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Soleil noir

"Les contes de fée n'apprennent pas aux enfants que les dragons existent. Les enfants le savent déjà. Les contes de fées apprennent aux enfants que les dragons peuvent être tués."

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Village de Brennenburg, Île Aveugle, North Blue
Une après-midi rayonnante

Elle est morte ?
Rigole pas ! M'fais pas rire ! BWAHAHAHA !
Si si, j'te jure ! L'vieux René m'a dit qu'son rejeton l'avait butée !
La baronne est morte ?
Impossib'. C'est une démone immortelle, tout l'monde le sait. Arrête d'mentir ou elle viendra te dévorer pendant tes cauchemars.
Ouais, BWAHAHAHA ! M'fais pas rire !


Dans la taverne du veau égorgé, les habitués rassemblés autour de leur table s'échangent des ragots : leurs gosiers fétides distribuent avidement les mots, les rires et les questions, la salle devient sanctuaire chaleureux au milieu du glacial souffle de l'hiver mourant qui expire à l'extérieur. Car ces rumeurs souvent morbides, souvent inquiétantes, toujours appétissantes, sont pour eux comme les choppes de bières frelatées à leurs poignets : une source d'infinie ivresse qui plonge dans l'oubli la douleur de leur existence misérable.

Le vieux fou a raison. Faut pas déconner avec ça. Tu te souviens pas de ceux qui l'ont fait avant toi ? Phillipe ? Orlak ? Benjamin ? Marcus ? Et tant d'autres. Ils ont provoqué les monstres qui siègent là-haut, dans les collines. Et la démone les a châtiés.
J'veux pas aller en Enfer ! Pardon, m'dame la démone !
BWAHAHAHAHAHA ! EN ENFER !
Mais on est sûr qu'les Brixius sont des démons ? On les as vu utiliser des pouvoirs magiques ?
Il paraît qu'la baronne Brixius rajeunit lorsqu'elle boit not' sang ! On est liés à elle ! Des filaments d'chair liés à leur mère !
PAS MON CORPS ! PAS MON CORPS ! J'SUIS PAS UN DÉMON !
Ouaip, c'est une succube ! J'pense qu'elle nous as tous enfantés. Ça expliquerait pourquoi m'souviens pas d'ma naissance, gnhyéhéhéhé !
N'importe quoi ! Moi j'vous dis qu'elle était bien humaine, et qu'en plus, bah elle est morte ! René a vu son gosse la balancer dans le puits !
Ah ouais ? P'têtre, alors. Après tout, y a qu'les démons qui peuvent tuer d'autres démons...


La tyrannie de la baronne Brixius a semé les graines d'une névrose superstitieuse dans l'étrange village de Brennenburg. Sous la nuit éternelle de cette île maudite de North Blue, ces paysans vivent d'une terre pauvre et malingre, assoiffée d'un soleil qui refuse de tremper ses rayons salvateurs dans ces contrées polluées par le vice et l'obscurantisme.

Les origines de cette malédiction, s'il s'agit bel et bien d'une malédiction, sont inconnues, mais ces pauvres hères jureraient sur la caboche de leurs enfants que la fuite du Soleil est liée à la présence de la famille Brixius sur ces terres. Des démons cruels, impitoyables, arbitraires, sadiques, vicieux, avides : leur réputation est à la mesure du sang d'innocents qu'ils ont déjà versé. Il est possible que l'Île ait absorbé toute la souffrance générée par les excès déments de ces nobles, décidant de se fermer au Soleil, décidant d'à jamais se fermer les yeux, pour cesser de contempler les folies perpétrées sur sa terre.

Pour rébellion envers l'autorité suprême représentée en la personne de la Baronne Béatrice B. Brixius, la sentence est l'écartélement public. Ou l'amputation méticuleuse de chacun des membres du coupable un à un avant la décapitation, selon ses humeurs.

Tout citoyen de Brennenburg se refusant à être déchu au statut d'esclave/bête de somme doit recevoir six cents coups de fouets dispensés par un bourreau certifié. De plus, ses ongles lui sont arrachés et il doit les ingérer. Par la suite, il deviendra tout de même esclave, bien entendu.

Ainsi est organisée la hiérarchie de l'île : sur la base de la plèbe, relégués au même rang que les bêtes agricoles, siègent les domestiques de la famille Brixius, disposant du formidable privilège de servir au plus près la noble caste dominante, puis plus haut encore survient Balthazar B. Brixius, l'odieux bâtard qui fit surnaturellement souffrir sa pauvre Mère lors de son accouchement.

Et au sommet de cette funeste pyramide, la baronne Béatrice B. Brixius, qui s'arroge le droit de vie ou de mort sur toutes les créatures stagnant en-dessous d'elle. Y compris son fils.

Voici l'ambiance dans laquelle les résidents du domaine Brixius évoluent depuis des décennies : dans l'oppressante obscurité imposée par des nobles inhumains, ils tâtonnent et cherchent une issue dans le noir le plus complet. Abandonnez tout espoir, vous qui pénétrez ici. Si le Diable se cherchait une résidence secondaire terrestre, il y a fort à parier qu'il installerait sa chaise longue ici.


Si elle était vraiment morte, le Soleil se serait levé.
Ouaip, pas d'faux espoirs, les potes. Au lieu d'rêvasser, j'devrais d'jà être à la récolte...
T'as pu tirer quelque chose des terres ?
Une tomate, hier.
Bwéhéhé, la nature reprend ses droits sur les démons !
BWAHAHAHA !
Pas si fort ! Elle pourrait t'enten...
Arrêtez d'parler d'elle comme si c'était l'Diable !
Mais elle l'est...
Nan, c'une humaine, foi du Jacques ! Et si René dit vrai, cette humaine est tombée dans l'trou du cul des enfers à l'heure qu'il est, précipitée par son marmot ! C'est p'tetre le jour idéal pour lever la malédiction !
Qu'elle soit vraiment une démone ou une simple sorcière, j'vois pas la différence. Si elle est crevée, son spectre doit hanter l'château. P'tetre même qu'elle possède le corps du Balthazar, qui sait ?
Ouais, j'ai pas envie d'être plus hanté que j'le suis déjà. J'reste ici. La bière, on est sûr qu'elle nous fera pas d'mal !
Vas-y, trinques !
BWAHAHAHAHA ! TRINQUONS !
Longue vie aux démons Brixius ! Bhyéhéhéhéhé !
Les gars...
Laisses tomber et sers-toi une autre choppe, Jacques. T'sais bien comment finissent les trublions ? Alors les révolutionnaires...
Ça serait con qu'on t'retrouve pendu avec tes tripes en partant cueillir nos moisissures dans la forêt tout à l'heure. Berk, ça shlingue les cadavres...
BERK ! BWAHAHAHA !

Jacques enrage de la lâcheté de ses frères de malédiction : il n'a pas osé leur pourfendre le coeur en le déclarant à voix haute, mais ils le dégoûtent. Ne les gratifiant d'aucun autre mot, il quitte la taverne, en claque la fragile porte en bois : les gonds grincent. Les ruelles froides accueillent cette créature humaine dans un pénible carcan glacial. Le printemps arrive bientôt, mais ici, à Brennenburg, on sait déjà qu'il sera sans Soleil. Alors à quoi bon sourire ?

Il a toujours été comme les autres, Jacques. Un serf sans âme, un pantin commun usé jusqu'aux os par une cruelle marionnettiste. Trente ans il a travaillé dans les champs, s'est démené à tirer quoique ce soit d'un sol putride afin d'aider sa famille à survivre. Son père mort de tuberculose il y a deux ans, sa mère déchiquetée par la baronne depuis bien longtemps, sa femme vidée de son sang lors de l'accouchement de Will, son fils, le seul qui a tenu bon face aux innombrables sévices de la Faucheuse, de la Baronne et du jeune baron à Brennenburg.

Bien sûr, Jacques peste, très souvent, conchie son sort et ceux qu'il en juge responsable, les aperçoit culminer là-haut et rêve de les voir tomber entre ses griffes. Il sait que s'il attrapait la Baronne, ou même son immonde progéniture nauséabonde, il sait qu'il leur ferait goûter au centuple toutes les horreurs qu'ils ont infligé aux siens.

Il bout d'une rage qu'il n'a jamais eu l'occasion d'exprimer. La rage d'un esclave qui se contrefiche de périr dans un flot de sauvagerie qui le propulserait directement dans le collimateur de Dieu, tant son existence terrestre est déjà un Enfer.

Mais Jacques ne peut rien faire seul. Il ne peut pas abandonner Will, sept ans, tout juste capable de semer des graines mortes-nées.


QUELQU'UN ?

QUELQU'UN SAIT QUE LA BARONNE EST MORTE ?


Mais rien ne lui répond. Les vieilles baraques de pierre constellée de mousse restent muettes.

SORTEZ ! N'AYEZ PAS PEUR ! Y A PLUS QUE L'BALTHAZAR ET LES DOMESTIQUES AU CHATEAU ! ON PEUT S'LES FAIRE ! AVANT QU'ILS S'ORGANISENT ! VITE ! EN AVANT ! En avant ! En avant...

Rien ni personne.

***

Étrange scène dans l'un des interminables couloirs du château des Brixius. Le jeune Baron, Balthazar, statique face au portrait de sa Mère décorant l'entrée de la tour Est. Il murmure, innocemment, comme s'il s'agissait d'une invocation silencieuse, le surnom qu'il a apposé sur la seule personne qui fut chère à son coeur putride incapable d'aimer.

Maman.



Maman.






Maman.




Maman.


Le jeune homme, enfermé dans sa redingote trop petite pour lui, bariolé de bleus et de balafres qui lui rappellent toute l'affection que sa Mère lui portait, griffe le portrait dessinant celle qui fut la maîtresse de ces lieux maudits. Une relique d'un passé cristallisé : cette époque bénie des châtiments corporels, des humiliations, des tortures et des épreuves insoutenables qui sont les seules méthodes à pouvoir bâtir un héritier stable et prêt à prendre la relève d'une noblesse centenaire.

Soleil noir 114606


Des larmes s'écrasent sur ses joues creusées par l'éducation de sa Mère.

J'ai besoin de toi. Pardonnes moi.
Non.
Reviens.
Non. Non.
Qu'est-ce que j'ai fais...
Reviens, Maman...


Il a occis sa Mère parce qu'il en avait assez des horreurs qu'elle lui faisait subir.
Mais voici que déjà, il regrette terriblement la disparition de la femme qui gouvernait sa vie.
A chaque seconde, son esprit s'émiette un peu davantage. Il ne parvient plus à penser à autre chose qu'à sa félonie. Qu'au déshonneur qui assiège sa famille. Et à sa Mère. Et à Maman. Et à la seule personne à laquelle il tenait, malgré son insondable cruauté.



Dernière édition par Baron Brixius le Jeu 9 Mar 2017 - 17:35, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t11506-fiche-du-baron
  • https://www.onepiece-requiem.net/t11172-le-baron-balthazar-b-brixius-et-sa-maman
Sœurette,

Tu vas certainement avoir très envie de m'arracher les yeux lorsque tu liras cette lettre (ne t'inquiète pas, je trouve toujours tes réactions aussi mesurées et légitimes), mais je ne vais pas rentrer aussi tôt que prévu. Bon, je sais bien que « tôt » est un terme impropre, mais tu as compris l'idée.

J'en ai bel et bien fini avec le type dont je te parlais. Mais j'ai reçu un drôle de courrier. Je ne crois pas que ça soit un piège, ça sent plutôt la bonne foi même. Toi, bien sûr, tu trouverais ça louche. Mais voilà, j'ai décidé d'y croire.

Ce courrier disait deux choses : d'une, il racontait l'histoire d'un drôle de royaume installé à l'échelle d'une petite île du secteur. Apparemment dominée par une famille royale imbue de ses privilèges, ce qui l'a sans doute toujours empêchée – l'ironie soit louée – d'étendre sa domination en d'autres lieux de peur de perdre un pouvoir difficilement acquis et maintenu dans la terreur. De deux, j'ai reçu une invitation. Une sorte de rendez-vous, avec un révolutionnaire. Tu sais que je ne les porte pas dans mon cœur et que je n'ai jamais servi leur cause ; même, que j'ai eu tendance à leur couper des membres plutôt que de leur en rajouter. Ça ressemble à un piège, c'est vrai. Mais pourquoi sur cette île ? La lettre dit qu'une seule personne sera présente. On me garantie ma sécurité, bien sûr. C'est signé d'un nom qui doit être un pseudonyme, mais ça sent l'autorité.

Je me dis que dans tous les cas, je pourrai me défendre. J'ai avec moi mon sabre, mon arc, les capacités à faire le vide léguées par le sensei et la conviction selon laquelle la vie vaut mieux que la mort. Si je m'aperçois qu'il y a un problème – un retard, un climat étrange, n'importe – je reprendrais la mer aussitôt. Je navigue à bord d'un petit habitable comme tu sais. Je suis indépendant, et je mouillerai à l'écart de la berge, que je rejoindrais à la nage avec mes affaires en paquet sur la nuque. Tu vois, je vais faire attention. Et puis, j'irais tout droit à l'adresse donnée. Une petite auberge, à l'entrée du village principal de l'île. Pas au milieu : ils ont pensé à m'offrir une possibilité de repli, et je prends cela comme une délicatesse et un signe de bonne foi.

La lettre disait aussi que l'on voulait lever des malentendus et discuter de l'avenir. Je m'attends à des propositions, que je refuserais très certainement. Je dis très certainement, parce que tu sais que je n'entends pas rejoindre un groupe qui abrite autant de voyous et d'imbéciles que l'Union Révolutionnaire. C'est contraire à la voie martiale, le sensei me tuerait (déjà qu'il doit m'en vouloir...). Je te jure que je n'ai accepté que pour éviter d'éventuels problèmes suite à ce qui s'est déjà passé. Je veux être clair avec eux, et le destin m'en donne l'occasion. Je crois que c'est une bonne chose. Et puis, pour cette île, je suis curieux aussi. Je te laisse deviner pourquoi, même si ça risque de te mettre en colère.

Je t'embrasse fort. Prend soin de toi. Je reviendrai avant la fin de ta grossesse, c'est promis. Salue papa, maman et Burzmali.

Ton frère qui t'aime.


    Quand j'ai demandé à ce qu'on m'emmène ici, le vieux capitaine a eu la chair de poule. Il m'a demandé si j'étais sûr, et il a même tenté de me faire changer d'avis. Sans succès. Je crois m'être un peu moqué de lui. Je n'aurais pas du. Je le comprend, maintenant. La vue qui s'offre actuellement à nous a de quoi terrifier.

    Un joli spectacle immobile, presque mort. Au loin, par delà la mer qui s'étend encore un peu devant nous, se dresse sur une île ce que je distingue comme étant un château. Pas l'un de ce palais que l'on peut voir dans les illustrations de conte, loin de là. Non, plutôt un endroit tiré tout droit de récit d'épouvantes que l'on se raconte lors des nuits d'orage. La donjon s'élève, formant un pic déformé, et même la nuit ne me semble pas être aussi sombre. La vue du reste de l'édifice m'est empêché par la forêt noire qui l'entoure. J'ai presque l'impression de voir des nuées de corbeaux s'envoler.

    Je m'éloigne un peu du bord du petit navire et ressort le bout de papier chiffonné que j'ai dans ma poche. Un simple nom, celui d'une auberge. J'ai rendez-vous. Le reste des instructions m'a été donné à l'oral. Et ces ordres sont à la fois parfaitement simples, et parfaitement flous. Je suppose que ça me laisse plus de liberté, et c'est pas pour me déplaire.

    Le capitaine me fait signe, on s'approche de plus en plus de l'île, et j'ai de plus en plus froid… Non, j'ai pas froid. J'ai juste des frissons.

    – Heum, 'coutez 'sieur Whitewood, désolé mais moi, j'm'approche pas plus.
    – …
    – C'est que, j'ai accepté d'vous amener parce que j'suis jamais venu et que j'pensais que c'qu'on raconte sur cet endroit, … Enfin, maintenant qu'j'suis là, avec cette tour et tout… Ouais, moi j'm'approche pas.
    – …
    – Mais euh, j'vous laisse la barque, j'suis pas un malpoli non plus.

    Super.

    – Ouais, super.

    Chaloupe à flot, rames à disposition, je relève ma capuche et m'enfonce dans les ténèbres, plus lentement que jamais.

    * * *

    Je me déplace dans les rues du village telle une ombre. Encapuchonné, je dois être aux yeux des habitants un mystérieux personnage venu d'ailleurs. Une source de problème, probablement. A leur place, je me méfierai aussi. Je suppose qu'en tant que village, celui-ci n'est pas bien grand et je devrais n'avoir aucun mal à trouver ma destination. Oui, je devrais. Mais ici, rien ne semble être indiqué, et le noir m'empêche encore plus de me repérer. Et je ne croiserai sans doute personne à cette heure tardive. Et j'ai toujours ces frissons de malheur.

    Je crois que je m'éloigne de mon objectif, je vois les champs commencer à s'étendre devant moi, et j'en suis bientôt entouré. La vue qui s'offre à moi me donne presque autant la chair de poule que le spectacle auquel j'ai assisté en m'approchant de l'île. Des champs, pourris, surveillés par quelques épouvantails qui m'ont l'air tout à fait malsains. La scène est presque figé, seul le vent parvient à faire pencher les… choses qui poussent.

    Brrr. Allons bon, je suis un Whitewood, j'en ai vu d'autres. Aucune raison d'avoir peur, faisons demi-tour… Tiens, quelque chose de drôle me percute : on dirait presque que cet épouvantail, là-bas, me regarde. Oh, l'autre un peu plus loin, aussi. Et ils bougent.

    Putain, ils bougent.

    * * *

    – Il est porteur de mauvais présage, je vous dis.
    – Ferme-là un peu, regarde, il a l'air normal, comme nous.
    – Sans la couche de crasse, tout de même.
    – Hein ?
    – Rien.
    – Cessons de lui parler, je vous en prie.
    – Il se dirigeais vers le village… Pas vrai ?
    – Euh…
    – Vers le château, peut-être…

    Ils s'éloignent soudainement de moi, apeurés.

    – Vous… Vous allez au château ? Oh…
    – Je…
    – Pardonnez-nous, noble émissaire, on ne voulait pas vous…
    – Non non, je cherche juste le… « L'Aube Lointaine ». Voilà.
    – La taverne du vieux Francis ? Aah, ouf.
    – Indiquons lui l'endroit pour le faire partir au plus vite ! C'est un mauvais pré-
    – Tais-toi, bon sang. On connaît, oui. Vous voulez l'chemin ?
    – Avec plaisir. Oh, et juste une question… Vous travaillez souvent la nuit ?

    Ils se sont contenté de me jeter des regards surpris et interrogateur. Tant pis, chacun est libre de faire ce qu'il souhaite, après tout. Et puis, hors de question que je reste une seconde de plus en leur compagnie, pour le moins déroutante. Je m'éloigne à pas rapides une fois que l'on m'a indiqué l'endroit que je cherche. J'étais effectivement totalement perdu.

    * * *

    Voyons-voir… J'ai été poli, j'ai été clair, je n'ai pas bafouillé, il me semble pas avoir de bout de salade sur mes dents. En bref, rien d'anormal. Alors pourquoi est-ce que ces types se moquent de moi ? C'est ma tête qui leur revient pas ? … Sans doute l'alcool, je retente.

    – Messieurs, j'aimerai juste savoir quand est-ce que le soleil compte se lever.

    Même résultat. Le même rire gras qui émane de ces paysans, un rire sale et grossier qui en plus de ça se paye le luxe de m'envoyer au visage leur odeur putride respectif. C'est si compliqué que ça de répondre à une simple question ?

    – Ah mais, attends, tu demandes sérieusement ?
    – Mais évidemment…
    – Hinhinhin.

    J'abandonne. En même temps, à quoi est-ce que je m'attendais ? Ici, je n'ai rencontré aucune personne chaleureuse. Rien d'étonnant, quand on voit l'endroit dans lequel ils vivent en permanence.

    En attendant, je décide de m'éloigner de mes compagnons de table. Une table dans le fond, faiblement éclairée par absolument rien. Ça me semble parfait. Je vais demander à être resservi tiens, ça calmera sans doute mes frissons. Il ne me reste maintenant plus qu'à attendre que celui que je dois rencontrer arrive. Espérons que ça ne soit pas trop long.

    * * *

    Je me serai sans doute endormi si l'endroit n'avais pas commencé à s'animer. Que se passe-t-il ? J'entends des chuchotements, des injures, quelques crachats qui sont sans doute supposés chasser les malédictions. Je décide de m'approcher, par pure curiosité. Un homme, un seul est au centre de toute l'attention -c'est à dire quelques poivrots-.

    – Impossible. Mon beau-frère, il arrête pas de me dire qu'elle peut pas mourir.
    – Ton beau-frère, il a marié sa cousine, alors ce qu'il dit…
    – Moi, je le crois.
    – T'es bien sûr de c'que tu dis ?
    – Je vous le répète, la Baronne n'est plus. Elle est morte. Elle est partie, définitivement. Je vous le répète, il ne reste que son chien de fils.

    Celui qui s'était auparavant moqué de moi vient de se lever, en claquant sa chope sale sur la table. Il hoche la tête d'un geste vif, presque incontrôlé. Enfin, il se tourne vers moi.

    – Tu voulais savoir quand est-ce que le soleil allait se montrer, non ? Et ben, on dirait qu'on va pas tarder à le savoir.


    • https://www.onepiece-requiem.net/t16271-james-whitewood
    Soleil noir JIN-450x253
    Lawrence à l'époque de ses dix-huit ans


    Faut dire qu’au plus on avance vers not’ destination avec Clar, et plus je me demande encore et encore pourquoi j’ai accepté son défi. C’est pas mon genre de refuser ce genre de choses, surtout avec lui. Mais il aurait quand même pu me décrire un peu plus le truc, l’endroit de loin parait… je saurai pas dire. L’île n’est qu’un amas noir au loin. La barque avance lentement en plus de ça, faut dire aussi que sur le coup Clarence a pas l’air très frais. Ses problèmes avec l’alcool ne sont plus un secret pour personne à l’heure actuelle. Je l’aime, hein. J’ferai tout pour ce gros bêta mais quand je le capte en train de faire n’importe quoi complétement rincé à la gnôle, il mériterait que Père lui tienne les bras pendant que je le matraque de coups de poings dans son bide pour tout faire recracher. Pff, n’importe quoi mon p’tit Laurent, pures conneries ! Si toutes ces histoires me viennent à l’esprit c’est sûrement dû au fait que le trac se fait un peu r’ssentir à mesure qu’on aperçoit la berge. Et le pire, c’est qu’c’est très silencieux tout autour de nous, il y a pas une âme qui traine sur ces eaux. Le frangin a l’air fatigué de ramer et fait tâter de sa grosse voix s’enfonçant dans toute cette obscurité. Sur le coup on s’est bien organisé quand même, chacun à un sac à dos garni d’éléments nécessaires à cette petite excursion, disons. Un escargophone relié entre nous au cas où l’un se perd, un peu de bouffe-boisson, de faf’ et c’est très bien comme ça. Je prie juste pour pas qu’un sauvage local nous prenne notre barque.

    Oh ?! Tu m’écoutes ?
    Qu’est c’qui t’arrives à toi ?
    Remplace-moi, tu veux. J’ai quasiment fait le trajet à moi tout seul, il te reste pas beaucoup. Héhé, on va bientôt voir les fantoooomes ! T’es plus chaud ?!
    Hmpf, si si. Juste que j’aurai bien aimé rester avec Gretchen. Elle va même plus revenir vers moi, avec le lapin que je lui ai posé avant de partir.
    Mais on s’en tape des gonzesses, là c’est un vrai défi Lau’ ! Si on arrive à faire ce qui était dit on sera un vrai duo d’couillus !

    A deux les quatre-cent coups c’est du gâteau, mais là je le sens pas beaucoup. Du coup je fais comme si j’me souvenais plus trop de ce qu’on doit faire une fois là-bas. Ça fait un peu genre le mec qui sait plus trop, qui a plus trop envie ou quoi.

    Dois faire quoi déjà ?

    Hein, tu rigoles ? On se rend dans le château de la Baronne de l’île !  La Baronne Brixius, ‘fin j’ai la flemme de répéter tout ce que j’ai déjà dit.

    Ouais, ouais, ouais… Ça sonne comme une évidence, j’avais compris. Cet endroit a l’air  d’un bel enfer. Une ile gouvernée par une dirigeante qui me semble bel et bien tarée. Des exécutions publiques, une populasse’ apparemment bizarre. Le trou du cul du monde le truc, un endroit où tu cases les rebus dominés par la folie en personne. Clarence parle tellement à n’importe qui qu’un chien en robe ne le dérangerait même pas comme compagnon ou camarade de beuverie. Un de ses amis qui vit ici a récemment pris de ses nouvelles pour lui proposer de venir boire un coup. Ils s’étaient vu je ne sais où et on finit ivre mort ensemble. Après, ça se contacte par Den Den pour parler de tout et rien. Le frérot n’a jamais posé les pieds ici, et jamais son pote en question ne lui avait proposé de passer. Quand je regarde le tableau, je comprends mieux pourquoi maintenant. Ensuite il s’est souvenu de toutes ces histoires qu’il lui avait raconté et son côté casse-cou mais surtout tordu a fait qu’on se retrouve ici à vouloir entrer dans le château des- comment ils s’appellent déjà- ah ouais, les Brixius.

    Hahaha ! Brennenburg nous voilà ! T’imagines ça !? Clarence et Lawrence Gargalen, les aventuriers de l’extrême. Les capteurs de fantômes, les explorateurs de l’horreur, les -
    J’ai compris Clar, réunis tes affaires et oublie rien ici. Un de ces pouilleux pourrait passer l’air de rien et prendre ce qui traine.
    Ouaip, d’ailleurs je vais bouger la barque un peu plus loin, à l’abri des regards.

    On avait fait plusieurs pauses sur le trajet pour se rendre ici. Le dernier trajet était le plus long de tous et ça fait un p’tit moment qu’on s’est pas lavé et qu’on a pas dormi dans un endroit convenable. Putain, j’ai déjà envie de repartir. A peine arrivés v’la l’ambiance, absence quasi-totale de bruits à part quelques oiseaux et le bruit des arbres frémissants. Je reste un peu sur la berge, prêt à réagir à n’importe quel moment quand Clarence revient un peu plus tard tout en sirotant dans son flash métallique en sortant de l’ombre.

    V’la, c’est nickel pour la barque. T’as la lanterne ? Passes la moi s’teup.
    Ouais, putain il caille grave en tout cas.
    Pas faux, mais il y a une raison à ça…
    Hum ? Laquelle ?

    Il allume la petite loupiote et la porte à son visage comme pour se donner un air terrifiant dans toute cette pénombre. C’est qu’il a surtout l’air bête avec ses cheveux en bataille et son regard de fou.

    Parce que…Il y a pas d’soleil ici. Une nuit noire per-ma-nente.
    Pas d’soleil ? T’as rien trouvé de mieux niveau débilité ?
    Pfff, bah me crois pas si c’est ça. Allez, on va pas s’éterniser ici. J’ai un coup à trinquer et on a du boulot.

    N’importe quoi, s’il sort pareils conneries c’est qu’il doit être encore plus mort que c’que j’pense. Quel troufion, pourvu qu’il nous arrivent pas d’emmerdes à cause de son ivresse débordante. Pas de soleil ? Et mon cul c’est quoi alors, la lune ?

    Mieux vaut que je reste près de lui tant qu’il garde la lampe. A peine j’me décale de quelques pas qu’on dirait que le décor noir l’avale.  C’est qu’il a l’air tranquille, le Clar. J’arriverai même pas à dire si il ressent la moindre émotion à l’heure actuelle. Toujours cet air de « j’en ai rien à foutre » décidément, surement que la gnole ça rend courageux. Concentré, même pas qu’il jetterait un coup d’œil à droite à gauche histoire de voir un peu où on se trouve. Quoique j’suis con, on y voit presque que dalle. Ca m’empêche pas de plisser les yeux histoire de capter quelque chose dans tout ça. Mais après réflexion, on dirait bien qu’il y a QUE DALLE aux alentours. Des champs totalement décrépis, épouvantails et quelques bestiaux non identifiés qui passent à ras de ta tronche. Les cases ont l’air totalement inhabitées et tu sais même pas où tu marches. J’dirais qu’c’est un chemin boueux, ou…. Ah nan, pitié. J’renifle un coup, c’est bon. La lumière doit surement les attirer. D’ailleurs en parlant ça, mieux vaut arrêter de rêvasser si j’veux pas perdre de vue la bouteille de rhum sur pattes. C’est qu’il marche vite.

    Doucement, hein ! Il t’arrive quoi à tracer comme ça ? T’as l’air d’un zombie à avancer la tête en avant avec le dos vouté.
    Quoi encore ?! Tes jérémiades deviennent lourdes, Laurent. Prononça Clarence en posant la lampe à ses pieds, histoire de dévisser le bouchon de sa petite bouteille à deux mains. Monsieur s’plaint qu’ca caille, qu’il a peur, qu’il a-
    J’ai pas dit que j’avais peur, ducon.
    Ouais, ouais, ouais. Tout dit en train de te plaindre. J’me casse le cul à tout arranger et une fois arrivé, ça y est. Ca se défile encore. Pfff
    C’est bon, calme toi. On va le faire, ton défi. Juste que… j’pensais pas que ce serait aussi sinistre.
    Et encore, t’as rien v- Chut, t’as entendu ?! dit-il en stoppant net les mouvements de son corps.
    De quoi ?! Tu m’fais flipper là…
    Att- COUUUURS ! hurla Clarence après avoir jeté des regards sur les côtés pour prendre ses jambes à son cou, en direction du champ le plus proche.

    Putain d’bordel à culs, c’est quoi ce bordel ?! Me v’la tremblant et haletant, planqué dans un champ avec un débile pour frère juste à côté qui garde de grands yeux ouverts. Heureusement que j’ai fauché la lampe avant de détaler.

    Il s’passe quoi là ?! Ah…où tu nous as emmenés enfoiré.
    Chuuut ! T’as pas entendu ? C’est des Redneck… J’en suis certain !
    Des quoi ?
    Bah…les gens qui habitent ici, quoi. D’après ce qu’on m’a dit, c’est pas des gens très loquaces. Des habitudes bizarres, l’ambiance aussi. Hmpfkru-
    Clar ? Il t’arrive quoi encore ? Je vais me faire dessus si ça continue.
    BWAHAHAHAHAHAHAHA ! PUTAIN LAWRENCE T’ES VRAIMENT LE ROI DES GUIGNOLS ! HAHAHAHAHA ! Des Redneck… non mais franchement. Des Redneck putain d’merde. Mon frérot est une vraie fifille.
    Connard va, ça t’amuses espèce d'enculer. Démerdes toi, tu m’fais chier.
    Rooooh, on rigole Law ! Reviens merde ! Doit y avoir la tonne de bestiasse ici.

    Ce genre de blague dans un endroit aussi glauque, c’est pas très marrant. Surtout quand on te racontes toute sorte de choses pour ensuite te retrouver avec un mec bourré. Fini l’assurance, il m’a bien remonté. Qu’il aille voir ses potes et se charger à bloc avec eux. Je me débrouillerai bien mieux sans un boulet pareil.

    Reviens frangin, tu vas tenir une heure tout seul ici, à tout péter ! Crois-moi ! Et puis on a qu’une lanterne, faut se serrer les coudes, merde.
    Alors t’arrêtes avec tes conneries ! T’arrêtes de boire jusqu’à ce qu’on soit AU MOINS arrivés à destination. Tu tiens à peine debout, regardes la réalité en face bordel. Tu vas me rendre aussi fou que toi.
    Mouais, bon… faudrait déjà qu’on reparte sur de bonnes bases. Qu’on arrête de s’embrouiller, trouver la taverne. A part si t’as envie que la Baronne te trouve et t’écorches pour avoir foulé ses terres sans son autorisation ?
    Pfff, qu’elle vienne. Allez, avance ou j’éteins la lampe et m’enfonce dans le village. Tu seras tout seul, torché et dans le noir. Et la…
    Ninininin. Contrair’ment à toi, ça n’m’atteint pas. Si j’la croise elle goutera à mes poings et à ma nouvelle prise. Son fils aussi, par la même occasion.
    Vaut mieux pas. D’ailleurs je commence à douter pour le déroulement du plan. Admettons que tu fasses du bruit une fois qu’on est dans le château ? On se fait avoir, et après ?
    Maiiiiis, doutes pas de ton frère comme ça. C’est de la gnognote pour des Gargalen.
    De l’inconscience… J’veux pas crever ici, c’est tout.
    HAHAHAHA ! N’importe quoi. Mais au fait, on marche vers où là ? Prononça l’homme ivre avant de se saisir de la lampe pour épier l’horizon, sauf qu’on n’y voit toujours pas grand-chose. Merde, je m’en doutais.
    Quoi ?
    C’est pas la bonne route. On marche droit vers ce qui semble être… le bois. Enfin ; j’suis pas sûr. Alors faut marcher encore un peu. Mon pote m’avait prévenu en plus. « Sors pas du sentier sinon c’est la merde pour se retrouver. Et ne t’avances pas trop dans la forêt. »
    Rohlala… fais chier. Tu peux t’en prendre qu’à toi-même.

    J’ai bien l’impression qu’on va rester longtemps bloqué ici.

    J'ai surtout la flemme de faire demi-tour.
    Forcément. Du coup on continue ? Mais faudra pas te mettre à hurler parce que t'auras entendu une branche craquer, hein. Hinhinhin
    J't'emmerde. que je réponds au quart de tour, tout bas. Juste après, je me saisis de notre seul source de lumière pour avancer prudemment.

    L'entente se dégrade un peu entre nous. Il a pas tort si on veut mener à bien cette situation, va falloir qu'on se calme sur les propos. C'est difficile quand il commence à jouer la provoque ou sur les sarcasmes. Plus trop de discussion, maintenant. On se concentre pour avancer dans la forêt et trouver son troquet. Sans carte ça va être un peu difficile par contre.

    Toujours ce silence pesant autour de nous. Des bruits sont audibles au loin mais impossible à identifier. On croirait entendre des cris ou un animal en train de se faire égorger. C'est surement mon imagination, le stress est à son comble en ce moment, ça doit jouer. Ca y est. De la où on se trouve, l'entrée du bois n'est plus très loin. Un amas dense d'arbres assez fins se tient devant nous, se mouvant comme des épouvantails à cause du vent. C'est les ténèbres, c't'endroit.

    Tout compte fait, on aurait pu reprendre la route du début.
    Alors là, te fous pas de moi. Tu me dis avoir la flemme de faire demi-tour alors on continue par là. Si ca se trouve c'est un raccourci ! qu'il répond en me poussant légèrement par l'épaule. Faut assumer dans la vie frangin.

    Avant de nous enfoncer dans cet enfer, je m'arrête un instant pour recharger la lanterne en poix. Tomber à court de lumière même une seconde me ferait faire une crise cardiaque à coup sûr. Quelques coups d'oeils à droite à gauche pour me rassurer une ultime fois et... on y va. Comme c'est moi qui tient la lumière, forcément je passe devant. Pour l'instant, ça va. Le sol est pratiquable et ne s'enfonce pas à un mètre quand on y pose à peine le pied. Mais mieux vaut faire gaffe, surtout pour Clar qui marche pas forcément droit. Ce que c'est lugubre, bordel. La végétation ici à l'air morte depuis des lustres. L'écorce des arbres est comme noircie par des années de pollution, voir d'un incendie ? Pareil pour le sol qui lui est décrépie, m'étonne plus quand je vois que rien ne pousse dans ce patelin. Quelques buissons de baies sont visibles pendant notre sillage, bien rabougris eux aussi.

    Ca va pour toi ?
    Ouais, mais va pas trop vite. Vaut mieux avancer à tâton pour pas trop nous paumer. Pour l'instant on peut quand même nous retrouver par rapport à où on est entré, on garde le cap. En plus, qui sais si on croise quelqu'un ?
    Commen-
    Nan, nan, c'est sérieux ! Imagine on croise quelqu'un, on pourrait demander notre chemin ? Et ça rajoute du piment, tout ça. Une p'tite ballade en fôret n'a jamais tué personne. 'Fin.. si on peut appeller ça une forêt. Bon allez avance.

    L'avancée sur le petit chemin faconné par le passage d'autres personnes avant nous se déroule bien jusqu'à une arrivée à une sorte de carrefour. A en croire le petit chemin, on pourrait facilement croire qu'il s'agit de la "veine" principale du bois.

    Pas maaal ! C'est bon signe ça. C'te route pourrait nous mener au village !

    Hum... C'est quand même hasardeux. Mais sur l'instant, je dirais que c'est quand même la décision la plus raisonnable.
    Pas d'temps à perdre, donc ?
    C'est ça.
    Et bien en route !
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    • https://www.onepiece-requiem.net/t15935-lawrence-gargalen