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Entre péchés et vertus


Je le ressens en moi, ce sentiment de colère. La colère de m’être faite avoir par ces gens.

Ils ont osés m’enfermer, me brider. Moi, le puissant dragon, me voilà retenue contre mon gré sous cette forme aux ailes lactés. Et tout ça pour quoi ?! Pour des anges qui pourrissent avec moi, et pour d’autre que je ne connais pas. Mérité-je vraiment un tel traitement ?
Non, clairement.

Je n’aurais jamais dû me mêler de ces affaires, je n’aurai jamais dû m’intéresser au passé.

Mais je l’ai fait ! Je l’ai fait et me voilà coincée ici, dans cette cellule froide et sordide. Avec ces gens qui tentent tous les jours de me calmer. Comme si je le pouvais ! C’est de leur faute aussi, à eux là ! Comme s’ils avaient besoin de moi ! Comme si j’allais changer quoi que ce soit !

Qu’avaient-ils imaginé, hein ? Que j’arriverai sur Stymphale sur un beau cheval blanc et que j’accomplirai mon devoir parce que c’est mon devoir ?!

Bordel ! Je ne suis pas d’ici, je n’ai rien à voir avec cette île, ces gens ! Mis à part peut être ces deux extensions de chairs dans mon dos ! Comme si je les avais voulues ! Toute mon enfance elles m’ont pourries la vie, ces ailes ! Et voilà que maintenant, ça recommence !

Comme si j’en avais besoin ! Je suis devenue tellement plus que cela ! Alors pourquoi ?! Pourquoi suis-je venue là ?! Merde alors, je suis trop bête ! J’étais si bien partout ailleurs ! En liberté ! Comme je lui en veux, à Irysia, de m’avoir envoyée la dedans ! Comme je lui en veux, à ma mère, de m’avoir créée pour ça ! Et comme je m’en veux, à moi, d’avoir été si stupide pour les écouter !

Et arrêtez, vous, sales anges enfermés avec moi ! Arrêtez de me parler, d’essayer de me consoler ! JE vous déteste okay ! Tout ça est de votre faute ! Vous n’êtes qu’une bande d’incapables ! Oui, incapables ! Incapable de régler vos problèmes politiques comme des grands ! Non au lieu de ça, il vous faut un justicier ! Et bien allez le chercher ailleurs ! Attendez quelqu’un d’autre !

Bordel ! Je suis une pirate moi ! Pas une sauveuse de veuve et d’orphelins !
Quoi ?! Vous ne comprenez rien à ce que je raconte ?! Vous n’savez pas ce qu’est politique, justicier, pirates, veuves et orphelins ?!

Ma parole, en plus d’être incapables vous êtes ignares ! Et bien apprenez : la politique, c’est ce que font vos voix pourris, le justicier, ce n’est pas moi car je suis la pirate et un pirate n’est pas un justicier ! Un pirate ça vole, tue, viole, pille. Bah ouais, c’est pas drôle les pirates ! Est-ce que j’ai l’air drôle ?! NON !

Quand aux veuves et orphelins, ce seront vos femmes et vos enfants quand tous les hommes de votre rébellion à deux berrys seront morts.

Vous ne savez pas ce qu’est les berrys non plus. Laissez tomber. Mais vous voyez, on n’est pas du même monde ! On ne se comprend même pas.
Alors j’ai vraiment rien à foutre ici.

Et je compte bien trouver un moyen de me barrer avant que la colère ne m’ait totalement rongée.


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Comme s’ils valaient mieux que moi…

Non, clairement, ils ne me valent pas ! Ça devrait être eux les enfermés ! Et moi en liberté ! Comment ont-ils osé me piéger, moi, l’ange dragon ?! J’aurai dû les écraser, tous. En même temps !

J’aurai dû pouvoir ! Je vaux tellement mieux que ces plumés galeux !
Moi, j’ai connu l’abandon, la douleur, la différence, la traitrise et que sais-je encore ?! Et eux ? Qu’ont-ils connus, hein ?! Rien ! Rien de tout cela ! Toute leur vie ils n’ont vécu que dans ce palais doré qui ne leur appartient même pas !

Qu’une sale bande d’usurpateurs…

Et ils ont osé m’attaquer déloyalement ! Mais je leur montrerai, oh oui, je leur montrerai qui est vraiment puissant sur cette terre.
Et je peux le dire, ce n’est pas eux.
Mais moi. Et rien que moi !

Et ce ne sont pas ces chaines de granite marin qui vont me retenir ! Non ! Car même avec la moitié de mes forces bridées, je sais que je peux les terrasser. Peut être pas en groupe, mais au moins en un contre un.

Alors pour cela, je dois m’entrainer. Je veux être sûre de ne pas les louper. Je dois désengourdir ces muscles qui se lassent de leur immobilité. Je les revigorerai, les améliorerai. Et je commence maintenant !

Qu’importent ces regards qu’ils me lancent tous autour de moi, qu’importe leur incompréhension congénitale ! Si je fais ça, c’est avant tout pour moi ! Pour ma revanche que je dois prendre et gagner. Pour leur montrer à tous que je ne suis pas de celle qu’on peut enfermer à sa guise.

Je me suis déjà évadée d’Impel ! Alors ici, ce ne que partie remise ! Et en version jardin d’enfant comparer à ce qui pouvait y avoir dans la prison du gouvernement !

Peut être qu’à Impel j’avais mes pouvoirs et que là je ne les ai pas ! Ouais, peut être. Mais j’ai grandi depuis ! Je me suis entrainée, armée. Alors même sans mes capacités animales, je les dévorerai !

Je m’entraine donc, seule, dans cette cage de pierre. Et plus le temps passe, plus je sens mes forces grandirent malgré l’épuisement dû à mes liens. Mais je n’abandonne pas. Oh non, c’est hors de question ! Je garde mon objectif en tête et ne laisse rien me perturber.

Je surmonte même mon trop plein d’orgueil lors des différentes visites de la voix rouge. Mimant la fatigue et la dépression. Oui, Lyana, tu as raison : délecte-toi de mon semblant d’impuissance tant que tu le peux encore… Car bientôt, tu ne seras simplement plus !
Mais tu devrais faire attention, Lyana, car j’enregistre tout ce que tu dis. Et plus tes propos sont acides, plus tu dégusteras le moment venu. Fais moi confiance… Car je te ferais ravaler ta langue de vipère plus tôt que tu ne le penses.

Les autres dirigeants n’ont pas l’air de s’occuper plus que ça de mon sort. Heureusement pour moi, car leur empathie risquerait de leur faire deviner mes plans. D’autant que certain de mes codétenus ont la langue un peu trop bien pendue.

Mais finalement, alors que jusqu’à maintenant, leur présence était un poids, ces anges exclus de la société se révèlent fort d’encouragements. Ils ont enfin compris ce que je voulais faire, et même si ce n’est pas pour eux que j’agis, c’est quand même ce qu’ils veulent que je fasse.

Alors ils m’aident comme ils peuvent, m’offrant un partie de leur portion journalière, redorant mon orgueil dans mes moments de doutes, m’encourageant au dépassement de mes limites lorsque je les atteints.

Oui, finalement, vous n’êtes peut être pas si inutiles que ça. Mais ne vous faites pas d’illusions ! Je ne pardonnerais pas à ce pays sans excuses profondes et sincères. Et même à ce moment là, je ne sais pas si mon orgueil me laissera vous pardonner.


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Je veux sortir.
Je dois sortir.

Tous les jours, ces mêmes gardes viennent nous narguer par leur liberté, nous, qui sommes enfermés dans ces cages. Et même si ici bas, nous voulons tous la même chose, les autres savent que seule moi est capable d’avoir ce que je veux.  

Mais je ne les oublierai pas. Non. Ils m’ont aidée à me préparer, alors je les aiderai à recouvrer leur liberté. Mais je n’irai pas plus loin. Ils sont bons, ils comprennent. Ils comprennent qu’avoir essayé de les aider plus m’a trop coutée et que je n’ai plus l’Envie de réessayer.

Oh, bien sûr, je pourrais penser qu’ils sont en parti là à cause de moi. Que si je n’avais pas existé, il n’aurait peut être pas gardé espoir par rapport au passé. Mais, est ce vraiment un crime que d’exister ? Un crime avec des conséquences ? Non. Je n’ai pas demandé à naitre, alors je n’ai rien fait. Je ne suis pas coupable de leur espoir, j’en suis juste la victime. Je n’ai donc pas de compte à leur rendre, et même si j’en avais, je n’aurai clairement pas Envie de leur rendre.

Je n’ai rien à faire avec eux, et je ne veux rien avoir à faire pour eux.

Mais maintenant, il est temps de sortir. Je ne veux rester enfermer plus longtemps. Dehors, l’air frais m’attend, Lyana m’attend, les voix m’attendent, la liberté et la vengeance m’attendent. Et je ne veux pas les faire patienter plus.

Alors j’observe la porte, les allers et venus des gardiens qui nous entretiennent. Ils sont prudents, ils sont rapides, ils ont peur… Peur d’une fuite. Et ils ont raison. Mais ce n’est surement pas eux qui me retiendront. Non.
Le seul bémol, c’est cette porte de métal que mon corps bridé par mes menottes ne peut briser. Et j’ai compté, les garde ne l’ouvre qu’une demi seconde. Une seule et unique demi-seconde pour jeter le sac de nourriture dans la cellule.

Et avant de l’ouvrir, ils nous ordonnent de nous assoir, loin des grilles métalliques. On a du leur dire que j’étais un dragon, car d’après mes codétenus, ils ne faisaient pas cela avant mon arrivée.

Si je veux vraiment sortir, je dois être plus rapide qu’eux. Ce n’est pas chose aisé, certain dirait même que c’est de l’ordre de l’impossible. Mais je sais le contraire. J’ai déjà vu faire. Si je veux sortir, il va falloir que j’y arrive. Comme Il peut le faire.

Red.

Cette technique de déplacement rapide que tu m’as déjà montrée. Je ne me rappelle plus son nom, et qu’importe ! Je sais juste qu’elle est la clé de la réussite de ma fugue. Sans elle, je ne pourrais sortir de cette prison du ciel.

Je regarde entre les barreaux. Je me laisse imprégner de cette Envie de sortir, cette Envie de liberté !

Je me dois de l’atteindre, la satisfaire. Alors je tente. Je tape du pied sur le sol, mais rien ne se passe. Je tape et saute en avant. Rien d’impressionnant. Je tape plus fort, plus vite. Je saute vers les murs, faisant des allé-retours dans ma cage.
Les anges autour de moi commencent à murmurer… Ils doivent me croire folle. Je pourrais leur expliquer, mais qu’importe ? Ils comprendront quand je réussirai.

Les heures passent, sans succès. J’ai chaud, je sue, et je suis crevée. Mais je continue. Je me dois de réussir ! Il le faut ! Je n’ai pas le choix ! Je dois le faire ! Je veux le faire !
Et vouloir, c’est pouvoir, hein ? Alors je le peux, et je le ferai.

Mes compagnons sont de plus en plus inquiets, mais je ne m’arrête pas pour les rassurer. Non, je garde mes forces pour cette technique que je vais maitriser. Et finalement il se lasse.

A part le bruit de mes tentatives infructueuses, le silence règnent en ces lieux. Jusqu’à ce qu’on entende le garde venir nous nourrir. Alors je m’octrois une pause, juste le temps de m’assoir et de manger. Mais aussitôt après, je reprends l’entrainement.
Je n’ai pas le temps de discuter, ni de dormir. Car je veux sortir.

La plante de mes pieds s’usent, les veines commencent à éclater. Mais rien ne m’arrête, rien ne dois m’arrêter. Ma motivation doit être forte. Je dois me surpasser.
Pour sortir, il le faut.

Au réveil de mes compagnons, je ne fais même plus attention à mes gestes. Je suis fatiguée et ne contrôle plus mon corps. Comme s’il s’était automatisé. Devrais-je dormir ? Pourquoi je fais ça ? Je veux sortir. C’est pour ça. Mais pourquoi ? Je ne sais pas…

C’est finalement la voix d’Alina qui me sort de mon cycle infini. Elle parait surprise, voire même choquée. Sa stupeur réveille les autres. Alors elle s’exprime : j’étais là et puis pouf, j’ai atterri là. Ce sont ses mots, ses propos. Des propos de fous.

Ou simplement des mots que je voulais entendre. Des témoins de ma réussite !

Je surmonte ma fatigue et refais la technique. Une fois, puis deux, puis trois. La joie m’enivre, grâce à elle, je vais enfin obtenir ce que je veux !
Je vais sortir.


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Le courage…
Je dois surmonter cette peur. La peur de l’échec. Je me suis entraînée, je me suis préparée. Maintenant, je dois le faire. Mais j’ai peur…

Peur de rater. Peur de tout gâcher. Alors je suis là, dans ma cellule, attendant l’arrivé quotidienne des gardes qui nous apportent la pitance. Je me concentre et j’attends. Je visualise la scène, mémorise mon plan. Je le connais par cœur. Tout comme leurs moindres gestes. Toujours les mêmes.

L’un se met en garde, l’autre beugle l’ordre de ne pas bouger et le dernier ouvre la grille de métal, balance le sac de victuailles et referme immédiatement. Et c’est là que je dois passer. Juste avant le dernier acte. Avant qu’il ne demande le sac vide de la veille.
Mais je n’ai pas le droit à l’erreur…

Si je rate, ils m’enfermeront ailleurs. Avec plus de sécurité et moins de chance d’en échapper. C’est ce que je pense, c’est ce que je ferais. Et je ne peux me permettre de prendre ce risque. Ma vie est dehors, ailleurs, loin. Et je ne me soumettrais pas. Oh non ! Je sais ce qu’elle veut, Lyana, tout ce qu’elle veut.
Le bijou.
Et ma mort.
Et elle n’aura pas l’un sans l’autre. Car tant que je vis, l’espoir de la rébellion perdure. Alors je ne céderai pas. Non, je ne la satisferai pas.

Je n’ai donc pas le choix. Mon plan est bon, c’est le seul que j’ai trouvé, et il peut marcher. Oui, il le peut, ça dépend de moi. De ma vitesse, de ma précision.

Et l’heure vient enfin. Les gardes arrivent et joue leur rôle. Moi, je me place loin de cette porte, comme ils me le demandent, mais je reste en face. Je n’ai qu’à me lever et utiliser cette technique que je maîtrise tout juste. Puis je les dégommerai, un par un avant de me diriger vers Lyana. Je ne sais peut être pas où elle se trouve, mais je trouverai. Oh oui, je trouverai.

Je suis prête. Mon sang fulmine, ma respiration s’accélère légèrement. Je vais le faire, je dois le faire, je vais réussir oui.
La porte s’ouvre.
Puis se referme.

Ils demandent le sac vide de la veille.

Je n’ai pas bougé.

Mes membres se sont crispés, bloqués. La peur a pris le dessus. Les gardes s’en vont, et les regards se tournent sur moi. Ils s’interrogent : pourquoi ne pas l’avoir fait ? Pourquoi ne pas avoir bougé ? Ce n’était  pas le bon moment. Voilà ma réponse. Une réponse camouflant mal la vérité. La peur d’échouer m’a paralysé. Je n’ai juste pas été assez courageuse pour l’affronter.

Et je rage intérieurement ! J’enrage contre cette faiblesse qui enlace mes poignets ! Si seulement j’avais toute ma force ! Toute ma puissance ! Je casserai ces grilles au lieu de tenter de les traverser ! Mais je ne l’ais pas… Maudites menottes. Maudit granit !

Le regard des anges autour me fixent toujours. Et puis, une voix s’élève, celle d’Alina. Cette voix m’encourage, encore et toujours. Dire que cette petite a failli me congelé. Mais elle est avec moi, et elle croit en moi. Comme tous ces prisonniers aux cheveux rouges. Ils me soutiennent de leurs mots réconfortants.
Merci. Merci de croire en moi. Merci de m’encourager, encore et toujours. Vous me redonnez force et espoir ! Et vous avez raison, je dois continuer, je dois persévérer.
Je dois passer.

Alors je reprends l’entraînement de cette technique de déplacement éclair. Je la réitère, inlassablement. La rendant plus rapide, plus fluide. Mais je n’y passe pas la nuit. J’ai besoin de repos, d’être en forme.
Demain j’y arriverai. Demain je passerai.

L’heure tourne à une vitesse folle. Nous attendons tous ce moment. Celui de ma fuite. Celui qui changera l’avenir de ces anges.
Et finalement, ils arrivent.
L’ordre de s’éloigné est donné. Je l’exécute, lentement. Ma respiration est lente, rien ne peut me distraire. La peur est partie. Je suis sûre de mes capacités, je suis sûre d’y arriver.

Le temps semble ralenti. Tout est clair comme de l’eau de roche.
Je n’ai pas de doute.
Je vois la main du garde avancer vers la serrure. La clé tourne. Le verrou se débloque.

Et avant même d’entendre le grincement de la porte, j’entame ma manœuvre.
Dix tapements de pieds me font arriver pile dans l’encadrure de la porte, nez à nez avec le garde ! Le sac de nourriture se retrouve collé à mon ventre. Mais avant que qui que ce soit ne bouge, je prends appuis sur l’épaule de cet ange gardien et passe dans son dos. Avec mes menottes je pare le coup de celui qui monte la garde et lui envoie mon pied dans l’estomac, le propulsant au sol. Puis je me tourne violement vers le troisième, lui faisant manger de ce granit marin qui ne m’affaiblit pas assez pour me retenir en ces lieux.

L’action terminée, je me tourne alors vers le gardien des clés, lui montrant mes menottes. Il sue de peur et recule tremblant jusqu’à rencontrer la grille d’une cellule où il se recroqueville sur le sol. D’un ton ferme et imposant, je lui demande de me libérer.

Mais bien évidemment, ce n’est pas lui qui possède mes clés…
Lyana, hein, encore et toujours elle.

Un coup de pied dans la tête met fin à ses sanglots. Et avant de quitter ces lieux, je lui prends les clés des cellules et les offre à mes compagnons de prison.

Car eux aussi mérite d’être libre.
Car grâce à eux, j’ai trouvé le courage.


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L’heure est enfin venue. Celle d’exercer ma vengeance sur ces quatre anges qui ont osé me prendre en traître. Je vais leur montrer, moi, qu’ils n’ont aucune chance face à une pirate des mers bleues. Je vais leur montrer ce qu’est la vraie puissance !

Je suis dans les couloirs de cet immense manoir. J’avance discrètement et rapidement. Cette nouvelle technique m’aide beaucoup pour ça. Mais je suis seule dans ce territoire inconnu. Et tous ces couloirs d’un blanc pure se ressemblent. Seules quelques rares décorations tels tableaux et tapisseries aident à se repérer.

Je suppose que les quartiers privés sont vers le haut, comme dans tout bon manoir qui se respecte. Mais est-ce vraiment le cas ? Ces gens sont parfois si tordus que je me le demande. Enfin, tant que je ne me fais pas prendre, j’ai tout mon temps… Sauf qu’avec la libération en masse que j’ai provoquée, ne pas se faire prendre devient de plus en plus compliqué. Des gardes aux cheveux blonds comme les blés commencent à courir un peu partout dans ce palais. Et bien évidemment, certain viennent à me tomber dessus.

Je tourne les talons et rebrousse chemins, mais d’autre arrivent, me coinçant dans un de ces couloir blancs. Leurs armures brillent sous la lumière de la fenêtre terminant cette longue allée. Plutôt énervée par la tournure des événements, je fonce dans un des duos afin de forcer le passage, utilisant ce poids qui entrave mes poignets et mes capacités comme masse pour assommer mes adversaires d’un simple mouvement rotatif de mon corps. Cela crée un passage que j’utilise immédiatement pour fuir le deuxième couple. De mon Pas éclair fraichement maitrisé, je prends de l’avance sur mes poursuivants.

Je continue de courir dans ce dédale de couloir, fuyant l’opposant, l’esquivant, me faufilant au travers. Si seulement j’avais me pouvoirs… Je pourrais tous les terrasser d’un simple coup de patte ! Et je pourrais m’envoler directement vers la chambre de cette pétasse de rousse… Puis des autres. Mais je ne les ais pas, alors je dois me débrouiller autrement. Cependant je fatigue trop vite.
Beaucoup trop vite.

Et tandis que je dévale un escalier qui ne m’offrait que la possibilité de descendre… Oui, je commence à croire que le monde m’en veut ! Une tapisserie se soulève avant que je ne l’atteigne et me gobe au travers du mur. Surprise, je regarde la personne qui vient de me tirer par le bras, manquant de peu de me faire tomber : c’est Alina. J’aurai pu m’en douter, c’est toujours elle qui essaye de me sauver en risquant ma vie…

Mais cette fois, je suis tout de même ravie de son intervention. Je peux enfin souffler un peu et reprendre mon énergie. Je m’apprête à la remercier mais elle me fait signe de me taire, le temps que les gardes passent de l’autre coté de la tapisserie. Je reste en alerte jusqu’à ce que les bruits de pas s’éloignent suffisamment. Alina me tire alors de nouveau par le bras pour m’emmener plus en profondeur dans ce passage secret.

Et c’est là, entre deux couloirs, qu’elle m’explique ce qu’elle fait là. Elle veut m’aider. M’indiquer le chemin. En soit, c’est une bonne idée, mais cette jeune ange n’est pas du tout taillée pour le combat, je doute même qu’elle sache manier un simple couteau… Des ciseaux peut-être ?

Oh, ne te vexes pas Alina, je ne savais pas que tu étais couturière. Bon d’accord, va pour le maniement des ciseaux. Mais ce ne sera pas suffisant, des ciseaux ! Il y a des gardes armés partout et… Quoi tu sais ? Je me doute que tu sais mais t’as pas l’air de réaliser ! C’est dangereux et ainsi menottée, je ne vais clairement pas bien pouvoir te protéger.

Comment ça t’as pas besoin de ma protection ?! Comment ça on croisera quasiment pas de garde ? Ah tu connais le manoir par cœur ? Et y’a des passages secrets partout ? Bon, alors dans ce cas… C’est d’accord.

Et du coup, tu m’emmèneras chez les trois autres après que je me sois occupée de l’autre pétasse, hein ? Parce que bon, j’ai un compte à réglé avec tous, si tu vois ce que je veux dire…

Pourquoi tu t’arrêtes ? D’un coup ? T’es pas d’accord avec ça ?! Mais faut savoir ce que vous voulez à la fin ! Vous voulez rétablir l’ancien système ou pas ?!

Ah, c’est vrai, c’n’est pas possible… Alors quoi ?! La prophétie ? Hm… ça me dit vaguement quelque chose… Le coup de la porte et je sais plus quoi ? Mouais… Alors faut juste ouvrir la porte ? Pas besoin de tuer tout le monde ?

Ecoute Alina, moi, j’n’aime pas vraiment tuer. Mais j’aime encore moins qu’on se foute de moi, d’accord ? Et là, clairement, les quatre, ils n’y sont pas allés de main morte niveau foutage de gueule. Surtout Lyana et c’est bien pour ça que je compte m’occuper d’elle en premier, en plus du fait qu’elle a les clés de ces trucs autour de mes poignets. Mais les autres aussi doivent payer !
Et puis, ils ont les bijoux non ? Si ça c’n’est pas une bonne raison…

Quoi ?! Arrête de me regarder avec ces yeux plein de reproches ! Je suis une pirate, ne l’oublie pas ! Hein, t’as pas compris la définition la dernière fois ? T’es pas d’accord avec ce que j’en ai dit ?! Tu ne me connais pas Alina ! Pas assez en tout cas…

Mais tu les connais eux et ils ne sont pas si méchants que ça ? Mouais. Moi tout ce que je sais, c’est qu’ils se sont moqués et m’ont piégée sans aucune fierté.
M’enfin, t’as p’t’être raison… La mort parait un peu trop radicale pour eux… Juste une bonne rouste alors, hein.
Faut bien savoir se Tempérer parfois…

C’est bon, t’as ma parole, allez, emmène moi chez la rouquine maudite. Ou maudite rouquine, comme tu préfères…


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Tu es sûre que c’est ici, hein, Alina ?

Bon. Très bien. Attends moi là, sois discrète, je reviens.

Oui, j’ai préféré la laisser derrière, cette brave petite Alina. Oh, bien sûr, je dis petite mais je ne suis pas beaucoup plus âgée qu’elle. Seulement moi, j’ai parcouru une partie du monde et vu des choses qu’elle ne pourrait même pas imaginer. Alors oui, je la laisse. Ce que je m’apprête à faire pourrait choquer son âme pure.
Ce que je m’apprête à faire risque d’être sale…

De la tapisserie où nous sommes je peux apercevoir la porte de la chambre de Lyana. En tout cas selon Alina. J’espère qu’elle ne s’est pas plantée. Bref. Je vérifie le périmètre, personne à l’horizon, et me glisse dans le couloir pour foncer jusqu’à l’entrée des quartiers de la voix du feu. De mes mains toujours liées j’agrippe la poignée. J’inspire à fond. Je me concentre. Je vais devoir être rapide, précise. Repérer Lyana, lui sauté dessus, l’étriper.
Je souffle.
Un. J’inspire.
Deux. Je souffle.
Trois. J’ouvre.

D’un soru, j’attérie dans la pièce. Mon regard cherche ma proie. Devant, une table. A droite une commode. A gauche une autre pièce. Je fonce. Un lit. Une penderie. Une coiffeuse. Une salle. Baignoire. Toilette. Lavabo.
Personne.

Légèrement frustrée, je regarde plus en détail. La salle de bain est grande, belle, luxueuse et très lumineuse grâce à la grande baie vitrée dont elle dispose. Etrange pour une salle de bain… Mais l’absence de vis-à-vis et la hauteur de ce lieu rende cette bizarrerie logique et de bon goût. Je reviens sur mes pas et me retrouve dans la chambre, somptueuse mais sans fenêtre. Les couleurs sont chaudes et rappellent le feu. La décoration est ancienne et originale. Le lit à baldaquin est sculpté dans des flammes remontant en colonne. Un support d’armure repose dans un coin de la pièce juste à côté d’une petite commode gravée de nuage. Intriguée, j’en ouvre un tiroir et découvre des vêtements masculins.
Lyana ne vit pas seule. Mais cela ne m’importe que peu…
J’abandonne la chambre pour me retrouver dans la pièce principale. Une sorte de salon. Là encore, la décoration ne cesse de rappeler l’élément de cette voix. Les rayons du soleil irradiant la pièce donne à ses sculptures des impressions de vrais, de mouvements. Je détaille chaque meuble, chaque coussin. Et étrangement, mon regard s’intéresse à un meuble d’angle, grand et mince, près de la porte. Comme s’il y avait quelque chose à l’intérieur…

J’essaye de m’en détourner, pensant que ce n’est rien. Mais mon regard se pose sans cesse dessus. Alors je finis par craquer et vais ouvrir.
C’est une simple penderie pour mettre les manteaux. Des manteaux de luxe, toujours. Lyana ne se refuse vraiment rien. Mais en soit, il n’y a rien d’intéressant…
A moins que…
Quelle est cette chose qui brille au fond ?

J’écarte les vêtements pour m’éclaircir la vue. Et enfin, je le vois.
Narnak.
Alors tu étais là, hein ? Et avec mes autres lames. C’est parfait. Tu es parfait.

J’empoigne mes armes et retourne dans la chambre en quête d’une ceinture pour les transporter. J’en trouve une dans les affaires de Monsieur. Elle est longue. Beaucoup trop… Mais bon, c’est la première qui me passe sous la main et je n’ai pas toute la journée. Alors je la mets, quitte à faire deux tours. Mais mettre une ceinture avec les mains liées se révèlent bien plus ardus que prévu. Et pendant que je me tortille désespérément sur le lit, tentant par tous les moyens de l’attacher, la porte d’entrée des quartiers du feu s’ouvre, laissant librement passer les voix de deux personnes… Lyana et surement son homme…

J’abandonne mon entreprise et dégaine mes deux lames que j’assemble puis me cache discrètement près de l’arche séparant les deux pièces. Camouflée des yeux de ces gens par les rideaux de séparations, je calme ma respiration et attends l’heure de l’attaque.

J’écoute les sons de leurs voix sans en comprendre les mots. Je ne m’y intéresse pas. Je reste concentrée sur mon objectif.

Et enfin, l’homme approche, sans méfiance. Je vois sa main se diriger vers les rideaux. Mon sang se fige. Le temps ralentit. J’attends le bon moment.
Les rideaux s’ouvrent. L’homme fait un pas. Je distingue sa silhouette, massive. Un autre pas. Il porte une armure. Un dernier pas.
J’attaque !

Sautant sur mon adversaire, je lui assène un coup vertical. Mais son armure est solide, trop pour n’être qu’une armure ! Un utilisateur de Haki ? C’est bien ma veine. Mais je l’utilise aussi ! J’en recouvre mes lames et reprends mon assaut. Dégainant son sabre, il me pare aisément. Je profite de la spécificité de mon arme pour contourner la parade en créant un demi-cercle avec mes lames, les changeant de sens et visant le cou de l’homme. Il voit l’attaque et s’en défait en reculant. Je ne le laisse pas reprendre son souffle. J’attaque de nouveau, moulinant mon arme sur le coté afin de le lacérer de haut en bas. Il esquive et m’attaque de mon coté libre. Voyant l’attaque venir, je tourne mes bras de manière à bouger le moulin pour parer. Mais l’homme est trop rapide, et mon flanc est toucher. J’ai évité le pire, mais la douleur est là, m’arrachant un cri.
Si seulement j’avais toute ma force…

Et alors que j’encaisse le coup en l’empêchant d’aller plus profondément, des lianes de bois s’enroulent autour de mes jambes et me tirent sèchement, me suspendant la tête en bas au dessus du sol.

J’ai mal. Mais je ne peux me permettre de perdre ! Je suis allée si loin ! Il ne me reste qu’à achever cette garce ! Alors je me replis et tente de couper mes liens ! Mais avant même que ma lame touche du bois, une troisième liane atteint mes poignets et me les tire vers le bas.

Mon sang bouillonne, la rage m’envahit. Je ne peux plus bouger, je ne peux plus me battre. Je reste silencieuse, fulminant de rage contre la bride qui bloque mes poings. Qui bloque mes forces. Et Lyana rigole, grassement. Elle rit. Se moque. Femme insupportable. Je trouverai un moyen d’avoir ta peau.

Et son homme, à côté, me regarde avec un sourire… étrange… effrayant… pervers. Ses yeux me donnent la chair de poule. Je préfère ne pas le regarder. Je suis le jouet de sa femme, pas de lui. Et je remercierai presque Lyana de le chasser de la salle. L’envoyant récupérer les autres, hein.

J’espère qu’ils se seront cachés, j’espère qu’ils ne seront pas retrouvés. Il ne faut pas que tout cela soit vain.

Car de mon côté, c’est un échec.
Et maintenant, je suis seule avec elle. Avec cette ange que je méprise tant. Mais le pire, c’est que c’est réciproque. Et je peux voir dans ses yeux qu’elle prépare quelque chose…

D’un simple mouvement de la main, elle me remet droite via ses cordes de bois. Elle me regarde, me tourne autour. Puis soudain, parle.

Prenant un air faussement compatissant, elle se moque. Elle se moque de ma tentative, de ma blessure. Et elle rit. Oh oui, elle rit. Mes nerfs s’échauffent, j’aimerai hurler ma fureur, mais ça lui ferait trop plaisir… alors je prends sur moi, soufflant lourdement et rapidement tel le dragon enragé d’être prisonnier que je suis.

Mais elle n’est pas assez satisfaite de ma condition. Oh non. Et la voilà qui s’approche de moi, doucement, avec une petite statuette d’ange en bois dans la main. Elle s’approche et frappe sans crier gare, en plein dans ma blessure. Je ne peux retenir mon hurlement de douleur. Elle a frappé bien trop profondément pour une simple statuette… Mais lorsqu’elle retire son arme je comprends. L’ange s’est transformé en pieux, maintenant couvert de sang.

Ma respiration s’affaiblit, la force de ma rage aussi. Je perds de mon énergie. Mais la séance n’est pas finie… Et alors qu’elle devrait jubiler, Lyana commence à s’énerver. Me frappant de plus en plus fort, de plus en plus souvent. Moi, je ne peux que crier. Et encaisser.

Elle veut sa pierre, c’est tout ce qui lui importe. Mais sa rage va finir par me tuer. Peut être est ce le mieux… De toute manière, elle a toujours voulu ma mort. Et si elle me tue sans avoir ce qu’elle veut, elle ne l’aura jamais.

Car je commence à douter. Aurais-je vraiment pu m’échapper ? Oui. Si je n’avais pas cherché à me venger, si je n’avais pas cherché à aider.

J’aurai pu vivre longtemps, sans doute. Quelle vie aurais-je eu ? Quel but aurais-je choisi ?

Je suis une pirate, alors les choix sont aussi minces qu’illimités. J’aurais pu vouloir voir le monde, être puissante, être libre. Juste libre. Ou aider ceux qui me sont cher… Red, Reyson, Alfred, le forgeron… Les pirates d’Armada.
Tahar.

Alina. Ces anges…

Je suis venue ici pour en savoir plus sur mes origines. Car c’était mon but, pour mieux me connaitre je devais savoir. Et sur cette île, j’ai rencontré ces gens. Eux aussi désirent la liberté. Ils ne l’ont jamais connu, même en dehors des barreaux de fers. Ces lois les brident, ces voix les brident… Et ils le seront encore plus si cette femme qui me tue à petit feu obtient ce qu’elle veut.

Alors pour eux, je ne lui donnerai pas. Elle prendra ma vie dans tous les cas, alors autant qu’elle le fasse maintenant.

Pour Eux, je ne le ferai pas.


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Izya…

Pardonne-moi, Izya, je ne t’ai pas écoutée. Je n’ai pas pu, c’était au dessus de mes forces.

Tu sais, je t’ai entendue… J’ai entendu tes cris à travers le couloir, à travers la tapisserie. Ça a duré longtemps. Trop longtemps. J’ai eu peur tu sais. Je ne savais plus quoi faire ! Je ne pouvais plus entendre tes cris.

Alors j’ai finis par partir. Mais je n’ai pas fuit comme tu l’aurais sans doute voulu. Non. Je ne pouvais pas te laisser là. Je devais t’aider ! Mais je ne suis qu’une simple couturière, qu’aurais-je pu faire seule ?
C’est pour ça que je suis partie, je suis allé chercher de l’aide ! J’avais peur que tu meures Izya ! Tu ne dois pas mourir, tu le sais hein ! Souviens-toi ! Tu veux rentrer chez toi ! Te la couler douce sur ce que tu appelles Armada, et revoir ton père ! Oui, ton père que tu veux apprendre à connaitre. Tu feras tout ça ! On trouvera un moyen ! Alors tu dois vivre !

C’est pour ça que je suis allée le chercher, lui, la Voix de l’eau. Il n’est certes pas médecin, mais connait les meilleurs et est le seul qui pouvait arrêter Lyana dans sa frénésie. Et il l’a fait ! Il t’a sauvée !
Et grâce à lui, je peux rester à tes côtés. Car il est d’accord avec moi, tu dois rester en vie. Oh, bien sûr, lui veut surtout que tu ailles chercher la pierre de cors ! Mais il est plus sage que cette Voix sauvage du feu. Il n’est pas pour que tu souffres inutilement.
Lui est patient, il est persuadé que tu cèderas un jour.

Mais il n’a pas pu te protégé plus que ça d’elle. Il a simplement réussi à négocier ma présence auprès de toi. C’est pour ça que je suis là, dans cette cellule de glace, à te regarder entre la vie et la mort. Tune bouges plus depuis longtemps. Ton pouls est faible mais toujours là. Il a l’air stabilisé, te laissant à demi morte. Tu es roulée en boule, tel un fœtus, sur ce sol de neige. Il n’y a rien que je puisse faire pour te réchauffer.

Car tu m’en veux. Tu m’en veux de t’avoir sauvée, d’être là avec toi. Mais tu t’en veux surtout d’avoir échoué, misérablement. Que tout cela fut vain, car aucun de nous n’a franchi les portes du manoir. Tous sont retournés dans les cellules où nous étions. Sauf nous.
Et ça ne devait être que toi.
Et tu m’en veux pour ça. Tu t’en veux… Car tu penses ne pas avoir réussi à me protéger.

Cette culpabilité, tu la ressens d’autant plus lorsque Lyana vient nous chercher. Elle nous emmène ailleurs, bien qu’elle préfèrerait t’emmener seule, dans une salle recouverte de bois. Et là, usant de son pouvoir, elle nous immobilise et te torture, par pure plaisir. Et parfois, les coups viennent aussi sur moi. Et à chaque fois ça te fait réagir. Tu tentes de l’ignorer mais tu cèdes à chaque fois à la colère.

Tu as même faillit aller au volcan la première fois qu’elle la fait. Je te remercie de m’avoir écoutée et de ne pas avoir céder.

Les jours passent et se ressemblent. J’ai espéré que tu finisses par me pardonner, ou au moins, me reparler. Mais tu es comme morte depuis que nous ne sommes plus que deux. Tu manges à peine, bouge à peine. Tu laisses ta vie à l’abandon. Toi qui étais si forte, te voilà mourante. Ils ont finis par dompter la flamme qui t’animait. Et tout en ces lieux empêche de la ranimer.

Aujourd’hui j’ai craqué. J’ai fini par appuyer sur le Denden que Ruper m’a donné. Lyana a voulu aller trop loin, je n’ai pu le supporter. L’idée lui est venue de t’arracher les ailes, car elle te considère impure par ton sang humain. Pour une raison que j’ignore, tu t’es mise à hurler, à pleurer. Tes forces sont revenues et tu as commencé à détruire ces liens qui te retenaient. Alors Lyana a consolidé la structure, t’empêchant de te débattre plus. Tes cris glaçaient le sang. Ta peur se ressentait au plus profond de mon âme. Et heureusement, Ruper est arrivé avant qu’elle ne t’enlève tes ailes.

J’ai dû trouver une excuse à cette demande d’aide, car ta vie n’était pas en danger. J’ai réussi à leur faire croire que ton pouvoir venait d’elle, comme le pouvoir des Voix de l’air venait de leurs ailes. Il n’y a aucun moyen de le vérifier mais ils ne prendront pas le risque de tester.

Après ça, tu m’as enfin parlé. Brièvement. Pour me remercier, et m’expliquer. Ces ailes sont un don de ta mère, mais aussi une malédiction. Elles t’ont rendue la vie dure dans ton enfance, mais elles sont une partie de toi. Sans elle, tu as peur de te perdre dans l’anonymat. Sans elle, tu ne serais plus toi.

Mais l’incident ne plus pas à Lyana. Et à défaut de venir te voir, c’est son mari qui arriva. Il me balança dans un coin, m’assurant ne pas te tuer et que si je le voulais, je pouvais regarder. Je ne compris que trop tard. J’eu beau appuyer, personne ne vint te sauver. Et contre ce monstre de muscle, je ne pu rien faire pour t’aider.

Et malgré le froid, tu tentas de bouger. Malgré ta faiblesse, tu voulus le repousser.

En dernier recours, ton corps entier devint noir.

Mais rien ne pu l’arrêter.

Et ta Chasteté fut souillée.

Car tel était leur nouveau plan : conditionner une enfant plutôt qu’attendre ton bon vouloir…


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