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Incognito ça va, deux bonjour les dégâts.



Jaya.

Pas faute d’en avoir entendu parler d’ce fameux repaire d’la flibuste et d’trafics en tous genres. Aussi brillant qu’les bijoux d’une putain en plein soleil et aussi poisseux qu’les doigts où ils s’exhibent. Un sacré coin pour avoiner en toute liberté et faire valoir sa gueule et sa gloire aussi. Mais à c’point là… franch’ment j’aurais pas cru.
Bon ok, l’fait qu’une guerre civile semble avoir éclaté et qu’la moitié du port semble mijoter dans l’chaudron des enfers sous l’coup d’invités surprises doit pas être de tous les jours, j’excuse donc les riv’rains du bordel où ils me laissent débarquer, les malotrus.

Le pire c’est que ça n’a pas été évident en plus ! Ces glandus d’la Translinéenne n’voulaient finalement pas faire accoster leur crustacé géant, soi-disant parce que c’était trop dangereux et qu’ils ne voulaient pas être mêlés à ça et encore moins s’mettre entre la marine et qui qu’ce soit. Sauf que pour le coup, y ‘en a bien certains –eux- qui s’mettaient entre la marine et d’autres –moi-, c'est-à-dire dans la place hautement létale qui m’sépare d’ma Rachoupinette. Et j’vous l’dit  tout d’suite j’ai pas fait des miles à la brasse et à dos d’langouste géante pour keud’, tout bien élevée qu’elle fut cette langouste.
Le « navigateur » a donc fini à la flotte d’un élégant vol plané, et à force de moult politesses Tojiennes v’là l’crustacé qui m’débarque de plus ou moins bon grès suffisamment près pour que j’finisse à la nage. Comme quoi, dès qu’on ponctue suffisamment bien une demande tout passe, surtout si on insiste bien sur les poings.


Me v’là donc posant enfin les pieds sur l’archipel, humant dans l’air c’doux parfum d’la poudre d’la peur et du sang. Ça sent comme à la maison. Alors sans crainte et avec l’aisance du gros poisson qui nage en eaux connues je m’dirige vers le centre, bien décidé à aller voir du côté du bordel si j’trouve pas quelques anglaises bien connues. Sauf que. Mieux vaut la jouer discretos au début, ça m’dérangerait d’ameuter toute la marine la flibuste et la poisse du monde à mes basques juste pour délit d’sale gueule. Et d’trahison aussi ok. Et d’complot. De meurtres. De… Bref ! Un déguisement s’impose, en tous cas l’temps d’repérer ma cible et d’lancer une approche efficace. Ma troisième couille à couper qu’si j’apparais d’vant Rachel en avoinant d’la mouette à tour de bras elle va s’braquer toute susceptible qu’elle est. Et puis j’suis là pour parler moi, les avoines ça viendra en temps et en heures et j’compte les heures sup’.

Alors bon, quand on mesure autant qu’Reverse Moutain et qu’on est à peine moins imposant, les idées d’déguis’ment restent assez limitée. N’en déplaise à c’brave Salem –paix à ses veuves- j’compte pas ressortir la perruque cette fois, on va tacher d’rester dans du sombre et du moins mauvais gout. D’autant qu’dans la précipitation d’quitter ce foutu royaume d’Alabasta j’en ai oublié mon classique poncho géant et ma fausse barbe spéciale anonyme, alors va falloir trouver ça sur place et fissa.


Mes pas avalent donc la distance avec un appétit insatiable ; et les échos d’la bataille enflent à l’inverse tandis que j’rentre dans la cité du vice : Mock Town.
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Un grand manteau brun, d’une taille à même de faire pâlir d’jalousie un chapiteau d’cirque et accompagné d’un large chapeau d’pluie, voilà c’qui jusque là fait barrière entre moi et l’monde de la reconnaissance et des effusions sonores. La célébrité a du bon croyez moi, mais là non.

Alors bon, d’ordinaire et vu les lieux cet accoutrement devrait largement suffire à c’que tous les clampins rencontrés me rangent dans la catégorie des types qui n’veulent pas être emmerdés et qui sont suffisamment massifs pour qu’on leur concède ce droit, mais là visiblement c’est pas l’cas. Putain des mecs louches à Mock Town y a jamais eu pénurie, mais on dirait qu’aujourd’hui la chasse à l’homme est de mise. Et si jusque là tous les zig’ m’ont lorgné de travers sans exception à mon entrée pourtant discrète en ville, ils étaient trop peu nombreux pour trouver l’courage d’aller au bout d’leur curiosité. Sauf que ça va pas durer si j’en crois la loi d’l’emmerdement maximale. Déjà j’peux mirer quelques loustics un brin plus suspicieux qu’les autres qui commencent à m’filer l’train à distance respectable, pour autant qu’on puisse trouver un truc de respectable dans cette ville. Mieux vaut qu’je bifurque sur les rues annexes et dare-dare avant qu’ça n’dégénère et qu’doivent user des poings pour qu’on respecte mon intimité.


-Regarde-le celui-là…
-Ouais, sûr que ça doit en être un lui aussi.
-Ftu ! Foutus marines, s’ils croient qu’on les r’connaît pas.
-Ouais t’as raison, pas à nous. Ftu !

Le dialogue ponctué d’crachats haineux dont m’gratifient les deux flibustiers que j’croise au détour d’un angle n’échappe pas à mes esgourdes malgré l’ton couvé. Bordel, v’là qu’on m’prend pour un marine maint’ant ! Ca c’était avant les mecs, vous avez un Puffing-Tom de retard. Toujours est-il que j’me doute maint’nant d’la raison amenant la suspicion d’toute la faune à l’égard du type louche qui rentre en ville, c’qui n’arrange pas un brin mes affaires. Putains d’Rhinos, mais par toutes les pustules du cul d’Céldèborde qu’est c’que vous avez foutu ?

J’agrandis l’pas à défaut de l’accélèrer histoire d’presser la vitesse sans paraître plus louche que d’rigueur, sauf que la masse derrière moi enfle à chaque venelle avec toujours plus de manches de pioche en mains. Faudra pas beaucoup plus de temps pour que j’doive ventiler dans l’tas et ça j’m’y refuse encore. Après j’sens qu’ça va partir en marav’ générale, là franchement j’suis saoulé et j’veux pas encore plonger les mains d’dans. Nan faut que j’trouve une solution et vi…

« Father & Son, costumes. »

Sans dèc’ ?...



J’m’arrête comme un ahuri deux bonnes secondes, planté d’vant l’panneau surplombant la petite boutique miteuse qui m’fait face au détour d’trois ruelles. Derrière moi la clique ne va pas tarder à rappliquer, mais pour l’moment j’temporise. Nan mais sans dèc’, vous m’prennez vraiment pour un pinpin c’est ça ? Alors soit l’destin est un sacré rigolard, soit il m’prépare un coup d’vache en douce et attend en souriant d’voir si j’me décide à plonger d’dans d’bon gré comme un gros gland que j’peux être.

Oh et après tout... je rentre.


Dingelinggeling !

La petite sonnette grelotte tandis que j’pousse prudemment la porte vitrée total’ment opacifiée par la croûte de poussière qui la recouvre elle et la vitrine, comme si j’m’attendais à tout moment à c’qu’un type armé d’un panneau « piège » se jette devant moi en criant : « ahah ! ». Pas d’panneau ni d’crétin vociférant ? Bon, j’referme en quatrième vitesse la porte avant de filer vers le comptoir et d’aplatir la sonnette que j’y trouve d’un bon plat d’la main.

Ding-VLAM !

J’attends, un œil sur la rue où j’m’attends à entrapercevoir d’un instant à l’autre mes vindicatifs poursuivants, l’autre –si je l’avais encore- lorgnant sur l’intérieur de l’échoppe qui visiblement a connu des jours meilleurs. Tout n’est plus que poussière et grandes rangées de costumes mités suspendus du sol au plafond, tels d’innombrables fantômes attendant juste qu’on n’les réveille. L’carnaval n’a plus la côte sur l’île depuis un bail, et c’est pas faute aux pirates qui niveau costume savent parfois jouer de l’originalité. La crise que voulez vous, faut savoir s’adapter et c’est pas l’cas d’tout l’monde visiblement.

-Ouiiiii ?

La voix m’tire de mes observation ; et j’regarde à mes pieds tant j’suis persuadé qu’elle doive prov’nir d’un quelconque rongeur. Faute de rat j’remonte la mire de pas beaucoup d’centimètres pour arriver sur la trogne du maître-costumier Father. Une tête qui n’est que l’prolongement d’son nez, de grandes moustaches fines partant sur les côtés, j’parierais trouver du formage dans ses poches et aucune mort au rat dans les angles.

-J’veux un costume, et vite !
-Oh. Une fête organisée à la dernière minute ? On se retrouve pris au dépourvu et on veut faire bonne impression ? Je comprends.
-Oui oui c’est ça. Vite.
-Des idées particulières, une thématique à cette soirée ?
-C’est soirée « pas un morceau d’peau qui dépasse » vous connaissez ? Et vite !
-Hm… difficile vu votre carrure je le crains.

Pas un moment mon œil n’a lâché plus d’une demi-seconde l’épais voile grisâtre de la vitrine où déjà j’peux deviner des ombres se mouvoir.

-Vous allez bien m’trouver un truc, vite.
-Hm, je réfléchis…
-Ok, j’vous ai déjà dit que j’étais pressé ?
-J’aurais bien… ce costume de soubrette masquée.
-…
-…
-…
-… Sinon j’ai aussi ce costume géant de sapin.
-Oui mais si on danse... trop encombrant !
-Sinon il y aurait bien ce costume de licorne, mais il faudrait être deux pour faire le train arrière je le crains… vous avez un ami susceptible de */…
-Naon !

-Et celui là juste là ?!

-Ah celui là ? Navré mais je crains qu’il ne soit déjà réservé pour */…
-Un million d’berry ça ira ?
-Je vous l’emballe ?

Deux temps trois mouvements et quatre jurons plus tard, me v’là arborant une nouvelle peau, certes pas forcement plus discrète mais suffisamment originale et percutante pour tromper les plus abrutis d’la racaille locale. Autrement dit les neufs dixièmes.

-Il vous va comme un gant !
-*grogne*…


Et c’est sans avoir le temps pour un dernier juron d’rigueur que j’peux voir face au magasin l’attroupement arriver, apparemment énervé de m’avoir perdu d’vue ce qui me déplace directement de la pile suspect à celle des cibles à abattre. Faudra pas beaucoup d’temps avant qu’ils ne s’décident à fouiller la boutique et à lyncher tous ses occupants sans question préalable. Bon ben quand faut y aller…

J’inspire un bon coup, avale plus ou moins d’travers mon égo, puis enfile la tête de mon costume avant d’pousser la porte du magasin et d’sortir dans la rue. Pas si loin qu’ça le bruit des combats s’est intensifié, mais pour l’heure c’est pas forcement là d’ssus que s’concentre mon attention. J’dirais plutôt qu’elle va à la trentaine de regards qui n’peuvent désormais plus s’décrocher d’ma vue, oscillant entre méfiance et stupéfaction.

Au culot ça passe toujours.



Enfin…

Même avec un costume géant de grand lapin bleu ?...


Toji subtilement costumé:
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Le vent souffle dans l’étroite ruelle, soulevant un journal qui se frayera avec difficulté son chemin tourbillonnant entre les statues que sont d’venues mes charmants poursuivants. Dans l’silence le plus total nous nous dévisageons donc, les sons de la bataille pourtant imposants semblant s’être mis d’accord pour marquer une pause, juste le temps de. Grand moment donc, où j’ose pas faire un geste de peur d’déclencher un Buster call. Puis j’me sens con aussi, même si ça paye pas d’mine de dehors et que j’fais tout pour conserver l’bluff, j’peux vous dire que j’la ramène pas en d’dans d’mon armure de fourrure et d’mousse.

Puis finalement le plus hardi du lot qui s’est improvisé chef de chasse pour la lutte au sorcière ouvre la bouche, et c’est l’monde entier qui redémarre dans tout son tintamarre.

-Putain mais t’es qui toi ? T’es quoi ?

Haussement exagéré des épaules, je lève les paumes en l’air sans un mot.

-Tu t’foutrais pas un peu d’nous là ?

Ouiouioui mon bon m’sieur ! Nonnonnon qu’fait mon immense tête en agitant ses oreilles.

-Les gars, j’crois qu’on a un gagnant.

Faites tourner l’mot, le culot c’est dépassé. Bordel.



Concert de courtes lames qu’on sort du calbut’ de barres à mine qu’on empoigne et d’poings américains qu’on enfile, ça va être le festival du marron et c’est pas mon agent d’probation qui va m’féliciter c’est moi qui vous l’dit. Bon en même temps j’en ai jamais eu et tant mieux pour lui. Le cercle de visages patibulaires mais presque se resserre… Dans mes grosses moufles je sers aussi des pognes en attendant l’bon moment pour trouer l’étau et filer à la révo…

-Aller les gars j’veux qu’on en fasse un civet. Abattez moi ce c*/…
-OH C’EST QUOI C’BORDEL ?

Cent décibels nous frappent tous sans distinction, calmant la vindicte et trouant la foule avec la même facilité. Puis leur maitre arrive à son tour tandis qu’les sifflements daignent enfin cesser dans les oreilles de la plèbe, avec ses cents kilos d’muscles luisant et surtout son bandeau frontal exhibant aux yeux de tous un fanion qui semble paralyser tout l’monde : un arbre aux pendus.

-Nan mais vous alliez faire quoi là ?
-Ben c'est-à-dire que…
-Arrêter d’emmerder l’lapin, il est à nous.
-Ah bon ?
*Ah bon ?*
-Ouais ! D’abord ! Alors si tu n’veux pas que mon boss se foute en rogne t’as intérêt à pas toucher à un seul de ses rognons compris.
-J’voulais pas*/…
-Tu voulais pas ? Dis toi que l’fond du port est rempli d’mecs qui n’voulaient pas, compris ?
-Ok
-OK ?
-Ok.

Sans plus attendre le type m’agrippe par une épaule avant d’me tirer dans son sillon tandis que craintive la foule s’ouvre comme face à un prophète, avant de s’immobiliser quand il s’rend compte que malgré sa taille respectable je n’ai pas bougé d’un iota. Oh pardon, au-temps pour moi. J’fais mine d’enfin m’laisser tracter d’un seul coup, comme si les lois d’la physique avaient eu un dératé qui s’étaient vite rattrapées  aux branches. J’suis faible ‘scusez moi, j’me laisse emmené ‘scusez moi.

-Viens par là toi, on est d’jà à la bourre et j’peux te dire que l’boss est pas d’humeur.
-…
-On l’a saoulé tant qu’on a pu mais il reste limite là, alors on compte sur toi compris ?
-…
-Je me trompe où ils ont pas choisi un loquace cette fois ?
-…
-Bon ben j’espère que tu seras plus bavard d’vant l’boss… sinon c’est l’port pour nous tous, compris ?


Compris mec, t’inquiète pas pour moi. Compris surtout que j’vais t’fausser compagnie dès qu’on sera un peu seuuuuuu…l ? Ou pas. Un coup d’œil me confirme que dubitative la foule nous suit d’à peines quelques mètres, peu convaincue de c’qui vient de s’passer et encore moins de ce qu’elle pourrait rater si elle n’était pas là où il fallait et quand il fallait. Et puis on s’éloignait de la zone des combats, ça vaut donc mieux pour tout l’monde.

Maudissant l’destin qui doit bien s’marrer en imaginant la suite, je suis donc mon mystérieux sauveur en attendant enfin l’occaz’ de mettre les voile et d’courir après ma Rachou. D’ici là… on verra bien.





[…]





Allez savoir comment, pas plus d’cinq minutes plus tard me voilà dans les coulisses de c’qui a dû être un jour un immense hôtel de luxe excentré, dont toute une partie servait certain’ment de théâtre ou d’opéra. En tous cas mes gros pieds duveteux foulent maintenant les planches, face à un épais rideau rouge derrière lequel gronde le tumulte d’une foule dans l’attente. Et toujours au moins une dizaine de loustic qui n’cessent de m’zieuter… Bordel mais comment j’ai pu en arriver là moi ?

Monsieur Compréhension vient alors vers moi d’un air excité après avoir jeté un coup d’œil furtif au public. Comme une puce le gars. Grosse et moche la puce qui plus est.

-Bon mon gars va falloir assurer là compris ?
-…
-Le dernier a pas duré plus d’deux minutes et l’boss a pas été calmé pour un sous […]

Comment ça « le dernier a pas duré » ?

[…] alors tu vas m’faire le plaisir d’nous sortir tes meilleures blagues compris ?

Comment ça « mes meilleures blagues » ?!

J’ai pas l’temps d’aspirer assez d’air pour répliquer ou d’dire à mes jambes qu’il faut s’tirer qu’le gars m’donne une tape presque compatissante sur l’épaule avant d’se reculer hors champ avec les autres intermittents du spectacle qui déjà s’lèchent les babines en m’voyant rôtir sur place. Et moi j’reste là comme un con, incapable de faire un pas ou même de souffler trop fort, comme soudainement hypnotisé par c’grand rideau carmin qui éveille en moi d’étranges impressions. Et dans un coin d’ma tête, une question : C’est quoi déjà c’Jolly Roger ? Sûr de l’avoir d’jà vu quelque part, mais où ? Bordel je n’s*/… le rideau s’ouvre brusquement.

Clang !



Un immense spot se braque alors sur moi tandis qu’toutes les autres lampes sont recouvertes, m’aveuglant dans ce puissant rayon d’lumière qui contraste alors subitement avec les ténèbres de la salle. J’suis dans un puit d’lumière, seul au monde. Seul face au silence aussi.

-Hm-hm !

Ma gorge s’assèche plus vite qu’une goutte d’eau sur Alabasta… et mes yeux qui s’habituent peu à peu au projecteur et aux ombres qui gravitent devant moi. Et qui le regrettent amèrement.

Une centaine de pirates guettant sagement le moindre de mes mouvement dans le silence le plus total. Plus une main ne bouge, plus un pop corn n’est mâché… Et au centre de la pièce, perçant la mousse de mon costume tel un chalumeau, le regard d’un homme. Le regard fou d’un homme affalé comme il peut sur un immense trône trouvé on n’sait où, recouvert presque intégralement de bandage et de plâtre mais où l’on devine une fureur bouillonnante. A ses pieds de véritables monticules de bouteilles vides et de tonneaux éventrés… mais au travers du voile de l’alcool, cette pointe d’intelligence et de malveillance pure. Et j’me souviens tout à coup sur quel avis d’recherche j’ai pu voir ce fanion…


Arturo, pirate primé à 175 Millions.



Et pas réputé pour être un mécène des arts si j’ai bonne mémoire.



-Glups.

J’reste figé dans l’temps et l’espace, cible de toutes les attentions et pas seulement des plus curieuses nan, des plus mauvaises aussi.




Au loin le rire lugubre du destin qui s’poile.

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Bon, y’a un truc qu’est sûr : j’ai pas les couilles sorties des ronces, d’autant qu’ça m’prends 50% de temps d’plus que tout l’monde.

Et toujours c’foutu silence… sans déc’ vous pouvez pas regardez ailleurs juste 2 secondes ? nan, même pas pour m’faire plaisir ? Bon…. D’autant qu’avec un type de la réput’ d’Arturo, un Soru f’rait qu’éveiller de l’intérêt sur ma véritable identité avec tout l’bordel que ça engendrerait. Quoiqu’il a pas l’air très vivace le Zig’ tout couvert d’bandages neufs et d’sang qu’il est. L’a p’tite mine pour c’que j’peux en voir d’ma position, qui plus est avec tout l’alcool qu’on lui a enfilé derrière la cravate. Faut dire que pour lever l’coude l’pauvre bougre a b’soin d’aide deux fois plus que tout l’monde huhuhu. Tiens ça c’est une blague qui pourrait… nan oubliez.


Alors ça cogite ça cogite, mais du coup l’temps passe et toujours pas une foutue goutte de salive qui veut bien m’tapisser la gorge. J’ai l’esprit qui s’enfuit en introspection mais du coup ça n’aide pas à briller sur les planches, loin de là. Et la foule qui r’commence à gronder, flottant entre impatience et attente de la réaction d’celui qui a la réput’ d’avoir le sang chaud et l’couteau facile. La main d’Arturo s’élève lentement, luttant contre sa propre entropie… et comme un présage de la fin du monde tous s’écartent de lui comme de moi du moins en pensée. Et Monsieur Compréhension qui s’jette dans sa direction quitte à d’voir marcher sur quelques têtes pour arriver plus vite, à temps. L’homme parle trop vite pour paraître tranquille, on sent la peur dans chacune de ses phrases, trop soyeuses pour être sereines.

-Attendez boss, ça va commencer, ne vous impatientez pas.
-…
-Tenez, reprenez un verre. QU’ON LE RESSERVE !
-…
-Le lapin va commencez vous allez voir, il est juste timide.
-…
-Vous aimez ça les lapins patron hein, vous vous en souvenez hein ?
-Oui
-C’est mignon les lapins hein, ça vous calme les lapins hein ?
-Oui
-Ah vous voyez, celui là est magnifique hein ?
-Oui
-Et IL VA TRÈS BIENTÔT COMMENCER HEIN ?


Derrière les paupières à moitiés closes d’Arturo, le regard fou qui n’a jamais décroché d’ma personne. Toutes les attentions se recentrent sur moi tandis que le tout nouveau lieutenant du pirate me foudroie du regard presque en m’implorant à la fois.



-Hum !



J’inspire à plein poumon… Et dans ma caboche reviennent tout un lot d’souvenirs pêle-mêle avec toujours c’fond d’nostalgie qui vient d’je n’sais où et qui m’a envahi depuis qu’j’ai sentit l’parfum du bois et d’ce vieux rideau. Les grands classiques sortent alors d’eux même, comme en roues libres :



-Vous savez ce qui est mieux qu’un révo dans une poubelle ?

Grand silence, la salle est encore froide. Mais j’me démonte pas et enchaîne en mode pilote automatique.

-Deux révo dans une poubelle.

Rires discrets dans un coin d’la salle mais qu’on pourrait presque prendre pour des quintes de toux.

-Et vous savez c’qui est mieux que deux révo dans une poubelle ?

Nouvelle attente où j’peux voir la moitié du public commencer à chercher entre ses trois neurones voir si la réponse ne s’y trouverait pas comme par magie.

-Un révo dans deux poubelles !



(…)



L’intégralité d’la salle flotte dans un état second pendant d’interminables secondes …

... Avant d’éclater tout à coup en un concert de rires gras et spontanés, débordant de chaque gorge comme à grands bouillons !


Alors moi à l’intérieur d’mon immense tête de lapin bleue, j’me lâche !


Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 19 Juil 2014 - 9:38, édité 1 fois
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Quelques minutes de folie et d’acharnement ludique sur les minorités plus tard…


-Roah putain t’as été bon mon gars !
Celle du cactus de la bonne-sœur et du chameau m’a tué sans déconner !

Les autres tarés sont à fonds et le boss t’a pas encore tué ; et ça c’est super bon signe. Alors continue comme ça compris ?

Bon aller moi j’retourne auprès d’lui !




Sans que j’rétorque un seul mot v’là l’optimiste en puissance qui s’refait la malle, me laissant une fois de plus seul derrière l’grand rideau rouge qui me sépare d’une foule bien impatiente comme il faut le temps d’un entracte bienheureux. Non pas que j’sois à cours de blague sur un peu tout c’qui a l’malheur de marcher sur le monde, mais rien qu’pour boire un peu d’flotte à la paille c’était important. Puis faut savoir jouer ses effets et l’attente en est un de choix. C’est que j’me prendrais au jeu moi l’air de rien huhuhu. Signe de tête aux pirates cachés en coulisses qui me font de grands gestes admirateurs… j’suis bon que voulez-vous.

Derrière la tenture, les cents bouches du public hurlent dans une excitation fiévreuse.


-LE LAPIN ! LE LAPIN ! LE LAPIN ! LE LAPIN !

Ah les braves petits.



(…)


-[…] et là le mec chope la corde et lui dit : « C’est pas grave t’auras qu’à te tenir à l’autre ! ».

-AHAHAHAHAHAHAHAH !!




Pim ! Une victoire de plus pour Toji. Attention bande de moules j’passe à la vitesse au d’ssus vous allez voir ; j’ai d’la réserve et si j’dois vous faire à moitié crever d’rire pour pouvoir m’tirer ben ça va pas m’empêcher d’dormir. KO que j’vais les mettre à la force des zygomatiques tell’ment chuis balaise dans mon ensemble j’vous dis ; et y en a pas un qui va m’résister.

Pas un sauf un en fait. Arturo. Qui lui n’a pas moufté un putain d’son depuis mes débuts dans l’One-man-show. Mais à priori d’après sa réput’ et c’qu’à pu m’en souffler son lieutenant faut prendre ça comme de sacrées éloges alors… J’enchaîne en attendant d’trouver la faille, bien décidé à tous les plier en dix et pas au sens propre du terme pour une fois.



Sauf qu’tandis qu’mes blagues se suivent et n’se ressemblent pas, j’peux voir d’mon point d’vue et au travers de mes p’tites grilles noires un léger mouvement devant moi. Comme une mouvance dans l’courant ou plutôt dans les ombres du public et de la salle. Ouais, pas d’doutes possibles, on bouge lentement mais surement. L’action se rapproche imperceptiblement d’Arturo quant à lui toujours focalisé sur moi… puis au fil des secondes un grand types couturé de cicatrices qui se détache du lot en s’plaçant à l’insu de tous derrière la terreur en chef. Ça sent l’vilain croyez moi sur parole m’sieur dame, il est pas là pour lui masser l’cuir chevelu. Pour ma part je continue à jouer l’rôle qu’on m’a imposé, l’air de rien mais les yeux sur l’qui-vivent. Puis fatal’ment ça dégénère.


-Ta dernière heure a sonné Arturo ! A moi la gloire !

La voix de m’sieur cicatrices coupe une de mes blagues favorites en plein milieu, mais j’lui en tiens pas rigueur et m’arrête poliment. Il a l’air motivé j’m'en voudrais d’gâcher son effet, d’autant que ça a l’air de réussir puisque tout l’public s’est retourné subitement vers lui et sa future victime, qui quant à elle n’a pas émis le moindre geste. Le peut-elle seulement ? Entre l’alcool et les innombrables blessures et plâtres, Arturo peut il seulement encore bouger ? Et c’est là que j’remarque qu’en fait, dans cette salle, pas bézef’ de gars portent son emblème… pour ne pas dire aucun à l’exception de son fidèle lieutenant qui n’en mène pas large ! Que des gus sans fanions ou alors barrés. Ils avaient été rassemblés là pour se faire recruter ? Allez savoir. Toujours est-il que ça va sentir l’sapin pour le manchot d’ici pas longtemps. Déjà son assassin brandit bien haut son immense cimeterre.

-Meurs Artur*/ Gleuhargl !...

Un geste trop rapide pour la rétine humaine et que j’dois probablement être le seul à pouvoir apprécier à sa juste valeur. Arturo semble au bord du gouffre et l’est probablement, mais il a encore assez d’ressource pour s’retourner sur son siège en une fraction d’seconde et planter une courte lame directement dans l’palais grand ouvert de son agresseur. Coupé en plein élan, l’pauvre type comprend même pas c’qui lui arrive, battant des yeux vers la main du pirate et l’manche du poignard qui dépasse de sa bouche. Puis, comme s’il réalisait enfin qu’son rôle dans l’histoire est fini, le voilà qui bascule en arrière sous le poids du regard brûlant d’Arturo.



La foule autour de lui s’est instantanément calmée, ses ardeurs belliqueuses mises à mal. Puis, d’une voix tout droit sortie d’outre tombe, Arturo prend la parole, les glaçant de son aura.

-Personne n’interrompt le lapin…

Vous m’avez compris bande de cafards ? PERSONNE !


Silence interminable où tous prennent conscience de leur place dans la chaîne alimentaire... Puis le pirate manchot se retourne vers la scène pour reprendre sa confortable place dans l’attente de la suite du spectacle qui peut alors reprendre son cour normalement. A un détail près.

-Il est où le lapin ?...


Car du lapin sur les planches nulles traces.




Tous contemplent l’espace vide que j’occupais avant l’événement, les yeux grands comme des soucoupes et l’incompréhension peinte sur le visage.



-Le lapin…


RETROUVEZ MOI CE PUTAIN D’LAPIN !
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Pfiuuuu… pas mécontent d’m’être tiré d’cette bande de barj’ moi.

Car hop, me v’là décollant d’un rapide Geppou tandis que toutes les attentions étaient rapportées à Arturo et à ses amitiés, m’arrachant des planches en un éclair pour me faire atterrir quelques mètres plus haut –bien à l’abri des regards- sur les passerelles métalliques surplombant la scène et où se trament les changements de décor et autres joies de la mise en scène.

Et forcement, quand un groupe en panique cherche précipitamment quelque chose ou quelqu’un, est ce qu’ils pensent à regarder en l’air ? Non, jamais. Du coup du haut de mon perchoir et bien protégé par les ombres et le rideau toujours levé, j’peux mirer avec un certain amusement toute la clique s’évertuer à r’garder d’un air complément paniqué de tous les côtés sauf du mien, comme un nid d’abeille dans lequel on aurait jeté une grosse pierre ou en l’occurrence une grosse menace : Arturo de mauvais poil.

Ca vrombit, ça s’agite, ça hurle ou ça tape du poing… et moi j’me marre dans ma grosse tête duveteuse.


Puis lentement je la tourne sur ma gauche… pour finalement voir juste à mes côté un flibustier qui pour sa part en fera de même dans ma direction. Petit moment d’flottement où on s’regarde sans oser bouger… Puis lui et moi réalisons qu’il s’agit bien là d’la réalité et qu’elle va s’mettre à beugler ou à taper sous peu. Les yeux du lascar s’écarquillent tandis qu’il ouvre subitement la bouche en grand tout en prenant une ample inspiration ! Et ma grosse  main bleue qui comme par réflexe se jette dans sa direction avant qu’il n’ai le temps de lâcher une seule syllabe, accrochant l’arrière de son crâne pour lui rabattre violemment le visage sur le garde-fou métallique dans un petite « Bing » mélodieux !
Des étoiles plein les yeux et la bave aux lèvres le gars se laisse glisser dans mes bras tandis que vif comme l’éclair je lui attache le pied à une corde, qui l’emmène alors directement se perdre dans les hauteurs du théâtre par un savant jeu de poulie et un contrepoids en sac de sable qui descend à l’inverse, loin d’éventuels enquêteurs inopportuns.

Pfiuuu… ! C’était juste.


En bas tout l’monde s’affaire sans prêter la moindre attention à mon p’tit recoin, à commencer par monsieur compréhension qui doit bien sentir que toute sa jolie petite affaire prend l’eau et qu’il faudrait mieux pas compter sur son boss pour régler ça sans y perdre des plumes. Le voilà donc qui beugle comme pas permis sur tout à chacun, se faisant la voix et les bras d’un Arturo qu’on a réussi à rasseoir à grands renforts de Saké.

-Vous avez entendu l’patron ? Retrouvez moi c’lapin ou j’vous cloue la tête à la porte de mes chiottes, compris ?!



Héhé, pour ma part je file déjà dans mon coin sur la pointe des coussinets, esquivant sans mal les premières vagues de chasseurs grâce à la multitude de recoins que semble receler l’établissement. Ça va être du gâteau d’me tirer d’là sans s’faire repérer huhuhu.




(Quelques minutes plus tard…)



Oh putain oh putain oh putain !... Sont partout ces cons !

Une énième fois j’me planque comme je peux dans un recoin sombre pour laisser passer une meute en furie et surarmée, rentrant mon ventre de mousse au mieux tandis qu’les bruits d’bottes déboulent derrière moi. Mais jamais ils vont m’lâcher putain ?!

De nouveaux bruits d’pas qui affluent dans ma direction ! Et me v’là r’parti pour une nouvelle cachette un peu plus près d’la sortie en théorie mais jamais plus loin des emmerdes dans la pratique. Bande d’enfoirés !




(…)



Je bloque ma respiration afin de n’pas trahir ma présence malgré l’fait que l’épaisse mousse de mon costume en cacherait surement le bruit, mais dans l’doute… Tassé comme pas permis derrière le comptoir d’un bar à l’abandon je tends l’oreille, aux aguets et bien conscient qu’une douzaine de ruffians prêts à beugler doivent se trouver juste derrière… j’attends, soucieux du moindre bruit susceptible de m’indiquer que la voie va se libérer ou que ma cachette aura été démasquée. J’attends…

-T’es sûr qu’il est passé par là ?
-Sûr de chez sûr mec, je l’ai vu entrer dans cette pièce juste avant nous.
-Doit pas être loin alors…

-Alors les gars vous l’avez trouvé?
-Pas encore, mais Joe pense qu’il doit être dans l’coin.
-Et ben vous feriez mieux de…
-De ?
-Chuuuut


De ? Chut ? Depuis mon abri je tends encore un peu plus l’oreille, prêt à bondir… Je tends l’oreille… je tends l’or….eille…. Oh le con.

Je lève les yeux, peinant à lutter contre l’immense angle mort de cette foutue tête géante… pour finalement mirer les deux grandes oreilles bleues que j’me trimballe et qui doivent dépasser de 40 bons centimètre du comptoir. Et encore au dessus, une demi douzaine de sourires mauvais qui les encadres.

-Trouvé, héhéhé.
-héhéhé.
-huhuhu.

Chiotte.



Une demi-douzaine de mains se jettent donc sur moi avec avidité pour ne trouver qu’le néant, tandis que pour ma part je m’éloigne d’une roulade plus qu’approximative avant de m’élancer au hasard des couloirs en me cognant sur à peu près tous les angles possibles ! Pu…tain… de … costume !

Et derrière toute la clique qui plus motivée que jamais continue la poursuite, armes brandies bien haut et la motivation à plein poumon.

-Rattrapez moi c’lapin !

-LE LAPIN ! LE LAPIN ! LE LAPIN ! LE LAPIN !


Une de mes oreilles explose dans un nuage de petits morceaux d’coton tandis que les balles commencent à siffler, heureusement bien gênées par la configuration exigüe des lieux et le manque de longues lignes de vue. Mais lacheeeez moiiiii !



(…)



Final’ment j’me retrouve seul dans une petite pièce d’intendance, balayant du regard le moindre indice de sortie ou encore de cachette digne de ce nom… en vain. Un putain d’cul d’sac ! Et derrière la masse qui se rapproche, se divisant à chaque intersection pour mieux se retrouver plus tard. Déjà je les entends arriver sur moi. Vite vite vite une idée bordel… ! Là, un placard !!

Il faudra moins d’une seconde pour que j’me rue sur un débarras dans lequel je m’engouffre sans attendre, encastrant toute ma masse et mes oreilles dans l’étroite remise. Derrière moi la porte se verrouille juste à temps avant qu’derrière elle j’entende mes poursuivants arriver. Sans un bruit et dans le noir le plus absolu, je m’éloigne instinctivement de la porte en m’écrasant le plus possible parmi le bordel qui semble se trouver là.


Pas après pas je recule en silence… avant de marcher sur un truc mou.

-Aïe !


Aïe ? Un truc mou dans l’noir qui dit aïe c’est pas normal ça, si ? Une de mes grosses mains s’en va tâter l’terrain à la recherche de compréhension…

-Mais Aïeuuuux !

Ok, une chose est sûre, soit les jambons parlent, soit j’suis pas seul.

-Vous pourriez pas faire un peu attention non ?! J’étais là la première !


Et autre chose est sûre, cette voix me dit quelque chose…


-Toi ?
-Moi ?
-TOI !
-Mais chuuuteuuu, vous allez nous faire repérer !
-Toiiiii !
-Oui moi ; et après ? On s’connaît ?
-Pénélope Nolwenn je sais plus quoi !
-PNJ pour les intimes et alo… VOUS !
-Chuuuuteuuuu !
-Vous !

Mais qu’est ce que vous faites là ? Et c’est quoi ce gros truc mou que vous portez ?

-Un costume de lapin.
-Mais… mais… Mais pourquoi ?
-J’t’en pose des questions moi, j’suis là incognito.
-Si j’me trompe pas la dernière fois aussi vous étiez incognito non ?
-Ouais et après ?
-C’est moi ou vous n’assumez pas trop votre identité ? Nan j’veux dire y a pas de honte à avoir hein.
-Nan mais !... Je te !… Je te zute !
-Oh hey ça va ! Restez poli quoi !
-Et toi alors p’tite maline, tu comptes les provisions ?
-Non mais c’est pas vos affaires…
-Ben voyons… Tu cherchais les toilettes et tu t’es perdue ?
-Nan mais ça va p*/…
-Attends attends j’ai trouvé : tu joues à cache-cache avec les blattes c’est ça ?
-Je suis venu récupérer mon argent !
-"Ton" argent ?
-Ouais les millions que j’avais récolté à Shabondy et que l’autre crétin m’a taxé.
-Ah, tu veux dire MON argent ?
-Ouais nan mais c’est plus compliqué que ça je… Chut !
-Quoi chut ?
-Chuuuuteu ! Le voilà justement.



On tend tous deux nos six oreilles, guettant les sons qui filtrent aisément au travers de la fine porte de la réserve.

-Alors, vous l’avez trouvé ?
-Nan chef, il est pas là.
-Et vous avez bien r’gardez partout ?
-Ouais partout.
-Partout genre même dans cette réserve ?

-Putain !
-Flûte !
-Vous avez entendu ça ?
-Quoi donc chef ?
-Des voix ! Là !

-Re-Putain !
-Re-flûte !

-Là encore !

-Re-re-Putain !
-Re-re-flûte !

-Encore !!



Raaaah mais c’est pas vrai ! PNJ et moi-même nous mordons les lèvres, mais le mal et fait. Et nous le somme tout autant, comme des rats même. Plus qu’une question de seconde avant que la clique n’appelle des renforts et n’nous fasse sortir de là à grand coups d’tromblons. Penser ; et vite !

-Qu’est c’qu’on va faire !
-Tais toi et laisse moi réfléchir bordel !
-Magnez vous, c’est d’votre faute si j’me fais chop*/… !

Sans réfléchir ma main se pose sur la poignée de la porte, que j’entrouvre précipitamment avant de jeter dans l’interstice ma jeune camarade d’une rapide poussée !


-HEY ?!


Aussi sec la porte se referme derrière elle avant de se verrouiller de l’intérieur.
Navré gamine, quand j’réfléchis vite je réfléchis perso.


Dernière édition par Toji Arashibourei le Jeu 21 Aoû 2014 - 12:53, édité 2 fois
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-Tiens tiens comme on s’retrouve, la pisseuse.
-Lâche moi ‘spèce de brute, ou bien je…
-Ou bien tu ? Arfarfarf !

Bruit d’une tranche de viande qu’on claque contre un mur, ou en l’occurrence d’un p’tit genou féministe qui part à la rencontre d’une paire de burnes trop grosses pour elle et toutes ses copines. Moi j’mate comme je peux la scène au travers du trou d’la serrure malgré mon masque imposant, tiraillé entre instinct d’survie curiosité et scrupule. Scrupule ? Et merde ça commence…

-Hey mais c’est qu’elle s’défendrait la morveuse, regardez ça les gars.
-Héhé, une p’tite furie.
-Houlà, une vraie terreur hurhurhur.

-Arrêtez d’vous foutre de ma gueule ! Et puis rendez-moi mes thunes d’abords !


P’tit silence où les comparses se regardent… avant d’exploser de rire ! C’qui n’va pas en arrangeant l’humeur de Miss Caractère ‘videmment.


-Nan mais les thunes ça fait longtemps qu’c’est plus les tiens, c’est ceux d’Arturo maintenant.
-Ouais l’chef en a besoin pour un nouveau log pose.
-Ouais même que l’sien a été cassé lorsqu’il s’est fait b*/…

-Vos gueules !

Apparemment y a des sujets sensibles auxquels sont pas habituées les futures nouvelles recrues. Comme quoi tout équipage a ses tabous huhuhu. En tous cas l’ton d’la voix d’notre ami la brute s’est durcie et j’doute pas un seul instant qu’ça va sentir mauvais pour la p’tite mouche coincées entre ses gros doigts.

-Et toi alors ? T’étais v’nu ici pour nous reprendre ton « trésor » ?
-Exactement ! C’est mon argent, vous n’aviez pas l’droit d’me l’prendre !
-En même temps t’es v’nu gentiment nous l’apporter à ton arrivée à Jaya. Un vraie p’tit amour.
-‘Spèce de brutes, vous me l’avez vol*/…
-T’aimes pas les voleurs ? Ça tombe bien nous aussi.
-Vous n’oseriez pas…
-T’foutre une trempe de tous les diables ? Si. Et tu t’en tire à bon compte crois moi.
-Ouais d’abord.
-Même que.

-Crois bien qu’mon chef s’rait pas si indulgent s’il était au courant d’ta présence ici compris ?


De nouveau l’silence qui s’installe tandis que Pénélope cherche dans l’regard de ses geôliers une solution qui n’vient pas ; et la panique qui commence à monter en elle lentement et sur’ment. Mais sur son p’tit visage de musaraigne vexée, la colère qui refuse de céder l’pas à la peur.

-Mais attendez chef, y avait pas deux voix ?
-Ouais même que.

-Pas faux les gars, pas faux…


Glups…


-Alors pisseuse, t’es venu avec une copine ? T’étais pas toute seule dans ta cachette ?
-…


Allez moufte pas s’te plait, moufte pas…. J’t’en prie j’suis déjà assez dans ma merde comme ça pour qu’une fois proche de la sortie ça me retombe dess*/…

-Nan y a aussi un grand lapin qui essaye de s’cacher.



Ah la sale P…este ! Du tac au tac, comme ça, sans remord dans la voix ou même une once d’hésitation ! Moi qui ai tant fait pour elle ! Sale ingrate !



-Ben voyons… huhuhu. Vous entendez ça les gars ?
-Pour sûr patron.
-Même que ouais.


Du fond d’mon réduit j’peux entendre le grinc’ment des lattes du plancher tandis que les trois poursuivant se rapprochent lentement… et d’ici j’peux sentir leurs sourires s’agrandir.

-Alors lapin, on s’cache ? Huhu.
-Laaaapin khi-khi, laaapiiiin-ouais !


Ils sont là, plus qu’à quelques centimètres… j’peux voir dans la raie d’lumière qui filtre sous la porte l’ombre de leurs pieds. Je suis fait comme un rat ! Je suis… Je suis… ?

Mais j’suis Toji Arashibourei bordel de merde !





(…)



Joe s’approchait avec délectation de la porte, savourant l’moment où enfin il allait l’ouvrir et débusquer ce pauvre gars et qu’ils pourraient lui faire la peau tous ensembles. La traque l’avait excité ; sentiment d’ailleurs majoré encore un peu plus à l’idée qu’ce pauvre lapin allait prendre pour tous ceux qui avaient fait passer une mauvaise journée à leur nouveau boss : Arturo. Et si c’était l’lapin, ça n’serait pas lui ; c’qui comptait beaucoup pour Joe.

Derrière lui le second D’Arturo et organisateur en chef des réjouissances semblait prendre autant de plaisir à voir enfin aboutir cette chasse, se faisant craquer les doigts de sa main encore libre en attendant d’pouvoir en faire de même avec le cou du lapin. Ni lui ni Joe ni même encore leur troisième compère n’avait pris la peine de dégainer une arme. Nan ils allaient faire ça lentement, d’façon ludique comme qui dirait. Ils allaient…

La porte s’ouvrir lentement en grand alors même que Joe tendait la main vers sa poignée, laissant alors apparaître entre ombre et lumière l’improbable spectacle de ce grand lapin bleue qui les regardait fixement de ses immenses yeux roses. Et sans qu’il ne puisse dire pourquoi, Joe s’immobilisa. Tous trois regardaient sans un mot leur cible, elle aussi immobile et silencieuse, ne cessant de les fixer en retour. Et quelque part sous sa crasse et sa bêtise, Joe sentit une petite piqûre. Celle de la peur ; trop profonde pour être consciente mais suffisante pour que Joe hésite.

Puis, sans prévenir, la main droite du lapin bougea ou plutôt dû bouger vu le flou qui l’auréola un instant. Petit silence où Joe se demandait encore ce qui se passait… Il tourna la tête vers son compagnon à la recherche d’un peu de compréhension… pour le voir affalé sur le sol en se tenant la gorge et tout dégoulinant de bave. Les idées avaient toujours eu du mal à traverser la caboche de Joe, celle là ne fit pas exception, d’autant que le lapin semblait n’avoir jamais cessé de l’observer.



-Heeeey !... Mais c’est pas symp*/…



Joe s’effondra à son tour avant même de pouvoir comprendre. Et moins d’un douzième de seconde plus tard, son patron les rejoignait sur le sol.





(…)




-Ils… ils sont morts ?
-Meuh non.

-Je… je n’vous ai même pas vu bouger.
-Je sais. Eux non plus d’ailleurs.
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-Tu veux que j’répète ma question ?

Venant d’un grand lapin duveteux au regard jovial, la question pourrait paraître sans gravité. Pourtant, pour les trois gus ligotés en tailleur face à moi, j’peux vous dire que le ton qui perce les trous d’aération du masque et la situation qui nous entoure ne laisse que peut de marge quant aux futurs qui leurs sont encore destinés. Moi-même j’suis accroupi à quelques dizaines de centimètres de monsieur compréhension, la p’tite PNJ qui observe la scène par-dessus mon épaule avec une forte dose d’inquiétude dans l’regard, à attendre… Tous sont conscients qu’il va falloir la jouer franc-jeu.

-Glups… Ça doit être dans son bureau.
-« Doit-être ? » J’vais pas m’contenter d’ça mon gars.
-Promis j’en sais pas plus m’sieur lapin ! Me tapez pas !
-Arturo a dû planquer l’argent d’la p’tite dans ses quartiers c’est sûr !
-Même qu’il s’est réservé tout l’dernier étage pour lui tout seul !
-Alors…
-Nous tapez pas… ?
-S’il vous plait… ?


Mouais… Bon ben on est parti pour s’refarcir tout l’bordel en sens inverse.
Fait chier, tout ça pour quelques dizaines de millions de m*…

Tu comptes les garder pour toi ?
Bien sûr que n… Pfff !
Héhéhé, t’es mignon.
Oh ta gueule toi.



-Viens la pisseuse, on y va.
-Hey m’appelez pas comme ça, j’ai un nom !
-Ouais c’est ça. Bon tu viens ?
-Et eux ?
-Nous ?
-Vous, vous bougez d’là avant d’main matin, j’vous bute.
-Glups… !
-Compris ?
-Oui m’sieur lapin ! C’est compris !


Convaincu qu’les trois gars sont pas assez cons pour tenter l’diable aux grandes incisives, j’me relève avant d’repartir d’là d’où j’suis v’nu, le plan du bâtiment plus ou moins en tête et la patience en bandoulière. Pénélope semble peu convaincue quant à elle, mais faute d’avoir encore moins d’ancienn’té que d’envie d’sang sur les mains, la voilà qui m’emboite le pas direction les quartiers provisoires de notre hôte bienveillant. En quelques pas nous nous apprêtons à quitter cette étouffante réserve, quand…


-Euh, m’sieur lapin.
-Chuuut mais qu’es-tu-fais ?!

-Hum ?
-Excusez-moi mais….
-Ouais ?
-Vous pourriez m’expliquer un truc… que j'ai pas compris...
-… ?
-La blague du pirate et de la bonne soeur.


*Soupire*…

-De LA bonne soeur ? J’ai jamais précisé que c’était une fille.
-Oh…
-…
-Oh.
-…
-Oh !! AHahahaha ! Merci m’sieur lapin j’ai compris !
-De rien gamin.





Putain j’suis trop gentil.
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Arriver au dernier étage n’avait finalement pas été si compliqué qu’ça en comparaison du merdier général qu’avait été la fuite. Quelques gnons aux pauvres gus qui avait la malchance de nous croiser, un poil de moustache de discrétion et un peu d’sérieux avaient fait bien plus que de vaines escapades et autres trémoussements de croupions. D’autant qu’une fois arrivés au dernier étage, la place était déserte. Arturo ne doit pas rigoler avec l’instinct territorial et visiblement personne ne souhaite tenter l’expérience. Et puis, il faudrait être fou pour fuir dans la gueule du loup… surtout quand on joue les civets.

Par contre, pour ce qui est d’trouver où la mallette remplie d’berry s’est retrouvée planquée… là on a affaire à une autre partie d’plaisir. Un étage bordélique à souhait à fouiller entièrement, en espérant tomber avec un peu d’bol sur la chambre du manitou avant l’aurore. Et ça, visiblement c’est un jeu auquel s’prête notre jeune aventurière de bien mauvais grès. Ça ronchonne, ça peste contre l’destin les pirates les rongeurs et la vie en général à chaque choux blanc, qui sont légions au même titre que l’vocabulaire injurieux et décidément ô combien diversifié pour une fillette de son âge.

Là voilà donc qui retourne chaque recoin aussi discrètement que lui permet son humeur –c'est-à-dire assez mal- espérant à chaque nouvelle porte pouvoir enfin mettre fin à ce calvaire. D’autant que jusqu’ici la chance n’a tenue qu’à un fil de soie effiloché, alors mieux vaudrait ne pas tenter le diable trop longtemps.

Pour ma part je l’ai abandonné à ses recherches pour aller dispenser ma propre mauvaise humeur dans une autre aile de l’étage, préférant garder mes propres jurons secrets. Et puis faudrait pas qu’elle s’imagine que j’l’aide non plus ho. Bon ok c’est exactement c’que j’fais, mais voilà.




Bref, après une énième porte de chambre aussi vide qu’inutile, voilà enfin notre jeune amie entrebâillant à pas feutrés la prometteuse porte de la suite royale, qui comble de joie semble quant à elle bel et bien utilisée. Bingo, la chambre d’Arturo ! Frénétiquement, avec une impatience mettant à mal le peu de discrétion qui lui restait, ses mains s’activent de partout, retournant la pièce à la recherche de ce qui devrait –et aurait dû- la mettre elle et son cher petit frère à l’abri des ennuis pour un bon moment. Les affaires volent, les coussins claquent contre les murs…

-Enfin ! Je l’ai !

Tout sourire, Pénélope brandit bien haut sa trouvaille, toujours autant débordante de billets qu’elle l’était avant son injuste rapine. Joie, félicité, gloire aux astres et aux*/… !

-Tu as enfin quoi ?


Argl ! Crispée dans une mimique de pure panique, Pénélope se retourne lentement, la valise de cuir toujours brandie au dessus de la tête… face à un Arturo qui la surplombe de toute sa taille et de toute sa haine. Ni les flots d’alcool absorbés ni les mètres entiers de bandages qui l’entravent ne freinent sa main qui va alors comme un étau se saisir du minuscule poignet de la jeune fille, le comprimant à la limite de la fracture tandis que sur son visage se peint une douleur légitime.

-Sale petite fouineuse. Tu n’aurais jamais du venir ici.
-Lâchez-moi !
-Tu vas payer pour tous les autres.
-Vous m’faites mal.
-Pour le lapin.
-Je…
-Pour Mantle.
-Arrêtez…
-Pour tous ces incapables.
-Mais lâchez-moi.
-Non. Tu vas mourir, punaise.
-Lâche-la.


Une voix pourtant pas forte, comme surgissant d’une conversation, presque couvée. Et pourtant grondante comme le tonnerre d’une tempête approchante. Elle roule dans la pièce et sur les gens, les entraine avec elle avant de les laisser épuisés s’échouer sur le rivage. Plus qu’un ordre, c’est un concentré d’impératif pur, comme si le simple fait de si opposer n’était pas en option.

Un moment, dans toute sa fierté de rookie et avec toute la fureur qui a fait sa réputation, Arturo s’apprête à se retourner et à répondre avec force ; quant tout à coup il s’immobilise incapable du moindre mouvement. Ou plutôt, paralysé de son plein grès. Car dans son dos, directement sur sa nuque, il sent clairement les cinq doigts d’une poigne d’un autre monde lui enserrer les cervicales, s’enfonçant sans mal des ongles au travers de la chaire jusqu’à frôler l’os. MES doigts, au travers d’une épaisse moufle de fourrure bleue. Mon Haki.

Un mouvement, une simple pensée et son cou vole en éclat. Il en a conscience… et malgré toute la fureur de s’être laissé surprendre et d’être ainsi dominé, il préfère temporiser ; car Arturo est intelligent autant que dangereux. Il a des projets. Il ne peut pas finir comme ça, pas ici, pas maintenant.



-Qu…Qui es tu ?
-Peu importe. Lâche là.
-Je vais te */…
-Me rien. Un simple mot ou un mouvement de trop et je te paralyse à jamais de la tête au pied.
-Ksss !...
-Si tu m’as compris dis-le.
-Je… t’ai compris.
-Si tu me crois dis-le.
-Je te crois putain.
-Bien. Alors maintenant lâche-la.


Lentement la poigne d’Arturo se desserre, comme à contrecœur, laissant ainsi Pénélope reprendre ses distances en se massant son bras endoloris, le feu aux joues.


-Ça va allez la pisseuse ?
-Ça va… Et arrêtez de m’appelez comme ça.
-Huhu, on verra.
-T’es venu pour ma prime ? Pour la gloire de m’buter ?
-Nope. Rien à battre de toi et d’ta clique.
-Alors quoi ? T’es qui merde ?  Juste un putain d’lapin bleu ?!
-C’est ça. Juste un putain d’lapin bleu.


Visiblement l’humour n’est plus trop son fort à ce stade de la soirée, Arturo en tremble de rage et pourtant, le voilà n’osant toujours pas bouger d’un cil et cherchant frénétiquement une solution qui ne lui vient pas. Sa marge de manœuvre est trop étroite, son état trop faible. Navré mon gars, au mieux d’ta forme t’aurais pu être un challenger un tant soit peu méritant, mais là t’as aucune chance ; et tu l’devines sans mal.

-Une autre fois peut être huhuhu.
- ?!


Mon bras se tend brusquement, une vitre vole en éclat, le pirate manchot disparaît de la pièce dans un concert de carreaux brisés.
Mauvaise journée pour Arturo.





-Viens la miss, on met les voiles.
-Oui m’sieur.

-Ça va ton poignet t’es sûre ?
-Il m’a à moitié cassé le bras…
-Tu veux un bisou magique ? Que j’souffle dessus ?
-Ben à vrai dire o… Hey ! Vous foutez pas d’moi !
-MWOUAHAHAHA !
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-Comment vous saviez ?

-…

-J’veux dire, comment vous avez fait pour arriver juste à temps ?

-Tais-toi et continue d’marcher.

-C’est pas juste un coup d’bol j’me trompe ?

-…

Pourquoi tu n’veux pas lui dire ?
Chais pas.
Ça te gène ?
Peut être.

Renfermé dans mon silence et l’immense boule de fourrure qui me sert toujours de tête et de masque à mes pensées, nous continuons à tracer notre route au travers de la jungle. Nous enfuir par une autre fenêtre avant qu’Arturo ne se remette de sa propre défenestration n’avait été qu’un détail, traverser la ville dans la pénombre d’un crépuscule aux reflets de flamme une anecdote. La petite guerre qui semblait secouer toute l’île avait tout l’air d’être sur une trêve, laissant les rares badauds que nous croisions trop fatigués ou trop craintif pour nous barrer la route.
En quelques minutes nous étions donc tous deux aux milieux des fougères et des lianes, marchant résolument et surement un peu trop vite pour des petites jambes de gamine vers ce qui devrait être un lieu où passer la nuit : la cabane où elle et son frangin avaient élu discrètement domicile. Une journée à Mock Town avait suffit à ce qu’elle se fasse dérober son précieux trésor et à manquer de peu de les faire tuer ; et Pénélope n’est pas du genre à miser gros deux fois d’affilées. Ses petits pas accélèrent régulièrement la cadence pour revenir à mon niveau avant de reprendre leur rythme régulier, fatigué, tandis que mes propres enjambées dévorent la faune et la flore. Quelques minutes de mutisme avec pour seuls bruits nos pas sur les branchages et le chant de grillons dans la pénombre.


-Je… Je gardais un œil sur toi.
-Comment ça ?

Putain elle arrête jamais.

-Même quand j’étais pas là, je gardais un œil sur toi.
-Et vous faites ça comment ?
-Ça s’rait trop long à expliquer.
-Puis chuis qu’une morveuse hein ? J’pourrais pas comprendre c’est ça ?
-Exactement.
-Baka !
-*Soupire* Disons qu’une part de moi est tellement affûtée que j’pourrais disséquer l’monde et t’faire un cour d’anatomie consacré.
-Sacrement con surtout.
-Hey reste polie !
-Roh ça vaaaa.
-…

-Pourquoi vous m’aidez ?

Et merde.

Héhéhé, oui pourquoi ?
Roh toi n’en rajoute pas.

-Ben parc’queeee… Hey mais c’est pas ta cabane là bas !

Sauvé !




Effectivement, paumée dans un trou d’verdure, une cabane. Techniquement elle pourrait revendiquer le droit d’porter c’nom… mais m’étonnerait pas qu’on lui attente un procès ensuite. Même la mousse a pas osé y toucher de peur de s’salir. Puis niveau confort et espace… remarquez c’est aéré au moins. Même la belle étoile dans la pluie d’un Buster Call semble mettre plus à l’abri que cette cage à lapin verticale.

-C’est « ça » ton fameux abri ?
-Yep c’est lui ! Ben quoi ?...
-Putain j’ai dératisé des tanières de révo plus luxueuses. Et elles étaient sous des planchés.
-Roooh allez…
-Des planchés d’fosses septiques !

Pénélope semble lancer un regard nouveau à son domicile provisoire, elle-même à court de répartie… Avant de hausser des épaules d’un air renfrogné.

-Ouais ben j’ai pas mieux.
-Pfff
-Par contre, je vois pas mon frère… J’espère qu’il lui est rien arriv*/ !
-Il est caché sous des feuilles, 10 mètres, à 8 heures.
-Comment vous ?
-Pas b’soin de Haki pour ça, j’ai passé ma vie à débusquer des gens ô combien plus talentueux qu’lui.


Pénélope m’ignore, se contentant de filer à la recherche du seul être qui la rattache encore à je n’sais quoi, l’arrachant à la végétation avant de le serrer fort dans ses bras. Quelques remontrances qui ne rencontreront aucune autre réaction que deux yeux grands comme des soucoupes plus tard, Les voilà qui reviennent vers moi.


-Alors lui c’est monsieur Lapin, il est gentil.
-
-Dis lui bonjour.

Hochement de tête timide de son côté comme du mien  même si j’n’oserais pas l’avouer.

-Il n’est pas très bavard, depuis que…
-…
-Depuis le jour…
-…
-*Snif* … Où…
-Viens.
- ?...
-Allumons un feu avant qu’on se les caille. L’air est humide dans l’coin et les flammes éloigneront les bêtes.
-Oui !

Reniflant ses larmes naissantes que le stress passé a manqué d’peu d’faire ressortir de ce p’tit corps pas si costaud qu’ça et que j’aurais bizarrement eu bien du mal à affronter, Pénélope regagne le visage dur que j’lui connais avant de m’emboiter le pas à la recherche de branches sèches.





(…)




Le cul confortablement assis sur 40 millions d’berrys et un derrière de mousse affublé d’un pompon, nous regardons en silence les étincelles jaillir des flammes, danse hypnotique sous couvert d’une voie lactée de toute beauté. Autour de nous la nature semble s’être calmée, nous laissant seuls avec le crépitement du feu de camp que nous avons établi à l’extérieur de la cabane, heureux d’être dans l’air frais de la nuit avec la chaleur des flammes pour nous prémunir des frissons. Pour ma part j’aurais même un peu chaud avec c’foutu costume, mais la p’tiote a eu son lot d’fatigue et ça s’rait con qu’elle chope la crève maintenant. Puis j’ai connu pire comme tourmente.

Héhé.
Oh ça va hein.
J’ai rien dit hihihi.
Si elle tombe malade j’vais encore devoir m’en occuper et j’ai pas qu’ça à faire.
Sûr.
J’fais pas ça d’gaité d’cœur hein.
Je vois ça huhuhu.
Merde, voilà. Meeeeerdeu.

-Vous m’avez pas répondu…

-Hum ?
-A ma question tout à l’heure.
-Ah, celle la.
-…
-…
-J’ai lu dans l’journal ce qui s’est passé. Et ce que disent tous les gens sur vous.
-…
-Mais j’suis sûr que c’est n’importe quoi. Moi j’sais que vous n’êtes pas comme ça, que c’est que d’la diffamation.
-Non.
-Comment ça non ?
-Tout est vrai. Et crois moi ce que tu sais ne peut être qu’inférieur à la réalité, quoique t’ais entendu.
-J’ai pourtant entendu des choses…
-J’suis une saloperie, une des pires qu’ai jamais nagé dans les mers du monde. C’est tout.
-…


Nous restons là en silence, sans bouger, les regards plongés dans la danse des flammes et dans nos pensées, même si j’peux voir du coin d’œil que la morveuse ne semble pas être prête à s’arrêter là. Quelques s’condes plus tard, la voilà d’ailleurs qui repart à l’assaut.

-Ben moi j’vous crois pas.
-Nan mais attends tu m’as entendu là ? j’te dis que */
-J’vous crois pas un point c’est tout.
-Mais je */
-Un point c’est tout.


J’m’apprête à répliquer avec force, braqué par c’foutu caractère à même de plier des barres de fer du regard, quand tout à coup je sens un truc me grimper sur la jambe. Un coup d’œil de travers et j’peux voir le p’tit frère agripper la fourrure bleue de mon costume pour se hisser tant bien que mal sur mes jambes entrecroisées, les yeux à moitié endormis et un filet d’bave encore aux lèvres. Le temps  que j’réfléchisse à quoi faire, le voilà qui se love en fœtus contre moi avant de gober son pouce et d’refermer les yeux paisiblement.
Putain ! J’fais quoi moi là maintenant ?! Plus tendu qu’un string j’me fige, incapable du moindre mouv’ment ! Je dois bouger ? Non j’ose pas ça le réveillerait. Mais j’vais pas rester là comme ça tout d’même ? J’vais lui faire mal si on reste là comme ça, si proche ; j’vais l’salir, je vais… Putain j’ai chaud.

Mes mains se portent à mon masque, prêt à l’enlever pour m’redonner un semblant d’air tandis que j’suffoque à moitié, asphyxié par cette bouffée d’angoisse incompréhensible.

-Non ! S’il vous plait
- ?
-Gardez-le.
- ?
-Avant il avait une peluche, un grand lapin bleu comme vous…
- …
-Ça lui a fait tell’ment plaisir quand il vous a vu…
-…
-Alors s’il vous plait, gardez le encore un peu. Pour lui.


Eeeeeeet… merde. J’abdique en silence, laissant retomber doucement mes mains comme de peur du moindre mouvement brusque. Je s’rai plus à l’aise collé à une bombe ou un alligator croyez moi, ça j’saurais gérer… Timidement, avec moult précaution, une moufle va même se poser sur le dos du bambin sous le regard amusé de Pénélope à qui j’arrive même à arracher un sourire. Alors petit à petit, la tension s’envole dans la nuit, rejoignant les étoiles et l’air frais du large qui nous arrive par volutes… Mon dos s’affaisse, ma respiration ralentit… Et contre moi je sens la chaleur de ce petit être, ses respirations calmes, les battements de son tout petit cœur. Et étonnamment, quelque part, j’me sens bien.


Nous restons là.


Il n’fait pas si chaud qu’ça en fait.



Il fait même plutôt bon.





Je crois que j’vais rester là encore un peu…







-M’sieur ?
-Hum ?
-J’peux v’nir moi aussi ?


Sans un mot, j’écarte juste assez mon bras restant sous lequel elle s’engouffre aussitôt pour se lover confortablement contre son frère, s’écrasant au maximum dans cette fourrure si accueillante et si réconfortante.






Et moi, pour la première fois depuis une éternité, je suis vraiment bien.
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