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Votre mission si vous l'acceptez (pv Damien Reyes/Jack Kenwood)

Il devait être presque cinq heures du matin, le soleil commençait tout juste à pointer au dessus de l'horizon, colorant les vagues et les îles alentour d'une étrange teinte rosâtre. Il était encore tôt et le petit village d'Illiréa ne se réveillerais pas de si tôt. Rien ne bougeai parmi les maisons aux volets clos, rien hormis les ombres qui s'étendaient à mesure que l'astre solaire montait au milieu des nuages prenant au passage une magnifique couleur orangée. A quelques mètres de là un peu après l'entrée sud du village, celle qui donnait directement accès à la mer, un homme était assis tournant résolument le dos au soleil en mâchonnant son tuyau de pipe, des petites bouffées de fumée nacrées s'échappait à intervalles réguliers des lèvres entrouvertes et des narines (toujours ouvertes) de l'homme. Jack n'aimait pas spécialement les levers ou les couchers de soleil, il n'avait jamais compris pourquoi les gens s'extasiaient devant la "beauté" scintillante de l'astre alors que l'or et les pierres précieuses brillaient d'un éclat mille fois supérieur. Il n'était en rien sensible à la poésie que l'on pouvait trouver dans la gamme des couleurs incomparables qu'offraient une aube ou un crépuscule. Non décidément, toutes ces louanges sur le soleil, la lune ou quoi que soit d'autre ne valaient rien. Rien qui puisse lui rapporter le moindre berry en tout cas, et puis il n'était de toute façon pas revenu ici pour ça.

Il avait quitté son village alors qu'il n'était qu'un gamin et la dernière fois qu'il y était retourné c'était pour se venger, il avait espéré, en vain, qu'il n'aurait plus à remettre les pieds ici mais l'appât du gain avait une fois de plus été le plus fort, il se souvenait parfaitement de la conversation qu'il avait eu avec son supérieur deux jours plus tôt. Il avait été convoqué en fin de matinée après son tour de garde, lui qui espérait manger tôt ce jour là, il avait du sauter son repas pour répondre à la demande d'un planqué de la révolution. Un petit homme gras et chauve qui portait un monocle et qui arborait une moustache impressionnante. Ce type avait l'air d'un clown et répondait au nom de Seuchi. Jack était prêt à parier un an de solde qu'il n'avait jamais mis les pieds sur le terrain. On aurait dit une sorte de mix entre un morse et un homme modèle réduit. Le demi-morse accueilli cependant Jack avec politesse et courtoisie, s'excusant de lui faire rater un repas mais ne faisant rien pour remédier à cela. L'entretien commença avec les banalités d'usage, puis le nain morsifié se mis à retracer le parcours militaire de son interlocuteur. De son entrée dans la marine jusqu'à sa récente incorporation aux forces révolutionnaire. Jack commençait à perdre patience, il n'avait pas sauté un repas pour s'entendre dire par un vieux planqué tout ce qu'il savait déjà sur lui-même, n'y tenant plus, le borgne ouvrit sa gueule.

"Je suppose que vous n'mavez pas fait venir ici uniquement pour me parler de ce que je sais déjà ?"


Bien qu'il n'ait pas levé le ton et que sa voix soit restée la plus neutre possible, la tension grimpa soudainement d'un cran, visiblement le vieux morse n'était pas habitué à ce qu'on lui coupe la parole, ni à ce qu'on se montre impoli ou insolent avec lui. Le visage dur, il planta son regard dans celui de Jack qui failli y voire une provocation. après plusieurs seconde l'homme reprit d'une voix glaciale.

"En effet Kenwood"
*Tiens il ne m'appelle plus Jack* "si je vous ai fait venir ici c'est pour une raison bien particulière, et afin que vous compreniez le pourquoi du comment j'ai estimé nécessaire cette digression sur vos états de services, mais puisque vous semblez être pressé d'en venir au fait soit..."

L'homme marqua une pause, puis continua de la même voix autoritaire et glaciale.

"Certains d'entre nous ont estimés que vos capacités seraient mieux employées si nous vous confiions une véritable mission plutôt que de vous cantonner aux tours de gardes. Je ne vous cache pas que j'ai moi-même partagé cet avis... jusqu'à maintenant du moins..." Jack sentit la colère monter en lui, il avait passé l'âge de se faire envoyer des piques par un vieil abruti à ce point incapable de faire les choses lui même qu'il devait envoyer les autres nettoyer sa propre merde. Le vieil home ne sembla rien remarquer et poursuivi sur le même ton désagréable "Nous avons plusieurs raisons de penser qu'un groupe d'informateurs que nous utilisons depuis un bon moment pour notre compte viens de passer à l'ennemi. Votre mission est simple, vous vous rendrez à Illiréa, votre village natal, dans deux jours au lever du soleil, un de nos agents vous attendra sur place il a déjà été mis au courant des informations que je suis en train de vous communiquer, ah oui c'est quelqu'un d'assez jeune mais c'est un bon élément et je suis sûr qu'avec votre expérience vous l'aiderez à progresser."

Un sourire narquois s'étirait sous la moustache de Seuchi alors qu'il terminait sa phrase. Jack lui sentait la colère l'envahir, on allait quand même pas lui mettre un blanc bec sur le dos sans aucune expérience de terrain, c'était du délire, et puis qu'est ce que ça voulait dire ce "vous l'aiderez à progresser" ? Pas question qu'il se coltine un bleu en mission, Une fois de plus Jack sentait qu'il allait devoir s'énerver pour obtenir un résultat qui le satisfasse.


"Ah oui au fait je ne vous ai pas encore parlé de vos honoraires, si cette mission est menée à bien et que le groupe d'informateur est réellement passé à l'ennemi, la révolution s'engage à vous offrir une prime de 500 000 berrys, bien sûr vous pourrez garder tout ce que vous trouverez au cours de cette mission... Des questions ?"


500 000 berrys ? c'était une somme, au fond de lui même Jack était en proie à un conflit intérieur particulièrement violent. Se coltiner le blanc bec et ramasser le pactole, ou refuser la mission et perdre, peut être à jamais, toutes ses chances de devenir autre chose qu'un garde avec un salaire de misère. Finalement la décision fut vite prise.

"Aucune... Monsieur, je serais à Illiréa dans deux jours à l'aube."

Jack commençait à regretter sa décision, le soleil s'était complètement levé dans le ciel il devait être presque sept heures et toujours pas de trace de son "compagnon". Il se mis à faire les cent pas à quelques mètres de l'entrée sud du village.

*mais qu'est ce qu'il fous bordel ? Il est en retard...*
    "La richesse est un instrument dont on use, et non un dieu que l'on vénère". Cette citation de ce cher Coolidge, sans doute que mon employeur ne l'avait guère entendu. Alors que j'étais tranquillement installé sur la plage de l'île d'Illiréa où j'avais été affecté depuis maintenant une semaine, voilà qu'un idiot de pigeon vient à briser l'espoir de vacances que je nourrissais depuis que j'avais été envoyé ici. Il fallait bien avouer que rien dans cet endroit ne semblait pouvoir être utile pour l'armée révolutionnaire. Aussi, lorsque l'on m'y avait expédié, je m'étais tout naturellement dit que c'était afin d'y prendre du repos. Manque de chance pour moi, cet oiseau de malheur, tant au sens propre que figuré, venait mettre à bas l'ensemble des espoirs que je nourrissais. En plus de s'écraser lamentablement sur la table située à côté de mon transat, renversant mon verre de lait au sucre vanillé, les nouvelles qu'il m'apportait n'avaient rien de très charmantes. Terminant de pester en saisissant l'animal par une patte, pour l'envoyer derrière moi comme un vulgaire verre de Vodka descendu illico-presto par un quelconque scandinave, je m'empressais de parcourir la missive qu'il m'avait apporté. S'il était une chose que je savais pertinemment, c'était bien qu'un courrier pendant vos congés est rarement une lettre de félicitation ou un gros chèque avec plusieurs zéro. Comme je m'en doutais légèrement, il s'agissait bel et bien d'un ordre de mission, provenant d'un haut dignitaire dont je n'avais même pas connaissance de son existence. Cependant, la formule en fin de lettre ainsi que le tampon de celle-ci m'indiquaient tous deux qu'il s'agissait bel et bien d'un document authentique... à mon grand regret.

    Si j'en croyais ce qui était indiqué, le mouvement Révolutionnaire souffrait de quelques fuites, et c'est tout naturellement que mon nom était sorti lors de la discussion qui déterminait qui devait jouer les plombiers. Intérieurement, je me doutais que mes capacités à traquer le mensonge sur le visage des gens n’étaient pas une donnée inconnue dans l'équation qui avait aboutie à un tel résultat. Si j'étais l'un des agents les plus qualifiés pour les interrogatoires sans avoir à verser une goutte de sang, je craignais cependant que la personne avec qui je sois contraint de faire équipe ne soit un individu diamétralement opposé à ma nature. Son dossier m'avait été envoyé et, comme si le fait de devoir faire équipe ne suffisait pas, il fallait qu'il s'agisse d'un ancien Marine, relativement âgé et adepte de la bonne vieille méthode : je frappe d'abord, je pose les questions ensuite. Soulevant les feuilles agrafées entre elles, je découvrais avec un regard de plus en plus perplexe les hauts faits de cet individu que je jugerais comme étant des moins recommandables. La photo fournie avec le dossier était conforme à l'idée que je me faisais de lui après la lecture de ce dernier : à savoir un mastodonte bodybuildé qui faisait des altères pendant son temps libre qu'il avait en abondance. Déjà que faire équipe n'était pas mon point fort, je me demandais ce qui avait bien pu prendre aux grandes instances de me coller un équipier, à plus forte raison une personne avec qui je risquais d'en venir aux mains si j'anticipais son comportement sur ses faits d'armes passés.

    Qui plus est, il n'était plus tout jeune l'animal. A n'en pas douter, j'allais sûrement me prendre des réflexions comme quoi j'avais encore du lait de ma mère qui coulait de ma bouche, ou que mes couches étaient bien dissimulées sous mon pantalon. Bref, je doutais de pouvoir m'entendre avec lui dans l'immédiat. Afin d'éviter ce genre de comportement qui nous pousserait indubitablement à en découdre avec lui, j'allais devoir m'investir et me concentrer principalement sur l'objet de la mission. Celle-ci devrait rapidement être réglée si j'en jugeais sa nature on ne peut plus simple. Rendre visite à un groupe d'informateur et voir s'il s'agit ou non de traîtres. Quant à ce qui poussait notre camp à les considérer de la sorte, rien, nada, même pas une petite notation en bas de page. En général, j'étais connu pour demander tous les détails d'une affaire avant de la prendre en charge. Là, de toute évidence, il y avait des lacunes. Tout cela me laissait envisager qu'il s'agissait là de biens mauvais augures. Lorsqu'une histoire commençait avec un pigeon qui vous pourri vos vacances, il y a fort à parier que cela ne peut que mal finir. Prenant tout de même note des éléments présents dans le document qui m'avait été envoyé, je constatais que le lieu du rendez-vous avec mon binôme ainsi que l'heure de celui-ci n'était pas pour tout de suite, mais pour dans deux jours. Ô joie, ô bonheur, ô jeunesse alliée ! J'avais donc encore le temps de me dorer la pilule, du moins pendant encore quarante-huit petites heures. Ce fut donc tout naturellement que je remis les feuilles dans l'enveloppe, avant de m'étaler à nouveau sur mon transat et de profiter encore un peu du soleil, mêlé au bruit apaisant des vagues et à l'odeur de l'iode qui arrivait jusqu'à mes narines.

    En revanche, le lendemain, j'avais parfaitement préparé tout le nécessaire pour une opération de ce genre, à savoir mon imperméable à capuche, ainsi que ma fidèle épée. En y repensant bien, alors que je me préparais, je me disais que s'il n'y avait pas eu la contribution monétaire, peut-être aurais-je tout bonnement refusé ladite mission. Néanmoins, il me semblait étrange que l'on en vienne à nous payer une telle somme d'argent pour une mission aussi basique. J'émettais une certaine réserve sur la simplicité du devoir nous étant confié à la simple vue des revenus que l'on nous promettait. Tout en terminant de m'habiller et de faire ma valise, je finis par m'endormir dans mon lit après avoir expédié mes affaires personnelles par transport de marchandise jusqu'au Quartier Général de la Révolution. Une simple précaution que j'avais pris l'habitude de prendre, dans la simple éventualité où il me faudrait quitter les lieux précipitamment. Le réveil le lendemain matin fut assez dur, tout cela à cause du fichu coq de la ferme se trouvant juste à côté du coin de l'hôtel où j'étais établi. Néanmoins, cela m'indiquait clairement que le soleil n'allait pas tarder à se lever. Quittant la chambre et rendant les clefs à la réception, je me dirigeais vers l'entrée de la ville, conformément indiqué comme lieu de rendez-vous avec mon contact. Observant l'horloge du village, je constatais qu'il était six heure et demi et que je ferais sans doute mieux de me hâter.

    Arrivant pile sous l'arche qui indiquait l'entrée de la petite ville, je constatais que l'individu chargé de faire équipe avec moi n'était pas encore arrivé. Allons bon, j'étais certes un peu en avance, mais j'avais osé espérer que mon binôme ait autant de tact et prenne autant les devants que moi. Jetant un regard rapide autour de moi, je constatais que personne ne m'observait. Aussi finis-je par déployer une paire d'ailes de taille relativement modeste, me donnant une impulsion très brève afin que je puisse me percher sur l'arche sous laquelle j'étais un instant plus tôt. Mes appendices disparaissant dans une volée de plumes grisonnantes, sans doute à cause de mon état encore à moitié endormi, je m'allongeais tranquillement sur l'édifice, laissant ma jambe pendre dans le vide, tranquillement adossé à la pierre qui le constituait. Cinq ou dix minutes passèrent, et je commençais à m'ennuyer sérieusement. Qui plus est, je sentais à nouveau la fatigue revenir à la charge pour m'accabler de tous ses maux. Vous savez cependant ce qu'il en est, de ce piège odieux dans lequel on tombe toujours. Même si je connaissais bien son mode opératoire, je ne pus m'empêcher d'y sombrer à nouveau moi aussi. Je parle bien sûr du fameux "Je ferme les yeux juste quelques instants", aussi connu sous le nom du "Je me repose les paupières". Ni une, ni deux, à peine avais-je rabattu celles-ci que je m'endormais à nouveau. Voilà pourquoi je n'ai pas vu ou entendu arriver le mastodonte qu'était mon partenaire de fortune et qui semblait fort contrarié de ne pas me trouver à l'endroit prévu. Contrarié, il le serait encore plus dans les instants qui suivirent son arrivée, car à peine fut-il sous l'arche en question que ses grognements plus qu'audibles provoquèrent chez moi un mouvement qui me déséquilibra et me fit tomber de mon perchoir, pour atterrir tête la première sur le crâne du pauvre bougre.

    "Schbonk" fut le bruit pour le moins particulier qui résulta de cette collision imprévue, me réveillant sur le coup et m'octroyant le droit d'avoir une sacrée migraine en guise de récompense pour ma visée impeccable. Me relevant, j'ignorais ce à quoi pensait mon collègue Révolutionnaire, mais cela ne devait pas être des plus joyeux. En tout cas, à défaut d'avoir une tête de pioche, il en avait une sacrément dure, du genre de celles que l'on pourrait utiliser pour briser un mur d'un seul coup de boule. Me frottant le point d'impact de notre contact imprévu, j'étais certains que celui-ci allait laisser une très jolie bosse d'ici quelques instants. Tout en m'avançant vers lui, je tenais quand même à faire preuve de bonnes manières en entretenant les méthodes de salutation plus conventionnelles que celle qui consiste à chuter sur la tête de son interlocuteur. Lui tendant la main, encore un peu sonné par ma descente depuis l'arche, je m'adressais à lui sur un ton qui trahissait bien facilement la douleur lancinante qui s'amusait à tourmenter mon crâne.


    - Commodore Reyes Damien. Enchanté !
      Jack était loin d'être le type le plus amical des mers bleues ou d'ailleurs, ceux qui l'ont connu pourraient sans doute même aller jusqu'à dire que c'est un mec complètement antipathique, voire même un sociopathe violent. Fatalement, l'arrivée de son nouveau compagnon de mission n'était pas de nature à améliorer le comportement du bonhomme. déjà passablement énervé à cause du retard de son équipier, la chute de ce dernier sur la tête de Jack était de nature à faire perdre son self contrôle au vieux marin. La collision en elle même n'avait rien de très méchant après tout se faire mal ça pouvait arriver, non c'était la façon dont se déroulait leur première rencontre qui menaçait de faire sortir Jack de ses gonds. La seule raison pour laquelle l'ex marine n'avait pas répliqué à ce qu'il considérait comme "une agression injustifiée qu'il fallait punir sur le champ" était une question qu'il se posait concernant le gamin qui venait de lui tomber sur le tête.

      *Mais qu'est ce qu'il foutait la haut ?*

      Le jeune révolutionnaire se releva tant bien que mal et s'avança vers Jack en lui tendant la main, la voix rendu quelque peu aiguë et tremblante sans doute à cause de la douleur de la chute.

      "Commodore Reyes Damien. Enchanté !"

      Jack planta son regard dans celui de son interlocuteur. La première chose qui lui vint à l'esprit c'était que ce dernier ne devait pas avoir plus de vingt ans, peut être moins. Comme s'il avait le temps de s'occuper d'un marmot pendant une mission surtout que celui-ci n'inspirait guère le vétéran. Assez petit (à côté de Jakc) il était mince, maigre même et sa peau d'une blancheur extrême laissait deviner qu'il n'avait pas beaucoup vu le soleil ces derniers temps. Non décidément il n'inspirait pas le vieux Jakc qui malgré tout au bout de quelques secondes serra vigoureusement la main que le jeune Reyes lui tendait. Jack n'avait pas l'intention de lui faire mal ou de faire une démonstration quelconque de force, c'était simplement sa manière à lui de jauger les gens à qui il avait à faire, il n'aimait pas les hommes qui ne serrait pas les mains, qui se contentait d'une légère pression du bout des doigts avant de vite les retirer. Il fut agréablement surpris de sentir l'étreinte vigoureuse du jeune homme malgré son apparence chétive et bien que ce fut pas suffisant pour lui faire oublier la façon dont s'était déroulé leur première rencontre, Jack considéra cette poignée de main comme une circonstance suffisamment atténuante pour qu'il donne son nom.

      "Jack Kenwood"

      Il marqua une pause avant de continuer.


      "Je suppose que tu sais déjà pourquoi on est ici n'est ce pas ? Cela dit avant que nous ne commencions il y a deux ou trois petites choses qu'il me faut régler, histoire que la mission se passe sans encombre"

      Tout en parlant Jack se mis à marcher vers la plage, la brise matinale s'était levée, apportant son lot d'embruns et parfumant l'air d'une forte odeur d'iode. Le soleil avait pris son habituelle teinte flamboyante et le village commençait à s'animer, c'était une belle journée sur Illiréa et il ne fallait pas être vu. Jack continuait de marcher, entraînant Damien sur la plage, enfin au bout d'une quinzaine de minutes, les deux révolutionnaires arrivèrent dans une sorte de petite crique. Le vieux révolutionnaire savait ce qu'il avait à faire, ce n'était pas différent de l'époque où il servait dans la marine, simplement aujourd'hui il ne travaillait plus pour le gouvernement mais bel et bien contre lui. Il leva le poing faisant signe à Damien de s'arrêter, les deux révolutionnaires s'étaient immobilisés, un silence pesant planait sur la petite plage à peine rompu par le léger frottement des vaques venant mourir sur la plage. Jack se retourna brusquement la pointe de son sabre de bois à quelques centimètres de la gorge de son jeune compagnon. L'œil unique de Jack se planta dans l'œil droit de Damien, la température semblait avoir soudainement chuté de plusieurs degrés. Toujours immobiles les deux révolutionnaires restaient face à face et Jack ne put s'empêcher de remarquer que son compagnon de mission ne semblait pas éprouver la moindre peur à être menacé de la sorte. Finalement peut être parviendrait-il à ne pas se montrer trop désagréable avec lui ?

      "Je suis désolé mais je me dois de vérifier gamin, si tu est bien celui que tu prétends être alors prouve le moi, prouve moi que tu est de la révolution, sinon ta vie devra s'arrêter ici et sois sûr que personne ne retrouveras jamais ton corps."


      Bien que le ton sois sans appel, Jack n'avait pas élevé la voix et était lui aussi resté parfaitement calme, il ne s'agissait pas vraiment d'une provocation, c'était un passage obligé, la prudence lui intimait de vérifier l'identité de son contact avant d'entamer quoi que ce soit avec lui. Certes il y avait des méthodes plus douces que celle la mais Jack n'avait vraiment pas apprécié le coup sur la tête...

      (Hrpg: c'est court et plat mais compte tenu du temps que j'ai et de mes disponibilités je peut pas vraiment faire mieux pour le moment désolé ) Neutral

        Cette rencontre était pour le moins atypique, du moins, c'était ce que je pensais en me frottant l'arrière du crâne où ma bosse avait bien enflée. Cependant, alors que je tendais la main à mon collègue de fortune, je constatais un bref mouvement au niveau de ses maxillaires qui témoignait un léger dédain. Le fait que cette expression ne soit pas trop prononcée m'indiquait néanmoins que ce n'était pas encore trop grave, ou du moins, peut-être était-ce ce que j'espérais. L'un dans l'autre, je sentais surtout chez lui comme un désir de me jauger, ou peut-être simplement le doute quant aux capacités que je pouvais déployer, sûrement à cause de mon jeune âge et du physique assez chétif que je présentais. Il fallait dire que derrière mes airs livides et mon apparence de maigrichon, il était très difficile d'imaginer que je sois un combattant formé par l'Armée Révolutionnaire, à plus forte raison un Commodore de celle-ci. Néanmoins, ce genre de chose me servait généralement pour générer un effet de surprise vis-à-vis de mes adversaires. Cela produisait toujours un effet pour le moins impressionnant lorsque le gamin un peu svelte en face de vous venait à se jeter sur votre personne, épée brandie, pour finalement donner un coup d'une force qui vous obligeait à réviser votre jugement à son sujet. Sans l'ombre d'un doute, si je venais à combattre aux côtés de ce Jack, ce dernier risquait d'avoir la même réaction. Il ne semblait guère avoir confiance en moi, du moins sur le plan de la combattivité. Et pour cause... même si mon dossier lui avait été remis, qu'aurait-il pu en tirer ? Que j'étais excellent dans l'art de l'analyse du comportement, que je savais faire fonctionner mes méninges et que je maniais une épée... mais nulle part il n'était indiqué les missions auxquelles j'avais participé, et à plus forte raison, il n'était pas fait mention du fait que je possède les facultés d'un utilisateur de Fruit Démoniaque.

        Seules quelques personnes étaient au courant de ce fait. Même au sein de l'Armée Révolutionnaire, très peu d'individus avaient vent de mes capacités pour le moins atypiques. Cependant, s'il était une chose que je savais en tant que stratège de premier ordre, c'était bien que ce genre de pouvoir se devait de rester secret pour pouvoir être utilisé dans les meilleures conditions. Appartenant à un mouvement où l'allié d'aujourd'hui peut très bien être l'ennemi de demain, mieux valait ne pas laisser ce genre d'informations circuler. En réalité, il n'y avait que mon supérieur qui soit au courant de ce "talent". Et ce secret, il s'était bien gardé de le marquer sur un quelconque rapport ou un simple évaluation de ma personne que n'importe qui aurait pu lire. De la même manière, seul mon recruteur était au courant de mes exactions avant d'entrer dans l'Armée, principalement celle faisant état du meurtre d'un Tenryuubitô à qui "j'appartenais". Alors si je gardais si bien le secret sur mes origines et mes pouvoirs un peu spéciaux, ce n'était pas pour les afficher aux yeux du monde, et encore moins pour impressionner un coéquipier que je voyais pour la première fois de ma vie. Si ce qu'il voyait ne lui plaisait pas, je craignais de le décevoir, car je ne comptais pas étaler mes capacités devant lui pour le rassurer. Après tout, paraître faible me permettait de bénéficier d'un excellent élément de surprise, tant en combat qu'au quotidien. Qui soupçonnerait le gamin aux airs de cadavre anorexique d'être l'auteur d'un quadruple meurtre quelques instants plus tôt ? Seule l'épée que je portais à ma ceinture venait contredire tout ce charmant tableau. Mais qu'importe. Dans un monde comme le nôtre, il est rare de croiser des personnes qui voyagent sans être armées, aux vues de la recrudescence de la piraterie pendant notre ère.

        Tout en pensant à cela, j'écoutais mon interlocuteur se présenter, avec une voix nette et presque incisive, camouflant très mal la rancœur qu'il avait pour le coup de tête accidentel que je lui avais prodigué. Cependant, le léger haussement de son regard témoignait d'une certaine interrogation, sans doute quant à l'endroit d'où je venais, ou de la raison qui m'avait fait me tenir en hauteur. Sans trop m'avancer, je pouvais m'estimer heureux que cela le surprenne, sans quoi peut-être que sa colère n'aurait su s'atténuer aussi vite qu'elle le fit en cet instant. Sa poignée de main était assez franche, sa peau donnant l'impression d'être corné, sans doute à cause d'un maniement continu et excessif de son arme. Néanmoins, pas la moindre trace d'hésitation. Entre autre, l'anxiété était également absente, sa main étant chaude, alors qu'en général, la peur réduit la température de ce genre d'endroit, la circulation se concentrant au niveau des jambes pour préparer la fuite. Non, décidément, on ne pouvait pas dire que notre bonhomme appréhendait la suite des évènements, même s'il avait l'air de mauvaise humeur. Cela dit, je le comprenais un peu... dur d'être souriant lorsque votre binôme arrive en retard, et en jouant au billard avec votre tête comme boule de huit, et la sienne comme queue. Indubitablement, il était certain qu'une tension s'était installée et risquait de pourrir l'ambiance pendant un petit moment.

        Alors que je méditais sur le moyen de passer outre ce détail, les mots de Jack furent un poil plus incisifs, mais également mystérieux. Sa question rhétorique n'avait pas le moindre intérêt, la réponse étant bien entendu un "oui" que je me contentais de lui transmettre d'un simple signe de tête. Mais la suite de sa tirade eut pour effet de me faire hausser un sourcil perplexe et d'attirer mon attention. Quel genre de préparatifs devait-il effectuer ? Un rituel de chance ? Une petite prière pour éviter la schkoumoune ? Ou peut-être simplement une danse porte-bonheur ? Je n'avais pas encore eu un contact avec lui suffisant pour savoir s'il se livrait à ce genre de pratiques superstitieuses ou s'il s'agissait encore d'autre chose. Et pourtant, la réponse aurait dû me sauter à la figure, à la manière d’un huissier venu vous saisir si jamais vous avez eu le malheur d'oublier de régler votre déclaration d'impôts. Alors qu'il m'entraînait un peu à la périphérie du village, plus précisément vers la plage, je commençais cependant à me douter de quelque chose. Nous étions dans un endroit très peu fréquenté, à l'abri d'éventuels gêneurs qui auraient pu perturber le bon déroulement du "rituel" auquel il s'apprêtait à me faire participer, que je sois ou non d'accord. Bien tranquillement isolés, dans une crique où les vagues venaient s'échouer sur le sable blanc, il finit par se retourner vers moi, pointant brusquement son sabre en bois sous ma gorge. A cet instant précis, mon regard passa de celui d'un adolescent un peu alerte à celui d'un individu sévère, sourcils froncés et visage sérieux. Je n'avais guère sourcillé au fait de me faire tenir ainsi en joue par mon collègue, mais c'était sans nul doute parce que je savais très bien ce qu'il allait me dire.

        Comme je m'y attendais, il s'agissait d'une sorte de "vérification d'identité", ou du moins, ce fut le prétexte que me sorti ce vieillard pour avoir l'occasion de voir ce que je valais avec une épée. Les termes employés se voulaient sans doute menaçant, mais après six années à servir sous les ordres des Tenryuubitôs et à subir leurs sentences jour après jour, ce genre de promesses morbides était plutôt sans effet sur moi. Je l'observais, alors que son regard était pratiquement aussi sérieux que le mien. A n'en pas douter, il ne s'agissait guère d'une plaisanterie, même si l'énoncé que venait de lancer mon compagnon de fortune était assez sujette à l'ironie. Je fermais les yeux avant de me passer la main droite dans les cheveux, affichant un léger sourire des plus amusé. L'odeur de la mer, ainsi que le vent plutôt fort qui résultait du choc entre les vagues et le sable me rendait d'assez bonne humeur, le paysage étant des plus poétiques pour se livrer à une joute, voire même une simple escarmouche. En revanche, il était hors de question de faire appel aux pouvoirs du Hane Hane no Mi. Je désirais toujours garder cette carte secrète pour la sortir en cas d'ultime nécessité. Par contre, pour ce qui était de l'utiliser pour me faire une armure qui passerait sans souci pour une côte de maille, là c'était une autre paire de manche. Sous mon imperméable, je laissais le plumage sortir de ma peau, se teintant d'un gris métallique tout en se solidifiant à l'extrême pour atteindre la densité de l'acier tout en restant d'un poids à peine plus lourd que celui d'un simple T-Shirt. Bien entendu, le fait que mon vêtement soit fermé empêchait mon adversaire de pouvoir observer ce phénomène, et cela me convenait parfaitement. Ouvrant à nouveau les yeux avec un sourire cette fois-ci plein d'arrogance et de provocation, je répondais à ses dires sans le faire attendre plus longtemps.


        - Ainsi soit-il...

        Je posais ma main gauche sur me hanche, à travers l'ouverture de mon imperméable, pour en sortir mon épée et pousser celle de mon adversaire temporaire d'une simple pichenette, lui signalant que j'acceptais son défi. Lui tournant le dos pour marcher un peu et m'éloigner de lui, je prenais une distance respectable, tant pour attaquer que pour me défendre, avant de faire volte-face et me retrouver à nouveau devant lui. Trois bons mètres nous séparaient, alors que je levais ma lame, renforçant mon étreinte sur sa poignée, pour finalement toussoter un bref instant avant de reprendre la parole. Un simple "Nous pouvons commencer" suffit à indiquer que j'étais parfaitement prêt à en découdre et lui fournir la preuve qu'il attendait. Sans faire plus de préambule, je m'élançais avec vers lui, tendant mon épée sur ma droite, lame derrière moi, avant de la rabattre d’un violent mouvement circulaire en y mettant une bonne partie de ma force. S'il venait à parer, le choc serait suffisant pour lui faire comprendre que chétif ou non, me sous-estimer risquer de gravement nuire à sa santé. En revanche, s'il n'esquivait pas un tel coup... alors il finirait simplement tranché en deux et cela voudrait simplement dire que malgré son âge avancé, il a vécu inutilement s'il est incapable de parer une attaque aussi facilement prévisible, car annoncée par moi-même avant de la porter. Cependant, même s'il semblait s'agir d'un simple "test" de sa part pour me tester, je désirais aussi voir ce que ce cher Kenwood pouvait avoir dans le ventre. Voilà pourquoi, après ce premier coup, je continuais d'exercer une forte pression avec ma lame contre la sienne, pour voir ce que pourrait bien faire mon opposant dans ce genre de situation.
          Il n'y avait ni peur ni hésitation dans le regard du gamin quand il décida de porter l'attaque, Jack devait reconnaître qu'il était agréablement surpris malgré le jeune âge de son compagnon ce dernier semblait être un combattant relativement expérimenté. Son bras se détendit rapidement, sa lame émit un sifflement furieux en fendant l'air, le gamin attaquait pour tuer. L'attaque en elle même était toutefois assez basique et la parer ne fut pas une tâche bien difficile. Évitant soigneusement de contrer sur le tranchant, Jack ramena son sabre près de lui et bloqua le coup. La claquement du bois contre le métal se détacha nettement sur la plage quasi silencieuse. L'espace d'un instant Jack écarquilla les yeux, la frappe était lourde, bien plus lourde que ce à quoi il s'était attendu, ce gamin à l'apparence si frêle possédait en fait une force impressionnante, si Jack n'avait pas tenu son arme à deux mains il n'aurait probablement pas pu parer complètement le coup. Il avait sous-estimé son adversaire, lui le vétéran, le vieux singe qui avait du se battre de toute ses forces depuis sa plus tendre enfance, il avait commis une erreur de débutant, une erreur qui aurait pu lui coûter très cher. Parallèlement il était plutôt content, cela faisait un bon moment qu'il ne s'était pas battu sérieusement et il savait désormais que le gosse n'était pas à prendre à la légère.

          *Je me demande si il tiens bien l'alcool ?*

          Ce fut la première pensée qui lui traversa l'esprit alors que son adversaire poussait son avantage en forçant encore un peu plus avec sa lame contre le sabre de bois de Jack. Renonçant à un simple combat de force qui ne ferait que fatiguer inutilement et lui et son jeune adversaire, Jack abaissa son arme et amorça une rotation de tout son corps, la lame de son opposant entraînée par la sienne lui offrait une courte ouverture qu'il exploita en décochant au gamin un "bon gros coup de latte dans la gueule". La sensation du choc lui paru cependant étrange, une douleur sourde irradia le pied qui venait de porter le coup, ce gosse avait décidément la tête dure. Reculant de quelques pas en boitillant légèrement, Jack tendis la main vers son compagnon.

          "Assez ! Je vois que tu sais à peu près te battre et ce s'rait stupide de s'entretuer avant même de commencer cette foutue mission."

          Sur ce point Jack avait raison mais il mentirait s'il affirmait que c'était la seule raison pour laquelle il voulait interrompre un combat qu'il avait sciemment provoqué. S'il devait être honnête c'est surtout parce qu'il n'était pas du tout certain d'avoir le dessus sur son adversaire et surtout, en admettant qu'il arrive à le vaincre il n'avait pratiquement aucune chance de s'en sortir sans prendre un mauvais coup. Jack n'était pas douillé, mais il avait eu suffisamment mal dans sa vie pour ne pas aller lui même au devant de blessures qu'il pouvait éviter. Pour la première fois depuis le début de cette journée qu'il avait classé dans sa tête comme jour de merde à oublier le plus rapidement possible, un sourire véritable s'étalait sur le visage du vieux révolutionnaire. Certes son visage ravagé avec sa bouche tordue en une espèce de rictus sadique n'inspirait pas davantage confiance, mais le geste suivant signifiait que Jack acceptait le gamin tel qu'il était et qu'il le traiterait désormais presque comme un égal, lentement il rengaina son sabre, porta la main à sa ceinture, pris sa flasque en fer blanc, dévissa le bouchon et bu une longue gorgée avant de de la tendre vers son compagnon.


          "T'en veux ? T'inquiète c'est pas empoisonné."


          Précision inutile puisqu'il avait bu en premier mais qui lui semblait tout de même nécessaire afin de mettre en place une bonne entente relative.

          "Tu trouveras pas meilleur alcool dans le coin, allez bois en un bon coup, ça vas te faire pousser les poils et on pourras finir c'te mission au plus vite."

          Voyant que le jeune révolutionnaire hésitait et qu'il n'avait toujours pas rengainer son arme, Jack éclata d'un rire tonitruant qu'on aurait pu confondre avec un cris de bête sauvage si une petite larme ne s'était pas mise à perler au coin de son œil unique et si on admettait que sa bouche tordue et largement ouverte symbolisait un sourire. Quelques mouettes s'envolèrent brusquement en poussant des cris aigües, indignées par le soudain tapage. Il devait être près de neuf heures du matin, la mission pouvait enfin débuter.
            Goethe a dit un jour : "C'est bêtise de déprécier son ennemi avant le combat, et bassesse de l'amoindrir après la victoire". Ce cher Goethe n'avait certes pas grand-chose d'un guerrier, mais au moins, il possédait l'honneur que certains d'entre eux devraient avoir. J'ignorais si ce Jack me dépréciait, mais en tout cas, j'étais certain qu'il me sous-estimait grandement. Le faire réviser son jugement ne fut pas aussi difficile que j'aurais pu le penser à dire vrai. L'expérience du combat était certes du côté de mon collègue, mais celle-ci semblait lui avoir tourné la tête. La surprise fut de taille, si j'en jugeais l'expression qui se dessinait sur son faciès alors qu'il stoppa ma lame en mobilisant la plupart de ses forces, du moins à en croire la manière dont ses biceps s'étaient contractés au moment de l'impact. J'étais cependant surpris de me faire stopper une lame en acier par un simple bout de bois. Soit cet homme connaissait une technique pour passer outre la faiblesse du matériau qu'il manipulait, soit il possédait un pouvoir quelconque. Dans tous les cas, je restais perplexe en voyant le sabre fait d'une matière si fragile stopper mon épée faite d'acier trempé. Je n'étais cependant pas le genre de personne à me formaliser pour si peu. Que cela soit en bois, boue ou même caoutchouc, j'avais juste à considérer ce que tenait cet homme comme une arme tout ce qu'il y a de plus conventionnelle. Sa surprise quant à la force que je venais de déployer ne dura cependant pas très longtemps, signe que l'homme savait s'adapter rapidement à la situation en passant outre les imprévus de celle-ci. On pouvait apercevoir sur le visage de Kenwood plusieurs signes de réflexion, tels que ses yeux chancelant légèrement sur le côté inférieur droit, où même un léger froncement de sourcil et l'apparition d'une ride du lion plutôt marquée. Je ne savais pas à quoi il pouvait penser, mais ce n'était certainement pas à ce qu'il allait manger ce soir.

            Le bretteur eut alors une réaction plutôt singulière, abaissant sa lame pour m'obliger à faire de même avec la mienne. Néanmoins, s'il s'attendait à ce que je sois déséquilibré pour si peu, c'était sans nul doute qu'il me sous-estimait encore grandement. N'importe quel bretteur sait qu'en cas de lutte de force, ce sont les bras qui doivent servir, et non le corps entier. Pousser avec son poids en se positionnant légèrement penché en avant est une marque d'amateurisme. Certes, l'on gagne en force, mais on obtient celle-ci en sacrifiant son équilibre. Pour ma part, je n'étais pas un adepte des compromis, poussant ma lame avec la seule force de mes bras et me servant uniquement de mes jambes comme appui pour garder l'équilibre, que je sois repoussé en arrière, ou au contraire, que mon poids d'appui en avant ne cède. Dans tous les cas, ma posture me permettait soit de m'appuyer sur le pied droit en arrière, soit sur le pied gauche, en avant, avec le genou fléchi, pour éviter d'être déséquilibré. Ainsi, lorsque mon opposant fit un mouvement rotatif assez rapide, je n'eus aucun mal à parer, levant juste le bras droit en lâchant mon épée de cette même main. Son tibia se fracassa alors contre mon membre, mais à n'en pas douter, le pauvre devait sans nul doute avoir eut plus mal que moi, car sous mon épais manteau noir, je gardais toujours une armure faite de plumes à densité renforcée. Si Jackie sentait quelque chose, cela devait être la même impression que d'avoir donné un coup dans un bloc d'acier. De mon côté, alors qu'il frappa, je restais à le fixer, l'air sérieux sur mon visage ne changeant pas d'un pouce. Mon regard était toujours fixe, mes sourcils froncés me donnant une expression plutôt sévère.

            Suite à ce coup, voire même ce duel, des plus infructueux, Kenwood recula d'un mouvement de retrait afin de mettre une certaine distance entre lui et moi. Réaction assez sage si je partais du fait que j'en aurais sûrement fait autant. Néanmoins, je constatais avec amusement que mon collègue boitait légèrement. Sans doute aurait-il mieux fait de se retenir un peu dans le coup qu'il venait de porter, car il venait de se faire plus de mal qu'il ne m'en avait fait. Suite à quoi, ses muscles se décontractèrent, signe avant-coureur de la fin de cette escarmouche. Sur des paroles quelques peu présomptueuses, mais néanmoins sages, l'homme s'avança alors vers moi pour me tendre la main. D'un rapide moulinet, je rangeais mon épée dans son fourreau, avant de la lui serrer, souriant très légèrement. Après tout, comme le pensait ce cher Goethe, il aurait été bas d'amoindrir mon opposant d'un instant après une si courte rixe. J'étais bien placé pour savoir que ce n'était guère dans un entraînement, à plus forte raison lorsqu'il durait aussi peu de temps, que l'on pouvait juger de la manière de combattre de quelqu'un, ou même simplement de son pouvoir. Cette leçon, je l'avais appris à mes dépens quelques années plus tôt. Dans la poignée de main du Révolutionnaire, je sentais toujours la même sincérité et franchise que celle qui en émanait lors de celle que nous avions échangé, quelques instants plus tôt. De mon côté, je me refusais toujours à jouer franc-jeu, que ce soit avec mes adversaires ou avec mes alliés. Il était toujours bon d'avoir plusieurs cartes en main que personne ne connaissait, et à dire vrai, je n'étais jamais vraiment partant pour révéler que je possédais les capacités d'un Fruit du Démon.

            Ma réflexion à ce sujet fut pour le moins interrompue lorsque je vis Jack ranger son sabre en bois et me lancer une flasque d'un gris métallisé et qui, à n'en pas douter, contenait un alcool dont je doutais qu'il fût léger. Certes, le fait qu'il en ait bu une gorgée juste avant me prouvait bien que ses dires étaient fondés, même s'il était aisé de verser un poison contre lequel on est soi-même immunisé dans ce genre de fiole. Néanmoins, j'étais loin d'être porté sur la bouteille. Bien qu'âgé de dix-huit printemps, j'étais davantage sujet aux poussées d'hormones qu'à l'attrait de l'alcool. Qui plus est, mon tempérament m'empêchait catégoriquement de me livrer aux beuveries ou autres barbaries du genre. Souriant légèrement en me rappelant ces faits, je relançais presque aussitôt la flasque dans les mains de mon coéquipier de fortune, alors qu'il riait de manière inquiétante et ô combien manquant cruellement de discrétion. En constatant cela, je voyais que j'avais en face de moi "la Brute"... restait donc à savoir si je jouais le rôle du "Bon" ou du "Truand". Néanmoins, pour ne pas vexer mon homologue, je lui donnais une très légère explication sur la raison de ma réticence à trinquer avec lui.


            - Désolé, mais j'aurai trop peur que l'alcool amoindrisse mes capacités. Vois le bon côté des choses, tu en auras davantage pour toi-même.

            A cet instant précis, le son du clocher se mit à retentir, signe de l'avancée ininterrompu du temps, et de surcroît, avec plus de rapidité que je ne l'aurais cru. Le temps était passé plutôt vite et nous n'avions toujours pas vraiment commencé à nous mettre au travail. Reprenant un air plus sérieux, je demandais à mon collègue de nous conduire à l'endroit où était censé se trouver le groupe d'informateurs supposés véreux. Après tout, si j'en croyais son dossier, il s'agissait de sa ville natale, alors autant le laisser choisir les directions à prendre pour nous faire gagner du temps. Si j'avais été affecté à cette mission, c'était davantage pour mon talent en tant que chef des interrogatoires que pour autre chose. Tant que je n'étais pas face à nos suspects, je n'étais rien d'autre qu'un bretteur rattaché à la Révolution, attendant l'instant où il pourrait se montrer utile. Bref, je n'avais pas vraiment de raison d'angoisser ou quoi que ce soit tant que mon nouvel ami ici présent ne s'était pas décidé à me conduire au lieu de rassemblement de nos indics. Cependant, je doutais fort que déambuler dans les rues avec un mastodonte, armé d'une épée de bois, riant à tout va comme un phacochère et sentant l'alcool allait nous faire passer inaperçu. Par chance, l'île sur laquelle nous étions n'était pas proche d'une quelconque base Marine, ce qui me permettait de placer ces désagréments comme secondaires, même s'ils étaient bel et bien là. Remettant mon capuchon sur ma tête, dissimulant ainsi la moitié supérieure de mon visage, j'invitais donc Jack Kenwood à ouvrir la voie pour véritablement commencer notre mission.
              Ce n'était que deux pauvres insectes, c'est vraiment peu glorieux. La révolution n'est vraiment plus ce qu'elle était ! Pas grave je ferrai avec ce que j'ai, il me suffit de détruire ces deux zigotos et les renforts rappliqueront. Je me suis déjà occupé du groupuscule qui était censé les rejoindre. Avec cette mallette en ma possession, leurs plans, leurs identités tout était compris pour ces imbéciles; Ils rêvaient profondément s'ils pensaient un jour porter atteinte au Gouvernement Mondiale. La cloche résonna dans toute l'ile d'Illéria, il était temps d'entrer en action pour notre sombre agent. Certains penserait qu'il avait retourné sa veste au moment propice, mas ce qu'ils ne savaient pas c'est qu'il était tout simplement un agent-double. A la solde du Gouvernement depuis toujours, il communiquait les informations de la révolution à ses supérieurs. C'est grâce à lui que de nombreuses tentatives ont échoués et que la Marine fit de nombreux prisonniers. Détenus qui furent rapidement exécutés pour monter l'exemple. Il y avait un jeunot capuché et un vieux loubard borgne. Je n'étais vraiment pas gâter sur ce coup, la mission serait aisé et les tuer ne devrait pas trop me poser de problèmes. Je pense qu'il est temps de me montrer et de sortir le grand jeu.


              "Soru"



              L'agent du Cipher Pole disparut et réapparut devant les deux protagoniste en une fraction de seconde. Il décocha rapidement un coup de pied puissant vers l'abdomen du plus vieux des deux révolutionnaires. Le borgne décolla dans un bâtiment en bois qui s'écroula sur celui-ci. Un de moins, il ne restait plus que le jeunot. A quelques mètres de lui, l'étranger ce mit à parler afin de dévoiler ses intentions.

              Alors c'est vous qu'ils ont envoyés pour me tuer ! Quelle connerie, vous n'êtes pas de taille pour me vaincre. Rends toi sans faire d'histoire et tu auras la vie sauve ... ou pas ! Mouahahahah.

              L'homme chargea à nouveau pour terminer ce combat une fois pour toute.

              [hrp: dsl pour le post minable, mais ma marge de manoeuvre est trop limité]
                Alors que je marchais sereinement derrière Jack, quelque chose de brillant attira mon attention sur le bas-côté. Juste à ma droite, à l'endroit où la mer venait abattre ses vagues sur la plage, un coquillage pour le moins impressionnant laissait se refléter la lumière du soleil droit dans mon visage. Assez surpris, je m'accroupis face à la mer pour saisir l'objet insolite. Ses reflets colorés avaient naturellement de quoi attirer l'œil, donnant une étrange impression d'arc-en-ciel qui brillait lorsqu'on le tournait face au soleil. Mais ce n'est pas ce que je constatais avec ma vue qui me sorti de mes pensées. Ce fut en effet mon ouïe. Outre le bruit de la mer qui se répétait en boucle à chaque vague venant s'échouer à mes pieds, c'est un bruit étrangement aigüe qui attira mon attention. Comme une soudaine rupture de l'atmosphère paisible qui régnait, ce simple son vint radicalement changer l'ambiance.

                A peine l'eussè-je entendu que je senti un courant d'air derrière moi, comme si un Umi Resha venait de passer dans mon dos à seulement quelques centimètres de ma personne. En me retournant, j'aperçus alors Jack qui volait à toute allure pour s'écraser dans un bâtiment en bois plutôt imposant. La force du choc entre la masse de muscle qu'il était et la bâtisse suffit à faire s'écrouler celle-ci sur sa personne. Ce fut avec un certain sentiment de panique que je me relevais pour faire volte-face, en direction de celui qui venait de balayer le Révolutionnaire sensé m'aider dans ma tâche. Il s'agissait d'un homme assez élancé, vêtu d'un costume noir plutôt austère. Celui-ci était typique des agents du Cipher Pol. Quant à savoir à laquelle de ces sections il appartenait, c'était un énigme qui passait pour le moins au second plan vu l'état actuel de la situation.

                Fronçant les sourcils, je le dévisageais, alors que mon faciès était toujours dissimulé sous le capuchon de mon manteau. Néanmoins, on pouvait deviner à l'absence de sourire et à la légère lueur azurée de mes iris que le regard lancé à l'assaillant n'avait rien de bien sympathique. En une seule seconde, ma posture avait complètement changée et il était aisé de voir à quel point mon corps était contracté, chacun de mes sens sur le qui-vive. Tout en l'écoutant parler, je sortais mon épée fine de son fourreau, une fois encore. Décidément, le répit entre la rixe qui m'avait opposé à Jack et ce duel imprévu était plutôt courte, mais pas vraiment le choix. Par chance, ce précédent affrontement avec mon collègue avait eu pour effet bénéfique de m'échauffer.

                Fixant toujours du regard le jeune homme face à moi, j'analysais ses paroles pour essayer de leur donner un sens. Il semblait apparemment penser que nous étions venus le tuer, ce qui était loin d'être le cas. En réalité, nous étions ici pour interroger des informateurs que nous suspections d'être des traîtres. Peut-être y avait-il méprise. Mais dans tous les cas, l'agent en face de moi ne semblait guère être le genre de personne que l'on raisonne par les mots. Son sens de la diplomatie méritait grandement d'être amélioré si j'en jugeais ses dernières paroles. S'il parlait ainsi à n'importe quel Révolutionnaire, même aux plus peureux d'entre eux, jamais il n'obtiendrait de reddition en affirmant que celle-ci avait de fortes chances de finir en exécution. Plus que tout autre chose, cela pousserait n'importe qui à lever les armes contre lui... et je ne comptais pas faire exception à la règle.

                Tendant l'arme vers moi, j'essayais tout de même de donner un sens à la présente situation. S'il s'agissait bien d'un Agent du Gouvernement, comment avait-il pu nous trouver, Jack et moi, et à plus forte raison, nous identifier ? Seules trois personnes étaient au courant de la mission qui nous avait été confiée. Le premier d'entre eux gisait au milieu des décombres du bâtiment qui lui était tombé sur la tête, le deuxième n'était nul autre que moi-même, et le dernier, le chef du Mouvement Révolutionnaire auquel j'appartenais. Dans tous les cas, vu le coup assez violent que Jack avait reçu et qui risquait de lui être fatal, je doutais fortement que ce soit ce dernier, ce qui ne nous laissait qu'une seule option. Tout en gardant mon calme, je tentais d'obtenir l'information désirée en misant sur le bluff. Même s'il ne me répondait pas, le visage de cet Agent serait une précieuse confirmation ou infirmation de ma théorie.


                - A ce que je vois, les rumeurs sont fondées. Le leader de notre Mouvement Révolutionnaire serait donc un chien à la solde du Gouvernement... intéressant.

                Néanmoins, à peine eussè-je fini ma phrase que mon opposant chargea dans ma direction. Pensait-il que j'allais réellement le laisser porter des coups sans réagir ? Sans une seule once d'hésitation, je m'élançais également, prenant une profonde impulsion sur le sable afin de courir en direction de mon adversaire. Ma lame était brandie sur mon flanc gauche, en arrière, avant que je ne la rabatte d'un ample coup horizontal dans la direction de cet ennemi imprévu. L'attaque était des plus basiques, mais il s'agissait avant tout de jauger les capacités adverses afin de pouvoir définir les chances de succès que j'avais contre ce dernier et décider de la stratégie à adopter. Je restais néanmoins à la recherche de toute réponse à ma question précédemment posée de manière indirecte, espérant pouvoir tirer toute cette histoire au clair assez rapidement.
                  Le premier vermiçot finit directement sa course en enfer. L'agent du Cipher Pôle y avait mis tellement de conviction, qu'il n'avait même pas juger bon de retenir sa force. Le vieux révolutionnaire venait donc de finir sa course dans une baraque en bois. La puissance du choc lors de l'impacte souleva le plancher et fit raisonner le bois. Les poutres cédèrent sous la pression et les planches craquèrent; Le bâtiment s'effondra sur l'homme qui avait servi de boulet de canon pour le détruire. Si sa force n'était pas assez grande, l'homme devrait surement être mort sur le coup. Pour l'agent ce n'était rien de spéciale, de toute façon plus il tue d'être comme ses insurgés mieux ce sera pour sa conscience. Il aime faire du mal aux autres et ne sens prive guère. Il venait même peut être d'ajouter une victime à sa liste de meurtre. Une chose qui le faisait frémir de joie et d'impatience. Il désirait finir ce combat au plus vite, afin d'achever les deux protagoniste et d'être sûr d'avoir envoyer deux révolutionnaires en enfer. Un tel acte lui vaudrait surement une petite promotion au sein du Cipher Pôle. Enfin il l'espérait grandement, mais il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuer.

                  Le jeune révolutionnaire lui faisait toujours face. Il lui lançait un regard noir qui voulait en dire beaucoup sur ses futures intentions. Manque de chance il risquerait surement de perdre la vie d'en ce future duel, à cause de son manque d'expérience. S'était peut être pour lui dernière fois qu'il dégainerai son arme. Enfin il ne fallait pas non plus ce précipiter. Il ne savait pas à qui il avait à faire, puis un jeunot comme lui devait surement avoir une petite réserve pour être actuellement au sein de la Rébellion. Il n'arrivait pas à distinguer ses formes sous son long manteau noir. Il masquait son visage, il devait surement le faire exprès afin que ne connaisse pas ses agissements. S'était quelqu'un de méticuleux et qui ne laisser rien au hasard. Il devait surement être un agent double pour avoir à cacher son visage de la sorte. L'agent du Cipher Pôle n'était pour l'instant pas très rassuré. Foutaise ! Il n'avait pas le temps à penser à de telles choses. Il lui fallait agir et rester concentrer.


                  - A ce que je vois, les rumeurs sont fondées. Le leader de notre Mouvement Révolutionnaire serait donc un chien à la solde du Gouvernement... intéressant.

                  - Quelle sottise que de croire que de tels mots puissent m'atteindre. Ne bouge pas j'arrive pour mettre un terme à cette discussion qui n'a aucunement lieu d'être.

                  L'agent fonça tête baisser vers le jeune révolutionnaire. Il avait déjà un plan d'attaque, il ne fallait guère le sous-estimer. Le jeune insurgé dégaina son sabre, sa longe était plus grande que celle de l'agent. Mais il avait tout de même quelques techniques dans sa botte. Il n'était pas un agent du Cipher Pôle pour rien. Arrivé à bonne distance pour un coup de pied, l'agent fit une impulsion et arma son pied droit. Mais au dernier moment, il utilisa sa technique de téléportation.


                  Soru !!!

                  Il émergea à quelques centimètres dans le dos du jeune révolutionnaire et déchaina sa technique.

                  Ran Kyaku !

                  Une lame d'air émergea de la pointe de son pied. Celle-ci était capable de tout trancher sur son passage, même l'acier ne pouvait lui tenir tête. Avec un tel effet de surprise, le jeune révolutionnaire sera-t-il capable de contre attaquer sans y perdre des plumes.
                    Malgré toute l'assurance dont essayait de faire preuve l'assassin du Gouvernement Mondial, je décelais chez lui certaines expressions liées au stress. Contractions involontaires de certains muscles, les traits au niveau du cou qui se tiraient pendant un bref instant, léger froncement temporaire des sourcils. Toutes ces micro-expressions tendaient à prouver que ses mots n'étaient pas en accord avec son ressenti. Notre meurtrier au sang-froid aurait-il des appréhensions ? Voilà qui me fit légèrement sourire, tandis que je l'écoutais déblatérer son petit speech. Mes dires n'avaient aucun effet sur lui ? Belles foutaises. A peine eut-il terminé sa phrase qu'il se laissa emporté par son désir de me faire taire. L'un dans l'autre, c'était une réaction qui m'avantageait, car contrairement à lui, je savais parfaitement garder mon sang froid dans ce genre de situation. Que ce soit son orgueil qui fut piqué au vif, ou simplement son impatience qui se manifestait, sa hâte était pour moi un atout de poids. Celui qui se presse dans ses actions n'a pas le temps de masquer ses traces, telles que les expressions qui laissent à présager sa future offensive. J'ignorais ce que valait notre homme sur le plan de la force et de la technique, mais j'étais indéniablement le maître de la situation en ce qui concernait le plan psychologique. Même si certains peuvent juger cet atout de mince, il n'en reste pas moins un avantage comme un autre dont je dois tenir compte dans la stratégie à établir.

                    Mais déjà les paroles de l'assassin s'envolent avec le bruit des vagues que nous chargeons l'un vers l'autre, tels deux Némésis désireux de mettre fin à un affrontement millénaire. En un sens, ce n'était pas si faux. Lui était l'agent d'un Gouvernement qui opprimait les plus faibles. Moi j'étais l'officier d'un mouvement Révolutionnaire trahi par son propre patron, du moins, c'était ce que je supposais. Cet énergumène n'était pas très loquace. Mais qu'importe. Une fois à terre avec un bras en moins, sans doute pourrais-je réussir à lui extorquer les aveux que je désire. Levant mon épée, je m'apprête alors à le frapper, avant de constater pendant un court instant une flexion au niveau de ses jambes à l'instant où je lance mon épée dans un mouvement circulaire horizontal. Une tentative d'esquive ? Comment voudrait-il réussir une telle prouesse sans même être armé ?

                    Je ne tarde pas à avoir ma réponse. Il énonce alors le nom de sa technique. Ce même nom que l'on avait pu entendre juste avant une détonation aigüe, pour que finalement, notre homme n'apparaisse devant Jack et ne le projette violemment. Comptait-il utiliser la même méthode de déplacement encore une fois ? Le son particulier à cet arcane retentit en même temps que mon opposant disparu de mon champ de vision. Ainsi donc, c'était ainsi qu'il procédait. S'il se servait de ce moyen de déplacement, alors je n'avais aucun doute à avoir sur l'endroit qu'il viserait. Cet homme était un membre du Cipher Pol. Des assassins entraînés à tuer sans se faire voir, sans laisser de trace. Qui plus est, son attitude arrogante et sûre de lui faisait ressortir davantage la possibilité à laquelle je pensais quant à son prochain point d'attaque : le dos !

                    Je fis brusquement volte-face, le voyant soudainement réapparaître devant moi. Que je sois masqué ou non ne changeait rien au fait que je souriais à pleine dents. Finalement, cet avantage psychologique n'était pas mal du tout. Rien n'est plus prévisible qu'un salopard orgueilleux convaincu d'être le meilleur. Automatiquement, s'il est aussi bon qu'il le croit, il opte pour les meilleures solutions d'attaque. Ici, en l'occurrence, il s'agissait de porter un coup fatal dans le dos. Me dire qu'il comptait mettre fin au combat en un coup était, qui plus est, un indice des plus appréciables. Je ne connaissais peut-être pas mon ennemi, mais lui allait me connaître d'ici peu. Face à face, j'ignorais s'il était surpris ou pas que j'ai pu suivre son mouvement. Néanmoins, il fallait dire qu'attaquer quelqu'un de dos, peu importe le moyen de déplacement utilisé, est toujours plus long que de l'attaquer de côté. En ce sens, la distance parcourue est plus longue et nécessite surtout une correction de trajectoire, car contrairement aux assauts de côté, on ne peut faire une seule ligne droite rapide, nette et directe. Il est nécessaire d'arpenter un chemin courbé pour se retrouver derrière quelqu'un qui nous fait face l'instant d'après. A plus forte raison, plus l'on est proche en entamant le mouvement et plus la manœuvre sera complexe étant donné qu'il est nécessaire de courber davantage son déplacement.

                    Mais là où je m'attendais à un coup assez violent, l'homme commença à lever sa jambe. Tout cela pour une simple attaque au pied ? Je continuais le mouvement de rotation qui m'avait permis de faire volte-face, de manière à me retrouve de profit avec mon assaillant qui libéra alors une étrange attaque. Celle-ci me frôla, faisant même remuer ma chevelure et laissant quelques-uns d'entre eux se détacher, étant tranchés nets. Voilà une technique des plus problématiques. Mais alors qu'il avait le pied levé, je ne comptais pas rester là à attendre. Je levais à mon tour mon épée, non pas pour le frapper, mais pour empêcher son pied levé de s'abaisser, poussant vers le haut au contact de celui-ci. Le fixant avec un air assez sérieux mais dont on pouvait sentir une certaine extase, je m'adressais à lui sur un ton qui dénotait à la fois d'une rigueur et d'un amusement non-dissimulé.


                    - Amusant ces tours de passe-passe. A mon tour maintenant.

                    Sans autre forme de procès, je brandis mon poing droit encore libre en le serrant, avant de l'abattre dans la direction de l'estomac de mon opposant. Certes, on pourrait se dire que ce simple coup de poing serait pour ainsi dire "un peu faible" pour une contre-offensive. Néanmoins, le fait était que sous mes gants, j'avais fait pousser une couche de plumes d'une densité aussi grande que l'acier afin d'optimiser mes dégâts de manière exponentielle. Plus qu'un coup de poing américain, c'était un coup de poing angélique que cet espèce de lâche qui ne pense qu'à attaquer en traître risquait de se prendre dans le ventre. Et pour que la leçon soit bien complète, je m'apprêtais à libérer une volée de plumes partant de ma main, plus précisément de la partie qui serait en contact avec son corps, pour jouer le rôle de poignards qui le transperceraient, comme un porc-épic qui sortirait ses épines une fois qu'il ferait un gros câlin à son maître, histoire de lui trouer le lard.

                    Cependant, j'avouais rester assez dubitatif sur la technique de déplacement employé par notre assassin. J'avais bien noté quelques détails sur cette étrange technique, mais rien qui me permettait à l'heure actuelle d'en percer les secrets. A bien y regarder, au moment où notre homme était parti, j'avais aperçu que le sable où se tenait ses pieds comportait plusieurs traces de coups, comme s'il avait frappé le sol excessivement vite sans même que je ne le perçoive. Cela avait-il un quelconque rapport avec son étrange pouvoir de déplacement ? Dans tous les cas, l'observer un peu plus pourrait peut-être me permettre de comprendre comment anticiper cette attaque, peut-être même l'annihiler, ou encore la reproduire. Notre ami l'assassin allait bientôt apprendre à ses dépens une règle élémentaire du combat singulier : ne jamais abuser de ses meilleurs tours sous peine de les voir déjoués.
                      L'agent du Gouvernement était en l'air, sa technique était parfaite et indescriptible. Personne ne pouvait percer son secret, sinon beaucoup de gens l'utiliserait. Il fallait beaucoup d'année d'entrainement pour acquérir une telle technique et l'agent pouvait s'en venter. Mais sa force ne résidait pas que dans le déplacement, mais bien dans l'accumulation de plusieurs techniques qu'il connaissait. Le rokushiki était un panel de technique assez complet et cela lui permettrai de détruire son adversaire. Il ne fallait pas le sous-estimer, mais son état de stresse il arriverait surement à toucher ce jeune révolutionnaire.

                      Oui ce jeune révolutionnaire aussi transparent qu'un reflet, aussi mystérieux qu'un mirage et surtout aussi confiant. Il faisait attention au moindre détaille. Une chose qui ne passa pas inaperçue à notre agent. Il lui fallait être prudent, cet homme semblait détenir une force hors du commun. Il n'était qu'accompagné d'une lame, mais comme on disait temps: l'habile ne fait pas le moine ! En parlant de tenue vestimentaire, ce jeune révolutionnaire se camouflait dans une longue veste noire. Cela lui faisait à un voil, une sorte de barrière entre ses deux individus. C'était également compréhensible dans le faite que ses deux individus représentent les deux plus grandes forces du monde, à noter deux ennemis.

                      Volant dans les airs, l'agent réapparut dans le dos de sa proie. Uhm . . . Le jeune révolutionnaire venait d'anticiper son attaque assez aisément Cela n'arrangeait guère ses affaires. Décochant par la suite un puissant coup de pied qui trancha l'air, l'agent était sûr de venir à bout de sa cible. Mais rien à faire ! Le jeune révolutionnaire évita in extremis l'attaque. L'agent était à porter de coup et surtout dénuée de défense. Il offrait tout son corps à son opposant. Mais celui-ci se trouvait également dans de mauvaise conditions pour contre attaquer. Il faudrait la jouer intelligemment. Le réov contre attaqua d'un coup de poing surpuissant. L'agent aurait eu de sacré séquelle après un tel coup, mais s'était sans compter sur ses techniques. Il s'arrêta net de bouger et prit une position aléatoire. A cet instant il concentra sa force dans ses muscles, afin d'utiliser le "Tekkai". Ses muscles devinrent aussi résistant que du fer, lui permettant par la suite de contrer l'offensive de son adversaire. Le révolutionnaire pensait réellement avoir gagner quelques points sur cette contre attaque, il venait tout juste de perdre une bonne occasion de mettre un terme au combat.

                      L'agent cassa la distance avec son ennemi et ne prit pas la parole. Il voulait du sang, il voulait son sang ! Il prit de l'élan de fonça droit sur le jeune insurgé. Cette fois-ci il allait ce donner à fond. Arrivé à bonne distance de sa cible, il décocha deux puissant coup de pied qui envoyèrent deux ondes sur son ennemi. L'air se mit à trembler et deux lames foncèrent droit devant. L'agent enchaina par sa technique de téléportation, mais cette fois-ci il ne nomma aucune de ses techniques; Les deux lames d'airs fonçaient droit devant. L'agent réapparut après que celle-ci soient déjà passées.

                      Il réapparut dans le dos de son adversaire, mais combina une autre technique lui permettant de prendre deux bon mètres de différence avec l'offensive passée. Il décocha à nouveau un coup de pied, mais cette fois-ci le coup serait ascendant. Cela permettrait à la lame d'air d'être beaucoup plus dévastatrice. La lame partit droit vers son adversaire. Il devrait être très réactif sur cette attaque, sinon il risquerait à nouveau d'y lancer des plumes. Mais l'agent n'en avait pas encore finit avec lui. Il continua à attaquer de toutes ses forces. Il combina encore une nouvelle technique. Il ce téléporta cette fois-ci sur le sol de son ennemi; Celui-ci devait être très attentif, car s'il venait à anticiper à nouveau il ce trouverait lui même prit dans son propre piège. L'agent réapparut dans le dos de l'insurgé, à quelques centimètres de lui. Il décocha par la suite plusieurs coups qui donnait l'impression que quelqu'un était en train de tirer à bout portant. Cette technique était connu sous le nom de "Shigan".
                        Étrange... voilà le mot qui me vint à l'esprit alors que je frappais du poing l'assassin. Je connaissais d'expérience la sensation de résistance d'un corps humain lorsque l'on en vient à le frapper violemment. Mais celle que je ressentais en abattant ma main contre l'estomac de mon adversaire tenait davantage de celle que l'on obtient en frappant un mur, ou même une porte blindée. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Qui plus est, le visage de cet Agent du Gouvernement semblait extrêmement tendu. Il avait cessé de bouger en voyant mon attaque lui arriver dessus. Peut-être n'avait-il pas eu le temps de tenter une esquive, mais il me semblait étrange que même un réflexe de survie ne se soit pas manifesté, comme un tremblement, un pas en arrière ou même un froncement de sourcils. Non, l'homme face à moi était bel et bien immobile, chacun de ses muscles étrangement fixes, comme si le moindre mouvement l'aurait fait vaciller. Nous ne jouions pourtant pas au un, deux, trois, soleil, du moins je le pensais. De mon côté en revanche, je restais assez dubitatif, tant envers l'attitude de cet homme, qu'envers la réaction s'étant produite face à mon assaut. Un "Bunk", sonorité assez particulière s'il en est une quand on frappe quelqu'un, avait retenti, augmentant davantage ma perplexité face à cette situation. Peut-être que cet homme avait finalement encore plusieurs cartes dans sa manche...

                        Cependant, au lieu de profiter de mon étonnement pour contre-attaquer, il recula très nettement, avec une certaine célérité. Briser la distance qui nous séparait pour essayer de reprendre ses esprits était également une bonne stratégie, chacun de nous étant sensiblement sous le choc face à nos capacités respectives. Néanmoins, cela n'empêcha pas l'assassin de repartir aussitôt à l'assaut. Si je voulais des réponses à mes questions, j'allais devoir le mettre hors d'état de nuire pour lui arracher des aveux. Je restais quand même inquiet quant à l'étrange panel d'actions que mon opposant utilisait. Une faculté de déplacement mystérieuse, un renforcement du corps étrange et une technique d'attaque assez particulière. Soutien, défense et attaque... chacune de ses aptitudes recouvrait les trois domaines principaux d'un combattant. En ce sens, il n'était pas à sous-estimer. J'allais sans doute devoir, de mon côté, déployer l'ensemble de mes pouvoirs, quitte à dévoiler mon jeu et devoir tuer cet homme. Si j'en venais à utiliser clairement les pouvoirs du Hane Hane no Mi, je ne pouvais pas prendre le risque que cette information ne soit en circulation, à plus forte raison en direction du Gouvernement Mondial. L'instant où je déploierais l'ensemble de mes pouvoirs signifierait donc que je comptais tuer cet homme quoi qu'il arrive.

                        Je pris une profonde inspiration en voyant le meurtrier foncer à nouveau vers moi. J'allais devoir me montrer attentif et surtout ne pas me retenir. A nouveau, il leva ses pieds pour envoyer cette étrange attaque faisant vibrer l'air. Dommage pour lui qu'un tel assaut ne soit aussi prévisible, car après tout, le voir prendre un élan avec sa jambe revient pratiquement à mettre un panneau d'avertissement lumineux qui clignoterait au-dessus de sa tête. A partir de là, il suffit simplement d'observer l'angle formé par son genou et son talon par rapport à sa taille pour anticiper la direction des assauts. Le voir effectuer deux mouvements relativement identiques indiquait une double-offensive qui limiterait sans doute mes possibilités de retraite. C'était bien pensé, du moins si l'on omet le fait que je sois un stratège assez doué pour anticiper ce genre d'action après avoir vu la manière de faire de notre homme ne serait-ce qu'une fois. J'avais eu de la chance lors de la première esquive, cette fois-ci, il s'agissait davantage d'une question de talent. Les mêmes techniques marchent rarement deux fois sur un guerrier émérite.

                        Brusquement, l'assassin disparu à nouveau dans un son aigu, similaire à celui lors de sa première "téléportation". Je levais mon sabre devant moi pour faire face aux deux ondes tranchantes verticales qui me fonçaient dessus. Mais si cet homme était aussi répétitif au niveau de ses attaques comme il l'avait démontré jusqu'à présent, il n'y avait pas vraiment de surprise quant à savoir où il réapparaîtrait. S'il voulait se trouver à nouveau dans mon dos, cela témoignerait d'un certain manque d'originalité. Mais me baser sur ce fait simplement parce qu'il répétait toujours les mêmes attaques serait revenu à le sous-estimer... chose que je ne pouvais pas me permettre dans l'état actuel des choses. Les lames d'air rentrèrent en contact avec mon épée, me faisant reculer sur le sable, alors que j'aperçus mon adversaire réapparaître... dans les airs ? Pour qu'il ne lance à nouveau une autre attaque similaire ? En plus des deux lames que j'essayais de repousser, une autre me fonçait dessus et, encore une fois, le son aigu se fit entendre, avant que l'homme n'apparaisse derrière moi.

                        D'un seul coup, je sentis plusieurs pointes me frapper le dos, comme des impacts de balles. Mais malheureusement pour notre homme, les choses qui ont les mêmes effets que des projectiles de ce genre n'ont pas d'effet sur moi. Il venait de lancer un triple assaut et de s'approcher suffisamment près du point d'impact de l'ensemble d'entre eux... c'était assez gonflé et encore plus risqué. Si le moindre imprévu se produisait, il risquait de se prendre ses propres attaques. Malheureusement pour lui, le fait que je porte une armure aussi résistante que l'acier et aussi légère que des plumes faisait partie de ce genre d'imprévu. Serrant les dents, je poussais sur l’extrémité de mon sabre, prenant appuis sur les lames d'air contre lui pour effectuer un mouvement de déportation. Je venais de réussir à m'écarter de ces offensives, comme si j'avais pris appuis sur un mur pour me dévier sur le côté. Étant hors de la trajectoire de toutes ces attaques, celui qui allait donc se les prendre n'était autre que... l'individu qui se trouvait derrière moi. Le choc assez violent me propulsa au loin, me faisant alors glisser sur le sable sur une bonne dizaine de mètres suite à l'explosion ainsi créée. Contrairement à cet assassin, je gardais toujours mes meilleurs atouts secrets. Ma défense d'acier était une chose que je ne dévoilais qu'au moment opportun... comme par exemple celui qui venait d'arriver.

                        Me relevant, je me dépêchais cependant de me remettre en position de garde. Je fixais l'endroit juste à côté de moi qui correspondait à celui où l'homme avait lancé ses premières vagues d'assaut avant de se téléporter. A nouveau, je pus voir plusieurs traces spécifiques à celles d'une pointe de pied qui frappe le sol. J'en dénombrais dix, bien marquées sur le sol. Quand avait-il frappé du pied ? La vitesse d'exécution de ce mouvement était peut-être liée à sa réussite. Était-il possible de se déplacer aussi vite juste en effectuant une telle action ? Gardant un œil sur le nuage de poussière où les lames d'airs avaient frappé, je tapotais très lentement du pied. Une fois... deux... trois, et ainsi de suite, jusqu'à dix. Certes, je tapotais timidement, excessivement lentement, non pas pour essayer à mon tour de faire ce genre de chose, mais davantage pour inscrire le mouvement dans mon esprit. Peut-être un peu plus tard, si je trouvais une occasion idéale, essayerais-je de reproduire ce mouvement. Mais je restais assez perplexe sur la manière de son exécution. Frapper dix fois du pied sur le sol pouvait-il réellement permettre de se déplacer aussi vite ? Sans le fait que le sable ne montre ces marques, sans doute n'aurais-je jamais réalisé que l'assassin avait fait un tel mouvement, étant donné la célérité de celui-ci.
                          Le Shigan n'avait aucun effet sur le révolutionnaire. Mais qui était-il pour être si puissant ? L'agent n'avait jamais rien vue de telle jusqu'à aujourd'hui. Il devait surement être en possession d'une armure sous sa veste. Mais le fer serait venu à bout d'un tel enchainement. De l'acier ? Impossible ! Un homme ne peut tenir tête face à un tel combat avec une telle charge. L'individu était agile et très robuste. Serait-il un de ses utilisateurs ? Il n'y avait que cette possibilité. L'agent avait tout tenter pour le mettre à terre, mais aucune de ses offensives ne fut guère un grand succès. Il lui fallait rapidement trouver une contre mesure. Il lui fallait un plan de fuite et rapidement. Il n'avait aucun chance face à un utilisateur de fruit du démon. De plus, il fallait surtout découvrir ses origines, afin de prévenir le Gouvernement Mondial. Soudainement il vit une lueur verdâtre non loin de lui. Son attaque ! L'insurgé avait réussi à la contrée. Le mélange de trois lames d'air risquerait de créer un zone de choc. Aussi tôt dit aussi tôt fait ! Une explosion surgit faisant trembler le sol. Le sable et la poussière ce souleva créant un épais nuage marron entre les deux combattants.

                          L'agent fut rapidement projeter vers l'arrière. Il résista un temps, pour finir sa course dans les airs. Volant rapidement vers l'arrière, il finit sa course contre un pan de mur en bois. Les planches craquèrent sous la pression et finirent par céder. L'homme avait survécu à l'explosion, enfin si on pouvait le dire. Trois grands pieux de bois traversaient l'individu de part en part. Le premier avait forcé sa cuisse, le second son bras et le dernier son poumon gauche. Le sang affluait vers sa bouche, il n'en avait plus pour très longtemps. Tout ça à cause de planches en bois et d'un mystérieux révolutionnaire. Si seulement il était plus fort, si seulement ... Sa vision commençait à se flouter et sa capacité auditive régressait de minute en minute. Il ne ressentait presque plus la douleur. Ses yeux étaient lourds, il avait une énorme envie de s'endormir.

                          Et pourtant il luttait encore pour rester de ce monde. Il voulait encore apercevoir l'homme qui venait de lui ôter la vie. Il voulait surtout lui dire une dernière chose avant de quitter ce monde. Mais il avait beau tourné la tête dans tous les sens, il ne l'apercevait plus. Etait-ce sa vision ou autre ? Il ne le serra jamais. Sentant sa mort approchée à grand pas, il s'énonça tout de même une énième et ultime fois.


                          L'insurgé ! Je te félicite pour tes prouesses d'arme, même si ton fruit du démon te donnait un grand avantage sur ma personne. Les documents ce trouvent dans une nouvelle à 30km vers l'ouest d'ici. Là bas ce trouve un bar du nom de "Mojo". Demande à voir "Ener", il te remettra les documents. Mais même entre vermine, si j'étais toi je ne lui ferai pas confiance.

                          L'homme soupira une dernière fois, avant de quitter ce monde le coeur remplit de haine et de rage.
                            Alors que je tapotais du pied, je finis par voir le nuage de sable soulevé par la triple attaque de l'assassin se dissiper. Mais toujours pas d'apparition surprise du bougre dans le but de m'occire une fois pour toute. Le brouhaha qui résonna à mes tympans m'indiqua néanmoins la direction opposée à la mienne. Quelque chose venait de s'écraser dans l'une des cabanes abandonnées de la crique, et d'une manière assez brutale si l'on en jugeait le vacarme que l'impact avait produit. S'agissait-il de mon opposant ? Étant donné que nous étions les deux seules âmes encore vivantes en ces lieux, je doutais qu'il puisse s'agir d'autre chose. Néanmoins, on n'est jamais trop prudent lorsqu'il s'agit de membre du Cipher Pol. Désireux d'essayer le mouvement qu'il m'avait pour ainsi dire montré, je tentais de taper du pied excessivement rapidement avant de me projeter en avant. Et là, quelque chose de surprenant se produisit ! J'avais... fait un pas dans le sable. Si si, un vrai pas, du genre en mettant le pied devant l'autre ! Incroyable... ou pas. Mouais, pas très au point ce truc. Soit il s'agissait d'un arcane dont je ne connaissais qu'une seule partie de ses secrets, soit ce mouvement était dû à un pouvoir en particulier inaccessible au commun des mortels, tel que ceux procurés par un Fruit du Démon. Dans tous les cas, je préférais ne pas me formaliser avec ce genre de détail étant donné que pour l'heure, j'avais plus urgent à gérer.

                            Je m'avançais à travers l'épais nuage de fumée, en direction de la bâtisse qui recueillait le corps de l'assassin. Ce dernier avait été projeté avec suffisamment de force pour s'empaler sur plusieurs débris en bois. En y repensant, c'était amusant de voir comment sa propre force s'était retournée contre lui. Tout ce que j'avais fait était de m'être écarté de ses attaques qu'il se prit dans la face. A bien y réfléchir, ce n'était pas très malin de lancer un assaut de toutes ses forces, pour ensuite se mettre sur la trajectoire des attaques en question. Au moindre imprévu, on risquait de recevoir en pleine figure la sauce que l'on réservait à son opposant. En l'occurrence, l'imprévu en question fut simplement que j'étais le possesseur d'un Fruit du Démon. Voilà pourquoi j'évitais généralement de montrer mes capacités dès le début du combat. Lorsque l'adversaire les découvre, c'est en général suite à l'échec d'un assaut qui me permet alors de contre-attaquer avec violence. Voilà pourquoi ses dires me firent légèrement sourire. Prouesses d'armes ? Je ne voyais pas vraiment lesquelles. Cet idiot s'était vaincu pour ainsi dire tout seul. Mais la suite de sa tirade concernant mon pouvoir particulier me fit réagir avec toujours une certaine retenue.


                            - Oh... alors tu avais remarqué...

                            En un sens, heureusement que ce meurtrier envoyé par le Gouvernement était voué à périr. L'idée que l'on apprenne pour mon Fruit du Démon me rendait assez nerveux. Si cela venait à se savoir, je perdais, après tout, un atout de taille dans mon jeu. Pour un stratège, voilà qui était plutôt gênant. Néanmoins, le reste des paroles de cet homme furent tout de même plus intéressantes. Je ne savais tout de même pas ce que je devais croire. Après tout, cet inconnu appartenait au Gouvernement Mondial. Si cela se trouvait, en suivant ses conseils, je risquais de plonger tête la première dans un piège. Tsss... Voilà une situation bien embêtante. J'avais beau me triturer l'esprit en regardant mon adversaire rendre son dernier soupir, cela n'y changeait rien. Je n'avais obtenu aucune information qui me permettrait de découvrir qui de notre chef ou de nos informateurs soit disant décédés était le traître. J'étais à cours d'option et je devais me tourner vers la dernière indication du meurtrier.

                            Après avoir brièvement regardé si Jackie était mort, ce qui me sembla être le cas bien que je ne sois pas médecin, je me mis en direction du bar dont il avait été question quelques instants plus tôt. Autant dire qu'à vol d'oiseau, ce genre de distance est vite parcouru. En moins de temps que l'on aurait pu le croire, j'étais arrivé à destination, me posant un peu plus loin pour ne pas être vu, dispersant mes plumes aux quatre vents pour disloquer mes ailes. Le "Mojo"... c'était un bar tout ce qu'il y avait de plus classique : ça sentait l'alcool, le vomi et l'urine. Bref, un repère de joyeux lurons, sans aucun doute. Restant sur mes gardes, je pénétrais la bâtisse en bois, passant la double porte en style saloon. Plusieurs lascars étaient présents, environ une bonne douzaine de soifards dont la moitié me semblait à peu près ronde comme un coin. Lentement mais sûrement, n'ayant pas fait trop de vague en entrant, toujours masqué, je m'avançais vers le bar. Aussitôt, le tenancier se tourna vers moi pour me demander ce que je prendrais.


                            - Un verre de lait... et Ener s'il vous plait.

                            D'une manière assez surprenante mais ô combien cliché, les clients cessèrent toute activité, laissant régner un silence de mort. La discussion avec le barman fut assez brève et ennuyeuse. Toujours le très célèbre "Qui le demande ?" suivi d'un embarras car je ne savais pas vraiment quoi répondre. En me basant sur les informations que j'avais jusque-là, j'aurais bien été tenté de répondre "Cipher Pol"... mais restait à savoir quel numéro de un à huit. Douze virgule vingt-cinq pourcent de chance de trouver le bon numéro. Autant dire que c'était quitte ou double. Ce fut assez timidement que je lâchais un "Cipher Pol Cinq" qui n'était apparemment pas tombé dans l'oreille d'un sourd. En moins de quelques secondes, je me retrouvais avec une vingtaine d'armes braquées dans ma direction, certains forbans n'hésitant pas à en sortir deux d'un coup. Visiblement, j'avais pris la mauvaise pioche.

                            Cela faisait deux fois aujourd'hui que j'avais à faire à une situation qui me semblait impossible à résoudre. Certes, j'avais sur moi mon armure de plumes et je ne risquais pas vraiment d'être blessé par les balles, mais je devais avouer que la perspective d'abattre ma seule source d'information m'ennuyait au plus haut point. Je supposais cependant que je pouvais accepter quelques pertes du côté des ivrognes qui me pointaient du bout de leurs armes. Au final, j'acceptais finalement de lancer une offensive, libérant plusieurs plumes depuis mon dos qui jaillirent comme des poignards, abattant quatre malfrats. Aussitôt, les coups de feu se mirent à pleuvoir. Bien que je parvienne à en éviter la plupart, je pouvais sentir plusieurs d'entre eux ricocher sur ma peau, alors que je m'approchais des pseudo-alcooliques restant. En me voyant sortir mon épée, une partie d'entre eux fit de même. Deux n'eurent cependant pas la chance de pouvoir le faire, laissant ma fine lame les entailler au niveau du thorax pour le mettre hors d'état de nuire. Le barman sorti alors un véritable fusil de chasse, faisant feu sur mon flanc droit. Je bondis d'un seul coup sur le côté pour éviter la rafale de plomb qui mit fin aux jours de l'un des soudards. Ni une ni deux, je renversais la table qui fit office de bouclier contre les assauts du tenancier.

                            Pendant ce temps, j'avais face à moi six autres soiffards qui reculèrent en voyant un autre coup de fusil partir. Celui-ci traversa la table de part en part, passant à seulement quelques centimètres de ma tête. Finalement, rester ainsi n'était pas une bonne idée. Me relevant, je jetais une volée de plume en direction du barman, comme s'il eut s'agit de poignards. Ce dernier se mit à couvert, me laissant le champ libre pour affronter durant un court instant les bretteurs face à moi. Trois coups de lame plus tard, j'étais acculé près du fond de la pièce. Jetant un rapide coup d'oeil de droite à gauche, ma main libre agrippa le cordage du chandelier relié à son accroche, avant que je ne coupe celle-ci. L'imposant lustre s'abattit de tout son poids sur deux pistoleros alors que je m'envolais, agrippé comme un singe, décollant d'un seul bond en échappant aux quatre assaillants ainsi qu'au barman qui retira un coup de feu me manquant de peu. Une fois ainsi en l'air, je lâchais la corde pour atterrir finalement à l'étage, près des escaliers en bois. Les quelques bougres encore en bas eurent une étrange surprise, lorsque je tranchais le cordage retenant les barils de rhum qui déboulèrent, franchissant la barrière de protection et s'abattant sur eux. Trois de moins suite à la chute d'une quinzaine de tonneaux. Ces derniers libérèrent pas mal d'alcool sur le sol, humidifiant grandement le bois qui servait de fondation à l'établissement.

                            Descendant en sautant depuis l'étage pour atterrir à nouveau devant le bar, sous le regard à la fois panique et éberlué du tenancier, ma lame se posa illico presto sous sa gorge. En le fixant, je m'apprêtais à lui demander de me remettre les documents dont j'avais besoin, sentant que son sous-fifre ne ferait pas un geste avec son patron en danger de mort. Je n'eus néanmoins pas le temps de demander la moindre information. L'un des quelques tonneaux restant à l'étage, en équilibre au bord du plancher, finit par tomber, droit sur ma caboche. Un "Clonk" retentit alors brusquement, tandis que je restais immobile. Enfin, du moins pendant trois secondes, avant de m'effondrer sur le sol, sonné par le projectile assez particulier qui venait de me fendre le crâne. Plus de son, plus d'image, mais juste la sensation que je n'avais pas été très fin sur ce coup là et que je n'allais pas tarder à avoir des ennuis du genre à mettre ma vie en péril.

                            Je n'étais visiblement pas très loin du compte, car au final, lorsque je finis par me réveiller, j'étais attaché à une chaise, dans un cageot, le tout de manière pas très satisfaisante pour mon égo et pour mon envie de liberté. Qui plus est, mon foulard et mon bonnet m'avaient été enlevé. Je n'aimais pas vraiment être à visage découvert. Cela me donnait une vile impression d'être à nu, exposé. Bref, en un mot comme en cent : vulnérable. Néanmoins, si mes ravisseurs connaissaient mon visage, ils ne savaient toujours pas que j'étais le détenteur des pouvoirs d'un Fruit du Démon. C'était au moins une carte que j'avais toujours en main. Faire passer mes plumes pour des poignards n'était pas une idée bête, et sans doute pourrais-je me libérer de mon cordage après coup. A bien y réfléchir, mieux valait néanmoins attendre que les responsables de ma capture se montrent. Peut-être finalement cette captivité était-elle un bien pour un mal...

                            Je ne dus pas attendre très longtemps pour finalement voir apparaître mes geôliers. Deux mastodontes, accompagnés du barman, ouvraient la route à un dernier lascar que je reconnu du premier coup d'oeil. Il s'agissait effectivement du chef de la branche Révolutionnaire à laquelle j'appartenais. A en juger le respect qui se lisait dans les yeux de mes hôtes envers lui, nul doute qu'il n'était pas là en tant que captif, mais bel et bien en tant qu'instigateur de cette mascarade. Je vous passe le discours ennuyeux sur le "comment as-tu deviné", "que sais-tu d'autres" et patati et patata qui se fit après de brèves présentations. Passons directement aux sévices corporels, tels que quelques baffes et coups de poings aussi bien au niveau du visage que de l'estomac. Impossible, qui plus est, de me protéger avec mon armure, sous peine de me faire totalement percer à jour. Mieux valait se prendre quelques coups que de laisser s'envoler les chances de fuite qui me restaient. Il fallut à l'assemblée une bonne demi-heure pour se rendre compte que l'on ne pouvait rien tirer de moi. Après tout, si j'avais survécu à plusieurs années de service au sein d'une famille noble de Mariejoa, ce n'était pas pour succomber à quelques claques. Je savais néanmoins qu'éviter de prononcer le moindre mot risquait de pousser mes ravisseurs à avancer l'heure de mon exécution, voilà pourquoi je me mis à afficher un sourire assez arrogant, sans tenir compte du filet de sang qui coulait de ma bouche, pour m'adresser à mon supérieur sur un ton amusé.


                            - On fait un marché chef ? Je réponds à vos questions si vous répondez aux miennes. Après tout, quitte à mourir, je préfère éviter que ça soit en qualité d'ignorant.

                            Le fait que je semble être conscient de ma mort prochaine sembla également amuser mon interlocuteur. Ce dernier accepta, à condition de commencer les hostilités. Le jeu de question réponse se fit assez rapidement, à un rythme de parole plus que soutenu, chacun posant des questions aussi vite qu'il venait de répondre à celle de son opposant. C'est ainsi qu'en l'espace de trois minutes, j'avais décrit le déroulement de la fausse mission qui nous avait été confié, passant de ma rencontre avec Jack à celle avec l'agent du Cipher Pol, et des détails qu'il me donna avant de passer de vie à trépas. Néanmoins, j'avais bien sûr omis le fait de l'avoir terrassé grâce à l'élément de surprise que me procurait mon Fruit du Démon. De mon côté, j'avais appris que mon supérieur assis en face de moi était un vendu, qu'aucune trace des transactions entre lui et le Gouvernement Mondial n'était visible car il faisait tout passer sur le dos d'une société écran dont il était actionnaire majoritaire, et que mon opposant précédent était un homme affilié au Cipher Pol Nine. CP9 ? Moi qui pensais que les Cipher Pol n'allaient que jusqu'à huit, je restais dubitatif quant à cette information.

                            C'est après la dernière question de ma part à ce sujet que l'on décida qu'il était temps de m'exécuter, vu que je n'avais plus le moindre intérêt, ayant vidé mon sac. Je baissais alors la tête, comme si j'étais résigné, en voyant l'un des deux gardes du corps sortir son arme. Le coup de feu retentit dans la cellule, alors que le principal intéressé me faisait dos comme s'il n'avait cure de ce qui m'arrivait. Peut-être que s'il m'avait regardé, il aurait vu que la balle n'avait pas traversé mon corps, mais juste mes vêtements. L'auteur du coup de feu fut, quant à lui, beaucoup plus perplexe en entendant le bruit de fracas métallique de son projectile. Maintenant que j'avais toute mes informations, je n'avais plus besoin de me cacher et je pouvais enfin agir au grand jour. Chacune des personnes présentes connaissait mon visage, voilà pourquoi aucun d'entre eux ne devait sortir d'ici en vie.

                            Avant que mon bourreau ne comprenne ce qui se passe, je tranchais la corde en déployant mes ailes, comme s'il s'agissait de deux gigantesques lames émanant de mon dos. Aussitôt, les trois autres personnes présentes se retournèrent vers moi et j'eus droit à une autre salve de coup de feu qui ne fit que rebondir sur ma carapace. Tendant la main droite, je laissais plusieurs plumes s'expulser de mon corps pour s'assembler en ce qui donnait l'impression d'être une lance. Le Tenshi no Bachi était une technique plutôt utile lorsque l'on était désarmé. Même si cela ne valait pas une bonne vieille épée ou lance en acier, c'était toujours mieux que rien. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, je m'étais avancé pour trancher d'un coup horizontal les deux gardes armés de pistolet. Le manque d'ampleur du mouvement dû à l'étroitesse de la pièce m'empêchait néanmoins de porter un coup avec une grande force. Bien qu'ils ne soient pas mort, je tendis ma main libre après l'attaque en direction du premier, pour libérer une volé de plumes qui le percèrent de part en part.

                            Le barman et l'agent double du Gouvernement avaient, quant à eux, pris leurs jambes à leur cou en voyant que les choses tournaient mal. M'avançant vers le deuxième garde étendu sur le sol, légèrement blessé mais encore un peu sonné, j'enfonçais l'arme de fortune dans son abdomen pour lui ôter la vie sans forme de préambule ou lui laisser le temps de formuler le moindre regret. L'instant d'après, je me mis à courir après les deux fuyards. J'arrivais rapidement à un escalier où le barman était encore en train de grimper. Quant à moi, je n'allais pas me farcir les marches et m'épuiser pour rien. D'un mouvement assez violent, je me propulsais grâce à mes ailes pour franchir une trentaine de palier d'un seul coup. Toujours à cause de l'étroitesse de la pièce, je ne pouvais pas réellement m'envoler. Cette propulsion me fit cependant arriver juste derrière ma cible que j'embrochais de la lance factice, dans le dos. Retirant l'objet immédiatement, je repris un puissant élan grâce à mes appendices séraphiques pour arriver tout en haut des marches.

                            Mon supérieur ne semblait guère comprendre ce qui se passait, si ce n'était que cela lui faisait assez peur. En jetant un rapide coup d'oeil, je vis que j'étais dans le bar, derrière le comptoir. J'aperçus mon épée rangée entre deux tonneaux de bières sous celui-ci. Avançant lentement à l'homme qui marchait à reculons pour finalement se trouver dos au mur, j'empoignais ma lame pour la sortir de son fourreau. Il n'y avait pas de comparaison possible : je préférais largement le contact de l'acier trempé à celui des plumes que j'avais utilisé précédemment pour me faire une arme. Posant la lame sous la gorge de l'homme apeuré, je lui demandais avec une certaine rage factice où se trouvaient les documents prouvant son implication. Après tout, si l'agent du Cipher Pol Nine m'avait dit que je pourrais les obtenir en me rendant ici, c'est que ces preuves devaient se trouver dans ce bar. Néanmoins, mon interlocuteur ne me répondit pas. Il jeta cependant un bref coup d'oeil en direction de l'un des tiroirs, sous la caisse du bar. Cela aurait peut-être échappé au premier venu, mais pour ma part, j'étais bercé dans l'art de l'observation des micro-expressions. Voilà pourquoi cela sonnait comme un aveu.

                            D'un seul geste, je tranchais la gorge de l'homme en face de moi, ne le décapitant pas, mais lui ouvrant la trachée d'un coup net et précis. Finalement, je me rendis à l'endroit indiqué un instant plus tôt pour découvrir un livre de compte contenant tout ce dont j'avais besoin pour prouver l'implication de mon supérieur aux yeux de mes camarades révolutionnaires. Au passage, je finis par retrouver mon foulard et mon bonnet à côté de la caisse. Si j'en jugeais les relevés dans le livre, notre ami maintenant égorgé s'était fait pas mal de millions en vendant de précieuses informations à notre sujet. Pas étonnant que nos bases étaient sans cesse attaquées par les Marines. Je disposais tout de même de tout ce qu'il fallait pour retirer l'argent du vendu : ses faux noms, ses numéros de compte, la liste de ses dépôts et retraient, bref, l'historique complet de la chose. Avant de partir, après avoir enfilé mon foulard, je regardais une dernière fois le corps de ce traître, sentant en moi monter une certaine rage et un dégoût envers lui. Il n'avait pas hésité à vendre ses frères d'armes juste pour de l'argent... En ce sens, il se rapprochait de ce que je méprisais le plus dans ce monde.

                            Ni une ni deux, je m'envolais hors du bar pour me diriger vers les différentes banques, afin d'effectuer un transfert de fond vers mes propres comptes, afin d'empêcher le Gouvernement Mondial de remettre la main dessus. Une fois ceci fait, je me rendais vers la base où se trouvaient mes confrères, afin de leur exposer la triste situation. Inutile de dire à quel point ils furent sceptiques aux premiers abords, avant que finalement, les preuves que je leur jetais au visage ne les rendent confus, puis désespérés. Qu'allaient-ils faire ? Quel sort les attendait maintenant qu'ils savaient qu'ils n'étaient en sécurité nulle part ? Les voir perdre pied ainsi fit encore plus monter en moins mon sentiment de colère. Ne pouvaient-ils pas réfléchir par eux-mêmes ? Trouver des solutions au lieu de se morfondre ? Ni une, ni deux, je commençais à leur brailler dessus. Si la Marine savait où nous étions ? Il nous suffisait de changer d'endroit et construire de nouvelles bases. Si elle connaissait nos noms et savait où se trouvaient nos familles ? Alors nous n'aurions qu'à changer d'indicatif et embarquer nos proches. Si tout ce que nous avions construit était compromis, alors un seul choix s'imposer : tout détruire pour tout reconstruire ailleurs.

                            Ce petit discours suffit visiblement à leur redonner courage et à atténuer la rage qui grondait en moi comme une tempête. Finalement, tous se remirent d'aplombs, en s'activant au plus vite pour charger le matériel dans les embarcations, transmettre les messages aux autres bases via des oiseaux messagers. Le temps n'était pas de notre côté, car si le Gouvernement comprenait que leur agent double était mort, alors on pouvait craindre une attaque surprise à tout moment. En fin de soirée, nous fûmes finalement tous à bord des navires chargés de munitions et autre matériel, archives, familles de soldats. Pendant ce temps, une conférence se tenait entre les différents sous-chefs, visiblement blasés et décontenancés de s'être ainsi fait mener en bateau pendant plusieurs années. Il apparaissait clair pour eux que leur chef ne devait pas être quelqu'un qui se ferait aussi facilement avoir, mais bel et bien quelqu'un de clairvoyant et de réellement impliqué dans la cause révolutionnaire. J'ignorais ce qui s'était dit pendant cette réunion à dire vrai, et je n'en eus que de brefs échos lorsque le responsable sur place s'avança vers moi pour me donner le résultat de ce débat.

                            Jamais je n'aurais alors cru que l'on penserait à moi pour ce rôle...