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Par les armes.

-Wallace…

Il ne me répond pas. Ça fait bien quinze minutes qu'on marche dans cette foutue jungle, et jamais il n'a dit un seul mot. À vrai dire, depuis que je me suis réveillé, il n'a rien dit, rien fait. Il est resté de marbre. J'ai à peine dormi depuis les derniers jours, et déjà après une nuit blanche, le jour se met à poindre à travers la canopée. Je me suis éveillé tout à l'heure avec un mal de tête carabiné, il m'a fait prendre des somnifères. C'est comme ça qu'il a maîtrisé Dark, c'est comme ça qu'il m'a empêché de commettre pire. Toutefois, à travers son silence, je réalise une bien triste vérité, un fait qui rend son silence réprobateur encore plus douloureux.

J'ai tué Casimir Souffleciel.

J'ai tué et je n'aurais pas dû.

-Wallace, écoute…

Il accélère le pas, disparait derrière un buisson. Je dois courir pour rattraper ses puissantes enjambées. Je dois lui parler. Je ne sais même pas ce que je lui dirai, mais je dois lui parler. lui faire comprendre que je perds trop facilement le contrôle? Ça il le sait. M'excuser? Le supplier de me pardonner mon erreur? À quoi bon...

-Wallace! S'il te plaît!

Il s'arrête, sans le vouloir je le percute dans ma course, mais il ne bronche pas. Un instant, il lève les yeux de sous son chapeau et regarde les rais de lumière qui percent le feuillage dense de la jungle. Le psychologue inspire, puis tire les manches de son large imperméable.

Mon sang ne fait qu'un tour. Mon cœur rate un battement. Ma mâchoire se serre. Mes poings broient le vide.

Les avant-bras de Wallace sont complètement lacérés. Recouverts d'entailles profondes qu'on comparerait à des griffes.

Mes griffes.

J'ai blessé un de mes seuls amis.

Et aussi horrible que cela puisse paraître, avant même de ressentir une quelconque empathie pour Wallace, ma première pensée est de réaliser que c'est Lilou qui aurait pu subir un tel sort. Je ferme les yeux et détourne le visage. Par réflexe, je cherche une cigarette dans ma poche l'allume avant de l'avoir en bouche.

-Si tu veux bien, Oswald, j'aimerais ne pas aller plus loin.

Je n'ai même pas pris une bouffée que déjà je n'ai plus envie de fumer. Je jette la clope au sol et l'écrase avant de poser mon regard sur un Wallace fatigué et las. Il a tout dans son regard qui prouve qu'il n'en veut pas qu'à moi, mais à lui aussi. La soirée d'hier a été charnière pour tout le monde, surtout pour quelqu'un condamnant la violence comme le psychologue. Et c'est probablement pour cette raison qu'il souhaite retourner au camp de base.

-Qu'est-ce que tu n'me dis pas?
-Que la baie où est supposé émerger l'Hypérion est complètement envahie par des pirates de Grand Line…

Au moins, il y va sans détour. Je réfléchis un instant, puis il m'explique que depuis le début de la mission, de nombreux vaisseaux ont réussi à échapper au barrage du Léviathan et se sont réfugiés de ce côté de l'île. Selon ses observations, la majorité sont là pour rafistoler leur navire endommagé, pour recharger leur log pose ou pour trouver un moyen de contourner le barrage. Le problème? C'est qu'ils sont plus de six navires à avoir emménagé dans la baie où doit apparaître l'Hypérion.

Aussi spécial que cela puisse sembler, je ne suis même pas choqué par la nouvelle. Je constate plutôt avec amertume que je vais devoir continuer ce que j'ai commencé hier soir. Cependant, l'envie n'y est plus, la folie est passée. Le goût du sang ne me vient plus à la bouche, je suis lucide, j'ai fais une crise, maintenant, je suis calme. D'un calme qui me désarme moi-même. Ce meurtre était peut-être un mal pour un bien, en fait. J'ai retrouvé le flegme du prédateur, mais à un prix bien trop grand, car il s'affiche à même la chair de mon compagnon.

-L'Hypérion émergera dans très peu de temps Oswald.
-Je vais les prévenir. On doit changer de lieu de rendez-vous. Toi, rentre au camp de base, tu seras plus utile en attendant mes ordres de là-bas.
-D'accord.
-Ah….et…. Wallace….
-…Oui?
-Je… je…
-Oswald. Tu es un officier de la Marine. C'est ton travail de combattre les pirates, tu ne peux pas l'éviter indéfiniment.
-Non, je sais. C'est pas c'que j'veux dire. Je… je suis désolé.
-Tu sais que ce n'est pas de ta faute.
-Mais ce n'est pas de la tienne non plus.
-…Au revoir Oswald.

Il écarte un bosquet et s'enfonce dans la brousse. En un instant il n'est plus là. Je suis seul, à nouveau un prédateur près pour la chasse. Je tire mon escargophone de sous mon manteau de commodore fraîchement revêtu.

Pululupulupulupulupulupulupulu….

-Allô. Ici le commodore Oswald Jenkins, capitaine des Rhino Storms! J'appelle l'Hypérion pour invalider les coordonnées de rendez-vous! La baie est un véritable nid de pirates tout juste arrivés de Grand Line!

Clac.

Sans plus attendre, je m'élance à travers la jungle vers la baie. J'écarte les branches en enjambant les racines et en esquivant les lianes, gagnant toujours plus de vitesse, véritable fauve lancé sur une traque. Le souffle court, je débarque à pleine vitesse au sommet d'une corniche qui surplombe la baie. Une petite calanque de sable et de rocailles où mouillent huit navires de taille et de gabaries différents. Toutefois, tous ont un point commun : le drapeau noir qui flotte au sommet de leurs mâts.

Sur la plage, de nombreux pirates ont monté des tentes et des feux de camp ainsi que des cordes pour sécher le linge et les toiles. Ils ont l'air bien installé, mais aussi assez surpris lorsqu'ils lèvent la tête et aperçoivent mon visage hors de l'ordinaire.

Je ne leur porte qu'une once d'attention et plonge plutôt mon regard vers le milieu de la crique où de gros bouillons crèvent la surface et où une large silhouette se profile sous l'eau. L'Hypérion est là, trop tard.

Drôle de situation pour une première rencontre avec un autre capitaine de la Marine…
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Ma cervelle m'cogne dans la trogne à chaque nouvel aboi d'cette affreuse alarme. Mes mirettes voilées et constellées d'points jaunes dessinent des esquisses, qui prennent forme peu à peu. Peu à peu, s'dessine autour de moi l'infirmerie du submersible. Avachi sur le billard, la lumière blanche pendante au-dessus de la table m'empale, aiguisée par les éclairs rouges de l'alarme. Ma palme empoigne la table et m'tire péniblement vers son bord. Et d'un geste brusque, pas moins d'deux secondes après, m'retrouve étalé les quatre fers en l'air sur l'tapis d'acier, le dos en marmelade et l'aileron en compote.

WUHUHUHUHU

Toujours dans les vapes, et l'esprit qui déraille pour aller s'encastrer dans les idées noires. Alerte rouge. Forcément. Ça devait arriver. La guigne s'accroche à moi et infecte tout c'que je touche. M'embarquer sur un rafiot, c'est comme amener une meute de chats noirs qui fracassent des miroirs en bousculant des salières. Quelle poisse. Bordel de merde.

Pu... Putain... 'chier connard. Merde.

Une salade de jurons composés, pour nourrir le drame. Attaqué ? L'sous-marin est attaqué ? On est arrivés ? J'ai pioncé combien d'temps ? Cette boîte de conserve était comme un purgatoire de fer et d'ennui, dans lequel la sardine que j'suis a lutté courageusement jusqu'au bout contre la somnolence. Mais, j'sais pas bien quand, ni comment, j'ai été vaincu. Et je m'suis laissé partir sous les feux d'la rampe. De la table d'opération... Légère amnésie rétrograde. Passagère. Juste le temps de reprendre mes esprits. De nettoyer les traces du vilain cauchemar qui m'envahissait l'esprit y a encore à peine cinq minutes. Pour me resituer, j'appelle en renfort quelques jolies images lointaines qui m'parviennent entre deux faux-contacts dans ma cervelle crépitante. La commandante compulsive et cloche... Rei Yanagabi... Yanog... Yoani... Rei. Mon boss à la gueule sculptée par l'aigreur... Lieutenant-colonel Marvin. Mavim. Un grand gus galonné censé nous réceptionner... Commodore. Jenner. Jaunisse. Jenkins. Et aussi un autre homme-poiscaille, encore plus laid que moi, qui... Euh...

Voilà. Je suis prêt. Faut que je me relè-

WUHUHUHUHU

Reprend de plus belle, la sirène. Vrillant mes tympans. Donnant plus de bois au feu qui m'incendie le crâne.
M'remets debout, bravement, prenant appui sur l'bord de la table en inox. De l'autre palme, j'me frotte le front, en étalant par la même occasion la sueur naissante. Quel réflexe d'abruti. C'est pas ça qui va m'calmer la migraine, hei-

WUHUHUHUHU

Ouais, ça va, ça va ! J'arrive ! Mes guiboles réapprennent à marcher, l'sol penche de gauche à droite, de droite à gauche. La lumière est gazeuse et les murs liquides. Ça tangue. Et c'dont un poiscaille a l'moins besoin dans ce genre de situation, c'est bien d'avoir à supporter un mal de mer. Ça lui ronge l'équilibre autant que la fierté. Si naufrage, j'ai confiance en ma survie, mais j'donne pas cher de celle des autres. Enfermé dans ma cage de fer, j'm'attends à voir surgir des trombes d'eau à tout moment. J'appréhende c'qui peut bien s'passer là-dehors, et ce qui m'attend. Dans l'couloir, ça galope. Mais ça crie pas. Bizarre.

Faut qu'je trouve la poignée sur cette foutue porte. Non, soyons plus direct. Un coup d'épaule, un fracas métallique, puis quelques mots gratinés à mon encontre me lapidant davantage les esgourdes. Du beau monde déambule, pestant contre moi. Planté au milieu du couloir étriqué, totalement à la masse, flanqué de mes yeux de merlan frit, je bloque le passage. Il me faut bien quelques secondes pour m'en rendre compte. Puis encore quelques unes pour prendre une décision. Euh... Aller... Aller aux nouvelles. Ouais. Savoir c'qui se passe, avant d'encore jouer au con.

J'remonte le torrent à contre-courant pour en dénicher la source. Le poste de contrôle. En avancant, péniblement, mes yeux vitreux se braquent sur, au choix, des figures paniquées, ou des regards déterminés sur le taquet. Mes mirettes plongent malgré elles dans des tignasses pleines de sueur de marins prêt à l'action. C'est la frénésie suintante et hypocrite des joyeuses troupes de la mouette, filant gaiement à l'abattoir. Qu'est-ce qu'a transformé d'un coup cette balourde boîte de fer en fourmilière ? Hmm, d'ailleurs... le sous-marin est immergé ou pas, en fait ?

J'déboule dans la salle de contrôle. Mes méditations m'obstruent la vue, alors j'percute une statue. Face à face. Avec le lieutenant-colonel. Que je mire. Qui me toise. Il est pas d'humeur. Il a pas le temps. Il supportera pas longtemps ma gueule de déterré et ma tignasse ébouriffée. Totalement débraillé, j'ai même oublié d'renfiler mon manteau d'la marine... Mon plumage de lieutenant de la mouette.
Geuh. Euh. Hem. Ayant eu à l'embarcadère de Navaronne un bref aperçu du genre de ronchon à qui j'allais confier ma vie, j'me laisse pas le temps de réfléchir au sort et aux mots qu'il réserve aux impertinents dépenaillés qui viennent esquinter les rouages d'son entreprise. J'me crispe aussitôt et m'confonds en excuses.

Euh... Je- Excusez moi, Lieutenant-colonel... Navré, je viens aux nouvelles... D-Des blessés ?

Oooh, pitié... Vu la situation, doit bien y avoir d'autres empotés dans le coin pour diluer la frustration du patron, hein ?
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Cette traversée ne fut pas de tout repos... Non en fait ce fut un vrai calvaire, entre la peur constante de me noyer et le rythme excessif auquel j'ai dû me contraindre, pour arriver à temps à finir nos plans, sans risquer de nous faire sombrer. J'ai à peine dormi et je pense que mon manque de repos est de plus en plus évident, surtout quand je me retourne vivement certains de mes subalternes qui sursautent comme s'ils avaient vu un revenant. J'aurai presque pu trouver ça drôle ou touchant si j'avais le moindre partie de mon cerveau qui n'était pas totalement concentré sur mon travail, cela fut au point que pour oublier cette boite de sardines j'ai passée tout mon temps libre à commencer la conception d'une nouvelle arme en dehors de mes discutions avec Craig. C'est alors que nous sommes sur le point de remonter en surface, qu'un message nous informe que cela est trop dangereux, enfin les informes, car, je suis encore dans les entrailles de la bête et comme dicté par la malchance ou mon envie puissante de revoir la terre, c'est pile à ce moment que je fais l'erreur de pousser le gros bouton rouge qui a activé l'alarme du sous-marin et nous à fait remonter à la surface, ce qui au passage était déjà prévu de toute manière.

Enfin là c'est un peu brouillon comme résumé, autant reprendre tout cela depuis le début :

Dès le début j'ai était attaqué par des élans de claustrophobie. Mais voyant que je n'étais pas la seule, dans un sens cela ne m'inquiétait pas plus que ça et je ne suis pas allée voir notre cher doc au début. C'est ainsi que pendant mes périodes de repos, j'ai pris l'habitude d'aller m'assurer que ceux sous mes ordres prennent bien leurs repos tout en ne le faisant pas moi-même. Ne trouvant comme exutoire entre chaque période de travail que la conception d'arme, je me suis mise à fond sur un principe que j'avais conçu à Navarone et dont j'avais eu quelques améliorations par un scientifique de la base. Ainsi j'ai alternée entre la conception et l'utilisation de plan militaire pour l'Hypérion et ceux pour mon propre loisir qui faisait s'inquiéter certains de mes hommes...

Si au début tout cela sembla gentil et bon enfant, c'est petit à petit que ça commença à dégénérer.

L'opération que nous allions mener commençait déjà à nous rentre tendu et l'accumulation de petits retards ici et la commençait réellement à nous tuer à petit feu. Tous conscient que l'échec de notre boulot pourrait conduire à des morts, on a commencé à multiplier les dépassements horaires pour rattraper le tout. Ce fut un cercle vicieux qui commençait à saper notre humeur et les équipes sous mes ordres devenaient tellement tendues que ça en devenait presque palpable. Étant certainement la plus excédée puisque je dormais moins que tous les autres, j'en étais venu au stade de me faire respecter par l'instinct animal, dés qu'ils commençaient à faire une connerie je leur envoyer inconsciemment un regard meurtrier qui les calmée immédiatement. Mais pire que tout, je commençais à entendre des voix, sifflantes de longue complainte comme le chuchotement d'un serpent.

"Récure-moi..."

Nous avions découvert en installant les câbles de la tourelle de drôles de dispositifs, mais celui qui gagnait sans conteste la palme du ridicule fut ce gros bouton rouge dont la fonction première semblait être d'ordonner au sous-marin une remonté d'urgence situer dans les panneaux dorsaux de la bête. Ce bouton rouge avait deux particularités, la première d'avoir un gros panneau avec écrit dessus "ne pas appuyer" et la seconde et plus importante, une tâche de gras pile en son centre... On aurait pu essayer de le déconnecter, mais s'il y avait eu une sécurité l'activant dans ce genre de cas, on a préférés ne pas jouer aux idiots. Au début, je passais à côté sans l'observer, mais à ce moment là, j'avais presque l'impression que la moindre chose désordonnée me suppliait de l'arranger et ce bouton était le plus insistant et sournois pour cela.

"Cette infamie corrompt mon si beau visage écarlate, récure-moi !"
"Tu n'es pas vivant, tu n'es qu'un sale bouton !"
"Comandante Yanagiba, tout va bien ?"
"OUI ! ReToUrNeZ À VoS PoStEs eT QuE Ça sAuTe !"

Suite à l'acharnement de certains à me faire remarquer que je ne vais pas bien, j'ai commencé à aller voir notre cher médecin de bord. Ce qui fut un plus, mais pas suffisant de toute évidence. Du temps il nous en manque, si bien qu'a une semaine de l'arrivée, il nous en aurait fallu presque deux à trois pour finir à temps ! Nous étions sur les nerfs, nous avions des sautes nerveuses au point que plus aucun autre marin du submersible ne nous adresser la parole en dehors du travail. Nous sommes devenus des sortes de machines sans âme qui tenait à leurs nerfs pour multiplier les heures de travail avec le minimum de sommeil possible comme si nous faisions un concours de qui se reposerait le moins. Évidement à ce train là, certains tombés de sommeil et on réagissait comme s'ils avaient succombé au combat à grands coups de sanglot et de discours motivants comme si les machineries et les canons du submersible étaient des monstres géants qui aurait pu nous bouffer au moindre relâchement.

"Tu es devenu bien faible."
"Red, tu sais que je ne peux pas le faire ! Laisse-moi en paix !"

Red, le gros bouton rouge était de plus en plus insistant, m'appelant de sa voix sifflante. Je multipliai de plus en plus difficilement entre le travail et mes phases de pseudo-loisir ou de repos, seul les moment parlotte avec monsieur requin semblait me faire réellement du bien. À côté de au niveau de mon plan, c'est au moment où un plan annexe consista à incorporer un piège à souris mobile et une catapulte a savon que je me suis dit qu'il serait temps de trouver autre chose à faire. Mais quoi ? Finalement, c'est suite à une sieste que je m'y suis remise, j'avais trop sommeil pour me soucier du fait qu'on était encore sous l'eau et non sur l'eau. Ce fut un sommeil sans réel repos puisque j'entendais encore Red m'attirer à lui, comme une sirène dans les contes de mon enfance. Plus ça allait et plus Red avait la voix de Red... Enfin l'autre Red, celui qui n'est pas un bouton, mais, un traître, vous suivez ? Moi non plus je vous rassure.

"Tu sais que j'ai eu raison de le faire, tu sais que tu dois le faire."
"Jamais je ne ferai ce que tu me demandes Red !"

Saloperie de bouton, si seulement je pouvais le percer comme les autres celui-ci ! Je crois que c'est au moment où nous somme arrivés à destination que j'ai perdue tout contrôle et qu'excédée j'ai commençait à engueuler violemment Red, le bouton, en mélangeant cela à des choses que j'aurais pu reprocher à l'autre Red.

"Que diraient tes supérieurs, s'ils savaient que tu as quittée ton île, exilée, pour avoir participée à une révolution perdue d'avance ? Tu es exactement ce que tu combats, tu ne fais que vivre avec une épée de justice au-dessus de la tête. Le couperet tombera forcement un jour Rei, tu es pitoyable."
"LA FERME RED !!!"

J'ai fini par le claquer quand il a dit une vérité des plus déplaisante à mon égard... Forcement cela a activé le bouton et c'est là que l'alarme s'est déclenchée. Revenant à la réalité, je suis allé rejoindre mon poste au pas de course. Apparemment il y a des idiots qui c'étaient mis en tête de monter sur l'Hypérion dés l'opération de surfaçage fini, pour admirer le ciel, je les ai rejoints pour constater l'inévitable :

"Vous vous croyez où ?! Rentrez immédiatement !"

Quelle ne fut pas notre surprise quand on a vu tout autour de nous un grand nombre de vaisseaux pirates. Je leur ordonne aussi sec de rentrer et l'alarme de combat est déjà lancée, je m'élance au plus vite à mon poste et commence à dicter mes ordres de manière claire. L'adrénaline, c'est la seule chose qui me fera tenir le temps nécessaire, ou pas. Pour le moment, je n'ai pas le droit de me reposer alors que les pavillons noirs flottent au-dessus de nous. C'est alors que j'ouvre les tubes de communication avec le pond.

"Capitaine, nous attendons vos ordres pour faire pleuvoir un enfer d'acier sur nos ennemies."

Ce n'est pas mon habitude d'enjoliver ainsi mon rapport, mais je ne suis pas forcement conscient de le faire. J'espère juste que ce que nous avons fait suffira et qu'il n'y aura pas de problèmes majeurs avec ce que nous n'avons pas eu le temps de tester. Red, je me vengerai saloperie de bouton à la noix !


Dernière édition par Rei Yanagiba le Mar 1 Juil 2014 - 21:22, édité 1 fois
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Le lieutenant-colonel Mavim avait l'air plus morose que jamais. Malheureusement, cela n'allait pas suffire aujourd'hui. L'enchaînement des évènements avait plongé tous les Hypériens dans une situation désastreuse. Le capitaine l'avait senti venir dès qu'il aperçu le dessous des coques alors que le sous-marin entamait sa remontée. Il aurait pu croire à des vaisseaux alliés, mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas le cas. C'était certainement le manque de surprises sur le chemin de Jaya.

Mais ils étaient là, et il allaient devoir tirer le meilleur de la situation, comme d'habitude.

Il voulu d'abord retarder la remontée, mais une alarme inattendue avait plutôt précipité les choses. Si bien qu'il n'avait pas eu le temps de préparer ses hommes à ce qui allait suivre. Il n'avait même pas pu réfléchir à tous les détails lorsque la baie de commandement perça la surface de l'eau. Tout autours d'eux se pavanaient les pavillons noirs de leurs ennemis. Sebastian fronça les sourcils. Il ne pensait pas à avoir de chance, mais dans sa conception du monde, le commodore Jenkins aurait tout de même pu lui préparer un tant soit peu le terrain au lieu de le jeter au milieu des pirates.

Mais ils étaient là, alors au lieu de ronchonner, ils allaient botter des fesses.

Et ça tombait bien, en quelques sorte. Après avoir passé autant de temps coincés entre les murs, un peu d'exercice ferait du bien aux hommes. L'agitation autours du capitaine en témoignait, les chefs d'équipe se présentaient à lui l'un après l'autre, lui demandant ses ordres. Il en avait déjà envoyé une bonne partie aux baies d'abordages, mais certains arrivaient encore, comme le lieutenant Kanima.

"Simbab, prenez notre ami avec vous et rejoignez les sections à bâbords. Ensemble, vous prendrez l'ennemi de flanc pendant que le gros des troupes fixera son attention. Vous ne serez que deux, alors oubliez le panache et soyez efficaces, on aura encore besoin de vous. Nettoyez le premier navire établissez un périmètre de sécurité avant de continuer. Entendu ? Bien. Marche!"

Le lieutenant-colonel n'avait laissé le temps à aucune question. Il était déjà submergé par plusieurs vagues de soldats paniqués. C'était toujours dans ce genre de situation que le moindre problème décidait de se manifester. Un mousse s'était même présenté devant lui pour demander qu'on raccourcisse le manche de son balai-brosse. Sebastian dut se retenir de ne pas lui hurler ses quatre vérités, mais le regard qu'il lui lança fut tout autant meurtrier. C'est pourquoi il fut à moitié étonné lorsque la commandante Yanagiba l'avait contacté pour lui annoncer que ses batteries étaient parées à faire feu.

"Prenez pour cibles les navires aux extrémités de la baie. Les soldats s'occuperont des alentours directs du bâtiment, je compte sur vous pour rester attentive et leur apporter du soutien s'ils en ont besoin. Ah, et commandante... Feu à volonté. Entendu ? Bien. Mar- exécution !"

Au moins, ils avaient réussi à prendre les pirates par surprise. Sur les navires, les brigands s'activaient pour organiser leur force de manière aussi précipitée que désorganisée. Les équipages avaient dut maintenir une trêve débordant d'alcool et d'autres loisirs propres à l'île. C'était déjà ça.

"Lieutenant-colonel, que devons nous faire ?"

C'était l'officier chargé de la barre qui lui avait posé la question. Sebastian observa les navires s'étalant devant lui et en choisit un qu'il pointa d'un doigt qui n'annonçait visiblement rien de bon. C'était un deux-mâts assez bas pour que les hypériens postés aux baies d'abordage aient l'avantage de la hauteur et positionné au milieu des autres. Le sous-marin allait être encerclé, mais il fallait compter sur le manque d'organisation des pirates et d'éventuelles rivalités.

"Éperonnez le."

Les machines se mirent à tourner à pleine puissance, et l'Hypérion se lança en avant sans plus d'hésitation. Son blindage avait été renforcé et son nez ne ferait qu'une bouchée du bois mal entretenu du navire pirate. Les directives avaient été données, il ne restait plus rien à faire sur le pont de commandement. Mavim empocha un mini-denden et enfonça son casque sur la tête. Alors qu'il avançait vers la baie tribord, des soldats lui tendaient ses armes. Il portait déjà son épée à la ceinture, que le PàC-D ne tarda pas à rejoindre. Il passa son arbalète dans son dos et se muni du canon PX-12 portatif alors qu'il arrivait devant ses troupes. Bientôt, ils sentiraient le choc. Bientôt les portes s'ouvriraient et la lumière du soleil matinal illuminerait le visage des marins. Bientôt ils allaient se jeter dans la bataille. Mais là, on s'attendait à ce qu'il encourage ses troupes...
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Je m'envole. D'un bond, je quitte la corniche et j'atterris au milieu d'une dizaine d'ahuris ayant à peine ramassé leurs sabres. Dans leur regard, c'est d'abord la surprise, puis c'est la peur. Comme si l'once de rêve dans leur esprit venait d'être écrasée par la cruauté de la réalité. La bouche de certain s'élargie dans un mélange de fascination et de peur, les yeux de d'autres font de même lorsqu'ils aperçoivent le reflet métallique courant sur mes bras.

Ils ne peuvent pas gagner.

Et le pire, c'est qu'ils le comprennent avant même d'avoir levé leurs armes.

Midnight Crush

Mon poing s'embrase dans sa course et percute le sol à pleine vitesse. Un fracas de gravas et de poussière emporte mes adversaires, le souffle les propulse dans les airs et les fait retomber lourdement dans le sable de la plage. Le poing toujours incandescent, je remarque du coin de l'œil plusieurs autres groupes de pirates se dirigeant vers moi à la course. Tous vêtus de bandeaux, de tricornes, de chemises délavés et de chandails usés, certains pieds nus, d'autres portant des sandales, des bermudas sales, des pantalons troués, le kit parfait du mécréant de Grand Line.

-Amenez-vous, j'en ai encore.

Le ton est calme, ne laisse transparaître aucun plaisir. Parce que bizarrement, il n'y a rien d'intéressant dans ce combat. Dark est assez satisfait de s'être fait les crocs hier soir, ça a beau être malheureux, il y a une certaine sérénité qui vient avec un tel sacrifice. J'ai tué, je n'aurais pas dû, mais le temps n'est pas à se morfondre.

Profitons de l'absence du monstre pour enfin agir comme il se doit.

BOUM! BOUM! BOUM!

C'est l'Hypérion qui lâche une première salve de tirs! La bataille va enfin s'enclencher à vitesse double. C'est justement ce que me rappellent la cinquantaine de pirates accourant vers moi, pistolets et sabres au clair.

-Vous êtes chanceux les gars, le pire est déjà passé. Pour le coup, j'vais vous faire une fleur.

En un instant, je m'élance et j'arrive déjà sur le premier front, au beau milieu de la plage et devant une horde de pirates ahuris. C'est allé trop vite, ils ont encore des croûtes à manger à ce niveau là.

Le premier coup vient de l'ennemi. Un sabre fond sur mon épaule et ricoche dans un tintement métallique. Je sens du même fait le froid qui s'étend à travers mon corps et qui fluctue à travers mes membres, répandant la force du fruit tailladant dans mon organisme. Je réplique d'un vicieux coup de poing au visage qui catapulte le forban dans les airs. Un mouvement de recul éprend le troupeau qui se masse autour de moi, ils ne savent plus trop s'ils doivent réellement attaquer. De mon côté, c'est l'absence d'hésitation, d'un seul bond je plonge littéralement dans la mêlée.

Bientôt, je ne suis plus qu'un éclair bicolore virevoltant à travers la marée de pirates, frappant, parant, déviant et griffant comme une bête. J'esquive à droite, puis envoie un coup de coude à gauche. Je lève l'avant-bras pour parer une estocade avant d'écraser le nez d'un tireur à bout portant.

Midnight Blast

Mon poing s'enflamme à nouveau dans sa course à la vitesse phénoménale. Comme un météore, il s'enfonce dans l'abdomen du premier malchanceux en projetant des gerbes d'étincelles. Cette fois, l'impact est assez puissant pour faire mordre la poussière à dix pirates en ligne, tous percutés par ma première cible qui s'est déjà écrasée bien loin sur la plage.

Je me baisse juste à temps pour éviter un coup de sabre hasardeux, puis note une ombre qui s'approche de Jaya, bien haut dans les airs.

-J'espère que ce n'est pas plus de pirates qu'il n'y en a déjà…

À frapper sans se poser de question, comme ça, on finit par s'inquiéter. Et si on se faisait remarquer par des pirates de Flist? Et si l'Hypérion n'accostait jamais? Des inquiétudes qui me font préférer ne pas avoir à faire à des problèmes supplémentaires…
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    Jaya est à portée de main. Je ne saurais pas vraiment dire si ça m'enchante ou si j'en suis effrayée. Rien que d'y penser, mes sens s'affolent. Ce n'est pas une mauvaise sensation, pas vraiment désagréable ni vraiment positive. J'avais les mêmes frissons dans le ventre lorsque j'ai parlé à Nazca la première fois sur Citadel. Ces frissons que j'avais su reconnaître et apprivoiser avec les Sea Wolves, aux côtés d'hommes forts comme Toji et Red, coude à coude avec Lin ou Karl. Une excitation grandissante, celle qui emplit mes narines et obstrue mes paupières. L'appel du devoir peut-être, ou juste une soif pure et primitive de combattre -pour vivre me persuadé-je- et de protéger les plus démunis. Il est vrai que sur Jaya, les faibles et les démunis ne se trouvent pas à tous les coins de rue, mais en affrontant des pirates, on les mettant derrière les barreaux ou dans leurs caveaux familiaux, c'était pour protéger leurs futures victimes. Un peu.

    Pourtant, ici, à quelques encablures de la « Catin de Grand Line », à un quart de mon départ sur l'île, l'excitation n'est pas si omniprésente qu'elle l'avait pourtant toujours été à l'approche d'une île de Grand Line comme j'avais pu en croiser sous le commandement d'Arashibourei. Elle n'était là qu'en filigrane, sensible par transparence au-dessus de la joie. Je suis heureuse d'aller fouler au pied cette terre gorgée de sang et de vices, je crois. Assez pour être prête à quitter le navire depuis la veille. Remettre ma vie en jeu, remettre mes rêves et tout ce en quoi je crois en jeu, aux côtés de grands noms comme le commodore Jenkins. Du moins il me semble. J'ai pour de vrai et pour la première fois depuis trop longtemps, une mission claire. J'en avais eu une face à Nazca, mais c'était un travail de seconde zone, de prévention, qui s'est vite transformé -il est vrai- en duel à mort. Rien à quoi j'avais pu m'attendre et à peine ce que j'espérais. Je n'avais pas pu m'y préparer et si je l'avais pu, sans doute que je n'aurais pas perdu un bras dans la bataille. Un bras et probablement la plus grosse partie de mes rêves de gloire et de grandeur, mais je me dis que dans la Flèche nombreux sont les Colonels d’Élite balafrés. Je m'intègrerai d'autant plus facilement le jour venu.

    Et malgré tout, je redoute tout de mon arrivée prochaine sur cette île réputée mal-famée et horriblement puante. Pas pour l'odeur et ce même si ce que m'en a dit le cuisinier de bord avait réussi à me faire monter la bile à la gorge ; j'ai juste peur, je crois, de ce qui m'attend là-bas et de ce à quoi -justement- je ne m'attends pas. Le Léviathan et les Rhinos Storms. Parce que même si nous n'avons pas partagé les mêmes souvenirs de Salem qu'ils doivent encore appeler Fenyang, je redoute sa mémoire que je retrouverai gravée en chacun d'eux, dans leurs yeux ou leurs peaux, dans leurs langages ou démarches. Je redoute de me retrouver face à une foule qui ne sera que le fantôme de Salem. Une foule qui mettra très certainement mes nerfs à rude épreuve, comme rarement, peut-être comme jamais.

    Et c'est drôle de me dire que j'ai surmonté la perte d'un nombre si extravagant de choses ces derniers mois pour finir terrassée par la mort d'une image rétinienne d'un père que je n'ai plus croisée depuis des années. Et que même si je veux encore y croire, que je veux me persuader que j'ai dépassé cette nouvelle épreuve comme toutes les autres depuis le début de mon existence dans ce monde de brute

    J'ai peur d'aller sur Jaya.



Rachel, 1625



*****



-Vous en faites pas, je n'engagerai pas le combat avec Flist. J'essaierai juste d'en apprendre plus sur les déplacements de Nazca.
Soit par lui, soit par ses subordonnés.
-Je sais. Et au pire, j'essaie de prendre contact avec la Sorcière, sait-on jamais.
Ce serait probablement ta dernière bêtise.
-J'y survivrai, vous en faites pas.
Je ne m'en fais pas. Je vais garder la liste des prétendants à la place de Second près de moi, c'est tout.
-Quelle confiance... Tenez votre café est prêt.
Merci.
-J'aurai droit à un remplaçant aussi pour toutes les tâches ménagères ?
Personne n'est irremplaçable.
-C'est bien ce qu'il me semblait.

Maquillée de blanc sur la majeure partie du visage, Rachel se tenait à la proue du navire de la Valyrie et se préparait mentalement à faire le voyage jusqu'à Jaya. Elle serait seule pendant une demi-heure voire une heure en fonction du temps qui se dégradait au large. Si le vent forcissait, elle avait une chance d'aller deux fois plus vite ou de finir à la mer. Non pas que mouiller son maquillage qu'elle avait réussi à rendre waterproof la gênât, ou que tremper son complet de soie noire de Myriapolis ou ses volants de dentelle lui portât véritablement préjudice, mais elle qui adorait la mer comme un bébé qui y serait né -ce que parfois elle imaginait être le cas- s'y sentirait beaucoup moins à l'aise depuis qu'il lui manquait un bras pour le crawl. Encore un des mauvais côtés d'avoir affronté Nazca sans préparations.

Tout autour d'elle, les corbeaux dévissaient leurs têtes et cous comme si tous partageaient la même vision et ils semblèrent chercher à embrasser tous les horizons d'un seul regard. Elle se tenait au milieu, droite et le regard perdu vers cette direction où se trouvait Jaya. Elle ne prenait pas de Pose avec elle, les Corbeaux sauraient la guider jusqu'à la terre ferme. Et en parlant de corbeaux, il serait temps qu'elle trouve pour cette drogue car elle allait finir par en manquer. Les graines de Mister Crow n'étaient pas inépuisables.

-Bon. J'y vais.
Hum.

Devant cet encouragement informulé et sous un bref sifflement de la part de la Commandante d’Élite, les dix corbeaux entraînés à trainer le navire de Mister Crow et à porter des poids depuis probablement leur naissance se précipitèrent pour saisir Rachel aux épaules, aux aisselles et au bras. Ils la soulevèrent et Rachel fila alors au-dessus des flots vers Jaya.


*****



Au dessus de Jaya flottait un ciel de traine que le passage de vents froids avait engendré. Çà et là, au large, il éclatait en averses, mais au-dessus de l'île, les nuages bas étaient d'un blanc cotonneux et personne ne craignait une pluie imminente. Encore assez tôt pour que les ombres soient toujours allongées, la fraicheur etait au rendez-vous. Les chandail et vestes, les pantalons et les foulards restaient de mise. Dans les rues de Jaya, ça sentait le lendemain de fête. Et Rachel, dans son complet noir et blanc, se douta que c'était tous les soirs beuverie dans la ville principale de l'île. Il y régnait ce matin l'ambiance bon enfant d'une fin de soirée bien agréable pour tout le monde. On y côtoyait l'habituel déchet contre un angle d'une maison tordue dont Rachel douta qu'elle fût un jour droite. Elle croisa le couple de bons amis, bras dessus bras dessous, une bouteille de rhum brisée à la main, chacun une moitié, chantant et braillant à tue-tête des chansons dont elle ne voulut même pas essayer de comprendre les paroles. Il y avait par là la flaque de sang, la mare de vomi, la tâche d'alcool et même le mec pendu au milieu de la place.

Par curiosité mais également parce que de nombreux corbeaux s'y regroupaient, Rachel s'approcha du pendu. Il avait la silhouette d'un homme bien bâti, mais presque uniquement constitué de poils. Une épaisse tignasse rousse et emmêlée, salement tâchée de sang, masquait par son inclinaison et dans un masque de pudeur le visage cadavérique. On discernait par ailleurs la barbe du reste des cheveux par un jeu de reflet et par son apparence drue. Ses vêtements, amples et colorés, étaient eux aussi tâchés de sang. À ses pieds, un écriteau où, tracé à la peinture rouge assez équivoque, évoquait une histoire de traitre, d'assassin toujours en fuite, de menaces et de tartes à la framboise. Un classique dans le genre. Pourtant, de ce cadavre exposé aux yeux de tous comme un ultime avertissement, Rachel en prenait presque tout le sens, sans avoir les informations. Elle se détourna de l'homme que Serena et Lilou auraient identifié comme étant Juha et fit comme si de rien était.

Car cet homme pendu pouvait certes n'être qu'un hasard, mais elle n'y croyait pas. Les Rhinos avaient commencé leur plan d'affaiblissement de Flist. La question qui demeurait cruciale était « cet homme appartenait-il à la mouette ? » Au vu de la barbe, probablement pas, mais dans ce cas, pourquoi parler de traitre et l'exposer ainsi ? Un appât lâché par le Commodore Jenkins pour détourner l'attention du Crochet ou un message de ce dernier aux marins, comme il le semblerait au premier abord ? La situation était donc plus compliquée qu'il n'y paraissait. Le seul point positif restait que « l'assassin courait toujours ». Une phrase qui gardait de son mystère aux oreilles de Rachel mais qui laissait à supposer que les marins ne s'étaient pas encore fait mettre le grappin dessus et que leur travail d'affaiblissement continuait ; certainement.

Seule inconnue au tableau : qu'allait donc faire Elize dans cette situation ?

L'avantage dans ce genre de ville où tout le monde semble plus louche que son voisin, c'est que les gens finissent par ne plus faire attention à leurs voisins. Rachel -avec son bras manquant- passait donc inaperçue au travers des jambes de bois, des rires criés à la volée et des charrettes de tomates. Même pendant qu'elle se morfondait et se faisait du souci. N'importe qui, là, autour d'elle, pouvait être un marin en civil. Enfin en pirate. Un peu comme elle en ce moment. Et retrouver Oswald Jenkins sur cette île, ou même Flist, risquait de ne pas être évident.

Débouchant soudainement depuis une habitation à l'image de toutes les autres, un tavernier à la carrure d'un charcutier balança deux poubelles dans la rue. Il y eut un cri de douleur venant de l'intérieur, mais avant que Rachel n'ait eu le temps de se demander pourquoi, une meute de chats -et par meute comprendre MEUTE- se jeta sur les sacs poubelles. Tandis que de l'une surgissait un homme en caleçon courant et hurlant à tue-tête, la seconde se fit dévorer par les chats voraces.

Surtout ne pas poser de question. Et contourner. Voilà.

-Excusez-moi ?
-Oui ? Fit le tavernier en sortant une seconde fois cette fois avec une pile de carton dont l'un avait des lunettes de soleil.
-Euh, navrée, mais je chercherais...
-Flist ? Comme tout le monde ici.
-Qu...
-Dans le bar tout au bout de la rue. Vous pourrez pas le manquer, tous les pirates s'y précipitent.
-Mais je ne...
-Ah, et il doit y avoir des tâches de sang partout. Un mec a tué toutes les serveuses il y a deux ou trois jours je crois.
-Euh... Eh ?
-Je trouvais ça vraiment chiant pour la concurrence que Flist choisisse ce bar plutôt que le mien, mais finalement, je suis content pour mes employées.
-Pardon mais je ne veux pas rencontrer Flist. Du moins pas encore
-Oh ?
-Non. Euh... Vous ne connaîtriez pas une certaine Nazca par hasard ?
-Nazca ?
-Oui je la cherche.
-Non, pas du tout. Avec un nom comme ça, soit elle est serveuse, soit elle s'est réfugiée dans une maison de passe. Vous êtes de sa famille ? Condoléances, ici y'a pas grand chose de frais qui survit très longtemps.
-Ah. Eh bien je suppose...
-Bon courage, je vous laisse, j'ai du lait sur le feu. Au sens propre.

Elle ne se fit pas prier pour reculer et mettre de la distance entre ces sacs poubelles pleins de choses qu'elle ne voulait pas connaître et se remit à marcher, en direction du fameux bar. Ça aurait été trop beau. Mais au moins connaissait-elle la localisation de Flist. Nazca resterait une énigme quelques temps encore. Ne restait que Jenkins. Lui, elle ne le trouverait pas seule puisqu'il était justement trop reconnaissable.
Avisant un terrain vague, une vague propriété détruite par manque de goût de l'ancien propriétaire ou parce qu'il avait cherché à cirer les mauvaises chaussures, Rachel s'y engagea sans plus de cérémonies. S'isoler dans Jaya n'était peut-être pas recommandé, mais il était trop tôt pour les méfaits et de toute façon, elle demeurait une commandante. Il faudrait une armée pour réussir à l'acculer. À l'abri -tout relatif qu'il fut- Rachel fit se rassembler ses corbeaux autour d'elle par de brefs sifflements. Et l'on put observer depuis l'allée principale une nuée de corvidés fendre les cieux pour fondre sur elle. Là elle sortit de sa poche la photo de Jenkins. Qu'elle leur montra avec la patience et l'insistance d'une institutrice devant de jeunes élèves

-Je n'ai pas de messages pour lui, mais si vous le trouvez, volez haut dans le ciel, que je puisse vous voir de loin.

Comment expliquer le vide qui l'envahit une fois de plus lorsque les mainates s'enfuirent à tire d'ailes ? Peut-être celui qui s'insinue dans les os à la vitesse d'un lac dans les champs de maïs lorsque le barrage cède. Un sentiment diffus d'avoir fait ce qu'elle devait faire et qu'elle n'avait plus qu'à attendre. La sensation de n'avoir plus rien à faire jusqu'à ce que les corbeaux reviennent. Elle fixa les cieux cotonneux pendant quelques minutes, espérant sans y croire que ses messagers se manifestent rapidement, mais elle abandonna cette idée en se giflant mentalement. Elle avait mieux à faire. Elle fit demi-tour et fut de nouveau dans la rue principale. Là où les hommes et femmes de Jaya vivaient leurs vies, tantôt mouvementées, tantôt tranquilles. Il était encore tôt, mais Jaya grouillait. Contre toute attente, elle passa devant une boulangerie qui était non seulement en bon état, mais également de bon aloi. Elle y prit un pain au raisin en remerciant le vieil homme moustachu dont les yeux se perdaient sous ses sourcils broussailleux et qui était aussi maigre que de l'amadou. Dégustant donc sa viennoiserie, Rachel arpenta les rues offertes à la journée nouvelle dans l'espoir mince de tomber -par hasard- sur une information intéressante. Au pire les connaîtrait-elle pour plus tard, ces rues. Connaître l'environnement en théorie, c'était pas mal, mais il fallait qu'elle ait au moins un peu les rues dans les pattes, non ? …

Si au moins la Gueule de Requin avait appris quelque chose à Rachel, c'est que cette dernière n'était pas faite pour l'investigation et l'infiltration. Et c'est quand au bout d'une demi-heure, après qu'elle  se décidât à entrer dans un bar pour prendre un café noir, qu'elle aperçut par la fenêtre, haut dans le ciel trois corbeaux tourner en rond. Sans demander son reste ni sa monnaie, elle s'enfuit hors du bar, renversant sa table au passage.

-MADEMOISELLE ! VOTRE CAFE !!?

Mais elle était déjà trois rues plus loin et bondissait sur des caisses posées nonchalamment ici-bas pour atteindre les toits. Guidée par cette étoile du berger, elle courait à en perdre haleine. Elle en garda juste assez pour pousser un long sifflement. Très vite, quatre corbeaux apparurent comme de nulle part et la suivirent dans sa course effrénée, jusqu'au bord d'un nouveau toit qui marquait la fin de la ville. Devant elle, la forêt s'ouvrait, et au-delà la mer. Un espèce de piaillement plus tard, elle bondissait dans le vide et les quatre corbeaux la rattrapaient en vol, par les épaules et les aisselles. Ils gagnèrent de la hauteur. Juste de quoi survoler les pins, les chênes et les noisetiers. À leur passage, un groupe de South Bird s'enfuirent en hurlant, leurs immenses bec pointant dans la direction opposée à leur vol. Rachel se prit à rire devant l'étrangeté de la scène puis à sourire devant la beauté de ces couleurs qui couraient sous ses yeux comme si un géant avait lavé ses pinceaux dans un torrent. Elle reporta son attention sur les trois mainates qui tournoyaient tout là-haut. Si elle ne se trompait pas, il y avait un banc de sable et une espèce de crique par là. Peut-être qu'il s'agissait du camp de base des Rhinos, bien que trop à découvert pour elle. Grande fut sa surprise quand devant ses yeux la scène de débarquement s'extirpa depuis la cime des arbres.

Navires, hommes, feux de camps. Trois navires pirates et un submersible de la marine -Serenity ? Les hypérien ? Du Leviathan aucune trace et tant mieux. Un navire de cette taille ne serait pas passé inaperçu. D'un regard, Rachel convint que la situation était chaotique et elle n'aurait su dire qui attaquait qui, bien que le nombre de pirates à terre impliqua que les marins fussent les attaquants. Des hommes de Flist ? Probable mais tellement peu discrète. Il faudrait y mettre fin très vite.

Tandis que sur les eaux, le submersible attaquait à la poudre et au tonnerre l'un des navires pirates, un autre subissait visiblement une attaque d'un tout autre genre. Et si Rachel fut incapable d'en voire plus, elle pouvait admirer le bâtiment gîter dangereusement dans des mouvements qui n'étaient pas ceux qu'une houle normale. Sur terre en revanche, un maelström de bruits, de mouvements et de corps enflait. Des tintements aigus. Des lames et des os qui se brisaient, des pirates qui volaient dans tout sens. Et en guise d’œil du cyclone, Oswald Jenkins. Facile à trouver en fait.

Et soudain, les Corbeaux la lâchèrent. Pourquoi ? Rachel eut le temps de se poser la question et de se maudire de ne pas parler le corbeau couramment pour le leur demander le temps de sa chute. À la place, seul un cri perçant et paniqué franchit ses lèvres.

-KYAAAAAAAAAH !

Elle aurait voulu retomber sur les pieds comme un chat, mais elle ne réussit pas totalement à se redresser à cause de son bras manquant. Et les gens qui ont déjà essayé de nager la brasse avec un seul bras comprendront son désarroi. Les bras en croix dans le cratère de sable qu'elle venait de créer ex nihilo, elle regarda le ciel, au moins le temps de remettre ses pensées dans le bon ordre. Elle n'avait pas envie ou besoin de repenser à Salem à l'époque de son arrivée dans la marine ou de la bataille de polochon qu'elle avait essayé de faire avec Lin avant de gagner de belles lacérations sur le bras en guise de défaite. Tout ce dont elle avait besoin, dans l’immédiat -et que son cerveau lui refusait pour l'instant- c'était de savoir à qui appartenaient ces têtes qui dépassaient des butes de sables qui la bordaient comme dans un landau. Et visiblement, malgré le chaos ambiant, ces même têtes se posaient la même question.

-C'est qui ça ?
-Un ange ?
-T'as vu ses cornes ? Ça peut pas être un ange !
-Pourtant il paraît qu'il y en a au-dessus de jaya, c'est ça les ombres des géants qui...
-La ferme avec tes légendes toi !
-Pardon mais... vous êtes qui ?
-Oh... ? Euh... Louve. Je crois.
-Ha-ha ! Je l'avais dit !
-N'IMPORTE QUOI TU DISAIS QUE C'ÉTAIT UN ANGE !
-Comme elle a de petites dents pour un loup.
-C'parce que je suis végétarienne. Je crois.
-Comme elle a de petits yeux pour un loup.
-C'parce que je voulais pas vous voir. Je crois.
-Moi je dis, c'est un ange.
-MAIS TU VAS TE TAIRE OUI ?
-Je suis où ?
-Où ? Mais sur Jaya voyons. Tu débarque ou quoi ?
-Jaya ? Jaya... ah. Jaya. Je me souviens.
-C'est moi ou il fait plus froid tout à coup ?
-C'est moi ou elle devient toute noire l'ange ?
-ON T'A DIT QUE C'ÉTAIT PAS UN...
-Eh les gars ! Je crois qu'il a raison pour une fois...
-BIEN SÛR QUE J'AI RAISON !
-Désolé, c'pas contre vous.

Une ombre grandit soudainement dans le cratère qu'elle occupait et la faucheuse en jaillit, verte en fumeuse. Dans cette colonne de noir, de turbules et de vents irréels, deux yeux verts brillaient d'un feu infernal.

-Rankyaku !

L'onde de choc trancha tous les hommes réunis autour du cercle dans un ensemble parfait, les envoyant rouler deux mètres plus loin une belle entaille sur l'abdomen. Heureuse d'y être arrivée du premier coup, Rachel jaillit du trou comme un diable de sa boite et s'élança à la suite de Oswald Jenkins. Traçant son chemin au milieu des pirates qui s'enfuyaient dans l'autre direction, marchant à moitié sur les membres brisés d'autres et écartant la petite partie encore debout et qui l'attaquait par défaut, elle retrouva très vite le Commodore Jenkins qui avançait inexorablement jusqu'à la mer.

Fracassant de son talon les orteils d'un pirate au front barré d'une serviette de toilette et avec en guise de cache-oeil du coton rougi, elle pénétra dans la bulle vitale du capitaine du Léviathan et lui posa la main sur l'épaule. Le problème -en plus de le faire en plein milieu d'une bataille- c'est qu'elle le fit comme les cinquante précédentes personnes. Et puisque les cinquante précédentes personnes avaient des intentions belliqueuses, elle écopa d'une attaque gratuite d'un bras luisant, comme un couteau dans la nuit. Des lames à la place des bras, qu'elle avait lu. Saloperie de fruits du démon. C'est donc dans un mouvement aussi rapide que le sien qu'elle lui opposa son talon pour bloquer le bras tranchant qui visait sa propre tempe. L'onde de choc qui se dégagea de l'impact souffla les quelques mouches qui encerclaient l'étalon Jenkins sur plusieurs mètres en arrière. Rachel profita de cette brève accalmie pour laisser s'étendre cette aura qu'elle aimait à disperser. Autour des deux officiers de la marine, l'air se distordait, se déployait, comme une vague de chaleur. Les pirates prirent peur de cette nouvelle fille qu'ils savaient ne pas être des leurs. Ils restèrent donc à distance quelques instants de plus. C'est donc dans cette position assez inconfortable, quasiment en grand écart, le pied au niveau de sa tête, que notre Commandante fit face au Commodore Jenkins pour la première fois. Qu'elle put admirer ce visage scindé, ces cheveux verts en bataille et ces yeux qui parlaient pour eux même. Une belle bête, dangereuse. Durant une courte seconde, elle fut contente qu'il soit de son côté.

-Vous êtes tout de même bien plus beau en vrai qu'en photo, Commodore Jenkins.
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"Soldats, nous y sommes: Jaya..."

Sur la baie d'abordage, debout sur une caisse, Sebastian tenait devant sa bouche un cornet métallique. Le système de communication interne était encore pour lui un mystère, mais il fonctionnait, et c'était bien suffisant pour le moment. Sa voix se répercutait dans un réseau métallique dans l'ensemble du sous-marin, et lui revenait même après une courte latence, comme un écho quelque peu mystique.

"Aujourd'hui, nous avons une chance unique. Ce n'est pas une arrivée que nous offre cette île, mais un départ..."

Dans la section d'artillerie, la voix du lieutenant-colonel couvrait à peine le bruit des canons. Les hommes fonctionnaient comme des automates: charger-viser-tirer, charger-viser-tirer... Sans cesse et toujours répétant les mêmes mouvement. Dans le vacarme des batteries balistiques, ceux qui parvenaient à distinguer le discours ne s'arrêtaient pas, mais prêtaient une oreille distante à leur capitaine.

"Nous sommes les hypériens, mais nul ne sait ce que cela signifie. Je vais vous le dire..."

Sur le pont d'observation, le silence régnait sous la voix inspirante de Mavim. Tous avaient les yeux fixés devant eux. Ils s'approchaient du navire qui n'avait pas encore commencé à faire feu, mais cela risquait de ne plus tarder. La baie vitrée au dessus d'eux devait représenter un point faible pour d'éventuels assaillants, mais les hommes abrités dessous en connaissaient la solidité. La pression de l'océan était bien plus terrible que n'importe quel boulet.

"Nous sommes les hypériens, rien ne doit jamais arrêter notre marche. Notre nom fera couler la terreur dans les veines de nos ennemis. Nous sommes les hypériens, et la victoire sera notre."

À l'ombre des deux hommes poissons, un soldat envoyé sur la baie tribord commença de regarder les hommes autours de lui. Il était jeune et semblait frêle face à certains. Il commença de trembler, ne sachant pas ce qui l'attendrait derrière les lourdes portes d'acier. Il baissa les yeux, ne sachant s'il pourrait croire aux paroles de son supérieur. Il voulait, mais ne se sentait pas à la hauteur.

"Nous somme un rouage de la grande machine de destruction qui nous transporte. Nous sommes compagnons dans l'adversité, frères face au danger, le pire cauchemar de quiconque osera se dresser contre nous."

Dans les entrailles du sous marin, un mousse s'évertuait à scier le manche de son balais. Il leva la tête, se demandant ce qui pouvait bien être en train de se passer pour que tous désertent ainsi les couloirs du sous-marin. Il se leva et se dirigea vers le réfectoire. Peut-être restait-il du pudding...

"Nous sommes l'Hypérion, et c'est aujourd'hui que nous définissons ce que cela veut dire. Soldats..."

Sur la baie d'observation, la pause sembla tomber si parfaitement que l'officier de quart eut de la peine à y croire. Chez les artilleurs, le feu ne s'interrompit pas une seconde. Une lourde main se posa sur l'épaule d'un soldat trop bleu pour être à sa place et mit fin à ses tremblements. Un mousse trébucha, et l'ensemble du sous-marin fut secoué par le choc lorsqu'il frappa de plein fouet le navire pirate. Dans la seconde qui suivit, seules retentirent ces paroles, que cette fois chacun entendit:

"Faites le pire dont vous êtes capable."
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"On aura encore besoin de vous" ? Il veut dire quoi, par là ?

On y va.

Sinbad m'frôle et une fraction d'son regard ricoche sur mes mirettes encore vitreuses. Il s'précipite dans les couloirs, moi à ses trousses, on file droit au casse-pipe. Ce poiscaille-chat est un bougre déterminé et bien piètre proie pour la panique. Tout mon opposé, moi dont la migraine occupe encore mon système, moi qui peine à contenir l'analyse de données qui fusent dans tous les sens. Moi qui sent mon esprit enfumé s'échauffer à l'augure du combat. La fièvre d'la survie qui s'déclare en moi. Tuer ou être tué. Plonger dans un charnier qui modèle des héros meurtriers. Perso, j'vois juste une nouvelle occasion d'morfler et d'effacer toute trace d'ma pitoyable existence derrière moi. Gah. Le destin va-t-il la saisir, cette fois ?

Concentre toi.
Ouais. Ouais. Mais, un navire entier ?
C'est faisable si on le saborde avant d'attaquer.

La boîte de conserve nous ouvre sa porte sur son flanc bâbord. Raisonne à travers la boîte de conserve un discours d'adieu.

La couverture turquoise qui clapote et qui crépite s'dresse devant nous. Un paysage verdoyant, là-bas. C'est Jaya, et sa jungle luxuriante, et ses plages de sable fin, et ses effusions d'sang. L'aurore baigne une baie magnifique qui voit malheureusement partir son dernier matin d'innocence. V'là au large notre cible, un voilier, dont les canons tonnent déjà. Les mots du lieutenant-colonel envahissent les coeurs, mais peinent à pénétrer l'mien, froissé par un trac invasif, plié par la douleur. La douleur de partir répandre la justice par la violence. Tandis qu'la plage va s'laisser repeindre en rouge par les pinceaux d'acier des camarades, on part effacer l'un des navires au pavillon noir de l'horizon d'la baie. Quand faut y aller, faut y al... Hmm.

Lui d'abord.

Il plonge, et brasse à toute allure. J'me lance à mon tour, m'fracassant la face contre cette eau trop fraîche pour être honnête. Elle a le mérite d'me réveiller une fois pour toutes. Mon esprit devient alerte, mon corps s'désengourdit, j'me cale servilement dans l'sillage de mon supérieur et j'en bougerai pas. A la suite du congénère de glace, j'adopte la vitesse d'un requin en chasse. Mais sa mentalité me manque. J'me sens pas prédateur, ni proie. Plutôt les deux à la fois. Mes tripes s'trempent de deux nuances de peur : la trouille noble, celle de décevoir, celle de laisser les émotions prendre le pas sur la mission, et la trouille instinctive, celle de crever l'ventre au ciel et d'colorer la mer de mon hémoglobine. Et l'visage de pierre du poiscaille-matou n'apaise pas mes états d'âme. Il abandonne pas sa trogne de constipé, même lorsqu'il jette d'furtifs coups d'oeil derrière lui pour évaluer ma position.

On progresse vite, et la coquille immergée du navire s'présente à nous. Encore quelques centaines de mètres. La flotte étouffe le vacarme terrifiant, l'empêchant d'agresser mes esgourdes. Mais j'le perçois. J'le devine. Là-haut, l'orchestre du feu et du fer profanant c'paradis ensoleillé et turquoise. Les canons hurlent. J'tente de passer outre les immondes souvenirs de bataille qui m'traversent la tête, parce que perdre pied avec la réalité me tuerait. J'redouble plutôt de vitesse en profitant de l'aspiration du copain qui m'ouvre la voie. On fend la mer. Plutôt que d'se faire fendre par...

... une de ces balles. Qui vient de creuser mon oreille gauche pour y caser un affreux bourdonnement aiguë teinté de glouglous. Ça continue. C'pas des tirs perdus. Il pleut dans l'eau. Là-haut, ça mitraille tout azimuts.

'tain, ils nous ont vu ?
Il faut descendre plus profond.

J'me fais pas prier, et m'exécute, tremblant. Bordel. Pas clamser, non. Surtout pas dans cette flotte souillée qu'est censée être mon élément. Puis c'est si aléatoire, une mort par balle. Ça peut autant choisir de t'bousiller la cervelle et tout ton esprit avec en une fraction d'seconde, qu'aller s'ficher dans un os de guibolle pour faire durer l'plaisir.
Mais l'averse de métal se calme, une fois qu'on s'retrouve à l'abri sous la coque, à deux brasses de l'ancre enfoncée dans le sable. J'me permets un laaangouureux soupir de soulagement. Et sous l'eau, ça ressemble à un gargouillement d'noyé.

Sinbad gamberge en mirant fixement le bois pourri qui nous surplombe. J'me maudis d'avoir l'esprit trop nébuleux pour pouvoir penser du sensé. C'pas faute de volonté, pourtant. J'aurais envie d'trouver une idée géniale, mais...

Euh... On fait un trou dans la coque ? Puis on y rentre ? Ils couleront tout en devant nous gérer, et...
C'est à essayer. Prépare-toi.

Ça fait longtemps, vraiment longtemps qu'j'ai pas eu à répéter mes leçons d'karaté aquatique. Un sourire crispé mais hardi me décore la mâchoire. V'là qu'arrive mon premier instant de gloire. J'tasse un mini-typhon entre mes palmes, il glougloute, et l'est carrément pas avare en nuages de bulles. J'ai pas bien l'habitude d'les modeler pour en faire des bastos létales, ces conneries-là. Alors l'travail risque d'être pas bien propre, ni super efficace. Mais... réfugié dans les abysses,  j'me sens suffisamment serein pour bosser un peu la forme. La flotte entre mes paluches devient de la pâte à modeler. Ouais... Ça fera mal. Cette bombe à eau sera à mon image. Petit, vilain, discret et tenace.
Pendant c'temps, Sinbad est remonté tâter les faiblesses d'la coque. Il fout une beigne dans la quille du bateau, qui s'retrouve fissurée. J'lui adresse un regard interrogateur, avide d'ordres à suivre, tel un bon molosse des mers tenu en laisse par ses supérieurs. Les initiatives, c'pas mon truc.

Vise ce point.

D'une impulsion, il prend d'la distance. Mes mirettes s'braquent sur la p'tite brèche. Et j'balance aussitôt la sauce, qui part s'cogner d'plein fouet à la plaie d'la quille dans un petit tourbillon fou furieux et informe, une teigne de taille ridicule mais dotée d'une hargne à en consumer une orque de peur. L'impact transforme la fissure en fracture, et un écho sourd envahit les profondeurs. Tandis que j'devine que 'là-haut, la secousse semble avoir meurtri les rustres boucaniers, car j'entends leurs cris rauques de surprise d'ici. J'crois même reconnaître des jurons. De la haine. En rapport avec des poissons. Qu'il faudrait tous faire frire...

Bien...

L'équilibre de l'imposante bête de bois là-haut semble rompu. Elle tangue dangereusement. Ses grincements lugubres... c'est comme si l'navire souffrait, tiens... J'crois qu'il va se renverser.

... Il ne nous reste qu'à attendre qu'ils chutent. Décalons nous.

L'idée d'être le squale qui attend qu'ses proies lui tombent entre les crocs m'plaît pas des masses. L'idée d'être la mort tapie dans les abysses me révulse. Mais c'est la guerre...
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La fatigue nous écrase, mais aussi dans un sens l'appréhension, car, a chaque moment un des canons peut nous faire une blague et exploser dans le pire des cas. Les combats ne sont jamais joyeux, ce n'est jamais la fleur aux fusils que l'on tire un boulet et l'on est bien conscient qu'ils feront des morts. Pourtant, c'est calmement que l'on attend la réponse du capitaine et celle-ci arrive rapidement. Jimmy attendait au centre, vers le fond de la salle avec son petit tambour. Jimmy ? C'est un jeune mousse, un des plus jeunes de l'équipe et s'il n'est pas forcement le plus mauvais de nos mécanos surtout pour un bleu, il a un don et il sait que si on lui demande d'avoir son instrument ce n'est pas pour nous moquer ou l'éloigner de la poudre. On manque de concentration à cause du manque de sommeil, du stress du combat et pour diverses autres raisons, pour garder un rythme régulier aux canons principaux cela ne sera pas de trop. Je lève le bras, de l'autre j'attends pour ouvrir les cornets métalliques prêts à relayer les ordres à donner. Finalement ça arrive, feu à volonté. J'ouvre les cornets, pas besoin de diviser les ordres.

" Lieutenant Murayama, Lieutenant Matsuda vos armes soutiendront les marins, je vous laisse carte blanche sur le choix des cibles jusqu'à nouvel ordre. Feu à volonté."

Je ferme les moyens de communication, ils attendent le feu de notre pièce d'artillerie comme coup de départ c'est un peu comme une tradition d'envoyer la grosse artillerie leur dirent bonjour. Vous vous dites que ce n'est pas du lourd ? Vous vous trompez lourdement alors : Ce n'est pas forcement une idée si neuve, mais un submersible équipée de canons lourds pour la chasse est efficace même si les torpilles le sont certainement tout autant dans d'autres cas. Sauf que les torpilles, je n'y connais rien et qu'au moins le canon, ça frappe aussi les côtes. Bref, ce joujou est maintenant équipé d'une tourelle triple de gros calibre, le même qu'un cuirassé. Je m'assure d'un regard que les trois pièces sont chargées. Ils ciblent un navire éloigné comme ordonné par le capitaine.

"À mon ordre ! FEU !"

C'est alors que l'Hypérion décharge une pluie de destructions, juste après le premier coup qui fit trembler tout le bâtiment, les canons de soutiens sur le pont firent feu de tout bois et c'est avec calme et en donnant des ordres clairs sur les corrections d'angle au rythme du tambour que l'on tire coup après coup. Forcement, moins rapidement que les tirs plus légers à bâbord et tribord des armes de soutiens. Les oreilles vrillées par les coups successifs nous n'entendons presque plus notre musicien, alors le discours du capitaine je vous laisse imaginer. C'est à ce moment la que l'officier de passerelle nous informa de la manœuvre d'éperonage, en attendant qu'elle se finisse nous visions un navire plus loin vers bâbord. Puis une fois que nous avons pris de la vitesse.

"Visez droit devant, élévation 15° et tirez à mon ordre."

Il s n'étaient pas sûr de ce qu'ils venaient d'entendre, d'un regard je leur confirme mes ordres et c'est encore moins rassuré qu'ils s'exécutent, tirer à bout portant avec des pièces d'artilleries aussi lourdes pourrait nous endommager, mais je ne veux pas non plus laisser les pirates du navire les tirer comme des pigeons quand ils sortiront bien que le premier choc les désorganisera, on n'est jamais assez prudents. Le temps passe, le choc initial et soudain la batterie principale fait feu pulvérisant un peu plus le bois affaibli par la manœuvre précédente. J'ai un doute, est-ce qu'il n'aurait pas besoin d'un peu plus de soutiens et surtout, est-ce qu'on va tous se croiser les doigts et tirer en boucle alors que certains sons formés à l'artillerie mobile. J'observe mon sous-officier direct et avant même que j'ouvre la bouche.

"Allez-y, avec tous ces pirates, ils ne seront pas trop couverts."

Je lui fais un sourire, derrière moi dans un casier, elle m'attend et quatre marins costaux sans avoir besoin d'un mot prennent leurs gros calibres, d'autre pas forcement aussi épais prennent nos caisses de munitions et de poudres. Je vais au cornet d'où sont venus les derniers ordres en espérant que le capitaine est encore présent ce qui m'étonnait.

"Nous allons faire une sortie avec l'artillerie mobile pour vous soutenir depuis le pont de l'Hypérion, bonne chance a vous tous !"

Je leur fais un signe de la tête, ils me répondent à leurs manières certains par un sourire du genre "ce n'est pas trop tôt" et d'autre plus neutre alors que l'on monte sur le pont. À chaque pas nos cœurs battent de plus en plus fort, la fatigue nous attaque comme beaucoup d'autres sentiments négatifs... Mais ce n'est pas le moment de flancher. Une fois en haut, nous sommes aux premières loges pour voir ce spectacle à la fois terrifiant et grandiose de bataille générale et nous nous mettons en place.

"Dés qu'ils se feront viser, feu a volontés. N'oubliez pas, notre rôle c'est de faire en sorte que les gugusses d'en face crèvent pour leurs drapeaux et non l'inverse ! Vous êtes prêts ?! Pour la marine ! Cœur de fer ! Main de fer !"
"Hooyah !"

Dès qu'ils seront visés, nous serons des machines comme les autres batteries, visant l'efficacité et tirant pour tuer. C'est alors que par équipe de trois, on fait pleuvoir les tirs pour soutenir nos alliés : un artilleur, un chargeur qui porte une partie des munitions avec l'artilleur et un membre avec une paire de jumelles pour aider aux corrections de trajectoires et armé de fusil et de sabre au cas où. Pourquoi sortir ? Ce n'est pas évident ? Les batteries ont un angle limité et nous dans le pire des cas pourrons débarquer si l'on en reçoit l'ordre. Nous sommes des soldats, nous sommes la marine !

HRP:


Dernière édition par Rei Yanagiba le Mar 1 Juil 2014 - 21:33, édité 1 fois
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Je n'ose pas baisser ma garde, surpris, ne m'attendant pas à une telle apparition. Un instant, Dark a même osé se réveiller. J'ai senti le souffle de sa hargne s'immiscer dans mon esprit, j'ai senti mon flegme se liquéfier sous l'instinct du Monstre, j'ai senti le goût du sang sur mes papilles. La brutalité qui tue les émotions. Le désir de meurtre qui éclipse le bon sens. La folie qui noie l'amertume et étouffe le discernement.

Un seul instant, j'étais à nouveau le prédateur lâché en pleine chasse. Le Monstre à l'appétit insatiable de la nuit dernière.

D'abord, je l'ai fixé de bas en haut, stoppant mon second bras qui filait déjà à toute vitesse vers son ventre. Une longue jambe musclée, svelte, perdue dans les froufrous d'une large robe de blanche poussiéreuse. Mon premier réflexe de combattant est de dénoter l'absence d'un de ses bras, mon second est de déceler l'atmosphère pesante et brûlante entourant son escarpin. Le haki. Ce n'est définitivement pas n'importe qui, et ça, je le réalise en restant bouche-bée lorsque mes yeux s'arrêtent sur son visage.

Elle pourrait avoir quinze ans. Des pommettes hautes, une bouche en cœur aux lèvres charnues, un nez presque inquisiteur, de mon point de vue. Le plus fascinant, ce sont ses yeux, ces yeux… Des yeux comme il est impossible de les comparer à quoi que ce soit, si ce n'est un lac tumultueux garnis d'émeraudes.

À croiser ses iris, j'ai l'impression d'y sombrer, de plonger dans l'obscur de son esprit, en fait, je n'y plonge pas, j'y sombre. Oui, j'y sombre. J'y sombre puis j'y observe des émotions et des expériences qui ne devraient pas figurer dans la vie d'une ange comme elle. Tu est brisée et toujours si jeune, comme tant de ces personnes qui servent pour ce qui semble être la justice. Comme tant de ces gens que je croise et qui cachent leur détresse derrière un nuage de joie éphémère. À croire qu'à avoir vécu une vie de misère, on finit par ne savoir reconnaître que cette vieille emmerdeuse dans le regard des autres. Mais chez toi, il y a bien pire que ça. Plus que la détresse de quelqu'un qui a connu la séparation, la mort, le rejet. Le pire, c'est que tu gardes en toi toute ces choses et que tu les écrases et les oublies sous le poids de ton ambition. Toi, tu ne caches rien, tu extériorises les horreurs que tu as connu, tu te poudres de tes expériences au point de t'enlaidir sous un masque qui rappelle celui de Double Face.

Le compliment me trouble et me force à reculer d'un bond. Un long moment, je reste paralysé, frappé par les paroles qu'elle vient de prononcer. Une belle inconnue, estropiée, maquillée comme un cadavre au regard plus que troublant… qui me dit que je suis…

-…B….Beau?...

Elle a dit que j'étais beau? Moi? Double Face? Je n'arrive même pas à trouver la logique dans ces propos. D'aussi loin que je me souvienne, on ne m'a jamais tenu de telles paroles. Jamais.

-Euh… eh bien… c'est-à-dire que… euhm… merci… À qui j'ai affaire?

Parce que dans une telle situation, se laisser distraire peut être fatal, mieux vaut tout de suite classer cette étrange apparition sous l'enseigne appropriée. Depuis que je l'ai frappé, j'ai compris qu'elle ne semble pas être une combattante de pacotille. L'aura ne ment jamais, et la sienne semble presque palpable de par sa puissance.

Je reprends contenance, mon ton se durcit et mes doigts s'acèrent comme des crochets.

-Parce que je n'ai pas le temps de m'attarder pour un ennemi de plus ou de moins.


Dernière édition par Oswald Jenkins le Dim 29 Juin 2014 - 2:28, édité 1 fois
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On dit que la première impression est souvent la bonne. Rachel avait dans l'idée que cette maxime n'était valable que parfois, à certaines occasions très spécifiques comme l'arrivée d'un beau frère dans la famille ou les premiers contacts avec un nouveau supérieur, voire avec son sauveur. Et on dit aussi que le premier échange de coup raconte énormément sur la vie de la personne avec laquelle on croise le fer. Mais rien ne l'avait préparée -il faut bien le reconnaître- à ce regard qui la glaça instantanément. Un regard jaune, certes très beau, avec de magnifiques reflets dorés, des effets de lumières comme s'ils étaient un tableau en clair-obscur ; aux éclats et reflets mouvants. Hypnotiques certainement si elle avait eu le loisir de les admirer plus en détail. Il fallait également noter que le côté sombre de son visage faisait ressortir avec plus de perfection et de contraste ces couleurs éclatantes et cette profondeur inhérente. Car cette face noire attirait à elle la lumière alors que l’œil aussi pétillant qu'il était vif en dispensait sans avarice.

Mais un regard jaune empreint de tant de violence. Et violence restait un euphémisme. Elle avait beau avoir déjà croisé les regards foudroyants, indifférents, incisifs, indécents, fous, incandescent de ces femmes fatales à beaucoup d'égard qu'étaient Mona Lisa, Hanabi ou Nazca -et ce juste au cours des deux derniers mois- mais elle avait en face d'elle, la jaugeant avec la vivacité d'un fauve à l'affut et la perspicacité d'un prédateur prudent, une paire d'yeux qui la braquaient. De la violence pure. Une violence sanguinaire et inassouvie. Insatiable. Des yeux qui la toisèrent comme un vulgaire morceau de viande. Un morceau de choix certes, mais un simple en-cas sur son chemin de carnage et de puissance. Il était bien plus qu'un lion en cage. Il était deux lions en cage. Deux lions dominants et luttant sans cesse pour prendre le pas l'un sur l'autre. Pour soumettre l'autre.

Et puisqu'il arma son bras avec l'envie soudaine de l'abattre -elle- sans plus de ménagements, elle se maudit de l'avoir ainsi abordé en pleine bataille, lorsque les pires instincts ressurgissent chez l'homme.
Mais elle bénit également Dame de ne pas en être un.

Et c'est là que le second lion poussa un rugissement à moudre le café, à dépecer une mouche, à inverser le cours du vent. Au fond de ses prunelles, ce n'était soudainement plus ce monstre de terreur, cet être de cauchemar que beaucoup craignent sans connaître et que très peu connaissent sans craindre. Rachel n'était dans aucune des deux catégories, car elle ne connaissait ni ne craignait Oswald Jenkins. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir à quelques centimètres d'elle une fenêtre sur cour donnant sur lui, cet homme rare que l'on n'osait pas approcher. Un homme de doutes, de remords, forgé à la main et à la force de ses propres phalanges dans cette ligne directrice, cet idéal de justice, qui balisait sa voie et ses actes. Qu'il s'efforçait de suivre dans la crainte de laisser le champs libre à cet autre lion -véhémence pure et carnage incarné. Sans toutefois s'y sentir à sa place. La marine n'était qu'une prison pour lui, une prison qui maintenait en cage le Lion de Massacres. Et cette voie qu'il s'était choisi, il la garderait dans sa mire, jusqu'à l'horizon, pour protéger cette humanité qu'il chérissait et cajolait. La protéger de lui-même. Et protéger ceux qui l'entouraient.

Car on ne pouvait se tromper. Il était le maître. Il était le cocher.

-…B….Beau?...
-Et je pèse mes mots.

Oh oui, elle le trouvait beau. Et cette beauté, elle ne la percevait pas que dans ces yeux étrangement expressifs, ni même dans cette dualité de couleurs qui s'unissaient pour mieux s'opposer. Et à bien y réfléchir, surtout pas dans ces cheveux verts... Devant elle, l'espace d'un instant, juste avant qu'il ne s'écarte d'un bond de peur d'avoir affaire à un adversaire de valeur -ce que Rachel prit avec une pincée de fierté et de satisfaction- elle eut l'impression d'avoir à affronter une effigie de Salem. Exactement ce à quoi elle s'était préparée. Et probablement qu'elle s'y était tant et tant préparée qu'elle créait d'elle même ces images de lui, surgi directement de ses craintes et les modelant pour leur donner une forme, une entité qu'elle pourrait voir et affronter. Car il était loin d'être Salem -il lui manquait un bon mètre et quelques décilitres de sérénité- mais il en avait l'étoffe. Elle le savait, elle l'avait lu dans ses yeux tout comme lui-même avait dû lire dans ses propres yeux verts. Et maintenant gardait-il distances de sécurité et posait des questions qui devraient le rassurer.

Rachel ne le quitta pas des yeux. Elle sentait ses pommettes vibrer malgré elle et sa mâchoire inférieure échapper à son contrôle. Car il était l'image de Salem. Et quoi qu'elle en dise, quoi qu'elle en fasse, elle ne s'était pas faite à sa mort. Elle ondoyait, là, juste au dessous de sa peau. Un vent froid, un frisson glacé qui naissait au creux de ses reins et qui dispensait ses morsures glaciales tout le long de son dos. La mort de Salem la hantait encore, jusque dans son bras manquant où se blottissaient avec des airs de conspiration la douleur refoulée, un Salem oublié et un Red perdu. Les trois principaux poisons sinueux qu'elle bannissait avec sévérité hors de son esprit. Mais puisqu'elle ne pouvait s'en débarrasser pleinement, ils se réfugiaient là où elle ne pouvait plus les atteindre, sous forme de douleurs du membre fantôme. Et ces douleurs se répandirent, à l'image d'un serpent coulant dans ses veines, ses os, ses muscles. Ses yeux gardèrent cet éclat flamboyant, cette flamme verte et inextinguible. Mais ils s'embuèrent de larmes et sous le maquillage, ses joues de rouge s'empourprèrent.

Une chance qu'il n'en comprit pas la raison.

-Commandante Blacrow, Commodore. Et puisque vous le demandez, je suis en deuil.
-IL A RIEN DEMANDE DU TOUT !
-OUAIS T'AVAIS JUSTE ENVIE DE FAIRE TON INTÉRESSANTE !
-Ran Kyaku !
-AAAIAAAAAAIAAIAAH !

Au milieu d'une explosion dont le nuage de sable fut digne d'un champignon atomique, se tenait maintenant, sortie de nulle part, une haute silhouette noire. Encapuchonnée et menaçante, sa faux à la main, elle ne se fit pas prier pour toiser de ses deux braises vertes les pirates encore réunis autour des officiers de la marine. Elle leva la faux fantomatique...

Et la suite on la connait.
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Comme si on m'versait de l'acide dans les naseaux, mes sinus gémissent, écrasés par l'furieux fumet du sang dilué dans la flotte. Vaporeux, fallacieux, des spectres rouges qu'apparaissent ici et là à chaque pirate terrassé. Ils viennent me hanter mon museau d'prédateur marin. Essayer d'tenter la bête sensée dormir en moi. Peine perdue. Ce salaud de requin, ça fait bien longtemps que j'l'ai abattu. J'suis qu'un monstre qui n'est sauvage que par le coeur, non par les dents.

Les mirettes écarquillées, terrifiés, implorant leur capitaine, puis Dieu, puis leurs mamans, chacun d'ces types est persuadé qu'j'm'en vais m'repaître d'leurs guibolles, les mirant fixement depuis les fonds marins. Mais mes crocs sont trop serrés pour s'relaxer. Mes méditations sont ailleurs. Et j'parviens pas à remonter, lesté par mon coeur trop lourd. Merde ! C'est d'nouveau l'heure de tuer. J'me ferai jamais à ça !

Sinbad est là-haut et distribue des pains par en-dessous. Et parfois, des corps coulent. Comme s'il me les envoyait pour que j'les finisse. J'vois dans les yeux des malheureux qui descendent jusqu'à mon niveau les reconnaissables et profondément semées graines de la terreur. Qui germent en eux et déploient leurs pousses dans des hurlements réduits au silence par la flotte. Et alors, leurs gargouillements traduisent leur panique sourde, ils portent leurs mains à leur gorge, et leurs mirettes s'vident peu à peu d'cette peur copieusement nourrie par la vision des rasoirs qui m'parsèment la mâchoire. Puis ils meurent. Leurs yeux creux braqués sur moi. Puis ils remontent lentement à la surface. Gonflés comme des ballons d'baudruche.

Et moi, tétanisé. Mes larmes diluées, partant rejoindre tout ce sang. Ma mémoire vivace crépitante. Enrichissant l'horreur présente d'celle passée. Frangin, grand frangin... J'tue des gens. Ils ont aucune chance. Parce qu'ils sont des humains largués dans la flotte avec un requin. Tombé bas, hein ? Du côté d'la révo', la justice doit s'écrire avec du sang aussi, non ?
Elle vient d'où, cette tristesse, putain ? Rah ! Salope ! Laisse-moi vivre ! Pas l'moment d'être une tapette ! Qu'les remords s'taisent et m'laissent écouter la victoire !

Qu'est-ce que tu fiches ?

Quelques grosses bulles portent ma voix pétée à la surface.

J-J'arrive !

Pas m'dégonfler. C'est la voie qu'j'ai choisi. Impossible d'rendre un monde preux en étant constamment sur l'sentier d'la guerre. Mais j'ai pas paumé mon discernement. L'est coincé dans mon pif, s'fait violer par l'odeur du carnage. Mais j'grince fort des crocs, j'plisse des paupières, censurant ma vision périphérique, ça masque les traînées rubicondes qui s'infiltrent tout d'même dans mes naseaux. Ça m'rend un peu de courage, denrée sacrément rare. J'plaque mes mirettes sur l'soleil brouillé planant au-dessus d'la surface. A hauteur du poiscaille-matou, j'tente d'me reprendre en main pour pas lui paraître comme un minet fraîchement sorti d'ses écoles. Lieutenant, merde ! Six ans d'expérience ! Six ans à errer dans l'tunnel ingrat et tortueux du malheur sans jamais apercevoir la lumière ! Six ans d'peur, d'injustice et de sévices ! Ils sont gravés en moi. J'peux pas les mettre de côté comme ça... Tenons bon.

L'en reste encore ?
Très peu.

Si j'avais des lèvres, j'me les mordillerais. Les saignant à blanc. A défaut, v'là ma figure des mauvais jours qui s'étale sur ma face décomposée. Tête malheureuse de requin battu.

On continue, alors... ?

J'sais pas s'il espérait un commentaire plus pertinent, ou moins nonchalant, d'ma part. Mais il fait la moue, avant de disparaître en un éclair gris chopper les derniers malfrats s'débattant entre les griffes de la mer et d'ses engeances. J'le suis sans conviction. Résigné, évidé d'toute volonté. Privé d'bravoure. Elle aussi a du s'noyer. Mon courage... Il sait pas encore nager dans l'sang. Six ans, et pourtant... Donner la mort m'plante encore des milliers d'aiguilles tordues et vibrantes dans la cervelle, quelque part où ma reine culpabilité siège sur son trône de regrets.
En faisant surface, j'assène un uppercut à un pauvre type qu'était d'jà à moitié dans les vapes.

Hmmf.

Ils sont plus bien nombreux. Cinq-six, au max, à essayer d'grimper sur l'épave éventrée d'leur coquille d'noix. Perdus. Fuyant et accablés. Leur chef peut rien faire pour eux... On dirait qu'il a fui.

Je m'occupe d'eux. Toi, va fouiller en dessous de l'épave... On ne doit rien négliger.

C'est reparti. M'laisse couler. Craignant de devoir m'salir les palmes et l'âme. La flotte m'nettoie les poings, mais seul la paix est capable d'me purger l'âme. Et la paix...

C'pas pour tout de suite. J'me glisse vers la coque. Derrière moi, d'autres os que j'entends craquer. J'me retourne pas. J'me faufile avec aise sous la carcasse de bois moisie fracturée et grinçante, un vrai homme-anguille. Les légers courants m'transportent sous un morceau d'coque retourné. Une cavité devenu quasi sanctuaire. Quasi silencieux, quasi obscur. Seul un mince filet d'rayons déploie un peu de lumière dans c'lieu puant l'ébène décrépit, s'infiltrant à travers c'morceau de coque, transformé en véritable passoire.
Bah, y a personne ici. Les décombres sont bien instables et j'observe un moment les planches de bois hésiter à s'désolidariser d'leurs soeurs. Craquantes, claquantes, bien peu nobles dans leur déchéance, elles sont bruyantes et souffrantes. Et l'une d'entre elle cède, percée alors par une preuse lance de lumière. Ça éclaire un peu plus mon refuge, j'peux y voi...

AAH !
SALOPARD !

L'couperet brillant d'ce boucanier vient d'faucher l'air à moins d'quelques centimètres d'mon. Putain de cou. Je l'ai senti. Ce vent. Et c'frisson. La Mort était là. M'a foudroyé l'échine comme une coquine puis est repartie aussitôt. J'l'ai échappé belle. Qui est ce... ?
Fils de catin ? Qu'était terré dans les ombres et qu'attendait cet instant pour m'arracher la tête et la vie ?
J'lui envoie ma palme, bondée de hargne et d'rancune, à la figure. Crispée, gorgée d'un sang bouillant, elle s'mute en un violent coup d'poing à destination d'ses quenottes. Dont trois d'entre elles, les plus pourries, voltigent à travers ce temple du bois mort et silencieux, profané maintenant de hurlements déments.

FALOPARD !

Inlassablement, il mouline d'son épée, provoquant un orage d'acier dans l'repère. Je recule. J'peux faire que ça. Je recule. Et l'stress d'être bientôt acculé, et le refus de l'inévitable, et la peur de la mort, tout ça s'précipite dans ma tête saturée par les événements. M'cogne contre une paroi. C'est la fin. J'parviens juste à retarder l'affreuse échéance. M'voici aux prises avec lui. Lui tenant fermement le bras. Retenant sa force surhumaine. Son sabre m'caressant l'cou... Bloquant son bras comme j'peux... Relâche pas... Mordre. Mordre pour vivre.
J'croque son poignet, d'ma guillotine intégrée. L'instrument d'mort fait son oeuvre, et dans un furieux réflexe de survie, il s'recule. Arrachant malheureusement c'qui lui restait d'sa main tombante. Pendant qu'mes sensibles papilles hurlent à la mort devant l'déluge de sang et d'chair déchiquetée, et que, les yeux révulsés et exorbités, j'me repasse en boucle l'immonde son d'la viande chaude que l'on broie.

Un écho métallique raisonne dans la coque. L'a fait tomber son arme. A genou, son regard est devenu lourd et implorant. Faisant des allers-retours entre l'artiste et son oeuvre. Entre l'animal et sa morsure.

J'lui assène une beigne, qui l'fout KO. Ou pas. J'm'en fous.

Faut qu'je m'tire d'ici et... retrouve Sinbad. Faut que j'me lave la bouche, surtout. Que j'retire ces bouts suintant et pleurant coincés entre mes crocs. Que j'nettoie ma langue violée par l'hémoglobine d'cet enfoiré. Que j'nettoie mon sourire de putain d'carnassier.

La coupe est pleine. Pleine de larmes. Mais j'réprime les pleurs. Retrouver Sinbad.
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Même avec tout l'entrainement et toute la coordination de la marine, on ne pouvait pas empêcher la situation de devenir complètement chaotique éternellement. Alors que le capitaine débarque avec ses troupes, nous avons commencé à le soutenir quand l'inattendu commença à point le bout de son museau. Je venais de recevoir un ordre particulier de la part de mon supérieur via l'utilisation du langage de bataille. Apparemment, il y a du mouvement sur la plage qui laisserait entendre que notre "contact" est déjà présent et qu'il doit certainement vouloir son rapport de la situation. Sérieusement ? Ce n'est pas le travail d'une équipe d'artillerie mobile, mais un ordre ça ne se discute pas et de toute manière, les équipes d'assauts ont bien mieux à faire. Du coup, on remet nos gros calibres à dos. Ainsi on met un bon quart d'heure à tout étanchéifier et l'on se dit qu'on n'a ni le temps, ni l'envie de tout faire à la nage, on sort une des barques plus ou moins fragiles du submersible et on commence à ramer.

"J'imagine qu'il n'y a que moi de disponible pour faire un rapport."
"Les den-den muchi c'est pour les chiens ?!"
"il faut savoir lire entre les lignes, on va aussi l'appuyer."

Sauf qu'a ce moment-là, c'est surtout nous qui en avons besoin d'appuie, imaginer vingt idiots moi compris entasser dans une grande barque à prier pour que le chaos ambiant soit suffisamment important pour qu'ils ne remarquent pas une petite embarcation. Alors qu'on contourne dans le plus grand silence possible un navire en proie à la désorganisation la plus totale, pourtant se basculant par-dessus le bastingage un pirate nous hèle.

"C'est quoi ce bordel ?!"

Je relève la tête et lui dis d'un ton parfaitement neutre en lui faisant un salut de la main.

"Vous pouvez faire comme si vous n'aviez rien vu, nous faisons que passer."
"Vous vous croyiez où, chiens de la marine ?! "
"À votre place, je m'inquiéterai plutôt de ça."

Alors que je lui montre l'Hypérions dont la tourelle pointe sur le côté en quête de proie, je ne me suis même pas rendu compte que je venais de lui faire signe de faire feu...

"Tu me prends pour un con femme ?! "

Trop tard, une salve de trois pièces vient de percuter le navire nous faisant bien évidemment chaviré en même temps. On a à peine le temps de nous protéger sous la chaloupe et de choper et harnacher notre matériel pour éviter qu'il ne sombre. Pourtant mes hommes me regardent avec respects : Je crois qu'ils ont cru que je l'avais fait exprès. Enfin soit, on a mieux à faire et nous continuons en nageant, maudissant l'eau salée et le poids qui nous emporte vers le bas, heureusement qu'on est entrainés à ce genre de situation.

"Ce n'était peut-être pas une si bonne idée en fait Commandante."
"Tais-toi Averell !"

On arrive alors sur la plage, avec nos tronches de chien mouillées et avec le sable qui colle à nos vêtements et maintenant depuis un moment on doit éviter en plus des tirs pirate. Une fois à l'abri derrière un gros rocher. On vire les cachets en cire et les brides qui nous empêchent d'utiliser le matériel comme ils empêcher l'eau de s'infiltrer et on observe la plage. Suite à un instant de réflexion, je me tourne vers eux.

"Vous pilonnez leurs camps, je charge la mitraille et on fonce vers la cible."

Ils signalent d'un oui commandante sonore qu'ils sont d'accord et on comprit et suite à trois coups d'affiler plus ou moins en cloche et surtout peu précis, on fonce dans le tas, tir un dernier coup sur les tentes ou les pirates en train de courir en passant à côté d'eux puis on s'arrête comme si c'était tout naturel après une longue course sur le sable à côté du Commodore et de... Qui est-elle ? Une pirate ? Le salut de circonstance et ensuite. C'est donc trempé jusqu'aux os, du sable un peu partout à cause des différentes manœuvres défensives ou simplement de ce qui est projeté par tout ce qui nous entoure, impacts de balles compris que je me présente devant le Commodore Jenkins

"À vos ordres Commodore Jenkins."

Surtout ne pas penser au sable, à l'eau de mer et encore moins à la tenue débraillée que j'ai face à un supérieur... Ne pas y penser...
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-Euh…. dis?
-Eh! On n'passe pas!
-Faites place les gars…

J'arme mon poing puis décoche une droite terrible au premier idiot qui ose se mettre sur mon chemin. Strike, propulsé à toute vitesse, il vole et s'écrase contre trois de ses congénères qui sont à leur tour envoyés au tapis. Tant bien que mal, j'écarte les coups de sabre, qui sont légions autour de moi, tout en tentant de suivre la cadence terriblement efficace de la Faucheuse. Et malgré tous ces coups que j'assène à gauche et à droite avec la considération d'un taureau en pleine charge, une question me trotte inlassablement dans la tête.
Mais qu'est-ce qu'une commandante d'Élite fait au beau milieu de cette plage?

"P't'être qu'elle s'est perdue…"
-Directement sur une île pirate? Mon œil ouais…

J'outrepasse la logique cuisante de Dark pour me décaler sur la droite et ainsi esquiver un tir de pistolet mal calibré. Devant moi, la masse ne cesse de croître, comme quoi j'ai surestimé le nombre et l'endurance de ces pirates de Grand Line.

-Hé commandante! Attendez!
Dark Slash!

En moins d'un clignement, mon bras noir n'est plus bras, il est lame. Long, effilé, semblant pratiquement avaler la lumière autour de son fil. Mon moulinet est puissant, rapide, tout à fait impossible à bloquer. De bas en haut, comme frapperait la foudre lors d'un orage.

BOUUUUM!!

L'explosion de sable monumentale est accompagnée d'un incroyable sifflement alors qu'une lame d'air complètement noir s'élève vers les cieux et se met à progresser sur la plage à la manière d'une scie en pleine course. La masse devant moi est balayée par la déflagration, me laissant enfin le champ libre vers Blacrow qui se débarrasse négligemment d'un énième adversaire à l'aide d'un coup de talon.  
Elle se retourne un instant vers moi alors que j'accoure à son niveau. Ses yeux verts me transpercent et me laissent coi un court instant, j'ai déjà vu son visage dans les journaux, mais jamais je ne me serais attendu à un tel accoutrement. D'où lui vient la perte de son bras? D'Où lui vient ce maquillage? Je connais l'histoire des Sea Wolfs, je sais qu'elle est loin d'avoir eu une vie facile ces derniers mois.

Et là-dessus, les yeux ne mentent pas.

-Vous… tu… tu es en deuil? C'est quoi cette histoire? Hep! 'Tention!

Je la dépasse alors qu'une salve de plombs traverse les quelques mètres nous séparant d'un tas de nouveaux ennemis. Au grand étonnement des tireurs, les projectiles s'écrasent contre mon haki avant même d'atteindre mon corps, ricochant et s'enfonçant dans le sable de la plage. Je lève à nouveau mon bras-lame et l'abat avec puissance vers le sol, faisant vibrer l'air que je déplace dans l'élan.

Dark Slash!

Je vise à nouveau le sol, aux pieds de mes ennemis, libérant un nouveau souffle d'air et de sable phénoménal qui a tôt fait d'épousseter les moucherons et les envoyer bouler bien loin dans les dunes.

-Ah… et… puisqu'on en parle. Comment je fais pour être beau? J'ai un truc spécial? Non, mais si je demande c'est surtout parce que ça fait spécial de la part de quelqu'un de quand même galonné qui sort de nulle part comme ça, et aussi parce que ça va un peu à l'encontre de ce que pas mal toute la population mondiale se dit depuis quelques années déjà. C'est surtout pas pour remettre en question votre… euh… ton jugement, mais je trouvais quand même que…
-À vos ordres Commodore Jenkins.
-Que..?

Ils sont une vingtaine. Uniformes trempés, sales, couverts de sable, certains ont même des algues sur la tête et les épaules. C'est d'abord ce qui attire mon attention, ensuite, c'est plutôt les pièces d'artillerie qu'ils transportent qui me réconforte dans l'idée que déjà, des Hypériens ont réussi à mettre le pied à terre. Et finalement c'est plutôt…

-…Commandante Rei?! M…m…mais qu'est-ce que vous foutez ici?

Une de mes anciennes officières de bord, experte d'artillerie, qui a été réaffectée à Navarone suite à notre passage. Elle aurait été engagée à bord de l'Hypérion? Les choses vont parfois trop vite pour moi, dans ce monde de paperasse et de décisions venues d'en haut. C'est une vétérane, elle a fait Drum et Little Garden, elle a été forgé sous le marteau de Salem, c'est une Storm, une vraie, je lui fais déjà confiance. Simplement voir son regard excité et las à la fois, je revois l'éclair des vraies batailles dans ses yeux, de ces batailles que l'on a gagné par la bravoure et la sueur. Et revoir un membre des Rhinos Storms au beau milieu de cette plage me redonne le sourire, mais me fait aussi prendre conscience de ce qui s'affiche à moi comme une certitude:

J'ai été beaucoup trop longtemps loin de mes hommes. Les Storms me manquent, loin au large à bord du Léviathan, alors que nous menons les premières étapes de la capture de Flist. Ce n'est peut-être pas simplement l'oppression de cette jungle qui m'a fait perdre mes repères, mais aussi l'absence d'Oliver, de Smile, de Ketsuno, de Serena, de Sarko,

de Lilou.

Bientôt trois semaines depuis que j'ai aperçu ne serait-ce qu'un seul d'entre eux. Trois semaines piégé sur cette île. Je n'avais même pas vu tout ce temps passer. Le regard de Rachel, les vingt pairs d'yeux me fixant dans l'expectative d'un ordre, cet énorme sous-marin qui crève la surface de la baie et réduit les navires forbans à l'état de brindilles, toutes ces choses me crient qu'il est temps de reprendre les brides de cette mission.

Tout me crie qu'il est temps que les Storms se remettent sur le pied de guerre.

-En tous les cas, heureux de vous revoir commandante, vous allez vous étendre en formation d'éventail autour de nous et nous assurer un tir de couverture sans faille. Je ne veux aucun pirate traversant votre ceinture de sécurité le temps que je règle quelques… quelques modalités avec… avec… mon invitée…

C'est bien compris?


C'est l'accord général. Vingt voix qui acquiescent toutes en cœur et avec conviction, voilà ce qui me remet d'aplomb et me fait sentir plus Salem que je ne l'ai jamais été. En un instant, ils sont déjà dispersés, génial.

-Ah… et… euh… qu'est-ce que je vous… te… disais déjà?
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La lumière avait dans un premier temps aveuglé les marins, puis c'était un spectacle digne du chaos qui leur fut offert. Feu et fumée, cadavres empilés, sang et ossements, le tout se mélangeait dans un amas de mort et de souffrance difficile à avaler. Pourtant ils n'hésitèrent pas, et se jetèrent en avant, bien décidés à prendre le pont des pirates. Un soutien bienvenu leur vient d'au-dessus et l'infanterie à le temps de s'organiser avant de se jeter dans la mêlée.

Sebastian contemple la scène d'un œil critique. L'ennemi pourrait surgir du pont inférieur, il fait signe à un lieutenant élancé d'y plonger avec ses hommes et de lui faire un rapport sur la situation. En face, les pirates sont désorganisés au possible. Leur capitaine n'a pas encore fait son apparition, et les quartiers-maîtres sont plus occupés à vociférer des insultes et des menaces aux marins qu'à organiser leurs rangs.
Le lieutenant-colonel grogne, soulève le lourd canon de pacifista, découvert il y a plusieurs mois dans les entrailles du sous-marin et le bloque sous son aisselle. Se souvenant du recul monstrueux de l'arme, il plante ses appuis aussi bien qu'il le peut, et vise le navire suivant qui a commencé à faire feu. Pendant quelques instants, il parvient à contenir la force du laser. Le rayon traverse sans peine le bois, l'acier et la chair pour atteindre son objectif: les barils de poudre faisant partir en fumée une bonne partie du bateau et de son équipage.
Un mousse récupéra le canon et faillit le laisser tomber à l'insu du capitaine. Il disparut rapidement pour ranger l'arme à sa place, peut-être lui donner un coup de chiffon pour la faire briller, puis retourner à son poste. Il n'avait pas grand chose à faire, juste s'assurer de l'approvisionnement en munitions sur le pont tribord. Une fois de retour, il fut soulagé de voir que Mavim avait disparut. Il savait qu'il aurait dû se sentir honoré de travaillé si près de l'action, mais il aurait préféré pouvoir rester à l'abri d'une éventuelle balle perdue...

Peut-être même qu'il restait de la tarte au pommes d'hier...

Dans le désordre de la bataille, Sebastian s'activait en distribuant ses ordres dans toutes les directions. Si leur défense avait été brouillonne dans un premier temps, les pirates avaient finalement réussi à s'organiser, et empêchaient maintenant l'avancée des troupes. Ils étaient nombreux à se cacher derrière des barricades improvisées. Leur capitaine et une vingtaine d'hommes tenaient le siège sous le gaillard d'avant. Le marin avait considéré la situation avant de se décider à les faire sortir. Il avait déployé ses hommes sur le pont, puis avait fait signe au commandant Yanagiba de changer de position et d'aller déployer son unité lourde sur la plage.
Dès que les gros calibres avaient fait mouvement, laissant l'infanterie sans couverture, le leader des pirates sorti en hurlant à la tête de ses hommes, tout comme Mavim l'avait prévu. Un grand nombre de pirates avait été abattu par les fusils des marins, mais l'immense pirate avait réussi à charger entre les balles et semait le chaos chez les hypériens. Conformément à l'idéologie qu'il leur avait inculqué, la majorité des soldats de Sebastian se repliaient, préférant perdre du terrain au lieu de leur vie.
Le lieutenant-colonel, lui, ne bougeait pas. Cigare aux lèvres, il observait son adversaire. C'était un long-bras d'une taille impressionnante. Il saignait abondamment, mais cela ne semblait pas entamer sa rage. Il tenait un impressionnant cimeterre dans chacune de ses mains et les faisaient danser avec une grâce mortelle. Son allonge empêchait quiconque de s'approcher assez pour le blesser, il le savait et en profitait, riant à chaque blessure qu'il infligeait.

Sebastian attrapa une hache tombée au sol et la lança sur le pirate qui eut juste le temps de l'esquiver. Les deux capitaines se toisèrent du regard, autours d'eux le combat sembla perdre de sa vigueur alors que chacun voulait assister à l'affrontement. Le marine s'alluma un cigare, le pirate fit craquer son cou.

"Alors voilà celui qui commande cette bande de bras cassés ? Un vieux croulant... et QUI PUE EN PLUS ! MOUWAHAHAHA J'SENS SA CRASSE JUSQU'ICI !!! Et moi qui pensait que c'était nous les sales. Vient prendre ta claque le schnock, j'te f'rai prendre ton bain après avoir coupé ta tête, promis."

En guise de réponse, l'officier se rinça la gorge d'une rasade de rhum. Il avait trouvé la bouteille au sol et en avait vidé le contenu.

"Viens la donner, mais va pas pleurer si tu t'fais mal."

Les lames fusèrent, sifflèrent autours du marin qui lui n'avait toujours pas dégainé d'arme, préférant garder ses distances. Il semblait fuir, mettant des obstacles entre son ennemi et lui. Chez les pirates, on riait. Chez les Hypériens, on serrait les dents. Plusieurs fois le long-bras était parvenu à arracher des étincelles à l'armure du soldat, il faillit même une fois lui faire perdre son casque. Mais même s'il n'avait jamais été véritablement mis en difficulté, le cigare fumait toujours.

"Tu vas arrêter de courir oui ? Mon acier va te trancher ! Viens ici !"

Deux coups de taille, premier esquivé, second arrêté dans une palissade.

"Tu peux te le mettre dans le fondement, ton acier."

Entaille horizontale, se jeter au sol pour l'éviter. Depuis son ventre, rouler sur le côté pour ne pas se faire fendre du dessus.

"Chiffe molle ! Couard ! Pâle sans bleu ! Sors ton arme !"

Se relever, coup de pied dans un seau qui vole, puis se désintègre contre les cimeterres. Reculer, rester bloqué contre le grand mât.

"HA ! Te voilà, vieux rat !"

Estoc de la droite. Parfait. Pas de côté, se placer derrière les coudes, saisir...

Dans ce genre de combat, il suffisait d'une opportunité pour que la situation se retourne. Une main sur chaque articulation, enfonçant profondément le pouce entre les muscle, Mavim tourna derrière le long bras et le tordit, le forçant à se jeter en arrière de peur de se faire déboiter l'épaule. Puis, comme une branche que l'on brise, le marin descendit sa prise sur son genou. Les cartilages éclatèrent, les os se lâchèrent, les nerfs se rompirent et il ne resta plus que la chair pour tenir le membre en un seul morceau. Le pirate hurla de douleur et s'abattit sur le sol.
Les hypériens firent retentir un hurlement victorieux. Sebastian regarda autours de lui, les pirates perdaient à nouveau du terrain. Il porta ses yeux sur la plage, et y vit son supérieur, facile à reconnaître même de si loin, discuter paisiblement avec une demoiselle, alors qu'au dessus d'eux Yanagiba et ses troupes repoussaient les pirates. Ses sourcils se froncèrent et il s'approcha du bastingage.

"DITES, COMMENT VOUS ALLEZ ? JE NE SAVAIS PAS QU'ON ÉTAIT LÀ POUR UN PIQUE-NIQUE, VOUS AURIEZ DÛT PREV'NIR, J'AURAIS FAIT FAIRE DES BROCHETTES !"

Oui, il était légèrement agacé. Se faire jeter au milieu des pirates n'avait déjà pas aidé à éclaircir sa journée, mais penser que Jenkins jouerait aux jolis-cœurs au milieu d'un champs de bataille... Ce fut assez pour que Sebastian ne remarque même pas qu'il n'y avait que seuls les hypériens ne se battaient.

Oui, il était agacé, et il avait baissé sa garde. La lame du long-bras vint le mordre à l'épaule, coupant le muscle jusqu'à l'os. Mavim s'abattit dans un cri de douleur avant de se retourner, prenant appuis sur la rambarde, PàC-D dans la main, décider à clouer le pirate sur place.
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La zone est sécurisée.
On fait quoi maintenant ?
On rejoint la plage.

Sinbad semble s'être rendu compte qu'discrètement, maniaquement, un peu tremblant, j'tente de camoufler ma mâchoire polluée du sang d'un homme. J'suis bien maladroit et pathétique. Mes couinements incontrôlables n'arrangent rien. Honte de ma race... J'ai l'habitude. J'suis pas fais pour ces conneries. Et violenter ma nature profonde arrangerait rien. Au contraire...

Rejoins moi quand tu seras prêt. Mais ne tarde pas trop, on aura besoin d'un médecin.

Probablement, ouais. Un toubib devra sauver c'qui peut encore l'être. Par chance, Sinbad est déjà à fendre les fonds marins alors qu'mes deux grosses joues blanches ne virent au rouge de honte. C'aurait été désastreux, s'il m'avait vu dans cet état. Paye ta crédibilité. Paye ta sensibilité. Paye ta foi en c'que tu fais. Rivé au sommet d'un morceau immergé de l'épave, en diagonale, j'peux mirer d'là-bas les bouffées d'feu et d'acier. D'imposantes masses noires de fumées. Et cette odeur incendiaire. Cet arôme de sang et d'acier calciné... C'est comme de longues aiguilles qu'on m'enfoncerait dans les naseaux pour partir titiller mes sinus prostrés.

J'm'affaisse sur le bois mort. L'écume clapote. Un macchabée s'cogne à la rambarde fracassée, faisant toujours plus grincer l'bois pourri. J'le reconnais, lui, j'lui avais donné un pain tout à l'heure. Le combat est fini, ici, n'reste que des corps. La bataille s'poursuit à l'intérieur... Car j'me fais voler mon trésor. J'le sens bien. Assailli d'tous les sens par l'horreur, c'que j'ai d'plus précieux est en train d'se faire grailler par les remords. Ma contenance m'fuit par tous les pores, la cocotte-minute déborde. Ouais... J'ai réellement paumé ma volonté. Mais est-ce qu'elle s'est seulement égarée, ou est-ce que j'viens de l'achever ?

C'est pas CE combat. C'est TOUT. Toute la douleur dispersée dans mon sillage qui me rattrape pour me hanter. Cette morsure là n'était qu'une goutte d'eau pour faire péter l'pauvre vase sous la pression d'un océan de larmes. M'sens pas prêt à continuer. Pas dans ces états. Pourtant, c'est que l'début.
Pas seulement l'début du calvaire de Jaya. Mais d'toute mon épopée. A force de trébucher sur chaque obstacle, j'me dis d'plus en plus que j'y arriverai jamais. Qu'je suis pas fais pour ça. Qu'là où Tark avait l'étoffe de devenir héros d'sa propre vie, moi je n'serai jamais qu'un éternel figurant dans ma tragédie.

Les lointains bombardements m'fragilisent les guibolles. J'tire la gueule. Pas la force d'affronter le ciel, j'pique du nez. Mon regard coule dans la mer, le sang d'la terre. La vue d'ce bouillon empourpré est bien plus supportable qu'lire la frayeur sur la figure d'mes adversaires. Ma faiblesse doit s'lire sur mon visage dévasté. Et ma perte définitive de foi... sur mon corps, secoué. Que faire, alors ? Va falloir que j'prenne une décision.

L'occasion est belle, la météo bien douce. Déserter est tentant. Tout ceux qui pourraient m'en empêcher sont loin.
Tombé l'uniforme, j'serai plus qu'un homme-poiscaille normal, sans pouvoir, sans sang sur les palmes.
J'recommencerai ma vie. Un genre de tout pour le tout.

Quelque chose lapide le cadavre du navire. Un tapement cristallin contre l'angle de l'épave. L'écume amène quelque chose qui n'est pas un corps.
Une bouteille.

Un message dedans.
Plus qu'intrigué, j'descends d'mon perchoir et part à la rencontre d'la bouteille.

Alors que mes palmes, ruisselante d'une hémoglobine qu'est pas la mienne, secoue la flotte pour en extirper l'étrange conteneur, j'ressens un frisson. Un frisson d'espérance. On est tous les pantins du destin. Parfois, il joue avec nos nerfs. Parfois, il nous fait miroiter une issue. Parfois, l'issue est réelle.

J'fais sauter l'bouchon, comme si j'm'apprêtais à picoler pour oublier.
L'morceau d'papier qu'je libère contient mes espoirs. Il peut aussi bien m'relancer que m'abattre pour de bon. Quitte ou double. J'm'en empare, d'ma patte pas encore souillée par l'sang de je n'sais quel boucanier désespéré. Faudrait pas risquer d'contaminer l'blanc pur de cette lettre...
C'est une longue, très longue missive. Mais lorsque mes yeux survolent la lettre, ils partent aussitôt en vrille et se crashent sur ce nom.
Rafaelo Di Auditore.
Un révolutionnaire.
...
D'lointains échos en moi. Des rémanences d'un passé fort et douloureux. Rafaelo. C'serait quand même pas... Raf' ? LE Raf' ?
Mais oui... C'était y a deux-trois ans. Une nuit particulièrement noire. On s'est sacrés copain de beuverie et de malheur sous une averse, sous l'orage, sous l'venin d'humains qui panaient rien à nos souffrances.
C'est pas vrai... C'est comme s'il revenait à moi après tout ce temps... Ça peut pas être lui... ?
L'destin. Farceur et énigmatique, comme à son habitude. Peut-être que ça a une signification. Que ça symbolise quelque chose. Que c'est le porte-parole d'une étrange injonction.
J'la replie délicatement, puis la glisse dans ma poche intérieure. J'la lirai plus tard. Avoir dans ma veste l'assurance d'un horizon intéressant, ça me motivera à rester en vie !
J'sens mes yeux capables de nouveau de boire la lumière. Ils se lèvent vers le soleil, puis plongent dans la mer pourpre.
Je crois que quelque chose s'est allumé en moi. Une flamme de motivation qu'aurait besoin d'un rien d'bois pour devenir un brasier de courage.

J'grimpe sur la rambarde et m'laisse tomber à l'eau. J'ai l'palpitant qui s'débat dans ma cage thoracique. Il s'acharne à m'rappeler qu'mes rêves sont toujours vivants en moi, bien qu'sérieusement amochés. Une envie pas répréhensible d'continuer envers et contre tout.

Quelle chance. Je repars au combat. Fendant la mer aussi gracieusement qu'possible en direction d'la côte. Dur d'être gracieux dans un moment pareil. Mon boulot d'boucher accompli. Mais bien à l'abri dans le fond d'mon veston, dans son compartiment étanche, la feuille se repose de son long voyage. En attendant d'faire plus ample connaissance avec le destinataire qu'la providence lui a désigné...

Après la guerre.
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-Argl. Je crois que j'ai une côte cassée...
-Tais-toi ou elle va encore nous frapper !
-Mais elle est assise sur mon dos !
-plains-toi, j'ai son talon dans l’œil.
-Bouhou ! Moi elle m'a cassé un ongle.
-TOI ON T'A RIEN DEMANDÉ !!
*Sbaaaf*
-...Aïe... elle nous a entendus.

-Euh... Blacrow... ? Vous... tu m'écoutes ?

La plage était calme. Plus un grain de sable ne bougeait. Pourtant, ça et là, de larges entailles, des cicatrices profondes, montrait encore que l'affrontement avait été certes rapide, mais d'une violence à hérisser les feuilles sur les branches des arbres. Les plus proches avaient d'ailleurs perdu les leurs, de branches, à coup de Rankyaku effilées. Il y avait également de nombreux cratères dont la section de Yanagiba était la cause et parfois, attirant le regard à la manière de tâches d'encre sur une feuille blanche, des tas de corps empilés poussaient au milieu de ce qu'il restait du sable ordinairement blanc. Ou fin. Et sur l'un de ces tas de corps, face à Oswald dubitatif et une section d'artillerie mobile qui se soulageait du poids des équipements -inutiles sans plus de cibles- Rachel, assise, tenait à la main son pied droit. Ses yeux verts n'avaient pas perdu leur éclat inquiétant et dans son dos, la silhouette vaporeuse de la Faucheuse tournait sa capuche noire de tous côtés comme si elle cherchait à repérer d'autres ennemis.

-Oh pardon, je n'écoutais pas. Fit-elle en relevant la tête comme si elle se rendait compte de la présence du Commodore Jenkins.
-On avait vu !
-Ta gueule !!!
-J'ai cassé mon talon ; je vais marcher de biais maintenant...  Il faudra que je les renforce avec du métal.
-...Est-ce que c'est réellement le moment... ?
-Pardon, vous disiez ?

-Je demandais ce que... tu fais ici.

Rachel observa Oswald. Le détailla du regard. Pas dans le but d'en éprouver les failles, d'en discerner les fragilités et faiblesses. Le premier avait suffi. Elle ne le toisa pas non plus comme auraient pu le faire Hanabi ou Mona Lisa. Elle le regarda juste, comme on observe un égal. Elle cherchait chez lui, bien malgré elle, quelque chose qu'elle n'avait plus retrouvé chez personne depuis qu'elle avait quitté Lin dans ce bar à Enies Lobby. Un soutien, une personne sur qui s'appuyer et se reposer. Mais quelque part, elle se l'interdisait. Autant qu'elle se persuadait qu'elle avait besoin d'une amarre ; qu'elle avait besoin d'une épaule où s'épancher et d'une oreille à qui parler. Et voir Oswald, devant elle... ça la rassurait comme l'apeurait. Elle éprouvait la ferme envie, l’irrépressible besoin, de parler à quelqu'un. De tous ses malheurs que tant d'autres avaient foulé au pied, de ses rêves et de ses craintes.

Mais voir Oswald dans ce rôle uniquement parce qu'il était le successeur de Salem -et même s'il l'était spirituellement- était une connerie. Rachel le savait. C'était pour cette raison qu'elle gardait ses distances, malgré tout. Et c'était plus dur qu'elle ne l'aurait pensé. Et puis, qu'aurait-il pensé, lui, le Commodore Jenkins, qu'une Commandante débarque sur son terrain pour lui parler chiffons et histoires de filles ?

Ah elle aurait été belle la Commandante Blacrow tiens.

-Je vous cherchais commodore. Je suis à la recherche d'une certaine personne sous les ordre du Malvoulant. Et puisque vous faites la même chose mais qu'ici Flist n'est pas caché quelque part dans le monde, je venais voir si je pourrais obtenir des informations -de lui- sur l'endroit où elle se cache -elle. Et du coup, voir avec vous où vous en étiez de votre... mission.

Elle se leva et s'étira sous les yeux des hypériens et d'un Oswald pas tout à fait convaincu, ni par l'attitude de Rachel, ni par ses mots. Et puis il subsistait cette phrase qui le hantait un peu. Alors il hésita deux secondes supplémentaires, le temps pour Rachel de se détourner et de retirer sa chaussure, manquant de perdre l'équilibre dans son entreprise.

-Et... euhm... pour en revenir à tout à l'heure... euh... qu'est-ce que v-tu entends par... « beau » ?
*Craaaac*
-TU L'ÉCOUTES OUI ?!?
-Oh pardon, j'équilibrais mes chaussures en cassant le second talon.
-MAIS POURQUOI C'EST SUR MA TÊTE QUE TU FRAPPES ???
-DÎTES, COMMENT VOUS ALLEZ ? JE NE SAVAIS PAS QU'ON ÉTAIT LÀ POUR UN PIQUE-NIQUE, VOUS AURIEZ DÛ PRÉV'NIR, J'AURAIS FAIT FAIRE DES BROCHETTES !

-Commodore ? Cette bataille a dû attirer des gens. Si j'ai pu la voir, d'autres ne s'en sont certainement pas privés. Et puisque la marine n'est pas censée être présente sur Jaya, je compte sur vous pour maquiller le lieu en guerre entre les différents pavillons de pirates présents sur cette plage. Je m'en vais trouver le Lieutenant-Colonel.

Sur un salut militaire presque réglementaire, et sans autre forme de procès, Rachel tourna les talons. Et aux yeux de tous, elle sembla disparaître.

-Soru !
-Elle tient vraiment pas en place...

Ce déplacement et ce qu'il impliquait restait une expérience nouvelle pour notre commandante qu'elle tâchait d'apprivoiser. Et pour l'instant, elle avait autant de facilités à s'y habituer que si on lui avait demandé de se laver avec de la terre. Parce que ce qu'on dit de ce déplacement, c'est qu'effectivement, aux yeux des autres, la vitesse est telle que l'on semble se volatiliser, disparaître, se téléporter. Ce qu'on ne dit pas à ceux qui s'y essaient les premières fois, c'est que durant le Razor, c'est le décor en entier qui semble se téléporter. Une personne que l'on croyait loin peut devenir un obstacle mortel. Sans parler d'une figure de proue ou d'un submersible. Bien évidemment, le chapitre « s'arrêter » était le dernier du programme. Oh ça, Rachel avait plus ou moins compris comment accélérer le nombre de pas pour atteindre les dix à la seconde. Mais comment l'arrêter sans avoir les jambes coupées par la force que le passage à 0km/h en 0s entraîne... C'est pour ça que, après avoir fait plusieurs zig-zag autour du navire où se trouvait Sebastian, et à bout de patience, Rachel choisit la solution expéditive. L'obstacle. Et l'obstacle, ce fut le mât. Et le matelas, ce fut un gars quelconque, aux bras extrêmement long et qui, l'instant d'avant, avec une arbalète pointée entre les deux yeux.

D'un pas hésitant, Rachel s'écarta de l'homme encastré jusqu'aux dents dans le bois et remis ses idées en place. Puis, dans un nouveau salut cette fois-ci assez peu réglementaire, joignit les pieds devant Sebastian Archibald Mavim.

-Commandante Blacrow, Lieutenant-Colonel Mavim. À mon avis et avant qu'on nous repère à cause des bruits de guerre, si ce n'est déjà fait, il serait peut-être préférable de faire descendre à terre tous ceux qui y seront assignés et de laisser l'Hypérion sous la surface. Évidemment, il est probable qu'il y ait des hommes assez forts sur cette île pour maîtriser l'Empathie ce qui rendrait tout ça caduc -et du coup toute cette opération discrétion vous en conviendrez- mais si jamais la chance nous souriait, il vaudrait mieux ne pas la laisser passer, non ?

Sur la plage, un homme poisson, s'ébrouait et un second s'y rendait. Tous deux visiblement marins et faisant partie des Hypériens vu le salut qu'ils accordèrent à Rei et son escouade. D'ailleurs, Rei Yanagiba... ce nom n'était pas étranger à Rachel, mais ça n'était pas tout jeune. Il faudrait qu'elle lui demande directement. Mais pas tout de suite. Car pour l'instant, elle avait à s'entretenir avec Sebastian. Ou du moins à se faire entendre. À leurs pieds, le pirate gémissait et se tenait le visage en se comptant les dents d'un doigt tremblant. Entre ça et le sang qui lui coulait du nez, les insultes qu'il proférait à un rythme effréné n'étaient au moins plus compréhensibles.

-Et puisque vous le demandez, je suis en Deuil.
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Qu'est-ce que je fais ici ? Mon travail peut-être... À moins qu'il parle du fait que j'étais censé être à Navaronne ? Oui, c'est surement cela, en même temps moi non plus je ne m'attendais pas à voir les membres du Léviathan aussi vite. En tout cas, je suis devant lui dans une tenue qui hurle presque mon besoin d'une douche urgente ou au moins de sécher un peu. Enfin soit, je réponds simplement.

"J'ai était affectée sur l'Hypérion suite à l'accord du médecin-chef de Navaronne de reprendre mon service Commodore Jenkins."

Je ne comprends pas trop l'attitude de la personne auprès de lui, mais au vu de la conversation qu'il semble avoir même si je n'écoute pas tellement, cela semble au moins cordial. Je reçois l'ordre de nous déployer en éventail autour d'eux... Oui bon avec cinq équipes de trois cela aurait peut-être plus utile de nos déployer autrement, en étoile par exemple pour aussi couvrir derrière, mais je ne discute pas les ordres. Du coup on alterne les artilleurs, ceux qui rechargent à l'arme de poing et au couteau de combat et les observateurs avec leurs fusils et faisons quelques cratères de plus pour bien montrer aux pirates qui osés encore se montrer que même à distance ils pourraient bien passer l'arme à gauche. Quand j'entends le Lieutenant-Colonel Mavim hurler depuis l'Hypérion aux deux autres comme s'il les traitait de touriste, cela nous tire tout de même un sourire à nous vingt, même à moi... C'est vrai que pour le coup ils ne semblent pas trop stressés, mais en même temps face à des monstres de puissances comme eux, nous ne sommes pas grand-chose. En tout cas, elle cherche une personne la demoiselle... Dame ? Aucune idée, mais avec sa peinture sur la tronche et son bras en moins, j'ai beau réfléchir je ne pense pas la connaitre, même si sa voix me dit vaguement quelque chose. Surement mon imagination.

"Mhh..."

Par contre, elle a raison, avec un bruit pareil on ne pourra pas se cacher éternellement, je m'attends presque à voir débarquer un flot continu de renfort pirate d'un moment à l'autre. Alors qu'elle disparait, je fais un signe à mon équipe, ils resserrent la formation alors que je la quitte le temps de m'approcher du Commodore.

"Commodore, permission de donner mon avis sur la situation ?"

J'attends un instant, soit qu'il m'indique que c'est le cas, soit que non. Mais dans les deux cas, je préfère tout de même donner mon avis :

"Sauf votre respect et celui de votre interlocutrice. À moins qu'ils ne soient particulièrement idiots, la détonation à répétition d'une tourelle standard trois-pièces de cuirassé de la marine a dû les alarmer. Je ne discuterai pas vos ordres, mais pensez-vous que l'on puisse se permettre de perdre du temps à maquiller la plage alors qu'ils vont s'organiser ? Si ce n'est pas le bruit du combat qui vient de se dérouler, des fuyards pourraient les informer de la situation à tout moment."

Même si je pense que l'on devrai plutôt profiter de ce moment de flottement pour lancer une attaque éclair, jamais je ne me permettrai de dire à un supérieur ce qu'il doit faire, j'attends simplement qu'il me donne ses ordres et lui fais un salue par la suite avec un respect non dissimulé dans le regard, ainsi qu'une certaine fatigue. D'ailleurs en parlant de ça, Simbad et mon médecin de bord préférés débarquent eux aussi sur le sable. Non sérieusement ce n'est pas du sarcasme, sans le Lieutenant Kamina je serais certainement écroulée de fatigue ou noyée... Il est le seul à avoir aiguisé suffisamment ma confiance dans le submersible pour que j'arrive à fermer l'œil dedans... Oui bon le fait que dans le pire des cas il m'aurait ramené à la surface ça aide aussi, mais ce n'est pas que ça ! Une fois mes ordres pris, je me permets d'aller voir notre médecin-chef de bord. Bien que d'apparence il ne montre pas réellement un mal-être dans le fond, je me demande s'il n'est pas plus mal qu'il ne le dit. Je me rappelle encore de ses paroles dans l'infirmerie, je me dis qu'il a peut-être besoin d'un peu de soutiens, c'est le rôle des sous-officiers d'épauler leurs hommes ou même les autres non ? Ce n'est pas comme si je pensais être son amie hein, pas aussi vite, je n'ai pas encore le droit à ce genre de chose. Je m'approche de lui, pose délicatement mon arme au sol qui n'est pas léger et le regarde droit dans les yeux. Puis chuchote.

"Pas trop de casse ?"

Il n'a pas l'air ravi, en même temps je n'aime pas tuer et je ne pense pas qu'un médecin aime particulièrement le faire aussi, il a signé pour sauver des vies, pas les arracher à coup de crocs. D'ailleurs, je prends un mouchoir en tissus et essuie un peu de sang sur lui et retire un peu d'autres choses s'il en reste. Avant de le regarder de nouveau de manière fixe, essayant de dessiner un petit sourire de consolation qui tourne rapidement plus sur l'inquiétude et une vague amitié perdu sur le fond. Puis je mets une main sur son épaule, je ne sais pas trop comment il va réagir, d'ailleurs entre ça et le fait que je l'ai tutoyé ça choc un petit peu mes hommes, je n'ai pas l'habitude de montrer ce genre de familiarité en dehors de mes équipes et encore ce n'est pas souvent.

"Quand on aura un moment de calme, on en discutera si tu veux."

En attendant, on a dû pain sur la planche, j'espère simplement qu'on n'aura pas trop de sacrifices à faire au nom de la marine.
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J'ai rarement eu la sensation d'être aussi sale. Pas sale... souillé. Pollué jusque dans mon coeur par l'horreur. M'en doutais... J'découvre une plage tapissée par les morts. Mais j'écrase mes états d'âmes sous la promesse d'un court et intense réconfort après toutes ces frayeurs. J'tâte la bosse dans ma veste. C'est toujours là, devenu maintenant comme un gri-gri. Un repoussoir à désespoir. M'demande c'que Raf aura à m'dire après une épreuve aussi gerbante. Sûrement pas quelque chose qui m'rendra l'sourire. Mais même la confession la plus noire suffira à m'tirer hors d'ce bain de sang. J'suis pas difficile, là... J'savourerais n'importe quoi qui m'changerait les idées.

J'ai retrouvé Sinbad, dont j'emboîte les pas. Il ne s'est retourné qu'une fois, comme pour s'assurer qu'j'étais bien là. Il devait deviner que j'craquais, là-haut. Pire que ça, que la pression menaçait d'me faire exploser. J'camoufle mal mes émotions, qui trahissent mes intentions. Qu'il soit rassuré, au moins... J'ai pas déserté ! J'en aurais bien été capable, mais le hasard m'a forcé à laisser une seconde chance à c'charnier. Ça fait combien de secondes chances que j'laisse à la marine ? Au minimum une bonne dizaine par année. Elle les saisit pas, n'en a rien à foutre. On raisonne pas une vieille mégère gâteuse et aveugle. Ou p'tete que c'est simplement moi qu'arrive pas à la comprendre...

Alors qu'on zigzague entre les cadavres, perçant à travers les survivants, j'aperçois là-bas des silhouettes imposantes, étranges, et des échanges de cris. La première, sur la plage, c'est Jenkins. L'aurore met bien en valeur le versant visible d'mon commodore... Mais le reste de sa gueule est comme plongé dans la nuit. Ce gars est p'tete tellement massif et impressionnant qu'il a un fuseau horaire personnel lui courant au milieu d'la tronche. Sur c'qui reste d'un des navires des forbans, près du sous-marin, j'aperçois Mavim accompagné d'une triste sire morte-vivante. Une manchote qu'a du s'laisser maquiller par la Mort en personne, vu le goût d'cette espèce de peinture de guerre qui masque sa figure. J'la connais pas. Qui qu'elle soit, elle inspire pas confiance. Et Jenkins non plus, en fait. Et moi, encore moins... Si on ajoute la face renfrognée d'mon capitaine, ça me martèle de nouveau l'évidence dans l'crâne : la marine, c'est une foire aux monstres. Physiques comme moraux.

Ah. Enfin une tête rassurante... Rei. J'essaye d'esquisser un sourire en la voyant s'avancer vers moi, mais ça m'distord les muscles faciaux. Comme figés par l'horreur, ils flanchent pas quand j'essaye d'leur imposer une façade plus encourageante qu'ma mine d'enterrement. J'ai encore bien failli enterrer ma dignité et mon avenir, aujourd'hui, tiens. C'pas quelque chose que j'ai envie qu'elle sache, ou qu'elle devine. Alors... Bah. J'me contente de lui rendre son salut réglementaire. Le salut froid, le salut dépouillé d'tout bons sentiments. Le salut entre loups de la même meute.

Rei vient aux nouvelles. Comme Sinbad, elle a du apercevoir à travers mes deux miroirs de l'âme l'incendie qui m'consumait les sangs. J'mobilise le peu d'contenance qu'il m'reste pour me maintenir fier et pudique. Et m'laisse servilement caresser par son mouchoir quand elle commence à vouloir m'arracher les restes d'immondices qu'la flotte a pas voulu m'purifier. J'sais pas si c'est un nouveau caprice de son obsession ou si c'était d'la compassion gratuite... mais c'est l'unique genre de déchets que j'supporte pas garder collés à moi. Alors je geins pas.

M-Merci. Ça ira. On aura tout l'temps de faire le point quand ce sera complètement fini.

C'est bientôt fini, hein ? Malgré mon regain d'bravoure, j'm'imagine mal supporter une nouvelle heure de boucherie.

Faut rester concentré, et... et je... Humf. Tout ces blessés...

Mes mirettes volatiles flânent dans l'même temps du côté du capitaine, aux prises avec la grande loubarde au faciès sordide. On dirait qu'son épaule a morflé...
Y a des toubibs qui s'affairent de droite à gauche. Le feu d'la bataille est quasi éteint. V'là donc le sacrifice à la justice presque complet. Reste qu'à exécuter ceux qui s'meuvent encore...
Ouais, les trois autres toubibs de l'hypérion. Des triplés. Les toubibs three. Des joyeux drilles. Ça les rend pas moins zélés envers nos sinistrés. Ils les traquent, un par un, puis les prennent en charge en formation d'trio pour une efficacité fulgurante. Parfois, ils voient que ça suffit pas. Alors ils conseillent aux pauvres bonhommes d'faire la paix avec eux-mêmes avant de partir. Y en a qui meurent tout d'suite, d'autres pour qui ce sera plus tard. C'est comme ça.

... Personne pour s'occuper du capitaine. Ceci dit, plus j'le regarde, plus j'me rends compte qu'il est davantage préoccupé par la gothique que par son épaule. Quel vioque inquiétant...

J'devrais aller m'occuper des blessés tant qu'il en est encore temps. Mavim a été touché...

J'gratifie l'ingénieure d'un hochement de tête, d'un rictus crispé et d'un tapotement timide sur l'épaule. C'est toujours plus fraternel que l'flanc d'la main embrassant l'front, j'suppose. Oh, non, en fait. J'ai encore plus amical en stock.

Bon courage pour la suite. Puis fais attention à toi, hein ?

Sinbad m'donne son feu vert pour partir à la rencontre de Mavim. J'fais demi-tour en maintenant un instant mon regard sur Rei et ses gars. Un regard collant, qu'a beaucoup de mal à s'détacher d'la seule figure réconfortante parmi cette troupe aux traits tirés et rigides. P'tete bien un ilot d'amitié chaleureuse dans un océan d'froideur affective. Puis mes mirettes arrivent à s'en arracher, finalement, pour partir s'river sur le boss et la gothique. La voie est libre. J'passe une dernière palme dans ma poche intérieure, y tâter ma bouteille magique. Faut qu'j'en profite...

Et j'tamponne férocement le sable, en direction du soleil levant. Et du navire abordé par l'Hypérion. Poser les mirettes sur une blessure à soigner, c'est moins dévastateur pour elles que leur faire toiser une plaie béante à ouvrir. La nature m'a doté d'un arsenal que j'suis pas assez couillu pour utiliser. Qui m'révulsent, et souvent me harcèlent. Comme ces rémanences rouges qui s'excitent encore sur mon palais. L'goût du sang est le plus persistant d'tous. J'suppose que ça serait censé exciter l'prédateur marin qui doit comater en moi, quelque part... Surtout lorsque, pendant qu'la bouche s'imprime des restes d'ce genre de festin que j'déteste, mon fragile grand nez inhale le fumet du charnier. Une orgie à dominante rouge, mais pleine de nuances. Un faisceau d'aiguilles de toutes les tailles et de toutes les formes s'enfonçant lentement dans mes naseaux pour m'torturer les sinus. Leurs points communs étant d'être imprégnées de toute la douleur d'un homme. Collègue ou boucanier.

Capitaine ! 'voulez être épaulé pour votre... épaule ?

J'm'égoutte sur la plage. J'lui gueule ça de loin. Histoire de pas m'relancer dans les eaux pourpres pour rien...

J'ai peine à croire qu'on ait massacré tout ça avec si peu de... pertes. Doit y avoir des pointures dans l'coin. Le commodore bicolore, déjà. La vilaine masque de mort aussi, perchée tout droit devant moi, peut-être ? Capables, en bons magiciens, d'faire disparaître des dizaines de vie en un claquement de doigt. J'serai assez fort pour faire ça, un jour ? Et surtout, aurai-je envie d'le faire ?
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Soupire. Inspiration. Les yeux clos qui s'ouvrent, puis, qui, avec une certaine amertume, balaient des yeux la plage. Une tige se fiche entre mes lèvres, un briquet y met feu, une bouffée de fumée s'élève déjà dans les airs et se mêle aux nuages de poussière et aux émanations des flammes recouvrant certains navires. Des hommes fauchés tachent le sable de leur fluide, d'autres gisent inconscients, happés par la force de Double Face, brisés par les coups de la Faucheuse, fracassés sous les tirs des Hypériens. Des tentes et des feus montés par les pirates il ne reste que cendre et tissu déchiré.

De cette crique paradisiaque il ne reste qu'une vue violée par les affres de la guerre.

Et autant savoir cet endroit profané est pénible pour n'importe quel homme posant pied sur cette plage, autant il est tout aussi indéniable pour chacun d'entre eux que notre monde respire la guerre.

Que cette île respire la guerre.

Que cette plage respire la guerre.

Qu'ils respirent la guerre.

Que l'humain est guerre en lui-même. Qu'à chaque instant nous inhalons l'air vicié des restes de l'escarmouche en recyclant les horreurs commises et en les utilisant pour solidifier un moral qu'on veut inébranlable. C'est peut-être terrible de le percevoir ainsi, surtout lorsqu'on se connait psychopathe sur les bords, mais on ne peut nier que si l'on est ici, c'est pour faire notre boulot. Tous ces corps éteints dans le sable et dans l'eau, ils ne sont que le résultat d'entraînements et d'ordres maintes et maintes fois appliqués au cours de l'histoire. Un jour où l'autre, nombreux seront ceux qui craqueront, qui cesseront de combattre et laisseront leurs armes tomber pour hurler le trop plein de violence qu'ils auront accumulé, ça m'est arrivé, c'est arrivé à plusieurs Storms, ça arrivera encore à d'autres.
Parce que l'humain est culpabilité en lui-même.

Toutefois, c'est la guerre. Et il est trop tôt pour avoir du regret.

Je remonte le manteau de Salem sur mes épaules, tire sur ma cigarette, puis m'avance sur la plage en ignorant de mon mieux le paysage souillé. Je soupire à nouveau en recrachant une bouffé de fumée, peinant à suivre du regard la fulgurante et hyperactive commandante. Je m'arrête au bord de l'eau au niveau d'un homme-poisson dont la photo figure dans un document que j'ai déjà consulté, un visage connu donc. Craig Kamina. Lieutenant. Médecin.

-Dites, lieutenant Kamina, vous pourriez ramener votre supérieur par ici? C'est pas faute de vouloir le faire moi-même, mais j'suis pas un super nageur à vrai dire… Et puis, s'il vient me parler ici, ça lui évitera de me gueuler un autre paquet de conneries.

Parce que je les ai entendu, ces cris. Mine de rien, je dois avouer qu'ils expriment bien le pressentiment que j'avais déjà eu lors de ma conversation téléphonique: Mavim est loin d'être un ange. C'est un dur, de la branche de ceux qui sont forgés dans le même matériau que l'amiral Kindachi Tetsuda. Et s'il n'a pas peur d'envoyer paître un supérieur, il peut très bien être capable d'un paquet de trucs surprenants.

Je tire sur ma clope. Puis je réfléchis à voix haute.

-Hmmm… Mine de rien, va falloir trouver un moyen de bien nettoyer tout ça. Des épaves, ça ne disparait pas tout seul… Z'avez pas une idée, personne? Faudrait faire vite aussi, parce qu'on va devoir évacuer la plage avant que des curieux décident de ramener leur nez.
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