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Distraction pour Hommes Dangereux

Conduire une embarcation à deux, c'est pas évident, quand elle requiert au moins cinq fois plus de matelots pour se déplacer convenablement sur les flots. Surtout quand on a aucune notion dans le domaine nautique. Force est d'admettre, cogner l'intégralité de l'équipage du pauvre Tuckson était pas la plus fine idée de la journée. Jm'en rends compte, maintenant. On a beau faire jouer nos muscles, se démener à hisser les voiles, à tenter de se placer dans le vent, le résultat est pas franchement probant. Notre bateau se meut péniblement, désespérément lentement et voit passer au loin ses homologues, lesquels arborent le pavillon noir. Raison de plus pour pester, on manque encore une bonne occasion de mettre le grappin sur un primé. Ça fait jamais plaisir de louper un combat, particulièrement lorsque l'on sait le caractère nauséabond de ceux que l'on voulait se charger de corriger. L'aléatoire fait office de loi ici, difficile de deviner quand se présentera la prochaine occasion de damer le pion à l'un de ces fous qui sillonnent l'échiquier de Grand Line.

Conscience professionnelle oblige, je me suis assuré qu'il n'y avait pas un lascar ou deux qui feignaient l'étourdissement dans le lot et donc susceptibles de nous aider de gré ou de force, en alignant une nouvelle paire de beignes à tous. Ce n'était pas le cas. Ou du moins, si ça l'était, plus maintenant. Nous sommes aux commandes d'un navire démesurément trop difficile à manœuvrer pour deux seuls hommes, avec à bord une bonne tonne de poids mort. On pourrait envisager de les jeter par dessus bord, manière de se délester et de faire remonter la ligne de flottaison. Ce serait même une bonne idée à mettre immédiatement en application si ça pouvait s'avérer utile. Les monstres marins se fichent pas mal de croquer de la viande immorale, les péchés n'ont pas de goût; et ces types l'auraient bien mérité. Seulement, ça ne changerait rien d'agir ainsi puisqu'on ne sait pas vraiment faire avancer ce tas de planches, de cordages et de tissus.

On en grogne de dépit, c'est pas l'envie qui manquait de lancer la grande dégustation après en avoir fini avec cette introduction frugale. Mais il faut se rendre à la raison; on n'abordera pas l'ombre d'un navire à s'entêter. Le collègue a dû se faire à peu près le même constat, on met le cap sur le port d'un commun accord, à petit rythme, en silence. On pourrait parler mais voir une si belle opportunité nous passer sous le nez favorise pas trop la discussion. Déjà que, sans ça, on est pas les plus bavards. Mais, dans tout malheur, on trouve un lot de consolation. À débarquer avec un équipage entier de pirates anesthésiés à la manière forte, on va attirer l'attention de certains. Y'aura ptetre même un fou ou deux pour nous défier, à grand coup de, j'aime pas trop ça, votre gueule me revient pas, ou autre. Et on aura peut-être même la chance d'enfin se faire un peu de blé dans l'affaire. Ou, de trouver des volontaires pour embarquer avec nous, vers la destination qui leur plaira, à la simple condition qu'ils soient honnêtes, volontaires, forts, débrouillards et peu bavards.

L'amarrage se passe sans embûche, même si on nous mire curieusement, ne voir qu'un gars à la proue et un autre à la poupe de ce sacré bestiau des mers, ça laisse perplexe. Un espèce de contremaitre autoproclamé nous demande d'une voix de crècerelle si on a besoin d'être placés en quarantaine pour raison sanitaire. Je lui dis qu'il risque de morfler s'il m'emmerde, mais que ça aura rien à voir avec une épidémie. Il répond que c'est pas juste, que personne ne le prend au sérieux et se barre, bougon, sous les railleries des badauds. Un vieux loup-de-mer s'approche au bord de la ligne du quai, place ses mains en guise de porte-voix.


Vous transportez quoi ?
Des porcs.
Les gars, une bière à chacun de ceux qui aident à décharger la cargaison.


J'pourrais dire non, mais j'ai pas le temps. La nouvelle est accueillie à grand coup de Yeepeh, et autre, et on approche déjà. Très bien, si vous y tenez. On a rassemblé tous les gars avec leur capitaine dans un filet de pêche taille XL avant d'accoster, on est pas trop de deux pour pousser le monticule humain par dessus pont. Nos petits porcinet s'écrasent dans un bruit bien sourd au sol, manquent d'écraser certains dockers venus prêter main forte. Je saute, atterris au sommet du tas de pirates ficelés.

Voilà.

Ça plombe un peu l'ambiance. Ça chuchote dur dans l'assistance. Un gars approche, me demande ce qu'ils avaient fait de mal. Ils avaient choisi la voie de la piraterie, que jlui explique, sérieux. Là, c'est carrément un malaise général. La nuisance sonore repart de plus belle, c'est irritant.

Silence. J'ai une annonce. Si vous voulez vous prendre la mer, on a de la place à bord.

Oui, on ne compte pas s'attarder ici, malgré tout. Autant en profiter pour recruter deux-trois gars qui tiennent la route jusqu'à la prochaine île. Seulement, le contexte de notre arrivée met pas grand monde en confiance, ou dans les bonnes conditions. Un vieux boucanier grommelle, me pose une question.

Y'a de la place, oui. Mais pour qui ?
Pour tout le monde. Les gars sans histoire, vous ferez ce que bon vous semblera. Marines et autres incapables, vous pourrez récurer les fonds de cale. Pirates ... vous moisirez en cellule.


Et je souris. Enfin, je crois, mais manifestement, ce n'est pas ça sourire, parce que plus d'un gars le prennent mal. Ça gueule. Ça me demande de m'approcher, si je suis un homme. Un plus gros que les autres, sale blondin hirsute avec une hache, dit qu'il va me faire taire, piquer mon navire et monter son équipage. Charmant programme.

Alors, les gars, vous êtes avec moi ?
Ouaaais !!
Allons-y, en av...


Drak. Drak.

Une première droite, à la verticale pure, en plein vol. Elle vient atterrir au niveau de sa mâchoire, lui fend la bouche en deux. Puis une deuxième, sale, basse, qui vient sonner le foie. Et le brailleur crache déjà sa bile. Il s'écroule de tout son poids dans un inaudible hiatus, vient piquer du nez sur mes grolles. Ça fait gloup, ça ravale sa salive dans l'assemblée. Y'a plus que les insectes pour voleter gaiment autour de ces gars qui proposent sans doute la fragrance favorite des mouches à merde.

Ok. L'offre tient toujours. Vous voulez le navire ? Venez le prendre.

Moment de silence. Puis un tonnerre de cris. C'est la générale. Enfin une bonne nouvelle aujourd'hui.
    N’ayant jamais eu de navire, Gai se baladait au gré des rencontres qu’il pouvait faire sur son chemin. Jusque là, il ne s’en était pas trop mal sorti dans son rôle de chasseur de prime. Bien sûr, il en avait bavé. Les ennemis d’un côté et de l’autre la rentrée d’argent pour pouvoir manger. Ce métier n’était vraiment pas fait pour les premiers venus. Il aurait certainement pu y passer plus d’une fois sans un petit peu de chance. Mais bon, c’était le seul métier qui lui plaisait vraiment alors pourquoi changer ?
    Il se baladait d’îles en îles grâce à de sympathiques personnes sinon, il devait se faufiler à l’intérieur d’un navire et voir par la suite. A de nombreuses reprises, il avait échappé au grand saut en inventant n’importe quoi comme le fait de vouloir rejoindre l’équipage ou accusé un membre de l’avoir kidnappé. Mais bon au final ça roulait. Ayant pu visiter un petit nombre de lieux par rapport à la grandeur de l’océan, Gai était plutôt heureux de vivre cette vie. Même si une rentrée pécuniaire mensuelle serait la bienvenue. Un petit magasin ferait l’affaire du moment qu’il y a un profit même minime soit-il, ce ne serait pas négligeable.

    Tout se déroulait pas trop mal jusqu’au jour où il se cacha dans les cales d’un navire pirate à Loguetown. Le voyage s’était relativement bien passé et personne ne l’avait encore repéré. En effet, il avait entendu dire que ce capitaine était assez sévère sur l’abus d’alcool, et c’était donc naturellement caché dans la réserve d’alcool en crochetant la serrure. Jusqu’au moment où les bruits habituels de pas, cris et blagues moisies cessèrent pour ne laisser que le son des vagues clapant contre la coque. Intrigué, Tao sorti de son abri et commença avancer en silence. Une fois arrivé sur le pont, il regarda le paysage et découvrit Reverse Montain. L’océan remontait à travers une montagne, les lois de la gravité étaient complètement démenties. Le bateau s’engagea entre les parois ce qui obligea le capitaine à garder provisoirement l’intrus dans son équipage. Passer ce pic est un choc émotionnel sans précédent.

    Une fois accosté à ce qui pouvait s’apparenter le plus à un port, Gai eut quelques soucis avec l’équipage qui ne voulait pas le laisser partir. Après avoir assené une droite dans la mâchoire d’un membre de l’équipage, Gai profita du cours instant de surprise pour se faufiler un passage, en jouant des coudes, entre deux pirates. Cette manœuvre lui permit de sauter hors du bateau et d’enfin poser le pied sur le plancher des vaches avant de s’enfuir. Quelques pirates eurent le réflexe de le prendre en chasse. Mais à la première interception, il enfila son sweet noir par-dessus son petit sac, mis ses lunettes et sa capuches. Puis s’assis s’allongea par terre comme si on venait de le bousculer. Un petit groupe de 3 passèrent par la ruelle tandis qu’un autre groupe de 3 continua tout droit. Peut être voulaient-ils l’encercler ? Une lueur de génie chez l’un des pirates ? Qui sait ?
    Lorsque les pirates arrivèrent à son niveau, il se mit à grogner de douleur et indiqua la direction prise par le fugitif. Le groupe passa et continua son chemin. Sauf le dernier du trio qui s’arrêta au bout de la petite rue avant de faire demi-tour vers la position de Gai.


    -Hey toi, fait voir ton visage!

    Gai se releva doucement en posant une main sur son torse. Le pirate examina quelques secondes l’homme qui se tenait devant lui et compris aisément la supercherie mis en place. Seulement, il eut le mauvais réflexe de prendre un air surpris. La main de Gai donna un violent coup sur la pomme d’Adam du pirate qui étrangla un cri d’alerte. Et s’effondra lorsque les premières phalanges de Gai s’écrasèrent sous son menton. Ce dernier rebroussa chemin en remettant sa capuche et tourna par là où il était venu. Le reste de l’équipage repliait la grande voile lorsque Tao passa devant. Au loin un groupe s’arrondissait tout en grossissant. Il y avait un nombre conséquent de personnes et principalement des pirates donc des primes. Tout avait l’air de ne pas trop dégénérer jusqu’au moment où pour une raison quelconque, tout le monde se projeta vers l’emplacement d’un bateau et plus précisément sur deux personnes et une plus que l’autre. Il avait du les énerver mais dans l’assurance qu’il avait face à cette vague d’adversaire, il devait quand même être assez fort pour penser pouvoir les battre.

    Gai continua d’approcher du groupe pour mieux observer mais fût prit dans la baston lorsqu’un pirate faillit s’écraser sur lui. Quand l’homme se releva, il pensa surement que c’était Gai qui l’avait fait tomber et l’attaqua. Esquivant les premières attaques de sont adversaire, il s’enfonça dans encore plus profondément dans la foule pour tout d’abord semer son adversaire, qui devait être à moitié sonné, et s’approcher du duo. S’il avait une chance de s’en tirer s’était avec ces deux là. En effet, l’équipage pirate se ramenait vers la baston et ils le trouveraient rapidement. Mais cela, il ne le savait pas.

    Le premier ennemi était surement tombé sur quelqu’un d’autre et ne le suivait plus. Par contre, Gai se prit quelques coups. Comme, par exemple, un gars qui quitte son combat, pendant que notre jeune chasseur de prime contourne la scène, pour venir lui assener un chasser foudroyant l’envoyant rouler sur le sol. Se relevant plus loin pour se mêler une fois pour toute à l’action. Les adversaires n’étaient pas tous mauvais. Certains réussirent à porter plusieurs attaques avec succès. Une chance encore qu’il n’a pas croisé d’hommes armés. Il y en avait c’est sur en ce moment même Gai en voyait. Mais ils ne semblaient pas être inquiétaient par Le chasseur.

    Au bout d’un moment, il ne restait plus grand monde et le peu qui tenait encore debout hésité à attaquer le duo. Ils avaient à eux deux démontés les 85% de la foule contre 10% pour des attaques entre pirates et 3% Gai. Bon bah maintenant fallait voir si… Mais un cri se fit entendre. L’équipage, ne s’était pas mêlé au combat et remarqua leur cible de l’autre côté de l’hécatombe. Ils étaient une bonne vingtaine. Les plus hargneux c’étaient joints aux premiers lorsqu’ils avaient découverts leur pote assommer dans la ruelle. Bon, il fallait trouver un truc et vite.


    -Hey, le duo ! Avoir un bateau aussi grand ça doit pas être pratique à deux. Si vous recrutez je suis là. A moins que votre équipage soit autre part.

    Gai regarda le groupe de pirate et se roula au sol sous un gars complètement assommer pour éviter les tirs de trois hommes. Bon la distance entre eux et lui étant assez importante, un seul toucha le corps de l’homme qui se réveilla en criant. Gai se relevant remarqua que cinq hommes s’étaient dangereusement rapprochés.

    -Pouvez-vous m’aider s’il vous plait ? J’avoue être dans un sacré merdier.

    Les premiers hommes arrivèrent sur Gai, qui ne bougea pas. Attendant leur attaque jusqu’au dernier moment. Il fouillait dans une poche de son sac pour trouver quelques aiguilles, ça pourrait être pratique. Un premier coup arriva, un direct facilement évitable. Tao en profita pour assener un gauche à son adversaire ainsi qu’un violent coup dans les côtes. L’homme posa un genou au sol laissant à Tao le temps de lui assener une dernière attaque avant le sommeil obligatoire de ces moments.

    Les autres hommes hésitèrent une seconde mais attaquèrent quand même. Le plus dur arrivait et il n’avait pas réussi à trouver ses aiguilles. Depuis le début, il fouillait dans la mauvaise poche. Il se sentait con vu le peu de chose qu’il possédait réellement. Bref, une situation pas facile sauf si les deux inconnus accepte son offre. Il allait vraiment s’engager pour sauver sa peau ne sachant rien sur eux. C’était peut être et surement des pirates. Enfin bon, du moment qu’il s’en sortait. Contre le mort la plupart des décisions semblent meilleures.

      La chasse promettait d’être bonne. Pourtant, à bien mal acquis ne profite jamais, et à force de s’coltiner du pirate la vague nous est retombée sur la proue. Les courants et le vent en sens inverse, beaucoup plus puissant que nos bras et nos geulantes, nous éloignaient inexorablement du festin. Chienne de vie ! On aurait dû en garder deux trois valide, les plus jeunes et le patriarche … Seulement l’euphorie du combat, l’excitation des corps et du sang … Tout ça nous avait complètement aveuglés. Je prenais la décision de ne plus jamais me laisser dominer par nos instincts, bien que la présence de Trinita ne faisait que ressortir l’animal dangereux qui habitait mon corps.

      On rentre penaud. Le drapeau en berne et le morale en poupe quoi. Pas de taille pour ce gibier ? Nos crocs trop usés s’émoussant sur la coque de leur navire effilé et majestueux ? Rien de tout ça. J’ai la rage. On a été impuissants, à les regarder passer au loin sans pouvoir les atteindre. On reste silencieux, mais chacun de nous sait ce que l’autre à en tête ; On les aura à la prochaine île. Le chasseur apprends de ses erreurs et se prépare toujours en conséquence. Pas de repos pour le brave non plus. A peine le bateau à quai que des petits fouineurs nous prennent à parti. J’ai toujours eu horreur des fouines, pas vrais kiki ? On pousse par dessus bords notre cargaison, et la scène comment à s’agiter … Les rats se rassemblent pour envahir le navire.
      Sauf que Trinita s’en occupe très bien et que tout un tas de questions m’viennent à l’esprit maintenant ; Qui est le patron de Tukson ? Si j’avais pensé qu’il cachait son potentiel pour nous tromper, cette théorie était maintenant invalidé. Comment mettre un pareil cul de jatte aux commandes d’une cargaison aussi sensible ? Je décide d’aller tirer sa au clair avec l’infâme blondinet.
      Il est enfermé dans la cabine, à contrario de nos amis les figurants. J’entre et son regard apeuré donne pitié. Sauf que j’ai jamais été très sensible à l’apitoiement des crevards et des assassins. Pas de chance pour toi bonhomme, pour annoncer la donne j’te fous une claque à t’en retourner le cerveau.

      - A chaque fois que tu me mentiras, j’te frapperais.

      Et de plus en plus fort, mais ça j’ai pas besoin de te l’préciser… J’retire le bâillon à notre hôte et éteins se jérémiades avec un aller-retour bien sentie. J’lui pose les questions rituels : Pour qui tu travaille ? Elle devait aller ou cette cargaison ? Bref, j’lui en ressers pour sa dose de douleur et de souffrance, mais l’agitation dehors m’pousse à prendre l’air ; Sa lui donnera le temps de réfléchir.

      L’altercation a dégénérée en véritable baston générale. Toujours planté à l’entrée du navire, Trinita en bloque l’accès comme un mur. Un mur beaucoup trop haut pour ce ramassis d’vautours. Il leur brise les ailes, et pourtant ils continuent de croasser. Foutus piafs. J’entre dans la partie quand une attaque en traite aurait du surprendre le loup solitaire. Avortée dans l’œuf par ma charge, le coup de poignard, le poignard et son propriétaire s’envolent ; pas bien résistant la marchandise du coin. J’avais oublié que le cochon s’était de la viande sensible. S’écrasant contre la coque, le fourbesque marins se réceptionne les dents en avant contre le quais avant de couler. Tant mieux, un assassin de moins sur cette île lui fera pas d’mal.
      La mêlée se densifie, et une anomalie se glisse dans l’équation. Plus on en frappe, et plus il en arrive. Je joue des pieds et des coudes pour déblayer le pas d’notre porte, mais un vent mesquin nous pousse des ordures sans discontinuer. Je recule sous la masse, rejoignant Trinita près des feux d’la rampe qu’il allume avec ses poings. Nos chaires rougissent du sang des pêcheurs et des pirates. De nos propre blessures jaillit aussi le précieux spiritueux bordeaux. J’continue de vendanger néanmoins, utilisant tout ce qui à pourrait y être utile ; Mon merlin est resté bien sagement sur le pont. Pas besoin de créer la panique sur le Cap. Juste de réveiller les consciences en agitant le bocal. Que les gros poissons regardent bien tout ce petit monde frétiller. Regardez nous bien, votre tour arrive.

      -Hey, le duo ! Avoir un bateau aussi grand ça doit pas être pratique à deux. Si vous recrutez je suis là. A moins que votre équipage soit autre part.

      Une voix sorti de nulle part interrompt notre ballet sanglant. Encore un petit blond, faut croire que c’est une véritable invasion. Sauf que celui là à pas l’air si méchant, et plutôt en difficulté. Encore une bande de minable s’attaquant à un individu seul et sans défense. Rah.

      -Pouvez-vous m’aider s’il vous plait ? J’avoue être dans un sacré merdier.

      Tu l’as dis, bouffi ! Et on est les spécialistes de la vidange maison. Tu as frappé à la bonne porte, peut-être en connaissance de cause, ou alors totalement au hasard. Tu l’savais pas avant, mais maintenant on s’occupe de tout.
      Le gros des troupes pirates charge la nouvelle recrue. J’sais pas si on te l’a déjà dit, mais j’bosse pas gratis. Tu vas devoir rembourser cette dette, et dans notre situation on va pas chipoter ton paiement. Ton sang et ta sueur nos appartiennent maintenant.

      - Très bien gamin, soit prêt à embarquer dès maintenant … Tu fais partie d’notre petite entreprise de démolition ! Et tout ceux qui s’attaque à l’un d’entre nous …

      Je souffle un bon coup en regardant Trinita. La manœuvre est risqué et j’ai jamais été bon tireur. Pas grave, quand il s’agit d’envoyer sur la lune des criminels, personne m’arrive à la cheville. J’me tiens devant le produit d’notre pêche, un gros filet dans lequel s’entassent et s’emmêlent des corps inconscients aux mœurs douteuses. Il y’a quatre pas d’élan. Tir en ligne droite. Pas d’obstacle. Risque de dommage collatéraux : Nuls.
      Quatre pas. Pour libérer toute ma rage. Pour faire rugir touts mes muscles, toute ma force. Je concentre mes cent kilos en une seule pointe de mon pied. Trois, deux … un … Contact. Ma géta rencontre un corps, puis deux, puis trois. RAAAAH. Le monticule s’éleve à un mètre du sol en une parabole très légère. Pour retomber directement sur la tronche des pirates : Les méchants drills volent comme des quilles. J’ai toujours aimé les jeux de boules. Blague à part c’est ce qu’on appelle déplacer des montagnes non ?

      - S’attaquent à nous tous.

      Je regarde le restant du groupe de mécréants avec mes gros yeux. Est-ce qu’il vont continuer à honorer leur pavillon ou bien comprendre que toute résistance est inutile ?
        Bien évidemment, ils n'ont pas pu se retenir de charger. Pourquoi les idiots n'écoutent jamais ? C'est pourtant pas sorcier de faire preuve d'un peu de bon sens. Quand on voit un mec violent exécuter une démonstration pour rappeler qu'il rigole pas, on s'écrase. C'est tout. On s'excuse et on range son foutu orgueil dans sa poche. On essuie l'averse en espérant que le beau temps reviendra très vite. Mais non, il faut toujours que ça dégénère. L'instinct de survie de ces gars-là est enterré sous une couche de connerie et d'alcool telle que l'avertissement n'a pas dissuadé un seul des grouillots de venir se frotter à moi. À nous, même, le collègue sort sans tarder de la cale quand les joyeusetés commencent. Ils allaient manger une foutue leçon, j'étais déjà de trop pour eux à moi seul; avec lui en prime, ça va tourner à la correction. On est le conseil de discipline, on va corriger les cancres turbulents et rendre une copie teintée de rouge.

        J'ai même pas besoin de me déplacer, la masse grouillante vient à moi. Ils me prennent au pied de la lettre, tentent un assaut désordonné sur le bateau. Notre bateau. La vague déferle et vient s'écraser sur moi, y'a comme un phénomène de ressac qui s'lance. J'suis un roc. Je les déchire. L'écume est vermeil et les mouettes haut dans le ciel guettent déjà dans la houle certaines sardines comme leur futur repas. Oui, le banc entier est prisonnier maintenant, le rapport de force m'attribue l'étiquette du chasseur. Jme lance dans le tas, fend la masse et la divise en sous groupe pour mieux fondre sur eux. Y'a bien quelques signes de rébellion, mais j'suis du genre implacable quand je m'y mets, et j'mate les plus belliqueux pour affirmer ma supériorité sur l'ensemble. Elle est indiscutable, totale, on met tout le monde d'accord au gré des coups.

        Dans le lot, y'a un phénomène qui se démarque pourtant. Pas qu'il soit apte à nous renverser, non. Mais il choisit de se rallier au marteau plutôt qu'au clou. Au moins un qui sait se servir de sa tête. Un petit blondinet filiforme, du genre à se battre tout en gymnastique, avec un cure-dent et un petit joujou à détonation planqué dans sa botte comme seules armes. Pourquoi les blonds sont toujours musclés fins et à se croire plus intelligent que la moyenne ? Jlui demanderai plus tard, il saura peut-être quoi répondre. En attendant, celui-là, il a au moins sa dose de lucidité, je le lui accorde. Le catcheur est l'atout empathie sociale du duo, je le laisse se charger de lui répondre ce qui lui chante, parce que globalement, je m'en fous. Faire la conversation, c'est pas exactement mon crédo, et me pencher au chevet du premier jérémieur venu non plus. Il lui dit que ça marche, qu'on va se charger d'éclaircir le paysage pour lui et envoie un shoot mémorable dans notre balle de prisonniers géante pour célébrer ça. Pas très artistique mais efficace. Le blondinet a l'air soulagé. Pourquoi pas. De toute façon, il faut embaucher, on l'a dit.

        En face, on hésite sévèrement. On atteint le point épiphanie. Faut tomber sur plus fort que soi pour se relever, il parait. Dans leur cas précis, c'est en boitant bas et la gueule fendue, mais c'est encore pas trop tard. Ils ont l'air de se concerter du regard, un genre de sourd referendum dont on attend d'avoir le délibéré. Jles aide à se décider, je suis pas un grand adepte de la démocratie. C'est un coup à laisser une grande gueule avec un avis plus con que le tien avoir raison juste parce qu'il a ouvert son claque-merde plus grand.


        Vous avez entendu le monsieur ? Si vous revenez à la charge, on vous démolit. Définitivement.

        Voilà, là, ça met les choses au clair. Les gens font gloup et fondent en excuses. La foule se disperse, jme retourne vers le gamin. M'approche silencieux, lui tourne autour. Mouais. Une furieuse envie de lui en coller une pour voir de quel bois il est fait me démange, mais jme retiens. Au lieu de ça, jle toise, regard noir.

        Ne supplie jamais pour de l'aide.

        Je lorgne le Judas, un peu plus loin. Il a dans l'idée d'aller tirer les vers du nez à ce bon Tuckson, maintenant qu'on a réglé les menus détails. Jlui laisse cet honneur, il a dû échanger pas mal avec lui quand il était dans son équipage. Certainement plus qu'un poing ravageur dans la mâchoire, ce qui est mon cas. J'tourne le dos au navire et file vers la Cité. J'fais simplement savoir que je vais chercher Ossoï et Lina, qui sont restés pas loin d'ici à un rade où je leur ai donné rendez-vous. J'fais dix mètres à peine qu'un attroupement me barre le chemin. Un sale édenté me sourit niaisement, me demande en pointant sa patte grasse en direction du petit jeune :

        Gyéhéhé ... tu le connais ?

        Je me retourne vers la recrue. C'est de ces gars qu'il cherchait à fuir. Pas étonnant. Ils sont nombreux et ont l'air bâti d'un autre bois que les précédents clients. Intéressant.

        Hm. Il est à toi.

        Je les dépasse, sans dire autre chose ni écouter la réponse du balourd. Si ça doit tourner mal, y'aura Judas, au pire; et j'reviens dans pas longtemps. Mais avant qu'on intervienne ... faut faire tes preuves, gamin.
          [H.Rp: Voila, j'écris pas souvent à la 1ere personne mais j'en ai un peu marre de faire que de la la 3eme personne au passé. Je ne sais pas si c'est correct. Mais si vous avez des conseils/remarques/autres, je suis tout ouïe (en Mp bien sûr). Même si vous ne faîtes pas parti du Rp et que vous lisez ces lignes par hasard. Merci et Bonne Lecture]


          - Très bien gamin, soit prêt à embarquer dès maintenant … Tu fais partie d’notre petite entreprise de démolition ! Et tout ceux qui s’attaque à l’un d’entre nous …

          Le Colosse venait de parler. Et sa réponse, même non-finie, fit apparaître un sourire sur mon visage. Les pirates tournèrent la tête, me laissant le temps de reculer de quelques pas. Ce fut mon tour de tourner la tête dans la direction du duo. Le… Ce devait surement être le capitaine. Donc, le capitaine frappa dans une balle-humaine qui se tenait pas loin d’eux. Cette dernière se déplaça à une vitesse plutôt impressionnante. Et vînt percuter les hors-la-loi, criant à la fois de peur et de douleur. Faut dire que personne n’aurait aimé être à leur place. Bref, en un clin d’un œil, la situation s’était nettement arrangée.

          - S’attaquent à nous tous.

          *La fin de la phrase, vu ce qu’il vient de ce passer, je l’avais presque oubliée.*

          -Merci pour le coup de pied et le poste.

          Regardant dans la direction des pirates, ceux-ci semblaient se questionner sur leur envie de me tuer… Ils devaient surtout redouter le monstrueux duo. Ne se décidant pas assez rapidement, le deuxième coéquipier expliqua limpidement les conséquences de leur décision. Son air glacial et sans pitiés fit fuir les membres de l’équipage encore debout. Puis il s’approcha de moi et me tourna autour comme un prédateur autour de sa proie. Ca foutait un peu la pression, surtout son regard noir. Ses doigts par contre indiquaient une probable envie de se défouler un peu plus. Mais il n’en fit rien et cela valait mieux. Son poing aurait certainement pu me mettre k.o vu la différence de niveau.

          -Ne supplie jamais pour de l'aide. Puis il s’en va.

          Je reste bouche bée face à sa remarque. Comme si j’avais eu le choix de demander de l’aide, et non de supplier. De toute façon ça ne sert à rien de s’énerver surtout qu’ils viennent de me sauver les miches. Jvais pas tout gâcher maintenant.

          -Gyéhéhé ... tu le connais ?

          Malgré tout, il reste un groupe de pirate qui cherche à venir se battre contre le duo. Malgré les différentes interventions de celui-ci, certains viennent encore les chercher… des idiots en quelque sorte.

          -Hm. Il est à toi.

          Puis il s’enfonce dans le groupe et le dépasse sans rien dire d’autre. Quant à moi je reste stoïque. C’est quoi cette mauvaise blague ? Il va vraiment les laisser approcher ? Il va surement accomplir une tache plus importante. Et puis, encore faut-il que les pirates réussissent à détrôner le Colosse. Même s’il n’a pas l’air très attentif à la situation. Dans tous les cas, il est dans parages donc ça devrait aller dans l’ensemble. C’est peut être un test qu’il me lance ? Je note ça dans un coin de mon esprit et me concentre sur les ennemis approchant. Cette fois-ci, je ne me suis pas trompé de poche et je place discrètement une aiguille dans ma main droite avant de refermer le sac. Moi qui pensais pouvoir éviter de me battre, c’est loupé.

          Le petit groupe s’avance vers moi les yeux remplit de haine. Me mettant en position, les pieds parallèles et à la largeur des épaules. Le premier assaillant fonce droit dans ma direction pour m’assener un simple crochet. Le sourire aux lèvres, pensant m’avoir touché, le pirate ne remarque pas ma présence derrière lui. Me laissant les quelques secondes nécessaire pour enfoncer mon aiguille au niveau du trou occipital, c'est-à-dire entre la base du crâne et le début de la colonne vertébrale. Le pirate s’arrête net dans ses mouvements ayant le système nerveux perturbé. Les autres pirates n’osent pas encore attaquer ne sachant pas ce que je viens de faire… Mais ils vont bientôt le découvrir.

          En effet, je retire l’aiguille laissant le corps du corsaire tomber dans un bruit sourd sur le sol. Il s’est juste évanouît mais le reste du groupe l’ignore. Leur regard se gorge de sang. Si de la bave leur coulait du visage cela ne m’aurait pas étonné. La colère animait leurs mouvements laissant la réflexion de côté, ce qui est plutôt un bon point. L’édenté ordonna à ses subordonnés de me capturer. Trois hommes m’encerclèrent, laissant le « chef » avec un garde du corps. Cela aurait été plus simple s’ils étaient venus un par un mais bon on ne va pas chipoter pour si peu. Le combat s’engagea et commença à tourner à leur avantage. Malgré leur maigre nombre de trois, je restais seul à les affronter. Lorsque je prenais enfin le dessus sur l’un d’eux, les deux autres arrivaient pour me mettre des bâtons dans les roues. Il fallait que je réagisse vite pour ne pas me retrouver à leur merci.

          Depuis mes débuts de chasseur de prime, je m’étais toujours efforcé de ne pas tuer mes adversaires. Mais la situation, dans laquelle j’étais, ne laissait pas beaucoup de choix autres que : « tuer ou être tuer ». Mais en consolation, la prime marche quand même s’ils sont morts, encore faut-il qu’ils soient primés. Perdu dans mes pensées, j’en oublie de parer une attaque venant de la droite qui m’explose l’arcade laissant un filet de sang couler devant mon œil droit. Ce ruissellement gêne ma vision et c’est pas bon, faut réagir.

          L’attaque suivante vient de la gauche, cinq magnifiques phalanges ont l’air de vouloir rencontrer ma joue. Tournant légèrement le visage pour atténuer au maximum le choc, j’atterri aux pieds d’un autre qui prépare un magnifique tir au but. Seulement, je lui plante violement l’aiguille dans le tendon avec pour réaction immédiate une chute brutale. Le malfrat se retrouva sur le plancher des vaches, se tenant le talon, ne laissant plus que deux adversaires… Enfin pour la première vague.

          Je me relève d’un seul coup et fonce sur les survivants. Mais je suis accueilli avec très peu d’hospitalité. Malgré tout, je réussis à placer un violent coup de poing au niveau du plexus d’un adversaire. Celui s’arrête un court instant se demandant ce qu’il se passe vu qu’il n’a rien sentit. J’exécute 5 pas, me faisant faire un tour complet sur moi. Et au dernier je touche le dernier gars restant par un coup de coude. Les deux hommes se retrouve à au sol. Il ne reste plus que deux membres. Le sang continue de couler de mon arcade. Ce n’est pas que ça fait vraiment mal mais ça ne veut pas s’arrêter. Je sens que mes muscles s’engourdissent. Ils n’y ont pas été avec le dos de la cuillère les salauds. Les deux survivors baragouinent quelque chose, puis l’un d’eux s’avance.

          Plutôt grand, chauve et avec un air malsain, il n’a pas l’air très résistant mais il cogne fort l’enflure. Deux coups droits suffisent pour m’envoyer au sol tel un vulgaire sac d’entrainement. C’est malin, maintenant je saigne de la lèvre. Son demi-sourire de supériorité me donne envie de l’éclater comme il se doit. Je prends appuie sur mes mains et me relève en crachant un peu de sang. Je déteste cet arrière goût de fer que laisse ce liquide si précieux. Après m’être craqué la nuque et les doigts, je me remet en position.


          -Tu en veux encore ? Dis le chauve avant de se lancer à ma rencontre.

          Les yeux fermés, j’étais concentré dans tout autre chose que ces remarques à deux balles. Faisant un bref point de la situation pour adopter la meilleure solution possible. D’un côté, j’avais réussit à m’en sortir en rejoignant le mystérieux duo. Mais l’un des deux avait décidé de me laisser aux mains de pirates avant de disparaitre. Tandis que l’autre était quelque part dans les environs mais où ? Aucunes idées. L’arcade et la lèvre continuaient à saigner même si le débit diminuait. Mais mon corps était grandement endolori.

          J’esquive son attaque sans trop savoir comment. Mon corps bouge quasiment tout seul. Chaque attaque de mon adversaire transperce le vide. En effet, à chaque fois qu’il lance son assaut, mon corps semble se déplacer comme de l’eau. Présent mais « sans-forme », il s’adapte aux contraintes pour ne recevoir aucuns dégâts. Ce qui commence à faire craquer le déplumé. Il attaque de plus en plus vite mais de moins en moins efficacement. Vers la fin de son enchainement infructueux, il tourne sur lui pour donner un coup de pied parallèle au sol. Entrainé par l’allégresse du combat, je coince sa jambe avec mon bras mais ne ressens pas le choc. Puis, à l’aide de mon second bras, je lui donne un violent coup, de la paume, sur le genou. Ce qui a pour effet de plier sa jambe dans le mauvais sens. L’homme crie de douleur en pleurant et tenant son genou. Pas très résistant comme prévu.


          -VOuuula ! T’as fait m’ouvrir les portes. C’paaaas coool ça maintenant jsuis beurré. Je me place au dessus de lui tout en préparant ma dernière offensive. –T’as zoué… hic, t’as mouru ! Et enfin j’écrase son visage avec le plat de ma chaussure. Me redressant, j’ai la tête qui tourne et la vision légèrement floutée.

          *Qu’est ce que c’est que je dois faire ? Ha oui ! Cherchons le capitaine*

          Je me mets à la recherche du Colosse en oubliant totalement le dernier des pirates, l'édenté, malgré le fait qu'il pointe son révolver en ma direction.

            Trinita règle les finitions, et l’affaire est faite. On est des négociateurs hors paires. Il paraît que dans une transaction, y’a toujours un partie mécontent mais notre commerce roule bien même que ce soit toujours le client qui trinque. Y’a quatre zyeux qui se posent sur la nouvelle recrue. Il a un air niais et ses bras font la taille de mes poignets, mais il devrait savoir se servir de ses dix doigts ; Du moins je l’espère. Trinita en finirait pas d'me faire chier sinon.
            Toute façon, pas de place pour les oisifs dans nos rouages, il se verra automatiquement bouter hors du coup si son idée était de lambiner toutes ses journées. On m’appelle pas Judas pour rien, mes paiements se font rubis sur ongle, pire qu’un propriétaire enragé.
            Il apprendra avec le temps. Mais son comportement ne sera jamais admis parmi nous : bat toi jusqu’au bout si t’es un homme. Dixit mon paternel, le seul mec à m’avoir fait chialer sur les quatre mers des Blues.

            Retour sur Le cap. J’vais m’aiguiller auprès de Tuckson pendant qu’Elvis fait ses histoires. Son transport me paraît de plus en plus louche. Pas que j’ai des preuves, mais mon instinct s’agite devant s’te leurre. Jamais j’oublierai notre retour à Tequila Wolf. C’est gravé au fer rouge dans ma mémoire, et même mon corps s’en souvient. Le bateau est conçu simplement, y’a deux cabines et deux étages. En dessous c’est la salle commune ou l’équipage vit, mange, boit, dors, meurt. Le mobilier est brut. Du pin qui pourrait bien nous survivre à tous, le bateau y compris. On fait pas mieux que le pin, parole de bucheron. En parlant d’pain ;
            La porte s’ouvre sur un Tuckson rampant tel un insecte. Il est définitivement décevant, et même le navire vaut plus que ste chiffe molle. Jlui ai a peine cogné dessus que la peur est déjà imprimer sur lui. C’est l’odeur de la pisse et son regard hystérique qui m’renseigne ; Tant mieux.

            Mon sourire va pas te rassurer. Le capitaine sans navire se recroqueville dans le fond de son futur tombeau, et il a bien raison d’avoir peur. J’vais pas faire dans la dentelle, faut qu’il est plus peur de moi que de son boss, son père, et touts les enfers que les pirates connaissent. Facile pour Judas.
            J ‘prononce pas un mot. Premièrement, déstabiliser le sujet par un comportement anormalement agressif et sans logique apparente. Mon battoir attrape son chemisier, le remettant sur ses deux fers. Il y tient mal, comme si les maigres roulis du navire lui foutait un sacré vertige. Tant mieux. J’plante mon pied sur ses orteils, mes gétas plombées ne rencontrant presque aucune résistance contre la chaire nue. Sa craque comme un concerto en la mineur.
            Les cinq orteilles en miettes, le bandeau étouffe le cris du détenus. Deuxièmement, la douleur doit venir crescendo, jusqu’à ce que le sujet n’est plus aucune raison de mentir à son interlocuteur.
            Pendant qu’il porte ses mains à son pied, j’attrape son pouce et lui tord d’un mouvement sec et précis.
            Son corps bascule sur le coté, mais j’en ai pas finis. J’lui choppe la nuque. Ma tête brise son nez puis il s’affale sur le lit. Toujours conscient mon bon Tuckson ? Tant mieux nyéhéhé.

            - Une fois j’ai connu une fille, elle s’appellait Marla. J’te jure, une sacré cochonne en médecine, qui voulait toujours réviser sa biologie en pratique. Ce fut pratique, je te l’assure, elle m’a apprit tout un tas de truc surprenant sur notre espèces ; T’savais que y’avait 206 os dans l’corps humain ? C’est pas génial ça pour nous mon grand ?

            J’le mate bien en face. Histoire d’pas louper le moment, celui ou il va comprend ou j’en vais en venir avec lui. Sa y’est, il est mûr. Je crois bien qu’il supplie. C’est pas bien clair parce que le bâillon empêche toutes conversations.
            J’trouve plus efficace de lui faire faire connaissance avec mon poing qu’avec mes intentions. Il me regarde à genoux. Putain mais il ressemble à …

            J’ressors à toute bille. Faut que j’vérifie sa au plus vite. Et sans Trinita qui sait c’qui pourrait arriver au nouveau. Pas que garde chiourme m’tente, et qu’j’suis prêt à l’faire bénévolement mais si notre première recrue claque dans la journée sa ferait mauvais genre. La production m’geulerait dessus, d’ja qu’on leur casse touts les personnages secondaires ….

            L’jeune à la chevelure léonine est au prise avec deux derniers lascars. Et il est déjà affecté par les coups de ses précédents adversaires. Si tu peux pas encaisser, remonte ta garde gamin ! Le laisse pas mener la danse, c’est pas bon pour ton intégrité physique. Il faut savoir surprendre, attendre le bon moment pour lui expliquer la définition de coup décisif.
            Il s’en sort pas mal. Sauf qu’il est bourré d’ouvertures que l’autre voit pas, mais qui lui causeront des tords. Et surout qu’il fait des tas d’erreur. Par exemple en enfreignant la règle élémentaire de toutes mêlées ; Surveiller ses arrières.
            J’prends appuis sur le bastingage et j’saute derrière lui alors que le percuteur rencontre madame la poudre. Leur relation explosive termine dans ma pogne droite tandis qu’en tournant sur moi même, j’enlève le pistolet de l’équation. Un dernier coup de buste et ma mains valide rencontre son menton pour lui faire regagner sa place : Les poubelles.

            - Mais comment a-t-il fait pour survivre jusqu’à présent ? ! Doux jésus j’ai dis ça ? L’ai-je seulement pensé ? Ai-je parlé tout haut ? M’a t-il entendu ? ... C’est rien ! C’est juste qu’il admire la forme de ton crane !
            Je rigole. Histoire de détendre l’atmosphère. J’attrape son menton et regarde son visage sous toutes les coutures. J’tate les muscles, fais les gencives. Ouai, sa y ressemble vachement, sa pourrait marcher … Enfin, j’attends le retours du collègue pour voir ce qu’il en pense.

            - Dis moi … Une carrière sur les planches, sa t’as jamais parlé dans la vie ? Sans offence bien sûr. Que j’lui baragouine, attrapant son bras et son épaule sous mon énorme extrémité. Ma main ensanglantée lui montre le navire. Je souris. N'empêche qu'il s'en sort plutôt bien le petit blond.
              J'abandonne le navire, les échos de l'explication, dans mon dos, portent jusqu'à moi. Bien, la recrue a pigé qu'il lui faudrait mettre un peu d'huile de coude si elle veut choper le ticket gagnant. Point positif. Pour avoir le compte, ne reste plus qu'à mettre le grappin sur deux-trois lascars plus intègres que la moyenne. Et qu'à retrouver Ossoï et Lina. À mes côtés, la gamine apprend l'honnêteté, la droiture. Elle peut admirer ce qui arrive quand on s'en éloigne. Elle a beau être fine comme une allumette et jouer à amadouer tout le monde avec sa petite trogne, elle a ses antécédents, elle aussi. J'oublie pas qu'elle m'a fait les poches, un jour. Tout ce temps à me côtoyer a dû lui passer le goût de l'escroquerie. Et c'est une bonne chose. Mais y'a toujours une réticence. Comme un malaise. Ok, je les éloigne le plus possible des échauffourées dans lesquelles je me fais un plaisir et un devoir de plonger; seulement, la petite est une sale tête-brûlée, et un jour, ça va finir par lui attirer de sérieux ennuis. Faut faire en sorte de repousser toujours plus son tête-à-tête avec les emmerdes; le vieux ronin est d'un soutien précieux pour ça mais c'est pas de tout repos. Et ça risque pas de s'arranger sur cette mer des Périls. Ici, déjà, ça pue la flibuste. La canaille rôde à chaque coin de rue et on est même pas officiellement dans la grande salle des fêtes. Juste au niveau du hall d'entrée. Faudrait trouver un moyen de s'assurer que tout se passera bien. Mais j'ai pas la solution, pour l'instant.

              J'arrive au point de rendez-vous convenu un peu plus tôt avec le vieux sage. Sous le portique d'une auberge un peu moins miteuse que les autres. Forcément, puisqu'elle a un portique. Et ils sont là, à m'attendre. Lui, regard apaisant et apaisé. Elle, à battre les alentours d'un œil fureteur. Elle me voit, approche avec une petite moue.

              Alors, t'en as mis du temps !
              On est pas pressés, gamine.
              Vous avez trouvé ce que vous recherchiez ?
              En partie, en partie seulement. Venez, je nous ai dégotté un navire.
              Je croyais qu'il fallait attendre demain ?
              Plus maintenant.
              Comment t'as fait ?
              T'occupe. En route.


              On reprend la direction du port. Judas aura fait place nette là-bas, qu'on se pointe pas sur une scène de ménage. Ça ferait désordre. Mais l'essentiel est acquis. On se casse de ce trou à rats sans embûches. Y'a des jours, faut savoir se contenter de ça.

              Poc.

              Héé. Dis donc, la morveuse, regarde où tu marches !
              Peuh, c'est toi qui marches pas droit, poivrot !
              Et tu mouftes, en plus ? Approche, drôlesse ! Que j'te ...
              Ça va. Y'a rien.


              Lina a un foutu don pour attirer les accrochages. Et quand ils se pointent, elle fait rien pour calmer le jeu. Hm. C'est bien petite, tu iras loin. Mais là, on a pas le temps. Surtout que ce gusse, là, il en vaut pas la peine. Il baigne dans son jus depuis l'aurore, une pichenette suffirait à l'étourdir. On a mieux à faire.

              Sauf qu'autour, approchent d'autres outres à vinasse. Cette saloperie se déplace en bande. Juste assez saouls pour railler leur collègue et l'inciter à corriger la môme. Juste assez cons pour pas se rendre compte que c'est pas une bonne idée. Il la tire par les cheveux. Grosse erreur. L'atmosphère s'alourdit déjà, électrique. Mes poings vont tonner, foudroyer le ...

              Splatch'.

              Bwahahaha !
              Bas les pattes, vilain monsieur.
              Alors, on est sur le cul mon vieux Teddy !


              Ho ? Elle l'a renversé. Et se fend d'une petite courbette pour le narguer. Avec, autour, les autres idiots qui se marrent, grassement. C'était un bon spectacle, apparemment. Soit. Restons-en là.

              Allez, on y va.
              Sale petite peste, attends voir !
              Héé !


              Qu'est ce que ... ? Une main boueuse retient la gamine au niveau du poignet. La tire en arrière fermement, jusqu'à la faire trébucher. Le barbu crasseux n'a pas apprécié la leçon. Tu veux lui flanquer une volée ? Non, bête idée, vraiment. Tant pis. Tu as eu ta chance, conn' ...

              Tchak.

              Aaah !
              Alors, t'es calmée, maintenant ?


              Un cri. Un couteau. Du ... sang ? Du Sang ?! Et, eux ... ils rient. Ils rient.

              Toi.

              Lina se tient la pommette. Elle est touchée. Ça perle d'entre ses doigts. Et lui, le coupable. Juste devant, si fragile. Un coup de poing suffirait à le casser en deux. Il ouvre son bec édenté. Il fallait pas, enfoiré. Non, il fallait pas. Haa' ... Haa' ... Ça y est. Ça gronde. Elle est là. La Rage.

              Meh ? Tu veux quoi ?
              Ta mort.
              Non, Trinita ne ...


              Un tour sur moi-même pour contempler ces prodiges d'échecs sociaux. Qui crient, se marrent. Des rognures. Des épaves sans avenir, sans passé. Un visage brise le cercle. Ossoï. Il lève un bras dans ma direction. J'entends pas. J'entends rien. C'est trop tard. Il fallait pas. Le ciel est pourpre. Mon souffle est tremblant. Mes mains rougissent, frémissent. Fusent. Draak. Des dents volent. Quelque chose vient caresser mon visage. C'est chaud. C'est bien. Une gerbe de sang. Encore. Draak. Quelque chose se fissure sous l'impact. C'était un nez. Draak. Sa mâchoire. Draak. Sous le menton. La tête part en arrière. Trop. Beaucoup trop. Elle fait un angle droit au niveau de son cou. Un gargouillis. Il bat des ailes. Mon pied fauche ses appuis. Il retombe dans la fange. Là où il aura vécu toute sa misérable vie. Pour y mourir.

              Ça hurle autour, on s'agite. Un connard me tire par la manche. Qu'est ce que tu veux ? Crok. Vous voulez être les suivants ? Je peux achever votre pitoyable existence. Approchez. Tiens, toi, là. Crok. Et puis, toi auss ...

              Lina !

              Que ... ? Les ténèbres se dissipent. Il n'y a plus personne. Ils ont fui. Sauf le mort. Et deux autres, séchés en un seul coup. Merde, la môme. Ossoï se penche au dessus d'elle. Ça saigne abondamment, elle serre les dents. Tout ça pour un bête coup d'épaule. Quelle connerie.

              Il lui faut un médecin. Vite.

              Le vieil homme garde son sang-froid pour nous deux. Il donne ses directives à Lina, vérifie la gravité de la blessure. Et je la vois. L'estafilade. Elle part presque au creux de la joue, remonte, zèbre l'extrémité de son oeil gauche et se perd sous sa frange. Cette cicatrice, c'est ...

              Suivez-moi. Il faut lui trouver un médecin !

              Je laisse Ossoï nous guider, dans un dédale de rues. Elles se ressemblent toutes. Les gens nous regardent, je ne fais pas attention. On avance, je réfléchis, silencieux. Il a suffi d'un simple clodo... Ossoï me parle, je ne réponds pas. Je suis absent. Je suis ailleurs ...

              [...]

              ... cela devrait vous rassurer.
              Hein ?
              Elle n'aura qu'une cicatrice, je vous disais.
              ... Où est-ce qu'on est ?
              Chez ... chez un médecin. Vous ne vous souvenez pas ?
              Hm ...
              Vous ne devriez pas laisser votre colère vous dominer.
              Tch. Son œil ?
              Hors de danger, par chance. La lame n'a pas pénétré en profondeur.
              Bien...
              Vous semblez tracassé.
              J'ai connu un gamin qui a ramassé à peu près le même genre de blessure. Bêtement, aussi. Son œil foutu.
              Vous, vous essayez de me dire quelque chose.
              Il a jamais vraiment réussi à se séparer des emmerdes, après ça. Mais son œil, à elle, il est intact.
              ... Il ne faudrait pas que l'histoire se répète, c'est ça ?
              Vous allez bien vous occuper d'elle ?
              Bien entendu.
              Bien. Au revoir, vieil homme.
              ...
              Dites.
              Hm ?
              Souvenez-vous de nos discussions. Prenez soin de vous.
              Je peux rien vous promettre.


              Et je sors. C'est fini. Fait chier. Je retourne au port. Sans un mot, sans un regard pour qui que ce soit. Je suis Seul. Voilà le navire. Derrière, le Crime.

              Ok, Grand Line. On est en guerre toi et moi.
                Vrais que nous autres, on a nos défauts, faut dire, on est encore humain bordel. Y'en a qui disent qu'on peut se travailler, se sculpter et éviter de passer à la moulinette de travers. Chacun son vice, sa vertu, son antéchrist, ses manies. On est pas des bêtes, Trinita et moi. Lui et sa folie, moi et mes yeux plus gros que le ventre ; On fait la paire d'incendiaire sans peur ni reproche, prêt à foutre des taloches à touts les tocards. Vrais que des fois on tombe sur vraiment plus balaise du coup. C'est les risques de vouloir tenter la ligne rouge, la ligne de touts les dangers ; Sa passe ou sa casse. Et pour une fois qu'on me refais la mâchoire... J'y reviendrais.

                Pour l'instant, ambiance taquine dans le bureau du capitaine. Je lui fais sa misère, et il me demande miséricorde. Une ambiance glauque que nos lecteurs me connaissent dans les heures les plus obscurs, et dans toutes les situations complexe. J'ai rapidement compris qu'un bon coup de pied au cul valait mieux qu'un grand discours. Et qu'une paire de baffe passait ceux des sophistes de premières. Frapper, c'est une manière de vivre, un leitmotiv.
                Du coup, je lui passe en revue sa biologie, et il chante comme un rossignol. C'est beau, c'est parfait. C'est presque trop beau et trop parfait. Je le regarde dans les yeux, il arrêté de crier. Un vieux sourire amusé pendait sur ses lèvres tuméfiés. Il me regardait dans le genre « je t'ai bien baisé, connard », un registre qu'à force d'interpréter, j'ai finis pas détecter par automatisme. Bref, le gagio se la ramène, et le silence plus que pesant de l’extérieur me pousse une nouvelle fois hors de la cabine.
                Même les bruits des docks s'étaient tus, l'augure aurait pu être pire, mais GrandLine est un espace de toutes les tensions, de toutes les attentions aussi. Un seul faux pas, et vous dépassez la case vivant pour la case cadavre. Je m'arme donc de mon Merlin , avançant vers le bastingage. Sur le rebords, trente mecs en costard. C'est une réunion de tarlouzes ou quoi ? Que je retiens de dire parce que la gueule du type au milieu m'remet quelque chose. Et qu'il a l'air sérieux lui. Craze Joe, un vieux taulard, un brin bagnard mais surtout costaud. Un gros morceaux qui venaient renifler du côté de mes plates bandes. J'suis pas net pour le milieu, c'est clair. D'là à croire que j'aurais le droit à Joe, le taureau et ses amis avaient des relations finalement.
                Je mate le petit comité dans son ensemble, les trente types en noir et rouge sur rangers cirés ont l'air bien entraînés et surtout balaises, Joe et son éternel chapeau vissé sur le crâne, et une petite masse sombre à ses pieds.
                Une petite masse sombre avec des cheveux blond. Je ferme les yeux, mon souffle se fait plus court. Le pauvre bonhomme n'avait rien pû faire contre des types comme ça, c'était trop tôt. Je ne l'avais pas pris son mon aile pour chiche . La colère commence à m'envahir, un sentiment terriblement puissant, terrien et pulsant à travers mes veines. Mes appuies se renforcent, le bois craque. Mon poing se ferme, et je suis déjà prêt à concasser des sales types. Je me contrôle ; Il a l'air mort mais peut être n'en a t-il que l'air. Je dois m'approcher pour vérifier … Mais manœuvrer Joe, c'est comme vouloir arrêter un taureau à mains nues. Tiens, Judas, t'aurais pas d'ja fait sa ?

                Crazy Joe, t'aurais jamais dû t'approcher d'mon cheptel. Parce qu'on est une équipe qui botte le cul des salauds dans ton genre, et que s'attaquer à l'un d'entre nous, c'est s'attaquer à nous tous. Je vais t'apprendre ce qu'il en coûte de venir mettre le nez dans nos affaires, et vouloir repartir l'air de rien. T'as violé mon intérieur, attends toi à un retour de monnaie, avec les intérêts. J'attache mon Merlin à son étui, dans mon dos.

                Joe ! Rends moi le gamin et on en parle plus … J'te jure y'aura pas de represailles.

                Le cow boy m'rigole à la face, son petit bouc se trémoussant à l'allure de son piaillement. J'ai les nerfs qui chauffe, et la vapeur commence à monter. Charge pas trop ta chance, bonhomme. Gâche pas le bon jour, car sinon demain le soleil serait rouge.

                Oops, Trop tard …

                La charge n'est pas une question de vitesse, c'est une histoire de puissance. Mon bond à la verticale surprend tout le monde, sauf le gardien de mouton peut être ; Un deuxième bond en prenant appuis sur le bastingage me fait gagner en vitesse. J'me retourne les pieds devant, pour asseoir ma réception sur le comité en noir. Je fend la foule comme un boulet de canon, les deux pieds sur deux crânes masqués. Ma glissade en fauche quelques uns de plus. A vrais dire, j'ai arrêté de compter. Une partis du château de carte tombé, j'adopte une stratégie directe. Souvent, face un ennemis nombreux et mieux organisés que toi, il n'y a qu'une seule façon de faire : Frapper vite et fort, c'est fort simple et pourtant j'ai beaucoup plus de chance d'y mettre un terme qu'en me cachant.

                Mon passage à l'île de Shimontsuki m'a changé. Mes gestes sont plus précis, et j'y acquis la patience nécessaire pour combattre comme un artiste. Seulement ici, il n'est pas question de technique ou de timming. C'est une histoire de pure et simple puissance. Je frappe tout ce qui se trouve à ma portée, des poings, et des pieds. Chaque coups est porté avec tout mon poids et ma force. En une paluche de seconde, je fais le ménage, la moitié de l'équipe dans un monde meilleur. Certains s'envolent et d'autres sont cloués sur place.
                C'est la vrai justice, pas de distinction ni de jugement, pas de report de peine ou de circonstances atténuantes. On frappe touts les salopards de la même manière. C'est ce moment là que chosit Joe pour intervenir. Je m'ecarte rapidement de sa longue épée à un seul tranchant. On dirait un rasoir, en beaucoup mieux aiguisé. Je sais également qu'il manie les armes à feu comme le maestro son orchestre. A la baguette.

                Pour le moment, il a l'air de ne pas vouloir sortir son revolver. Se froutrait-il de moi ce petit batard ? T'es pas sérieux, tu crois que tu peux te permettre de me prendre de haut ? Il coupe l'air en deux, et bondit à ma rencontre. Les docks sont désert, comme si on les avaient complètement évidés. Un comme un poisson, qui étaient en pagailles sur le sol. Je pousse du pied deux de ses visqueux personnages et effectue une roulade pour sauver mon scalp. Mon assaillant se prend les pieds dans le tapis poissonneux, et j'rigole bien. Et oui, le ridicule tue pas mon grand. Mais sa fait sacrément mal pas vrais ?

                Maudit barbare !

                Il sort son pistolet, qu'il croit infaillible face à mes méthodes archaiques. Ce qu'il a pas compris, c'est que notre monde est différent, et qu'il n'evolue pas dans les même sphères que moi. Je peux tuer des hommes à mains nues, et ce type de pouvoir ne se gagne pas, c'est quelques choses qui vient de l'intérieur, des tripes. Il ne pourra jamais la gagner, cette puissance. Alors il compense en compétence et en équipement ; Seulement ici, c'est la violence brute qui raigne.
                Il saigne une première fois, quand son pistolet n'a plus de balles. Je m'en sors avec quelques estafilades, et surtout quelques ennemis en moins. Dans sa frénésie, le fou a descendu quelques uns de ses hommes. Encore un qui les prend pour des marionnettes. Les pires ordures, ceux que je me fais un plaisir de recycler. Le gars bouge trop vite pour moi, je ressers mes coudes et encaisse son rasoir. Je me sens plus frais après sa petite coupe, et beaucoup plus proche de mon but. J'essaye d'attraper sa nuque, mais il tourne autours de ma paluche, rechargeant son arme et m'envoyant plus loin du plat de son boutoir. Je surine a gauche en sortant mon axe majeure de destruction massive : Merlin. Trente ans de service et pas une rouille. Je roule en le sortant de son fourreau, et il me communique ses chaudes retrouvailles. Il a faim de nouveau.
                Je tournoie en m'approchant du petit gars, il esquive bien, et quelques balles viennent ricocher sur mes trente centimètres d'acier trempé. Je charge, ma puissance toujours en sommeil, prête à bondir comme un animal. Il s’éloigne rapidement en utilisant le restant de pion qu'il a dans la manche. Que feras tu petit bonhomme, quand tu aurais épuisé tout tes petites coupes ? La scène semble immobile, notre bulle de violence éclipsant même le soleil à mon regard. J'arme mon poing, il se retourne de son fil langoureux. Sa clache, un sourire nous échappe, puis la situation se tend de nouveaux. Il a tiré ? Non, il est à terre, son sourire déformé par la victoire. Une seringue est plantée dans mon torse, une énorme seringue plein d'un produit visqueux et noirâtre. Il enfonce le clou en frappant ma poitrine du pied. Il se retourne vers les trois survivants de son équipe.

                Eh bah avec ça, l'animal devrait dormir quelques heures au mo... quoi j'ai un truc sur le visage ?


                Greeeeuh …

                J'te jure, y'a des mecs qu'ont du culot, pas d'honneur et une sacrée dose d'estime pour m'tourner le dos sur le champ de bataille. Pour s'attaquer à la meute sans réflechir ni en avoir à carrer des conséquences. Tu crois quoi, qu'on va te faire un joli sourire et t'dire « merci de m'avoir enculé mec, sa m'a débouché l'trognon ! » ou quoi ? Que je vais gentiment m'ranger des caissons, et t'suivre gentiment ? J'crois que t'as pas capté mec, ni pourquoi t'es là, ni c'quoi le personnage. Je m'apelle Judas … Dans mon dos, y'a un tatouage, une porte vers l'enfer du berserk. Le valhalla n'est qu'une vague histoire, quand un guerrier meurt, il retourne faire la guerre. Parce que la vrai guerre, la bataille rangée et les morts à la pelle, c'est l'enfer. Au d'ssus, y'a marqué INVINCIBILITY, manière de dire que j'suis exotique et pas facile.
                J'vais te carrer mon morceau de steacks entre les crocs pour commencer. Je vois presque ta bouche se déformer d'avance, se tordre sous la douleur et mes phalanges. Un peu comme un bol de céréales pas trop imbibé. Ce que j'aime avec mon p'tit dej c'est beaucoup de lait, et j'te jure que toi tu vas finir en carafon.

                Putain de monstre …

                Son commentaire peut être blessant, je m'en tape. J'observe simplement, immobile. Ma conscience s'est réfugiée bien haut dans le ciel, et je ne suis plus qu'un œil. Un gros et vilain troisième œil aux pensées brouillonnes et violentes. Je vois flou, et tout coloré. Mon corps se relève, presque par automatisme ; Il me faut toujours du temps pour m'habituer à la transe. J'ai un sifflement dans les oreilles, mon corps est absent et mes sensations flouées.
                Je m'en fiche. On s'en fiche pas vrais ? Ils s'enfichent. Toutes les couleur se déforment et se fondent entre elles, tout n'est plus que rouge et colère. Je me rappel. J'oublie tout. J'explose, je boue, il tremble.

                Un animal n'est jamais plus dangereux qu'à terre.
                Ne me tourne pas le dos.
                Meurt.