Le chapeau bleu.

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Île en vue !

Combien de nuits blanches à compter les étoiles, j'ai rêvé de pouvoir crier cette phrase après notre départ de Little Garden. Des dizaines de nuits et c'est les joues creusés, la barbe mal rasée que je m'avance à vive allure vers le filet de pêche que nous avons installé avec Luka. Des jours durant à attendre une prise, mais rien de bon pour nos estomacs. Nos rations étaient insuffisantes pour deux, je me suis délaissé de mon envie de vivre pour permettre à la petite de manger à sa faim. Et mon excitation est toute grande, je m'approche férocement pour remonter la ligne. Autant sauter la ligne avec tant de brutalité.

Une claque du destin quand je remarque enfin un homme, moustache bleu, chapeau de paille... Pris de stupéfaction, pris d'une colère dont je ne connais pas la source. Sûrement la faim...

Et soudain, le repêché recrache toute la tasse que la bonne mer lui a donné. Yeux écarquillés vers ma carrure d'homme à moitié mort par le voyage... Il se met à trembler comme une feuille morte et il s'éloigne...

- Mizukawa B. Sutero...

Avant quoi !

SALOPERIE DE MER ! OU SALOPERIE DE FRUIT DU DÉMON ! Elle a sucré mon énergie, je me suis senti m'en aller vers la lumière noire de Victor. Sérieux... Comment se fait-il que je revis ? La capacité retour à la vie... Criant de vérité, ses mains en fer forgés me parlent comme Oswald colérique m'a déjà parlé... C'est la même voix que Dark qui flotte comme un pavillon noir à la surface de Mizukawa.

Sa lame crie son nom avec fierté. Et je me mets à trembler, genoux sur le plancher...

- Oliver Queen ?

Nous n'avons pas besoin de se parler pour se comprendre, nous nous connaissons comme les doigts de la main. Tu es la voix sinistrée et je suis la voix sinistrée. Nous savons qu'à cette rencontre, il n'y en aura plus qu'un à la fin. C'est toi ou moi...

Je sors mon katana de son fourreau, je lève le glaive de la justice absolue. Et mon bras gauche prend du volume ainsi que ma barbe bleue... Des plumes de couleur or et argent poussent comme des ailes de mouette.

Je ne veux pas être le DCD !

T'es bien courageux de vouloir attaquer un homme affamé. Je te laisse courir vers moi avec cette force qui change ta personnalité. Je te laisse chanter du Queen qui t'aveugle avec une haine invisible. Tu me vois et je n'ai pas besoin de me cacher... Quand t'essaies de trancher ma main morte, tu bloques et ton sabre se brise sous la vue d'une main noire qui broie le fer, de ce glaive de la justice absolue.

J'ai tué Barbe Rousse et te voilà enfin sous ton vrai nom, le mort-vivant... Wakam le bleu ! Tu portes la honte de la piraterie sur ta tête... Ton enthousiasme est mort, ton humour décalé n'est plus qu'un squelette historique qui a perdu Smile !

Pourquoi t'as laissé le sourire du monde seul ? T'as été égoïste dans ta conquête du monde ! Tu veux qu'on te le pardonne en te donnant la mort ou t'es juste idiot ? Mais c'est trop tard, jeune jumper... Tu as trébuché dans les escaliers de la bibliothèque, tu as accepté une famille qui n'est pas la tienne, tu as joué à l'orphelin et tu as renié ta source...

- Tu es un Paladin.

Et les paladins tuent les jumpers.

Mais crois-moi cher fantôme irréel de mon esprit troublé. Crois-moi, je suis à fleur de pot, les genoux à terre... Affamé comme je le disais... J'ai qu'une crampe à l'estomac qui me fait remonter mon unique peur... L'unique. Celle de voir Luka mourir par ma faute... Voir la lumière s'éteindre de ses yeux et s'en aller vers ce ciel si immense et si majestueux... Je dis bien si, car peu de personne ne le remarque...

Mon attachement vers mon unique famille. Ma belle et douce, je t'ai menti pour te protéger. Je t'ai menti pour te protéger et me voilà à l'agonie, dans un mirage, dans mon cauchemars, je vois presque le bout du tunnel à force et pourtant cette île du nom de Jaya est bien là.

J'ai bien peur de ne pas avoir assez de force pour continuer.
Peu de temps pour expliquer...

Ma patience est ma vertu la plus affinée,
Au point où elle a surpassé celle du monde...

Ma luka, cette lettre s'adresse à toi.
Ma luka, tu n'es pas sans famille. Je serais toujours là à tes côtés, toujours et à jamais. J'escaladerai les plus hautes montagnes où le vent glacial m'emmène loin dans ce silence où ma parole est mise à rude épreuve. Mais je tiendrai toujours ses promesses... Toujours et même chaque jour que L'unique conçoit... Je réalise à quel point ce monde est vaste.

CE MONDE EST VASTE.

Et quand je revois le filet de pêche dans ces derniers instants où je pense à toi. La dernière chose à laquelle j'ai pensé, la dernière, vois-tu... Lis-tu... Je me revois pris au piège sans nul homme avec un chapeau, une moustache ou quoi que ce soit d'autres... Comme un moment de déjà vu sous une autre forme... Pris au piège dans le filet de ma paranoia.

Je m'accepte comme tu m'as accepté.
Je m'aime comme tu m'as aimé.
Je me chéris comme tu m'as chéris.
Je me suis comme tu m'as suivi.

Et voilà ce que je dis à mon âme soeur, à mon ennemi, à ma nemesis... Vous pouvez me laisser mourir... J'honore la volonté de celle que vous avez laissé sur le bas côté. A toi Luka, je t'ai pris sous mon aile, car ta sensibilité m'a touché. Nous nous sommes compris et dés lors cet instant, j'ai su.

Que nous étions,
Frères et sœurs
D'une même famille.

Des orphelins à la recherche d'un équipage.
Et crois-moi, je le trouverai et je m'abandonnerai à la raison.
Pour la gloire de la piraterie !