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La fille au ruban et le garçon mystérieux


« Est-ce bien toi? »


A ta santé JackC'était une journée radieuse qui se levait sur Cocoyashi. Les rayons du soleil passèrent à travers mes rideaux et me chatouillèrent les yeux. Non consentante, je me levai tout de même et fixai mon miroir qui renvoya une image effrayante de moi. Oh mon dieu! C'est horrible! J'avais oublié à quel point je ressemble à un épouvantail au réveil! On pouvait remarquer mes cheveux en bataille et la bave qui restait sur mon menton. Allez Ariane! Au boulot! Je me prépare alors comme à l'accoutumée, n'oubliant pas de passer au peigne fin ma chevelure rousse toute emmêlée et me laver le visage pour rendre ma peau moins grasse. Mais après avoir enfilée ma robe bleue à bustier noir, un évènement tragique s'offrit à moi. Où est mon ruban? Oh non! Je fouillais à droite à gauche dans ma chambre mais ce ruban était nul part. Mais... Attendez... Le ruban bleu je l'ai donné à ce garçon il y a longtemps non? Alors c'est mon ruban préféré que je lui ai donné? Mais quel idiote! Sortant un peu déçue, je croise Esteban qui ronfle comme un monstre marin dans la cuisine, sûrement après avoir passé la nuit à boire comme un trou. Je sortis alors de la maison sans le réveiller.

Ah quelle journée splendide! Tout le monde est déjà à l'ouvrage même à cette heure ci! Quand j'étais petite je me souviens que j'adorais me promener en ville pour parler aux gens et observer chacun dans sa tâche. Et quand ils m'offraient quelque chose, je les remerciais en disant que je les rembourserais tous en gagnant ma vie par le chant. Ce que j'étais naïve à l'époque... Me rendant à un endroit précis, je me mis à marcher en chantonnant gaiement pour ne pas laisser fuir ma joie. J'ai même ignoré un beau brun qui me siffla en me criant de venir m'amuser avec eux. De toute façon j'y serais pas allé! Il fait parti de ces idiots qui me courent après alors à quoi bon?
A ta santé JackPuis j'arrivais à la tombe de mon père. Je le fais chaque jour pour sentir sa présence qui me protège... On pourrait me prendre pour une folle mais parfois j'ai la vague impression que papa me protège sous une autre forme afin de me voir réaliser mes rêves... Et puis je n'ai pas peur de dire que je crois aux fantômes après tout! Je suis une grande fille maintenant mais quand même! Alors que je priais devant sa tombe, d'autres souvenirs vinrent se bousculer dans ma tête. Mon ruban... Il me rappelle tant ce garçon que j'ai rencontré... J'aurais aimé le revoir mais cela fait plus de quatorze ans que je ne l'ai pas revu... Il doit m'avoir oublié après toutes ces années... Souriant doucement, je ferme les yeux et laisse le vent souffler dans mes cheveux lâchés. J'aime me laisser porter par le vent... C'est alors qu'un bruit m'interpelle et m'oblige à me retourner en posant ma main sur la dague qui est attaché à ma ceinture en cas d'attaque. Mais ce qui m'a fais sursauter me fais étrangement pensé à... C'est impossible...

"Mais... Tu n'es quand même pas...

© Asaëlle


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Il y a ces moments dans la vie où tout se va pour le mieux, si bien qu’on a la fâcheuse tendance de dire que le monde est un paradis. Et il y a ceux-là où, tant le ciel s’acharne contre nous, que l’on se demande pourquoi on est ici sur Terre. Malheureusement pour moi, je semble dans ce second type…Enfin, pas totalement, juste au stade où je me demande encore pourquoi j’ai quitté mon lit. Très peu de choses en général peuvent nous aider à aller de l’avant dans ces temps-là,  pour ma part je dois dire que seuls mes souvenirs m’offraient encore une quelconque clarté dans ces ténèbres….
….du cimetière…  Dis, tu m’écoutes au moins ??
Mes plus plates excuses Milly, j’avais la tête un peu ailleurs….
Moui, dis plutôt que je t’ennuie oui!!!…Enfin... Comme je disait, il s’appelle Isaac Silverman, et d’après ce que j’ai compris il y a des chances de le croiser au cimetière dans les prochains jours.
...Il y a vraiment des jours où je me demande ce que je serais sans toi…
Si tu le dis...Enfin...Comme d’habitude j’attends mes  vingt pourcents Axel, et  surtout reviens en un seul morceau hein ??
Cela va de soi… Il se fait tard, je vais rentrer, encore merci !
Mettant ainsi un terme à notre conversation d’un baiser sur la main, je me levais et me dirigeait vers le bar. Je l’abandonnais seule dans cet endroit, aussi pris-je le soin de payer la note et commandant une bouteille de plus pour elle. Entretenir une bonne ambiance avec Milly était important, c’était ma seule informatrice sur cette île, Cocoyashi. Tournant les talons, je pris la direction de l’auberge dans laquelle j’avais déposé mes valises le temps de mon séjour ici. La brise ce soir-là, se voulut d’une douceur déconcertante, si bien que je finis par m’oublier un instant, m’arrêtant pour contempler les étoiles, profitant de ce moment apaisant.Combien de temps cela avait duré avant que je me remette en marche ? Je n’aurais su le dire, tant ce fut bien.

Lorsque je pénétrais dans ma chambre, je ne pus que me laisser tomber sur mon lit de tout mon poids. La journée avait été longue, et je n’avais pas vraiment été ménagé par les évènements de cette dernière. Le moelleux du lit eut vite fait d’alourdir mes yeux, et je sombrais sans même m’en être rendu compte dans un long et profond sommeil.

Cependant, ce ne furent pas les premières lueurs du jour qui m’extirpèrent de ma torpeur, mais le brouhaha qu’une des chambres voisines produisait. À croire que ses occupants n’avaient nullement pris le soin de lire la pancarte au rez-de-chaussée qui demandait de conserver un certain silence pour ne point importuner les autres chambres… Enfin… Je n’allais pas me plaindre aussi, parce que c’était tout de même un mal pour un bien en quelque sorte. Les premières lueurs du jour paraissaient déjà, dans cette fraicheur matinale. Retirant soigneusement mes vêtements je pris la direction de la salle d’eau,  où je restais un long moment afin de me mettre à mon aise et pouvoir commencer ma journée du bon pied.

À présent sur le pied de guerre, je me séchais rapidement les mèches avant d’enfiler mon ensemble noir. Prudence étant mère de sureté, je choisis de prendre avec moi mes deux sabres et me mis en route. Le cimetière se trouvant à la périphérie de la ville, il me fallut un certain temps pour le rejoindre. Un long et silencieux trajet dans une ville encore  endormie qui soulevait de vieux souvenirs que j’aurais cru enfouis très loin à présent. Une froide mélancolie me gagna alors rapidement alors que je revoyais encore ces images de mon enfance, lors de mon passage dans cette belle cité. Glissant ma main dans ma veste un instant, j’en sortis mon porte-bonheur, si l’on pouvait appeler ce morceau d’étoffe ainsi, que je serrais contre ma poitrine un long moment avant de le remettre à sa place en atteignant l’entrée du cimetière.

Pénétrant dans le lieu, je me voulus plus concentré que jamais. Réalisant un premier tour des lieux pour voir si je n’étais pas en retard, j’en refis un second, mon attention portée sur les traces de pas pour me rassurer que j’étais bel et bien le seul  qui s’y trouvait actuellement. Je me mis alors en quête d’un lieu non trop exposé et éloigné qui me permettrait de pouvoir observer tout ce qui aurait lieu ici, la prise d’information était et demeurait l’atout principal d’un chasseur aussi je me devais d’être prudent, encore plus lorsque je ne savais rien de ce que je cherchais. Mon dévolu se jeta alors sur le grand chêne dans lequel je montais pour me mettre tranquillement à l’aise sur une branche pas trop haute, mais suffisamment solide pour supporter mon poids. De nouveau le sommeil ne tarda pas à m’emporter vers de douces rêveries, bien que le réveil fût un peu brutal.

Ce fut la sensation de douleur en plusieurs endroits qui me ramena à moi. Ouvrant les yeux en catastrophes, je ne pouvais que me passer la main dans le dos du mieux que je pouvais pour essayer d’atténuer le mal, alors que je constatais que j’étais à terre. Je comprenais alors que j’avais chuté de ma branche dans mon sommeil. Me redressant un peu pour regarder aux alentours, je découvris avec stupeur qu’il y avait quelqu’un, et que cette dernière regardait dans ma direction. Isaac serait une fille ? Non, c’était non probable… Surtout vu les traits de la demoiselle. Sa beauté était vraiment troublante, à tel point que je ne remarquais même pas qu’elle s’adressait à moi, alors que je me redressais calmement pour me mettre tenir sur mes deux jambes. Un long moment encore je ne pus détourner les yeux d’elle, son faciès commençant à me sentir familier. Néanmoins, je n’étais point venu faire la cour à cette belle inconnue. Aussi à la suite d’une révérence je lâchais ces quelques mots avant de tourner les pas pour m’en aller.
Navré pour le dérangement!!!!

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« Est-ce bien toi? »


A ta santé JackJ'avoues m'être retenue de rire quand je compris que cet homme était tombé. Mais je ne pouvais détacher mon regard du sien sans savoir pourquoi. Pourquoi me semblait-il si familier...? C'est alors qu'il s'excusa en se préparant à partir que mes souvenirs me revinrent en mémoire. Un jour... Ce garçon dormait dans un arbre et je lui ai fais tellement peur qu'il est tombé.. Et ce regard... Je devais tenter l'impossible.

"C'est étrange vous ressemblez à un garçon que j'ai rencontré il y a quatorze ans de cela..."

Aucune réaction mais il ne semble pas décider à s'en aller. Je devais vérifier par moi-même mes soupçons en jouant avec les mots afin de me rattraper si jamais ce n'étais pas lui. Mais comment faire? M'approchant de lui, je lâche ma dague en souriant doucement et le fixant de mes grands yeux bleus.

"Je me souviens avoir passée une semaine avec ce garçon... Il était si gentil et si drôle que j'aurais voulu rester plus longtemps auprès de lui mais il est parti après une semaine... Et son regard perçant me fascinait... Si ça se trouve c'est vous non?"

Je ne mentais pas. Mais je ne vais pas dire, inconnu ou pas, que j'étais amoureuse de ce garçon à l'époque. Aujourd'hui je ne sais plus trop... Cela fait tellement longtemps que je peine à le savoir... Mais pas le moment de défaillir! Je dois me ressaisir et continuer mon investigation. J'attendais une réponse de sa part mais je préférai me retourner avec un air triste en soupirant. Je divague trop...

"En fait laissez tomber... Ce n'est sûrement pas vous... Je ne le retrouverai jamais il a dû jeter l'objet que je lui ai offert..."
A ta santé JackJe suis trop idiote... J'aurais beau me souvenir encore et encore de lui...il ne reviendra jamais. Je suis tellement sotte que j'aborde le premier inconnu qui me fait penser à lui... J'avais envie de pleurer mais je me retenais. Je ne pleurais jamais devant les autres. Si je le faisais ma fierté en prendrait un coup et les autres trouveraient facilement ma faiblesse. Et ça jamais! Plutôt mourir! Bravo Ariane! Tu te fais passer pour une folle devant un étranger! Excellent timing! J'aimerais me terrer dans un trou de souris en ce moment...

© Asaëlle


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Les mots qu’elle prononça à cet instant me glacèrent le sang l’espace d’un moment, suffisamment long pour que je me retrouve figer, telle une statue. Quatorze ans… Se pourrait-il que…? Non, cela n’était que trop peu probable, enfin, et si c’était vraiment elle ? Prendre le temps de parler avec elle ne serait pas un si mauvais choix si, elle était réellement celle…  Mes yeux se fermaient alors que je prenais une forte inspiration avant de me retourner vers elle de nouveau.

Je sentais l’appréhension m’envahir tandis que mon cœur s’emballait peu à peu. Une situation fortement étrange je dois l’avouer. Je lui faisais face à présent, tandis qu’elle se rapprochait de moi. Un détail attirait mon attention, sa main. Elle était armée dans un cimetière ? Alors il s’agissait bien d’Isaac. Je devrais faire parler cette personne pour obtenir ce que je veux… Comment m’y prendre, négocier avec les demoiselles n’était pas mon fort, surtout que…N’est-elle pas un tout petit peu trop près ? Et puis, ce sourire…

Détournant le regard un instant, pour ne pas dire fuyant le sien, j’essayais de retrouver ma contenance alors qu’elle reprenait la parole. Ses propos coïncidaient avec certaines images de ma mémoire, tandis qu’elle poursuivait dans ses dires.  Je me rendais compte à cet instant que la jeune personne qui m’avait fait les plus beaux moments de mon enfance se tenait là, à présent sous mes yeux… Mes yeux… Seuls et uniques détails qui avaient suscités  de l’intérêt chez elle pour ma personne, une note plutôt amère qui m’extirpa un sourire en coin. Sa dernière remarque sur le ruban qu’elle m’avait offert fit disparaitre mon sourire alors que j’apercevais les signes de la mélancolie sur ce doux faciès.
Ne bougez pas un moment je vous prie, vous avez quelque chose sur les cheveux... Ça ne s’en va pas… Masquons cela pour le moment, un bain devrait faire partir ça…
Une petite excuse pour lui remettre son ruban là où il avait toujours été, Le nœud était serré mais je le souhaitais ainsi, pour ne pas qu’elle comprenne avant de s’être placée devant un miroir pour voir le bout d’étoffe dans sa magnifique chevelure. C’était à mon tour de lui offrir un sourire espérant chasser la tristesse de son visage.
S’il est vraiment quelqu’un dont vous pouvez parler avec cet éclat dans les yeux, peut-être ne l’aurait-il point jeté…
Je finissais sur cette note douce avec un sourire et je m’éclipsais. Je devrais peut-être changer de mission… Non… Enfin si, c’était mieux ainsi.  Au moins je ne la brusquerais pas au cours d’un interrogatoire… Je me laissais aller à soupirer alors que je rentrais à mon auberge pour me reposer. Fallait pas le voir comme cela, mais cette brève entrevue avait réussi à m’épuiser. Néanmoins, elle est devenue sacrément jolie l’Isaac… Elle doit en faire un heureux. Alexanders rentre méditer, ça te sied le mieux !

Rentrant à l’auberge, je ne pus réellement me concentrer sur quoi que ce soit. Son image me revenant en tête sans cesse. Une situation qui ne me plaisait pas vraiment, si bien que  je finis par ressortir une fois la soirée venue, prenant la direction de la taverne. Au moins là-bas je pourrais surement me changer les idées et penser à autre chose. Sans me vouloir trop élégant, je mis une tenue correcte et pris la direction de l’établissement où j’espérais passer une agréable soirée…
Un verre de lait mon brave je te prie!

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« Est-ce bien toi? »


A ta santé JackAlors qu'Ariane avait été fascinée par cet homme jusqu'à ce qu'il parte. Esteban était parti à la taverne pour boire un coup encore. Esteban, c'est celui qui s'est toujours occupé d'Ariane depuis la mort de sa mère mais qui a un singulier goût pour l'alcool. Une fois à la taverne, il fut accueilli par les autres et s'assied près de l'étranger en riant.

- Salut mon gars! T'es nouveau? Allez je te paye un coup! C'est moi qui invite!

Puis il se mit à parler avec le tavernier de la chanteuse qui allait venir. Esteban prononça plusieurs le prénom d'Ariane pour en parler et en souriait tout en buvant sa chope. Il tenait l'alcool donc il n'était pas encore saoul mais on le voyait déjà devenir rouge sur le milieu du visage. Bref on sentait qu'il allait boire un moment sans se saouler.
A ta santé JackJe suis rentrée chez moi pour me préparer ensuite. Ma mine attristée montrait bien ce qui s'était passé. Mais une fois devant mon miroir, j'eus la plus grande surprise de toute ma vie. Alors...c'était bien Ezekiel! Ce ruban le prouve! J'aurais dû le comprendre! J'étais à la fois heureuse et malheureuse par cette découverte. Maintenant je ne le verrai plus... J'ai tout gâché... Soupirant, je mis ma robe verte et attacha mes cheveux avant de marcher vers la taverne pour y rentrer par l'arrière du bar. Je n'arrivais pas à oublier le visage de mon ami d'enfance devenu grand comme moi désormais. Il avait bien changé physiquement mais il était beau comme avant... Je souriais à cette pensée quand je le vis, par une ouverture du rideau de la scène, près d'Esteban. Mais...alors il est là! Je souriais à cette perspective et repris confiance pour la suite. Puis ce fut à moi. Les musiciens commencèrent à jouer et j'entrais en me mettant à chanter la chanson de mon père. Il me la chantait souvent car elle racontait l'histoire d'un homme qui partait en mer pour réaliser ses rêves alors que sa femme l'attendait. Cette chanson racontait son histoire. Il l'avait chantée un jour devant le garçon que j'avais rencontré et cela me faisait sourire alors que Esteban et les autres souriaient en me regardant.

© Asaëlle


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