qui pianotent, et ma gorge qui gargarise dans son propre sang.

              Et la semelle de la pire enflure de Jaya qui te toise !

              Flist s'apprête à définitivement faire de moi son paillasson. Il s'apprête à me piétiner. J'ouvre la gueule, cette gueule comme une vallée désolée aux ruisseaux de sang et aux collines érodées. Même fracassés, mes crocs repoussent, sans me demander mon avis, sans non plus s'en lasser. Ils se frayent un chemin entre les ruines de leurs aïeux, rasent leurs derniers souvenirs et prennent place, imperturbables, au garde-à-vous tout le long de mes gencives boursouflées.

              J'aimerais être un de ces crocs qui savent renaître et remplacer négligemment le passé.

              Ma mâchoire claque dans le vide, tentant une ultime fois de déchirer un morceau de ce taré. En l'occurrence, sa godasse, et l'infect pied poilu et puant qu'elle doit planquer.
              • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
              La commandante n'aura rien à répondre à Flist, plus rien à rétorquer, plus d'autres jeux à lui proposer. C'est lui le maitre ici, et lui qui lance les dés. Et l'homme a l'air étrangement satisfait, contenté par ce qu'il vient de faire. Du sang tapisse le sable, mais la gothique est toujours en vie. Ses longs cheveux noires s'étalent comme une couronne autour de son crâne. C'est beau. Tout du moins, Flist trouve ça beau. Il se permet même d'y passer ses doigts en s'y délectant... Mais quelque chose vient le perturber dans sa démarche, une sensation dérangeante à son pied. Il tourne l'oeil vers le perturbateur, et lui lance un petit sourire satisfait...

              La bête ne veut pas se tenir tranquille. Sauf que Flist sait comment dresser ces animaux qui ne veulent pas se laisser dompter. Mieux que personne. Il reprend son crochet en laissant Craig s'échiner sur sa chaussure. Il le replace, le tourne et active un autre mécanisme. La chaîne de tout à l'heure. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le voilà en train de passer les maillons autour du cou de son futur compagnon. Pour lui faire un beau collier, et le tenir en laisse. Et lorsqu'il se relève, c'est pour attraper le corps inconscient de la gothique et le hisser sur son épaule...

              Et traîner de son autre main l'homme poisson qu'il affectionne déjà tant.

              En se mettant en route, le pirate ne peut s'empêcher de siffloter joyeusement. Sinistrement. Un air entraînant que connaissent les pirates ne sa trempe. Les yeux heureux sans pouvoir s'empêcher de sourire, voire de rire de temps en temps. Le voilà content comme un chat.

              Car Flist est désormais le Roi d'un tas de gravats.


                Derrière moi les bruits du combat s’atténuent au fur et à mesure que je m’en éloigne, agrandissant chaque pas, accélérant la cadence… Je n’veux pas rester. Pas par peur de rachel, encore moi de Flist ; mais tout simplement par peur de subitement n’plus pouvoir résister à cette furieuse envie qu’j’ai d’rebrousser chemin et d’me ruer dans la mêlée. On est en train d’s’en prendre à ma Nakama ; et moi j’suis là à m’en aller. Alors j’serre des poings et des dents, j’rentre la tête et j’fais la sourde oreille aux échos d’bataille et à mes propres pulsions.



                Tu es sûr que ça va aller ?

                Pour elle je veux dire ?

                Elle avait quand même l’air sacrément mal au point…

                Et Flist ne doit pas être du genre à jouer les tendres…


                Un bâtiment se dresse sur mon chemin, que je rouvre d’un revers de main agacé, sans freiner le pas.
                Il en sera de même pour tout l’reste.



                J’espère qu’elle va réussir à s’en tirer…
                … Oui.
                Tu penses qu’elle en aura la force ?
                … Je l’espère.
                Tu penses que ce que tu lui as dit lui en donnera ?
                Sinon je vois c’que j’pourrais faire de plus.


                Insensible au décor de gravats et de décombres que je traverse, je laisse mes jambes guider mon humeur aux abords de la ville. Mettre au plus vite de la distance entre Jaya et moi. Entre Flist et moi. Et surtout… entre Rachel et moi.



                Ça n’a pas eu l’air de la mettre dans une rage destructrice…
                Non.
                Et tu penses que ça va suffire ?
                Ça, ça ne tient qu’à elle.

                A elle seule.



                Au loin les détonations se calment peu à peu, Jaya semble s’effondrer sur elle-même, à bout de force.
                Peut être en est il de même pour notre Rachou. Peut être pas.


                ... A elle seule.
                Et nous maintenant ?
                Nous ? On va commencer par sortir la pisseuse et son frangin de là. Et ensuite…
                Et ensuite ?
                Faire notre vie ; et laisser Rachel survivre à la sienne de la manière qu’elle jug’ra l’mieux pour elle.
                On peut pas faire mieux j’en ai bien peur.
                Oui... probablement.



                Et tu penses qu’on pourra la revoir un jour ? Si elle survit je veux dire…
                Si elle survit ?!
                Oui, à Flist.
                Huhuhu. Même reniée, rachel reste malgré elle une Sea Wolf.

                Et on n’tue pas un Sea Wolf aussi facil’ment, tu peux m’croire.





                Bien sûr qu’on s’recrois’ra ma p’tite rachou.




                Et c’jour là j’espère bien qu’t’auras trouvé ta vérité et la force d’y survivre.
                • https://www.onepiece-requiem.net/t154-fiche-de-toji
                • https://www.onepiece-requiem.net/t115-marine-toji-arashibourei
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