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Prélude d'un départ

Le soleil venait de se lever sur Inari. Même si elle était située exactement en dessous du Boru Bodur, l'île touristique étincelait de mille feux. Les commerces s'ouvraient petit à petit. Tous cherchant à avoir le maximum de profit en vendant des reliques, bibelots sans aucune valeur spirituelle. Les touristes ignorant était également de la partie. Ils arrivaient par vague sur des bateaux des quatre coins des Blues. Ils constituaient une masse de personnes sans une once d'intelligence pratique. Aucune religion digne de ce nom ne vendrait des reliques et des bibelots sacrés. Seules des petits objets anodins serait éventuellement intéressant, mais la contrefaçon régnait probablement. Le seul endroit vraiment fiable pour des achats était le Boru Bodur. Inari était donc essentiellement un attrape-touriste.

Mon maître Zorah et moi revenions d'un périple de plusieurs mois qui avait pour but d'en apprendre plus sur les plantes à poison. Je n'avais pas encore tout assimilé, mais cela allait surement venir. Comme à son habitude, mon maître était partie chercher un moyen de transport peu onéreux et sûr, pour que l'on puisse rejoindre le Boru Bodur. Pour ma part, j'étais assise en tailleur sur un tonneau, fraichement descendu d'un bateau marchand. Les marchandises s'entassaient et des hommes venait les chercher. Cela devait être d'autres contrefaçons de reliques. J'étais donc obligée de l'attendre. Je fouillai dans ma sacoche et je sortais un livre : Le livre d'Admilla. C'était en quelque sorte la Bible de mon culte. Je l'avais lu des dizaines de fois, mais je ne m'en lassais pas. Je commençai à relire mon passage préféré.


Au départ, il n'y avait rien. Divers dieux se baladaient dans un monde vide. La seule occupation de ces être supérieurs était la création et la gestion d'un monde. Parmi eux, sept dieux avaient décidé de s'unir ensemble pour créer un monde de paix et d'harmonie. Ces septs dieux étaient : Xerthus, Solidann, Welds, Estos, Nordal, Selvet et Grandléon. Le premier monde était d'ailleurs un symbole de cette symbiose : un seul continent entouré par un seul océan. Pour remplir, ce nouveau monde tristement vides, chaque dieu avait crée des êtres, des plantes... Cependant, une des créations de Xerthus était bien trop néfaste pour les autres : les hommes. Pour protéger les hommes de la destruction Xerthus décida de s'opposer à ses camarades. Bénéficiant du soutien de Solidann, ils se débarrassèrent des autres lors d'un combat d'anthologie. Les vestiges de ce combat ont constitué le deuxième monde. Cinq océans étaient apparus correspondants actuellement aux 4 Blues et à Grand Line et ses environs. Le grand continent quant à lui avait été fragmenté en 5 parcelles : une sur chaque Blues et la dernière constituant Red Line.

Le monde avait retrouvé son calme. Solidann assurait le jour et la nuit et Xerthus s'occupait de l'équilibre des espèces. Tous les deux, ils avaient eu cinq filles. Chacune d'entre elles s'occupait d'un océan. Admilla était alors responsable de Grand Line et commença à peupler cet océan désert. Cependant au fil des années, les hommes évoluaient de manière néfaste et la prédiction des dieux défunts s'avérait exacte. Si cela continuait comme ça, les hommes allaient finir par tous détruire. Le cœur des hommes s'emplissait de haine et ils menaçaient de s'entretuer. Xerthus pris la décision de tous les éradiquer et de les remplacer par des pantins, sans âmes et volontés propres.

Face à cela, la dernière des filles de Xerthus, Admilla décida de s'interposer face à lui pour sauver la vie des hommes. Elle fit un plaidoyer d'une rare pureté et remplit d'innocence. Elle était à genou et pleurait toutes les larmes de son cœur. Elle implorait la clémence de son père pour les humains mais ce dernier n'était pas près de céder. Il s'en suivit une lutte terrible où Admilla fut bannie du monde des dieux et fut condamné à errer sur Terre, afin de purifier le cœur des hommes. Et seulement à ce moment, elle pourrait retourner auprès des siens. Grièvement blessée par le combat, elle se ressourça dans le Nouveau Monde, sur une île créer par ses quatre sœurs. Cette île se trouverait sur un océan du nom d'All Blue, rassemblant les caractéristiques des quatre Blues.

C'est ainsi qu'est né le monde tel qu'on le connaît aujourd'hui. Les quatre continents des Blues ont été disloqués et on été répartie dans le monde entier. Le départ d'Admilla a totalement déréglé le fonctionnement de Grand Line qui n'obéit plus à aucune règle et cela jusqu'à son...



« Mais ce n'est pas possible. Encore en train de lire ce livre ! Tu sais qu'il y a d'autres livres bien plus intéressants ? Comme ceux sur les plantes que je t'ai offert. Allez bouges-toi un peu et soit un peu plus réactive. Tu ne vois pas que t'es assises sur un tonneau et que les messieurs veulent le déplacer ? Mais ce n'est pas possible ! Qui m'a refilé une abrutie comme toi. Bon allez suis-moi. On monte sur le Boru Bodur.
- Madame, si je puis me permettre...
- Tu ne discutes pas et tu me suis sans broncher ! Et que sa saute ! »

Avec toute cette lecture, j'en avais presque oublié le mauvais caractère de mon maître...


Dernière édition par Mariza le Ven 25 Juil 2014 - 14:36, édité 1 fois
    Mon maître marchait d'un pas rapide en faisant abstraction à tout ce qui l'entourait. Elle repoussait et ignorait les appels des vendeurs, toujours plus nombreux autour de nous. Ils devaient nous prendre pour des touristes. C'était navrant. Nous longions les côtes d'Inari pour atteindre les nacelles. La brise marine me berçait et les goélands parsemaient le ciel. La mer était calme et on pouvait apercevoir des allers-retours entre les bateaux. Après une brève marche, nous arrivions devant la zone de nacelles numéro 3.

    Les nacelles constituaient le moyen de transport le plus fiable pour atteindre le Boru Bodur sans danger. Bien entendu, il fallait payer le prix cher, mais cela valait réellement le coup. Fouler le sol du Boru Bodur et pouvoir voir les temples des religions était vraiment exceptionnel. La zone de nacelles numéro 3 étaient la plus éloignée du port et à juste titre, la moins chère des cinq zones. Le commerce plus que lucratif des nacelles permettaient à la compagnie d'assurer une qualité de service irréprochable. Le principe des nacelles était assez simple. Une cage accrochée à un fil longeant les chaînes du Boru Bodur. Bien entendu, les cages étaient d'une finition impeccable : extérieur du panier en fer, l'intérieur en bois, des barrières pour éviter de tomber. Bref, le confort à l'état pur.

    Zorah était une habituée de cette zone et elle connaissait bien le responsable de la cage. Le trajet était pour nous gratuit et cette fois-ci, mon maître avait réservé la cage pour nous toutes seules. Elle entra la première et je la suivais. Le responsable activa le mécanisme et la cage commença à s'élever dans le ciel. Je me rapprochai des bords de la cage sécurisée et j'observai le paysage. D'un côté, il y avait la mer à perte de vue, les rayons du soleil se reflétant agréablement sur l'eau. De l'autre, on pouvait apercevoir la terre du Boru Bodur, les différentes cascades d'eau, la végétation dégringolant le long de la terre. C'était un paysage magnifique. Je me penchai un peu pour pouvoir voir Inari. La ville était désormais minuscule et s'apparentait un peu à une maison de poupée. Les différents habitants ressemblaient à des fourmis. On pouvait voir à divers endroits des masses noires, montrant une concentration importante de pèlerin. Un bruit de fer se fit entendre, ainsi que des bavardages plutôt bruyants. En l'espace de quelques secondes, une cage provenant du Boru Bodur passa à côté de nous et redescendit sur Inari. Mon maître soupira.

    « Quel âge as-tu Mariza ? »

    Je me retournai vers elle. Elle me fixait d'un regard sévère, comme d'habitude.

    « 18 ans Madame. On a fêté mon anniversaire ensemble. Vous m'avez acheté un gâteau à la fraise. Il était délicieux vraiment. J'ai soufflé les bougies et fait un vœu. C'était une soirée assez sympa. Après vous m'avez crier dessus et vous êtes allé dormir. Vous ne vous en rappelez pas ?
    - Bien sur petite sotte. Tout ce que je paye pour toi, je m'en rappelle. Mais ce n'est pas le plus important. Que se passe-t-il lorsqu'un admon a 18 ans ?
    -  Euh... La sélection pour la recherche de la relique d'Admilla ? Mais sa ne me concerne pas vu que je suis votre élève non ?»

    Mon maître ne répondit pas et un silence gêné venait de s'installer. Cela n'annonçait rien de bon pour moi. Vers la fin du livre d'Admilla, il y avait un passage assez trouble sur une relique. Un objet caché sur le berceau d'Admilla, l'endroit où elle a atterrit sur Terre et qui permettrait de la réveiller de son sommeil. Divers écrits racontent qu'elle se serait mise à hiberner en attendant le jour où le cœur des hommes sera assez pur pour la réveiller. La sélection avait pour but d'envoyer des jeunes à la recherche de cette fameuse relique. Mais à l'heure actuelle, personne n'avait réussi à localiser cette île et encore moins All Blue. C'était à mes yeux une quête inutile et vaine. Partir seule en direction de Grand Line sur une mer déchaînée avec tous les troubles actuels, c'était du suicide. Nous arrivions finalement sur le Boru Bodur.
      Les portes de la cage s'ouvraient et laissaient place à une vaste file d'attente. Il y avait une dizaine de personnes, faisant la queue, afin de pouvoir redescendre su Inari. Nous nous dépêchions de sortir pour leur laisser la place. Ils se bousculaient pour entrer dans cette minuscule cage et il était certain qu'il ne rentrerait pas tous dedans. J'étais de retour sur ma terre natale. L'air était bien plus pur que sur la terre ferme. On ressentait une présence divine répartie sur l'ensemble de l'île flottante. J'avais les yeux grands ouverts. Devant moi, toute la splendeur du Boru Bodur s'était installée. Ce n'était pas le coin affecté pour ma religion, mais cela restait tout de même un paysage magnifique. Les différents styles d'architecture qui le composait rendaient l'endroit similaire à un tableau contemporain. Le méli-mélo architectural rassemblait tantôt des églises néo-gothiques, tantôt des temples en pierre, tantôt des pagodes.

      Mon maître ne m'avait pas attendu et avait déjà commencé à se diriger vers notre temple. Je me dépêchai de la rattraper. Des enfants jouaient dans les rues, les vieillards étaient assis au bord des temples et contemplaient les passants. Les touristes ici était bien plus calme, symbole d'une piété et d'un respect profond pour la religion dont ils étaient issus. Le Boru Bodur était plein de vie. C'était mon chez-moi. De temps à autre, des connaissances venaient me saluer, mais je n'avais pas vraiment le temps de discuter avec eux. Mon maître ne ralentissait et je ne pouvais pas la perdre de vue. Les ruelles se faisaient de plus en plus étroites, les pentes plus abruptes. Il n'était pas rare de voir des personnes rebrousser chemin tant la difficulté pour grimper était grande. Notre temple se situait vers les hauteurs du Boru Bodur, mais n'empiétait pas sur un grand espace. C'était un temple très classique et sobre. Le faste et la démesure ne faisaient pas partie de nos traditions. Ainsi, lorsqu'on voyait notre secteur de loin, on croirait presque voire une ancienne cité en pierre blanche. Sans laisser percevoir une quelconque évolution architecturale avec le temps.
      Le temple en lui même était rectangulaire et assez grand pour pouvoir accueillir une centaine de personnes assises.  L'entrée était constitué d'une seule grande porte en bois située sous une arche assez massive. Au fil du temps, du lierre s'était installée dessus et en recouvrait une grande partie. Des petites fenêtres étaient situés à distance régulières. Les maisons aux alentours étaient également constitués de cette même pierre blanche. Elles étaient toutes similaires dans le style mais avec des tailles variable. La forme carrée de la maison à un ou deux étages permettait une harmonie et une concentration de personne sur un petit espace. Les fenêtres était agrémenté de volets bleus. L'endroit était assez fleuris. C'était un cadre idéal pour grandir.

      Je pouvais désormais apercevoir une masse de personnes devant le temple. Notre secteur semblait endormi. Il n'y avait pas l'effervescence habituelle, aucune joie. Aucun enfant ne jouait dans la rue. Il y avait juste une masse de personnes, calme, qui fixait l'entrée du temple sans un bruit. C'était bien le jour des sélections. Un jour rempli de tristesse où toute une existence peut basculer. La sélection était vraiment la chose la plus futile qui existe. Partir, tout laisser derrière soi : famille, amis , maison... pour aller chercher une chimère quelque part sur un lieu imaginaire qui n'existe sûrement pas. Il existait des ruses pour éviter cela comme se faire passer pour un abruti, un incapable, mais le succès était relatif. Avec de la chance, cela pouvait marcher, mais les examinateurs n'étaient pas dupe. Ils savaient différencier le vrai du faux. D'autres étaient beaucoup plus chanceux et étaient exemptés de cette quête pour cause de service pour la communauté.
      Pour ma part, j'avais un peu d'espoir. Mon maître passait son temps à me traiter d'idiote, d'incapable.  Si elle le disait aussi souvent, cela devait être vrai. J'avais donc de fortes chances de continuer mon apprentissage avec elle. Mon maître s'arrêta pour me donner ses dernières recommandations.

      « Ne stresse pas trop d'accord ? Sois toi même.
      - Vous voulez dire stupide ?
      - C'est exactement ça ! Ne changes pas. »

      Nous traversions le groupe de personnes sans leur décocher un seul regard alors qu'eux nous fixaient. C'était essentiellement des adultes, attendant le retour de leurs enfants. Nous entrâmes toutes les deux dans le temple.
        Un frisson me parcourra de la tête au pied. Une profonde atmosphère divine emplissait la pièce. De minces faisceaux de lumière éclairaient vaguement la grande salle. Notre temple, bien que rustique, présentait un grand nombre de pièces. Lorsque l'on entrait par la grande porte, on atterrissait directement sur la salle des prières, où les célébrations avaient lieu. Des rangées de bancs en bois étaient situées en face de l'autel. Ce dernier était constitué d'un pupitre amovible que l'on retirait lorsqu'il n'y avait pas de processions. Un piano était situé non loin de l'autel. Il était noir, assez usé, mais dans tous mes souvenirs, il exprimait un son parfait. Son son résonnait dans toute la grande salle et atteignait le ciel. Derrière le pupitre se trouvait la glorieuse statue d'Admilla. Elle n'avait pas souffert de l'usure du temps et étincelait sous des rayons de soleils timides. La statue représentait la scène du plaidoyer en faveur des humains. Admilla à genoux et en pleurs. La statue en pierre était d'une réalisation époustouflante. En regardant la statue, on arrivait à ressentir la tristesse. On voyait un flot continuel de larmes s'écouler de ses yeux de pierres.

        Zorah m'attrapa le bras et me tira vers l'est de la pièce. Nous traversions les rangées de bancs à vive allure. En deux temps, trois mouvements, nous arrivions devant une petite porte. Il y avait un petit écriteau avec la mention « Accès Interdit ». Je n'étais jamais entrée dans cette aile du temple. Elle était constamment fermée hormis pour des jours comme celui-ci. Le mystère qui se dégageait de cette aile avait fait naître chez tous les enfants d'innombrables rumeurs toutes plus saugrenues les unes que les autres. Par exemple : cette zone était maudite, cette zone était un accès vers les cieux où encore plus étrange, cette zone cachait le tombeau d'Admilla. Rien de bien sensé, mais qui nous occupait beaucoup lorsque l'on était plus jeune. De toute façon, il n'y avait pas grand chose à faire dans les alentours.

        Mon maître ouvrit la porte et nous pénétrâmes à l'intérieur de la salle suivante. Sur une dizaine de chaises, d'autres jeunes d'environ mon âge était assis. Ils me regardèrent avec un air triste. Je connaissais la plupart d'entre eux. Dans notre communauté très soudée, la majorité des enfants jouaient ensemble et restaient amis jusqu'à leurs majorités. Je pouvais donc reconnaître tous mes camarades de jeux que j'allais souvent voir lorsque je revenais sur Inari. Il était clair qu'il y avait mieux comme retrouvaille, mais cela restait toujours agréable de les revoir après une si longue absence. Mais l'atmosphère tendue qui régnait dans cette petite salle d'attente imposait un silence de mort. Seul des regards gênés s'adressèrent à moi. Aucun mot, aucun déplacement vers moi, aucune embrassade : rien. La situation était beaucoup trop tendue pour qu'ils puissent se permettre quelconque tendresse. Zorah me quitta et poursuivit dans la pièce suivante.

        Je pris place sur une chaise vide, isolée des autres, et je balayais la pièce des yeux. En dehors de moi, il y avait neuf autres jeunes. Sur ces neufs jeunes, j'en connaissais sept. Les deux autres étaient plus vieux et je ne leur avais jamais parlé. Soudain, la porte où était passé Zorah s'ouvrit. Apparemment, c'était celle où le conseil s'attelait à la sélection. L'un des jeunes entra et un autre en sortit. Je croyais rêver, c'était Stern. C'était un de mes amis d'enfance. Mon meilleur ami. qIl avait beaucoup grandi depuis la dernière fois et devait faire une ou deux têtes de plus que moi. Il avait laissé pousser ses cheveux écarlates. Il portait un costume noir, assez chic, qui n'avait rien à voir avec nos tenues traditionnelles. Il devait être allé sur une autre île, sinon il ne serait pas habillé comme ça.

        Il s'approchait de moi, tout en ignorant les questions de mes camarades. Mon cœur s'emballait et accélérait sa fréquence. Je sentais mon sang affluer et mon visage rougissait à toute à l'heure. Mes pieds tremblaient. À chaque fois que je le voyais, cela me faisait cet effet. Je devenais même incapable d'aligner trois mots successifs et de former des phrases sensées. En revanche, lui, il pétillait de charisme et marchait avec une assurance sans faille. Il attrapa une chaise et la plaça devant moi. Puis il s'assit. Je lui décochai un sourire béat. Mes yeux pétillaient et je le regardais droit dans les yeux. Il me sourit à son tour. Depuis quelques années, j'avais commencé à avoir des sentiments très forts pour lui. Et à chaque fois que je devais partir et être loin de lui, cela me brisait le cœur et je passais plusieurs journées à pleurer le soir.

        « Salut Mariza, alors quoi de neuf ? »

        Je balbutiait, incapable de former une phrase. Je me contentais donc d'un sourire.

        « Je viens de passer la sélection, mais ne t'inquiète pas. C'était surtout une question de mise en forme. J'en ai été exempté il y a bien longtemps, mais bon, pour être un peu plus juste, j'ai quand même passé les tests. Tu vas bien ? Tu es toute rouge et on dirait que tu as du mal à respirer.
        - Je... vais bien.
        - Super. Il ne t'arrivera rien à toi non plus, n'ai pas peur. La sélection, c'est surtout pour des grands mecs bien costauds. Récemment, j'ai fait une tournée sur South Blue. J'ai donné des concerts de piano dans des salles d'opéra. Le public était au rendez-vous et je devrais y retourner prochainement. » Il fit une pause. « Tu sais, Mariza. Je me demandais si tu voudrais bien venir voir un de ses concerts un de ses jours. Je vous trouverais des places à toi et à Zorah... »

        Et il me parla de sa vie, jusqu'à ce que mon tour vienne.
          La pièce s'était progressivement vidée et il ne restait plus que moi et Stern.

          « Respire... Reste calme et tout se passera très bien pour toi. Allez lève toi et bonne chance. Je te retrouverai dehors. »

          Je le regardais sortir de la pièce. Mon maître vint me chercher et m'accompagna jusque la pièce où se déroulaient les examens. Il faisait très sombre et je n'arrivais pas à distinguer les membres du conseils. Le conseil des Anciens était un regroupement d'éminentes personnes de notre religion et qui avait pour tache de gérer les fonds. Mon maître et mon père en faisait partie. Cela me donnait une chance, mais cela ne me rassurait pas. J'étais affolée, totalement désemparée. Que faisais-je ici et pourquoi ?

          « Bonjour Mariza, comment vas-tu ma chérie ? »

          Je connaissais cette voix, c'était celle de mon père. Je m'approchai d'un peu plus près. J'avais vu juste. Mon père était assis et me regardait de manière triste. Il ne semblait pas être de très bonne humeur.

          « Bien, nous pouvons commencer l'entretien. »

          Un autre membre venait de parler. Il me pria de reculer et de m'asseoir sur la chaise située au milieu de la salle. J'obéis sans rechigner. Droit devant moi, il y avait une table avec à ses bords, les membres du conseil. Ils étaient assis dans l'ombre. Mise à part cela, la pièce était incroyablement vide. Je ne savais pas où donner de la tête. Des murmures retentissaient dans la pièce. Était-ce mon père qui s'indignait ? Impossible pour moi de comprendre. Puis le silence revint. L'entretien allait donc commencer. Je me redressai et regardais fixement devant moi.

          « N'ayez pas peur, nous ne vous voulons aucun mal. Si vous le voulez bien, nous allons commencer. » Il fit une courte pause, sans doute pour ajouter un peu de solennel. « Vous êtes donc l'apprentie de Zorah. Vous avez donc des connaissances en soin ? »

          Zorah m'avait dit d'être stupide. Mais c'était plus difficile à dire qu'à faire. Comment faire pour paraître stupide alors qu'on l'est déjà ? Ah oui, je devais rester naturelle. Une réponse spontanée suffirait.

          « J'ai quelques connaissances mais mon apprentissage n'est pas encore terminé. Je ne suis aucunement l'égal de mon maître. Il me faudrait des années d'expérience pour pouvoir espérer être à son niveau. »

          Pas mal cette réponse. Je donnais l'impression de ne pas être prête.

          « Que pensez-vous du geste d'Admilla pour nous ?
          - Et bien, c'est un geste tout à fait honorable. Il est de notre devoir de respecter et de glorifier son acte par nos prières. Pour ma part, je prie tout les jours et essaie de respecter nos règles de vie le plus fidèlement possible.
          - Bien... Bien... Aimez-vous voyager ? »
          - C'est assez sympathique de découvrir de nouveaux paysages, découvrir les coutumes de nouveaux peuples. Mais à vrai dire, je ne suis pas apte à me débrouillée seule. Sans mon maître, je serai peut-être déjà morte.
          - Pensez vous être socialement inadaptée ?
          - Euh... Je ne sais pas. »

          Cette question là était plutôt étrange et je ne savais pas trop quoi répondre. Les questions s’enchaînaient et je répondais toujours aussi spontanément. J'avais l'impression que cet entretien durait une éternité. Au bout d'un moment, on me fit sortir, ce que je fit sans broncher. Je soufflai fortement, le plus dur était passé. La porte se referma. Je restai devant la porte et collai mon oreille dessus. Les membres du conseil étaient en pleine délibération. Tous s'accordèrent rapidement sur le sort des autres jeunes. Aucun d'entre eux n'avait d'expérience suffisante pour partir à la recherche de la relique. Il ne restait plus que moi et les délibérations s'annonçaient musclées.
            La mauvaise isolation du temple était une aubaine pour une petite chapardeuse comme moi. J'étais aux premières loges pour écouter les délibérations sur mon avenir. Cela aurait beaucoup plus sympathique si j'avais pu me défendre seule. Mon père commença et prit la parole. Mon père avait toujours été très protecteur envers moi et aujourd'hui encore, il le montrait. Sa défense était toute simple : une jeune fille seule ne peut survivre, qu'un garçon ferait mieux l'affaire. C'était légèrement misogyne comme défense, mais si cela marchait tant mieux. Zorah semblait également être de son côté, mais n'était pour l'instant pas intervenue. Cependant, tous les autres membres du conseil étaient du même avis. Je devais partir à la recherche de la relique. D'après eux, j'étais la seule ayant tous les pré-requis. Je pouvais me soigner toute seule, trouver de quoi manger. J'avais déjà voyagé sur le monde extérieur... Bref des éléments qu'aucun autre candidat ne possédait hormis Stern. Les délibérations commençaient à tourner au vinaigre. Bientôt, on eut l'impression d'entendre une dispute. Ce spectacle me désolait si bien que je décidai de sortir dehors. Avant de sortir, je pus toutefois entendre mon maître s'exprimer une dernière fois sur ma stupidité et mon inexpérience. Et pour finir, l'annonce finale : j'avais été choisie.

            J'étais désormais à l'extérieur. Le soleil était au plus dans le ciel et m'éblouit. Une fine brise s'était levée et faisait onduler ma frange. Stern était toujours là, assis sur les marches. Il m'attendait.

            « Stern... »

            Il se retourna et me fit signe de s'asseoir à côté de lui.

            « Alors, comment ça s'est passé ? Tu fais une drôle de tête. T'es toute pale, tu veux de l'eau ?
            - Non... ça ira... »

            Il posa sa main sur mes cheveux.

            « J'ai peur...
            - T'inquiète pas Mariza. Je te promets que tout se passera bien. »

            Plus un bruit. Plus rien n'importait pour moi. Je faisais le vide dans mon esprit. Les battements de mon cœur ralentissaient. J'étais devenu une statue, vide, sans âme. Je ne bougeai plus. Des dieux... des religions... il en existait beaucoup dans ce monde. Ma religion était bonne à tout point de vue mais cette quête pour une chimère me révulsait. Comment pouvait-on obliger des jeunes à tout laisser tomber ? C'était totalement insensé. Pourquoi moi et pas un autre ? C'était injuste, totalement injuste. Je voulais pleurer, mais je n'y arrivais pas. Mes sentiments s'étaient stoppés nets, impossible de réagir suite à cette révélation. Petit à petit, la place se vidait. Les autres jeunes rentraient chez eux, le sourire aux lèvres. Et je restais assise jusqu'à ce que le conseil me rappelle. Après cela, je ne me rappelai plus de rien. Le conseil annonça mon départ et mon cerveau se figea. Mon père et mon maître me raccompagnèrent chez moi. Je vis ma mère, en larme. Elle ne comprenait pas. Personne ne comprenait ce qui se passait. Mon père était révolté face à l'attitude du conseil mais il devait se résigner. J'allais me coucher sans manger.

            Avachie sur mon lit, je restai figée. Je n'arrêtai pas de penser à mon sort funeste. Zorah était venue me parler du monde extérieur. Des différentes factions présentes sur les océans. C'était à moi de choisir mon camp pour survivre le plus longtemps possible. Après cette brève mise en garde, elle me fit comprendre que si elle avait été dure avec moi toutes ces années, c'était, car elle voulait que je devienne une meilleure personne. Elle voulait que je la remplace. Mais à présent, c'était impossible. Elle m'embrassa sur le front et partit. J'avais cru voir des larmes sur son visage. Il était vrai qu'elle avait été dure avec moi, mais avec le temps, elle était devenue comme une mère pour moi.

            Tac...Tac...Tac... Quelqu'un jetait des cailloux sur ma fenêtre. Je me levais et me dirigeai machinalement vers elle. Il faisait maintenant nuit noire. J'ouvris ma fenêtre et je vis Stern. Il me fit signe de le rejoindre.
              Je sortais de ma maison en hâte. Mes parents dormaient et pour ne pas les réveiller, je sortais sans un bruit. La lune était belle ce soir-là. Une pleine lune, scintillante et éclairant la ville d'une belle lumière azur. Sterne m'attrapa le bras et me tira à travers la ville. Je le laissais faire, sans opposer une quelconque résistance. Nous arrivions sur un des bords du Boru Bodur. Je levais les yeux au ciel. De nombreuses étoiles illuminaient le ciel de mille feux, et une étoile filante vint s'ajouter à cette magnifique toile nocturne.

              « Fais un vœu Mariza. »

              Je regardais Sterne dans les yeux. Un vœu.... Tout cela était beaucoup trop parfait. La pleine lune, les étoiles ainsi que l'étoile filante... C'était comme si le hasard avait tout mis en œuvre pour rendre cette scène le plus romantique possible.

              « Alors ce vœu ?
              - J'aimerai... que cette journée ne se soit jamais passée. »

              Sterne me regarda en souriant et plaça ses bras autour de moi.

              « Tu sais, si tu dis ton vœu à haute voix, il ne se réalisera pas.
              - Je sais.
              - Alors pour... » Je lui coupai la parole.
              « De toute façon mon vœu ne se serait pas réalisé. Et puis, on n'aurait pas été ici tous les deux. »

              Il ne répondit pas. Que pensait-il actuellement ?  L'avais-je effrayé. Durant toutes ces années, je n'avais jamais été aussi directe. Je l'aimai profondément et à cet instant, j'avais peur de l'avoir perdu. Il me voyait peut-être seulement comme sa petite sœur, ou comme une amie.

              « Avec tous les évènements de la journée... J'ai beaucoup réfléchi et... ça m'est juste venu comme ça. Du coup, vu que tu quittes l'île. Je me demandai si tu ne voulais pas venir avec moi sur South Blue.
              - Tu sais bien que c'est impossible. J'ai une mission à remplir, je...je...
              - Au diable la mission ! Ne risque pas ta vie pour rien. Je ne supporterai pas de te perdre. »

              Je restai bouche bée, il me serra plus fort et posa sa tête sur mon épaule.

              « Ce n'est pas facile à dire, alors je ne vais pas y aller par quatre chemins. Toutes ces années, lorsque tu partais, cela me fendait le cœur. Et puis, les rares moments où tu étais de retour, on n'arrivait pas trop à se voir tous les deux. Mariza... »

              Que pouvais-je lui répondre ? Que je l'aimais de tout mon cœur ? Que je voulais passer le plus de temps possible avec lui ? C'était tout bonnement impossible. J'avais eu une mission et la religion était plus importante que mes sentiments. Notre hypothétique relation ne serait pas pure et nous serions indigne du sacrifice d'Admilla. Je devais partir au plus vite, m'enfuir, m'éloigner de lui.

              « Sterne... »

              Il desserra son étreinte et je me retournai vers lui. Les larmes coulaient abondamment de mes pauvres yeux. Il voulut parler et je l'embrassai pour l'empêcher de parler. J'aurai voulu que cette soirée ne s'achève jamais, que nous restions ici, tous les deux jusqu'à notre mort. Mais je devais partir.

              « Je... suis désolé. »

              Je le frappai dans le ventre. Il était toujours conscient et me regarda tristement. Je partis en courant. Il y avait mieux comme adieu mais la douleur physique allait le protéger de la douleur morale. Pour ma part, il était temps pour moi de quitter mon île.