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Age of Navires


Ce RP est la suite de ceci >!<.


La rencontre avec Galleon leur avait prit toute la matinée, et sérieusement entamé leur début d’après midi. C’en avait parfaitement valu la peine, à leurs yeux : ils étaient encore d’excellente humeur, et continuaient à plaisanter joyeusement en marmonnant des formules étranges, à base de Sheepball, d’Overskill et d’Angoras.

Ils se sentaient d’autant mieux que la seconde tâche qu’ils avaient à accomplir ne devrait pas poser de grande difficulté. Il leur fallait tout simplement interroger un de leurs collègues, dont les petites manigances habituelles étaient peut être, et il s’agissait de confirmer ou d’infirmer ce peut être, la cause du mal qui frappait actuellement l’île.

D'après ce qu'ils savaient, l'équipage d'Horner était au repos pour trois jours encore, le temps que son itinéraire soit confirmé en plus haut lieu. Habituellement, le capitaine Horner était connu pour passer la majorité de ses matinées libres à dormir, et l'essentiel de ses après midi au Noyeux Agrumes, un bar-taverne réputé pour ses cocktails de jus de fruits, son ambiance tranquille, et la grande quantité d'espace dont il disposait.

C'est donc tout naturellement là que Roderik et Dogaku se rendirent lorsqu'ils se décidèrent à l'interroger, un peu plus tard dans la journée. C’était lui qui avait introduit sur l'île les haricots suspects, et susceptibles de compromettre leur employeur. Restait à savoir ce qu'il en avait fait.

Malheureusement pour nos héros, ils ne le rencontreraient pas aujourd'hui. A peine entrés dans la taverne, il ne leur fallut que quelques minutes pour qu’on le leur assure.

-Hey! Nera', Sig'! Salut vous! Qu'est ce qui vous amène ici? La bande à Vannimeus est aussi au repos? V’nez !

Parmi la quantité de clients qui profitaient de cette salle commune confortable et bon marché, la bande d'Horner s'était installée dans son coin habituel. Assez près d'une large baie vitrée, aménagée par le gérant, qui surplombait un ensemble de collines et d'étendues de pâturages d'émeraudes. Un vrai paysage de carte postale, qu'on aurait maquillée pour l'occasion. La splendeur pittoresque de Tanuki, tout simplement.

Sur la quarantaine d'hommes faisant partie de leur équipage, une quinzaine était présente à ce moment.

-Yosh la bande, fit la blonde en prenant place.
-'ut, lâcha Dogaku en plongeant avidement sa main et son attention sur une carafe de bière de pamplemousse.

Passé quelques trivialités bon enfant, et quelques litres d'alcool incroyablement sucré (ou plutôt, de sucre légèrement alcoolisé) partagées de bon coeur, Roderik passa aux choses sérieuses.

-Euh... Horner est occupé, leur indiqua Anett, son aide principale.
-Aw. Vraiment? On doit le voir, et c'est plutôt urgent.
-Vannimeus lui veut quelque chose?
-Nan, pas le capitaine. Le patron. Mistoltin.
-Oyoh. Pas bon, ouaille. Et... urgent comment?
-Urgent comme asap, indiqua Nerassa.
-Usopp? Qu'est ce que...
-Asap. Dès que possible.

-Dès que possible ? Pas possible. Impossible. Pas aujourd'hui, hésita l’autre. Il n'est... pas en état de... non.
-Eh?
-Est-ce que vous pourriez lui laisser un... deux jours avant d'aller le voir? S'il vous plait?
-Qu'est ce qu'il a?, demanda Dogaku, sincèrement inquiet. Quelque chose de grave?
-Non... oui ? Pas vraiment, mais... enfin...
-...?, insista Sigurd.
-Euh...
-Ça a un rapport avec des haricots?, essaya la borgne.
-Uh? Non, pas du tout. Pourquoi des haricots?
-Euh...
c'est ce qu'on cherche. Compliqué.
-Houhou, les filles? Il lui est arrivé quoi, alors?, poussa Sigurd.
-Je préférerais ne... pas vous le dire. Ça ne serait... pas correct ? Et ça ne le ferait pas. Il va bien. Enfin... il va pas trop trop trop mal dans l'absolu, mais...
-...
-De toute manière, il ne peut pas parler. Point.
-Eeeerh. Il ne peut pas parler. Littéralement?, questionna le jeune homme.
-Tout à fait.
-Euh... et c'est pas grave, tu dis ?, renchérit-il.
-C’est ça.
-Eeeh, youhou !!! C'est quoi ces devinettes ?, s'impatienta la blonde. Les gars, s'il vous plait !

Personne ne daigna répondre. Ils éveillèrent plusieurs regards compatissants, mais tous s'étaient juré de ne rien dire. Et ils comptaient bel et bien tenir parole. Même ceux qui étaient trop éloignés pour participer à la conversation se firent silencieux, et attendaient. Certains intervinrent pour soutenir leur collègue, tandis que d’autres discutèrent en interne pour voir s’ils pouvaient faire une exception. Au final, pourtant, rien n’avança.

Roderik et Dogaku étaient coincés, à ce train là. La jeune femme commença à grimacer, et n'allait pas tarder à s'énerver. Elle ne comprenait pas.

Préférant calmer le jeu pour continuer à négocier, Dogaku se décida à faire l'idiot. Une blague pour alléger l'atmosphère... il réfléchit à toute vitesse.

Et finalement...

-Boah, allez. C'est pas comme s'il s'était fait mordre par une araignée venimeuse et que sa tête était gonflée au point d'avoir une gueule de framboise, plaisanta Dogaku. Laissez nous le voir, quoi. On veut juste savoir un seul truc. C'est pas sympa, là.

Comme bien souvent, le blondinet s'était amusé à proposer l'hypothèse la plus ridicule qui lui était venue à l'esprit. Et comme bien souvent, il avait visé juste.

Au vu des regards ébahis que lui lancèrent Anett et les autres, il le sut sur le champ.  

Ça aussi, il en avait l'habitude. Mais ça l’amusait toujours autant.

-Quoi, c'est ça en plus? L'araignée framboise? Mwarharhar...
-No... naaan, voyons...
-J'ai entendu oui. Pas toi, Nera'?
-J'entends surtout un Sig’ qui a flairé un truc, perso.
Alors c’est ça ?, sourit-elle à pleines dents.
-Mais non, ça n'est pas du t...
-...
-...
-...
-Comment t'as fait?, demanda-t-elle finalement, les yeux écarquillés.
-Mwarharharh. Chuis génial, y'a pas d'secret.
-Ca sent les chevilles qui enflent, remarqua Anett.
-Boah, il les mérite, sur ce coup, signala la borgne.
-...
-Et donc, il ne peut vraiment pas parler?, reprit-elle.
-…
-Alleeeez, marchanda Nerassa. On dira rien, bien sûr, hein. J’irais sûrement me moquer de lui quand il la ramènera de trop près, et chuis sûre que j’vais lui rendre une petite visite d’ici ce soir juste pour le prendre en photo et immortaliser tout ça, mais…
-Ou sinon, si tu réponds, je ferais en sorte que Nera’ ne puisse pas faire la moindre connerie, glissa Sigurd.
-Rhooo, allez, ça sera fun !
-Pas de photo.
-Mais c’est drôle !
-Ouais, mais aussi super vexant pour lui…
-On s’en fiche ! C’est drôle !
-Et dans ce cas, je lui dirais de se venger en prenant en photo ton grain de beauté. Tu sais, celui en forme de…
-NON NON NON. TOUT MAIS PAS CA. CHUT. CHUT. PERSONNE NE DOIT SAVOIR. JE NE FERAIS RIEN, ET TU NE DIRAS RIEN. D’ACCORD, D’ACCORD.
-Nous sommes d’accord, content de l’apprendre.
Alors, reprit-il en direction des autres. Vous êtes vraiment catégoriques quand vous dîtes qu’il ne peut pas parler ? Pas un seul mot ? Même pas hocher la tête ni rien ?
-Non. C'est hyper désagréable, plutôt douloureux, et de toute manière, on n'y comprend rien, précisa Anett.
-Beuh. Tu parles d'une chance.
-Il ne peut pas même pas écrire, lire, qu’on puisse communiquer comme ça ?, essaya Nerassa, voulant tenter sa chance jusqu’au bout.
-Il a des boutons sur les paupières, et sur les oreilles. Quand je vous disais que c’était horrible…
-Mais c’est carrément gore !
-Une araignée du nouveau monde qui se baladait de cale en cale jusqu’à notre navire. Et tout le monde sait que tout ce qui vient du nouveau monde, même les donuts, c’est trop violent pour nous, pauvres habitants des blues. Enfin, bref. Vous pouvez bien attendre deux trois jours, que ça lui passe, non? C'était pour quoi, de toute manière?

Les deux compères se consultèrent du regard: bien sûr, tout le monde ici était digne de confiance, et probablement au fait de ce qu'il s'était passé. Dogaku laissa son amie tout expliquer à leurs collègues, lui même se contentant d'apporter un ou deux détails à l'occasion.

-Aah, indiqua la seconde. Eh bien... aucune idée, je ne sais pas. J'étais au courant pour l’affaire, mais je ne sais pas ce qu'il a fait des haricots.
-Aw. Génial.
-Grunkild?, demanda Anett à un autre marin.
-Mmmh?
-Tu sais, toi, non?
-Pas le moins du monde, déclara-t-il.

Il venait de s’exprimer un aplomb considérable, en étant aussi naturel que ce qui pouvait se faire. Ce qui le rendit immédiatement suspect aux yeux de tous.

Grunkild était le magasinier attitré du navire d'Horner. Un trentenaire avec peu d'expérience maritime, grand, roux (orange, précisait-il), et affublé d'un nez désespérément long. Outre ses fonctions de marin, c'était lui qui était en charge de la sécurité des stocks, et de la tenue de l'inventaire.

Il était aussi connu pour être très bon menteur, et n'hésitait que rarement à user de son art lorsqu'il s'agissait de faciliter son quotidien. Quand il s'agissait de choses importantes, au contraire, il était aussi honnête que le sifflet d’un policier.

Vu les regards que lui lançaient les autres, il était clair pour lui que personne ne le croyait.

-C'est très important, tu sais?, continua Anett.
-Mmmh.
-Donc si tu sais quelque chose...
-Je ne pourrais rien dire. Dans l'éventualité où je saurais quelque chose, sourit-il. Et je ne sais rien, bien sûr.
-Mwarharh. Bien sûr.

Face au sourire amusé que lui jeta Sigurd, il développa.

-Informations confidentielles. Je suis tenu au silence. Sauf contrordre express du capitaine. Qui ne peut pas prononcer un mot correctement.
-Il se fout de nous?
-Calme, Nera'.

-Et de ce que j’ai cru comprendre en arrivant, mon prédécesseur a perdu son poste parce qu'il avait la langue trop bien pendue, non? Je tiens vraiment à rester à mon poste.
-Rrrrh!
-Il joue avec tes nerfs, Nera'. Je sais, ce qu’il veut.

-Mais maintenant... puisque vous je pourrais… très éventuellement… vous rassurer en vous confirmant que, oui, j’étais parfaitement au courant pour ces haricots, et que non, vous n’avez pas le moindre souci à vous faire étant donné que ces graines de haricots n’ont jamais été distribués, ni mis en culture, et encore moins consommés par quelque bétail que ce soit, ni ici, ni ailleurs. Je pourrais vous le dire, si j’avais une raison de le faire. Et si c’était vrai.
-Oui. Eh. Tu pourrais. Mais ?, grogna Roderik.
-Moiiii jeee saiiis.
-Eh bah… je sais pas. Je n’ai besoin de rien de particulier. Mais ça serait idiot de ma part de faire de l’obstruction quand il s’agit de rendre service au patron, bien sûr. Et puis, après tout, je suis un chic type. Je devrais vous le dire, ouais. Mais je ne suis pas trop sûr d’en avoir envie.
-Tu veux que je te donne envie à grands coups de pieds au cul, moi ?
-Grunkild, à quoi tu joues ?, s’étonna Anett.
-Eh bien…

Il souriait, maintenant. Grunkild regardait intensément Sigurd, qui lui renvoyait la même expression. Tous deux se sentaient parfaitement idiots, mais ne pouvaient pas s’empêcher de sourire. Les deux autres femmes, par contre, voyaient leur patience diminuer à grands bonds. Roderik, en particulier, avait empoigné la carafe, et la tenait assez fermement pour donner l’impression de vouloir la leur enfoncer dans le gosier.

Finalement, le magasinier reprit. Il adorait jouer avec les nerfs des autres, mais savait généralement ne pas pousser le bouchon trop loin.

-Peut être que si quelqu’un ici… de très, très, très bon… pouvait me donner envie de rendre service… alors j’accepterais bel et bien de vous confirmer que tout ce que je vous ai dit était bel et bien la plus stricte vérité. A moins que…
-Bon, arrête ton char et va me chercher la boîte, intervint Dogaku en rigolant. C’est bon, j’accepte, avec plaisir. Mais juste une partie, hein ?
-Euh… c’est quoi ce délire ? Vous allez faire quoi ?

Grunkild se leva, laissant Sigurd seul avec les autres pour tout leur expliquer. Il aurait ce qu’il voulait, et ne se souciait guère du reste.

-Vous allez faire quoi ?, répéta Roderik.
-Une partie d’Age of navires, voyons.
-…
-Me regarde pas comme ça, je suis sérieux.
-Ah. Désolée, j’étais encore en train d’espérer.
EH ! Tu crois qu’on a le temps pour ça !?
-Bien sûr, qu’on a le temps. Il vient de dire que y’avait pas eu de problème avec les haricots.
-Et tu le crois ?
-Parfaitement. C’est sa façon de me demander à ce qu’on fasse une partie. Il adore essayer de me pourrir, mais il préfère largement en faire tout une histoire.
-Naaaan. Pourquoi est-ce qu’il ferait tout ça pour jouer ?
-Parce que la dernière fois qu’on y a joué, je l’ai tellement explosé qu’il l’a trop mal prit. Deux fois de suite, en plus.
-C’ETAIT D’LA TRICHE !, s’exclama Grunkild depuis l’autre bout de la salle.
-C’était un cheese, précisa le blondinet sans hausser la voix. J’voulais juste essayer un truc, j’ai eu du bol.
-C’ETAIT D’LA TRICHE !
-Et il est mauvais perdant au point de nous avoir autant fait chier juste pour ça ?, continua Nerassa.
-Naaaan, l’est juste dégouté que j’ai mis fin à la carrière de son commodore avec un Bark Knight lvl 1 à 400 dorikis. C’est un RolePlayer, il est terriblement attaché à ses persos. Quand il meurt, il en crée systématiquement un nouveau, et ça lui prend des plombes… et il aime beaucoup ça… et ça l’énerve. Un peu maso, quoi.
-TU SAIS COMBIEN DE TEMPS J’AI PASSE A LUI TRAVAILLER SON HAKI TOUT EN RESTANT SUR LES BLUES !?
-Teeerrriiiibbbllleeeemmmeeeent maso’.
-‘Tain les mecs, vous êtes graves de chez grave.
C’est mort, je veux pas. Je veux rien avoir à faire dans cette histoire. Les moutons, c’était fun, mais là, c’est débile.  Faîtes ce que vous voulez. Tu dis que les haricots n’ont rien à voir ?
-Oui, répondit Grunkild en ouvrant joyeusement la boîte de jeu. J’ai stocké tout ça dans le manoir d’Althias, t’as qu’à lui passer un coup de fil pour le lui dire. Tout est dans la… salle secrète de Roi Soleil. Juste en dessous de l’alcool de contrebande.
-Ah, celle là ? Merde. J’aurais su, j’aurais vérifié.
-Euh… Althias a des salles secrètes dans son manoir ?, s’étonna Sigurd.
-Nwehehehehehehehe. T’étais pas au courant ?
-Beeen…
-Y’a pas que toi qui ignore des trucs, on dirait.

-BREF !, s’exclama Grunkild. C’est bien beau, mais on s’en cogne, de tout ça. Parce que maintenant… C’EST L’HEURE DU DUEL !!


Spoiler:
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