Shimotsuki... J'en ai vu des bleds dans ma chienne de vie, mais j'dois avouer que cette île tape très fort. Le pire c'est que East blue en est plein de ces petites îles paumées où quatre clampins se disputent les trois baraques en bois qu'ils appellent village... Pffffff.... marre de cette mer. Cette fois-ci j'ai eu droit d'être envoyé dans ce petit trou où tous s'imaginent bretteurs. Des dojos à foison, des morveux s'amusant à tous les coins de rue avec des bokkens, et malgré tout ça il flotte dans l'air cette horripilante odeur de naïveté et d'insouciance, Pouat !
C'est donc avec une certaine once d'ennuis et d'exaspération que je relis une nouvelle fois le rapport que l'on vient de me confier à mon arrivée, rapport qui est sensé me révéler les raisons de ma présence à ces lieux. Résumons... Trois pirates bretteurs ont débarqué ici hier, défiant le maître du Dojo. Après un combat aussi court que pitoyable celui-ci s'est fait mettre hors de combat sans soucis, laissant les pirates maîtres des lieux. Furieux, les voilà qui prennent en otage une douzaine de jeunes élèves, demandant en rançon des adversaires de valeur. Voilà qui est original comme demande ! Comme quoi je n'aurais pas affaire à des marins cupides, mais bel et bien à des guerriers en soif de défis et de provocation. Bien bien bien...
« Des bretteurs confirmés »... Voilà les termes exacts de nos preneurs d'otages. Autant vous dire que dans le coin, c'est pas parmi les grouillots des bases de la marine que vous allez en trouver. Alors forcement on fait appel à qui ? A bibi j'vous l'fais pas dire ! Et pourtant ch'uis pas plus bretteur que livreur de sushi... Bon, ch'uis pas vraiment tout seul non plus, j'avoue. Connaissant ma capacité à dénouer les prises d'otage avec subtilité, l'amirauté m'a adjoint un nouvel officier talentueux selon leurs propres dires. Travailler en duo ne m'a jamais vraiment plu, mais j'dois bien dire que pour le peu que jl'ai vu ce partenaire la devrait faire l'affaire. Durant les quelques minutes de briefing où j'ai pu le juger, j'ai décelé sous ses airs nonchalants une certaine vivacité d'esprit et de caractère me laissant penser qu'il est loin des incompétents dont je suis souvent affublé. De toute façon, pour ce que je compte lui parler huhuhu.
Pour en revenir à la situation épineuse à laquelle nous avons affaire, le plan est simple. Réfugiés dans la cour du dojo principal, nos trois bretteurs attendent patiemment la venu de leurs adversaires. Nous nous sommes mis d'accord avec le dénommé Alheïri que celui-ci ferait le tour pour délivrer les enfants pendant que je ferai diversion au grand jour. Une fois débarrassés des marmots, nous aurons tout le plaisir de faire mordre la poussière à ces pirates impudents. Voilà pour la théorie. Reste un détail... Il va falloir que je me fasse passer pour un bretteur...
C'est donc dans un grand kimono noir et or que je m'habille, mettant de côté mon uniforme habituel pour mon plus grand déplaisir. Le crâne fraîchement rasé pour l'occasion et un katana prêté à la ceinture, j'ai tout l'air d'un bretteur pure souche. Putain, j'me sens ridicule là dedans moi... et j'ai pas l'habitude d'avoir tant de tissu qui flotte partout... sans parler de l'encombrant sabre qui me fouette la cuisse... Galère.
Rehaussant une dernière fois le col de ma tenue, je me redresse fièrement avant de me diriger à grand pas vers le dojo. Un silence de mort m'accompagne tandis que je passe un à un devant les bâtiments désertés de l'établissement. La tension y est palpable... oppressante, sirupeuse comme de la poix... elle grandit clairement au fur et à mesure que je monte les marches du Dojo du maître. Les trois loustics qui se trouvent dedans doivent avoir un sacré niveau pour laisser cette impression malgré la distance. On ne va peut-être pas s'ennuyer après tout héhéhé.
D'un revers de main je dégage d'un mouvement brusque les battants de la porte en papier huilé, m'offrant le spectacle de nos adversaires. Deux d'entre eux sont occupés à surveiller la douzaine d'enfants rassemblés à genoux au centre d'un charmante cour ensoleillée. A leur attitude je sais clairement qu'ils ne sont ni surpris ni inquiétés par mon arrivée, des vrais guerriers calmes et sûrs d'eux. Le troisième reste nonchalamment assis sur les tuiles d'un toit proche, un superbe katana posé sur ses genoux. Pfuiii... si les deux premiers ont l'air de durs, celui-ci là laisse clairement l'impression qu'il a dépassé ce stade depuis longtemps. Un foutu regard de rapace, un sourire inquiétant au coin des lèvres, il semble déjà savourer ma mort future.
M'arrêtant sous le préau de l'école, je toise en silence mes adversaires, gagnant de précieuses secondes pour que mon acolyte se mette en position. Quelques pétales de cerisiers flottant dans les airs entre nous font monter un peu plus l'ambiance zen des lieux, contrastant avec la fureur des évènements qui vont se produire dans peu de temps. Sentant qu'on attendait un peu plus de ma part je lance un défi plein d'audace aux trois hommes. Sur-joué, mon discours aura plus de chance de capté leur attention.
« Messieurs. Mon nom est Jito-san. Je suis venu ici pour répondre au défi que vous avez lancé à mon île.
S'il vous plait, choisissez le premier d'entre vous qui tombera sous ma lame. »
Une fois ceci dit, je m'incline respectueusement, singeant au mieux cet étrange salut dont les autochtones m'ont gratifié à mon arrivée. Cette attitude ainsi que le ton employé laisse à deviner suffisamment de confiance en soi pour intriguer mes opposants, mais pas suffisamment pour qu'ils ne prennent ma menace vraiment au sérieux. Car s'il leurs venait l'idée intelligente de me tomber dessus à trois contre un je douterais fort de mes chances, surtout un sabre à la main. Mais pas la peine de se tracasser pour autant, jusqu'ici le plan se déroule bien. En effet, l'homme assis pousse un petit ricanement devant ma fanfaronnade, avant de lancer à un de ses acolytes un signe de tête éloquent. « Occupe-toi de lui » semble-t-il lui dire.
Le deuxième homme se détache donc des otages pour venir à ma rencontre, glissant sur le gravier du jardin zen tandis que la lame de son sabre scintille hors de son fourreau. Son visage est serein, il ne doute ni de ses chances de gagner, ni du plaisir qu'il va tirer de notre combat. L'affrontement est alors imminent... Je me dis alors qu'il est grand temps de se souvenir des cours de sabre qu'on m'avait obligé à suivre lors de mon incorporation dans la marine... Oui, c'est le moment ou jamais...
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Dernière édition par Toji Arashibourei le Mar 15 Mar 2011 - 13:31, édité 1 fois