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Vous avez demandé les urgences, ne quittez pas.

Île du karaté, tournoi d'art martiaux

Haaaaa… C’était ma période de l’année préférée ! Le grand tournoi d’arts martiaux de l’île du karaté. Des mecs venaient de toutes les Blues pour se mettre sur la gueule dans la joie et la bonne humeur. Ca sentait la sueur et le sang ! Un vrai truc de mecs quoi ! C’était viril ! Et surtout, ça pouvait rapporter gros pour un mec comme moi. Hahaha ! Ouais, nan, j’étais pas vraiment là pour participer. J’étais pas fan des concours du style « qui a la plus grosse ? » ou des mecs bodybuildé se câlinaient entre eux et faisaient des cabrioles dans les airs. J’savais parfaitement que j’avais la plus grosse et de loin mais je ne ressentais pas le besoin de le faire savoir aux autres.

D’temps en temps, quand j’avais d’la chance, un kéké venait m’provoquer dans la rue et m’permettait de me défouler un peu, mais j’montais pas sur le ring. Matez un peu le tableau : des mecs adeptes de combat, donc en bonne santé, plutôt forts et athlétiques se rassemblaient et s’explosaient entre eux. Vous voyez pas ? Bon, j’la refais. Des mecs balèzes, donc capables d’accomplir de nombreuses tâches, et bien foutus, donc pouvant plaire à de nombreuses gonzesses fortunées, allaient s’frapper jusqu’à l’inconscience sans que j’ai rien à faire. Ca y est, ça percute ? Ouais, les tournois, c’est une mine d’or pour un vendeur d’esclaves comme moi. Des produits de super qualité offerts sur un plateau !


-S’cusez vous là ! Ouais vous ! Vous savez où c’est l’infirmerie ?
-Ouais, la grande tente blanche avec une croix rouge dessus. Pas besoin d’être Vegapunk pour le deviner.

Après l’avoir enfoncé dans l’sol d’un bon coup de poing sur le haut du crâne, je m’suis dirigé vers la tente. C’était sacrément agité. Pendant c’genre d’évènements, il y avait un nouveau blessé toutes les trente secondes environ et pas mal de blessure grave. Certains d’ces mecs étaient prêts à frôler la mort juste pour… pour une médaille ? Un trophée ? HAHAHAHA ! Quelle belle bande de cons ! Enfin, j’allais pas m’en plaindre.

Je m’tenais à côté de l’entrée et j’observais à l’intérieur. Un vrai bordel… Des mecs en blouses blanches couraient dans tous les sens, passant d’un mec inconscient à un type aux deux bras pétés. Je repérai un infirmier à la carrure imposante qui transportait les blessés les plus graves. Il transpirait à grosses gouttes et haletait comme un clébard en plein soleil. Le candidat parfait… J’attendis qu’il ne soit plus occupé avant de débouler dans la tente et l’attraper par le col.


-Vite, mon ami est gravement blessé ! J’sais pas quoi faire ! Aidez-moi ! L’temps presse !

Il a pas cherché à comprendre le gars, il s’est rué derrière moi et m’a suivi sans poser de questions. Ces types avaient l’habitude d’agir dans l’urgence. Bonne chose pour moi. A aucun moment il s’est demandé pourquoi j’avais pas amené le blessé directement à la tente. Je l’ai trimballé pendant quelques minutes à travers les rues jusqu’à ce qu’il n’y ait personne qui puisse nous voir. Là, TAC, je m’suis retourné vivement et l’ai fauché en pleine course avec mon poing métallique. Le pauvre gars a presque fait un salto arrière avant de retomber sur les pavés d’la rue. Sans perdre de temps, je l’ai retourné et dessapé avant de le foutre dans une grosse benne à ordure. Puis, j’ai renversé la benne et je l’ai poussé contre un mur. Il était pas prêt de sortir de là, le gars, hahaha !

La blouse, le masque, les gants… Après avoir galéré au moins dix minutes pour enfiler un gant par-dessus mon poing de fer, j’étais fin prêt pour aller à la pêche aux blessés. Pour l’avoir déjà fait dans le passé, j’savais que personne ne prêterait attention à l’apparition d’un mec énorme et black dans les effectifs. Ils étaient tellement débordé que même si le fantôme de Mugiwara no Luffy en personne se pointait, on lui filerait des bandages et l’enverrait bosser sans poser de questions. Et ça a pas loupé.


-Putain, qu’est ce que tu fous dehors toi ! Tu prends une pause ? Tu crois qu’on a le temps ?! Tiens, attrape ! me dit un médecin en me lançant des ciseaux et un rouleau blanc. Y a bien assez de taff pour tout le monde !

J’répondis pas et me mis à m’balader entre les geignards et les perdants. Arrêtez de vous plaindre un peu… Si vous vouliez pas perdre, fallait pas jouer les cocos ! Ou alors fallait être fort ! Il fallait que j’fasse méticuleusement mon choix. Vu la situation, j’allais pouvoir en prendre très peu. Alors pas question de m’barrer avec un estropié ou un mec qui va claquer sur le chemin. Fallait qu’il soit assez amoché pour que je le choppe mais pas trop pour pouvoir être vendu. Assez balèze pour valoir un bon prix mais pas trop pour éviter qu’il ne s’échappe en route. Et ouais, c’était un art de choisir ceux qui feront les bons esclaves !

-Trop gros… Trop moche… Trop dangereux… Pfff, lui il va claquer dans cinq minutes… Plus de jambes… Pas mal, lui je l’note… Celui-làààà… Hum non, pas assez bien membré…
-Docteur ! Aidez-le, il souffre ! Je vous en priiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !

Je me suis retrouvé nez à nez avec une femme en pleurs qui hurlait des trucs hyper aigus qui ont eu la capacité de me saouler en deux secondes et demi. En gros, son mec était pas frais. Sauf que moi, j’étais pas là pour ça. Et surtout, j’savais pas soigner du tout. Le souci, c’est que plusieurs vrais docteurs me regardaient et si j’faisais rien, j’allais me faire démasquer très vite. Je m’suis approché du gars. Il avait l’ventre complètement ouvert et l’sang coulait à foison. Son visage était comme celui d’un fantôme et il avait perdu connaissance.

-Effectivement. Il ne va pas bien.

C’était incroyable, un homme lui avait fait ça à main nu ? Les armes étaient interdites lors des tournois. Vraiment impressionnant. J’pourrais peut-être ma laisser tenter par un apprentissage un de ces quatre. Ca peut toujours être utile de connaître différentes façon d’exploser ses adversaires. Mais bon, j’verrais ça plus tard. Là, il fallait que je m’en occupe pour donner l’change. J’ai soulevé l’blessé et je l’ai jeté sur une table avant de prendre un gros pansement, de l’dérouler et de l’coller maladroitement sur l’ouverture béante. Ca collait pas très bien à cause de tout l’sang, mais en faisant plein d’fois l’tour du bonhomme, ça a fini par donner quelque chose d’à peu près présentable.

-Et voilà, il est comme neuf ! Allez, du vent, j’ai d’autres patients !

Alors qu’elle continuait à geindre en secouant son copain, j’ai repéré dans le fond un véritable trésor. L’gars était grand et à en juger par son équipement, il combattait avec ses pieds. Il avait des protège-tibias mais aucune protection au niveau des bras. Et surtout, c’était une véritable gravure de mode, du style abdos en béton, muscle travaillés au millimètre près, cheveux longs et blonds… Bref, le genre de gugusse qu’une fille de noble serait prête à payer une vraie fortune. Et surtout, il n’avait pas d’blessure visible. Les cicatrices et les grosses blessures ça faisait incroyablement chuter la valeur à l’ARGUS (Argent Réclamable pour des Gens Utiles et Soignés), l’barême de prix pour des esclaves pouvant travailler et présentant bien. Il était simplement assommé, suite à son combat perdu. Ca m’évitait une grosse partie du boulot.

Il m’restait plus qu’à trouver un moyen de l’sortir de là sans m’faire remarquer. J’ai fait rapidement le tour de toutes les raisons possibles pour qu’un docteur veuille faire sortir un patient d’la tente de soin. A moins qu’il soit guéri, il y en avait pas vraiment. Donc, il m’fallait autre chose. Une diversion ! Mais oui, s’ils étaient tous occupés, ils feraient pas attention à moi portant un mec inconscient. C’était simple. J’avais que l’embarras du choix là, pour le coup. J’ai attrapé un scalpel sur un plateau et je m’suis approché d’un mec qui pionçait. D’un coup net, j’lui ai coupé l’intérieur d’la cuisse, là où il y a la grosse veine. Ca a pas loupé ! Il s’est réveillé, a vu le sang dans son entrejambe et s’est mis à hurler.


-AU SECOURS !!! JE SAIGNE !!!
-Putain, les gars ! Il fait une hémorragie ! Vite, ramenez-vous, priorité !
-Hein ? Mais, c’est impossible, il est arrivé pour une foulure au poignet.
-Cherche pas à comprendre, bordel !

Après un p’tit temps de latence, tout le monde s’est précipité vers lui. Certains comprimaient la plaie, d’autres couraient chercher du matériel ou de quoi l’endormir. BWAHAHAHA ! Dans la confusion, j’ai choppé ma trouvaille et je l’ai balancée sur mon épaule avant de sortir discrètement de la tente. Une fois dehors, j’ai attendu d’être à une bonne dizaine de mètres avant de commencer à courir. J’ai pas pu m’empêcher d’exploser de rire une fois que j’étais bien à distance. Je les avais blousés ! Mwarf, super jeu de mot, même pas fait exprès.

En tout cas, l’Apollon sur mon épaule allait avoir une sacrée surprise à son réveil. Je venais de le foutre dans une caisse en bois, trouvée sur les docks, avec une grosse étiquette « Las Camp ». J’allais le garder chez moi le temps d’avoir un stock suffisant pour aller au marché de Saint Uréa. Nul doute qu’il serait une pièce maîtresse de mon présentoir.
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