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Au commencement, il y eut les paroles du Gentlefish.

Les mouettes ne se trompent jamais. Et quand l’horizon n’est plus que seulement une ligne droite et qu’un ilot fait son apparition, elles sont là pour le crier, qu’elles soient dans les hauteurs des mats comme dans les profondeurs du navire. Et au milieu des mouettes, autant volatiles que marines, nous sommes là, pirates malgré nous, civils pourchassés et Étrangers par fierté. Je suis là, à côté de ma petite sœur alors qu’elle tend le doigt vers cet horizon auparavant tristement monotone, de son petit doigt fragile d’enfant émerveillé. C’est une nouvelle ile pour Uran. Elle qui s’est désolidarisée récemment d’Innocent Island, c’est un autre monde qui s’ouvre à ses yeux innocents. À ses côtés, c’est les autres Étrangers qui se pressent, les uns ravis à la perspective de pouvoir se dégourdir les jambes sur un sol de terre et non de bois, et d’autres explosant de joies à l’idée de ne plus vivre en permanence à côté d’éléments indésirables. Non, ce n’est pas que les marines, c’est aussi même au sein des Étrangers. Blake a encore fait des siennes.

Et puis, il y a moi, mais pas que. Il y a aussi Ishii. Et Gnuh, mais c’est différent, parce que Gnuh dort tout comme son tout nouvel escargophone à son effigie, accrocher autour de son coup, dormant comme son double. Non, Ishii et moi, c’est différent. Parce que l’ile qui a fait son apparition au loin n’est pas anodine, loin de là. Le fait d’arriver sur cette ile, ça tient presque du miracle. Il y a des semaines, on arrivait sur Grandline sans savoir que la navigation se faisait à l’aide de Logpose. Malgré notre rencontre désastreuse avec la corsaire Lust, Jackie a récupéré un logpose pendant les affrontements. Et alors que nous embarquions sur le Karaboudjan II, le piège d’Achab détruisit non seulement le système de propulsion, mais aussi le matériel de navigation. À la fin, il n’y avait que le logpose de Jackie pour nous sauver. Et ce logpose se révéla spécial. C’était un Eternal Pose qui ne pouvait pointer que dans une seule direction. Une seule ile.

En l’occurrence, Helliday Island.

Il y a un monde entre les contrées abandonnées et juvéniles d’Innocent Island et la terre d’Helliday. Au cours de la traversée, on a pu entendre les histoires et les rumeurs à son sujet. Les marines n’étaient pas toujours loquaces à cause de nos différends, mais il fallait bien s’occuper. Et puis, Sarah était du genre à ne pas avoir sa langue dans sa poche. Helliday. Autrefois appeler Holliday, l’ile est dorénavant à l’image de celle qui la contrôle. Lust. C’est assez terrible. Après nous être opposés à elle et avoir manqué de nous faire tuer, nous entrons de notre plein gré dans son sanctuaire. Quand on l’a appris, on a été tenté de changer de route, de tenter notre chance là où ne pourrait pas nous attendre Lust à la fin de notre parcours. Mais c’était risqué la guerre avec les marines tellement le pacte était fragile. Ils n’ont rien à craindre, ces marines, Lust est une corsaire. Même si, d’après les récits des soldats expérimentés, les marines ne sont pas les bienvenus sur l’ile ; un corsaire apprécie ne pas avoir le nez des hommes du Gouvernement Mondial dans ses affaires. Et Lust est le genre d’individu à avoir beaucoup d’affaires.

Helliday est donc la demeure de Lust. Une ile autrefois dédiée aux loisirs les plus communs, mais aujourd’hui, ces loisirs sont devenus malsains. Le soleil et les jeux d’eaux ont été remplacés par les esclaves et les jeux de sang. L’un des plus importants divertissements de l’ile est sans contexte les combats de gladiateurs quasi incessants dans la grande arène. On dit que des convois entiers d’esclaves arrivent chaque semaine pour servir de chair fraiche à ses combats, pauvre victime de guerriers entretenus pour faire couler le sang. Tout ça, pour le plaisir de bourgeois et de gens influents venant sur Helliday pour profiter sans retenue de tous ces plaisirs interdits sans scrupules.  Cette ile est incroyablement mauvaise et j’ai eu peine à croire qu’elle pouvait vraiment exister. Et c’est là que j’ai appris que Helliday était la dernière ile d’une des sept voies de Grandline. Plus loin, c’est l’archipel de Shabondy, Marineford, le continent Redline et la capitale du monde, la sublime Mariejoa. C’est le centre du Gouvernement Mondial et de ce fait, Helliday baigne totalement dans la sphère d’influence de ces iles d’importance capitale.

C’est la première pensée importante que j’ai en apercevant cette ile, au loin. Nous sommes au bout de Grandline. Nous qui étions au début, nous en sommes à la fin. Ce fait me donne l’impression d’une extrême fragilité. Nous ne sommes pas prêt à être confronté à un monde dont nous ignorons tout. Sarah me l’a dit. Plus on avance sur Grandline et plus les forces en présence sont puissantes. Plus on s’approche et plus on est confronté à des individus puissants, des organisations aux pouvoirs illimités et à des légendes vivantes. Et nous, Étrangers, nous ne sommes rien si ce n’est des pirates malgré nous qui se sont perdus sur les chemins de cet océan. Nous ne devrions pas être là. Sur cette ile du bout de Grandline, il doit se cacher des dangers que l’on peut imaginer, tel que l’on peut même penser que Lust n’est pas le pire ! ça m’effraie terriblement. Et cette peur m’a accompagnée pendant tout ce voyage. Les Etrangers, Uran, Ishii. Ils sont des êtres chers à mes yeux. Et je les accompagne en un lieu où je peux les perdre. Où nous pouvons nous perdre. Sur la dernière ile, nous avons été mises en déroute par une corsaire et nous serions morts sans la venue d’une aide bienveillante. Mais Helliday est différente. Nous serons seuls. Et nous serons faibles comparés à la faune locale.

C’est tout cela qui m’habite tandis que je m’avance lentement vers le bastingage pour accompagner les autres dans leur joie. En contrebas, j’aperçois Ishii, sortant la tête de l’eau ; c’était son tour de tirer le navire. Nos regards se croisent. J’hoche la tête. Nous avons retardé l’inévitable. Il ne peut plus être retardé à présent. Tandis que le navire s’arrête du fait que les hommes chargés de faire tourner la roue à aubes se joignent à leurs camarades, le capitaine remonte à bord. De l’autre côté du pont, le commodore Achab me défie du regard. Non loin, Sarah fait une grimace.

Je ne sais pas ce que vont faire les marines. J’ai cru comprendre que le pacte de non-agression restera en vigueur jusqu’au débarquement ou nous nous séparerons, mais je ne sais pas ce qu’ils comptent faire en suite. Nous traquer sur Helliday ? Appeler du renfort ? Les enjeux politiques sont forts sur l’ile et nous ne savons pas grand-chose des possibilités de la marine dans l’antre de Lust. Mais il y a aussi plus important. Nous. Qu’allons-nous faire ? Helliday n’est pas une destination voulue. C’était la seule possibilité que nous avions. De là, d’autres chemins s’ouvrent à nos pas. Mais c’est là toute la question qui ne trouve pas sa réponse. Quel sera le destin des Étrangers ? Un destin sur Helliday ? Ou un départ précipité ? Pour quelle destination ?

Je n’en sais rien. Je ne sais pas. Et ce qui est bien, dans ce genre de situation, c’est au capitaine de trancher.

Et moi, je suis pas capitaine.
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Elle voulait des mots pleins de sang de haine et de violence. Elle voulait tout ça dans la même phrase avec en plus la violence de l'amour. Elle voulait qu'il touche juste. Elle voulait qu'il perce en plein cœur avec comme seule flèche un simple mot, de simples paroles.

Et lui aussi il aurait voulu tout ça il aurait aimé pouvoir le faire... Qu'il aurait aimé. Mais au lieu de tout ça il regarda chacun des hommes présents. Il les regarda tous un par un en fixant une demie seconde chaque paire d'yeux à portée de regard.

Il juste une attention pour le capitaine Marine. Celui-ci, ce fut la main du monstre qui toucha la sienne. Il l'empoigna avec vigueur. Et puis ses pas lourds cognèrent contre les lattes de bois avant que sa voix grave n'envahisse la pièce.

"Lorsque vous quitterez ce navire et que vous nous verrez à quelques pas. Lorsque vous regarderez le fanion noir voler sur le mat, je ne vous empêcherai rien. Haïssez nous si vous le voulez. Mais avant... Regardez vos pieds. Regardez comme ils portent vos corps avec tant de facilité. Écoutez votre cœur. Écoutez le, comme il cogne fort dans votre torse pour faire voler le sang. Et rappelez vous. Rappelée que vous êtes en vie. Et que si vous l'êtes. C'est grâce à nous."

Il regarda une dernière fois le capitaine ennemi lui faire face et à cet instant, toute les nuits où il n'avait pas dormir que d'un œil resurgirent. C'étaient celles où il avait entendu les pas feutrés du capitaine marine arriver, celles où il avait senti une lame voler à l'emplacement exacte où sa tête reposait quelques instants plus tôt.

Enfin, il regarda ses hommes.

"Pas de bêtises mes amis. Votre mission c'est de rester discret, de comprendre où on vient de mettre les pieds. Lucio gardera le navire avec Blake. Adrienne, tu pars pour le centre de la ville collecter le plus d'informations possibles. Jevta surveillera Jacky. Le reste, vous avez quartier libre."
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C’est un silence de plomb qui fait suite aux paroles du capitaine tandis que le navire estropié s’avance lentement vers sa destination. Du côté des hommes de paix, les regards sont fiers. Ils reconnaissent, parfois honteux, que sans la paix temporaire entre pirates et marines, nous ne serions pas tous ici. Pas en vie. Même le regard d’Achab semble murmurer à demi-mot cette vérité. Et pour mieux la camoufler, il rappelle que l’inverse est vrai. Sans leur navire, nous aurions peut-être sombré dans Down Below. S’ils n’avaient pas accepté la paix, ils auraient pu nous affronter et nous jeter par-dessus bord. C’était un accord bénéfique à tous. Un accord que les fiertés ont eu du mal à avaler. Mais un accord saluait par les cœurs encore battants de vie. Les nerfs n’ont pas flanché. L’appréhension était à chaque coin de couloir, rampant au sol pour s’agripper aux chevilles des esprits faibles. Mais c’est sur Grandline, les esprits apprennent à devenir forts. Fort pour être en vie. Et la vie sauve, c’est grâce à nous. Tous.

Tandis que les marines se tournent vers leur commodore et alors que j’aperçois Sarah me lancer un sourire mélancolique, nous prenons les conseils avisés du capitaine. Car ce sont plus que des ordres. Nous sommes des frères et sœurs d’armes. Nous avons confiance en chacun de nous. Et c’est cette confiance qui nous fait vivre ensemble, pas l’autorité. Car là où nous allons, l’autorité n’est rien d’autre qu’un vestige d’un passé que nous fuyons. Au loin, c’est la liberté. Chacun approuve ses paroles. Même si Jevta n’a pas hérité de Gnuh, il semble boudeur tandis que Jackie vient protester qu’elle n’ait pas besoin de surveillance. Sur une ile telle qu’Helliday, il faut la surveiller. Ishii ne dit rien sur ce qu’il va faire. On respecte sa décision de se taire. Il a un lourd passé et cette ile est l’occasion de réveiller des blessures enfouies. Probablement. Il y a des mots qui ne peuvent apaiser les douleurs latentes.

Je me détourne de ses préoccupations pour m’occuper de gérer les manœuvres. Plusieurs ordres sont donnés. Des ordres, oui. Parce que dans ce genre de situation, on ne va pas gentiment faire des politesses pour chaque manœuvre alors que la navigation, c’est déjà assez compliqué, et surtout quand le navire n’est pas au sommet de sa forme. Monster et Jouvence sautent à la mer pour diriger le navire une dernière fois tandis que Sarah et plusieurs marines acceptent d’eux-mêmes d’aller dans la roue à aubes, le vent étant un peu faiblard. C’est avec un équipage réduit qu’on amorce les manœuvres d’approche des docks. Les autres ont préparé leurs affaires pour débarquer. J’entends quelques disputes à propos du navire ; les marines n’étant pas totalement d’accord avec le fait de laisser des Étrangers à bord du navire, mais c’est réglé en interne. On a bien le droit à quelques jours avec un lieu de repli, non ? Ce n’est pas comme si le navire pouvait aller bien loin. Plus loin, le port d’Helliday se révèle à nos yeux. Plutôt classique dans les structures et le gout, mais impressionnant par la taille. Il est taillé pour accueillir une grande flotte de navires, quelle que soit leur taille. Le Karaboudjan II n’est pas hors norme, pour l’occasion.

On avise un quai qui conviendrait plutôt bien au navire et on s’en approche. La vigie annonce qu’on a été repéré et que même si les autorités du port bougonnent qu’on n’ait pas choisi le bon quai, ils se sont tout de même aperçus qu’on n’avait pas un système de navigation totalement opérationnelle. La manœuvre est complexe, mais on finit par plus ou moins bien se placer. Le moins étant le fait qu’on a un peu frotté la coque contre le quai. Ça a fait un bruit assez assourdissant. Des matelots ont signalé quelques fuites mineures qu’on s’est empressé de colmater. Heureusement qu’on est arrivée. Le ponton de débarquement est mis en place et c’est les marines qui débarquent en premier. Marines moins un certain nombre qui reste à bord pour surveiller le navire. Ils ne comptent pas l’abandonner. Un représentant du port arrive bien rapidement et ne peut qu’être surpris par la présence de marine et de pirate sur un même navire. Mais en bon gestionnaire civil, il ne pose pas de question. Ce qui l’intéresse, c’est deux choses. Tout d’abord, il prévient que les pirates et les marines ne sont pas forcément les bienvenues sur l’ile. Les premiers parce qu’un certain nombre de personnalités peuvent exiger nos têtes pour la sécurité des lieux tandis que les seconds ne sont tout simplement pas les bienvenues sur Helliday. Lust n’aime pas voir des bleus dans ses affaires.

La deuxième chose à dire, c’est qu’il faut s’acquitter d’une taxe pour le navire. Le commodore Achab proteste, mais le sous-fifre reste insensible à ses éclats. Pour la peine, je m’avance rapidement pour prendre tout le monde de court et payer à mes frais. Suffisamment pour que personne ne vienne nous chercher des noises sur cette partie du port. Achab semble apprécier le résultat même s’il a des doutes quant à la légalité de mes possessions. Ça passera pour cette fois.

Achab et une bonne partie de ses hommes s’éloignent du navire, surement pour contacter leur supérieur quant à leur localisation, mais aussi pour trouver un endroit où ils ne seront pas une gêne visuelle pour les locaux. Peut-être aussi pour préparer leur revanche. Ce n’est pas impossible. De notre côté, on débarque à notre tour. On est tous plus ou moins curieux de voir où on a mis les pieds. J’embarque Uran avec moi. Pas que l’endroit soit un bienfait pour elle, mais comme c’est la première ile qu’elle voit depuis Innocent, je n’ai aucun doute quant à sa volonté de voir l’extérieur. Autant que ce soit avec moi. Je prends Gnuh avec moi, aussi. Ça fait une monture pour Uran. Et pour satisfaire Gnuh, j’ai chipé des sucres. J’ai cru voir une étincelle de réprobation dans les yeux de Lucio quand je l’ai emmené, mais elle s’est éteinte dans un ronflement ennuyé.

Les Étrangers finissent par se séparer. C’est le début d’Helliday. Le début de quelque chose. Quelque chose de bien, il faut l’espérer.
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Le quelque chose de bien, ce sont d'abord d'innombrables ruelles où le Monstre vient se perd. Ce sont des chopes et des hôtels de luxe qui se superposent entre deux allées de pavées. Ce sont des ombrelles où les gentils hommes sirotent leurs cocktails sous les chants des oiseaux plus ou moins naturelles. Ce sont les odeurs de fleurs, de pétales, de parfum, d'alcool et de cigare qui viennent effleurer les énormes narines d'Ishii.

Et tout autour, et à chaque pas, se sont des regards qui se perdent sur la carrure imposante. Parce qu'ici la sécurité n'a qu'un prix, celle du sang, et que ces hommes là, ces gens qui payent de leurs billets à foison, parce que ces gens là n'aiment pas venir se faire importuner, alors déjà, ils chuchotent. Ce sont des gros messieurs en costumes impeccables, se sont des gringalets petits hommes en habits de balle, ou bien même d'autres encore, peut être pire, des femmes toutes belles, avec leurs robes taillées sur mesures et leurs gants de soie qui rougissent de peur devant le pirate.

Et les murmures suivent le Monstre.

Il se perd longtemps dans les ruelles mais cette impression de toujours être suivi continue encore à le suivre. Il a l'habitude, le Monstre, d'en imposer. Il en a l'habitude de faire fuir et des gens aussi riches, il en a déjà vu. Mais peut être est ce l'effet de Grand Line, cette impression semble amplifié. Comme si les hommes riches étaient encore plus riches qu'ailleurs. Comme si les hommes puissants étaient encore plus forts. Comme si les femmes magnifiques étaient encore plus dangereuses.

Il arrive sur une place pavée comme tant d'autres où une fontaine se laisse couler avec quelques gamins s'y rafraichissant. Et au milieu, un vieillard bossu roupille. Il a les frusques immondes avec son ventre débordant jusqu'au haut de la ceinture, ses mains fripées se cramponnent à sa cane pour ne pas laisser tomber le corps. L'une d'elles se lève comme appeler le Monstre. Celui ci hésite un instant, se demandant s'il n'a pas rêvé mais le geste se répète. Après quelques pas de l'Etranger, le vieillard se met à baragouiner quelques mots.

-Vous, vous êtes perdus.

-Hmm. Je prends mon temps pour trouver le chemin.

-Uhuh. Moi, c'est Raknir.

-Ishii Môsh.

-Oh... Intéressant. J'ai peut être quelque chose pour vous Monsieur l'Etranger. Si vous avez du temps à perdre, comme vous semblez l'avoir dit, allez vous promener dans la cinquième rue à droite.

-Hmm.

-Uh uh uh. Allez, ça suffit, allez, maintenant. Parce que moi du temps, je n'en ai pas assez.

Le Monstre reste là, un moment interloqué. Le vieillard lui a déjà refermé les yeux, comme si la conversation était terminée. Alors l'Etranger repart en se demandant si cette conversation n'était pas révée. Mais peut être est ce le hasard, ses pas l'amènent peu à peu vers la cinquième ruelle à droite.


Il s’arrête un instant devant une office où un simple pancarte branlante annonce « Broc et brac, réparateur en tout genre». Ce nom l'intrigue. Et puis la noirceur à l’intérieur l'attire. La chaleur a fini par faire son effet et tout le corps dégouline comme s'il perdait un litre d'eau à chaque pas. Il entre. Ses yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité pour finir par distinguer quelques formes. Mais c'est son nez qui fait le plus gros du travail. Il sent l'odeur de cuire émaner de sa gauche où d'étranges selles pour d'étranges animaux sont amassées les unes sur les autres. A sa droite, c'est l'odeur de tabac froid et de cendres qui l'attire. Et puis en face, celle, indescriptible d'un homme. Froid. Il a la gueule étrange, comme trop carrée. Le chapeau bloqué sur le crane et la peau tannée par une chose que le Monstre ne saurait expliquer.

-Oui.

La voix est sèche, à l'image de l'homme et l'intonation si étrange que le Monstre ne sait si c'est une affirmation ou une question.

-Hmm.

-Ishii Môsh ?

-Hmm. Vous êtes renseignés.

-Et vous, peu discret.

-Hmm. Ce n'était pas mon objectif.

-Bon, bon.

L'homme tire une tige qu'il bloque au bec. Une allumette se craque.

-Hmm. J'ai un bateau à réparer.

-Celui du port ? Arrivé il y a une heure ?

-Oui.

-Vous savez ce que je vais dire. Non ?

-Hmm...

-Que ce n'est sûrement pas le votre, parce que la marine a trop l'air d'y tenir. Et que l'Achab, ce n'est pas le genre de bonhomme qu'on aime se mettre à dos.

-Hmm. Vous savez ce que je vais vous répondre. Non?

-Pardon?

-Que ce n'est pas le mien, mais qu'Ishii Môsh est le genre d'homme qu'on aime se mettre dans la poche.

-Boarf...

-Si, et vous êtes d'accord. Sinon vous ne m'auriez même pas laissé parler et auriez directement dit « non ».

-Mouai.

-Hmm. Votre prix ?

Il sourit. Et ça le rend encore plus étrange.
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Dès mes premiers pas dans ladite ville, j’ai senti quelque chose de bizarre. C’est dans l’air, dans l’ambiance. Bizarre parce que c’est quelque chose que je n’ai jamais ressenti auparavant. Et si peut-être mon nouveau sens de l’observation m’offre l’opportunité de voir les choses différemment, je sais au fond de moi-même que cet arrière-gout poisseux que j’ai en bouche n’est pas commun. C’est inédit. Et ça m’effraie. C’est malsain. C’est étrange de dire ça, parce que tout est beau, tout est brillant, tout est propre. Les rues sont harmonieuses, les devantures des maisons sont colorées et richement décorées, souvent. Les gens marchent, heureux, apaisés, souvent en groupe. Ça rit. Ça discute fort. Et ça montre un niveau de vie plutôt aisé. Les dames arborent de sublimes robes tandis que les hommes paradent dans des costumes impeccables. C’est si beau qu’Uran ne cesse de me tirer la manche et de me regarder avec ses grands yeux tristes pour que je lui offre une robe comme celle qu’elle vient de voir il y a cinq secondes. Ou pourquoi pas celle qui vient de passer devant ses yeux ? C’est un paradis pour elle et sa robe toute simple qui fait plutôt tache dans le paysage pour l’occasion.

Autour d’eux, ce sont des amis, mais aussi des gardes du corps de deux types qui les protègent. Des types discrets en costume, mais aussi des hommes en armes et armures. Eux, ils paradent. Ils exhibent leur musculature et leurs armes. Et les gens riches vantent leur prouesse au combat. Leur appétit de victoire et lesdites victoires qu’ils ont à leur palmarès. Ils ne sont pas comme les gens en costumes. Ce sont des gladiateurs. Le mot me saute aux yeux.  Des gladiateurs combattant pour le prestige et le plaisir de leur employeur. C’est Helliday Island. Un lieu de sang. C’est tout ça l’aspect malsain de ce lieu. Les gens qui y viennent sont heureux et semblent vivre dans l’insouciance, mais au milieu de tout ça, c’est le sang qui coule et c’est les morts qui sont charriées jusqu’à l’océan. La ville pue la mort. L’ile empeste la mort. Helliday est la mort.

Pour les autres, pas pour eux.

On était dans un quartier un peu plus résidentiel que le reste de l’ile a priori. Un lieu où les visiteurs louent de belles villas où se reposer et se vanter de leurs activités fortes passionnantes de la journée. Car à partir du moment où l’on sort de ce quartier, l’horreur saute au visage. Les devantures se font plus sanglantes et l’air s’emplit d’odeur de sueur et de sang séché. Ça crie majoritairement de joie, étouffant les râles de souffrances de ceux qui ploient sous les différents instruments employés pour blesser, torturer, mutiler et surtout tuer. Juste en face de nous, c’est un mur qui se dresse. Le mur des lapidations. Un mur qui porte bien son nom, car à chaque instant, il y a toujours un pauvre esclave pour supporter les jets de pierre de ce que l’ile appelle des touristes, des clients, des passionnés. Des êtres qui ne méritent plus le nom d’être humain et qui prennent plaisir à faire souffrir. Je reste un instant choqué par la scène que je vois. La scène d’un meurtre perpétré sans que ça ne choque personne d’autre que moi. La scène d’une exécution orchestrée comme un spectacle où chaque pierre vise à blesser un membre à la suite tout en essayant de maintenir en vie le pauvre malheureux. Des bouchers. C’est tout ce qu’ils sont.

Ma main vient se poser soudainement sur les yeux d’Uran, à côté de moi. Elle ne doit pas. Elle ne doit pas regarder tout ça. Elle est trop pure. J’intime à Gnuh de faire marche arrière. Il s’exécute dans un « Gnuh » dégouté. Même les fusils-tapirs ont plus d’humanité que les gens ici présents. En revenant sur nos pas, je croise le regard d’Uran. Elle comprend, un peu, ce qui se passe. Et ça me perturbe. Il peut se passer n’importe quoi sous ses yeux au détour d’une rue. Et je ne veux pas que son séjour sur cette ile ne soit qu’un long et perturbant cauchemar. C’est certain. Il faut trouver une planque. Un endroit où l’on pourra se poser avec les Étrangers. Pour réfléchir à ce qu’on va faire. Et j’ai une idée sur la solution. L’Église de la Juste Violence agit un peu partout dans le monde en fonction de ses objectifs. C’est naturellement à cause de cela qu’on trouve toujours des planques entretenues par l’Église afin que ses agents aient un repère au milieu des villes où ils débarquent.

C’est une chose qu’il faut apprendre. Et pour apprendre des choses sur l’Église, rien ne vaut une petite utilisation du Den-den-Adri.

Pulupulupulu.
Sœur Irma ?
Sœur Marie Thérèse ! ça fait un bail que tu m’as pas appelée. Alors ? Comment est Helliday.

Sœur Irma. Probablement la sœur la plus au courant de tout l’ordre.

Spoiler:

Tout le monde le dit. Elle aurait pu devenir une Mère Supérieure grandiose, mais sa trajectoire parabolique s’est brutalement interrompu lorsqu’un adversaire,un poil plus fort que les autres, lui priva de ses deux jambes. Désormais clouée dans un fauteuil roulant, elle passa du côté des postes fixes de l’Ordre en devenant celle qui sait tout sur tout sur l’ordre. Les missions des uns. Les planques. Les va-et-viens de chaque membre du nouveau jusqu’à l’Archeveque. Ses moyens d’acquérir ses renseignements sont nombreux, voire indénombrables. Elle est précieuse et elle, ça l’amuse. Ça lui donne l’impression d’être toujours dans le cœur de l’action, à bourlinguer à travers le monde malgré ses deux jambes en moins. Et elle sait donner le sourire à ceux qui la contactent. C'est précieux.

D’où, parfois, un sentiment d’être épié constamment.

Comment tu le sais ?!
Héééé ! On la fait pas à Sœur Irma ! C’est presque comme si je t’avais vu arrivé ! Tu sais, mon art divinatoire, tout ça !
Mais …
Non, sans déconner, un duo de prêtre d’Elite était de passage sur l’ile et ils ont eu vent de l’arrivée des Étrangers. Et comme je sais que t’étais dedans, j’ai pas eu à beaucoup me creuser la tête.
Ah …
Sinon, qu’est ce que je peux faire pour toi ?
J’étais venue te demander le lieu de la planque de l’Ordre sur Helliday, mais si elle est occupée …
Nan ! Elle l’est plus. Les deux gus se barrent ce soir. Tu peux y aller avec tes petits copains. Il y a même un petit lit pour ta gamine.
Mais ! Comment ?
Je sais touuuuuut ! Héhé !
Breef… tu me dis ?
Ouaip. Par contre, t’es au courant que l’Epineuse est sur Helliday, non ?
Qui ?
Haya Shimetsuki ! Évidemment !

Je m’immobilise. Je perds un peu le sens de la conversation. Je sais qui est Haya. J’ai un dossier sur elle, remis par un Eveque en personne. Haya Shimetsuki. Je ne la connais pas, mais elle est beaucoup pour moi.
C’est étrange que ce soit sur Helliday que le destin l’ait mis sur mon chemin. Helliday, ile de la mort.
Car Haya n’est rien d’autre que ma cible en tant que Sœur d’Elite.
La première personne que je dois tuer de ma vie.
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Oui, il est étrange, ce Monsieur. Il sourit de ses dents toutes jaunies avec un regard qui ferait peur aux enfants. Il se frotte les mains en faisant voler de la poussière dans toute la pièce comme s'il ne se les était pas lavées depuis des années. Et puis surtout, ce sont ses yeux, oh oui ses yeux qui brillent de mile malices. A son regard, tout le monde pourrait deviner qu'il prépare quelque chose. Oh oui, c'en est certain mais la difficulté n'est pas de savoir s'il en prépare mais CE qu'il prépare.

-Le prix ?
-Hmm, oui, le prix.
-Le prix pour ?
-La réparation du navire.
-Uhuh c'est que le réparer vous ferait le perdre.
-Et que non réparé il ne peut pas être de grande utilité.
-Mouai.
-Alors ?
-C'est que vous voulez le réparer sans le perdre, non ?
-Hmm. Oui.
-Tu te crois malin, hein, Gentlefish.

Il articule chaque syllabe du dernier mot comme autant de moqueries. GEN-TLE-FISH avec un accent si fort qu'il en fait perdre tout sens.

-Hmm...
-Mais malin que t'es, tu n'as pas d'idée de comment le garder, ce bateau.
-Hmm..
-Alors pourquoi ne pas héhé.... le faire disparaître ?
-Disparaitre ? Hmm...

-Héhé. Oui, di-spa-raitre. Piouf ! Comme ça, d'un coup ! Un coup il était là, et la seconde suivante ! Il ne l'est plus !

Il gesticule ses bras dans tous les sens pour avaler l'air de ses mains, comme s'il prenait le navire entre ses doigts et le faisait disparaître. Puis, aussi vite qu'il a commencé, s’arrête. Il penche légèrement la tête sur la droite pour regard le Monstre de travers.

-Alors, tu en penses quoi ?
-Hmm. J'en pense que vous êtes fous.
-Et si c'était possible, hein ?

Il sourit de nouveau.

-Hmm. Ce serait le meilleur plan.
-Alors dis toi que c'est possible.
-Hmm.
-Tu te crois malin, gentlefish, hein ? Mais au fond, de Grand Line, tu n'y connais rien.
-Hmm. Disons que c'est possible. Parlons prix.
-Mouai.

-...

-Parlons prix. Uh uh.

Et l'étrange homme donne son prix.

-Hmm. Ce n'est pas un prix.
-SI. Le temps, c'est de l'argent.

♪-♫-♪-♫-♪-♫

C'est un pont, comme tous les autres. Il y a la pluie qui tombe de chaque côté et les marques d'humidité, de mousse verdâtre, qui gagnent chaque endroit. Ici, c'est le lieux des pauvres. C'est là où se cache la misère que les autres, les gens d'en haut, ne veulent pas voir. Ici, c'est le vieillard aveugle qui se bauche comme un soulard avec sa gnôle qu'il avale au goulot.

-Monsieur Môsh. Vous revoilà.

Le Monstre s’arrête, un instant. Surpris d'avoir été entendu lui qui d'habitude est si silencieux. Et puis... Et puis il y a toute cette puissance que son haki ressent dans cet être pataud, miope. Il y a toute cette puissance que le Monstre ne comprend pas, que le Monstre appréhende.

-Alors, vous l'avez trouvé ?
-Hmm. Je crois bien.
-Et il vous a dit de venir me voir ?
-Hmm.
-Dépêchez, monsieur Môsh. J'ai peu de temps.

Il avale une rasée de gnôle.

-Hmm. Vous savez faire disparaître les bateaux ?

Il se mare.

-Vous savez, uh uh uh. Ça coûte cher, de faire disparaître les bateaux.

Le Monstre tire sur son cigare, irrité.

-Ici, tout coute cher, je crois bien.
-Uh uh uh. C'est que je dois un service à une très gentille madame. C'est que ce service n'est plus de mon âge. Et puis vous savez... Je vous aime bien. Vous êtes gentil avec une Adrienne qui en a bien besoin. Alors je vous rendrai ce service.
-Hmm. Qui est cette dame ?


Il se mare. Encore.

-Hmm. Vous êtes quelqu'un, vous.
-Oui. Un vieillard sénile. Alcoolique. Un vieillard qui pourrit les derniers jours qui lui restent. Alors, oui je suis quelqu'un. Pas forcément un grand quelqu'un, ni quelqu'un de bien, ni de mauvais. Je suis juste un quelqu'un et ça me suffit.

Il ravale une goulée.

-Hmm.
-Allez voir la Belle Anna. Dîtes que vous venez de ma part.
-Hmm. Et vous êtes ?
-Je suis ? Quelqu’un, voyons. Quelqu’un.
-Hmm.
-Allez, maintenant. Allez. Je suis pressé.

Il ravale une goulée avant de se rendre compte que la bouteille est vide. Il l'avance lentement devant ses yeux comme s'il pouvait la voir. Soupire. Et jette le verre partant se briser à l'autre bout du pont.
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Assis sur les trois marches menant à la porte d’une demeure affichant sa prochaine démolition pour quelque chose de plus beau encore, j’ai le nez plongé dans des feuilles. Quelques-unes. Parfois écrites à la main, d'autres, taper à la machine à écrire. J’ai pris la plus haute. Sur la plus basse, Gnuh s’est mis sur le dos, livrant son ventre douillet aux caresses expertes d’Uran. Le canon-tapir exprime son appréciation dans un « Gnuh » prolongé et savoureux. Et Uran complète en riant. Pour un peu, ça me ferait sourire. Mais ce qu’il y a dans mes mains ne me fait pas sourire. Des informations. La description, les faits et gestes, l’histoire d’une seule personne. Une sœur qui n’en est plus une. Une traitresse qui ne doit plus l’être. Haya Shimetsuki. À l’époque, c’était Sœur Hélèna. Mais cette époque est lointaine. Elle a fait partie de l’Ordre de la Juste Violence. D’abord affectée à des tâches plutôt en accord avec ce que pensent les gens des bonnes sœurs, elle a fini par montrer des qualités dans l’usage de la Juste Violence, principalement au contact de plusieurs prêtres d’Élite de passage. Elle a embrassé la cause des sœurs combattantes et elle est rapidement devenue Sœur d’Elite. Juste d’Élite. Ses capacités étaient limitées. Elle n’a jamais caché sa frustration d’être née femme. Elle jugeait que c’était ça qui l’empêchait d’atteindre les sommets. Et elle exprimait sa frustration dans davantage de violence. Au début, on l’utilisait pour des missions complexes sans voir que le mal la tourmentait. Puis l’ordre a fini par s’en rendre compte, mais c’était trop tard. Au cours d’une énième intervention à Dead End, elle avait rejoint la cause du clan des femmes d’Aiko, jetant à bas tous les principes de l’Ordre. Sa violence fut laissée à la disposition de sa maitresse et celle-ci ne s’atténua jamais.

Haya Shimetsuki est devenue puissante à Dead End. Elle a gagné un fruit du démon. Mais ça n’a pas suffi pour résister aux Saigneurs des Mers nouvelle version. Elle a réussi à fuir l’ile et elle a fini son chemin à Helliday. Là, elle a fait ce qu’elle a toujours fait. Se battre. Et elle a attiré le regard sur elle. Sur Helliday, les gens riches entretiennent des combattants pour leur gloire et leur bon plaisir. Il est toujours plus divertissant de soutenir un combattant que l’on finance. Ça donne l’impression de payer quelqu’un pour qu’il donne la mort et qu’il aille à la mort. C’est très… excitant. Haya a tapé dans l’œil d’une de ces personnes. Et elle a fait son trou. Gladiatrice. Une fin plutôt triste pour Sœur Hélèna. Tout ça est consigné dans les notes que l’on m’a transmises. Pour que cette fin arrive. Sa fin. Sa mort. Elle ne se fera pas dans une arène. Mais ici.

Il ne fut pas difficile de trouver des informations sur elle. Elle est une des gladiatrices qui montent. J’ai ainsi pu trouver la demeure de son « sponsor ». Et depuis, j’attends. J’attends qu’elle se montre. Je ne sais pas encore ce que je vais faire quand je la verrais, mais j’attends. La perspective de tuer me hante. C’est un ordre, certes, mais un ordre sanglant. Je n’ai jamais tué. Ou plutôt, je n’ai jamais voulu tuer. C’est une différence importante. Et mon cœur me dit que je ne dois jamais tuer. Jamais. Et pourtant… je le dois. Tuer les traitres à l’Ordre, c’est une obligation et l’on donne cette mission aux Elite. Je suis une Sœur d’Elite, je dois le faire. C’est tout. Les règles sont faites pour être respectées. Ne pas les respecter, c’est exprimer son opposition à l’ordre. Et je serais, à mon tour, une traitresse.

Dis… Adridri ? Tu vas vraiment lui faire … du mal ?

Je baisse les yeux vers Uran. L’enfant me regarde de ses grands yeux emplis d’une innocence qui tend à oublier ce qu’ils ont vu aujourd’hui. Je lui ai dit. Il le fallait. Je ne pouvais pas décemment aller au combat sans la prévenir. Elle aurait pris peur. Comme à Innocent. Je l’ai embrassé sur le front et j’ai utilisé des mots simples. Pour qu’elle comprenne. Haya est devenue méchante. Elle doit être arrêtée. Pour qu’il n’y ait plus de sang et pleurs. Ce n’est pas vraiment la vérité et j’ai un peu honte d’avoir menti, que le Seigneur m’en soit témoin. Uran a compris. Mais Uran a toujours peur. Peur pour moi. L’idée de neutraliser une méchante a pu faire son chemin ; et cela me déprime suffisamment comme ça, mais elle ne se fait pas à l’idée que c’est à moi de le faire. Je sens que son cœur est inquiet. Encore plus inquiet que moi. J’aurais dû la laisser avec les autres. J’aurais dû demander à Blake de venir la chercher, même si l’idée de la laisser à Blake ne m’enchante guère. Ils doivent être à la planque de l’Ordre à l’heure qu’il est. Là, elle n’aurait pas eu à se tourmenter sur mon sort. Et je n’aurais pas eu à supporter le poids de son regard.

Ne t’inquiète pas, Uran. Tout va bien se passer. Ça ne sera pas long.

Ou comment avoir des mots bien faibles pour cacher la terrible vérité de bientôt donner la mort. Pas un meurtre. Je lui ferais face. Elle se défendra surement. Mais ça ne sera pas dans le dos. En traitre. Et c’est bien ça qui pourra terrifier Uran. La possibilité que je meure. Le sang versé. Les cris. Les larmes. Ce n’est pas un choix, c’est un dilemme. Un affreux dilemme. Un dilemme qui s’approche à grands pas alors que mes yeux repèrent ma cible, apparition soudaine au devant d’un petit groupe de personne. Il y a probablement là sa maitresse. Une femme qui aime les femmes. Sa cour est composée de femmes. Les gardes se tiennent éloigner, comme interdit de marcher en leur compagnie. Ça rit fort. C’est vécu de beaux vêtements colorés qui attirent l’œil d’Uran. Moi, je n’ai d’yeux que pour Haya. Elle est là. Ses longs cheveux blonds tombent dans son dos, libre au vent. Son visage semble d’albâtre. Fière et arrogante, elle exprime une puissance sauvage dans sa démarche féline. Son armure légère brille de mille éclats comme si elle était lustrée chaque jour. C’est probablement le cas. Haya est une artiste. L’artiste d’un spectacle de sang. Et le costume se doit d’être impeccable.

Au commencement, il y eut les paroles du Gentlefish. 489c7110

Je me lève sans m’en rendre compte.

Adridri ?
Tout se passera bien.

Je tente plutôt de m’en convaincre.

Gnuh. Je te laisse Uran. Défends là au péril de ta vie. Tu auras plein de sucres.

L’animal pousse son couinement d’approbation ; je le prends comme tel. Hache sur l’épaule, je laisse mes affaires aux bons soins de ma petite sœur et je m’avance vers elle. Son regard passe sur les gens avant de se fixer sur moi. Elle sait. Je la dévisage. Elle sait que je lui veux quelque chose. Son pas se fait plus lent et elle détourne timidement de son chemin pour marcher vers moi. Les demoiselles de derrière s’en aperçoivent, mais ne semblent pas s’en inquiéter, ni s’en préoccuper. Les rires pleuvent. Sur les côtés, des gardes me dévisagent. Mon nom et ma prime ne sont probablement par arrivée à Helliday. La dernière fois qu’on a entendu parler de moi, c’était à Innocent. Et personne n’aurait pu croire que j’apparaitrais ici. Des pirates comme moi, il y en a beaucoup. Et ceux qui sont loin ne sont pas dignes d’intérêt. Haya continue de me fixer. Je sens le regard d’Uran dans mon dos. Elle ne cille pas. Je fais de même. J’en viens à m’arrêter et mon adversaire fait de même avec une poignée de secondes de délai. On se dévisage l’un l’autre. Tout semble s’arrêter. Son visage est toujours arrogant et froid. Seuls ses sourcils expriment une incompréhension. Mais l’air est lourd. Le danger est palpable.

Je ne sais pas quoi faire. Alors, je décide de faire le minimum et de décider de la suite. C’est lâche. Mais c’est mieux.

Je suis venu pour toi.
Sœur Hélèna.


Je vois un éclair de sagacité dans ses yeux. Ce nom réveille quelque chose en elle. Des souvenirs. Une colère. La violence. Je le sens. Et je sens aussi qu’elle déduit bien rapidement que je suis de l’Ordre. Tout ça pour mener à une seule conclusion. Elle était Sœur d’Elite. Elle a fait ce que je vais faire aujourd’hui. Elle sait donc pourquoi je suis ici, devant elle.

Et son sourire se fait rictus de plaisir.
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Ces derniers jours avaient été horribles, enfin plus que d'habitude, pour une fois la faute n'incombait ni à un pervers décérébré, une beatboxeuse moyenne ou autre être tentaculaire. Non, tout ça c'est parce qu'Ils sont là, enfin bientôt étaient là et par dessus tout qu'Elle en fait partie. N'importe comment, j'avais plutôt réussi à bien jouer mes cartes de toute la traversée je ne l'avais croisé qu'une fois. J’avais fini à l'eau. J'avais sauté. J'avais aussi failli me noyer, mais ça restait sûrement moins douloureux que ce qui se serait passé si j'étais resté en face d'Elle. Franchement, ça aurait bien mérité que je m'offre un paquet d'clopes ou un petit verre, mais si je reprends c'est notre infirmière qui va me tomber dessus et là, même la noyade me sauvera pas.

Passons, ce n'est plus qu'une question de minutes pour qu'on puisse enfin poser un pied sur la terre ferme et Ishii entame un énième discours. Je l'écoute d'une oreille vu qu'il cause aux bleus, ensuite viens notre brief :

"Pas de bêtises mes amis. Votre mission c'est de rester discret, de comprendre où on vient de mettre les pieds. Lucio gardera le navire avec Blake. Adrienne, tu pars pour le centre de la ville collecter le plus d'informations possibles. Jevta surveillera Jacky. Le reste, vous avez quartier libre."

-Mais boss.....

À peine j'ouvre mes lèvres pour exprimer mon désagrément que le Monstre me pose son regard dessus et il se trouve qu'il est éloquent, bien plus que tous les mots qu'il pourrait me dire.

-D'accord boss...

Me taper Jackie, ça m'enchante pas, enfin c'est pas comme si j'avais vraiment le choix. J'aimerais bien que de temps en temps ce soit les têtes d'affiche qui s'y collent: ils ont tous des primes à plusieurs millions de berrys, ils devraient bien pouvoir gérer une unijambiste, non? Mais non, c'est moi qui m'y colle, alors qu'avec ma prime c'est tout juste si on peut offrir un paquet de croquette au tapir à canon scié. ET NON J’EXAGÈRE PAS. Et oui, je suis un peu à bout. Et encore oui, il n'y aucun rapport entre ma prime et le reste, c'est juste que je voulais bien souligné que les Marines se sont vraiment foutus de ma gueule avec huit cent mille piécettes.

Bref, on débarque et au moment où on pose un pied sur l'île, je sens comme un malaise, mis à part Ishii, on est tous mal assorti à l'endroit. En même temps, pour certain il est difficile d'être assortis à un endroit autre qu'un taudis. Non je ne juge pas, je constate. Prenons le Redhorn, alors aux premiers abords, il passe partout, sauf qu'au bout de dix secondes il se désape, on peut donc exclure tous les endroits où se trouvent des enfants. Ensuite, il va se mettre à se parler à Kiki, du coup on va sortir de la liste tous les endroits où il y a des gens sains d'esprit ou qui veulent l'être. Au final, si on continue la liste, il restera que deux endroits, notre bateau et un hôpital psychiatrique. Enfin, pour le second j'suis pas convaincu. Tout ça pour dire qu'il faut qu'on s'change histoire de pas faire trop tâche, personnellement je m'en fous de pas me fondre dans le décor, mais le monsieur il a dit d'être discret et vu que je m'accroche encore à l'espoir de pas être de corvée de Jackie, Blake, Gnuh, Monster ou autres C-404, bah j'fais du zèle.

-Jackie, j'pense qu'on devrait passer dans un magasin de vêtements histoire de se changer, d'accord ?


Pas d'réponse, j'vais reformuler.

-Wesh Sistah, va grave falloir qu'on aille s'acheter d'nouveaux sapes car on est des fuckin'kings et qu'on peut pas rester là en étant fringués comme des charclos. Ok cousine ? Ça vaut aussi pour toi Chan.

Toujours pas réponse. J'tourne la tête à droite puis à gauche : plus personne. J'aurais dû m'en douter. Je déteste déjà cette île.[/b]
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Des heures qu'il cherche, des jours qu'il se perd. C'est un soir de pluie battante où les gouttes d'eau viennent recouvrir les pavés jusqu'à créer de minuscules rivières lécheuses de pieds. Tout le costume du Monstre ne ressemble plus à rien. Ce n'est qu'un amas de tissus difforme et trempé qu'on aurait beau tordre et retordre encore, l'eau continuerai à en couler. L'or des lieux est parti avec les derniers rayons de soleil pour étreindre sa cape noirâtre où les ombres se jouent des hommes et les étoiles du ciel.

Il est là, pataud, devant ce portail qui ne s'ouvre pas. Devant cette immense demeure qui ne se montre pas, devant ce bon garde qui ne bouge pas.

-Allez vous en.
-Hmm. Je veux lui parler.
-Allez vous en.
-Hmm. Dîtes lui que je viens de la part du vieillard.
-Allez vous en.
-Hmm... Non. Je resterai ici tant que vous ne m'aurez pas laissé entrer.

Alors il reste et derrière ses jolies rideaux la Belle Dame fait la grimace. Ses jolies mains tirent le tissu de sa vitre pour que ses deux beaux yeux bleus viennent se perdre sur cet étrange Monstre. Elle se retourne un instant vers l'homme, debout, derrière elle.

-Ishii Môsh.

Elle réfléchit un court instant. Alors la voix derrière elle se fait entendre comme s'il savait déjà quelle question la dame allait poser.

-Un capitaine pirate, Madame.
-Il me cherche pour ?
-A cause du vieillard.
-Lui ?
-Il a trouvé un remplaçant pour le service qu'il vous doit. Je vais le chercher, Madame ?
-Non !

Sa voix est forte, presque un cris. Elle referme violemment les rideaux avant de se retourner complètement vers l'homme.
-Il salirait tout, trempé comme il est. Attendez qu'il sèche.
-Mais... Madame... Il pleut.
-Qu’importe, il attendra plus longtemps.

Le Monstre lui n'entend rien et le seul son que ses oreilles distinguent, ce sont les gouttes de pluie qui continuent à percer son crâne et à tremper ses frusques.

Et puis il y a les « allez vous en » qui se font une place de temps à autre, qui se font aboyer par l'homme qui ricane, quand même. Il ricane lui qui est couvert par le porche et qui admire le Monstre plus Monstre encore qu'à l'accoutumé. Plus trempé qu'un cabot au milieu d'une tempête. Plus trempé qu'un gamin se marrant au milieu d'une fontaine en moins d'été. Ce n'est plus qu'une rivière qui coule le long de son gros corps pour venir mourir en s'écrasant au sol.

Et les minutes passent sans que le Monstre ne bouge.

Et les heures passent et la pluie se chasse.

Et la nuit se laisse aller à enfin faire apparaître un joli ciel bleu. Il est beau, bien haut dans le ciel lorsqu'enfin le garde s'avance vers le Monstre pour faire autre chose que brailler des ordres en laissant échapper à chaque fois autant de postillons que de mots. Il s'avance lentement vers l'homme poisson, l'observe du coin de l'oeil, se penchant en avant comme par peur. Et puis sa paume vient en un geste plein de stress venir tailler le gros torse d'Ishii. Il observe sa main un petit instant, comme si la réponse à sa question se trouvait là, entre le bas de ses doigts et son poignet.

-Vous pouvez y aller.
-Hmm.
-Dépêchez vous, je ne le répéterai pas.

Alors le Monstre s'avance pour laisser les pavés de la rue au profit d'une magnifique allée où de gigantesques glycines bordent le chemin sur une centaine de mètres. Leurs branchent plongent vers le sol et donnent à l'air une couleur rosie comme si l'Ishii, durant ces quelques secondes, ne vivait plus dans le même Monde.
A peine a-t-il frappé que la porte de bois massif s'ouvre sur l'Etrange homme du Bric A Brac.

-Hmm. Vous ?
-Venez, Monsieur.

Sans un mot il part vers des escaliers recouverts d'un long tapis rouge et les monte sans même se retourner. Une fois arrivé en haut, le Monstre ne peut qu'admirer la splendeur des lieux où les lustre ne sont fait que de diamants, où les murs ne sont recouverts que de tableaux des plus grands artistes du Monde. Là, au milieu, une femme l'observe.

-Vous n'êtes plus trempé ?
-Hmm. Non.
-Bon, tant mieux. Que me voulez vous ?
-Hmm. Vous devez le savoir. Ça a commencé avec votre ami.

Le Monstre se retourne vers l'Etrange Homme resté jusqu'alors en retrait et qui ne semble pas vouloir intervenir. La Femme reste un moment coi avant de sursauter.

-Ah. Je vois. On s'est joué de vous.
-Hmm.

La femme jette son bras en l'air comme un geste de dépis.

-Ne cherchez plus. Ce n'est pas important. Vous devez un service au vieillard, c'est bien ça ?
-Hmm. Oui.
-Alors vous me devez aussi un service.
-Hmm.
-Retournez au Bric à Brac et débarrassez vous de l'homme ressemblant à mon majordome.
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On se tourne l’une autour de l’autre comme des animaux en cage. Et la cage se forme. Une cage humaine. Le spectacle de deux femmes débordant d’une puissance certaine est assez surprenant en pleine rue ; l’arène est loin. Mais rares sont ceux à refuser le combat qui s’annonce. Ne sont-ils pas là pour s’amuser ? Pour voir les meilleurs combattants risquer leur vie ? Et surtout, voir le sang couler. Des groupes se forment tout autour de nous deux, mais déjà, on ne se préoccupe guère de tout cela. Il ne reste qu’elle et moi. Je ne vois pas les agents de sécurité former un cercle pour protéger ces personnalités tellement importantes puisqu’elles sont des clientes de l’ile. Je ne vois pas les gens qui sourient qui parient sur qui fera le premier sang et qui aura sa tête coupée en premier. Je n’entends pas que mon adversaire a plutôt la côte. C’est une gladiatrice de premier choix dans l’arène d’Helliday. Beaucoup l’ont déjà vu et peu sont ceux à douter de sa victoire contre moi. En même temps, que suis-je pour eux, sinon une inconnue ? Au mieux, je suis une pirate qui a fait des choses bien loin de leur terrain de jeu. Bref, rien.

J’ai sorti ma hache que je tiens dans une main. De son côté, Haya a dévoilé sa lame. Une sorte de claymore. Une lame longue et aussi large qu’une grande main. Elle darde sur moi un regard d’animal prêt à croquer sa proie. Je suis son agneau. Elle ne me voit pas comme son loup. Pas encore. On s’arrête subitement. Ma prise se raffermit sur mon arme. Haya semble plus décontractée, lame sur son épaule. Elle attend. La tension est palpable. Les encouragements brisent ma réserve dans laquelle je m’étais plongé pour me concentrer. Des cris. Beaucoup de cris. Ils appellent le combat. Ils ne veulent plus attendre. Et comme si nous étions un spectacle organisé que pour leur plaisir, ils nous ordonnent de commencer. Ils nous menacent. Cette ile est folle. Ma tranquillité brisée, je ne peux m’empêcher de jeter un regard vers Uran. Entre deux corps de spectateur avide de sang, je l’aperçois, blotti contre Gnuh. Ses yeux sont un océan confiance taché de gouttes de peur. Je lui ai dit que tout se passera bien. Mais c’est humain d’avoir peur.

Un frémissement dans l’air. Ce n’est pas l’empathie. Et c’est un réflexe qui me fait basculer en arrière, évitant de peu la lame d’Haya qui vient découper l’’endroit où je me tenais. La lame vient se planter dans le sol à quelques centimètres de mon pied. Son visage masqué par ses cheveux, je ne peux que voir son sourire. Moqueur. Déséquilibré, prêt à tomber sur le dos, je me retiens en prenant appui sur le manche de ma hache. Une légère poussée me permet de me redresser et je profite du mouvement pour aller au contact de sœur Hélèna qui s’est redressé. Mon épaule vient percuter son sternum. Elle recule d’un pas. Visage contre visage, je sens son haleine chaude. Je me dégage et j’enchaine sur une droite qui fait mouche dans sa mâchoire. Elle encaisse et elle sourit. Je veux jouer à ça ? Elle joue à ça. Sa tête part et c’est direction mon nez. Les os craquent et résistent. J’suis en acier à force de m’être pris des coups. Sa tête est un bélier à force d’avoir rempli ce rôle. Je recule de trois pas pour éviter un enchainement.

Ça hurle de plaisir. Mais ce n’est que l’apéritif. On lui dit de ne pas me faire de cadeau et d’utiliser son pouvoir. Pouvoir ? J’suis pas au courant. Mais je vais l’apprendre rapidement.

-Epic Dance !

Elle a posé la main au sol. Et c’est de ce même sol que surgit une épine capable de transpercer un porc. Juste à côté de mon pied. Le réflexe me fait bondir pour éviter le coup même si c’était pas pour moi. Mais là où j’atterris, d’autres piques surgissent du sol, au hasard. Certains m’évitent, d’autres me tailladent les jambes et les cuisses. Une épine plus précise que d'autres m’arrache un cri de douleur tandis qu’elle me transperce une cuisse. Du sang coule sur l’épine et la foule crie avec ferveur le premier sang. J’encaisse, mais ça m’immobilise. Haya en profite pour me foncer dessus. Elle brandit son arme que je contre avec la mienne. Elle force, je résiste. Et ça appuie sur ma cuisse transpercée. La douleur monte et je sers les dents. Je pense même prendre l’avantage, mais elle cesse subitement de résister pour me caller deux mandales dans les cotes. Elle a lâché son arme qui vole derrière elle. Et alors que j’essaie de la faucher à grand coup de hache, elle bondit dans les airs. Je souffle. Et j’en profite pour arracher à main nue l’épine qui me transperce. Je la sors de ma chair dans un grognement avant de le balancer plus loin.

Fruit du démon d’un côté. Faudrait peut-être utiliser le mien. Même si je préfère garder ça en arme secrète ; de plus, la petite voix de mon démon est bien trop avide pour être écouté maintenant. Elle n’a plus l’avantage de la surprise, c’est cadeau pour moi. Mais sa petite dance est impossible à contrer. Elle la refait sans attendre et il faut pas longtemps pour qu’une nouvelle épine vienne me clouer le pied. Je lâche un cri de douleur et de surprise. Haya éclate de rire et fonce à nouveau vers moi. Nickel. Le sol poussiéreux me permet d’exécuter un Tira. Ma hache vole autour de moi, créant un nuage opaque, me cachant aux yeux d’Haya. Elle hésite, mais continue à foncer. Dans le laps de temps qui me reste avant le contact, je me tire cette vilaine épine du pied ; ou l’inverse ; et je bondis en avant, accompagné l’espace d’un instant de mon nuage de poussière. Ça me suffit pour arrivée à sa portée, le poing armé pour l’abattre. Et c’est là qu’une petite voie me dit qu’elle va m’attaquer au ventre avec une petite lame qu’elle avait à sa ceinture. Perfide. Alors que je sors du nuage, la seconde d’après, je suis au contact. D’une main, j’agrippe son bras qui part vers moi pour le pousser à côté et éviter de m’éventrer tandis que je frappe.Mais c’est déjà esquivé.

Elle a pas pu le voir venir. Pas par des moyens normaux.

On se fait face un instant, à deux pas. Et chacun devine que la méthode d’esquive de l’autre trouve sa source dans la même chose. L’empathie. Une adversaire coriace. Je crois bien que je deviens digne d’être craint à partir de ce moment. Puis c’est l’alarme. J’ai ma corde sensible qui sonne les cloches. Et mon cœur me fait tourner la tête vers Uran. Uran qui n’est plus à sa place. Uran qui se tient à côté d’une femme. La femme qui était avec Haya. L’espèce de bourgeoise au centre des attentions. Haya ne réagit pas. Je réagis pas. Elle nous regarde. Uran ne sait pas comment réagir. Comme moi.


C’est une jolie demoiselle que vous avez là … non ?

Mon appréhension est palpable tandis que l'assistance se fige.
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-Il salirait tout, trempé comme il est. Attendez qu'il sèche.
-Mais... Madame... Il pleut.

Le Monstre n'aime pas le ton de la demoiselle. Condescendant. Sans aucune hésitation. Elle a lancé cet ordre comme ça, d'un lancé de voix comme si c'était la chose la plus évidente au Monde. Quand madame demande, l'autre obéit. Ou l'autre meurt. Peut être est ce ainsi, mais l'autre, le Monstre, le grand homme avec son costume sali par la pluie et sa gueule fatiguée par l'insomnie, l'autre ne bronche pas. Parce que celui là, il ne tue pas. Et c'est ce qu'il lui dit à cete jolie misse toute bien frusquée, toute bien maquillée avec ses joues rosies par la poudre et son haut qui part bien bas en décolleté. Trop bas pour ne pas s'empêcher de regarder. Mais la Dame ne s'émoustille pas car la dame a l'habitude. La dame est belle, et elle le sait.

-Vous ne voulez pas, c'est ça ? Mais quand je dis, on fait.

Ici, c'est un combat qui se joue, un combat où les mots remplacent les lames. 

-Cet homme que je dois tuer. C'est cet homme qui m'a envoyé vous voir. Hmm. Le tuer serait le remercier d'une étrange manière.

La dame se tait. Une longue tige de tabac danse entre ses doigts fins tandis que dos au Monstre, le corps immobile, elle réfléchit.  Son regard posé sur la fenêtre, elle semble admirer un spectacle que l'homme Poisson ne peut voir.

-Savez vous qui je suis, Genthlefish ?
-Hmm. Non.
-Savez vous qu'ici, les pactes se payent chers.
-Hmm. Non. Merci pour le renseignement.
-Vous ne savez donc rien, Genthlefish. Et vous auriez dû savoir qu'une personne refusant un de mes ordres ne finit jamais en bon état.
-Hmm.
-Vous n'avez pas le choix, obéir ou mourir.
-Hmm. Vous oubliez une autre possibilité. Vous mettre hors d'état de nuire et repartir. Cachez vos corps le temps que mes affaires soient réglées et repartir.

La dame se retourne, bombant le torse et mettant ses magnifiques formes en avant. Son visage est teintée de surprise avant de se transformer dans un minuscule sourire. Elle semblerait presque amusée. Le Monstre se demande un instant s'il n'a pas été trop fort et l'homme à côté lui aussi a maintenant sa paume sur l'épée à sa ceinture. Tous les sens d'Ishii se figent sur son esprit pour tenter de comprendre. L'homme est à l'attente, près à agir au moindre mot de la Dame.

-Madame ?
-Emmenez le là bas. 
-Vous... Vous êtes sûre ?
-Et si sa réaction ne vous plaît pas, tuez le. Ce vieillard nous a emmené un drôle d’énergumène.

♪-♫-♪-♫-♪-♫

Ils ont marché plusieurs dizaines de minutes, ont traversé les magnifiques rues d'Helliday et à chaque pas, à chaque seconde, le Monstre fut surpris de cette odeur, trop propre, trop belle, celle du pollen des fleures, celle des parfums s’emmêlant, celles de la pluie s'évaporant peu à peu, brûlée par le soleil. Ici, l'odeur de fiante n'existe pas. Ici, l'odeur de déchets pourries qu'on laisse se faire manger par les trempes d'eau et par le soleil pour finir par pourrir, ici cette odeur n’existe pas. Et Le Monstre est si surpris de tout le laid, de tout le puant d'enlevé, qu'il en resterait la bouche bée. Ils arrivent bientôt devant une bouche d'égout cachée entre deux murs au milieu d'une ruelle où personne ne passe et où même au milieu de la journée, même au moment où le soleil est à son plus haut, les rayons n'osent s'aventurer.

-Bouchez vous le nez.

Sans un mot de plus le garde se lance dans la trappe où une dizaines d'échelons d'escabeau mènent au milieu de la puanteur enfin retrouvée. Ils continuent leurs routes et le Monstre ne sait si c'est pour lui faire perdre son sens de l'orientation où s'il s’est perdu, mais le garde les fait passer par des chemins se ressemblant les uns aux autres, par des courbes qui donneraient l'impression de tourner en rond. Ils finissent par se retrouver dans une impasse où une simple bouche de quelques centimètres laisse passer d'étranges bruits.

-Regardez.

Le Gentlhefish s'avance vers cette bouche sans que ses yeux ne puissent rien discerner, trop habitués qu'ils sont à la noirceur des lieux. Et peu à peu ses pupilles s'ouvrent. Et peu à peu ses oreilles commencent à discerner des dizaines de râles, de pleurs, de rires atroces, de larmes qui s'écrasent sur le sol, par centaines, qui se multiplient aussi vite que ses oreilles s'habituent pour se transformer en milliers, en dizaines de milliers.

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Comment t’appelles-tu ma chérie ?
Uran… madame.

Chaque mot est une douleur tandis que je crie en silence. Fuis. Fuis ! Aucun mot ne passe mes lèvres tellement l’instant est dangereux. L’intrigante femme est bien trop proche d’Uran. Une lame est trop vite arrivée. Je ne peux réagir suffisamment vite. Et avec Haya qui se décale vers sa maitresse, je ne suis pas à l’abri d’être arrêtée par son pouvoir. La merde. Je m’en mords la lèvre inférieure jusqu’au sang tandis que c’est mon regard qui s’injecte de sang à la vue de cette pimpante bourgeoise qui attire Uran dans ses griffes. Je la sens sur la défensive, mais l’inconnue semble bien connaitre comment marchent les jeunes filles.

C’est très joli comme nom. Moi, c’est Claire.
C’est … joli aussi.
Ooh. Merci.

Elle passe un bras sur les épaules de ma petite sœur en lâchant un regard joueur dans ma direction. Je me raidis en réaction et Haya fait de même. Ses doigts s’allongent de quelques centimètres comme une tentative refoulée de me transpercer. Mais elle ne peut pas réagir. Sa maitresse est dans l’arène et ça semble être suffisamment exceptionnel pour retenir le fauve. Sœur Hélèna apparait dans mon champ de vision. Ces pas lents s’approchent petit à petit de celle qui se fait appeler Claire. Cette dernière jette un regard furtif vers l’ex-Sœur d’Elite. Ses yeux perdent en un instant leur gentillesse. Elle a donné un ordre. Et l’ordre est exécuté. Haya s’arrête, obligé de ronger son frein et de grogner en silence.

Tu sais quoi, Uran ? Je t’aime bien. J’aimerais beaucoup t’inviter chez moi. Tu verras, il y a plein de choses très belles. Tu aimes bien les robes.
Ouii !
Et bien, je t’en commanderais une ! Je suis sûre que tu seras très belle avec.
Oooh, merci !
Mais c’est tout naturel.
Mais … grande Sœur Adridri, elle peut venir aussi ?

Nouveau sourire dans ma direction. Autant la candeur semble en suinter quand elle parle à Uran, autant ce regard parait bien malicieux à mon égard. Je la regarde, haineuse.

Mais bien sûr, ma petite Uran. Je serais très heureuse que ta grande sœur puisse nous rejoindre. Je suis même persuadée que sa vieille amie, Haya, sera très heureuse de trouver en elle une camarade de choix.


L’incompréhension se lit sur le visage d’Haya. Avec rapidement une pointe de colère. Je crois voir où elle veut en venir. Si Haya est une gladiatrice, une combattante pour la gloire de cette Claire, elle veut faire de même pour moi. A-t-elle lu en moi ? Sait-elle pour mes capacités ? Ou le simple fait de tenir tête à sa combattante suffit à gagner son intérêt ? Quoi qu’il en soit, je me sens pieds et poings liés. Comment refuser alors qu’elle tient ma petite sœur dans le creux de son épaule ? Et qu’elle murmure des promesses de beaux vêtements à une jeune fille qui n’a connu que les vêtements simples, si ce n’est pas les loques d’une vie sauvage ? Au milieu de cette ambiance pleine de tension, elle est la seule à sourire, ses yeux pétillants de bonheur à l’idée de pouvoir parader comme Claire dans des vêtements somptueux. En elle, il y a une princesse qui rêve de ces choses là. En moi aussi. Je comprends ce qu’elle peut ressentir.

Et je comprends que je ne peux pas gagner. Refuser, c’est la mettre en danger. Je cache ma grimace en un sourire qui me fait vomir. Et mes paroles sonnent comme une trahison morbide qui me conduira sur un chemin pire que la potence.

Bien sûr.

Claire sourit de toutes ses dents immaculées. Haya, de son côté, tente bien  de capter l’attention de sa maitresse, mais c’est peine perdue. Finalement, je redeviens son centre d’attention et c’est une haine viscérale qui semble croitre à mon égard. Ça s’annonce être un pur bonheur. Haya range ses piques. Je range ma fierté. Et Clair applaudit de ces deux belles mains.

Bien ! On arrête de jouer. Allons chez nous, maintenant.

Le public est un peu décontenancé de la situation. Me voir passer à côté de Haya et se partager une animosité malfaisante tandis que je récupère mes affaires, faisant bien attention de cacher les escargophones à la vue des deux femmes. Je dois contacter Ishii au plus vite. C’est ma seule porte de sortie. Derrière moi, Uran pointe du doigt ce déserteur de Gnuh pour qu’il vienne avec nous. Dame Claire, puisque c’est ainsi que je dois l’appeler d’après ce que je me dis Sœur Hélèna à travers ses dents serrées.

Allons-y !

Ce sera court.


♥♥♥

Et ça dure déjà depuis plusieurs jours. Je n’ai pas pu m’échapper. Je n’ai pas pu me soustraire à la surveillance des autres. Sauf maintenant. J’ai découvert le lieu où vivait Claire et sa cour. C’est un véritable petit hôtel particulier bien décoré. Ça transpire la richesse et le bon gout. Uran a été conquise. Et alors qu’on l’a emmené loin de moi, on m’a forcée à rejoindre les bâtiments annexes du camp de base avec un gros pincement au cœur. Là, j’ai découvert quelques combattants s’entrainant pour s’afficher dans l’une des innombrables attractions sanglantes de l’ile. Pour ne pas mourir. Et pour que le non des Kharov continue à circuler dans les discussions des gens. Très tôt, on m’a confisqué mes escargophone dont l’un a eu le chic de se déclencher. On a cherché à me joindre ? Je ne saurai pas. Tout est sous clé. Aucun moyen de parler avec l’extérieur. Haya a eu l’ordre de me surveiller de près. Et elle s’est exécuté de mauvaises grâces.

J’ai peu vu Uran. Claire de Kharov la garde précieusement  avec elle. Elle sait que tant qu’elle sera en sa compagnie, je ne pourrai pas agir. Et elle prend un malin plaisir à me le rappeler par des regards silencieux quand elle parait devant moi. Uran ne m’oublie pas. A chaque fois qu’elle en a l’occasion, elle cherche à me voir. Mais c’est pour mieux me montrer les tissus et les bijoux qu’on confectionne pour elle. Au moins, elle le vit bien. Dans l’hôtel particulier, on y mène une vie de luxe et au fond de moi, je pense que tout se passe bien pour Uran. De mon côté, c’est assez différent. J’ai été obligée de m’entrainer et il s’est révélé bien vite que je surpassais les autres combattants, excepté Haya. J’ai peu parlé avec elle. Elle veut me tuer. Et je dois la tuer. Ça n’aide pas à installer une franche camaraderie. Je suis globalement seule. Ou presque. Je passe pas mal de temps avec Gnuh qui a pris la place de choix dans la cour. Uran vient lui apporter plein de sucre. La vie rêvée. En sa compagnie, ça me donne l’impression d’être avec les autres. Les Étrangers. Les jours passants, mon inquiétude vis-à-vis d’eux a grandi.

Mais le grand dessein de tout ça, c’est de finir par me faire combattre. Et ma première apparition dans un combat de sang est programmée pour demain. Le début du spectacle. Un spectacle que je hais. Mais je ne peux reculer. Pour l’occasion, j’ai pu négocier une sortie. Uran m’a beaucoup soutenue pour l’occasion et Claire a accepté, probablement persuadée que je finirais par revenir pour Uran. C’est la vérité. Mais au moins, ça me donne l’occasion de tenter de retrouver les Étrangers. Et c’est ce que je tente, ce jour. Hésitante dans le dédale de rues, je cherche mon chemin. Je n’ai qu’un seul endroit où chercher. Le Bel Espoir. Alors, je prends la direction du port.


Dernière édition par Adrienne Ramba le Mer 19 Nov 2014 - 21:58, édité 1 fois
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La dame faisait parfois preuve d'actes dont je ne comprenais pas la raison. Mais ce n'était pas mon rôle, non. Moi j’agissais quand elle me disait d'agir et la fermais lorsqu'elle ne demandait rien. Oh non je n'étais pas un pantin, j'étais un ami. Et ce genre de chose qu'on a parfois tendance à prendre pour acquis, ce genre de chose que dans certaines contrées sont aussi logique que l'air que nos poumons respirent, ce genre de chose qu'est l'amitié, ça n'existait pas sur cette île. Parce que cette île se sont les poignards qui se cachent derrière les sourires de facette. Ce sont les flingues qui se perdent en poignée de mains. Oh ce que j'en ai fait perdre avec une simple poignée de main !

Je me trouvais là, dans cette noirceur qu'englobait tout à observer un Monstre que je ne connaissais pas. Je me trouvais là sans avoir la moindre idée de ce qu'avait voulu dire la Dame. « Si sa réaction ne te plaît pas, tue le. » Mais de réaction, il n'en avait pas. Je le sentais aussi droit qu'il le pouvait, son dos voûte par la hauteur du tunnel trop faible. Il me scrutait d'un œil étrange, mélé de rage avec ses étincelles qui brillaient dans l'obscurité et de calme avec tout son corps immobile. Et puis, il y avait la curiosité. Oui, lui aussi se demandait pourquoi l'on se trouvait là.

On resta un moment sans bouger. Lui attendait ma réaction et moi, je cherchais une solution. Je ne pouvais pas le ramener à la Dame sans rien faire, sans rien dire. Il me fallait trouver quelqu'un pour me dire ce que je devais faire. Quelqu'un d'assez discret pour ne rien révéler à la Dame et d'assez expert pour m'indiquer le Pourquoi.

Je le fis quitter le tunnel. Il ne broncha pas. On tourna entre les couloirs durant une bonne heure afin qu'il ne puisse se retrouver avant de sortir par une bouche. Il monta en premier. Il y avait une centaine d'échelons à monter uns par uns pour peu à peu apercevoir la lumière qui venait nous aveugler, trop habitués qu'on était à l'épaisse noirceur des égouts. Lorsque je sortis, il avait les yeux encore plus plissés qu'à l'accoutumé. Je n'y pris pas attention et déjà toquait à une énorme porte en bois massif. Je n'avais pas choisi cette sortie au hasard. Elle débouchait droit vers l'entre de l'homme que je voulais voir. La porte était taillée de partout et certaines traces rougeâtres laissaient penser à quelque chose de mortel. Elle faisait tache au milieu de cette magnifique ville. Elle s'entrouvrit de quelques centimètres pour laisser apparaître un œil. Une voix en sorti.

-Et bien. Qu'est ce que tu fais là, l'ami ?
-J'ai un service à te demander.
-C'est que t'es accompagné, et tu me connais. J'aime pas trop les inconnus.
-C'est pour lui que je suis là.

L’œil se tourna pour épier le Monstre resté en retrait, pour mieux discerner cette énorme forme que l’œil ne semblait pas tout à fait avoir assimilé. Un soupir de surprise se fit entendre avant que n'éclate un rire.

-Et bien l'ami. Tu m'emmènes un joli visiteur.

La porte s'ouvrit sans plus attendre pour nous laisser entrer dans une petite pièce où seules quelques bougies éclairaient l'espace. La décoration sommaire, presque inexistante. Un seul tableau était cloué à un mur. C'était une île enneigée avec un énorme pont à moitié construit. Quelques chaises étaient éparpillé dans l'espace faisant moins d'une dizaine de mètres carrés et au milieu, un bureau traînait avec d'innombrables papiers entassés dans un désordre sans nom.

Lorsque le Monstre vit enfin l'homme je le sentis se raidir comme jamais je ne l'avais vu droit. Ses yeux se plissèrent et tout son corps bondit vers l'homme. Ma lame sortit de mon fourreau au même moment et pas une demi seconde se passa qu'ils... S'embrassaient. Ils étaient dans les bras l'un de l'autre. Je ne comprenais plus rien.

-Vous... Vous connaissez ?
-Héhé. Oui. Ce vieux Monstre m'a aidé sur une affaire, il y a de ça, quoi ? Dix ans ?
-Hmm. Ça me fait plaisir de te revoir.

Les deux hommes se regardèrent comme de bons vieux potes. Le Monstre s'assit, s'alluma un cigare. Il mira son ami comme si j'étais plus là.

-Hmm. Tu fais quoi, sur cette île ?
-Tu veux me donner un coup de main ?
-Je dois un service à la Dame qui se fait appeler Anna. Hmm. Vous êtes de mèche ?

L'homme sourit. J'avais fait mon choix. Le Monstre vivrait.

-----------

Il est presque tard. Le ciel va bientôt se coucher pour laisser une place au cercle jaune qu'on appelle Lune. Un vieillard se penche en avant au milieu du Bel Espoir pour faire apparaître une sorte de pâte transparente entre ses mains. Le Monstre le regarde, presque intrigué.

-Hmm. C'est avec ça que vous allez faire disparaître le navire ?
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Dans la pénombre d’un auvent d’une devanture sur le port, l’agitation est palpable. Et tandis que je fais genre de m’intéresser à quelques babioles sans intérêt pendant que le vendeur s’est totalement désintéressé de moi, ayant très vite constaté que je n’étais pas venu pour acheter en plus de ne pas avoir la tête de ses clients habituels. Et que deuxièmement, je n’avais pas le format adéquat pour qu’on me vire de sa boutique sans quelques difficultés. Et troisièmement, c’est pas la grande affluence à cette période de la journée. On va fermer. C’est l’heure de discuter avec le voisin et d’échanger un petit verre. La dame s’en ira bien un moment, c’est ce qu’ils se disent, surtout que la dame, ça fait quelques heures qu’elle fouine du côté du port. Elle attend. J’attends que quelqu’un apparaisse. Quelqu’un que je connais. Privé de moyen de communication, je ne sais pas si je croiserais un Etranger. Et au fil des heures, l’inquiétude a grimpé. La peur de rater un camarade se faisait toujours plus oppressante, puisque chaque seconde qui défilait était une seconde qui me rapprochait de mon départ forcé. Sinon, des conséquences auraient été prises contre moi. Ou pire, contre Uran. Je ne l’aurais pas permis.

Pendant ce temps, j’ai pu remarquer que la marine ne lâchait pas des yeux son bébé. Des soucis avaient dû ralentir le rapatriement des marines ou l’arrivée de renforts. Sur Helliday, la marine n’a pas grand pouvoir. Les sous-fifres d’un corsaire doivent pas voir d’un bon œil que des représentants de la marine ont l’opportunité de fouiller dans leurs affaires. Comme eux comme pour nous, ils doivent faire profil bas. On abandonne les tenus de marines, mais il y a des choses qui restent. Les habitudes : les brefs échanges par den-den, le bref raidissement au passage d’un gradé, le silence propre aux missions de surveillance. Les soufflements d’impatience aussi. J’ai noté trois groupes de cinq hommes gardant un œil sur le navire. Et en faisant une promenade un peu plus loin dans le port, j’ai remarqué de potentielles vigies près de la sortie du port. Aucun bateau ne peut entrer ou sortir sans se faire repérer. On ne leur volera. Ils en sont persuadés.

Le bateau sous surveillance, j’ai hésité à rester. Ishii et les autres auraient pu être rebutés à tenter quelque chose. Mais je n’avais que ça, alors je suis resté. Et la patience a fini par payer quand il y a commencé à avoir du mouvement. Le mouvement en question, c’est Ishii, tout simplement, pointant le bout de son nez et de son gros corps pas très loin du Karaboudjan II. Tout de suite, la réaction ne se fait pas attendre et des marines sont prêts à crier dans leur escargophone. Mais non. Ishii flâne. Et j’hésite à aller à sa rencontre. Je sens que son attention est dirigée vers le navire. Mon instinct me le dit. Et je comprends rapidement pourquoi il hésite. S’avancer vers le navire et c’est donner l’alerte qui est assurée. Et voir Achab débouler dans les minutes qui suivent, pouvant entrainer une bataille rangée et l’intervention de ce qui se fait de mieux en matière de sécurité sur l’ile. Et quand on trouve des gladiateurs à chaque coin de rue, les gorilles locaux ne sont pas des rigolos.

La mise au silence des sentinelles s’impose pour se faire un peu de tranquillité. J’avise le groupe le plus proche de moi tandis qu’Ishii semble partir dans une autre direction. L’excitation retombe et la lassitude reprend rapidement le dessus pour que les réflexes soient tout de suite moins rapides. Je m’approche suffisamment pour assommer deux gardes juste avant de me transformer en forme animale. Sous cette forme, ils ne m’ont jamais vu. Je crois. Et c’est le cas. L’horreur de mon corps suffit à les laisser sans voix. Juste deux secondes. Trois assommés de plus. On pourra pas remonter jusqu’à moi. Et quand je relève la tête pour voir les autres, je m’aperçois qu’un autre groupe a disparu. A la place, c’est une Jouvence méconnaissable pour le quidam qui semble savater un pauvre malheureux avec son sac à main en parlant de voleurs. La perruque blonde lui va très mal. Plus loin, Blake joue avec les sous-vêtements d’un marine dans les vapes. C’est profondément dégueulasse. Je ne veux pas savoir ce qu’il lui a fait, mais ça a dû le briser intellectuellement.

Ishii a disparu. Je m’approche du navire. Près du quai, je crois deviner la forme de Monster s’occupant de la surveillance sous-marine. Plus je m’approche et plus je constate que la zone a été nettoyée des vigiles. Parfait. J’approche avec davantage de rapidité du navire et j’y monte en passant par la passerelle. L’Ishii est là. Avec un autre homme. Et Lucio dort toujours à l’endroit où l’on l’a laissé. Impressionnant. Ishii se retourne quand j’arrive. J’aurais pu gueuler à l’empathie, mais faut admettre que je déplace de l’air. Ça fait du bien de le revoir. Il parait en bonne santé, même si je perçois une lueur étrange dans ses yeux. Quelque chose qu’il n’avait pas avant qu’on se quitte quelques jours plus tôt. Cette ile l’a changé. Ou il a vu des choses qui méritent notre attention.

On parle. Un peu. Pas de discussions fleuve entre nous. Concis et direct, je lui expose ma situation. Mes problèmes. Mes espoirs. Il expose la sienne. Son but. Ses ambitions pour nous. Je souris. Il me parle du bateau. Je souris encore plus. Comme une gosse. Parce que ça parait trop beau. Mais c’est Grandline. Et Grandline est magique. Je le crois. Un merci pour son ami qui me répond en retour, continuant son travail. Un travail qui touche à sa fin. Comme notre rencontre. Car le soleil se couche, et on m’attend.

Ishii. Une dernière chose. Les fêtes de la nouvelle année sont assez importantes dans le coin. Elle dure pas mal de temps et le point d’orgue concentre tous les regards. C’est probablement le meilleur moment pour agir. Quand les yeux seront braqués sur le devant de la scène.

J’essaierais d’attirer encore plus de regards que d’habitude.
Et tu pourras agir dans l’ombre à ta guise.

Je fais de mes problèmes une force. Je les fais miens. Et ça ne peut qu’aider l’objectif d’Ishii. Je le quitte. Et j’en ressors le cœur léger. Là où nous allons, il y aura des sourires à la clé. Ma route me paraissait pleine d’embuches, elle me parait dorénavant aussi lumineuse que possible.

Au travail, Ishii !
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Le Monstre est tout palot. Tout droit, tout immobile. Le temps passe et ses yeux se perdent sur les photos. Il est dans une grande pièce où le murs de pierre se sont fait petit à petit recouvrir de poussière. Quelques bougies sont éparpillés ça et là et chaque recoin non utilisé pour apporter de la lumière est affublé d'une photo. Ce sont des dizaines de prises qui s’étalent sur les murs. Le Monstre y voit des centaines, des milliers d’esclaves. Il voit aussi sur une partie d'un mur les plans des égouts, les plans des caves où s'entassent les enchaînés de misère avant leurs combats, avant leurs voyages vers de généreux acheteurs, avant leurs travail de misère où ils laissent leurs corps à d'autres pour ne rien gagner que la honte.

A côté du Monstre se tient son ami, Billy. Il fume une tige mal roulée et en tend une autre vers le cachalot qui refuse poliement. Le Mosntre préfère les cigares. Il en sort un et se l'alumme sans un mot. L'odeur de tabac envahit bientôt toute la pièce.

-Une belle misère, hein ?
-Hmm.
-Faut pas leur en vouloir.
-Hmm. Si.

Bobby sourit. Il voit son ami comme il le voyait déjà il y a vingt ans. Une force de la nature, incapable de douter sur ses choix, incapable de ne pas agir. Il le voit froid, réfléchi, mais bigrement motivé à renverser les cartes du pays d'un énorme coup de poing.

-On a peu de temps. Cinq cent femmes ont été vendues pour un Dragon Celeste. On ne pourra plus rien pour elles quand elles auront mis un pied hors de l'île.
-Hmm. Combien de temps ?
-Elles partent dans deux semaines. Après le grand spectacle.
-Hmm. Le grand spectacle ?
-Un massacre au Colisée. La plupart des esclave qui savent combattre y mourront. Deux cent, trois cent. Plus peut être.
-Hmm. Donc durant le combat, on aura les combattants dans l'arène, les femmes les plus belles dans les gradins, au milieu des invités de marque, et les autres entassés dans l’entrepôt habituel ?
-Je crois bien que t'as tout pigé, l'ami.


Le Monstre écrase son cigare sur le sol. Les cendres giclent un peu tout autour, embrasant le sol d'un rouge sang avant de bientôt disparaître dans la pénombre de la pièce. Il ouvre une porte derrière lui et son ami le suit. Ils descendent des dizaines de marches, passent par autant de couloir, prennent cinq ou six portes comme s'ils connaissaient parfaitement le chemin. Ils continuent ainsi durant de longue minutes avant d'arriver devant une porte plus belle qu'à l'accoutumée, plus  propre. Le Monstre y frappe trois coups rapides puis deux lent. La porte s'ouvre sur le Majordome de la Belle Anna.

-Vous êtes en retard.

Il a le regard froid de l'homme qui a trop de fois rouspété durant sa vie. Il laisse passer les deux hommes avant de directement les conduire dans une grande salle où une magnifique table, immense, en bois massif, est installée. On pourrait y inviter plus d'une vingtaine de personnes mais ce soir ils ne sont que trois. Belle Anna est déjà installée, tout occupée à avaler une sorte de soupe. Elle ne les regarde pas. Ne leur adresse ni regard ni parole et continue à siroter son repas comme si de rien. Les deux hommes s'installent autour. Ils sont affamés et ne se font pas attendre pour se jeter sur les plats. Ils se goinfrent. Ils remplissent leurs pences sans un seul instant se soucier de la Belle Anna.

-J'ai une mauvaise nouvelle.

Elle coupe le silence des couverts se jettant sur la nourriture sans que les deux hommes ne réagissent autrement que par une demi seconde d'immobilité. Mais ils retombent bien vite leurs couverts dans les plats en attendant la suite.

-La propriétaire des lieux revient.

-Hmm...

-La propriétaire, messieurs, je suis navré de vous couper en plein repas, mais la propriétaire, c'est une corsaire. Alors mangez si vous le voulez mais écoutez moi bien. Quand la corsaire sera ici, quand elle saura que les Etrangers sont sur son île, elle remuera ciel et terre. Elle remuera ciel et terre pour tous vous retrouver et elle ne s'arrêtera pas avant d'avoir chacune de vos têtes plantée sur un pique. Bien sûr elle est encore loin d'être arrivée, mais craignez la, messieurs. Personne n'a jamais réussi à la battre. Personne.

Les deux hommes s’arrêtent un instant.

-Hmm. Il vous reste de la volaille ?

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