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Passé ... Présent ... Futur

Suite du Pèlerinage à Elemiah et bond dans le futur par rapport au Test RP


Île d'Akueki,

La mer, vaste étendue d'eau, indomptable et fière. Mizuki regardait au loin ... De l'eau et des mouettes. Le bateau devait sûrement approcher des côtes. Cela faisait un bout de temps qu'elle était sur ce bateau, elle avait vu défiler le même paysage inlassablement. Seuls les couchers et levers de soleil valaient le détour, mais la météo peu clémente ne lui avait pas permis d'en voir. Le ciel était gris, comme annonciateur d'une catastrophe. Le bateau n'arrêtait pas de tanguer à droite, puis à gauche ; la mer n'était même pas agitée ! C'était vraiment un Bateau de mauvaises qualités, mais bon, connaissant Harlem, elle savait que c'était le mieux qu'elle puisse obtenir de ce vieux radin.

« Harlem » murmura-t-elle

Une mission pour toi ... Ces quatre mots résonnaient dans sa tête. Que voulait-il dire par « une mission pour toi »? Il n'avait pas été très explicite : « Tu te rappelles de l'île d'Akueki , l'île où il y avait une foire ? Fais-y un tour. » Quelle plaie, elle n'était pas un devin non plus. Comment voulait-il qu'elle sache quoi faire. Peu importe, elle allait faire cela à sa méthode. Peut-être trouverait-elle des orphelins qu'elle pourrait sur Kage Berg.

Bouargg

À sa droite, un jeune mousse venait de vomir. Il n'avait pas très bonne mine et se tenait sur la rambarde du bateau.

« Tu devrais faire attention, lui dit-elle, le bateau tangue. Tu n'aimerais pas passer par-dessus bord non ? »

Le mousse la regarda avec un regard d'effroi et s'éloigna immédiatement du bord du bateau. Mizuki le dévisagea. Le mal de mer, c'était vraiment un comble pour un marin.

« Quand arrivera-t-on sur l'île d'Akueki ?
- Je ... Je ... »

Le mousse courra vers la rambarde et déglutit de nouveau. Il n'était décidément pas en grande forme.

« Si tu as le mal de mer, tu devrais rester sur la prochaine île. Visiblement, on va bientôt arriver. »

Elle avait vu juste, derrière la fine brume, on pouvait désormais apercevoir les lumières d'un port ou d'un village. Au fond, on distinguait légèrement le flanc d'une large montagne. Mizuki s'était déjà rendu sur cette île durant sa jeunesse. Elle avait 12 ans et elle venait de terminer un entraînement assez rude pour supporter les fraîcheurs hivernales. Elle s'était ensuite rendue dans la ville où se tenait une foire assez sympathique. Le mousse vomissait toujours, pauvre enfant … Quelques minutes plus tard, ils étaient arrivés à bon port. Mizuki descendit et s'étira successivement les jambes et les bras. Ce long voyage en bateau n'était vraiment pas amusant. Le capitaine arriva vers elle

« On vous attend ici Mam'zelle ?
- Oui, ce serait sympathique, je serai de retour avant ce soir, je pense. Quant à votre mousse, il n'est vraiment pas adapté pour les trajets en bateau. Le mal de mer n'est pas l'ami du marin. »

Le capitaine hurla de rire, pendant ce temps Mizuki se dirigeait vers la ville. Après avoir traversé un port en très mauvais état et complètement désert ; à part quelques rats par-ci par-là, elle arriva devant la ville.
    Quel était cet endroit ? La ville était en ruine, la moitié des maisons étaient détruites et celles qui étaient toujours debout semblaient extrêmement fragiles. Les jolis murs orangés d'autrefois laissaient place à de la moisissure et des taches marron causées par l'usure. C'était une ville fantôme, quasiment déserte. Que c'était-il passé ici en l'espace de 6 ans ?
    Mizuki s'avançait méfiante dans les ruelles sordides de la ville. Elle apercevait de temps à autre des ombres qui apparaissaient et disparaissaient des fenêtres des quelques maisons encore sur pied. C'était peut-être son imagination, elle avait vraiment une très mauvaise vision. Cependant, au fur et à mesure qu'elle avançait, des ombres la suivaient à travers les décombres. Subitement, elle se tourna ... Un homme, maigre, le visage effrayé et marqué par la famine. Il disparut immédiatement dans la pénombre.

    SCHLACK

    Mizuki tourna la tête de l'autre côté, une portion d'un étage d'une maison venait de s'effondrer. Non, c'était des gens ... Il la suivait, elle en était sure. Mizuki frissonna.

    « N'aie pas peur Amamizu, il ne nous arrivera rien. Je te le promets. »

    La petite fille continua d'avancer. Les habitants de cette ville étaient totalement inoffensifs, ils l'auraient déjà attaqué depuis longtemps s'ils désiraient quelque chose d'elle. Cependant, le fait qu'il la suive la dérangeait fortement. Elle arriva au centre de la place du village enfin ce qu'il en restait. Un vieil homme était assis dans les décombres. Elle s'avança vers lui

    « Vous ne vous enfuyez pas ? »

    Le vieil homme leva la tête vers elle, visiblement, il ne l'avait pas vu.

    « À quoi bon m'enfuir, je n'ai plus rien. J'ai tout perdu : ma femme, mes enfants, ma fortune ... Tout.
    - Que s'est-il passé ici ? Où est la foire ?
    - La foire ? Cela fait un bout de temps qu'elle ne passe plus sur notre île. »

    Cet homme, elle l'avait déjà rencontré, mais elle n'arrivait pas à lui coller une identité. Ça lui revenait, l'homme qu'elle avait volé il y a 6 ans. Il n'était plus que l'ombre de lui-même, maigre et très affaibli.

    « Autrefois, j'étais l'homme le plus riche de cette île. J'avais même un majordome qui m'accompagnait pour tous mes achats. Mais ça, c'était avant l'arrivée de toutes les catastrophes sur notre pauvre île. »

    Un profond silence s'installait. Sans qu'elle s'en aperçoive, les villageois restant s'étaient approchés d'eux. Elle se tourna vers eux et ne vit que du désespoir. Le vieillard repris,

    « Nous avons d'abord été victime d'une sévère épidémie qui a emporté la moitié de l'île. Nos proches mourraient sans que l'on puisse réagir. Nous avons ensuite été attaqués par plusieurs équipages pirates. Nous étions sans défense, affaiblis par la maladie. Ils ont pillé, détruit, volé, tué nos familles et nos proches. C'était le début de la fin ... Malgré nos supplications envoyées à la marine, ils ne sont jamais venus nous aider. Nous sommes certes des habitants d'une petite île isolée, mais nous restons des êtres humains. »

    Il s'arrêta pour pleurer. Mizuki serra le poing ... la marine ...
      Mizuki était très attristée par cette scène. C'était insoutenable, elle enrageait intérieurement, si la marine devait protéger tous les peuples, pourquoi n'était-il pas intervenu sur cette île ? Elle prit la parole :

      « Combien êtes-vous encore sur l'île ?
      - Nous sommes encore 10, mais le jeune garçon malade va bientôt mourir. »

      Mizuki eut un flash, le garçon ... Celui à qui elle avait acheté une peluche. Était-ce qu'Harlem voulait qu'elle fasse, qu'elle aide cette île, qu'elle sauve le garçon ? Elle devait le voir, mais auparavant, elle devait s'occuper des habitants.

      « Les pirates sont-ils revenus sur l'île depuis ?
      - Non ... Plus jamais.
      - Qu'avez vous fait ensuite ? Rien je suppose. »

      Les villageois se regardèrent entre eux. De la honte ? Non, ils avaient perdu espoir. Elle devait les convaincre de revivre, de se rebeller contre le système. Elle chercha un endroit surélevé et grimpa dessus. Les habitants la fixaient. Mizuki stressait, c'était la première fois qu'elle allait s'exprimer devant autant de personne. C'était une grande première pour elle qui n'était pas une oratrice de talent.

      « Mes amis ... Nous sommes identiques. La vie ne nous a pas épargnés, les misères et les malheurs ont frappé nos existences. Mais avons nous fais quelque chose de mal ? »

      Elle prit une pause solennelle, non pas car elle trouvait que cela renforçait son discours, mais car elle avait du mal à contenir son stress.

      « Non, nous n'avons rien fait de mal. De quoi sommes nous coupables alors ? Nous sommes juste coupables de vivre sous un gouvernement qui se moque de nous, qui se joue de nous. Mes amis, il est temps de changer cela. Il est impossible pour vous de vivre dans l'insalubrité permanente et dans l'obscurité. Je vous apporte la lumière, l'espoir d'un changement proche. Vous ne pouvez pas rester sur votre île, malgré toute l'affection que vous avez pour elle ce n'est plus envisageable. Vous n'êtes pas assez nombreux pour remettre l'île sur pied, vous ne pourrez pas reconstruire ou même déblayez ne serait-ce qu'une partie de la ville.»

      Une villageoise s'avança vers elle.

      « Que devons-nous faire alors ?
      - Venez avec moi ... J'ai un bateau qui m'attend au port. Je peux vous amenez sur l'île de Kage Berg. Il y a des terres cultivables, vous pourrez avoir une ferme, créer votre propre village. Je vous en prie, venez avec moi.»

      Un jeune homme prit la parole :
      « Nous aimons trop notre île pour la quitter. »

      Mizuki soupira, elle ne pouvait pas les laisser ici. C'était indigne de tout ce en quoi elle croyait.

      « Vivre dans les méandres du passé n'est pas une solution. Il est temps pour vous de vivre l'instant présent, de vous projeter dans le futur. Réfléchissez bien, mon offre ne sera pas éternelle. À la nuit tombée, j'aurai quitté l'île. »

      Mizuki descendit de son estrade. Elle était fière d'elle, elle avait réussi à s'exprimer en public. La balle était dans leur camp.
        Mizuki s'apprêtait à quitter la place pour rechercher le jeune garçon. Un villageois lui attrapa le bras. Par réflexe, elle sortit son poignard de sa manche. L'homme la lâcha et recula. Elle rangea immédiatement son poignard et s'excusa. Elle les avait effrayés, ils n'allaient pas accepter de la suivre.

        « Mademoiselle, nous allons vous suivre. Vous avez entièrement raison, nous devons désormais vivre l'instant présent.
        - Vous avez fait le bon choix. »

        Elle était gênée, le coup du poignard l'avait légèrement discrédité. Néanmoins, elle était heureuse, c'était une réussite.

        « Nous aimerions juste connaître l'identité de notre bienfaitrice. Quelqu'un qui cache un poignard n'est pas quelqu'un d'ordinaire. »

        Allait-elle leur mentir ? Non, elle se devait d'être franche avec eux.

        « Je fais partie de la révolution. Nous luttons pour changer le monde, pour que des gens comme vous et moi puissent vivre dans un monde en paix.
        - La révolution existe donc réellement. Moi qui vous prenais pour des terroristes. J'étais dans l'erreur. Merci mademoiselle, merci pour tout.
        - Ne me remerciez pas, c'est vous qui avez choisi de changer votre destin. »

        Mizuki leur indiqua ensuite la direction du port. Avant de partir en quête du garçon, elle s'était renseignée auprès des autres villageois. Le garçon avait une maladie pulmonaire assez rare, il se tenait souvent éloigné des autres villageois de peur de les contaminer. Tous les jours, quelqu'un venait le voir pour prendre de ses nouvelles et lui apporter un peu de nourritures. Le jeune garçon était seul ; sa mère avait péri lors d'un raid de pirate alors qu'elle travaillait. Son frère et sa sœur avaient périt lors de la vague d'épidémie qui avait touché l'île. Il était seul, sans famille, sans amis : un être malheureux. La maison du garçon n'était pas très éloignée de la place. Elle y arriva assez rapidement.

        La maison était en très mauvais état, c'était même surprenant de voir qu'elle était encore vivable. Il n'y avait pas de porte, pas de fenêtre, le toit était détruit et certains murs étaient brisés. Le constat était similaire à l'intérieur de la maison. Il n'y avait rien à part un lit et une table basse. Mizuki s'approcha du lit, le jeune garçon était allongé et était fiévreux. Il était parfaitement éveillé et la regarda s'approcher de lui. Il serrait dans ses bras, une peluche ... Un lapin. Il toussa.

        « Bonjour, tu te rappelles de moi ? Lui demanda-t-elle
        - Tu ... kof kof ( il tousse ) es celle qui m'a offert ma peluche non ?
        - Oui, comment te sens-tu ? Tu peux marcher ? Les autres habitants vont quitter l'île. Viens avec nous. Je tacherai de trouver un médecin qui pourra te soigner. »

        Elle sourit. Ses sourires se rapprochaient du naturel même si pour elle, ils ne le semblaient pas.

        « Tu sais, tu m'as vraiment rendu heureux ce jour-là. C'était très gentil de ta part de ... »

        Il toussa de nouveau. Puis, il leva les yeux au ciel

        « Merci ... kof kof ... pour ta proposition. J'aurai aimé vous suivre mais je vais bientôt mourir. Je sens que mes forces me lâchent. Merci pour tout. »

        Il savait pertinnement que c'était finit pour lui, sa maladie était trop forte. Mizuki le comprit et fondit en larmes. Si elle était arrivée plus tôt, elle aurait pu le sauver. Elle était impuissante face à ce drame.

        « Je ... je vais changer ce monde. Un monde où des gens comme nous pourront vivre librement. Je suis désolée. »

        Elle pleurait de plus belle. Avant de mourir, le garçon se tourna vers elle et sourit.

        Mizuki quitta la maison, toujours en pleurs. Le garçon était mort en souriant, il avait finit sa vie de manière heureuse. Elle enrageait intérieurement, elle était frustrée. Son impuissance face à la mort de ce jeune garçon l'avait totalement désemparée. Le gouvernement allait payer, c'était certain.

        Elle continua de marcher vers le port, elle partirait ensuite en direction de Kage Berg pour déposer les villageois. Là-bas, ils pourront débuter une nouvelle vie.